Bibliotheca Classica Selecta - Fastes d'Ovide (Introduction) - Livre 5 (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


OVIDE, FASTES V - MAI


Du 12 mai à la fin du mois (5,545-734)


12 mai : Mars Vengeur (5,545-598)

Le 12 mai est la date d'une célébration en l'honneur de Mars Vengeur, et contribue aussi et surtout à magnifier Auguste. Le Forum d'Auguste renferme un temple majestueux consacré à Mars Vengeur, ainsi que des portiques où des statues rappellent les exploits de grands personnages, notamment Énée et Romulus et des ancêtres de la gens Iulia. (5,545-566)

Auguste a promis une première fois de dédier un temple à Mars Vengeur, au début de son principat, pour venger le meurtre de Jules César. La vengeance fut accomplie par sa victoire de Philippes, en 42 a.C., mais le voeu ne fut concrétisé qu'en 2 a.C., par la construction du temple sur le Forum d'Auguste. (5,567-578)

Une seconde fois, Auguste honora Mars Vengeur, lorsqu'il fit ériger un temple sur le Capitole pour abriter en 20 a.C., les enseignes de Crassus, perdues au massacre de Carrhes, et récupérées en 20 a. C. Les Quirites doivent célébrer tous ces souvenirs par des jeux, le 12 mai au Grand Cirque. (5,579-598)

 

 5, 545

Mais pourquoi Orion et les autres astres s'empressent-ils de quitter le ciel

   et pourquoi la nuit raccourcit-elle son voyage ?

Pourquoi le jour, précédé par Lucifer, élève-t-il, plus vite que d'habitude,

   son flambeau lumineux au-dessus de l'océan limpide ?

Je me trompe ou ai-je entendu sonner des armes ? Non ; des armes ont sonné.

 5, 550

   Mars arrive et sa venue a donné le signal de la guerre.

Le Vengeur en personne est descendu du ciel, pour les cérémonies à sa gloire

   et pour contempler son temple sur le Forum d'Auguste.

Le dieu est grand et l'édifice l'est tout autant : dans la ville de son fils,

   Mars ne pouvait habiter une demeure autre que grande.

 5, 555

Ce temple mérite d'abriter des trophées de Géants.

   De cet endroit Gradivus doit faire s'ébranler les guerres cruelles,

si quelque ennemi nous provoque injustement à l'Orient,

   ou si, du côté du couchant, quelqu'un doit être dompté.

Le maître des armes aperçoit le faîte de l'imposant monument

 5, 560

   et approuve la présence sur son sommet de dieux invaincus.

Il aperçoit sur les portes des traits aux formes diverses

   et des armes conquises par ses soldats dans la terre entière.

 Puis il voit Énée portant le lourd fardeau qui lui est cher,

   et tant d'ancêtres de la noble famille Julia.

 5, 565

Ensuite il voit le fils d'Ilia portant sur ses épaules les armes d'un général

   et les actes de bravoure inscrits sous les statues des héros alignés.

 

Il voit aussi le nom d'Auguste sur le fronton du temple,

   et en lisant le nom de César, il trouve l'ouvrage plus majestueux.

Jeune homme, ce dernier avait fait ce voeu, quand la piété lui fit prendre les armes.

 5, 570

   Il devait commencer son principat par des actes de cette grandeur.

Tandis que se tenaient debout d'un côté les troupes légitimes,

   et de l'autre les conjurés, lui, tendant les mains, prononça ces paroles :

"Si mon père, prêtre de Vesta, me pousse à faire la guerre

   et si je me prépare à venger ces deux divinités,

 5, 575

Mars, aide-moi, laisse mon arme se rassasier d'un sang scélérat,

   et puisse ta faveur soutenir la meilleure cause.

Tu auras un temple, et si je suis vainqueur, tu seras appelé Vengeur."

   Il avait fait ce voeu et revint heureux, après avoir défait l'ennemi.

 

Mais il ne se contente pas d'avoir gagné une fois ce surnom pour Mars.

 5, 580

   Il se met à la recherche des enseignes que retient la main du Parthe.

C'était un peuple protégé par ses plaines, ses chevaux, et ses flèches,

   inaccessible aussi grâce aux fleuves qui l'entouraient.

La mort des légions de Crassus avait encore accru son ardeur,

   lorsque périrent en même temps soldats, général et enseignes.

 5, 585

Les enseignes romaines, emblème de la guerre, étaient aux mains du Parthe,

   et un ennemi était le porte-enseigne de l'aigle romaine !

Cette infamie aurait subsisté jusqu'à nos jours, si la puissance de l'Ausonie

   n'avait été sous la protection des armées valeureuses de César.

 Celui-ci a effacé les anciennes marques d'infamie et un long déshonneur :

 5, 590

   les enseignes récupérées ont reconnu les leurs.

À quoi te servent maintenant ces flèches que d'habitude tu lances derrière ton dos,

   à quoi bon la nature des lieux et l'usage de chevaux rapides ?

Parthe, tu nous rends nos aigles, et, vaincu, tu nous cèdes tes arcs :

   tu ne possèdes plus désormais aucun gage de notre déshonneur.

 5, 595

C'est à juste titre que le dieu deux fois vengeur a reçu un temple et un titre,

   et cet honneur mérité a acquitté la dette d'un voeu.

Quirites, célébrez les jeux solennels au Grand Cirque :

   une simple scène n'a pas semblé convenir au dieu vaillant.

 


 

13 et 14 mai : Début de l'été - Constellation du Taureau - Argées  (5,599-662)

Tandis que le 13 mai apparaissent les Pléiades, marquant le commencement de l'été, le 14 mai est la date du lever du Taureau, constellation perpétuant le souvenir de l'enlèvement d'Europe par Jupiter qui avait pris l'apparence d'un taureau. Une autre explication rattache la constellation, considérée comme une génisse, à l'aventure d'Io, aimée par Jupiter. (5,599-620)

Le 14 mai est aussi la date de la cérémonie des Argées, au cours de laquelle sont jetés dans le Tibre des mannequins d'osier, représentant des hommes. Ovide examine plusieurs étiologies. Selon la première, on aurait offert à l'origine à Saturne de véritables victimes humaines, auxquelles Hercule aurait par la suite substitué de simples figurines. Selon une autre interprétation, pour réserver le droit de vote aux jeunes, on se serait débarrassé des sexagénaires en les jetant dans le Tibre. (5,621-634)

Enfin, Thybris, invoqué par Ovide, explique que des compagnons grecs d'Hercule, qui avaient choisi de rester en Italie, auraient demandé, pris de nostalgie, que leurs cadavres soient jetés dans le Tibre, afin de rejoindre leur terre natale ; leurs héritiers, refusant d'accomplir ces volontés, auraient substitué aux cadavres des mannequins. (5,635-662)

 

 

Tu verras toutes les Pléiades et la troupe entière des soeurs,

 5, 600

   lorsqu'il ne restera plus qu'une nuit avant les Ides.

C'est alors que, selon moi, sur la foi d'auteurs crédibles, commence l'été

   et que la saison du tiède printemps arrive à sa fin.

La veille des Ides montre le Taureau soulevant sa tête d'étoiles :

   une légende notoire est attachée à cette constellation.

 5, 605

Sous l'apparence d'un taureau, et portant des cornes sur son front d'emprunt,

   Jupiter offrit son échine à une jeune fille de Tyr.

Elle, de la main droite, tenait la crinière, de la gauche, son vêtement,

   et sa crainte même ajoutait un attrait de plus à sa beauté.

La brise gonflait les plis de sa robe, la brise agitait ses blonds cheveux :

 5, 610

   Fille de Sidon, c'est ainsi que dut te voir Jupiter.

Souvent elle éloigna ses pieds de fillette de la surface de la mer,

   craignant les atteintes de l'eau bondissante.

Souvent le dieu avisé enfonça sa croupe dans les flots,

   pour que la jeune fille s'agrippe plus fortement à son cou.

 5, 615

Arrivé au rivage, Jupiter se tint debout, sans cornes aucunes :

   le bovin qu'il était s'était transformé en dieu.

Le Taureau monte au ciel ; toi, fille de Sidon, Jupiter te féconde,

   et la troisième partie du monde porte ton nom.

Selon d'autres, cette constellation est la génisse de Pharos,

 5, 620

   qui d'être humain devint vache, et de vache déesse.

 

Ce jour-là aussi, la coutume veut que les Vestales jettent des mannequins de jonc,

   figurant des hommes des premiers âges, du haut du pont de chêne.

Avoir cru qu'on envoyait à la mort des vieux de soixante ans,

   c'est accuser nos ancêtres d'un crime infâme.

 5, 625

Une ancienne tradition, du temps où cette terre était appelée Saturnienne,

  rapporte ces paroles, prononcées par un vieux devin :

"Envoyez en offrande au vieillard porteur de faux

   deux corps de cette nation, qui soient accueillis dans les eaux étrusques".

Jusqu'à l'arrivée en cette contrée de l'homme de Tirynthe,

 5, 630

   ce triste rituel à la manière de Leucade s'est accompli chaque année ;

on dit qu'Hercule a jeté dans l'eau des citoyens de paille,

   et qu'à son exemple, on jette des semblants de corps.

 Certains pensent que, pour laisser aux seuls hommes jeunes

   le droit de vote, on précipitait du pont les vieillards affaiblis.

 5, 635

"Thybris, dis-moi la vérité : tes rives sont plus anciennes que la Ville ;

   tu dois bien connaître l'origine du rituel."

Du milieu du fleuve Thybris souleva sa tête couverte de roseaux

   et écartant les lèvres prononça d'une voix rauque ces paroles :

"Ces lieux, je les ai connus herbages abandonnés, sans murs ;

 5, 640

   des bovins paissaient çà et là sur mes deux rives ;

et moi, le Tibre, que maintenant les peuples connaissent et redoutent

   j'étais alors objet méprisé même par les troupeaux.

Souvent on cite devant toi le nom d'Évandre l'Arcadien :

   cet étranger, à coups de rames, a battu mes eaux.

 5, 645

L'Alcide aussi est venu, avec son escorte d'Achéens :

   mon nom alors était Albula, si je me souviens bien.

Le héros descendant de Pallas offrit l'hospitalité au jeune homme,

   et enfin Cacus reçut le châtiment qu'il avait mérité.

Victorieux, Hercule s'éloigne emmenant ses boeufs, son butin d'Érythée ;

 5, 650

   mais ses compagnons refusent d'aller plus loin.

Beaucoup d'entre eux étaient venus d'Argos qu'ils avaient désertée.

   Ils installent sur ces collines leurs espoirs et leur dieu tutélaire.

Souvent pourtant une douce pensée pour leur patrie les effleure,

   et quelqu'un, en mourant, fait cette brève recommandation :

 5, 655

"Jetez-moi dans le Tibre : emporté par les flots du Tibre,

   j'aimerais m'en aller, vaine poussière, vers le rivage d'Inachos."

Son héritier répugne à lui ménager la sépulture qu'il demande :

  une fois mort, il est inhumé en Ausonie, sa terre d'accueil ;

à la place du maître, on jette dans le Tibre son effigie en osier,

 5, 660

   qui regagnera sa patrie grecque, après une longue traversée."

Le dieu du fleuve se tut et rentra dans une grotte naturelle,

   toute ruisselante : ondes légères, vous avez retenu votre course.

 


 

15 mai : Dédicace du temple de Mercure (5,663-692)

 

Le 15 mai, anniversaire de la dédicace du temple à Mercure près du Grand Cirque, est un jour de fête en l'honneur de Mercure, médiateur et messager des dieux, musicien et athlète, maître d'éloquence. (5,663-670)

Les commerçants, toujours un peu voleurs, célèbrent ce jour-là un rituel en faisant leurs ablutions à la Fontaine de Mercure, en aspergeant de cette eau leurs marchandises et en priant le dieu de faire prospérer leurs affaires, sans pénaliser leurs mensonges et leurs tromperies. Le dieu accepte leur requête en souriant. (5,671-692)

 

5, 663

"Illustre petit-fils d'Atlas, viens à mon aide, toi qu'une Pléiade, autrefois,

   mit au monde pour Jupiter, dans les montagnes d'Arcadie.

 5, 665

Toi, l'arbitre de la paix et de la guerre chez les dieux célestes et infernaux,

   toi qui prends la route, en fixant des ailes à tes pieds,

tu es heureux de jouer de la lyre, heureux aussi sur la luisante palestre,

   toi qui formes les langues à l'art de bien parler ;

nos pères t'ont élevé un temple tout proche du Cirque,

 5, 670

   c'était le jour des Ides ; depuis lors, c'est pour toi un jour de fête.

 

Tous ceux qui font profession de vendre des marchandises

   t'offrent de l'encens, te demandant des bénéfices en retour."

Il existe, près de la porte Capène, une fontaine de Mercure ;

   si vous croyez ceux qui l'ont essayée, elle a un pouvoir divin.

 5, 675

Le marchand s'y rend, la tunique retroussée, et, après s'être purifié,

   à l'aide d'une urne exposée à des fumigations, il puise l'eau qu'il emportera.

Il y trempe du laurier ; de ce laurier mouillé il asperge

   toutes les marchandises destinées à de nouveaux propriétaires.

Il asperge ses propres cheveux avec le laurier dégoulinant,

 5, 680

   et de sa voix habituée à tromper, il poursuit par une prière :

"Lave-moi de mes impostures du temps passé,

   lave-moi de mes mensonges d'hier !

Si je t'ai pris à témoin ou si j'ai évoqué faussement

   la toute puissance de Jupiter, peu disposé à m'écouter,

 5, 685

si par calcul j'ai trompé quelqu'autre dieu ou déesse,

   puissent les souffles rapides du Notus avoir emporté mes mensonges ;

puissé-je, quand viendra demain, recourir encore à des parjures,

   sans que les dieux du ciel s'occupent de ce que je dirai.

Mais, accorde-moi des gains et donne-moi la joie d'en jouir,

 5, 690

   et rends profitables mes boniments aux acheteurs."

Mercure, d'en haut, sourit à celui qui l'invoque ainsi,

   se souvenant d'avoir subtilisé les boeufs d'Ortygie.


 

Les derniers jours de mai (du 20 au 27 mai) (5,693-734)

Le 20 mai apparaît la Constellation des Gémeaux, ce qui fournit à Ovide l'occasion d'évoquer la légende de Castor et Pollux ; ceux-ci, qui avaient enlevé deux soeurs fiancées à deux frères, Idas et Lyncée, durent se battre contre ces derniers. Castor fut tué et Pollux, dont le véritable père était Jupiter, fut enlevé au ciel. Pollux obtint de Jupiter que son frère mortel partageât avec lui l'immortalité ; ils séjourneront alternativement, mais ensemble, dans le ciel et dans les enfers. Telle est l'origine de la constellation des Gémeaux, favorables aux marins. (5,693-720)

La fin du mois va voir se succéder diverses cérémonies, commémorations et phénomènes astronomiques : Agonalia (21 mai), lever du Chien (22 mai), Tubilustria (23 mai), Q. R. C. F. (24 mai), dédicace d'un temple à Fortuna Publica et lever de l'Aigle (25 mai), coucher du Bouvier (26 mai), lever des Hyades (27 mai). (5,721-734).

 

 

 "Mais, révèle-moi, je t'en prie, d'autant que ma question est plus sérieuse,

   à quel moment Phébus pénètre dans le signe des Gémeaux."

 5, 695

 "Lorsque tu verras qu'il reste dans le mois autant de jours

   qu'il y a de travaux d'Hercule", dit-il.

Je rétorquai : "Dis-moi l'origine de cette constellation".

   De sa bouche éloquente, le dieu me donna cette explication :

"Les frères Tyndarides avaient enlevé et emmené Phoebé

 5, 700

   et la soeur de Phoebé  ; l'un était cavalier, l'autre pugiliste.

Idas et son frère se préparent à combattre pour réclamer leurs fiancées,

   car Leucippe avait décidé de les prendre tous deux pour gendres.

L'amour pousse les uns à réclamer les filles, et les autres à refuser de les rendre  ;

   de part et d'autre, on se bat pour la même cause.

 5, 705

 Les Oebalides auraient pu, en courant, échapper à leurs poursuivants,

   mais une victoire due à une fuite rapide leur parut honteuse.

L'endroit était dégagé, sans arbres, surface idéale pour un combat :

   ils s'étaient arrêtés à cet endroit, qui s'appelle Aphidna.

La poitrine transpercée par l'épée de Lyncée,

 5, 710

   Castor, à ce coup inattendu, s'affala sur le sol.

Pollux, en vengeur, arrive et de sa lance traverse Lyncée

   à l'endroit où le cou se rattache directement aux épaules.

Idas fonçait sur lui, et la foudre de Jupiter le repoussa avec difficulté ;

   sans toutefois, dit-on, arracher les traits que tenait sa main.

 5, 715

 Et déjà, Pollux, le ciel t'attendait, ouvert au-dessus de toi,

   lorsque tu dis : 'Père, écoute mes paroles :

le ciel que tu m'offres à moi seul, partage-le entre nous deux ;

   la moitié de ce présent sera plus grand que son entièreté.'

Il parla, et racheta son frère, en faisant des séjours alternés.

 5, 720

   Ces astres sont utiles, l'un et l'autre, au navire en détresse."

 

Celui qui s'interroge sur les Agonia doit retourner à Janus :

   pourtant ces fêtes ont aussi leur place à cette date du calendrier.

La nuit suivant ce jour, le Chien d'Érigoné disparaît.

   L'origine de ce signe a été expliquée en un autre endroit.

5, 725

Le jour suivant, appelé Tubilustria, appartient à Vulcain :

   c'est le jour de la purification des trompettes que forge ce dieu.

Ensuite à cet endroit sont notées quatre lettres qui, lues dans l'ordre,

   concernent soit une coutume rituelle, soit la fuite du roi.

Et toi, Fortune Publique d'un peuple puissant, à qui le lendemain

 5, 730

   un temple a été consacré, je ne te passe pas sous silence.

Quand les ondes de la riche Amphitrite auront accueilli ce jour,

   tu verras paraître le bec de l'oiseau fauve, cher à Jupiter.

L'arrivée de l'Aurore retirera le Bouvier de notre vue

   et, dès le jour suivant, apparaîtra la constellation d'Hyas.

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 Notes (5,545-734)

 
Mars... Vengeur (5,550-551). "Vengeur", en latin Vltor, est un surnom de Mars. Mars Vengeur possèdait à Rome deux sanctuaires, un petit sur le Capitole et un beaucoup plus vaste sur le Forum d'Auguste. Ils doivent leur origine aux faits suivants. Octave avait promis en 42 a.C., à la bataille de Philippes menée contre les meurtriers de son père adoptif, Jules César, d'élever un temple à Mars Vengeur sur le Capitole (Suétone, Auguste, 29, 1 et 3). Il commença à le construire en 37 a.C., mais les travaux traînèrent en longueur. Lorsque en 20 a.C. les Parthes restituèrent les enseignes romaines qu'ils avaient arrachées à Crassus lors de sa défaite à Carrhes en 53 a.C., on érigea sur le Capitole en 19 a.C. un petit sanctuaire à Mars Vltor pour les accueillir. La date du 12 mai, fournie ici, est la date anniversaire de la dédicace de ce temple à Mars Vltor sur le Capitole. Ovide donne donc une date exacte, mais son lecteur a l'impression que l'événement concerne l'autre temple de Mars Vltor, sur le forum d'Auguste.

forum d'Auguste (5,552). Quelque quarante années après la promesse qu'il avait faite à la bataille de Philippes, Auguste fit construire sur son forum un grand temple à Mars Vengeur, qui fut dédié le 1er août de l'an 2 a.C. Les ruines actuelles permettent de réaliser qu'il s'agissait d'un monument imposant. Suétone (Auguste, 29, 3) donne quelques précisions : "Il [= Auguste] avait fait voeu de construire le temple de Mars pendant la guerre de Macédoine qu'il avait entreprise pour venger la mort de son père. Il ordonna que dans ce temple le sénat délibérerait sur les guerres et les triomphes ; que ceux qui se rendraient dans les provinces avec un commandement partiraient de cet édifice ; et que ceux qui reviendraient vainqueurs y porteraient leurs trophées".

Géants (5,555). Les trophées des généraux vainqueurs sont déposés dans le temple de Mars Vltor (cfr la note précédente). Leurs victoires sont ici comparées à celles de Jupiter sur les Géants. Sur ces Géants et leur combat contre Jupiter, cfr 3, 439, et 5, 35.

Gradivus (5,556). Épithète cultuelle de Mars. Voir 2, 861.

dieux invaincus (5,560). On ne sait pas avec certitude qui étaient ces dieux (ou ces déesses, car la tradition manuscrite donne les deux formes), ni ce qu'ils décoraient (le fronton ?, le toit ?). Pour plus de détails sur ce temple et sur le Forum d'Auguste en général, on pourra voir James C. Anderson, The Historical Topography of the Imperial Fora, Bruxelles, 1984, p. 65-100 (Collection Latomus, 182). Cfr aussi L. Richardson Jr, A New Topographical Dictionary of Ancient Rome, Baltimore et Londres, 1992, p. 160-162.

sur les portes (5,561). On peut fixer des objets sur les chambranles des portes. On se souviendra, dans la description du palais de Latinus, des trophées de guerre suspendus aux portes ou aux colonnes (Virgile, Énéide, 7, 183-186) ; on se souviendra aussi du bouclier d'Énée, qui décrit Auguste examinant les présents des nations vaincues et les fixant aux "superbes chambranles" du temple d'Apollon sur le Palatin (Virgile, Énéide, 8, 720-723).

Puis… (5,563ss). En dehors du temple, sous les deux portiques qui flanquaient les longs côtés de la vaste place de son Forum, Auguste avait fait placer les statues des plus illustres héros de Rome, depuis Énée et les autres rois d'Albe jusqu'à ceux de son temps. Ils étaient proposés en modèles (cfr Suétone, Auguste, 31, 8) et des inscriptions rappelaient leurs hauts faits ; plusieurs de ces elogia ont été retrouvés et édités. C'est à ces statues qu'Ovide fait allusion dans les vers suivants.

Énée (5,563). Les deux portiques s'ouvraient chacun sur une abside. Énée occupait celle de droite (par rapport au temple) et Romulus celle de gauche. Les deux héros se faisaient ainsi face, de part et d'autre de la place. Énée devait être représenté portant son père Anchise (4, 37-38).

famille Julia (5,564). Les membres de la gens Iulia occupaient le portique de droite. L'ancêtre fondateur de la famille était Iule, le fils d'Énée.

fils d'Ilia (5,565). Dans l'abside de gauche, la statue de Romulus faisait face à celle d'Énée. Il est le premier Romain à avoir remporté les dépouilles opimes sur le roi de Cénina, Acron (voir 2, 135 n. au mot Cénina).

héros alignés (5,566). Sous le portique de gauche étaient rangés les autres grands hommes (summi viri). Suétone (Auguste, 31,7-8) mentionne la vénération qu'éprouvait Auguste pour les généraux qui avaient fait la grandeur de Rome : "Il décerna les plus brillants honneurs, après ceux des dieux immortels, à la mémoire des généraux qui avaient porté l'empire romain, si faible d'abord, au plus haut degré de puissance. (8) Il restaura tous les monuments qu'ils avaient élevés, en y laissant les anciennes inscriptions, et rangea leurs statues triomphales sous les deux portiques du Forum qu'il avait construits. Il déclara dans un édit qu'il voulait que, de son vivant, lui et ses successeurs fussent jugés par leurs concitoyens d'après l'exemple de ces grands hommes." Nous avons parlé plus haut (cfr la n. à 5, 563ss) des elogia qui s'affichaient sur toutes les statues des deux portiques.

le nom d'Auguste (5,567). Le fronton devait porter le nom du dédicant.

César (5,568). César Auguste.

fait ce voeu (5,569). Il a été question plus haut (n. à 5, 550-551) de ce voeu qu'Octave avait fait en 42 a.C. à la bataille de Philippes de venger le meurtre de Jules César, son père adoptif. Ovide va alors imaginer la scène du voeu du futur empereur Auguste. Il ne décrit donc plus ici la décoration du temple et des portiques.

conjurés (5,572). C'est-à-dire Brutus et Cassius, les meurtriers de Jules César.

prêtre de Vesta (5,573). Jules César, en tant que Grand Pontife, était le maître des Vestales. Son meurtre était en quelque sorte un sacrilège. Voir 3, 419-420, et 3, 699-700.

après avoir défait l'ennemi (5,578). En 42 a.C., à la bataille de Philippes menée contre les meurtriers de César.

Parthe... (5,580ss). En 53 a.C., l'armée romaine sous le commandement de Licinius Crassus et de son fils fut anéantie à Carrhes par les Parthes, défaite, qui, marquée par la prise des enseignes, a longtemps hanté les esprits romains (cfr par ex. Virgile, Énéide, 7, 606). La diplomatie romaine n'eut de cesse de récupérer ces enseignes. En 23 a.C., le roi parthe Phréate avait promis à Auguste de les rendre ; elles ne furent renvoyées qu'en 20 a.C. Un sanctuaire fut dédié au Capitole en 19 a.C. , destiné à recueillir les enseignes romaines récupérées par Auguste. C'était ce temple dont la dédicace avait lieu le 12 mai (cfr n. à 5, 550-551).

Ausonie (5,587). C'est le nom poétique de l'Italie.

Il a effacé (5,589). En obtenant la restitution des enseignes, Auguste lavait le déshonneur romain (Suétone, Auguste, 21, 7).

derrière ton dos (5,591). Une des tactiques chères aux Parthes était de fuir à toute allure en lançant des flèches derrière leur dos.

deux fois vengeur (5,595). Vengeur du meurtre de César et de la défaite de Carrhes.

Grand Cirque (5,597). Un calendrier épigraphique (Fasti Maffeiani) fait état, à la date du 12 mai, de jeux au Cirque en l'honneur de Mars. Ovide précise au vers suivant que des jeux scéniques n'auraient pas convenu.

Pléiades (5,599). Sur cette constellation, voir 5, 84 ainsi que les notes à 3, 105-106 et à 4, 170. La date envisagée ici est le 13 mai, l'avant-veille des Ides. Les datations du lever des Pléiades varient selon les auteurs.

Taureau (5,603). Sur cette constellation, dont les Hyades sont censées constituer la tête et les Pléiades son flanc ou sa queue, voir 5, 163-165, ainsi que la n. à 3, 105. Cette constellation est censée ici se lever le 14 mai, veille des Ides. Ovide va maintenant évoquer son catastérisme, qui fait intervenir la légende de l'enlèvement d'Europe.

jeune fille de Tyr (5,605). Europe est la fille du roi Agénor de Phénicie, dont une ville importante est Tyr. Son histoire est racontée assez longuement dans les Métamorphoses, 2, 843-875.

Sidon (5,610). Autre ville importante de Phénicie. Il s'agit donc toujours d'Europe.

Arrivé au rivage (5,615). Dans la légende, il s'agit de la Crète (cfr Métamorphoses, 3, 2).

troisième partie du monde (5,618). À côté de l'Afrique et de l'Asie.

génisse de Pharos (5,619). En 4, 717-720, Ovide avait déjà fait état d'une hésitation sur le sexe exact de la constellation : taureau ou vache. La légende évoquée ici est celle d'Io. Fille d'Inachos, un dieu fleuve d'Argolide, Io fut aimée de Jupiter, qui la transforma en vache, pour la soustraire à la jalousie de Junon. Frappée de folie par Junon, Io erra partout pour aboutir en Égypte, dans l'île de Pharos, où elle retrouva forme humaine et fut assimilée à Isis. Voir Métamorphoses, 1, 568-746.

Vestales... mannequins de jonc (5,621-622). Le 14 mai a lieu la cérémonie des Argées. Ce jour-là, de nombreuses autorités civiles et religieuses de Rome portaient solennellement des mannequins en jonc de 27 hommes sur le pont Sublicius, d'où les Vestales les précipitaient dans le Tibre (par ex. Varron, De la langue latine, 7, 44 ; Denys d'Halicarnasse, 1, 38, 3). Rituel étrange sur le sens duquel les érudits anciens s'interrogeaient et que les modernes ne semblent pas avoir éclairci. Le terme même d'Argées renvoie à des Grecs (les Argiens). Il s'agit probablement d'un rite de purification, les mannequins représentant chacun un quartier de Rome, mais on ignore s'il s'est toujours agi de mannequins ou si ceux-ci n'ont pas été substitués à une certaine époque à des victimes humaines. Des sacrifices humains ont en effet eu lieu à Rome en quelques rares occasions. Quoi qu'il en soit, cette cérémonie du 14 mai est en relation avec la procession des 16 et 17 mars (cfr 3, 791-792) vers les 27 chapelles dispersées dans l'ensemble de la ville et où reposaient les mannequins d'osier.

pont de chêne (5,622). Le pont Sublicius, un des plus anciens ponts de Rome, était exclusivement fait en bois.

vieux de soixante ans (5,623). Selon une première interprétation antique qu'Ovide rejette vigoureusement avant de la développer, le rituel des Argées évoquerait la mise à mort des sexagénaires. Il se serait donc agi à l'origine de véritables victimes humaines offertes à Saturne : Hercule leur aurait substitué de simples figurines.

Saturnienne (5,625). On est dans un passé très lointain. Cfr 1, 237 et n.

vieillard porteur de faulx (5,627). Cronos ou Saturne. Voir 1, 233-234.

de cette nation (5,628). Des Grecs.

eaux étrusques (5,628). C'est le Tibre qui prenait sa source en Étrurie. Il s'appela précédemment Thybris (5, 635) et Albula (5, 646).

homme de Tirynthe (5,629). Hercule, appelé aussi l'Alcide (5, 645). Voir n. à 1, 547 et tout le passage de 1, 543-586 concernant le passage d'Hercule en Italie. Hercule apparaît comme le héros qui a libéré les Romains d'une coutume barbare.

Leucade (6,630). Île grecque, en face de l'Acarnanie, qui comprenait un éperon rocheux où s'élevait un temple d'Apollon ; chaque année, en l'honneur du dieu, on aurait précipité de ce rocher une victime humaine (Strabon, 10, 2, 9, C 452) ; mais le saut de Leucade est surtout connu, à cause de Sappho, qui, selon certaines traditions se serait suicidée par désespoir amoureux.

Certains pensent (5,633). Seconde explication qui prend appui sur un détail de l'organisation électorale à Rome. Il faut savoir en effet que les citoyens devaient passer un par un sur une étroite passerelle de planches pour aller jeter dans l'urne leurs tablettes de vote. Des expressions proverbiales comme depontani senes et sexagenarii de ponte (= "les sexagénaires à bas du pont") étaient utilisées pour caractériser les vieillards qui ne jouissaient plus du droit de vote. Mal interprétées, elles furent appliquées - sérieusement ou non - au rituel des Argées. Ovide, réticent devant ces explications peu honorables pour les ancêtres, va s'adresser au Tibre pour connaître la solution.

Thybris (5,635). Voir n. à 5, 628.

Évandre (5,643). Voir 1, 469-514 et 1, 543-586.

Alcide (5,645). Hercule, de passage à Rome avec les boeufs de Géryon et luttant contre le brigand Cacus. Voir 1, 543-586 ; 4, 65-68, ainsi que Virgile, Énéide, 8, 184-267.

Albula (5,646). Voir 2, 389 et 4, 68.

héros descendant de Pallas (5,647). Évandre, petit-fils de Pallas, éponyme de Pallanteum en Arcadie ; Évandre avait lui aussi donné le nom de Pallantium à la ville qu'il a fondée, à l'endroit du futur Palatin. Voir Virgile, Énéide, 8, 51-54.

Érythée (5,649). Ou Érythie, île située dans les brumes de l'Occident, où vivait Géryon, le géant à trois têtes, à qui Hercule vint, sur les ordres d'Eurysthée, dérober ses troupeaux.

Argos (5,651). Pour désigner la Grèce en général ; Ovide veut sans doute suggérer un rapprochement avec les Argei, qui l'occupent dans ce passage.

Inachos (5,656). Fleuve d'Argolide, mais aussi le premier roi d'Argos.

petit-fils d'Atlas... Pléiade (5, 663-664). Dans la mythologie grecque, Hermès était le fils de Zeus et de Maia, une Pléiade, elle-même fille d'Atlas. Voir 5, 83-88 et 5, 103-106. Cet Hermès a été identifié au dieu italique Mercure, qui patronne les commerçants (et les voleurs). On verra aussi la belle présentation d'Horace, Odes, 1, 10.

Toi, l'arbitre de la paix (5,665-668). "En fait, cette invocation s'adresse à Hermès, beaucoup plus qu'à Mercure. […] Dieu de l'éloquence habile, il excelle à apaiser les différends ; c'est le héraut des dieux, qui voyage avec une merveilleuse vitesse grâce à ses sandales ailées ; il a fabriqué la première lyre ; enfin c'est le patron des athlètes aussi bien que des orateurs" (H. Le Bonniec). Le Mercure latin auquel on l'a assimilé n'a été longtemps que le dieu du commerce. Cette dimension romaine étroite se manifeste nettement dans les rites et la prière du marchand à la fontaine de la porte Capène (5, 675-690).

un temple tout proche du Cirque... (5, 669-670). Le jour des Ides, c'est-à-dire le 15 mai, était l'anniversaire de la dédicace en 495 a.C., d'un temple élevé à Mercure près du Grand Cirque, sur l'Aventin (Tite-Live, 2, 21, 7) ; cette fête était célébrée surtout par les marchands. Dans les vers suivants, Ovide va en décrire avec précision les rites.

fontaine de Mercure (5, 673). Ovide est seul à mentionner cette fontaine aux vertus magiques. La porte Capène est une porte de la muraille "servienne" au sud de Rome, par où sortait la via Appia.

laurier (5,677). Sur la vertu purificatrice du laurier, cfr 4, 728.

une prière (5,680). On ne peut s'empêcher de voir une malicieuse désinvolture dans cette prière qu'Ovide prête aux marchands. Cela cadre toutefois très bien avec les qualifications du Mercure romain, dieu des marchands mais aussi des voleurs.

boeufs d'Ortygie (5,692). Hermès, quand il était enfant, avait volé une partie du troupeau d'Apollon, dieu né à Délos, dont l'ancien nom était Ortygie. Cfr 5, 103-106, où le dieu est qualifié de "protecteur des voleurs".

Phébus... Gémeaux (5,694-696). Le Soleil entre dans la constellation des Gémeaux, le 20 mai, c'est-à-dire 12 jours (le nombre des travaux attribués par la mythologie à Hercule) avant la fin du mois. Sur cette constellation des Gémeaux (Gemini), cfr le site Observational Astronomy de David Haworth ou encore celui des Chevaliers du Zodiaque:

Tyndarides... (5,699-700). Les Tyndarides sont les Dioscures (appelés aussi Gémeaux ou Jumeaux), à savoir Castor (ici le cavalier) et Pollux (ici le pugiliste). Ils sont ainsi désignés parce qu'ils étaient les fils de Tyndare et de Léda, et donc les frères d'Hélène et de Clytemnestre. Toutefois, dans la forme la plus répandue de la légende, seuls Castor et Clytemnestre sont les véritables enfants du couple ; la paternité de Pollux et d'Hélène est attribuée à Zeus, qui sous la forme d'un cygne aurait séduit Léda, l'épouse de Tyndare, lequel est dans ce cas considéré comme le père putatif. Ainsi Pollux (et Hélène) seraient nés de Jupiter et immortels, tandis que Castor (et Clytemnestre) seraient les enfants de Tyndare, et donc mortels. Pour en revenir à Castor et Pollux, ils enlèvent les deux filles du roi Leucippe, Phoebé et Hilaera, fiancées à Idas et Lyncée, deux frères qui veulent se venger en se mesurant aux Dioscures.

Oebalides (5,705). Synonyme de Dioscures ou de Tyndarides, Oebalos, un roi de Sparte, étant le père de Tyndare.

Aphidna (5,708). Aphidna est un dème de l'Attique, où certaines formes de la légende situent le combat des Dioscures contre Idas et Lyncée.

la foudre de Jupiter (5,713). Dans le récit d'Ovide (il existe d'autres variantes), Lyncée tue Castor ; pour venger son frère, Pollux tue à son tour Lyncée ; Idas fonce alors sur Pollux, et Jupiter doit intervenir en faveur de son fils, en vain apparemment (vers 714). Pollux, blessé mais immortel, est transporté au ciel.

séjours alternés (5,719). L'amour entre les deux frères est tel que Pollux ne peut se résigner à être séparé de son frère mort. Devant son insistance, Jupiter trouve une formule de compromis : les deux frères ne se quitteront pas, séjournant alternativement dans le ciel et dans les enfers, mais ensemble. Telle est l'origine de la constellation des Gémeaux.

navire en détresse (5,720). Les Dioscures étaient considérés comme les protecteurs des marins. Selon Hygin, Astronomica, 2, 22, "Neptune leur donna le pouvoir de sauver les naufragés".

Agonia (5,721-722). Le 9 janvier, le 17 mars, le 21 mai et le 11 décembre, les calendriers signalent une fête désignée par le terme latin Agonalia ou Agonia et qui est loin d'avoir livré tous ses secrets. On se reportera aux Agonalia du 9 janvier, en 1, 317-334, où Ovide discute longuement de l'origine même du mot.

Chien d'Érigoné (5,723-724). Voir 4, 939. La date du lever de la constellation du Chien (Sirius) varie selon les auteurs. Ovide en avait déjà parlé à la date du 25 avril (4, 939, où il est également question d'Érigoné dans la note).

Tubilustria (5,725). Les calendriers connaissent deux Tubilustria ; l'un tombe le 23 mars et est lié à Mars (3, 849 et n.) ; l'autre tombe deux mois plus tard, le 23 mai, et concerne Vulcain. La première cérémonie s'intègre très bien dans le cycle des fêtes qui ouvrent la saison guerrière en mars. La seconde est plus délicate à expliquer, mais il existe certains liens entre Mars et Vulcain, en l'honneur duquel, dans certaines circonstances, les Romains victorieux brûlaient les armes et les dépouilles de leurs ennemis vaincus.

quatre lettres (5,727-728). À la date du 24 mai, divers calendriers portent l'indication Q. R. C. F., qui pourrait signifier Quando Rex Comitiauit Fas (pour d'autres modernes, Quando Rex Comitio Fugerit [Fas]). La même mention apparaît à la date du 24 mars, dans les deux cas donc le lendemain des Tubilustria. Des deux interprétations suggérées ici, c'est la première, évoquant une coutume rituelle, qui doit être retenue, même si on ne peut pas la préciser davantage : apparemment quand le rex sacrorum avait accompli un sacrifice au Comitium (comitiauit) ou s'en était enfui rituellement (Comitio Fugerit), le jour devenait faste (fas), la période précédant le rite étant donc néfaste. La seconde explication, renvoyant à la fuite "historique" de Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome, est à rejeter (cfr le Regifugium de février, en 2, 685-686) .

Fortune Publique (5,729-730). Le 25 mai 204 a.C., le consul P. Sempronius Tuditanus voua à la déesse Fortuna Publica populi Romani Quiritium Primigenia un temple sur le Quirinal. Cette Fortuna Primigenia était originaire de Préneste. Sur le Quirinal se dressaient au moins trois sanctuaires à la Fortune Publique (cfr 4, 375-376 ; 6, 569 ; 6, 773).

Amphitrite... (5,731). La mer est désignée ici par métonymie par le nom de la déesse Amphitrite, épouse du dieu de la mer, Poseidon, qui semble "avaler" la lumière du jour.

bec de l'oiseau fauve (5, 732). C'est le lever, le 25 mai, de la constellation de l'aigle, oiseau sacré de Jupiter.

Bouvier (5,733). Le Bouvier s'appelle aussi Arcturus ou Gardien de l'Ourse. Sur cette constellation, on verra 2, 153ss et 6, 235-236. On ne se préoccupera pas trop des dates données par Ovide.

La constellation d'Hyas (5,734). Formée par les Hyades et censée se lever le 27 mai (cfr 3, 105, et 5, 164).


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