Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises dans la BCS

Ovide : Généralités - Métamorphoses - Art d'aimer

Fastes : Avant-Propos - Notices - Livre I - Livre II - Livre III - Livre IV - Livre V - Livre VI - Traduction M. Nisard - Hypertexte louvaniste - Corpora

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


 
OVIDE - FASTES V

Mai

  

Traduction nouvelle annotée

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (2004)
 

     Très Riches Heures du Duc de Berry (XVe siècle) - Février
     © Musée Condé - Château de Chantilly (France)

 

Plan

Le nom et le début du mois de mai (5,1-182)
  • Introduction : le nom du mois (5,1-110)
  • 1er mai (5,111-158)
  • 2 mai : lever des Hyades (5,159-182) 

Flora et ses jeux (5,183-378)

  • Flora : sa personnalité, ses légendes, son domaine d'action (5,183-274)
  • Institution des jeux de Flora (5,275-330)
  • Étiologie de certains rites liés aux Floralia (5,331-378)

Du 3 au 11 mai (5,379-544)

  • Manifestations astronomiques, dont l'apparition du Centaure (5,379-418)
  • Les Lemuria : 9-11-13 mai (5,419-492)
  • 11 mai : Orion (5,493-544)

Du 12 mai à la fin du mois (5,545-734)

  • 12 mai : Mars Vengeur (5,545-598)
  • 13 et 14 mai : Début de l'été - Constellation du Taureau - Argées  (5,599-662)
  • 15 mai : Dédicace du temple de Mercure (5,663-692)
  • Les derniers jours de mai (du 20 au 27 mai) (5,693-734)

 


Résumé

Le nom et le début du mois de mai (5,1-182)

 

Introduction : le nom du mois (5,1-110)

Le poète, perplexe concernant l'origine du nom du mois de mai, interroge les Muses, qui lui fourniront trois explications différentes. Polymnie parle la première. On apprendra plus loin (5,53-54) qu'elle aura l'approbation de Clio et de Thalie. (5,1-10)

Polymnie fait dériver le nom du mois (Maius) de celui de Maiestas (Majesté), en se référant, de manière à notre sens un peu confuse, d'une part à l'organisation progressive du Chaos par la mise en place des éléments primordiaux, et d'autre part à la vie des premiers dieux. Aucun signe honorifique ne semblait distinguer ces derniers avant la naissance de Maiestas qui introduisit parmi eux l'émulation pour l'honneur, un état d'esprit qui perdura jusqu'à l'expulsion de Saturne de la citadelle céleste. Dans la suite, lorsque Jupiter sortit vainqueur de sa confrontation avec les Géants, monstres nés de la Terre, Maiestas resta à ses côtés, constituant le plus sûr gardien de son pouvoir. Cette déesse fut vénérée sur terre par Romulus et Numa, et continue à l'être par les familles romaines. (5,11-54)

Uranie, évoquant le respect et la considération qui entouraient les Anciens (Maiores) aux premiers temps de Rome, et le rôle de conseillers et de sénateurs que leur attribua Romulus, explique le nom Maius par Maiores, de même que Iunius s'expliquerait par Iuuenes. (5,55-78)

Enfin, Calliope rattache le nom du mois de Mai à Maia, une des Pléiades, mère d'Hermès-Mercure ; c'est l'occasion d'évoquer l'origine des Pléiades, filles de Pleionè et d'Atlas et petites-filles de Téthys et Océan. Maia ayant donné naissance à Hermès en Arcadie, Calliope revient à l'Arcadien Évandre qui introduisit en Italie de nombreux cultes d'Arcadie, et notamment celui de Faunus ; c'est donc grâce au fils de Jupiter et de Maia que s'explique le nom de Mai. (5,79-107)

Le poète refuse de privilégier l'une de ces interprétations. (5,107-110)

 

1er mai (5,111-158) 

Ovide commence sa description du mois par une évocation de Jupiter. En effet, il fixe au premier mai le Lever de la Chèvre, ce qui lui fournit l'occasion de rappeler la légende de la nourrice de Jupiter, Amalthée, et de sa chèvre à la corne brisée. (5,111-128)

Le 1er mai, on honore aussi les Lares Praestites (Lares tutélaires), divinités qui, souvent associées à un chien, assurent surveillance et protection. Ovide ne semble pas les distinguer nettement des Lares Compitales (Lares des Carrefours), au culte desquels Auguste avait associé celui de son Genius. (5,129-148a)

Le 1er mai est aussi le jour anniversaire de la dédicace du temple de la Bona Dea, élevé sur la pente du rocher (saxum) de l'Aventin. (5,148b-158)

 

2 mai : Lever des Hyades (5,159-182)

Selon Ovide, le 2 mai marque le lever des Hyades qui tiennent leur nom de la pluie. Cette période pluvieuse et fraîche marque cependant la reprise de la navigation. C'est l'occasion de rappeler une forme de la légende de Hyas et de ses soeurs les Hyades, tous enfants d'Aithra et d'Atlas : les nymphes pleurèrent tellement Hyas, victime d'un fauve, qu'elles furent métamorphosées en étoiles sous le nom d'Hyades. (5,159-182)
 


Flora et ses jeux (5,183-378)

 

Flora : personnalité, légendes, domaine d'action (5,183-274)

Ovide demande à Flora des renseignements sur elle-même et sur les jeux célébrés en son honneur, fin avril et début mai. (5,183-192)

S'identifiant à Chloris, Flora se présente comme une nymphe de l'Ile des Bienheureux, dont la beauté séduisit Zéphyr ; celui-ci l'enleva, l'épousa et lui accorda la souveraineté sur les fleurs. Elle apparaît liée au printemps, à la beauté, à la vie, entourée des Heures et des Grâces. (5,193-222)

Après avoir mentionné la métamorphose en fleur de divers héros mythologiques (Hyacinthe, Narcisse, Crocus, Attis et Adonis), Flora entame un long récit d'où ressort son rôle dans la naissance du dieu Mars : Junon, dépitée de voir que Jupiter avait donné la vie à Minerve sans son concours à elle, voulut à son tour avoir un enfant sans père ; Flora secrètement l'aida en la touchant avec une fleur ; c'est ainsi que Junon fécondée parvint en Thrace où elle accoucha du dieu Mars. Celui-ci, en reconnaissance, accorda à Flora une place dans la ville de Romulus. (5,223-260)

Enfin, Flora rappelle son rôle dans la production des fruits de la terre, qui dépend de la floraison au printemps. (5,261-274)  

  

Institution des jeux de Flora (5,275-330)

Interrogée sur l'origine des jeux de Flore (ludi Florales), la déesse explique que ces jeux populaires furent organisés avec une partie des amendes prélevées par les Publicii (édiles de la plèbe) sur les particuliers qui exploitaient abusivement le bien public. (5,275-294)

Pour expliquer comment les jeux devinrent annuels, Flora fait un long détour sur le besoin d'hommages qu'éprouvent les dieux, illustrant son propos d'exemples tirés de la mythologie grecque (Méléagre, Agamemnon, Hippolyte) ; puis elle se souvient d'avoir elle-même cessé de jouer son rôle bienfaisant dans la nature, suite à la négligence des Sénateurs romains, qui décrétèrent finalement des jeux annuels en son honneur, s'ils obtenaient une abondante floraison. (5,295-330)

  

Étiologie de certains rites liés aux Floralia (5,331-378)

Les Floralia sont des fêtes à caractère libertin, car la déesse Flora est liée aux plaisirs, comme en témoignent les couronnes de fleurs et les guirlandes qui agrémentent les fêtes, sans oublier le vin, qui en est un élément obligé. La fête est célébrée par les courtisanes, qui évoquent la jeunesse et les joies de la vie. Pour Ovide, Flora est une déesse qui invite à jouir de la vie et de la jeunesse. (5,331-354)

Flora explique encore quelques particularités de ses fêtes : les vêtements bigarrés rappellent les multiples coloris des fleurs ; la présence de flambeaux s'explique, entre autres, par le caractère plutôt licencieux des fêtes, qui s'accommodent bien de la nuit ; de même des chasses à des bêtes inoffensives sont mieux adaptées aux Floralia. (5,354-374)

Flora disparue, Ovide fait le voeu de voir fleurir son poème pour l'éternité. (5,375-378)

 


Du 3 au 11 mai (5,379-544)

 

Manifestations astronomiques, dont l'apparition du Centaure (5,379-418)

Le lever de la constellation du Centaure le 3 mai est l'occasion pour Ovide d'évoquer l'histoire du Centaure Chiron, qui fut en Thessalie le maître d'Achille jeune. Un jour, Chiron reçut la visite d'Hercule ; en maniant les armes empoisonnées du héros, le Centaure se blessa et, malgré sa science des remèdes, mourut, entouré d'Hercule et d'Achille qui le pleura comme un père. Il devint la constellation du Centaure. (5,379-414)

5 et 6 mai : Apparition de La Lyre et du Scorpion (5,415-418)

 

Les Lemuria : 9-11-13 mai (5,419-492)

Le 9 mai commence la célébration des Lémuries nocturnes en l'honneur des Mânes. Ovide décrit très minutieusement un rituel ancien, auquel se soumet le maître de maison : il accomplit des gestes précis et prononce des formules déterminées, pour écarter de sa demeure les ombres des morts. (5,419-444)

L'étiologie de cette célébration se rattache, selon Ovide, qui prétend tenir l'explication du dieu Mercure, à la légende de Rémus. L'ombre de Rémus apparut à ses parents adoptifs éplorés, évoqua devant eux sa grandeur de naguère, maudit son meurtrier Celer et leur demanda d'intervenir auprès de Romulus pour obtenir l'institution d'une fête en son honneur ; telle est l'origine des Remuria, devenues Lemuria au fil du temps. (5,445-484)

Suivent quelques précisions (fermeture des sanctuaires, et mariages déconseillés) concernant cette période des Lemuria, qui s'étalent sur trois jours non consécutifs. (5,485-492)

 

11 mai : Orion (5,493-544)

L'origine d'Orion, constellation censée avoir disparu du ciel le 11 mai (milieu des Lemuria), s'explique par une curieuse légende. Un soir, Hyrieus voyant passer trois inconnus, qui ne sont autres que Jupiter, Neptune et Mercure, leur offre généreusement l'hospitalité dans sa modeste demeure ; les trois dieux ayant finalement révélé leur identité, le vieillard leur réserva l'accueil le plus somptueux possible, allant jusqu'à sacrifier son unique boeuf. (5,493-522)

Invité alors à formuler un voeu, Hyriée, qui est veuf, souhaite avoir un fils, sans le concours d'une épouse. Les dieux l'exaucent en éjaculant dans la peau du boeuf sacrifié en leur honneur, peau que l'on recouvre de terre. Dix mois après naquit Urion, dont le nom se transforma en Orion. (5,523-536)

Devenu plus tard un habile chasseur, Orion fut choisi comme garde du corps par Artémis, mais il mécontenta par sa vantardise la déesse Tellus, qui suscita contre lui un scorpion. Celui-ci s'en prit à Latone ; Orion la défendit, méritant ainsi de devenir une constellation. (5,537-544).

 


Du 12 mai à la fin du mois (5,545-734)

 

12 mai : Mars Vengeur (5,545-598)

Le 12 mai est la date d'une célébration en l'honneur de Mars Vengeur, et contribue aussi et surtout à magnifier Auguste. Le Forum d'Auguste renferme un temple majestueux consacré à Mars Vengeur, ainsi que des portiques où des statues rappellent les exploits de grands personnages, notamment Énée et Romulus et des ancêtres de la gens Iulia. (5,545-566)

Auguste a promis une première fois de dédier un temple à Mars Vengeur, au début de son principat, pour venger le meurtre de Jules César. La vengeance fut accomplie par sa victoire de Philippes, en 42 a.C., mais le voeu ne fut concrétisé qu'en 2 a.C., par la construction du temple sur le Forum d'Auguste. (5,567-578)

Une seconde fois, Auguste honora Mars Vengeur, lorsqu'il fit ériger un temple sur le Capitole pour abriter en 20 a.C., les enseignes de Crassus, perdues au massacre de Carrhes, et récupérées en 20 a. C. Les Quirites doivent célébrer tous ces souvenirs par des jeux, le 12 mai au Grand Cirque. (5,579-598)

 

13 et 14 mai : Début de l'été - Constellation du Taureau - Argées  (5,599-662)

Tandis que le 13 mai apparaissent les Pléiades, marquant le commencement de l'été, le 14 mai est la date du lever du Taureau, constellation perpétuant le souvenir de l'enlèvement d'Europe par Jupiter qui avait pris l'apparence d'un taureau. Une autre explication rattache la constellation, considérée comme une génisse, à l'aventure d'Io, aimée par Jupiter. (5,599-620)

Le 14 mai est aussi la date de la cérémonie des Argées, au cours de laquelle sont jetés dans le Tibre des mannequins d'osier, représentant des hommes. Ovide examine plusieurs étiologies. Selon la première, on aurait offert à l'origine à Saturne de véritables victimes humaines, auxquelles Hercule aurait par la suite substitué de simples figurines. Selon une autre interprétation, pour réserver le droit de vote aux jeunes, on se serait débarrassé des sexagénaires en les jetant dans le Tibre. (5,621-634)

Enfin, Thybris, invoqué par Ovide, explique que des compagnons grecs d'Hercule, qui avaient choisi de rester en Italie, auraient demandé, pris de nostalgie, que leurs cadavres soient jetés dans le Tibre, afin de rejoindre leur terre natale ; leurs héritiers, refusant d'accomplir ces volontés, auraient substitué aux cadavres des mannequins. (5,635-662)

 

15 mai : Dédicace du temple de Mercure (5,663-692)

Le 15 mai, anniversaire de la dédicace du temple à Mercure près du Grand Cirque, est un jour de fête en l'honneur de Mercure, médiateur et messager des dieux, musicien et athlète, maître d'éloquence (5,663-670).

Les commerçants, toujours un peu voleurs, célèbrent ce jour-là un rituel en faisant leurs ablutions à la Fontaine de Mercure, en aspergeant de cette eau leurs marchandises et en priant le dieu de faire prospérer leurs affaires, sans pénaliser leurs mensonges et leurs tromperies. Le dieu accepte leur requête en souriant. (5,671-692)

 

Les derniers jours de mai (du 20 au 27 mai) (5,693-734)

Le 20 mai apparaît la Constellation des Gémeaux, ce qui fournit à Ovide l'occasion d'évoquer la légende de Castor et Pollux ; ceux-ci, qui avaient enlevé deux soeurs fiancées à deux frères, Idas et Lyncée, durent se battre contre ces derniers. Castor fut tué et Pollux, dont le véritable père était Jupiter, fut enlevé au ciel. Pollux obtint de Jupiter que son frère mortel partageât avec lui l'immortalité ; ils séjourneront alternativement, mais ensemble, dans le ciel et dans les enfers. Telle est l'origine de la constellation des Gémeaux, favorables aux marins. (5,693-720)

La fin du mois va voir se succéder diverses cérémonies, commémorations et phénomènes astronomiques : Agonalia (21 mai), lever du Chien (22 mai), Tubilustria (23 mai), Q. R. C. F. (24 mai), dédicace d'un temple à Fortuna Publica et lever de l'Aigle (25 mai), coucher du Bouvier (26 mai), lever des Hyades (27 mai). (5,721-734)


Ovide : Généralités - Métamorphoses - Art d'aimer

Fastes : Avant-Propos - Notices - Livre I - Livre II - Livre III - Livre IV - Livre V - Livre VI - Traduction M. Nisard - Hypertexte louvaniste - Corpora - Page suivante


Bibliotheca Classica Selecta - UCL (FLTR)