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OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VIII
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2007]
Légendes crétoises autour de Minos (II) : Le Minotaure et Dédale (8, 152-259)
Évocation succincte de légendes très célèbres : Minotaure, labyrinthe, Ariane (8, 152-182)
Rentré en Crète, le roi Minos fait enfermer dans un labyrinthe construit par Dédale le Minotaure, monstre hybride né de l'adultère infamant de la reine Pasiphaé et d'un taureau. (8, 152-169)
Le Minotaure, qui tous les neuf ans dévorait des jeunes Athéniens formant le tribut dû par Athènes à Minos, fut enfin mis à mort par Thésée, qui put sortir du labyrinthe grâce au fil d'Ariane, la fille de Minos : éprise de Thésée, elle lui avait donné un fil à dévider à l'aller et à enrouler au retour. Thésée, qui avait promis à Ariane de l'emmener avec lui, l'abandonna sur le rivage de l'île de Dia. C'est là que le dieu Liber la recueillit et la consola, perpétuant son souvenir en transformant en une constellation sa couronne princière. (8, 170-182)
8, 152 |
Vota Ioui
Minos taurorum corpora centum soluit, ut egressus ratibus Curetida terram contigit, et spoliis decorata est regia fixis. |
Minos s'acquitta de
son voeu à Jupiter par un sacrifice de cent
taureaux, |
8, 155 |
Creuerat
opprobrium generis foedumque patebat matris adulterium monstri nouitate biformis. Destinat hunc Minos thalamo remouere pudorem multiplicique domo caecisque includere tectis. Daedalus ingenio fabrae celeberrimus artis |
L'opprobre de
la famille
avait grandi, et un monstre étrange, à double forme, rendait évident l'adultère honteux de sa mère. Minos décide d'écarter de sa demeure cet être infamant et de l'enfermer dans un lieu aux recoins multiples, sous un toit aveugle. Dédale, très célèbre par son génie dans l'art de construire, |
8, 160 |
ponit
opus turbatque notas et lumina flexu ducit in errorem uariarum ambage uiarum. Non secus ac liquidus Phrygius Maeandrus in aruis ludit et ambiguo lapsu refluitque fluitque occurrensque sibi uenturas aspicit undas |
réalise l'ouvrage, brouille les repères, et par les courbes, les sinuosités des différents chemins, il induit en erreur les regards. Comme dans les champs joue le limpide Méandre de Phrygie, qui reflue et dévale en cascades indécises, se rencontrant lui-même, voyant les ondes venir à lui, |
8, 165 |
et nunc
ad fontes, nunc ad mare uersus apertum incertas exercet aquas, ita Daedalus implet innumeras errore uias ; uixque ipse reuerti ad limen potuit ; tanta est fallacia tecti. Quo postquam geminam tauri iuuenisque figuram |
tourné tantôt vers sa source,
tantôt vers la mer et le large, et agitant ses eaux hésitantes, ainsi Dédale emplit de risques d'erreur des routes innombrables. À peine put-il lui-même retrouver le seuil de son ouvrage, tant il était truffé de pièges. On y enferma l'être à double figure, taurine et humaine. |
8, 170 |
clausit,
et Actaeo bis pastum sanguine monstrum tertia sors annis domuit repetita nouenis, utque ope uirginea nullis iterata priorum ianua difficilis filo est inuenta relecto, protinus Aegides rapta Minoide Diam |
Et après que le monstre se fut
repu à deux reprises de sang d'Acté, il fut vaincu lors du troisième tirage au sort, répété tous les neuf ans. Avec l'aide d'une jeune fille, grâce au fil qu'il enroula à nouveau, le fils d'Égée retrouva difficilement la porte que nul avant lui n'avait refranchie. Aussitôt il enleva la fille de Minos, fit voile vers Dia, |
8, 175 |
uela
dedit comitemque suam crudelis in illo litore destituit. Desertae et multa querenti amplexus et opem Liber tulit, utque perenni sidere clara foret, sumptam de fronte coronam inmisit caelo. Tenues uolat illa per auras |
et, cruel, abandonna sa compagne
sur le rivage de l'île. Tandis que, laissée seule, elle se répandait en plaintes infinies, Liber la prit dans ses bras et lui porta secours ; et, pour la célébrer par un astre éternel, il prit la couronne posée sur son front et la lança dans le ciel. La couronne s'envole dans l'air léger |
8, 180 |
dumque
uolat, gemmae nitidos uertuntur in ignes consistuntque loco, specie remanente coronae, qui medius Nixique genu est Anguemque tenentis. |
et, durant le vol, les pierres
précieuses deviennent des feux éclatants et s'arrêtent à leur place, en conservant l'aspect d'une couronne, placée entre l'Homme agenouillé et celui qui tient le Serpent. |
Dédale et Icare (8, 183-235)
[Remarque : Cet épisode de Dédale et Icare a fait l'objet d'une étude approfondie menée par Paul-Augustin Deproost dans le cadre du cours d'auteurs latins qu'il professe à l'Université de Louvain.]
Dédale, que Minos retient prisonnier en Crète, est désireux de regagner Athènes et décide de quitter l'île en empruntant la voie des airs. Son génie d'artisan lui permet, en s'inspirant du vol des oiseaux, de fabriquer avec des plumes, du lin et de la cire, deux paires d'ailes, destinées à permettre son évasion et celle de son fils Icare. (8, 183-202)
Une fois réglés les préparatifs matériels, Dédale initie Icare à l'art de voler et, non sans appréhension, il fait à son fils d'ultimes recommandations de prudence, lui disant de suivre son père et une route médiane (le juste milieu). Tous deux prennent leur envol et les « terriens » qui les voient voler les prennent pour des dieux. (8, 203-220a)
Une fois au-dessus de la mer Égée, Icare, grisé, oublie les conseils paternels. Le soleil dont il s'était trop rapproché ayant fait fondre la cire de ses ailes, il tomba dans la mer, qui fut ainsi appelée « Icarienne ». Dédale, cherchant son fils qui avait cessé de le suivre, découvre des plumes à la surface de l'eau. En l'honneur de son fils, il dresse un tombeau dans l'île d'Icaria. (8, 220b-235)
Daedalus
interea Creten longumque perosus exilium tactusque loci natalis amore |
Durant ce temps, Dédale avait
pris en haine la Crète et son long exil. Il ressentait la nostalgie de son pays natal |
|
8, 185 |
clausus erat pelago. « Terras
licet » inquit « et undas obstruat, at caelum certe patet. Ibimus illac ; omnia possideat, non possidet aera Minos. » Dixit et ignotas animum dimittit in artes naturamque nouat. Nam ponit in ordine pennas, |
et, voyant la
mer
fermée devant lui, il dit : « Que les
terres et les ondes |
8, 190 |
a minima
coeptas, longam breuiore sequenti, ut cliuo creuisse putes ; sic rustica quondam fistula disparibus paulatim surgit auenis. Tum lino medias et ceris alligat imas atque ita conpositas paruo curuamine flectit, |
commençant par la plus petite,
les plus courtes suivant les longues : on les croirait poussées sur un plan incliné ; c'est ainsi qu'un jour apparut peu à peu la flûte rustique, faite de roseaux inégaux. Alors, il attache les plumes centrales avec du lin et celles d'en bas avec de la cire, et, une fois ainsi disposées, il les incurve légèrement |
8, 195 |
ut ueras
imitetur aues. Puer Icarus una stabat et, ignarus sua se tractare pericla, ore renidenti modo, quas uaga mouerat aura, captabat plumas, flauam modo pollice ceram mollibat lusuque suo mirabile patris |
pour imiter les vrais oiseaux.
Le petit Icare se tenait près de lui et, le visage rayonnant, ignorant qu'il manipulait un danger pour lui, tantôt il saisissait les plumes déplacées par la brise vagabonde, tantôt, à l'aide de son pouce, il amollissait la cire blonde, et par ses jeux entravait le travail étonnant de son père. |
8, 200 |
impediebat opus. Postquam manus ultima coepto imposita est, geminas opifex librauit in alas ipse suum corpus motaque pependit in aura. Instruit et natum « medio » que « ut limite curras, Icare, » ait « moneo, ne, si demissior ibis, |
Lorsqu'il eut mis la dernière
main à l'oeuvre entreprise, l'artisan équilibra lui-même son corps entre ses deux ailes et resta suspendu dans l'air qu'il mettait en mouvement. Il équipa aussi son fils et dit : « Icare, je te conseille de voler sur une ligne médiane, car, si tu vas trop bas, l'eau risquerait |
8, 205 |
unda grauet pennas, si celsior,
ignis adurat. Inter utrumque uola. Nec te spectare Booten aut Helicen iubeo strictumque Orionis ensem ; me duce carpe uiam ! » Pariter praecepta uolandi tradit et ignotas umeris accommodat alas. |
d'alourdir tes plumes, et trop haut, le feu du
soleil pourrait les brûler. Vole entre les deux. Ne regarde ni le Bouvier, ni Hélicé ni l'épée brandie d'Orion, c'est mon ordre ; suis ta route, en me prenant pour guide ! » En même temps, il lui transmet les règles du vol et adapte à ses épaules des ailes qu'il ne connaît pas. |
8, 210 |
Inter
opus monitusque genae maduere seniles, et patriae tremuere manus. Dedit oscula nato non iterum repetenda suo pennisque leuatus ante uolat comitique timet, uelut ales, ab alto quae teneram prolem produxit in aera nido ; |
Pendant que l'homme mûr
s'affairait et donnait ses conseils, ses joues se mouillèrent et ses mains de père se mirent à trembler. Il donna à son fils des baisers qu'il ne répéterait plus et, soulevé par ses ailes, il s'envole le premier, soucieux de son compagnon, comme l'oiseau qui pousse du nid dans l'espace sa tendre progéniture ; |
8, 215 |
hortaturque sequi damnosasque erudit artes et mouet ipse suas et nati respicit alas. Hos aliquis tremula dum captat harundine pisces, aut pastor baculo stiuaue innixus arator uidit et obstipuit, quique aethera carpere possent, |
Dédale l'exhorte à le suivre, l'initie à son art maudit, agite ses propres ailes et se retourne, regardant celles de son fils. Un pêcheur prenant des poissons à l'aide d'un roseau tremblant, un berger appuyé sur son bâton, un laboureur penché sur sa charrue, les virent, restèrent interdits et prirent pour des dieux ces êtres |
8, 220 |
credidit
esse deos. Et iam Iunonia laeua parte Samos (fuerant Delosque Parosque relictae), dextra Lebinthos erat fecundaque melle Calymne, cum puer audaci coepit gaudere uolatu deseruitque ducem caelique cupidine tractus |
capables de voyager dans l'éther. Déjà, sur leur gauche, se trouvait l'île de Junon, Samos – ils avaient dépassé Délos et Paros – ; sur leur droite se trouvaient Lébinthos et Calymné, riche en miel. C'est alors que l'enfant se sentit grisé par son vol audacieux, et cessa de suivre son guide ; dans son désir d'atteindre le ciel, |
8, 225 |
altius
egit iter. Rapidi uicinia solis mollit odoratas, pennarum uincula, ceras. Tabuerant cerae ; nudos quatit ille lacertos, remigioque carens non ullas percipit auras, oraque caerulea patrium clamantia nomen |
il dirigea plus haut sa course.
La proximité du soleil bientôt ramollit la cire parfumée qui servait à lier les plumes. La cire avait fondu ; Icare secoua ses bras dépouillés et, privé de ses ailes pour ramer, il n'eut plus prise sur l'air, puis sa bouche qui criait le nom de son père |
8, 230 |
excipiuntur aqua, quae nomen traxit ab illo. At pater infelix, nec iam pater, « Icare », dixit, « Icare, » dixit « ubi es ? Qua te regione requiram ? » « Icare, » dicebat ; pennas aspexit in undis deuouitque suas artes corpusque sepulcro |
fut engloutie dans la mer
azurée, qui tira de lui
son nom. De son côté, son malheureux père, qui n'est plus père désormais, déclara : « Icare, où es-tu ? Dans quel endroit dois-je te chercher ? » « Icare, » disait-il ; il aperçut sur l'eau des plumes, maudit son art et honora d'un tombeau le cadavre de son fils, |
8, 235 |
condidit,
et tellus a nomine dicta sepulti. |
et cette terre fut désignée par le nom du
défunt inhumé. |
Métamorphose de Perdix (8, 236-259)
Au cours des funérailles d'Icare, une perdrix, dont le chant contraste avec la douleur de Dédale, constitue pour lui un reproche vivant. En effet, à Athènes, Dédale s'était chargé, à la demande de sa soeur, de la formation de son neveu Perdix, un élève particulièrement doué. Comme Perdix avait inventé tout seul la scie et le compas, Dédale, jaloux, précipita son élève du haut de l'Acropole et prétendit que sa disparition était due à une chute accidentelle. Athéna, protectrice des génies, recueillit le jeune homme et le transforma en un oiseau, appelé « perdrix ». (8, 236-259)
8, 236 |
Hunc
miseri tumulo ponentem corpora nati |
Pendant
que Dédale mettait au tombeau le corps de son
malheureux fils, une perdrix bavarde l'observa depuis une rigole boueuse, elle applaudit en battant des ailes et témoigna sa joie par son chant. Elle était alors seule de son espèce, avant on ne l'avait jamais vue. |
8, 240 |
factaque
nuper auis longum tibi, Daedale, crimen. Namque huic tradiderat, fatorum ignara, docendam progeniem germana suam, natalibus actis bis puerum senis, animi ad praecepta capacis. Ille etiam medio spinas in pisce notatas |
Cette récente métamorphose était pour toi, Dédale, un
reproche perpétuel. La soeur de Dédale en effet, ignorant les arrêts du destin, lui confia, lors de son douzième anniversaire, l'instruction de son fils, enfant doué d'une intelligence réceptive aux leçons d'un maître. Le jeune garçon avait remarqué l'arête centrale d'un poisson ; |
8, 245 |
traxit in
exemplum ferroque incidit acuto perpetuos dentes et serrae repperit usum. Primus et ex uno duo ferrea bracchia nodo uinxit, ut aequali spatio distantibus illis altera pars staret, pars altera duceret orbem. |
il la prit en exemple, et cisela dans un bout de fer acéré des dents continues, inventant ainsi la scie et son usage. Il fut aussi le premier à unir en un seul point deux bras de fer, et à faire en sorte que ces bras restent toujours également distants, le premier étant fixe, et l'autre dessinant un cercle. |
8, 250 |
Daedalus
inuidit sacraque ex arce Mineruae praecipitem misit, lapsum mentitus ; at illum, quae fauet ingeniis, excepit Pallas auemque reddidit et medio uelauit in aere pennis. Sed uigor ingenii quondam uelocis in alas |
Dédale, jaloux, l'avait poussé, tête
en avant, du haut du sommet sacré de la citadelle de Minerve, prétendant faussement qu'il avait glissé. Mais Pallas, protectrice des génies, le recueillit, fit de lui un oiseau et durant son vol au milieu de l'espace, le couvrit de plumes. La force de son intelligence, prompte naguère, est passée |
8, 255 |
inque
pedes abiit ; nomen, quod et ante, remansit. Non tamen haec alte uolucris sua corpora tollit nec facit in ramis altoque cacumine nidos ; propter humum uolitat ponitque in saepibus oua antiquique memor metuit sublimia casus. |
dans ses ailes et ses pattes ;
le nom, qu'il portait avant, lui reste. Cet oiseau pourtant ne s'élève pas très haut et ne construit pas de nids dans les ramures ni sur les hautes cimes des arbres ; il volète près du sol et dépose ses oeufs dans les haies, car, se souvenant de sa chute ancienne, il craint les hauteurs. |
NOTES
Légendes crétoises (II) (8, 152-259). Après la légende de Scylla, liée à Minos (8, 1-151), la suite du livre (8, 152-259) évoque des légendes crétoises ultra-célèbres concernant le labyrinthe et le Minotaure, Thésée et Ariane et surtout Dédale et Icare. Les vers 152-182, évocation concise de récits très connus, forment une transition vers l'épisode plus développé de Dédale et Icare (vers 183-235), qui sera complété par la métamorphose de Perdix (vers 236-259).
Curètes (8, 153). Les Curètes (ou Courètes) étant des démons qui ont entouré en Crète l'enfance de Zeus/Jupiter (cfr Mét., 4, 282 ; Fast., 4, 210), l'expression « terre des Curètes » désigne la Crète.
fixant les dépouilles (8, 154). C'était une coutume romaine que de fixer sur des murs les dépouilles prises à l'ennemi (cfr p. ex. Virgile, Én., 2, 504 ; 7, 183-186).
opprobre de la famille (8, 155-158). Le Minotaure, monstre hybride, né de la liaison adultérine du taureau avec Pasiphaé, épouse de Minos (cfr n. à 8, 132-133), était la honte de la famille de Minos.
Dédale (8, 159). L'Athénien Dédale est le type même de l'artiste universel, architecte, sculpteur, inventeur de moyens mécaniques. Exilé d'Athènes pour le meurtre de son neveu et élève, Perdix (cfr plus loin, 236-259), il s'était réfugié en Crète, auprès du roi Minos, dont il devint l'architecte attitré. Il avait construit pour Minos le fameux labyrinthe, pour y enfermer le Minotaure (cfr Virg., Én., 6, 14-33, avec les notes).
Méandre (8, 162). Rivière de Phrygie, bien connue pour son cours sinueux, d'où le nom commun « méandre » en français. Cfr Mét., 2, 246.
ouvrage (8, 168). Il s'agit du fameux labyrinthe. Ce mot est peut-être tiré du mot labrys, qui désigne « la double hache », un symbole (royal ou religieux) très fréquent dans les restes de palais minoéns en Crète. Si les Grecs ont pensé pouvoir localiser à Cnossos le labyrinthe original, c'est peut-être parce que le palais de Cnossos apparaît comme un « assemblage d'innombrables salles à destinations diverses [..] communiquant les unes avec les autres, de telle sorte que le 'dédale' en devait paraître inextricable aux Grecs, habitués à la simplicité de leurs propres édifices » (J. Chamonard).
sang d'Acté (8, 170-171). Acté est un autre nom de l'Attique, tiré de celui d'Actaios, un ancien roi du pays. Il s'agit donc de sang athénien (cfr 2, 554 et 720, ainsi que 6, 711). Ces deux vers évoquent le tribut de sept jeunes gens et sept jeunes filles libres exigé annuellement par Minos après sa victoire sur les Athéniens, qu'il avait attaqués après le meurtre de son fils Androgée (cfr 7, 453-458 et les notes).
jeune fille (8, 172). Ariane, fille de Minos et de Pasiphaé.
fils d'Égée (8, 173). C'est Thésée, le fils d'Égée, qui, ayant juré de tuer le Minotaure, s'était joint aux jeunes Athéniens qui devaient servir de pâture au monstre. Ariane s'était éprise de lui, comme Médée de Jason, et l'avait aidé à sortir du labyrinthe après le meurtre du Minotaure. Elle lui avait en effet donné, selon la légende, « un peloton de fil, qu'il déroula à mesure qu'il avançait dans les profondeurs du labyrinthe, et grâce auquel il retrouva sa route au retour » (J. Chamonard). Ce fut là un des exploits les plus célèbres de Thésée. Sur ce personnage, voir Mét., 7, 404- 452, et les notes.
Dia (8, 174). Autre nom de Naxos, une île des Cyclades où Ariane fut abandonnée par Thésée. Cfr Mét., 3, 638 et 690 et Fast., 3, 459-516, avec notes.
Liber (8, 177). Dionysos/Bacchus/Liber s'éprend d'Ariane abandonnée par Thésée, l'épouse et l'emmène chez les dieux. Il perpétue son souvenir en transformant en astre sa couronne.
la Couronne (8, 179). Ovide rapporte donc ici un catastérisme, qu'on peut assimiler à une métamorphose. Sur la constellation de l'hémisphère boréal qu'est la Couronne, sur son origine et son aspect, les traditions divergent. Cfr Fast., 3, 459-516 avec notamment la note au vers 459 et celle aux vers 513-515.
Homme agenouillé (8, 182). La Couronne est placée entre la constellation de l'Engonasin (un mot grec qu'Ovide traduit par « l'Homme agenouillé » et qu'on identifie parfois à Hercule), et celle du Serpentaire (cfr note suivante).
Serpent (8, 182). Cette constellation est aussi appelée Ophiouchos, qui signifie en grec « le serpentaire, l'homme qui tient un serpent ». C'est aussi plus simplement le Serpent ou Draco, cfr Mét., 2, 138 et Fast., 6, 735.
pays natal (8, 183). Athènes. Dédale avait été exilé d'Athènes, après le meurtre de son neveu Perdix (8, 236-259).
mer fermée (8, 185-187). La légende raconte que Minos aurait retenu Dédale prisonnier dans l'île pour le punir d'avoir favorisé les amours de Thésée et d'Ariane, en suggérant à celle-ci la ruse du fil à dérouler.
flûte rustique (8, 191-192). Ovide raconte (Mét., 1, 688-712 et 2, 682) la naissance de la flûte par la métamorphose de Syrinx.
Icare (8, 195). Icare était le fils de Dédale et d'une esclave de Minos, Naucraté.
sur une ligne médiane... (8, 204-206). Le trajet « par la voie médiane » rappelle les conseils du Soleil à Phaéton (Mét., 2, 126-149).
Bouvier (8, 206). Après l'Homme agenouillé et le Serpentaire (182), trois autres constellations vont être citées, une dans l'hémisphère sud, Orion et deux dans l'hémisphère nord, Hélicé et le Bouvier. Le Bouvier (ou Arctophylax) est voisin de l'Ourse (Fast., 2, 153-192, avec les notes ; 5, 733 ; 6, 235).
Hélicé (8, 206). Hélicé est un nom donné à la Grande Ourse (Fast., 3, 108 ; 4, 580).
Orion (8, 207). Orion est une constellation de l'hémisphère sud (Fast., 4, 388 ; 5, 493-494). L'épée est un motif traditionnel d'Orion (cfr par exemple Fast., 4, 388), mais les textes lui attribuent parfois une massue ou un bâton.
Un pêcheur... (8, 217-220). Ces vers font penser au célèbre tableau de Pierre Breughel intitulé « La chute d'Icare » (Musée d'Art Ancien, Bruxelles), sur lequel on pourra voir par exemple l'analyse menée sur le site La Boîte à Images.
Samos... Délos... Paros... Lébinthos et Calymné (8, 222-223). Ovide, sans beaucoup de cohérence géographique, comme c'était déjà le cas pour le vol de Médée (Mét., 7, 357-390), ou pour les démarches de Minos cherchant des alliances (Mét., 7, 453-471), énumère quelques îles survolées par les deux « aviateurs » : Samos, Délos et Paros font partie des Cyclades, tandis que Lébinthos et Calymné appartiennent à l'archipel des Sporades. Sur Samos consacrée à Junon (Virg., Én., 1, 15-17 ; Ovid., Fast., 6, 48) ; sur Paros (Mét., 7, 465) ; sur Délos (Mét., 1, 694 ; 3, 597 ; n. à 5, 499, et 5, 640 ; 6, 159-160, 6, 190-191 et 6, 333). La mention de Lébinthos et de Calymné, deux petites îles rarement citées, montre le goût d'Ovide pour l'érudition.
son nom (8, 230). La partie de la mer Égée où Icare est censé tomber est parfois appelée mer Icarienne (Horace, Carmina, 1, 1, 15 ; 4, 2, 3).
cette terre (8, 235). Il existe dans l'archipel des Sporades une île appelée Icaria. Selon Apollodore, Bibl., 2, 6, 3, cette île, primitivement appelée Doliché, aurait été rebaptisée Icaria par Héraclès/Hercule, quand il y découvrit le cadavre d'Icare, à qui il donna une sépulture.
reproche perpétuel (8, 240). L'épisode consacré à Dédale et Icare se termine par le récit d'une métamorphose, qui se situe dans le passé de Dédale, et qui explique la raison de son exil en Crète. Il s'agit de la métamorphose de son neveu et élève Perdix en une perdrix.
soeur de Dédale... son fils (8, 241-243). Ovide ne donne pas le nom de cette soeur. Selon d'autres versions, elle s'appelait Perdix, et son fils portait le nom de Talos (Apollodore, Bibl., 3, 15, 9).
deux bras de fer (8, 247). Après la scie, Perdix /Talos avait inventé le compas.
citadelle de Minerve (8, 250). L'Acropole d'Athènes, cité d'Athéna /Pallas/ Minerve, déesse protectrice des arts et des artistes et artisans. Cfr Fast., 3, 5 ; 3, 809-848, passim, ainsi que Mét., 6, 1-145 (concernant l'art d'Arachné).
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