Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises : Sur la BCS - Ailleurs sur la Toile
Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Livre VIII (Plan) - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante
OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VIII
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2007]
Légendes étoliennes : autour de Méléagre (8, 260-546)
De Crète en Grèce continentale (8, 260-272)
Dédale trouve refuge chez le roi Cocalos, en Sicile, tandis qu'Athènes bénit les dieux de l'avoir délivrée de son tribut à Minos, grâce à la vaillance de Thésée. Ce héros, célébré désormais dans toute la Grèce comme un recours dans tous les dangers, a été sollicité par les habitants de Calydon, pour participer à la chasse contre un sanglier dévastant la contrée.
8, 260 | Iamque fatigatum tellus Aetnaea tenebat Daedalon, et sumptis pro supplice Cocalus armis mitis habebatur. Iam lamentabile Athenae pendere desierant Thesea laude tributum. Templa coronantur, bellatricemque Mineruam |
Désormais le pays de l'Etna hébergeait un homme fatigué, Dédale, et Cocalos, qui avait pris les armes en faveur du suppliant, passait pour un homme de paix. Désormais Athènes avait cessé, grâce au mérite de Thésée, de payer son lamentable tribut. On orne les temples de couronnes, on invoque Minerve la Guerrière |
8, 265 | cum Ioue disque uocant aliis, quos sanguine uoto muneribusque datis et acerris turis adorant. Sparserat Argolicas nomen uaga fama per urbes Theseos et populi, quos diues Achaia cepit, huius opem magnis inplorauere periclis. |
et Jupiter et les autres dieux, que l'on vénère avec le sang
des victimes qui avait été promis, avec des offrandes et des boîtes d'encens. À travers les villes d'Argolide, une rumeur avait couru répandant le nom de Thésée, et les peuples de la riche Achaïe imploraient son aide quand ils couraient de grands dangers. |
8, 270 | Huius opem Calydon, quamuis Meleagron haberet, sollicita supplex petiit prece ; causa petendi sus erat, infestae famulus uindexque Dianae. |
Le pays de Calydon, où pourtant vivait Méléagre,
implora son aide avec des supplications et des prières angoissées ; la raison en était un sanglier, serviteur et vengeur de l'acharnée Diane. |
Le sanglier de Calydon mobilise une bande de chasseurs autour de Méléagre (8, 273-328)
Oenée, roi de Calydon, avait mécontenté Diane en négligeant de lui offrir comme aux autres divinités les prémices de ses récoltes. En représailles, la déesse avait envoyé dans les champs d'Oenée un animal féroce, sanglier énorme qui semait la terreur, dévastant récoltes et troupeaux sur son passage. (8, 273-297)
Tandis que la population s'est terrée derrière les remparts de la cité, une troupe de jeunes héros grecs, avides de gloire, se groupe autour de Méléagre pour terrasser la bête : parmi eux, se trouvent notamment Castor et Pollux, Jason, Thésée et Pirithoüs, les fils de Thestius, et bien d'autres encore plus ou moins connus. (8, 298-316)
La plus singulière personne de cette bande est sûrement Atalante. Ovide ne la nomme pas ; venue de Tégée, en Arcadie, avec son allure androgyne et sa simple tenue de chasseresse, elle éveille d'emblée chez Méléagre un intérêt passionné, qu'il prend soin de taire cependant, absorbé qu'il est par une tâche plus pressante. (8, 317-328)
Oenea namque ferunt pleni successibus anni primitias frugum Cereri, sua uina Lyaeo, |
En effet, dit-on, Oenée, en une année de récoltes abondantes, |
|
8, 275 | Palladios flauae latices libasse Mineruae. Coeptus ab agricolis superos peruenit ad omnes ambitiosus honor ; solas sine ture relictas praeteritae cessasse ferunt Latoidos aras. Tangit et ira deos. « At non inpune feremus, |
qui lui appartient, et à la blonde Minerve la liqueur de Pallas. |
8, 280 | quaeque inhonoratae, non et dicemur inultae », inquit, et Oenios ultorem spreta per agros misit aprum, quanto maiores herbida tauros non habet Epiros sed habent Sicula arua minores. Sanguine et igne micant oculi, riget horrida ceruix, |
et on ne dira pas que,
sans honneurs, je suis aussi sans vengeance », dit-elle. Pour se venger de ce mépris, elle envoie dans les champs d'Oenée un sanglier, grand comme les taureaux de l'Épire herbeuse, mais plus grand que ceux des campagnes siciliennes. Ses yeux étincellent de sang et de feu, son cou farouche se raidit, |
8, 285 | et saetae similes rigidis hastilibus horrent ; [ Stantque uelut uallum, uelut alta hastilia saetae ]; feruida cum rauco latos stridore per armos spuma fluit, dentes aequantur dentibus Indis, fulmen ab ore uenit, frondes afflatibus ardent. |
et ses poils se hérissent, comparables à des javelines rigides ; [Et les poils se dressent comme un rempart, comme de hautes javelines]. En un grognement rauque, il laisse couler sur ses membres puissants une bave brûlante ; ses dents sont longues comme celles d'un éléphant, sa gueule crache la foudre et son haleine embrase les feuilles. |
8, 290 | Is modo crescentes segetes proculcat in herba, nunc matura metit fleturi uota coloni et Cererem in spicis intercipit. Area frustra et frustra exspectant promissas horrea messes. Sternuntur grauidi longo cum palmite fetus |
Tantôt il piétine les pousses naissantes, encore en herbe, tantôt il anéantit les espoirs mûris du paysan au bord des larmes et il saccage les épis de Cérès. C'est en vain que l'aire de battage, en vain que les greniers attendent les moissons promises. De lourdes grappes et de longs sarments jonchent le sol, |
8, 295 | bacaque cum ramis semper frondentis oliuae. Saeuit et in pecudes ; non has pastorue canisue, non armenta truces possunt defendere tauri. Diffugiunt populi nec se nisi moenibus urbis esse putant tutos, donec Meleagros et una |
tout comme les baies et les branches de l'olivier toujours vert. La bête sévit aussi contre les moutons ; ni berger ni chien ni farouches taureaux ne peuvent défendre le bétail, petit et gros. Les gens fuient de tous côtés, ne se considérant en sécurité que derrière les remparts de la ville, jusqu'au jour où Méléagre |
8, 300 | lecta manus iuuenum coiere cupidine laudis ; Tyndaridae gemini, spectandus caestibus alter, alter equo, primaeque ratis molitor Iason, et cum Pirithoo, felix concordia, Theseus, et duo Thestiadae prolesque Aphareia, Lynceus |
et une bande de jeunes héros se réunissent, avides de gloire. Il y a les Tyndarides, jumeaux admirables, l'un, au ceste, l'autre, comme cavalier ; Jason, le constructeur du premier bateau, ainsi que Thésée avec Pirithoüs, unis en une heureuse entente ; les deux Thestiades, et les fils d'Apharée, Lyncée et le véloce Idas ; |
8, 305 | et uelox Idas, et iam non femina Caeneus, Leucippusque ferox iaculoque insignis Acastus Hippothousque Dryasque et cretus Amyntore Phoenix Actoridaeque pares et missus ab Elide Phyleus. Nec Telamon aberat magnique creator Achillis |
il y a aussi Cénée, qui désormais n'était plus une femme, Leucippe l'impétueux et Acaste, remarquable lanceur de javelot, Hippothoüs et Dryas, et Phénix, le descendant d'Amyntor, et les deux fils jumeaux d'Actor, et Phylée, envoyé d'Élide. Ne manquaient à l'appel ni Télamon, ni le père du grand Achille, |
8, 310 | cumque Pheretiade et Hyanteo Iolao impiger Eurytion et cursu inuictus Echion Naryciusque Lelex Panopeusque Hyleusque feroxque Hippasus et primis etiamnum Nestor in annis, et quos Hippocoon antiquis misit Amyclis, |
ni, accompagnant le fils de Phérès et Iolaüs d'Hyantie, l'infatigable Eurytion, ni Échion, invincible à la course, ni Lélex de Naryx, ni Panopée, et Hyléus, et Hippase le hardi, ni Nestor, encore dans ses jeunes années à l'époque, ni les héros qu'Hippocoon avait envoyés de l'antique Amyclées, |
8, 315 | Penelopaeque socer cum Parrhasio Ancaeo, Ampycidesque sagax et adhuc a coniuge tutus Oeclides nemorisque decus Tegeaea Lycaei. Rasilis huic summam mordebat fibula uestem, crinis erat simplex, nodum conlectus in unum ; |
ni le beau-père de Pénélope,
avec Ancée de Parrhasie,
ni
le sage fils d'Ampyx, ni le fils d'Oeclès, que ne menaçait pas encore son épouse. Il y a avait aussi la Tégéenne, la perle des bois du Lycée. Une fibule discrète agrafait le haut de son vêtement, sa chevelure sans apprêt était retenue par un simple noeud. |
8, 320 | ex umero pendens resonabat eburnea laeuo telorum custos, arcum quoque laeua tenebat. Talis erat cultu ; facies, quam dicere uere uirgineam in puero, puerilem in uirgine possis. Hanc pariter uidit, pariter Calydonius heros |
Un carquois d'ivoire résonnait, pendu à son épaule gauche |
8, 325 |
optauit renuente deo ; flammasque latentes |
malgré l'opposition divine ; Méléagre refoula
ces flammes secrètes en son coeur et dit : « Heureux celui qu'elle jugera digne d'être son époux ! » Mais les circonstances et sa pudeur l'empêchent d'en dire plus ; la tâche plus grande d'un grand combat le presse. |
Les débuts de la chasse (8, 329-390)
La bête est débusquée de la vallée où elle s'était cachée, se déchaîne face à ses assaillants et met en fuite la meute des chiens. (8, 329-344)
Tour à tour, les chasseurs cherchent à l'atteindre : Échion, puis Jason ratent leur cible, et le trait de Mopsos, rendu inoffensif par Diane, ne fait qu'accentuer la fureur de l'animal, qui renverse deux chasseurs et en tue un troisième. Nestor réussit à lui échapper et le fils d'Eurytus est transpercé d'un coup de défense, tandis que Castor et Pollux voient s'échapper devant eux le sanglier ; Télamon qui le poursuit heurte une souche et est secouru par Pélée. Par contre la jeune Atalante fait mouche, faisant même saigner l'animal ; Méléagre, admiratif, promet de lui décerner le prix de la vaillance, provoquant ainsi le dépit des participants masculins, plus excités que jamais à montrer leur supériorité. (8, 345-390)
Silua frequens trabibus, quam nulla ceciderat aetas, |
Une épaisse forêt d'arbres, jamais exploitée à aucune époque, |
|
8, 330 |
incipit a plano deuexaque prospicit arua. Quo postquam uenere uiri, pars retia tendunt, uincula pars adimunt canibus, pars pressa sequuntur signa pedum cupiuntque suum reperire periclum. Concaua uallis erat, quo se demittere riui |
part de la plaine et, se prolongeant en pente, domine les campagnes. Quand les héros sont parvenus à cet endroit, les uns tendent les filets, d'autres détachent les chiens, d'autres suivent les traces de pattes, animés du désir de rencontrer un danger à affronter. Une vallée s'était creusée, où ruisselantes venaient se déverser |
8, 335 |
adsuerant pluuialis aquae ; tenet ima lacunae lenta salix uluaeque leues iuncique palustres uiminaque et longa paruae sub harundine cannae. Hinc aper excitus medios uiolentus in hostes fertur, ut excussis elisi nubibus ignes. |
les eaux de pluie ; le fond de ce ravin est couvert de saule flexible, d'algues légères, d'herbes des marais, d'osiers et de petits joncs poussant au pied de longs roseaux. Débusqué de là, entouré d'ennemis, le sanglier a la violence de la foudre jaillissant de nuages qui s'entrechoquent. . |
8, 340 |
Sternitur incursu nemus, et propulsa fragorem silua dat ; exclamant iuuenes praetentaque forti tela tenent dextra lato uibrantia ferro. Ille ruit spargitque canes, ut quisque furenti obstat, et obliquo latrantes dissipat ictu. |
En heurtant les arbres, il les renverse, et la forêt abattue retentit avec fracas ; les jeunes gens crient, en brandissant dans leur main vigoureuse d'étincelants épieux à large lame. L'animal fonce, disperse les chiens qui font obstacle à sa rage et, par un coup asséné de côté, met en fuite leur meute hurlante. |
8, 345 |
Cuspis Echionio primum contorta lacerto uana fuit truncoque dedit leue uulnus acerno. Proxima, si nimiis mittentis uiribus usa non foret, in tergo uisa est haesura petito ; longius it. Auctor teli Pagasaeus Iason. |
Un premier trait lancé par le bras d'Échion resta sans effet, ne provoquant qu'une légère blessure à un tronc d'érable. Le trait suivant, s'il n'avait pas été lancé avec une force excessive, eût été bien près, apparemment, de se planter sur l'échine visée ; il alla trop loin : c'était Jason de Pagasa qui l'avait lancé. |
8, 350 |
« Phoebe, » ait Ampycides, « si te coluique coloque, da mihi, quod petitur, certo contingere telo ! » Qua potuit, precibus deus adnuit ; ictus ab illo est, sed sine uulnere aper ; ferrum Diana uolanti abstulerat iaculo, lignum sine acumine uenit. |
« Ô Phébus », dit le fils d'Ampyx, « si je fus de tes fidèles, et le suis toujours, accorde à mon trait sûr d'atteindre sa cible ! » Dans la mesure où il le put, le dieu accéda à ses prières ; le sanglier fut frappé, mais resta indemme ; durant le vol du javelot, Diane en avait enlevé le fer, et le bois parvint au but sans sa pointe. |
8, 355 |
Ira feri mota est, nec fulmine lenius arsit ; emicat ex oculis, spirat quoque pectore flamma ; utque uolat moles adducto concita neruo, cum petit aut muros aut plenas milite turres, in iuuenes certo sic impete uulnificus sus |
La fureur du fauve fut ravivée et son ardeur valait celle la foudre ; de ses yeux jaillissent des flammes, et sa poitrine souffle le feu. De même que s'envole une masse lancée par la corde tendue, quand elle se dirige vers des murs ou des tours pleines de soldats, ainsi, d'un même élan sûr, le sanglier meurtrier est entraîné |
8, 360 |
fertur et Hippalmon Pelagonaque, dextra tuentes cornua, prosternit. Socii rapuere iacentes. At non letiferos effugit Enaesimus ictus Hippocoonte satus ; trepidantem et terga parantem uertere succiso liquerunt poplite nerui. |
vers les jeunes gens. Il renverse Hippalmos et Pélagon, qui surveillaient le flanc droit. Jetés à terre, ils sont enlevés par leurs compagnons. Mais, Énésime, fils d'Hippocoon, n'échappa pas à un coup mortel ; tandis qu'il allait tourner le dos, tremblant de peur, il eut le jarret coupé et sa vigueur le quitta. |
8, 365 |
Forsitan et Pylius citra Troiana perisset tempora ; sed sumpto posita conamine ab hasta arboris insiluit, quae stabat proxima, ramis despexitque, loco tutus, quem fugerat, hostem. Dentibus ille ferox in querno stipite tritis |
Peut-être l'homme de Pylos aurait-il péri avant le temps de Troie, mais il avait placé son javelot de manière à prendre son élan et avait sauté sur les branches d'un arbre qui se trouvait là. Une fois en lieu sûr, il regarda de haut l'ennemi qui l'avait fait fuir. La bête intrépide, qui avait aiguisé ses crocs sur un tronc de chêne, |
8, 370 |
imminet exitio fidensque recentibus armis Eurytidae magni rostro femur hausit adunco. At gemini, nondum caelestia sidera, fratres, ambo conspicui, niue candidioribus ambo uectabantur equis, ambo uibrata per auras |
menace de répandre la mort ; se fiant à ses armes nouvelles, elle enfonce sa défense recourbée dans la cuisse du noble fils d'Eurytos. Les frères jumeaux, eux, qui n'étaient pas encore astres du ciel, au centre des regards, montaient tous deux des chevaux plus blancs que neige ; tous deux, d'un geste tremblant, |
8, 375 |
hastarum tremulo quatiebant spicula motu. Vulnera fecissent, nisi saetiger inter opacas nec iaculis isset nec equo loca peruia siluas. Persequitur Telamon studioque incautus eundi pronus ab arborea cecidit radice retentus. |
agitaient dans l'air les pointes brandies de leurs javelots. Ils l'auraient frappé, si l'animal couvert de soies n'avait fui dans des taillis épais, inaccessibles aux traits et aux chevaux. Télamon le poursuit et, son ardeur à foncer le rendant imprudent, il tomba tête en avant, arrêté par la racine d'un arbre. |
8, 380 |
Dum leuat hunc Peleus, celerem Tegeaea sagittam inposuit neruo sinuatoque expulit arcu. Fixa sub aure feri summum destrinxit harundo corpus et exiguo rubefecit sanguine saetas ; nec tamen illa sui successu laetior ictus |
Tandis que Pélée le relève, la Tégéenne posa une flèche rapide sur la corde de son arme et la lança avec son arc souple. La flèche, qui s'est fichée sous l'oreille de la bête sauvage, lui effleure le haut du corps, rougissant les poils d'un peu de sang. La jeune fille pourtant fort heureuse de son propre succès |
8, 385 |
quam Meleagros erat ; primus uidisse putatur et primus sociis uisum ostendisse cruorem et « meritum » dixisse « feres uirtutis honorem. » Erubuere uiri seque exhortantur et addunt cum clamore animos iaciuntque sine ordine tela ; |
ne l'était pas autant que Méléagre ; il fut le premier, dit-on, à voir le sang, |
8, 390 |
turba nocet iactis et, quos petit, impedit ictus. |
ce qui gêne la trajectoire des flèches et empêche les coups de porter. |
La mise à mort du sanglier et des fils de Thestius par Méléagre (8, 391-444)
En vain, d'autres héros affrontent le monstre : l'Arcadien Ancée gonflé d'orgueil et d'assurance périt, affreusement déchiré ; Thésée, qui veut protéger son compagnon Pirithoüs, lance un trait, lui aussi sans succès, de même que Jason qui abat involontairement un autre chasseur. Méléagre a la main plus heureuse et, après avoir fiché une pique dans le dos de l'animal, il achève la bête d'un coup d'épieu dans l'épaule, tel un matador dans l'arène. (8, 391-419)
Au milieu de la liesse générale, Méléagre offre en hommage à Atalante ravie la peau et la hure du sanglier, mécontentant ainsi les participants à la chasse. Les Thestiades, qui s'opposent violemment à cet hommage, sont immédiatement mis à mort par leur neveu Méléagre. (8, 420-444)
8, 391 |
Ecce furens contra sua fata bipennifer Arcas : |
Voici plein de fureur l'Arcadien à la double hache, provoquant son destin : « Apprenez combien l'emportent sur ceux des femmes , ô jeunes gens, les traits portés par les hommes et laissez-moi ce travail ! » dit-il. « La fille de Latone a beau de ses armes protéger cet animal , |
8, 395 | inuita tamen hunc perimet mea dextra Diana. » Talia magniloquo tumidus memorauerat ore ancipitemque manu tollens utraque securim institerat digitis primos suspensus in artus. Occupat audentem, quaque est uia proxima leto, |
il périra pourtant de ma main, malgré la volonté de Diane. » Gonflé d'orgueil, il avait prononcé ces paroles grandiloquentes, et soulevant des deux mains sa hache à double tranchant, il s'était dressé sur ses orteils, en suspens sur ses pointes. La bête sauvage devance l'audacieux, et lui plante ses défenses |
8, 400 | summa ferus geminos derexit ad inguina dentes. Concidit Ancaeus glomerataque sanguine multo uiscera lapsa fluunt madefactaque terra cruore est. Ibat in aduersum proles Ixionis hostem Pirithous, ualida quatiens uenabula dextra. |
en haut de l'aine, là où la voie
vers la mort est la plus directe. Ancée s'affaisse ; ses viscères noyées dans un flot de sang glissent et se répandent, et la terre en est tout imprégnée. Pirithoüs, descendant d'Ixion, marchait sus à l'ennemi, brandissant un épieu dans sa puissante main. |
8, 405 | Cui : « Procul, » Aegides « o me mihi carior, » inquit « pars animae consiste meae ! Licet eminus esse fortibus ; Ancaeo nocuit temeraria uirtus. » Dixit et aerata torsit graue cuspide cornum ; quo bene librato uotique potente futuro, |
Le fils d'Égée lui dit : « Éloigne-toi, toi que j'aime plus que moi-même, toi, une part de mon âme, arrête ! On peut être courageux de loin ; Ancée a pâti de sa vaillance téméraire. » Il finit de parler et brandit un lourd javelot de cornouiller à la pointe d'airain ; ce trait bien balancé, et qui aurait dû réaliser son voeu, |
8, 410 | obstitit abscisa frondosus ab arbore ramus. Misit et Aesonides iaculum, quod casus ab illo uertit in immeriti fatum Celadontis et inter ilia coniectum tellure per ilia fixum est. At manus Oenidae uariat, missisque duabus |
bute sur une branche feuillue provenant d'un arbre abattu. Alors le fils d'Éson envoya un trait, que le hasard détourna de la bête contre Céladon, qui ne méritait pas ce destin ; le fer pénétra dans ses entrailles et les traversant se planta dans la terre. La main du fils d'Oenée est autrement efficace : il lança deux traits, |
8, 415 | hasta prior terra, medio stetit altera tergo. Nec mora, dum saeuit, dum corpora uersat in orbem stridentemque nouo spumam cum sanguine fundit, uulneris auctor adest hostemque inritat ad iram splendidaque aduersos uenabula condit in armos. |
le premier se ficha en terre, le second en pleine échine de la bête. Aussitôt, tandis que, pleine de rage, elle tourne en rond et répand en grinçant des dents sa bave mêlée de sang frais, l'auteur de la blessure s'approche de son adversaire, excite sa colère et enfonce dans son épaule une pique luisante. |
8, 420 | Gaudia testantur socii clamore secundo uictricemque petunt dextrae coniungere dextram immanemque ferum multa tellure iacentem mirantes spectant neque adhuc contingere tutum esse putant, sed tela tamen sua quisque cruentat. |
Ses compagnons manifestent leur bonheur avec des cris joyeux ; |
8, 425 | Ipse pede imposito caput exitiabile pressit atque ita : « Sume mei spolium, Nonacria, iuris, » dixit «et in partem ueniat mea gloria tecum. » Protinus exuuias rigidis horrentia saetis terga dat et magnis insignia dentibus ora. |
Méléagre pressa de son pied la tête maudite, disant : « Fille de Nonacris, accepte cette dépouille, qui de droit m'appartient, et que ma gloire soit partagée avec toi. » Aussitôt il lui fait don, en guise de trophée, de la peau hérissée de poils raides et de la tête aux défenses impressionnantes. |
8, 430 | Illi laetitiae est cum munere muneris auctor. Inuidere alii, totoque erat agmine murmur. E quibus ingenti tendentes bracchia uoce : « Pone age nec titulos intercipe, femina, nostros, » Thestiadae clamant, « nec te fiducia formae |
Et tout autant que du présent,
elle est heureuse de son auteur. Les autres en conçurent de l'envie et un murmure gagna toute la troupe. Parmi eux, les Thestiades, tendant les bras, crient d'une voix forte : « Allons, pose cela, femme, et ne nous prive pas des titres de gloire qui nous reviennent. Que ta confiance en ta beauté ne t'abuse pas, |
8, 435 | decipiat, ne sit longe tibi captus amore auctor ; » et huic adimunt munus, ius muneris illi. Non tulit et tumida frendens Mauortius ira « discite, raptores alieni » dixit « honoris, facta minis quantum distent ; » hausitque nefando |
de peur que l'amoureux qui t'a fait ce don ne soit éloigné de toi. » À elle, ils refusent le présent, à lui, le droit de l'offrir. Le descendant de Mars ne supporta pas l'affront et, gonflé de colère, grinçant des dents, il dit : « Ravisseurs de l'honneur d'autrui, apprenez quelle distance sépare les faits et les menaces. » |
8, 440 | pectora Plexippi nil tale timentia ferro. Toxea, quid faciat, dubium pariterque uolentem ulcisci fratrem fraternaque fata timentem, haud patitur dubitare diu calidumque priori caede recalfecit consorti sanguine telum. |
Et de son arme funeste, il transperça le coeur de Plexippus qui ne s'y attendait pas. Toxeus ne savait que faire, voulant à la fois venger son frère et redoutant de subir le même sort. Le héros ne le laisse pas hésiter longtemps et, dans le sang fraternel réchauffe son javelot encore chaud du meurtre précédent. |
Althée décide de venger la mort de ses frères (8, 445-514)
Althée, qui fêtait l'exploit de son fils Méléagre, ne songe plus qu'à le punir quand elle apprend le meurtre de ses propres frères. Elle se souvint alors de la souche de bois, qu'elle avait sauvegardée et dont dépendait la vie de Méléagre. Les Parques en effet avaient annoncé, lors de sa naissance, qu'elles accordaient à l'enfant la même durée de vie qu'à ce morceau de bois. (8, 445-459)
Se sentant tenue de venger ce meurtre et partagée entre son amour pour ses frères et son amour maternel, elle fait préparer un feu, dans lequel elle hésite longtemps à faire disparaître la souche fatidique. (8, 460-474)
Finalement, la soeur en elle l'emporte : bien consciente de commettre une abomination, elle décide non sans déchirement de sacrifier la vie de son fils en invoquant les déesses de la vengeance, sûre ainsi d'accomplir un devoir sacré à l'égard de ceux de son sang. Désespérée, elle jette le tison dans le feu, maudissant sa famille et désirant rejoindre ses frères dans la mort. (8, 475-514)
8, 445 | Dona deum templis nato uictore ferebat, cum uidet exstinctos fratres Althaea referri. Quae plangore dato maestis clamoribus urbem implet et auratis mutauit uestibus atras. At simul est auctor necis editus, excidit omnis |
Althée apportait des offrandes dans les temples des dieux pour fêter l'exploit de son fils, quand elle voit ramener les cadavres de ses frères. Elle se frappa la poitrine, emplit la ville de ses cris douleureux et changea ses vêtements tissés d'or pour une tenue sombre. Mais dès l'instant où l'on cite le nom du meurtrier, elle quitte son deuil |
8, 450 | luctus et a lacrimis in poenae uersus amorem est. Stipes erat, quem, cum partus enixa iaceret Thestias, in flammam triplices posuere sorores staminaque inpresso fatalia pollice nentes : « Tempora » dixerunt « eadem lignoque tibique, |
et arrête ses larmes, toute à son désir de punir le coupable. Lors des couches de la fille de Thestius, les trois soeurs avaient déposé une bûche sur les flammes du foyer. Tout en filant et pressant du pouce le fil du destin de l'enfant, elles avaient dit : « Nous te donnons à toi, qui viens de naître, |
8, 455 | o modo nate, damus. » Quo postquam carmine dicto excessere deae, flagrantem mater ab igne eripuit ramum sparsitque liquentibus undis. Ille diu fuerat penetralibus abditus imis seruatusque tuos, iuuenis, seruauerat annos. |
la même durée de vie qu'à ce bois. » Suite à cette prophétie, après le départ des déesses, la mère aussitôt retira du feu le tison brûlant et elle l'aspergea abondamment d'eau claire. Ce bois longtemps caché en un endroit très retiré de la demeure, et ainsi conservé, il t'avait aussi conservé en vie, jeune homme. |
8, 460 | Protulit hunc genetrix taedasque et fragmina poni imperat et positis inimicos admouet ignes. Tum conata quater flammis imponere ramum coepta quater tenuit ; pugnat materque sororque, et diuersa trahunt unum duo nomina pectus. |
Althée apporte cette souche, fait entasser des bûches de pin et des débris de bois, puis elle y boute un feu ravageur. Alors, quatre fois, elle tenta de poser la souche sur les flammes, quatre fois, elle se retint ; la mère et la soeur en elle sont en lutte, et entre ces deux noms un seul coeur est tiraillé en des sens opposés. |
8, 465 | Saepe metu sceleris pallebant ora futuri, saepe suum feruens oculis dabat ira ruborem, et modo nescio quid similis crudele minanti uultus erat, modo quem misereri credere posses. Cumque ferus lacrimas animi siccauerat ardor, |
Souvent la peur du crime qu'elle allait commettre la rendait livide, souvent aussi une colère brûlante lui rougissait les yeux, parfois son visage menaçant annonçait je ne sais quel acte cruel, parfois, on aurait pu croire qu'elle était pleine de compassion. Et quand l'ardeur sauvage de son coeur avait épuisé ses larmes, |
8, 470 | inueniebantur lacrimae tamen. Vtque carina, quam uentus uentoque rapit contrarius aestus, uim geminam sentit paretque incerta duobus. Thestias haud aliter dubiis affectibus errat inque uices ponit positamque resuscitat iram. |
elle retrouvait pourtant encore des larmes. De même qu'un navire, soulevé par le vent et par une vague contraire à ce vent, subit ces deux forces et, incertain, obéit aux deux, ainsi la Thestiade va et vient, animée de sentiments indécis : tour à tour, sa colère s'apaise, puis renaît, après s'être apaisée. |
8, 475 | Incipit esse tamen melior germana parente et, consanguineas ut sanguine leniat umbras, impietate pia est. Nam postquam pestifer ignis conualuit : « rogus iste cremet mea uiscera » dixit. Vtque manu dira lignum fatale tenebat, |
Cependant, la soeur en elle commence à l'emporter sur la mère et, pour apaiser par le sang les ombres de son sang, elle est pieuse, en étant impie. En effet, quand se fut embrasé le feu destructeur, elle dit : « Que ce bûcher consume le fruit de mes entrailles ». Et, tenant dans sa main cruelle le brandon fatal, |
8, 480 | ante sepulcrales infelix adstitit aras, « poenarum » que « deae triplices, furialibus », inquit « Eumenides, sacris uultus aduertite uestros ! Vlciscor facioque nefas ; mors morte pianda est, in scelus addendum scelus est, in funera funus ; |
la malheureuse, debout devant les autels funèbres, dit : « Triples déesses des châtiments, tournez vos visages, ô Euménides, vers ces rites destinés à apaiser vos fureurs ! Je venge l'impiété, en commettant une impiété ; la mort doit s'expier par la mort, le crime s'ajouter au crime, les funérailles aux funérailles ; |
8, 485 | per coaceruatos pereat domus impia luctus ! An felix Oeneus nato uictore fruetur, Thestius orbus erit ? Melius lugebitis ambo. Vos modo, fraterni manes animaeque recentes, officium sentite meum magnoque paratas |
que notre maison impie périsse sous les deuils accumulés ! Oenée aura-t-il le bonheur de jouir de la victoire de son fils, quand Thestius sera privé des siens ? Pleurez plutôt tous les deux ! Vous du moins, Mânes de mes frères, ombres toutes récentes, appréciez le devoir accompli et acceptez ces offrandes funèbres |
8, 490 | accipite inferias, uteri mala pignora nostri ! Ei mihi ! Quo rapior ? Fratres, ignoscite matri ! Deficiunt ad coepta manus ; meruisse fatemur illum cur pereat. Mortis mihi displicet auctor. Ergo impune feret uiuusque et uictor et ipso |
qui me coûtent si cher, malheureux gage sorti de mes flancs ! Hélas ! Où suis-je emportée ? Mes frères, pardonnez à une mère ! Mes mains défaillent devant ce projet ; Méléagre a mérité de périr, je le reconnais. C'est une horreur d'être l'auteur de sa mort. Mais il acceptera donc impunément d'être vivant et victorieux, |
8, 495 | successu tumidus regnum Calydonis habebit, uos cinis exiguus gelidaeque iacebitis umbrae ? Haud equidem patiar ; pereat sceleratus et ille spemque patris regnumque trahat patriaeque ruinam ! Mens ubi materna est ? Vbi sunt pia iura parentum |
et, tout gonflé de son succès même, il régnera sur Calydon, tandis que vous serez étendus, petit tas de cendres et ombres glacées ? Non, je ne le supporterai pas ; qu'il périsse souillé d'un meurtre, qu'il entraîne avec lui l'espoir et le trône de son père et la ruine de sa patrie ! Mais où est ton amour maternel ? Où sont les devoirs sacrés des parents |
8, 500 | et quos sustinui bis mensum quinque labores ? O utinam primis arsisses ignibus infans, idque ego passa forem ! Vixisti munere nostro. Nunc merito moriere tuo ! cape praemia facti bisque datam, primum partu, mox stipite rapto, |
envers les enfants et ces dix mois éprouvants que j'ai endurés ? Ô que n'as-tu pas, tout nouveau-né, brûlé dans ce premier feu, et que n'ai-je laissé cela se faire ! Tu as vécu grâce à mon geste. Maintenant, tu mourras par ta faute ! Reçois le prix de ton acte. Deux fois je t'ai donné la vie, d'abord à ta naissance, puis en retirant le tison ; |
8, 505 | redde animam, uel me fraternis adde sepulcris ! Et cupio et nequeo. Quid agam ? Modo uulnera fratrum ante oculos mihi sunt et tantae caedis imago, nunc animum pietas maternaque nomina frangunt. Me miseram ! Male uincetis, sed uincite, fratres, |
rends ton dernier souffle, ou ajoute le mien aux tombeaux de mes frères ! Mais, je veux agir et ne le puis. Que faire ? Tantôt, mes yeux voient les blessures de mes frères et le spectacle d'un si horrible carnage, maintenant, la piété et mon titre de mère brisent mon courage. Que je suis malheureuse ! Pour mon malheur vous vaincrez, mes frères, |
8, 510 |
dummodo, quae dedero uobis, solacia uosque |
mais triomphez, pourvu que moi aussi je vous suive, vous et la réparation que je vous aurai offerte ! » Sur ce, dos tourné, elle jeta d'une main tremblante dans les flammes le tison funèbre. Le bout de bois a poussé ou semble avoir poussé des gémissements et il s'est consumé, saisi par des flammes bien réticentes. |
La fin de l'histoire de Méléagre et la métamorphose des Méléagrides (8, 515-546)
Loin du foyer mais parallèlement à la bûche qui se consume, Méléagre, sans rien y comprendre et appelant vainement tous les siens à l'aide, sent sa vie se consumer, puis il disparaît. Cette mort plonge tous les habitants de la ville de Calydon dans le deuil, et, en particulier son père Oenée qui maudit sa propre vie, et sa mère Althée qui se suicide. (8, 515-532)
Les soeurs de Méléagre en particulier semblent inconsolables et honorent les cendres de leur frère de marques de tendresse jusqu'au moment où Diane apitoyée, s'estimant enfin vengée de la négligence d'Oenée par la disparition presque complète de sa maison, les métamorphose en oiseaux. (8, 533-546)
8, 515 | Inscius atque absens flamma Meleagros ab illa uritur et caecis torreri uiscera sentit ignibus ac magnos superat uirtute dolores. Quod tamen ignauo cadat et sine sanguine leto, maeret et Ancaei felicia uulnera dicit ; |
Inconscient et éloigné, Méléagre se consume
à ce foyer et sent ses entrailles brûler sous l'effet d'un feu invisible. Tout en dominant avec courage d'immenses souffrances, il déplore cependant de succomber à une mort lâche, sans verser de sang, enviant les heureuses blessures d'Ancée. |
8, 520 | grandaeuumque patrem fratresque piasque sorores cum gemitu sociamque tori uocat ore supremo, forsitan et matrem. Crescunt ignisque dolorque languescuntque iterum. Simul est exstinctus uterque, inque leues abiit paulatim spiritus auras |
Prononçant ses dernières paroles, il appelle en gémissant son vieux père et ses frères, ses soeurs fidèles et son épouse, et peut-être même sa mère. Flammes et souffrances s'accroissent, puis se calment à nouveau . Elles se sont éteintes en même temps, et peu à peu l'esprit du héros s'en est allé dans l'air léger |
8, 525 | paulatim cana prunam uelante fauilla. Alta iacet Calydon ; lugent iuuenesque senesque, uulgusque proceresque gemunt, scissaeque capillos planguntur matres Calydonides Eueninae. Puluere canitiem genitor uultusque seniles |
tandis que peu à peu une cendre blanche recouvre la braise. |
8, 530 | foedat humi fusus spatiosumque increpat aeuum. Nam de matre manus diri sibi conscia facti exegit poenas acto per uiscera ferro. Non mihi si centum deus ora sonantia linguis ingeniumque capax totumque Helicona dedisset, |
ses cheveux blancs et sa face de vieillard ; il maudit sa longue vie. Quant à la mère en effet, consciente de son abominable crime elle s'est châtiée de sa main, s'enfonçant une lame dans le ventre. Non, un dieu m'eût-il donné cent bouches et cent langues sonores, et un génie aussi vaste que l'Hélicon tout entier, je ne pourrais |
8, 535 | tristia persequerer miserarum dicta sororum. Immemores decoris liuentia pectora tundunt ; dumque manet corpus, corpus refouentque fouentque, oscula dant ipsi, posito dant oscula lecto. Post cinerem cineres haustos ad pectora pressant |
rapporter les tristes plaintes de ses malheureuses soeurs. Oubliant leur beauté, elles frappent leurs poitrines, les couvrant de bleus ; et tant que le cadavre reste là, elles le réchauffent et le caressent, lui donnent des baisers et le baisent encore, quand il est posé sur le bûcher. Après l'incinération, elles recueillent les cendres qu'elles pressent |
8, 540 | adfusaeque iacent tumulo signataque saxo nomina conplexae lacrimas in nomina fundunt. Quas Parthaoniae tandem Latonia clade exsatiata domus praeter Gorgenque nurumque nobilis Alcmenae, natis in corpore pennis |
sur leur coeur, puis elles s'affaissent, gisantes sur son tombeau, embrassent son nom gravé dans la pierre en l'arrosant de leurs larmes. La fille de Latone, que le désastre de la maison de Parthaon, – mises à part Gorgé et la bru de la noble Alcmène – avait enfin assouvie, fait naître des plumes sur leurs corps |
8, 545 | alleuat et longas per bracchia porrigit alas corneaque ora facit uersasque per aera mittit. |
les soulève, les dote de longues ailes en guise de bras, d'une bouche en corne et les envoie dans les airs, métamorphosées. |
NOTES
Vers 8, 260-272. Ces vers servent de transition entre l'histoire de Dédale, qui se déroulait en Crète, et les épisodes suivants, liés à la Grèce continentale et notamment à Thésée. Ce dernier tantôt prend part à l'action (histoire de Méléagre, 8, 273-546), tantôt est un simple auditeur (récits d'Acheloüs, 8, 547-884, et 9, 1ss). Le carmen perpetuum qu'annonçait Ovide en Mét., 1, 4, paraît donc assuré ici par la présence du personnage de Thésée, même si ce dernier n'est pas le centre des histoires évoquées.
Etna... Cocalos... (8, 260-262). Ovide résume en trois vers la suite de la légende de Dédale, qui, fuyant le roi Minos, s'était réfugié en Sicile (terre de l'Etna), auprès de Cocalos, roi de Camicos, une ville de la région d'Agrigente, déjà disparue à l'époque de Strabon (VI, 2, 6). Minos finit par le localiser, se rend à Camicos pour réclamer le fugitif, mais Cocalos refuse de le lui livrer. Minos sera finalement assassiné à Camicos, par Cocalos lui-même ou par les filles du roi (cfr un récit assez détaillé chez Apollodore, Bibliotheca. Epitome, 1, 13-15, plus bref chez Hérodote, 7, 169-170). Dédale reste en Sicile, au service du roi Cocalos, et fait profiter l'île de son immense talent artistique et technique. Il édifie ainsi diverses constructions pour son nouveau maître, dont une citadelle pour abriter son trésor ; plusieurs de ses réalisations sont liées au sanctuaire d'Aphrodite sur le Mont Éryx, parmi lesquelles un bélier en or extraordinairement ressemblant (cfr Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, IV, 78, 1-5) ; on lui attribue aussi les thermes de Sciacca, non loin d'Agrigente, parmi les plus anciens de la Sicile, voire d'Italie.
mérite de Thésée (8, 263). Thésée avait réussi à tuer le Minotaure, libérant ainsi les Athéniens du tribut humain qu'ils devaient verser à Minos (cfr 8, 170 et ss, avec les notes).
Argolide... Achaïe... (8, 267-268). Deux régions du Péloponnèse, dont les noms, en poésie, désignent souvent la Grèce en général. Ovide veut dire ici que la renommée acquise en Crète par l'Athénien Thésée s'est répandue dans toute la Grèce.
Calydon (8, 270). Calydon est une ancienne ville d'Étolie, située sur la rive nord à l'extrémité occidentale du golfe de Corinthe, sur le fleuve Événos (anciennement Lycormas).
Méléagre (8, 272). Méléagre, sur qui est centré le présent récit (8, 270-546), est le fils d'Oenée, roi de Calydon, et d'Althée. Sa légende, déjà évoquée par Homère (Iliade, 9, 529-599), est souvent rapportée dans les textes, entre autres chez les Tragiques. Comme d'habitude, les variantes ne manquent pas ; dans celles-ci Ovide a choisi les détails qui l'intéressaient, pour obtenir un récit cohérent et attrayant. Sur la légende de Méléagre, descendant de Thestius par sa mère, voir Ovide, Fast., 5, 305-306 et la note.
Oenée (8, 273). À ce roi de Calydon, Dionysos aurait fait don du premier pied de vigne planté en Grèce (Il faut dire que le nom Oenée rappelle celui de oinos, le vin, en grec). Il passe pour l'arrière-petit fils de Pleuron, le petit-fils d'Agénor, et le fils de Parthaon (8, 542) (appelé parfois Porthaon ou Porthée). En première noce, il épousa Althée, une fille de Thestius, qui lui donna plusieurs enfants, dont Toxée, Méléagre, Gorgé (8, 543) et Déjanire (cfr aussi la n. à 535-546).
Cérès (8, 274). Cérès/Démèter était la déesse des moissons (3, 437 ; surtout 5, 341 [qui renvoie à Fast., 4, 393-416] et passim la suite du chant 5 des Métamorphoses jusqu'au vers 661).
Lyaeus (8, 274). Lyaeus, « celui qui délie », est un des surnoms de Dionysos/Bacchus, le dieu du vin (cfr Mét., 4, 11). - L'usage était d'offrir aux dieux les prémices des récoltes (cfr par exemple Fast., 2, 520, pour l'épeautre offert en prémices à Cérès).
la liqueur de Pallas (8, 274). L'huile d'olive, l'olivier étant l'arbre de Pallas/Athéna/Minerve (cfr p. ex. 6, 70-82 et 101-102).
fille de Latone (8, 278). Diane/Artémis. Latone/Léto, qui appartient à la première génération divine, est en effet la mère d'Apollon et d'Artémis.
et les poils... (8, 286). Ce vers est considéré par la plupart des éditeurs comme une répétition du vers précédent.
celles d'un éléphant (8, 288). Ovide dit simplement des « dents venant de l'Inde ».
Tyndarides (8, 301). Ici commence la longue liste des « chasseurs » réunis autour de Méléagre, un catalogue que l'on pourra comparer par exemple avec deux autres listes parvenues jusqu'à nous (Hygin, Fab., 173, et Apollodore, Bibl., 1, 8 = 67-68). Les Tyndarides sont les Dioscures, présentés ici, Castor comme le cavalier, et Pollux comme le pugiliste. Ils sont les fils de Tyndare et de Léda, et donc les frères de Clytemnestre et d'Hélène. Castor et Pollux participèrent aussi à l'expédition des Argonautes et enlevèrent les filles du roi Leucippe, les Leucippides (cfr 8, 306). Sur la légende des Dioscures ou Gémeaux, cfr Fastes, 5, 693-720 et les notes, surtout celle du vers 5, 699.
Jason (8, 302). Fils d'Éson, Jason est le célèbre héros parti à la conquête de la Toison d'or. Sur Jason et Médée, cfr Mét., 7, 1-349 et les notes. Ovide présente ici Jason comme le constructeur du premier navire, Argo. Il interviendra dans la chasse en 8, 347-349 et 8, 411-413.
Thésée avec Pirithoüs (8, 303). Dès Homère, Pirithoüs est un roi des Lapithes, fils d'Ixion (8, 567), époux d'Hippodamie, et vainqueur des Centaures. Il est étroitement lié à Thésée, et tous deux illustrent la fidélité en amitié, dans diverses légendes où ils accomplissent ensemble nombre d'exploits. Cfr Virg., Én., 6, 601-607 et la note ; Ovide, Mét., 12, 210-458. Dans la chasse au sanglier de Calydon, leur amitié se manifestera en 8, 403-406 et 8, 567.
Thestiades (8, 304). Deux des fils de Thestius, roi de Pleuron, en Étolie. Ils sont les frères d'Althée et donc oncles de Méléagre. Dans la suite du récit, ils vont contester à leur neveu le droit de disposer de la dépouille du sanglier, et Méléagre les mettra à mort (8, 432-444). Ovide donne leurs noms, Plexippus et Toxéus, en 8, 440-441.
fils d'Apharée, Lyncée... Idas (8, 304). Apharée, roi de Messénie, est le père des jumeaux Idas et Lyncée. Ces derniers combattirent contre les Dioscures, qui leur avaient enlevé leurs fiancées, Phoibé et Hilaeira, filles de Leucippe. Cfr Fast., 5, 699-714 et les notes.
Cénée (8, 305). D'abord femme, née d'un Lapithe, elle avait obtenu de Poséidon qui l'avait violée d'être transformée en homme. En tant qu'homme, elle participera à la lutte contre les Centaures. Cfr Mét., 12, 169-209 et 12, 459-531 et Virg., Én., 6, 448.
Leucippe (8, 306). Héros messénien, connu comme le père des Leucippides, Phoibé et Hilaeira, les fiancées d'Idas et de Lyncée (304).
Acaste (8, 306). Un des Argonautes, fils de Pélias, l'oncle de Jason. Pélias, on s'en souvient (7, 297-349), avait été victime de Médée, qui avait promis de le rajeunir.
Hippothoüs... Dryas... Phénix (8, 307). Hippothoüs, fils de Cercyon, est un roi d'Arcadie. Dryas est un nom porté par plusieurs personnages. Phoenix eut les yeux crevés par son père Amyntor, dont il avait, à la demande de sa mère jalouse, débauché la concubine ; il trouva refuge chez le centaure Chiron qui lui rendit la vue, et devint le conseiller d'Achille qu'il accompagna à Troie.
jumeaux d'Actor (8, 308). L'Argonaute Actor eut deux fils, Ctéatos et Eurytos. Eurytos apparaît en Mét., 5, 79 parmi les héros opposés en combats singuliers à Persée. On ne sait pas trop si l'Eurytion (du vers 311) ne serait pas le même personnage qu'Eurytos.
Phylée (8, 308). Fils d'Augias d'Élide, héros homérique (Iliade, 2, 628 notamment).
Télamon... père d'Achille (8, 309). Télamon et Pélée (le père d'Achille) sont deux des fils d'Éaque. Ils sont mentionnés à plusieurs reprises dans le livre 7, 453ss à l'occasion de l'ambassade de Céphale auprès d'Éaque à Égine.
fils de Phérès (8, 310). Le fils de Phérès le Thessalien est Admète, connu aussi comme époux d'Alceste.
Iolaüs d'Hyantie (8, 310). Il sera davantage question d'Iolaüs en 9, 394-401, et 9, 430-432, mais Ovide ne dira rien du rôle qu'il aurait joué dans la chasse. L'Hyantie est un autre nom de la Béotie, en souvenir d'Hyas, le héros éponyme de la région (Mét., 3, 147).
Eurytion et Échion (8, 311). Eurytion est peut-être confondu avec Eurytos, fils d'Actor (cfr vers 308). Échion, qui participe à l'expédition des Argonautes, lance en vain son javelot sur le sanglier aux vers 8, 345-346.
Lélex de Naryx (8, 312). Lélex passe pour le héros éponyme des Lélèges, une population prégrecque mythique que les mythographes anciens localisent dans diverses régions. En 7, 443, un Lélex est lié à Mégare ; en 8, 567-568, un Lélex est lié à Trézène ; ici, Naryx est une ville de Locride.
Panopée et Hyléus et Hippase (8, 312-313). Des héros peu connus par ailleurs. On retrouvera Hippase plus loin en 8, 371, comme « fils d'Eurytos ».
Nestor (8, 313). Héros de l'Iliade, Nestor, roi de Pylos, incarne le type du vieillard sage. Sa longue vie lui a permis de participer, longtemps avant Troie, à l'expédition des Argonautes (selon certaines versions), au combat des Centaures et des Lapithes, à la chasse de Calydon, etc.
Hippocoon d'Amyclées (8, 314). Originaire de Sparte, ce demi-frère de Tyndare et d'Icarios s'était emparé par la force du trône de Sparte. Amyclées est une ville de Laconie. Hippocoon avait de nombreux fils (dix, voire vingt selon les versions), les Hippocoontides, aussi violents que lui. Ovide ne précise pas combien d'entre eux avaient participé à la chasse au sanglier ; il n'en citera qu'un au vers 362, Énésime, qui sera tué par l'animal.
beau-père de Pénélope (8, 315). Laerte, père d'Ulysse, qui fut aussi un des Argonautes.
Ancée (8, 315). Ancée (Ankaios, en grec) est un descendant d'Arcas, un Arcadien donc (cfr la note suivante). Frère de Iasos, et donc oncle d'Atalante, il sera, au cours de la chasse vue par Ovide, mortellement blessé à l'aine par une charge du sanglier (8, 391-402).
Parrhasie (8, 315). Parrhasie est une ville d'Arcadie, et Parrhasien est souvent synonyme d'Arcadien (cfr 2, 460).
fils d'Ampyx (8, 316). Il s'agit du Lapithe Mopsos, devin des Argonautes. Ampyx sera cité dans le combat des Lapithes et des Centaures, en 12, 450.
fils d'Oeclès... (8, 316-317). Il s'agit d'Amphiaraos d'Argos, fils d'Oeclès et d'Hypermestre. Ce devin protégé par Zeus et Apollon avait prédit la mort de tous les Argiens qui participeraient à l'expédition contre Thèbes. Mais son épouse, Ériphyle, l'obligea à prendre part à cette expédition, car elle avait été séduite par Polynice, qui lui avait offert le collier d'Harmonie, épouse de Cadmos. Amphiaraos périt donc à cause de son épouse, non sans avoir fait promettre à ses fils de le venger, et d'organiser une seconde expédition contre Thèbes, qui elle sera victorieuse. D'après l'allusion d'Ovide, la trahison d'Ériphyle et les expéditions contre Thèbes se situent après la chasse de Calydon.
Tégéenne... Lycée (8, 317). Le catalogue des participants se termine par le portrait d'Atalante, jeune chasseresse vêtue comme les vierges adeptes de Diane/Artémis. Ovide ne la nomme pas, sa légende étant sans doute bien connue de ses lecteurs. Elle apparaît ici comme originaire d'Arcadie, car Tégée est une ville d'Arcadie et le Lycée une montagne de la même région. Son père était Iasos, un frère d'Ancée (315) et descendant d'Arcas. Déçu qu'elle ne fût pas un garçon, Iasos l'avait exposée sur le mont Parthénion, où elle avait été allaitée par une ourse, puis recueillie et élevée par des chasseurs. Mais d'autres versions rattachaient Atalante au cycle des légendes béotiennes (fille de Schoenée, fils d'Athamas et de Thémisto). Les amours de Méléagre et d'Atalante, qui selon Ovide restèrent très réservées, ne semblent pas connues d'Homère, et ont dû être traitées par les auteurs tragiques athéniens. En tout cas, l'histoire d'Atalante est également racontée par Apollodore, 1, 8, et un autre aspect de sa légende est traité par Ovide en Mét., 10, 560-707.
Lycée (8, 317). Une montagne d'Arcadie dédiée à Pan (Mét., 1, 217 et 1, 698). La mention de cette montagne, comme celle de la ville de Tégée, au même vers, signalent l'origine arcadienne d'Atalante.
héros de Calydon (8, 324). Méléagre.
opposition divine (8, 325). Sans doute parce que Atalante, une adepte de Diane/Artémis, était vouée à la virginité.
Échion (8, 345-346). Cfr 8, 311.
Jason de Pagasa (8, 349). Pagasa, port de Thessalie, d'où appareilla Jason avec le navire Argo (cfr 7, 1 et 8, 302).
fils d'Ampyx (8, 350). Mopsus, devin. Cfr 8, 316.
Hippalmos et Pélagon (8, 360). Deux personnages pas très bien identifiés, le premier faisant d'ailleurs l'objet de variations dans la tradition manuscrite.
Énésime (8, 362-363). Le seul des fils d'Hippocoon cité par son nom (cfr 8, 314).
l'homme de Pylos (8, 365). Nestor (cfr 8, 313).
fils d'Eurytos (8, 371). C'est « Hippase le hardi », nommé sans autre précision au vers 313 (cfr aussi la note au vers 308).
frères jumeaux (8, 372). Castor et Pollux (cfr la mention des Tyntarides en 8, 301-802)
Télamon (8, 378-380). Télamon et Pélée sont deux des fils d'Éaque (cfr n. à 8, 309).
Pélée (8, 380). Pélée et Télamon sont deux des fils d'Éaque (cfr n. à 8, 309).
Tégéenne (8, 380). Atalante (cfr 8, 317-323).
l'Arcadien (8, 391). Ancée (Ankaios en grec), dont il est question en 8, 315.
double hache (8, 391). La hache à double tranchant (« la double hache ») est une arme fort ancienne, dont on retrouve fréquemment l'image dans les restes de palais minoéens en Crète. Il en a été question plus haut (n. à 8, 168) à propos du labyrinthe de Cnossos. On y voit aujourd'hui un symbole royal ou religieux. Ovide, au livre 4, 22, l'a placée dans les mains de Lycurgue, l'ancêtre d'Ancée.
fille de Latone (8, 394). Diane/Artémis. Cfr 8, 278.
Pirithoüs... fils d'Égée (8, 403-410). Pirithoüs et Thésée dont l'amitié est soulignée ici. Cfr n. à 8, 303.
le fils d'Éson (8, 411-413). Jason (cfr 8, 302 et 347-349).
Céladon (8, 412). Nous adoptons dans la traduction la lecture, discutée, de G. Lafaye. Plusieurs personnages portent bien le nom de Céladon, mais il n'apparaît dans aucune des listes conservées des participants à la chasse de Calydon.
fils d'Oenée (8, 414). Méléagre (cfr 8, 273).
Fille de Nonacris (8, 426). Le Nonacris étant une montagne d'Arcadie, l'expression désigne Atalante, l'Arcadienne (cfr au vers 8, 317, la tournure la « Tégéenne, la perle des bois du Lycée » utilisée pour la caractériser). L'adjectif Nonacrinus a été appliqué en 2, 409 à Callisto et en 1, 690 à la nymphe Syrinx.
Thestiades (8, 432). Les oncles de Méléagre, Plexippus et Toxeus (cfr 8, 304 et 8, 440-441).
descendant de Mars (8, 437). Méléagre, généralement désigné comme fils d'Oenée (8, 273 et 414), l'est parfois aussi comme fils de Mars/Arès (par exemple chez Apollodore, 1, 8, 2).
Plexippus et Toxeus (8, 440-441). Les oncles de Méléagre, appelés aussi Thestiades (8, 304 et 8, 432).
Althée (8, 445). Fille de Thestius, épouse d'Oenée, mère de Méléagre (cfr 8, 273 note). Le texte d'Ovide (8, 445ss.) raconte l'essentiel de ce qui est conservé de sa légende (l'histoire du tison). Il se serait inspiré d'une tragédie, non conservée, d'Euripide, intitulée Méléagre, tant pour les faits que pour le monologue intérieur prêté à la mère tiraillée entre son devoir et son amour maternel.
trois soeurs (8, 451-452). Les Moires (en Grèce), les Parques (à Rome), à savoir Clotho, Lachésis et Atropos, les déesses fileuses qui réglaient la destinée de chaque mortel, de sa naissance à sa mort. Cfr Mét., 2, 654, et Fast., 6, 757-758.
la Thestiade (8, 473). Althée (voir 8, 451-452 ; 8, 304, et notes à 8, 272-273).
Euménides (8, 481-482). Les « Euménides » ou « Bienveillantes », désignent par euphémisme les « Érinyes » ou « Furies », déesses de la vengeance, à savoir Tisiphone, Mégère et Allecto. Cfr Mét.,1, 241 ; 4, 474 ; 6, 430, ainsi que Virg., Én., 2, 337-338, 4, 469 et 4, 610 ; 8, 701.
Oenée... Thestius (8, 486-487). Le gendre et le beau-père. Cfr n. à 8, 273.
heureuses blessures d'Ancée (8, 519). Ancée est mort noblement, en affrontant le sanglier, 8, 391-402.
père...frères...soeurs... épouse... mère (8, 521-522). Toute la famille de Méléagre est citée : son père Oenée et sa mère Althée, importants dans le récit, vont respectivement se maudire et se suicider (529-532) ; ses nombreux frères, connus par ailleurs, ne jouent aucun rôle dans ce récit, pas plus que son épouse Cléopâtre, fille de Idas et Marpessa ; certaines de ses soeurs, les Méléagrides, par contre sont évoquées en 535-546.
Événos (8, 528). Nom d'un roi d'Étolie, qui donna son nom au fleuve Lycormas, lequel arrose la ville de Calydon.
un dieu m'eut-il donné...(8, 533-535). Intervention un peu emphatique et assez convenue de l'auteur dans son récit (cfr Fast., 2, 119-120).
Hélicon (8, 535). L'Hélicon est une montagne de Béotie, connue comme le séjour des Muses (cfr 5, 254).
malheureuses soeurs... (8, 535-546). Les soeurs de Méléagre (les Méléagrides) furent métamorphosées en oiseaux (en fait des pintades, ce qu'Ovide ne précise pas), par Diane quand la déesse estima avoir assouvi sa vengeance, et puis transportées dans l'île de Léros. Nous connaissons leurs noms : entre autres Gorgé, Eurymédé, Déjanire, Mélanippé. Selon Apollodore, 1, 8, 1 et 2, Méléagre et Déjanire passent pour être nés respectivement d'Arès/Mars et de Dionysos plutôt que d'Oenée (sans doute Althée avait-elle reçu la nuit de ses noces des visites surnaturelles !). ― La douleur des soeurs de Méléagre et leur métamorphose rappellent les Héliades pleurant leur frère Phaéton (2, 340-366).
Fille de Latone (8, 542). Diane/Artémis, qu'Oenée avait offensée (8, 277-282). Elle est souvent désignée ainsi (cfr par exemple en 8, 278 ; 8, 394).
Parthaon (8, 542). Rappelons (cfr n. à 8, 273) qu'Oenée était le fils de Parthaon (appelé parfois Porthaon et Porthée), le petit-fils d'Agénor et l'arrière-petit fils de Pleuron.
Gorgé et la bru d'Alcmène (8, 543-544). Cfr note à 535-546. Déjanire, fille d'Oenée (ou de Dionysos, dans certaines versions) et d'Althée, avait épousé Héraclès/Hercule, né d'Alcmène et de Jupiter (ou d'Amphitryon, Mét., 6, 112).
Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Livre VIII (Plan) - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante