Bibliotheca Classica Selecta - Énéide - Chant X (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante


ÉNÉIDE, LIVRE X

 

COMBATS - MORTS DE PALLAS,  LAUSUS ET MÉZENCE

Énée blesse Mézence (10, 689-788)

 

Exploits de Mézence (689-747)

Mézence, qui s'est substitué à Turnus sur le champ de bataille, abat de nombreux ennemis ; il sème la terreur autour de lui, fidèle à son image de personnage cruel et impie. (10, 689-746)

At Iouis interea monitis Mezentius ardens

Cependant, sur les conseils de Jupiter, le bouillant Mézence

succedit pugnae Teucrosque inuadit ouantis.

Concurrunt Tyrrhenae acies atque omnibus uni,

uni odiisque uiro telisque frequentibus instant.

Ille uelut rupes, uastum quae prodit in aequor,

obuia uentorum furiis expostaque ponto,

remplace Turnus au combat et fonce sur les Teucères triomphants.

Les troupes tyrrhènes se rassemblent, et toutes contre un seul

elles le pressent de leurs haines et de leurs traits serrés.

Lui, tel un rocher qui face à la fureur des vents surplombe

l'immensité marine et soutient, exposé aux flots,

10, 690

uim cunctam atque minas perfert caelique marisque,

ipsa immota manens, prolem Dolichaonis Hebrum

sternit humi, cum quo Latagum Palmumque fugacem,

sed Latagum saxo atque ingenti fragmine montis

occupat os faciemque aduersam, poplite Palmum

toute la violence et les menaces du ciel et de la mer,

il reste inébranlable. Il terrasse Hébrus, le fils de Dolichaon,

et avec lui Latagus ainsi que Palmus qui s'enfuit ;

à l'aide d'une pierre, énorme bloc arraché à la montagne,

il atteint Latagus de face en plein visage, tranche le genou de Palmus,

10, 695

succiso uolui segnem sinit, armaque Lauso

donat habere umeris et uertice figere cristas.

Nec non Euanthen Phrygium Paridisque Mimanta

aequalem comitemque, una quem nocte Theano

in lucem genitori Amyco dedit et face praegnans

et le laisse rouler à terre inerte et accorde  à Lausus de porter

ses armes sur ses épaules  et d'attacher ses aigrettes à son cimier.

Mézence abat aussi Évanthès le Phrygien et Mimas,

contemporain et compagnon de Pâris ; Théano l'avait mis au monde

et donné à son père Amycus, la nuit où la reine, fille de Cissée,

10, 700

Cisseis regina Parin creat : urbe paterna

occubat, ignarum Laurens habet ora Mimanta.

Ac uelut ille canum morsu de montibus altis

actus aper, multos Vesulus quem pinifer annos

defendit multosue palus Laurentia, silua

enceinte d'une torche, avait enfanté Pâris ; Pâris repose dans sa patrie,

et le rivage laurentin retient à jamais Mimas, un inconnu.

Et Mézence ressemble à un sanglier qui, mordu par des chiens

est descendu de ses montagnes ; protégé, durant de longues années

par le Vésule planté de pins, ou nourri par le marais laurente

10, 705

pastus harundinea, postquam inter retia uentum est,

substitit infremuitque ferox et inhorruit armos,

nec cuiquam irasci propiusque accedere uirtus,

sed iaculis tutisque procul clamoribus instant ;

haud aliter, iustae quibus est Mezentius irae,

avec sa forêt de roseaux, lorsqu'il est pris dans les filets,

l'animal résiste et rugit farouchement, les flancs hérissés ;

personne n'a le cran de le combattre ni de l'approcher,

mais on l'accable de traits, en criant de loin, en toute sécurité.

Ainsi, de ceux que Mézence a mis dans une juste colère,

10, 710

non ulli est animus stricto concurrere ferro ;

missilibus longe et uasto clamore lacessunt :

ille autem impauidus partis cunctatur in omnis,

dentibus infrendens, et tergo decutit hastas.

Venerat antiquis Corythi de finibus Acron,

pas un n'a le courage de fondre sur lui, l'arme levée,

mais on le harcèle de loin, à l'aide de traits, dans de grands cris.

Et lui, impavide, reste toujours et partout sur ses gardes,

grinçant des dents, et secouant de son dos les piques qui le frappent.

Acron était venu de l'antique pays de Corythus,

10, 715

Graius homo, infectos linquens profugus hymenaeos.

Hunc ubi miscentem longe media agmina uidit,

purpureum pennis et pactae coniugis ostro :

impastus stabula alta leo ceu saepe peragrans,

suadet enim uesana fames, si forte fugacem

ce Grec exilé qui avait renoncé à un hymen inaccompli.

Dès que  Mézence le vit de loin jeter le trouble dans les rangs,

éclatant sous son panache et vêtu du manteau de pourpre de sa fiancée,

il devient comme un lion affamé arpentant sans fin les hauts pacages,

poussé par une fringale affolante, si par hasard il aperçoit

10, 720

conspexit capream aut surgentem in cornua ceruum,

gaudet, hians immane, comasque arrexit et haeret

uisceribus super accumbens, lauit inproba taeter

ora cruor,

sic ruit in densos alacer Mezentius hostis.

une chèvre en fuite ou un cerf dressant sa ramure ;

satisfait, il ouvre démesurément la gueule, gonfle sa crinière

et, couché sur sa proie, s'accroche à ses viscères ;

un sang noir baigne sa gueule insatiable. Ainsi, Mézence,

dans un joyeux élan, se rue sur le bloc compact de ses ennemis.

10, 725

Sternitur infelix Acron et calcibus atram

tundit humum expirans infractaque tela cruentat.

Atque idem fugientem haud est dignatus Oroden

sternere nec iacta caecum dare cuspide uolnus :

obuius aduersoque occurrit seque uiro uir

L'infortuné Acron  terrassé en expirant heurte de ses talons le sol noir ;

les traits qui l'ont atteint se sont brisés, tout trempés de sang.

Orodès fuyait. Mézence n'estima pas noble de l'abattre,

ni de le frapper à son insu, en lançant un trait ;

courant au devant de lui, il l'affronta en corps à corps,

10, 730

contulit, haud furto melior, sed fortibus armis.

Tum super abiectum posito pede nixus et hasta :

« Pars belli haud temnenda, uiri, iacet altus Orodes ».

Conclamant socii laetum paeana secuti.

Ille autem exspirans : « Non me, quicumque es, inulto,

l'emportant ainsi non par surprise, mais par la force des armes.

Alors, appuyé sur sa lance, le pied posé sur l'homme terrassé, il dit :

« Guerriers, ici gît le fier Orodès, qui joua un grand rôle dans la guerre ».

Les compagnons de Mézence en choeur entonnent un péan joyeux ;

mais Orodès dit en expirant : « Qui que tu sois, ô mon vainqueur,

10, 735

uictor, nec longum laetabere : te quoque fata

prospectant paria atque eadem mox arua tenebis ». 

Ad quae subridens mixta Mezentius ira :

« Nunc morere. Ast de me diuom pater atque hominum rex

uiderit ». Hoc dicens eduxit corpore telum :

je serai vengé, et tu ne riras plus ; le même destin t'attend

toi aussi ; bientôt, tu occuperas cette même terre ».

Mézence, avec un sourire mêlé de colère, lui dit :

« Maintenant, meurs. De moi, le père des dieux et roi des hommes

verra quoi faire ». Sur ce, il retira le trait du corps de sa victime,

10, 740

olli dura quies oculos et ferreus urget

somnus, in aeternam clauduntur lumina noctem.

dont un lourd repos, un sommeil de fer presse les paupières

et dont les yeux se ferment pour une nuit éternelle.

10, 745

 

Face à face d'Énée et de Mézence (10, 747-788)

Des combats indécis se poursuivent entre guerriers des deux camps, sous les regards navrés et impuissants des dieux. (10, 747-761)

Mézence cherche à atteindre Énée en combat singulier, mais son trait est dévié par le bouclier d'Énée qui riposte et pousse Mézence à se retirer. (10, 762-788)

 

Caedicus Alcathoum obtruncat, Sacrator Hydaspen

Partheniumque Rapo et praedurum uiribus Orsen,

Messapus Croniumque Lycaoniumque Erichaeten,

Cédicus décapite Alcathoüs, Sacrator tue Hydaspe ;

Rapo abat Parthénius ainsi que l'endurant, le fort Orsès ;

Messapus achève Clonius et le Lycaonien Érichétès,

illum infrenis equi lapsu tellure iacentem,

hunc peditem. Pedes et Lycius processerat Agis,

quem tamen haud expers Valerus uirtutis auitae

deicit ; at Thronium Salius Saliumque Nealces

insidiis, iaculo et longe fallente sagitta.

l'un gît sur le sol, tombé d'un cheval qu'il ne maîtrisait plus,

l'autre était à pied.  À pied aussi, le Lycien Agis s'était avancé,

non dépourvu de la vaillance ancestrale, pourtant Valérus l'abat.

Salius tue Thronius et Néalcès tue Salius, par ruse,

en lançant de loin un trait, une flèche trompeuse.

10,750

Iam grauis aequabat luctus et mutua Mauors

funera : caedebant pariter pariterque ruebant

uictores uictique, neque his fuga nota neque illis.

Di Iouis in tectis iram miserantur inanem

amborum et tantos mortalibus esse labores :

Désormais le cruel Mars équilibre deuils et morts des deux côtés ;

tous de la même façon se massacraient et se ruaient au combat,

tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, nul ne s'étant signalé par la fuite.

Les dieux, dans le palais de Jupiter, déplorent la vaine colère

des adversaires et les si grandes épreuves qu échoient aux humains ;

10, 755

hinc Venus, hinc contra spectat Saturnia Iuno,

pallida Tisiphone media inter milia saeuit.

 

At uero ingentem quatiens Mezentius hastam

turbidus ingreditur campo. Quam magnus Orion,

cum pedes incedit medii per maxima Nerei

ici Vénus et, en face, Junon la Saturnienne regardent les événements.

Parmi des milliers de combattants se déchaîne la pâle Tisiphone.

 

Mais voici que Mézence, agitant une immense pique,

pénètre en trombe dans la plaine. Comme le géant Orion,

lorsqu'il franchit à pied les vastes étendues d'eau de Nérée,

10, 760

stagna uiam scindens, umero supereminet undas

aut summis referens annosam montibus ornum

ingrediturque solo et caput inter nubila condit :

talis se uastis infert Mezentius armis.

Huic contra Aeneas, speculatus in agmine longo,

se fraie un chemin et domine les ondes de ses épaules,

ou, lorsqu'il apporte du sommet des monts un orne séculaire,

touche des pieds le sol,  la tête cachée dans les nuages,

ainsi se déplace Mézence, sous sa puissante armure.

Face à lui, Énée qui l'a vu dans la longue file de guerriers

10, 765

obuius ire parat. Manet imperterritus ille,

hostem magnanimum opperiens, et mole sua stat ;

atque oculis spatium emensus, quantum satis hastae :

« Dextra mihi deus et telum, quod missile libro,

nunc adsint ! Voueo praedonis corpore raptis

se dispose à l'affronter. Mézence attend sans ciller

son vaillant ennemi et se dresse de toute sa masse,

et après avoir des yeux mesuré la portée d'un trait, il dit :

« Que cette main, mon seul dieu, et ce trait que je  lance,

m'aident maintenant ! Je fais voeu que tu deviennes, Lausus,

10, 770

indutum spoliis ipsum te, Lause, tropaeum

Aeneae. » Dixit stridentemque eminus hastam

iecit ; at illa uolans clipeo est excussa proculque

egregium Antoren latus inter et ilia figit,

Herculis Antoren comitem, qui missus ab Argis

revêtu des dépouilles arrachées au cadavre de ce voleur,

le trophée d'Énée ». Ceci dit, il lança de loin une pique qui siffle.

Mais le trait ailé rebondit sur le bouclier d'Énée et atteint plus loin

le noble Antorès, se fichant entre son flanc et le bas de son ventre,

Antorès, compagnon d'Hercule, qui, envoyé d'Argos,

10, 775

haeserat Euandro atque Itala consederat urbe.

Sternitur infelix alieno uolnere caelumque

aspicit et dulcis moriens reminiscitur Argos.

Tum pius Aeneas hastam iacit : illa per orbem

aere cauum triplici, per linea terga tribusque

s'était attaché à Évandre et s'était installé dans la ville italienne.

L'infortuné, victime d'un coup destiné à un autre, gît à terre,

contemple le ciel et, en mourant, se souvient de sa douce Argos.

Alors le pieux Énée lance sa pique, qui traverse l'orbe concave,

à triple épaisseur de bronze, les couches de toile, l'ouvrage fait

10, 780

transit intextum tauris opus imaque sedit

inguine, sed uiris haud pertulit. Ocius ensem

Aeneas, uiso Tyrrheni sanguine laetus,

eripit a femine et trepidanti feruidus instat.

des peaux tressées de trois taureaux, et va se loger profondément

dans l'aine de Mézence, mais ne peut pas pénétrer plus avant.

Très vite, Énée, heureux à la vue du sang du Tyrrhénien, dégaine l'épée

pendue à son flanc, et plein d'ardeur presse son ennemi qui s'affole.

10, 785

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 Notes (10, 689-788) 

sur les conseils de Jupiter (10, 689). Mais qu'est donc devenue la neutralité prêchée par Jupiter au début du livre 10 (10, 1-117) ?

les troupes tyrrhènes (10, 691-692). Rappelons que les Étrusques s'étaient mobilisés contre Mézence, qu'ils haïssaient pour ses cruautés (8, 481-495).

tel un rocher (10, 693-696). Comparaison à rapprocher de 7, 586-590, où elle s'applique à Latinus. La comparaison imitée d'Homère (Iliade, 15, 618-621), où les Grecs qui attendent le choc des Troyens sont comparés à un roc bravant la fureur des vents et des flots.

Hébrus, fils de Dolichaon (10, 696). Cet adversaire de Mézence, probablement un Troyen,  n'apparaît qu'ici dans l'Énéide. Virgile lui donne le nom d'un fleuve de Thrace, l'Hèbre, cité d'ailleurs en 1, 317 et en 12, 331. Le nom de son père, Dolichaon, est également inconnu.

Latagus... Palmus (10, 697-701). Latagus et Palmus sont eux aussi inconnus par ailleurs. On ne sait pas s'ils sont troyens ou étrusques.

Lausus (10, 700). Le fils de Mézence, déjà rencontré, notamment dans le Catalogue des Italiens (7, 650) et en 10, 426-439. La suite du chant racontera sa mort.

Évanthès le Phrygien (10, 702). Ce guerrier troyen n'est cité qu'ici.

Mimas... Amycus... Théano (10, 702-707). Mimas, autre guerrier troyen, n'est lui aussi cité qu'ici. Virgile en fait un compagnon de Pâris, le fils bien connu du roi Priam et de la reine Hécube. Le père de ce Mimas est Amycus, un nom cité plusieurs fois ailleurs dans l'Énéide (1, 221 ; 9, 772 ; 12, 509), sans toutefois qu'on puisse dire avec certitude si il s'agit d'un seul et même personnage. La mère de ce Mimas est Théano, un nom qu'on trouve chez Homère (Iliade, 6, 298).

fille de Cissée ... Pâris (10, 706). Hécube est en effet la fille de Cissée, roi de Thrace (cfr Euripide, Hécube, 3). Une légende rapporte qu'Hécube, enceinte de Pâris, avait rêvé qu'elle engendrait une torche, ce que les devins avaient interprété comme annonçant le futur désastre de Troie (cfr 7, 319-321). Pâris fut tué, selon les versions, soit par Philoctète, soit par Pyrrhus, mais de toute façon son corps reposait en terre troyenne.

Vésule... marais laurente (10, 708-709). Le Vésule est un sommet des Alpes, dominant la plaine du Pô, et les marais laurentes évoquent le Latium. La chasse au sanglier se pratiquait en beaucoup d'endroits d'Italie. Nous savons (cfr Horace, Satires, 2, 4, 32) que le sanglier du pays des Laurentes était moins estimé que celui des Alpes.

Acron... Corythus (10, 719-720). Cet Acron, évoqué seulement ici dans le poème, aurait donc fui la Grèce et aurait dû abandonner une fiancée dans son pays, pour aboutir dans la ville étrusque de Corythus, d'où serait parti Dardanus (cfr 3, 170 ; 7, 209 ; 9, 10). C'est probablement là qu'il aurait pris parti pour Énée. Virgile a donné à ce personnage le nom du roi de Cécina qui avait lutté contre Romulus et avait été tué par lui ; cet épisode avait été suivi de la première offrande des dépouilles opimes (cfr Tite-Live, 1, 10, 3-7, qui ne donne toutefois pas de nom au roi ; cfr par contre Plutarque, Romulus, 16, 2-7). L'affaire des dépouilles opimes a été utilisée plus haut par Virgile (6, 859 ; 6, 841 ; 10, 423) ; on la retrouvera en 11, 5-11.

un lion affamé (10, 719-731). La comparaison avec le lion affamé est inspirée d'Homère (Iliade, 12, 299-300; Odyssée, 22, 402-405).

Orodès (10, 732-746). Le Troyen Orodès est inconnu par ailleurs.

péan (10, 738). À l'origine hymne de reconnaissance en l'honneur d'Apollon « Péan » (c'est-à-dire guérisseur), le péan est devenu un chant de victoire et de joie.

le même destin t'attend (10, 741). Les Anciens croyaient que les mourants avaient le don de prophétie. Chez Homère, Patrocle mourant prédit à Hector sa mort prochaine (Iliade, 16, 852) et Hector lui-même annonce avec plus de précision encore celle d'Achille (Iliade, 22, 358).

Mézence... lui dit (10, 742). La réponse de Mézence à Orodès peut être rapprochée de ce que répond Achille à Hector qui lui prédit sa mort (Iliade, 22, 365-366).

Cédicus, etc. (10, 747-754). Suit une énumération de guerriers tant troyens que latins, qu'il ne semble pas nécessaire de présenter ici en détail. Seuls émergent quelques personnages connus par ailleurs comme Messapus (cfr par exemple 7, 691). Il n'est d'ailleurs pas toujours possible de distinguer les Latins des Étrusques.

Tisiphone (10, 761).Tisiphone, une des trois Furies (cfr son rôle dans les enfers en 6, 555 et 571) est ici une allégorie de la mort. Nous avons vu sa soeur Allecto à l'oeuvre dans le livre 7 (7, 323ss), où elle agit sur ordre de Junon.

Orion (10, 763-767). Orion est un chasseur géant, dont il a déjà été question en 7, 719. Le géant tenait notamment de son père, Neptune, le pouvoir de marcher sur la mer grâce à sa taille, commeVirgile le décrit ici. La mythologie raconte qu'il avait tenté de violer Artémis et que, pour se venger, la déesse le fit piquer au talon par un scorpion. L'animal et sa victime furent tous deux transformés en constellations, mais dans le ciel, la constellation d'Orion fuira éternellement celle du serpent.

Nérée (10, 764). Nérée, l'un des « vieillards de la mer » est une des figures les plus connues du folklore marin de la Grèce. Ses filles sont les Néréides. Quant aux « étendues d'eau de Nérée », l'expression désigne tout simplement la mer. Sur Nérée, cfr aussi 2, 419 et 8, 383.

Que cette main, etc. (10, 773-775). Ces vers rappellent le caractère impie de Mézence, dont l'attitude de contemptor deum a été soulignée à plusieurs reprises par Virgile (première mention de ce personnage en 7, 647).

le trophée d'Énée (10, 775-776). Le trophée (tropaeum) était au sens propre un tronc d'arbre ou une pièce de bois où l'on fixait les armes enlevées à l'ennemi tué et qu'on consacrait ainsi au dieu. Lausus, à qui Mézence promet de donner les armes d'Énée, sera en quelque sorte un trophée vivant.

Antorès (10, 778-782). Antorès n'est cité qu'ici dans l'Énéide. Virgile fait de lui un compagnon d'Hercule, venu de la ville grecque d'Argos pour s'installer chez Évandre.


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