BCS - Autres traductions

TACITE : Agricola - Germanie - Débat sur les orateurs (Accueil)


PVBLII CORNELII TACITI DIALOGVS DE ORATORIBVS

Débat sur les orateurs de Publius Cornelius Tacitus dit Tacite

Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)


INDEX

Orateurs et auteurs grecs et romains, leurs oeuvres, écoles philosophiques, personnages réels ou légendaires ayant une incidence littéraire cités dans le texte

 

Académiciens (XXXI 6 ; XXXII 6). Philosophes de l'Académie, l'école que Platon fonda en 387 a.C. à Athènes. Leur doctrine évolua avec le scolarque (chef d'école) Arcésilas (né en 315) vers une sorte de scepticisme, appelé parfois probabilisme. C'est la Moyenne Académie. Au 2e siècle a.C. cette évolution se radicalisa avec le scolarque Carnéade (215-129) qui excellait à exposer tour à tour le côté positif et le côté négatif d'une même notion (p. ex. la justice), et s'opposait particulièrement à la conception stoïcienne de la divinité et de la providence. Il s'agit désormais de la Nouvelle Académie. Cf. Philon.

Accius (ou Attius) (170 - après 90 a.C.) (XXI 7). Fils d'un affranchi, il était d'origine ombrienne. Il composa plus d'une quarantaine de tragoediae palliatae (tragédies à sujet grec, souvent mythologique) et au moins deux praetextatae (tragédies à sujet d'histoire romaine. Cf. III 4), Decius et Brutus, dont le fragment célèbre, Le songe de Tarquin, est d'une particulière intensité tragique. Il fut considéré jusqu'à l'époque de l'empereur Tibère (14-37) comme le meilleur auteur tragique latin. Il est aussi l'auteur de Didascalia, un poème didactique consacré à son art, d'Annales en hexamètres et de divers poèmes aux sujets mal connus. Il reste quelque sept cents vers de son oeuvre. Cf. I.O. X 1, 97 : Tragoediae scriptores ueterum Accius atque Pacuuius clarissimi grauitate sententiarum, uerborum pondere, auctoritate personarum. Ceterum nitor et summa in excolendis operibus manus magis uideri potest temporibus quam ipsis defuisse : uirium tamen Accio plus tribuitur. Pacuuium uideri doctiorem qui esse docti adfectant uolunt. Parmi nos anciens auteurs tragiques, Accius et Pacuvius sont tout particulièrement connus pour le sérieux de leurs pensées, le poids des paroles et la dignité de leurs personnages. Par ailleurs, leur manque de brillant et de savoir-faire nécessaire à l'élaboration d'une oeuvre peut, semble-t-il, être imputé plus à leur époque qu'à eux-mêmes. Quoi qu'il en soit, on accorde plus de vigueur à Accius, tandis que ceux qui affectent d'être érudits voient plus d'érudition chez Pacuvius.

Afer (Cnaeus Domitius) (XIII 3 ; XV 3). Biographie cf. Wikipédia. Il fut consul suffectus en 39. Quintilien l'a bien connu et admiré. Cf. I.O. X 1, 23 : Nobis pueris insignes pro Voluseno Catulo Domiti Afri, Crispi Passieni, Decimi Laeli orationes ferebantur. Quand j'étais enfant, on portait aux nues les discours de Domitius Afer, de Crispus Passiénus et de Décimus Lélius, pour la défense de Volusénus Catulus. Quintilien le fréquenta dans sa jeunesse (cf. I.O. X 1, 86) et le considérait comme l'orateur le plus remarquable de son temps avec Iulius Africanus. Cf. I.O. X 1, 118 : Sunt alii multi diserti, quos persequi longum est. Eorum quos uiderim Domitius Afer et Iulius Africanus longe praestantissimi. Verborum arte ille et toto genere dicendi praeferendus et quem in numero ueterum habere non timeas : hic concitatior, sed in cura uerborum nimius et compositione nonnumquam longior et translationibus parum modicus. Erant clara et nuper ingenia. 119... Vibius Crispus compositus et iucundus et delectationi natus, priuatis tamen causis quam publicis melior. Il y a pléthore d'autres orateurs habiles à parler et qu'il serait trop long d'énumérer ici. Parmi ceux que j'ai pu voir, les plus remarquables sont de loin Domitius Afer et Julius Africanus. Le premier est à préférer pour son expression et les qualités générales du style, et j'irai jusqu'à le compter au nombre des anciens. Le second a plus d'élan, mais il est trop recherché dans le choix des mots, sa phrase est parfois trop longue, et il recourt outre mesure aux métaphores. Récemment encore nous comptions quelques beaux talents. 119... Harmonieux, agréable, né pour plaire, Vibius Crispus se révélait néanmoins meilleur dans des causes privées que publiques. Pline le Jeune lui voue aussi beaucoup d'admiration en tant qu'orateur Ep. II 14, 9 sv : Ita certe ex Quintiliano praeceptore meo audisse me memini. 10. Narrabat ille: 'Assectabar Domitium Afrum. Cum apud centumuiros diceret grauiter et lente - hoc enim illi actionis genus erat -, audit ex proximo immodicum insolitumque clamorem. Admiratus reticuit; ubi silentium factum est, repetit quod abruperat. 11. Iterum clamor, iterum reticuit, et post silentium coepit. Idem tertio. Nouissime quis diceret quaesiit. Responsum est: "Licinius." Tum intermissa causa "Centumuiri," inquit, "hoc artificium periit." 12. Quod alioqui perire incipiebat cum perisse Afro uideretur, nunc uero prope funditus exstinctum et euersum est. C'est du moins ce que je me rappelle avoir entendu dire par mon maître Quintilien qui me racontait « J'accompagnais un jour Domitius Afer. Comme il plaidait, à sa manière, avec sérieux et avec lenteur devant les centumvirs, voilà qu'il entend pousser tout près de lui une clameur aussi énorme qu'inhabituelle. Étonné, il se tut. Une fois le silence revenu, il reprit son discours où il l'avait interrompu. La clameur retentit à nouveau, il se tut à nouveau et, le silence rétabli, il reprit la parole. Même chose une troisième fois. Enfin il demanda qui plaidait. On lui répondit : « Licinius ». Alors abandonnant sa cause : « Centumvirs, dit-il, notre art est mort. » Pourtant cet art commençait à mourir, quand Afer le croyait déjà mort; mais aujourd'hui il est presque entièrement éteint et anéanti. Tacite, tout en admirant le talent d'orateur d'Afer, dévoile sa personnalité inquiétante. Cf. Ann. IV 52 1 : ... Romae commota principis domo, ut series futuri in Agrippinam exitii inciperet Claudia Pulchra sobrina eius postulatur accusante Domitio Afro. Is recens praetura, modicus dignationis et quoquo facinore properus clarescere, crimen impudicitiae, adulterum Furnium, ueneficia in principem et deuotiones obiectabat... Pulchra et Furnius damnantur. 8. Afer primoribus oratorum additus, diuulgato ingenio et secuta adseueratione Caesaris qua suo iure disertum eum appellauit. mox capessendis accusationibus aut reos tutando prosperiore eloquentiae quam morum fama fuit, nisi quod aetas extrema multum etiam eloquentiae dempsit, dum fessa mente retinet silentii impatientiam. À Rome, de violentes secousses agitaient la maison de César. Pour préluder au péril dont Agrippine serait un jour touchée, on attaque sa cousine Claudia. L'accusateur était Domitius Afer. Cet homme sorti de la préture jouissait de peu de considération et était prêt à tout pour atteindre une prompte célébrité. Il reprochait à Claudia une vie dissolue, un adultère avec Furnius, des maléfices et des enchantements contre le prince... Claudia et Furnius furent condamnés. 8. Afer prit place parmi les hommes les plus éloquents : ce procès venait de révéler son génie ; et le prince confirma sa réputation en disant que le titre d'orateur lui appartenait de plein droit. Il continua d'accuser et de défendre, tout en recueillant plus d'admiration pour son talent que pour son comportement. Son talent toutefois perdit beaucoup avec le grand âge, car malgré l'affaiblissement de son esprit, Afer ne put se résigner au silence. (26 p.C.) ; Ibid. 66 1 : Sed ut studia procerum et largitio principis aduersum casus solacium tulerant, ita accusatorum maior in dies et infestior uis sine leuamento grassabatur ; corripueratque Varum Quintilium, diuitem et Caesari propinquum, Domitius Afer, Claudiae Pulchrae matris eius condemnator, nullo mirante quod diu egens et parto nuper praemio male usus plura ad flagitia accingeretur. Mais si la sympathie des grands et les largesses du prince avaient adouci des coups du sort, c'est sans remède que la rage des accusateurs se déchaînait plus forte chaque jour et plus acharnée. Domitius Afer s'était saisi de Quintilius Varus, un homme riche apparenté à César, et dont il avait déjà fait condamner la mère Claudia Pulchra. Personne ne fut surpris que Domitius, longtemps pauvre, et qui avait récemment dissipé ses premiers gains, se préparât à de nouvelles bassesses. (27 p.C.) Afer mourut en 59. Cf. Ann. XIV 19, 1 : Sequuntur uirorum inlustrium mortes, Domitii Afri et M. Seruilii, qui summis honoribus et multa eloquentia uiguerant, ille orando causas, Seruilius diu foro, mox tradendis rebus Romanis celebris et elegantia uitae, quod clariorem effecit, ut par ingenio, ita morum diuersus. Bientôt après, deux hommes du premier rang, Domitius Afer et M. Servilius, terminèrent une carrière qui avait brillé de tout l'éclat des honneurs et de l'éloquence, Le premier n'avait que plaidé des causes. Servilius s'était illustré longtemps au forum et en écrivant l'histoire romaine, et il le fut encore par une élégance de moeurs à laquelle la vie toute différente de son rival de génie donnait un nouveau lustre.

Africanus (Iulius) (XIV 4 ; XV 3). Orateur d'origine gauloise contemporain de Domitius Afer et dont Iulius Secundus composa la biographie. Cf. XIV 4. Il retient l'admiration de Quintilien (Cf. I.O. X 1, 118) et de Pline le Jeune, qui avait eu comme adversaire lors d'un procès, un jeune avocat, petit-fils de l'orateur. Cf. Ep. VII 6, 11 : Iulius Africanus, nepos illius oratoris, quo audito Passienus Crispus dixit : « Bene mehercule, bene ; sed quo tam bene ? ». Iulius Africanus, un petit-fils de ce fameux orateur dont Passiénus Crispus a dit après l'avoir entendu : « Que c'est bien, par Hercule, que c'est bien ! Mais comment est-ce si bien ? ». Quintilien souligne aussi son esprit d'à-propos. Cf. I.O. VIII 5, 15 : insigniter Africanus apud Neronem de morte matris : « rogant te, Caesar, Galliae tuae ut felicitatem tuam fortiter feras ». Africanus évoqua d'une manière peu banale auprès de Néron le décès de sa mère : « César, tes chers Gaulois te demandent comment tu fais pour supporter avec courage ce bonheur qui est le tien ».

Ambivius Turpion (Lucius Ambiuius Turpio, dit) (XX 3). Acteur contemporain de Cicéron. Cf. CM XIV 48 (44 a.C.) : Vt Turpione Ambiuio magis delectatur, qui in prima cauea spectat, delectatur tamen etiam, qui in ultima, sic adulescentia uoluptates propter intuens magis fortasse laetatur, sed delectatur etiam senectus procul eas spectans tantum quantum sat est. C'est le spectateur des premiers rangs qui éprouve le plus de plaisir à la vue d'Ambivius Turpio, mais c'est quand même vrai aussi pour celui des derniers rangs. De même, les jeunes gens, qui ont des plaisirs une perception plus immédiate, en tirent peut-être plus de joie, mais les vieillards, tout en les considérant de loin, arrivent à s'en rassasier.

Antoine (Marcus Antonius, dit [Marc]) (82-30 a.C.) (XXXVII 6). Cf. Wikipédia. Après l'assassinat de César en 44 a.C., Antoine se mit à détourner à son profit le testament de celui-ci pour venir à bout du régime républicain, ce que Cicéron dénonça dans dix harangues nommées Philippiques (44-43 a.C.) par analogie avec les discours de Démosthène contre Philippe de Macédoine. L'extrait dont la référence est citée ci-dessus fait allusion à ces discours qui finirent par coûter la vie à Cicéron, qui, abandonné par Octave, fut assassiné par les sbires d'Antoine. Cf. XL 4.

Apollodore de Pergame (1er s. a.C.) (XIX 3). Ce rhéteur de formation péripatéticienne fut l'un des maîtres d'Octave. Cf. I.O. III 1, 17-18 : Praecipue tamen in se conuerterunt studia Apollodorus Pergamenus, qui praeceptor Apolloniae Caesaris Augusti fuit, et Theodorus Gadareus, qui se dici maluit Rhodium : quem studiose audisse cum in eam insulam secessisset dicitur Tiberius Caesar. 18. Hi diuersas opiniones tradiderunt appellatique inde Apollodorei ac Theodorei ad morem certas in philosophia sectas sequendi. Sed Apollodori praecepta magis ex discipulis cognoscas, quorum diligentissimus in tradendo fuit Latine C. Valgius, Graece Atticus. Mais il en est deux surtout qui ont suscité l'intérêt : ce sont Apollodore de Pergame, qui fut à Apollonie le maître de César Auguste, et Théodore de Gadara, qui préférait se dire de Rhodes, et dont Tibère César, retiré dans cette île, aurait suivi les cours avec empressement. Ces deux rhéteurs professaient des opinions différentes, d'où leurs disciples furent appelés apollodoriens et théodoriens, à la manière des écoles philosophiques. Quant à Apollodore, c'est surtout par ses disciples qu'on peut connaître sa doctrine. C'est très consciencieusement que C. Valgius nous l'a transmise en latin, et Atticus en grec.

Apollonius Molon. Ce maître de l'école de Rhodes exerça une influence décisive sur la formation oratoire de Cicéron. Cf. Br. 312 Eodem anno Moloni dedimus operam. Dictatore enim Sulla legatus ad senatum de Rhodiorum praemiis uenerat. Itaque prima causa publica pro Sex. Roscio dicta tantum commendationis habuit ut non ulla esset quae non digna nostro patronicio uideretur. Au cours de la même année (83/82 a.C.) j'ai travaillé sous la direction de Molon. Il faut savoir que sous la dictature de Sylla, il était venu plaider devant le sénat la cause des récompenses dues aux Rhodiens. C'est ainsi que mon premier procès public où je défendais Sextus Roscius recueillit tant de succès que toute affaire semblait à la mesure de mes capacités d'avocat. Cicéron poursuivit néanmoins sa formation pendant quelques années en Asie avant de retouver Molon. Cf. Ibid. 316 ; Dolabella.

Appius Claudius Caecus (XVIII 4 ; XXI 7). Consul en 307 et 296 a.C., il créa la Via Appia et le premier aqueduc. Cf. Br. 55 : Possumus Appium Claudium suspicari disertum, quia senatum iamiam inclinatum a Pyrrhi pace reuocauerit. Nous pouvons supposer qu'Appius Claudius savait parler, puisqu'il détourna le Sénat, tout favorable qu'il y était, de conclure la paix avec Pyrrhus. Cf. Br. 61.

Archias (Défense d') Pro Archia (XXXVII 6). Défendu par Cicéron en 62 a.C., le poète grec Archias était accusé d'avoir usurpé la citoyenneté romaine.

Asinius Pollion (Asinius Pollio, dit) (XII 5 ; XVII 1 ; 7; XXV 3 ; 4; 6 ; XXVI 7 ; XXXIV 7 ; XXXVIII 2). Cet orateur, dont l'activité s'exerçait encore sous le règne d'Auguste, fut aussi historien et auteur tragique. Ami de Virgile il se vit dédier la 4e Bucolique, lors de son accession au consulat en 40 a.C. Cf. Buc. IV 11-14 : Teque adeo decus hoc aeui, te consule, inibit, / Pollio, et incipient magni procedere menses; / te duce, si qua manent sceleris uestigia nostri, /inrita perpetua soluent formidine terras. Et quand toi tu seras consul, Pollion, s'ébranlera ce temps de gloire, et les grands mois entameront leur marche. Quand toi tu seras notre guide, s'il reste des traces de notre crime, devenues vaines elles délivreront pour toujours la terre de l'effroi. Quintilien le juge aussi en tant qu'orateur. Cf. I.O. X 1, 113 : Multa in Asinio Pollione inuentio, summa diligentia, adeo ut quibusdam etiam nimia uideatur, et consilii et animi satis : a nitore et iucunditate Ciceronis ita longe abest ut uideri possit saeculo prior. At Messala nitidus et candidus et quodam modo praeferens in dicendo nobilitatem suam, uiribus minor. On trouve chez Asinius Pollion beaucoup d'inspiration. Il se montre très consciencieux, trop même selon certains. Il a bien du jugement et de la personnalité. Mais qu'il est loin de l'éclat et du charme de Cicéron ! On le croirait appartenir à la génération précédente. Messalla, lui, est éclatant, éblouissant. Son éloquence met en quelque sorte en valeur sa haute naissance, mais elle a trop peu de force. Cf. I.O. XII 10, 10.

Atticus (Titus Pomponius) (109-32 a.C.). Ami de Cicéron avec qui il a entretenu une correspondance nombreuse. Cicéron en fait l'un des intervenants du Brutus. Auteur d'un Liber Annalis. Cf. Br. XI 44 ... te... quem rerum Romanarum auctorem laudare possum religiosissimum.Toi que je puis louer comme l'auteur d'histoire romaine qui y met la précision la plus scrupuleuse.

Aufidius Bassus (XXIII 2). Historien de l'époque de Claude dont l'ouvrage consacré aux guerres contre les Germains fut continuée par Pline l'Ancien. Son oeuvre est perdue. Quintilien l'a connu, qui émet un jugement nuancé à son sujet. Cf. I.O. X 1,102 sv. : Seruilius Nonianus ... ipse a nobis auditus est, clari uir ingenii et sententiis creber, sed minus pressus quam historiae auctoritas postulat. 103. Quam paulum aetate praecedens eum Bassus Aufidius egregie, utique in libris belli Germanici, praestitit genere ipso, probabilis in omnibus, sed in quibusdam suis ipse uiribus minor. Servilius Nonianus... celui-même dont j'ai suivi des cours, était un bel esprit, plutôt sentencieux, mais pas assez synthétique au vu des exigences de l'histoire. Un peu plus âgé, Bassius Aufidius s'est remarquablement distingué dans ce genre, surtout dans son Histoire de la guerre contre les Germains. S'il est digne d'estime en général, il se montre, dans certaines parties, en deçà de ses capacités.

Auguste (né Gaius Octavius Thurinus) (XIII 1 ; 2; XVII 2 ; 3 ; 7 ; XXVIII 6 ; XXXVIII 2) Biographie cf. Wikipédia. Octave, neveu de César, après sa victoire à la bataille d'Actium sur Marc Antoine et Cléopâtre en 31 a.C. et le suicide de ceux-ci en 30, reçut la puissance tribunitienne à vie. Il déposa officiellement le deuxième triumvirat, dont il faisait partie avec Marc Antoine et Lépide depuis 37, pour rétablir la légalité républicaine. En 27, tout en estimant sa mission terminée, il accepta du sénat l'imperium pour dix ans à titre personnel sur une partie des provinces. Demeurant consul pour la septième année, il conserva le titre d'Imperator pris en 38 et reçut du sénat celui d'Augustus. Il finira par concentrer tous les pouvoirs entre ses mains tout en évitant de prendre le titre de dictateur ou de roi. Il s'éteignit en 14 p.C. Avec Mécène, il protégea des écrivains, dont les poètes Virgile et Horace, et l'historien Tite-Live.

Bassus (Saleius) (V 2 ; 3 ; IX 2 ; 3, 5 ; X 1). Poète au talent prometteur qui mourut jeune. Cf. Juvénal VII 80-81 tenui... Saleiio / gloria quantalibet quid erit, si gloria tantum est ?...pauvre Saléius, la gloire sera-t-elle pour lui un bien si grand s'il n'a que la gloire ? I.O. X 1, 90. Vehemens et poeticum ingenium Salei Bassi fuit, nec ipsum senectute maturuit. Le tempérament de Saleius était tout entier passion et poésie, mais il n'a pu mûrir faute d'arriver à la vieillesse.

Bestia (Lucius Calpurnius) (XXXIX 5). Tribun de la plèbe en 62 a.C., édile plébéien en 58, il porta sa candidature à la préture en 56 et fut accusé de brigue. Il fut défendu par Cicéron, dont le discours est perdu. Cf. GoBo n. 4 p. 69.

Brutus (Marcus Iunius) (85-42 a.C) (XVII 1 ; XVIII 5 ; XXI 5 ; XXV 3 ; 4 [critique de Messalla] ; 6; XXXVIII) Biographie cf. Wikipédia. Il plaida des causes avec Cicéron. Cf. Br. XCIV 324 : Maxume uero perspecta est utriusque nostrum exercitatio paulo ante quam perterritum armis hoc studium, Brute, nostrum conticuit subito et obmutuit. Cum lege Pompeia ternis horis ad dicendum datis ad causas simillumas inter se uel potius easdem noui ueniebamus cotidie. Quibus quidem causis tu etiam, Brute, praesto fuisti complurisque et nobiscum et solus egisti... Notre étroite collaboration se fit surtout découvrir peu avant que notre ardeur, Brutus, terrorisée par la guerre civile, se tut tout à coup et garda le silence. Alors que la loi de Pompée n'accordait plus que trois heures aux défenseurs..., dans des causes très semblables entre elles, disons même identiques, nous provoquions la surprise chaque jour. C'est précisément dans ces affaires, Brutus, que toi aussi tu te tins à mes côtés, et plus d'une fois, tu plaidas ou avec moi, ou seul. Brutus est aussi l'auteur de traités philosophiques. Cf. I.O. X 1, 122 : Egregius uero multoque quam in orationibus praestantior Brutus suffecit ponderi. Scias eum sentire quae dicit. Éminent et bien meilleur que dans ses discours, Brutus se montre à la hauteur de l'importance du sujet. On peut se rendre compte qu'il pense ce qu'il dit. Cf. I.O. XII 10, 10. Il fut avec Gaius Cassius l'un des meurtriers de César aux Ides de Mars 44 a.C. Cf. Ann. IV 34. Vaincu par Antoine à la bataille de Philippes, il se suicida. Le traité d'art oratoire Brutus (46 a.C.) auquel Cicéron a donné son nom a pour acteurs principaux Cicéron, Atticus et Brutus. Cf. XXX 3.

Caelius (Marcus Caelius Rufus) (82-48) (XVII 1 ; XVIII 1 ; XXI 3 ; XXV [critique de Messalla] 4 ; XXVI 7 ; XXXVIII 2). Tribun de la plèbe en 52, il entretint des échanges épistolaires avec Cicéron, qui constituent le 8e livre des Epistulae ad Familiares.  Cf. Br. 273 : Nec uero M. Caelium praetereundum arbitror, quaecumque eius in exitu uel fortuna uel mens fuit ; qui quamdiu auctoritati meae paruit, talis tribunus plebis fuit, ut nemo contra ciuium perditorum popularem turbulentamque dementiam a senatu et a bonorum causa steterit constantius. Antiquam eius dictionem multum tamen et splendida et grandis et eadem in primis faceta et perurbana commendabat oratio. Graues eius contiones aliquot fuerunt, acres accusationes tres eaeque omnes ex rei publicae contentione susceptae ; defensiones, etsi illa erant in eo meliora quae dixi, non contemnendae tamen saneque tolerabiles. Hic cum summa uoluntate bonorum aedilis curulis factus esset, nescio quomodo discessu meo discessit a sese ceciditque, posteaquam eos imitari coepit quos ipse peruerterat. Je ne crois pas devoir omettre le nom de Marcus Caelius, quels qu'aient été, vers la fin, son destin ou son état d'esprit. Tant qu'il se soumit à ma direction, son action comme tribun de la plèbe, fut telle que nul ne se dressa, à côté du Sénat et des honnêtes gens, avec plus de fermeté contre les violences et les fureurs populaires des mauvais citoyens. Malgré sa langue archaïque, son style se recommandait par l'éclat, la noblesse, et aussi, et surtout, par l'esprit et l'urbanité. Il a prononcé quelques discours politiques pleins de gravité et trois vives accusations, dont il s'était chargé dans l'intérêt de l'État. Ses plaidoyers pour sa défense, s'ils sont moins bons que les harangues dont je viens de parler, ne sont pourtant pas méprisables : ils sont lisibles. Le vote de tous les gens de bien avait fait de lui un édile curule : alors, je ne sais comment, à mon départ, il se renonça lui-même, et il tomba, s'étant mis à imiter ceux qu'il avait d'abord combattus avec succès (Traduction de Fr. Richard) ; I.O. X 1, 115 : Multum ingenii in Caelio et praecipue in accusando multa urbanitas, dignusque uir cui et mens melior et uita longior contigisset. Quel talent que celui de Caelius, et quel esprit, surtout quand il porte une accusation ! Il aurait mérité d'avoir une meilleure mentalité et de vivre plus longtemps. Cf. I.O. XII 10, 10. Suétone, De Rhetoribus II 2

Calvus (Gaius Licinius) (82-47 a.C.). Cet ami du poète élégiaque Catulle (87-54 a.C.) est plus connu comme orateur que comme poète (XVII 1 ; XVIII 1 ; 5 ; XXI 1 ; 2 [critique d'Aper] ; XXV 3 [critique de Messalla] ; 4 ; 6 ; XXVI 7 ; XXXVIII 2). Cf. Br. 283 sv : ... ad Caluum... reuertamur. Qui orator fuit cum litteris eruditior quam Curio tum etiam accuratius quoddam dicendi et exquisitius adferebat genus ; quod quamquam scienter eleganterque tractabat, nimium tamen inquirens in se atque ipse sese obseruans metuensque, ne uitiosum conligeret, etiam uerum sanguinem deperdebat. Itaque eius oratio nimia religione attenuata doctis et attente audientibus erat inlustris, multitudine autem et a foro, cui nata eloquentia est, deuorabatur. (284) Tum Brutus : Atticum se, inquit, Caluus noster dici oratorem uolebat. Inde erat ista exilitas quam ille de industria consequebatur.  Revenons à Calvus... : c'était un véritable orateur, avec plus de culture littéraire que Curion et aussi une éloquence plus soignée, dirais-je, et plus recherchée. Certes, il avait des connaissances acquises et de l'élégance ; mais, à force d'introspection et de contrôle sur lui-même, il arrivait, par crainte d'avoir un sang vicié, à gaspiller même du bon sang. C'est ainsi que son expression épurée par un scrupule exagéré, paraissait brillante à des connaisseurs et des auditeurs attentifs, mais devant la foule au forum, pour qui l'éloquence est faite, sa voix se perdait. - Notre cher Calvus, dit Brutus, voulait se faire appeler orateur attique : de là, cette maigreur qui chez lui était voulue. I.O. X 1, 115 : Inueni qui Caluum praeferrent omnibus, inueni qui Ciceroni crederent eum nimia contra se calumnia uerum sanguinem perdidisse ; sed est et sancta et grauis oratio et castigata et frequenter uehemens quoque. Imitator autem est Atticorum, fecitque illi properata mors iniuriam si quid adiecturus sibi, non si quid detracturus, fuit. J'en ai trouvé qui préféraient Caluus à tous les autres orateurs ; j'en ai vu qui s'appuyant sur Cicéron croyaient que sa sévérité excessive envers lui-même lui avait fait perdre son sang : mais, son expression est irréprochable, grave, et châtiée, tout en pouvant aussi se faire souvent véhémente. Il prend pour modèles les Attiques, et sa mort prématurée lui a causé préjudice, en l'empêchant d'ajouter à son talent quelque chose, mais pas de l'en retrancher. Cf. I.O. XII 10, 10. L'identication d'Asitius et de Drusus est conjecturelle. Cf. Stef n.87 p. 207.

Canutius (Publius) ou Cannutius (XXI 1). Orateur contemporain de Cicéron qui en parle avec estime. Cf. Br. 205 : P. Cannutius... aequalis meus, homo extra nostrum ordinem meo iudicio disertissimus. Publius Cannutius... qui a mon âge, est, je le pense, le personnage le plus habile à parler en dehors de notre ordre (= ordre sénatorial). Attius (ou Attus) n'est pas autrement connu. L'appellation de Furnius s'applique à deux orateurs, plus vraisemblablement à Gaius Furnius, tribun de la plèbe en 50 et probablement un ami de Cicéron. Cf. Fam. X 25, 26. Son fils exerça le consulat en 17 a.C. On connaît aussi deux Toranius, père et fils, dont le premier fut le tuteur d'Octave, qui, selon Suétone, Aug.27, 1, l'exila par la suite. Cf GoBo p. 47 ; Stef p. 206 sv.

Cassius Severus (50 a.C.-30 p.C.) (XIX 1[critique d'Aper] ; XXVI 4 [critique de Messalla]). Quintilien émet au sujet de cet orateur un jugement assez proche de Vipstanus Messalla. Cf. I.O. X 1, 116-117 : Multa si cum iudicio legatur dabit imitatione digna Cassius Seuerus qui si ceteris uirtutibus colorem et grauitatem orationis adiecisset ponendus inter praecipuos foret. 117. Nam et ingenii plurimum est in eo et acerbitas mira et urbanitas et sermo, sed plus stomacho quam consilio dedit : praeterea ut amari sales, ita frequenter amaritudo ipsa ridicula est. Si on le lit avec discernement, on trouvera chez Cassius Sévérus bien des passages dignes d'être imités. On devrait le mettre au rang des plus grands orateurs, si à ses autres qualités oratoires il avait ajouté couleur et gravité. Certes il a beaucoup de talent et son ironie est aussi rare qu'il a d'esprit et de bagout. Mais il a cédé à l'emportement au détriment de la réflexion. En outre, de même que ses traits d'esprits ne sont qu'amers, ainsi cette amertume devient elle-même souvent ridicule. Cf. I.O. XII 10, 10. De son côté, Tacite s'en prend ailleurs à l'immoralité du personnage, que ni Aper ni Vipstanus Messalla n'ont flétri. Cf. Ann. IV 21 : relatum et de Cassio Seuero exule, qui sordidae originis, maleficae uitae, sed orandi ualidus, per immodicas inimicitias ut iudicio iurati senatus Cretam amoueretur effecerat; atque illic eadem actitando recentia ueteraque odia aduertit, bonisque exutus, interdicto igni atque aqua, saxo Seripho consenuit. On entendit aussi un rapport sur Cassius Sévérus, déjà exilé. Cet homme, d'une basse origine, d'une vie malfaisante, mais puissant par la parole, avait soulevé contre lui tant de haines, qu'un arrêt du sénat, rendu sous la religion du serment, l'avait relégué en Crète. Là, continuant ses habitudes perverses, il s'attira de nouvelles inimitiés et réveilla les anciennes. Dépouillé de ses biens et privé du feu et de l'eau, il vieillit sur le rocher de Sériphe. (Trad. J. L. Burnouf)

Catilina (Lucius Sergius) (XXXVII 6). Ce passage fait allusion aux quatre Catilinaires que Cicéron, consul, prononça en  63 a.C. pour dénoncer le danger que représentait la conjuration de Catilina et d'autres nobles déchus. Biographie cf. Wikipédia.

Caton  (Marcus Porcius Cato) (234-154 a.C. ?) (XVIII 2 ; 4), dit Caton l'Ancien (Cato Maior) ou Caton le Censeur (Cato Censor). Biographie cf. Wikipédia. Cf. Br. 61 :  Nec uero habeo quemquam antiquiorem, cuius quidem scripta proferenda putem nisi quem Appi Caeci oratio... de Pyrrho et nonnullae mortuorum laudationes forte delectant. En vérité, je ne vois personne de plus ancien dont, à mon sens du moins, les écrits sont à retenir, à moins, on ne sait jamais, de céder au charme du discours d'Appius Caecus... au sujet de Pyrrhus et à celui de quelques éloges funèbres. Selon Cicéron, il prononça, l'année de sa mort, un discours très véhément contre Servius Sulpicius Galba (Br. 80) : ...annos quinque et octoginta natus excessit e uita, cum quidem eo ipso anno contra Ser. Galbam ad populum summa contentione dixisset, qua etiam orationem scriptam reliquit. Il avait 85 ans quand il mourut, alors qu'il faut savoir qu'au cours de cette dernière année il avait soutenu devant le peuple un long plaidoyer contre Servius Galba, dont il laissa une version écrite. I.O. III 1, 19 : Romanorum primus, quantum ego quidem sciam, condidit aliqua in hanc materiam M. Cato. Post M. Antonius inchoauit : nam hoc solum opus eius atque id ipsum inperfectum manet. Le premier de tous les Romains, pour autant du moins que je sache, qui ait donné quelques bases pour cette pratique (= l'éloquence) c'est Marcus Caton. Après lui, Marc Antoine s'y attela. C'est le seul ouvrage que nous ayons de lui et il ne l'a pas achevé. Cf. I. O. XII 10, 10.

Caton  (Gaius Porcius Cato) (95-46 a.C.), dit Caton d'Utique (II 1 ; III 2 ; 3 ; 4 ; XXXIV 7). Biographie cf. Wikipédia. Héros de la tragédie homonyme de Maternus (Cf. II 1 sv.), il est devenu, en se suicidant en 46 a.C. à Utique assiégée par César, le prototype des martyrs de la liberté politique, tels Paetus Thrasea, Helvidius Priscus et d'autres particulièrement chers à Tacite.

César (Gaius Iulius Caesar, dit [Jules]) (100-44 a.C.) (XVII 1 ; 4 ; 5 ; XXI 5 [critique d'Aper] ; XXV 3 ; 4 [critique de Messalla] ; 7 ; XXVI 7 ; XXVIII 6 ; XXXIV 7 ; XXXVIII 2). Biographie cf. Wikipédia. Dans le Brutus, Atticus le juge en tant qu'orateur. Cf. Br. 252 : de Caesare et ipse ita iudico et de hoc huius generis acerrumo existimatore saepissume audio, illum omnium fere oratorum Latine loqui elegantissume; nec id solum domestica consuetudine ut dudum de Laeliorum et Muciorum familiis audiebamus, sed quamquam id quoque credo fuisse, tamen, ut esset perfecta illa bene loquendi laus, multis litteris et iis quidem reconditis et exquisitis summoque studio et diligentia est consecutus. Voici ce que je pense de César et ce que j'entends très souvent dire ce juge très exigeant (= Cicéron) en fait d'éloquence : pour ainsi dire de tous nos orateurs, César parle le latin le plus élégant. Et cela, il le doit non seulement à son milieu familial, comme nous venons de l'apprendre au sujet de Laelius et de Quintus Mucius ; mais, si je crois qu'il en fut ainsi pour lui, il a atteint cette perfection du langage grâce à bien des études, de surcroît peu accessibles et d'une qualité rare, et grâce à une application et à un soin infinis. Ibid. 261 : Caesar... rationem adhibens consuetudinem uitiosam et corruptam pura et incorrupta consuetudine emendat. Itaque cum ad hanc elegantiam uerborum Latinorum, quae, etiam si orator non sis et sis ingenuus ciuis Romanus, tamen necessaria est, adiungit illa oratoria ornamenta dicendi, tum uidetur tamquam tabulas bene pictas conlocare in bono lumine. Hanc cum habeat praecipuam laudem in communibus, non uideo cui debeat cedere. Splendidam quandam minimeque ueteratoriam rationem dicendi tenet, uoce, motu, forma etiam magnificam et generosam quodam modo. César procède ainsi : quand l'usage est défectueux et déformé, il le corrige par le même usage, mais correct et non déformé. Dès lors, quand, à cette élégance du langage latin, aussi indispensable à tout citoyen romain de bonne famille qu'à l'orateur, il ajoute tous les ornements de l'éloquence, c'est comme s'il plaçait des compositions bien peintes dans l'éclairage qui leur convient. Tel est son plus grand mérite, en plus des qualités de tout orateur. Je ne vois donc pas à qui il devrait le céder. Il a en un mot une éloquence éblouissante, sans procédés tout faits, et sa voix, ses gestes, son apparence la magnifient et l'ennoblissent. Ce jugement est confirmé par Quintilien. Cf. I.O. X 1, 114 : Vero Caesar si foro tantum uacasset, non alius ex nostris contra Ciceronem nominaretur : tanta in eo uis est, id acumen, ea concitatio, ut illum eodem animo dixisse quo bellauit appareat. Exornat tamen haec omnia mira sermonis, cuius proprie studiosus fuit, elegantia. Si César s'était entièrement consacré au barreau, on n'opposerait à Cicéron aucun autre parmi nos orateurs. Il a tant d'énergie, tant de pénétration, tant de tension, qu'il semble avoir parlé avec la même ardeur avec laquelle il a fait la guerre, et tout cela, il le rehausse par une langue extraordinairement élégante, à laquelle il a consacré tous ses efforts. Cf. I.O. XII 10, 10.

Cicéron (Marcus Tullius Cicero, dit) (106-43 a.C.) (XII 5 ; XIV 7 ; XVII 1 ; 2 ; 3 ; 5 ; XVIII 1 ; 4 ; 5 ; XXII 1-XXIII 1 sv [critique d'Aper] ; XXIV 3 ; XXV 3 ; 4 ; 5 [critique de Messalla] ; XXVI 7; 9 ; XXX 3 ; 4 ; XXXV 1 ; XXXVII 6 ; XXXVIII 2 ; XL 4). Biographie cf. Wikipédia. Cf. Antoine ; Apollonius Molon ; Brutus. Sur le plan oratoire, on le compare souvent à Démosthène, notamment dans l'éloge qu'en fait Quintilien. Cf. I.O. X 1, 105 sv, qui n'est cité ici que dans sa seconde partie : 108. Cedendum uero in hoc, quod et prior fuit et ex magna parte Ciceronem quantus est fecit. Nam mihi uidetur M. Tullius, cum se totum ad imitationem Graecorum contulisset, effinxisse uim Demosthenis, copiam Platonis, iucunditatem Isocratis. 109. Nec uero quod in quoque optimum fuit studio consecutus est tantum, sed plurimas uel potius omnes ex se ipso uirtutes extulit inmortalis ingenii beatissima ubertas. Non enim pluuias, ut ait Pindarus, aquas colligit, sed uiuo gurgite exundat, dono quodam prouidentiae genitus in quo totas uires suas eloquentia experiretur. 110. Nam quis docere diligentius, mouere uehementius potest, cui tanta umquam iucunditas adfuit ? ut ipsa illa quae extorquet impetrare eum credas, et cum transuersum ui sua iudicem ferat, tamen ille non rapi uideatur sed sequi. 111. Iam in omnibus quae dicit tanta auctoritas inest ut dissentire pudeat, nec aduocati studium sed testis aut iudicis adferat fidem, cum interim haec omnia, quae uix singula quisquam intentissima cura consequi posset, fluunt inlaborata, et illa qua nihil pulchrius auditum est oratio prae se fert tamen felicissimam facilitatem. 112. Quare non inmerito ab hominibus aetatis suae regnare in iudiciis dictus est, apud posteros uero id consecutus ut Cicero iam non hominis nomen sed eloquentiae habeatur. Hunc igitur spectemus, hoc propositum nobis sit exemplum, ille se profecisse sciat cui Cicero ualde placebit. 108. Reconnaissons toutefois ceci : il (Démosthène) précède Cicéron, et, en grande partie, en a fait tout ce qu'il est. Car, à mon sens, en se vouant tout entier à imiter les Grecs, Marcus Tullius a reproduit la force de Démosthène, la richesse de Platon, le charme d'Isocrate. Toutefois, ce n'est pas par l'étude seule qu'il a atteint ce que chacun d'eux avait de meilleur, mais la plupart de ses qualités, sinon toutes, étaient en lui-même grâce à l'inépuisable fécondité d'un génie digne des dieux. En effet, comme le dit Pindare, il n'est pas comme un réservoir d'eaux pluviales, mais comme une source vive qui coule à flots. Il est né avec en quelque sorte un don de la providence qui permet à l'éloquence de montrer tout son pouvoir. Qui pourrait instruire avec plus de soin, émouvoir avec plus d'emportement ? À qui a-t-on jamais trouvé plus de charme ? Ce qu'il arrache, on croirait le lui accorder. Un juge lui fait-il obstacle ? Sa force emporte celui-ci, qui semble non pas être traîné de force, mais le suivre. 111. Il dit tout avec un tel aplomb, qu'on aurait honte d'être d'un autre avis que lui. Il n'y met pas le zèle d'un avocat, mais la conviction d'un témoin ou d'un juge. Et toutes ces prouesses verbales dont une seule vaudrait à tout un chacun les recherches les plus poussées, coulent, chez lui, tout naturellement et cette éloquence, la plus belle qui soit à entendre, a l'apparence de la plus heureuse facilité. 112. Aussi ce n'est pas sans raison que ses contemporains l'ont proclamé roi du barreau, et que pour la postérité le nom de Cicéron est devenu non plus celui d'une personne, mais de l'éloquence. Gardons-le donc devant les yeux, prenons-le pour modèle. Que celui qui marquera pour Cicéron une franche préférence, sache que c'est pour son propre avantage. La formation de Cicéron et son parcours d'orateur rapportés dans Br. 304-327 inspire l'exposé de Vipstanus Messalla. Cf. XXX sv. Il se réclame aussi de l'influence de Platon. Cf. XXXII 6 et Or III 12.

Cornelius (Gaius). Tribun en 67, il fut accusé de lèse-majesté et défendu par deux discours de Cicéron, dont il ne reste que des fragments.

Corvinus (M. Valerius Corvinus Messalla) (XVII 7 ; XVIII 2 ; XX1 9). Cf. I.O. X 1, 113.

Crassus (Lucius Licinius) (XVIII 2 ; XXVI 1 ; XXXIV 7 ; XXXV 1) (140-91 a.C.). Consul en 95 a.C., il fut, avec Marc Antoine (143-87), grand-père du triumvir homonyme (Cf. Antoine), le plus grand orateur de la génération qui a précédé celle de Cicéron, qui en fait un des protagonistes du de Or. Cf. Br. 138 : nunc ad Antonium Crassumque peruenimus. Nam ego sic existimo, hos oratores fuisse maximos et in his primum cum Graecorum gloria Latine dicendi copiam aequatam. Maintenant que nous sommes arrivés à Antoine et Crassus, voilà ce que je pense d'eux : ils furent nos plus grands orateurs, et c'est avec eux que, pour la première fois, l'éloquence latine a égalé la gloire des Grecs. Ibid. 143. sv. (passim) : Huic alii parem esse dicebant, alii anteponebant L. Crassum. illud quidem certe omnes ita iudicabant, neminem esse, qui horum altero utro patrono cuiusquam ingenium requireret. Equidem quamquam Antonio tantum tribuo quantum supra dixi, tamen Crasso nihil statuo fieri potuisse perfectius. Erat summa grauitas, erat cum grauitate iunctus facetiarum et urbanitatis oratorius, non scurrilis lepos, Latine loquendi accurata et sine molestia diligens elegantia, in disserendo mira explicatio; cum de iure ciuili, cum de aequo et bono disputaretur, argumentorum et similitudinum copia. 144 ...sic in interpretando in definiendo in explicanda aequitate nihil erat Crasso copiosius. 145 eloquentium iuris peritissimus Crassus... 148 ...Crassus erat elegantium parcissimus ... in summa comitate habebat etiam seueritatis satis. Les uns estimaient tout autant Lucius Crassus, que celui-ci (= Marc Antoine) les autres le lui préféraient. Du moins, de l'avis de tous, quiconque avait l'un des deux pour avocat, ne recherchait le talent de personne d'autre. Pour moi, si j'accorde à Antoine toutes les qualités dont je viens de parler, je n'en démords cependant pas que Crassus a atteint la perfection suprême. Il avait une dignité éminente, et à cette dignité se joignait une grâce pétillante et spirituelle, la grâce d'orateur, pas de bouffon. Son latin était châtié, il montrait une élégance soignée, mais sans se donner de mal, une clarté étonnante dans ses raisonnements. Dans les discussions sur le droit civil, l'équité et le bien, il apportait une grande abondance de preuves et de rapprochements. 144 ... Dans les questions d'interprétation, de définition, dans le développement des arguments d'équité, personne ne se montrait aussi abondant que Crassus ... 145 ... Crassus passa pour l'orateur le plus versé dans les questions de droit .... 148 Crassus mettait le plus de sobriété parmi ceux qui parlent avec élégance ... L'affabilité suprême de Crassus comportait pas mal de retenue... Cf. I.O. XII 10, 10. Censeur en 92, Crassus fit fermer les écoles de rhéteurs. Cf. de Or III 93-95.

Crispus (Quintus Vibius) (VIII 1 ; 3 ; XIII 4). Cf. I.O. X 1, 119 : Vibius Crispus compositus et iucundus et delectationi natus, priuatis tamen causis quam publicis melior. Vibius Crispus avait un style soigné et agréable, il était né pour plaire, tout en étant meilleur néanmoins dans les causes privées que dans les causes publiques. Cf. I.O. XII 10, 10. Il fut consul suffectus avec Néron et procurateur d'Afrique sous Vespasien. Tacite rapporte qu'en 68 il causa la perte du délateur de son frère. Cf. Hist. II 10, 2 sv : Vibius Crispus pecunia, potentia, ingenio inter claros magis quam inter bonos, Annium Faustum equestris ordinis, qui temporibus Neronis delationes factitauerat, ad cognitionem senatus uocabat... 4. propria ui Crispus incubuerat delatorem fratris sui peruertere, traxeratque magnam senatus partem, ut indefensum et inauditum dedi ad exitium postularent... 6. Mox damnatus est Faustus, nequaquam eo adsensu ciuitatis quem pessimis moribus meruerat: quippe ipsum Crispum easdem accusationes cum praemio exercuisse meminerant, nec poena criminis sed ultor displicebat. Vibius Crispus, auquel sa fortune, son crédit, ses talents, avaient acquis plus de renommée que d'estime, appelait Annius Faustus, chevalier romain, qui sous Néron faisait le métier de délateur, à se justifier devant le sénat... À la terreur de la loi, Crispus ajoutait tout le poids de son crédit, pour accabler le délateur de son frère. Entraînée par lui, une grande partie du sénat demandait que, sans être défendu ni entendu, Faustus fût livré à la mort... Faustus fut bientôt condamné mais sans l'assentiment de l'opinion publique comme ses crimes le méritaient. On se rappelait que Crispus avait comme lui fait trafic d'accusation et, sans blâmer la vengeance on haïssait le vengeur. (Traduction d'après J. L. Burnouf). Crispus vivait encore au début du règne de Domitien. Cf. Suétone, Dom. 3, 1 : Inter initia principatus cotidie secretum sibi horarum sumere solebat, nec quicquam amplius quam muscas captare ac stilo praeacuto configere, ut cuidam interroganti, essetne quis intus cum Caesare, non absurde responsum sit a Vibio Crispo, ne muscam quidem. Au début de son règne, il (= Domitien) s'enfermait tous les jours pendant des heures rien que pour s'occuper à prendre des mouches et à les percer avec un poinçon très aigu. Un jour qu'on demandait s'il y avait quelqu'un avec l'empereur, Vibius Crispus répondit non sans esprit: "Non, pas même une mouche" !

Curions (XXXVII 3). Gaius Scribonius Curio fut consul en 76 a.C. Cf. Br. 210 : Curio ... splendidioribus fortasse uerbis utebatur et ... Latine non pessume loquebatur usu credo aliquo domestico. Nam litterarum admodum nihil sciebat. Curion ... usait d'expressions assez brillantes et ne parlait pas mal du tout le latin. C'était dû, à mon avis, à son milieu familial, car en littérature il n'y connaissait absolument rien. Ibid. 234 : Curio ... copia nonnulla uerborum, nullo alio bono, tenuit oratorum locum. Curion, ... c'est pour sa facilité d'élocution, mais sans avoir aucune autre qualité qu'il prit place parmi les orateurs. Son fils, qui portait le même nom, partisan de César, mourut en Afrique en 49 au cours de guerre contre le roi Juba I de Numidie. Cf. Br. 280 : (Curio) ita facile soluteque uerbis uoluebat satis interdum acutas, crebras quidem certe sententias, ut nihil posset ornatius esse, nihil expeditius. Atque hic parum a magistris institutus naturam habuit admirabilem ad dicendum. Industriam non sum expertus, studium certe fuit. Qui si me audire uoluisset, ut coeperat, honores quam opes consequi maluisset. (Curion) se montrait volubile avec tant de facilité et de naturel en exprimant des idées maintes fois pénétrantes, pour le moins toujours abondantes, qu'on ne pouvait rien entendre de plus élégant, rien de plus aisé. Ses maîtres ne l'avaient guère formé, mais il avait une merveilleuse faculté innée pour l'éloquence. Je n'ai pas connu son activité, mais bien son ardeur. S'il avait voulu m'écouter, comme il avait commencé, il aurait préféré les honneurs aux richesses. (Cicéron était proconsul de Cilicie au moment du tribunat du jeune Curion en 50 a.C.). Cf. Calvus.

Decius (XXI 6). Il s'agit de Gnaeus Decius (ou Decidius/Decitius) Samnis, proscrit par Lucius Sylla et défendu par César, et qui est cité aussi par Cicéron en 66 a.C. dans le Pro Cluentio LIX 161.

Défense d'Aulus Caecina (XX 1) (69 a.C.) Pro Caecina. Discours de Cicéron traitant d'une affaire d'héritage.

Défense de Marcus Tullius (XX 1) (72 ou 71 a.C.) Pro Tullio. Discours de Cicéron traitant d'une question d'indemnité.

Deiotarius (XXI 6) Tétrarque de Galatie et partisan de Pompée, il fut accusé d'avoir tenté d'assassiner César, en présence duquel Brutus prononça son Pro Rege Deiotario à Nicée en 47 a.C. Cicéron prit également sa défense en 45 a.C.

Démosthène (XII 5 ; XIV 5 ; 6 ; XV 3 ; XXXII 5 (influence de Platon Cf. Or IV 14) ; XXXVII 6) (384-322 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Quintilien le cite comme le premier des orateurs parmi les Grecs. Cf. I.O. X 1, 76 : Sequitur oratorum ingens manus, ut cum decem simul Athenis aetas una tulerit. Quorum longe princeps Demosthenes ac paene lex orandi fuit : Tanta uis in eo, tam densa omnia, ita quibusdam neruis intenta sunt, tam nihil otiosum, is dicendi modus, ut nec quod desit in eo nec quod redundet inuenias. Vient ensuite une multitude d'orateurs car il y en eut à Athènes jusqu'à dix à la fois à la même époque. Parmi ceux-ci Démosthène fut de loin le plus important et pratiquement la loi de l'éloquence : il y a en lui une telle puissance, une telle densité, tant dirais-je de tension qui ne laisse aucun temps mort, il s'exprime de manière telle qu'on n'y trouve rien qui soit insuffisant ou superflu. Cf. I. O. X 1, 105.

Diodote (XXX 3). Cf. Br. 309 sv : Eram cum Stoico Diodoto, qui cum habitauisset apud me mecumque uixisset, nuper est domi meae mortuus. A quo cum in aliis rebus tum studiosissime in dialectica exercebar, quae quasi contracta et astricta eloquentia putanda est ; sine qua etiam tu, Brute, iudicauisti te illam iustam eloquentiam, quam dialecticam esse dilatatam putant, consequi non posse. huic ego doctori et eius artibus uariis atque multis ita eram tamen deditus ut ab exercitationibus oratoriis nullus dies uacuus esset. J'étais avec le Stoïcien Diodote. Il habitait chez moi et vivait avec moi et c'est dans ma maison qu'il vient de mourir. C'est lui qui me faisait faire toute sorte d'exercices, avec une attention toute particulière pour la dialectique, qui est à considérer comme une sorte d'éloquence resserrée et ramassée. Car sans elle, – c'est aussi, Brutus, ton avis – on ne peut atteindre l'éloquence elle-même, qui est une dialectique développée. C'est à ce savant et à ses connaissances variées et nombreuses que je me consacrais tout en ne laissant passer aucun jour sans exercices oratoires. Cf. Stoïciens.

Dolabella (Gnaeus Cornelius) (XXXIV 7). Partisan de Lucius Sylla, il fut, après avoir gouverné la Macédoine, accusé en 77 a.C de concussion par César. Cf. Suétone, César 4, 1 : Ceterum composita seditione ciuili Cornelium Dolabellam consularem et triumphalem repetundarum postulauit absolutoque Rhodum secedere statuit, et ad declinandam inuidiam et ut per otium ac requiem Apollonio Moloni, clarissimo tunc dicendi magistro, operam daret.  Une fois la guerre civile apaisée, il (César) accusa le consulaire Cornelius Dolabella, qui avait reçu le triomphe de concussion. Mais l'accusé fut blanchi, et César décida de se retirer à Rhodes, à la fois pour échapper à la malveillance et pour y consacrer ce moment d'inactivité et de calme aux cours d'Apollonius Molon, le plus célèbre rhéteur de ce temps-là.

Domitius (III 4). Il s'agit d'une autre tragédie à sujet romain ou praetextata ayant vraisemblablement pour héros Lucius Domitius Ahenobarbus, qui fut consul en 54 a.C. C'était un ennemi acharné de César. Fait prisonnier à Corfinium, il fut gracié par César, mais rejoignit les rangs de Pompée et mourut en 48 a.C., soit au cours de la bataille de Pharsale soit lors de la déroute qui s'ensuivit. Il est considéré avec Caton d'Utique comme l'un des martyrs les plus représentatifs de la liberté républicaine.

Éphèse et Mytilène (XV 3) abritaient au 1er siècle a.C. des écoles d'éloquence de type asiatique.

Épicure (XXXI 6) (342/1-270 a.C.). Biographie et doctrine cf. Wikipédia; Mémo. Les Épicuriens recouraient beaucoup aux maximes. Métrodore de Lampsaque (XXXI 6) fut le disciple le plus célèbre du maître au point qu'on le surnomma le deuxième Épicure. Il mourut en 277 a.C.

Eschine (XV 3) (vers 390 - après 330 a.C.). Tardive, sa carrière d'orateur débuta en 348. D'abord hostile à Philippe, il comprit que les Grecs ne soutiendraient pas Athènes dans sa lutte contre les Macédoniens et devint alors partisan de la paix. Après s'être rendu en ambassade auprès de Philippe en 346 et avoir été accusé par la suite par Démosthène de prévarication dans l'ambassade, il fut acquitté. Après s'être prononcé contre l'octroi d'une couronne d'or à Démosthène (337/6), il fut débouté au procès qui n'eut lieu qu'en 330 et s'exila en Asie Mineure. Il reste de lui trois discours, appelés dans l'Antiquité "les trois Grâces" (Contre Timarque, Sur l'Ambassade, Contre Ctésiphon). Vu qu'Eschine était l'adversaire de Démosthène (Cf. I.O. X 1, 22), son talent, comparable à celui de ce dernier, qui le redoutait, n'a pas toujours été apprécié à sa juste valeur. Cf. I.O. X 1, 77 : Plenior Aeschines et magis fusus et grandiori similis quo minus strictus est, carnis tamen plus habet, minus lacertorum. Eschine montre plus de plénitude, plus d'abondance, et semble d'autant plus grand qu'il est moins ramassé, néanmoins il a plus de chair que de muscles.

Euripide (480-406) et Sophocle (XII 5) (498-405) sont, avec Eschyle (525 ?-456), les plus connus des auteurs tragiques grecs et, tout en étant contemporains, ils ont l'un et l'autre une manière fort différente. Cf. I.O X 1, 67-68 : Sed longe clarius inlustrauerunt hoc opus Sophocles atque Euripides, quorum in dispari dicendi uia uter sit poeta melior inter plurimos quaeritur. Idque ego sane, quoniam ad praesentem materiam nihil pertinet, iniudicatum relinquo. Illud quidem nemo non fateatur necesse est, iis qui se ad agendum comparant utiliorem longe fore Euripiden. 68. Namque is et sermone (quod ipsum reprehendunt quibus grauitas et coturnus et sonus Sophocli uidetur esse sublimior) magis accedit oratorio generi, et sententiis densus, et in iis quae a sapientibus tradita sunt paene ipsis par, et in dicendo ac respondendo cuilibet eorum qui fuerunt in foro diserti comparandus, in adfectibus uero cum omnibus mirus, tum in iis qui miseratione constant facile praecipuus. Sophocle et Euripide ont bien plus brillamment illustré l'art de la tragédie. On cherche souvent à déterminer qui des deux, malgré leur différence de style, est le meilleur poète. Cette question, je la laisse en suspens parce qu'elle ne sert pas mon propos. Voilà ce que tout le monde doit bien reconnaître : Euripide est sans conteste plus utile à ceux qui se destinent au barreau. 68. En effet, son style – et c'est justement ce que lui reprochent ceux à qui la gravité, le cothurne et le ton de Sophocle semblent avoir plus d'élévation – se rapproche plus du genre oratoire : il est plein de maximes et dans les préceptes de sagesse, il est presque égal aux philosophes. Dans les échanges entre ses personnages, je le trouve comparable aux orateurs du forum les plus habiles à parler. Il excelle dans l'expression de tous les sentiments, mais par dessus tout de ceux qui relèvent de la pitié.

Gabinianus (Sextus Iulius) (XXVI 9). Rhéteur originaire de la Gaule, contemporain de Quintilien, il fut particulièrement apprécié par Suétone. Cf. De Rhetoribus 15 (résumé par saint Jérôme dans sa Chronique d'Eusèbe) : Sex. Iulius Gabinianus * Gabinianus celeberrimi nominis rhetor in Galliis docuit (a. 829. 830). Gabinianus, rhéteur de très grand renom enseigna en Gaule.

Gaius Carbo (XVIII 1 ; XXXIV 7). C'est vraisemblablement un contemporain de Servius Galba. Quintilien cite en exemple sa persévérance dans les exercices oratoires. Cf. I.O. X 7, 27 : Studendum uero semper et ubique. Neque enim fere tam est ullus dies occupatus ut nihil lucratiuae, ut Cicero Brutum facere tradit, operae ad scribendum aut legendum aut dicendum rapi aliquo momento temporis possit: siquidem C. Carbo etiam in tabernaculo solebat hac uti exercitatione dicendi. Enfin, l'étude est requise partout et toujours. Rares en effet sont les journées si remplies, qu'on ne puisse ravir à une activité profitable quelques instants, comme Brutus, selon Cicéron, le faisait pour lire ou écrire ou parler. Ainsi Gaius Carbo avait coutume, même dans sa tente, de s'exercer à parler.

Gaius Cornelius (XXXIX 5). Tribun en 67 a.C., il fut accusé en 65 de lèse-majesté. Cicéron le défendit dans deux discours dont ne subsistent que des fragments.

Gallion (XXVI 1). Il s'agirait du déclamateur L. Iunius Gallio, ami d'Ovide et de Sénèque le Rhéteur, dont il adopta le fils aîné. Il était l'auteur d'un traité de rhétorique et de déclamation. Cf. GoBo n. 2 p. 53.

Gracques (Tiberius Sempronius Gracchus [162-133 a.C.] et son frère Gaius [154-121 a.C.], dits les) (XXVIII 6 ; XL 4). Biographie cf. Wikipédia. Gracchus (Gaius Sempronius) (XVIII 2 ; XXVI 1) Cf. Br. XXXII, 125-126 (qui a inspiré directement XVIII 2) : Sed ecce in manibus uir et praestantissimo ingenio et flagranti studio et doctus a puero C. Gracchus : noli enim putare quemquam, Brute, pleniorem aut uberiorem ad dicendum fuisse. Et ille : Sic prorsus, inquit, existumo atque istum de superioribus paene solum lego. Immo plane, inquam, Brute, legas censeo. Damnum enim illius immaturo interitu res Romanae Latinaeque litterae fecerunt. 126. Utinam non tam fratri pietatem quam patriae praestare uoluisset. Quam ille facile tali ingenio, diutius si uixisset, uel paternam esset uel auitam gloriam consecutus! Eloquentia quidem nescio an habuisset parem neminem. Grandis est uerbis, sapiens sententiis, genere toto grauis. Manus extrema non accessit operibus eius : praeclare inchoata multa, perfecta non plane. Legendus, inquam, est hic orator, Brute, si quisquam alius, iuuentuti. Non enim solum acuere, sed etiam alere ingenium potest. Mais voici devant nous un homme aux dons exceptionnels, qui brûle de passion pour son activité et formé dès l'enfance. C'est Caius Gracchus. Oui, ne pense pas, Brutus, que quiconque eût jamais éloquence plus épanouie et plus riche. - Je suis tout à fait d'accord, répondit Brutus, je ne lis pratiquement que lui parmi les anciens - Bravo, Brutus, dis-je, je juge bon que tu le lises. Quelle perte pour l'État romain et les lettres latines que sa disparition prématurée ! Si seulement il avait moins écouté son affection pour son frère que son amour pour la patrie ! Comme, avec un tel génie, il aurait facilement atteint, en vivant plus longtemps, la gloire de son père et de son aïeul ! En éloquence, je doute qu''il ait jamais eu d'égal. Chez lui, l'expression est sublime, la pensée profonde, l'ensemble plein de gravité. Il n'a pu mettre la dernière main à ses oeuvres : que d'esquisses merveilleuses n'ont pas reçu d'achèvement ! J'insiste, c'est cet orateur, Brutus, que les jeunes doivent lire, avant tout autre. Il est là non seulement pour affiner les esprits, mais aussi les nourrir.. I.O. I 10, 27 : C. Gracchi, praecipui suorum temporum oratoris. Caius Gracchus le premier des orateurs de leur temps. Cf. I.O. XII 10, 10. Quintilien retient aussi le caractère perturbateur de leur action. Cf. I.O. III 7, 21. Tacite fait de même. Cf. Ann. III 27, 3 Gracchi... turbatores plebis Les Gracques... fauteurs de troubles auprès de la plèbe.

Helvidius Priscus (V 6). Tacite manifeste une admiration toute particulière pour ce personnage marqué par le Stoïcisme. Cf. Hist. IV 5, 2 -6, 1 : Heluidius Priscus... ingenium inlustre altioribus studiis iuuenis admodum dedit, non, ut plerique, ut nomine magnifico segne otium uelaret, sed quo firmior aduersus fortuita rem publicam capesseret. 3. Doctores sapientiae secutus est, qui sola bona quae honesta, mala tantum quae turpia, potentiam nobilitatem ceteraque extra animum neque bonis neque malis adnumerant. 4. Quaestorius adhuc a Paeto Thrasea gener delectus e moribus soceri nihil aeque ac libertatem hausit, ciuis, senator, maritus, gener, amicus, cunctis uitae officiis aequabilis, opum contemptor, recti peruicax, constans aduersus metus. 6, 1. Erant quibus adpetentior famae uideretur, quando etiam sapientibus cupido gloriae nouissima exuitur. Helvidius Priscus... consacra, tout jeune encore, aux plus hautes études son brillant génie, non pas, comme beaucoup d'autres, pour cacher une oisiveté paresseuse sous une dénomination qui en impose, mais pour embrasser la vie politique aguerri contre le sort. 3. Il se rallia aux sages qui n'appellent bien que ce qui est moral, mal que ce qui est déshonorant, et qui ne comptent la puissance, la noblesse, et tout ce qui est hors de l'âme, au rang ni des biens ni des maux. 4. Il n'avait exercé que la questure quand il fut choisi comme gendre par PaetusThraséa. Il emprunta surtout au mode de vie de son beau-père l'indépendance. Citoyen, sénateur, époux, gendre, ami, il s'acquitta avec constance de tous les devoirs de la vie. Il méprisait les richesses, il se montrait opiniâtre dans le bien et inébranlable devant la crainte. 6. Quelques-uns le trouvaient un peu trop désireux de renommée : il est vrai que le désir de la gloire est le dernier auquel même le sage renonce. Tribun du peuple en 56, il fut compromis avec Paetus Thrasea, notamment par l'entremise du délateur Eprius Marcellus, et banni d'Italie. Cf. Ann. XVI 28 ; 29 ; 33 ; 35. À son retour, il s'attaqua brillamment à Marcellus, mais céda aux prières des autres sénateurs. Cf. Hist. IV 6 : Ruina soceri in exilium pulsus, ut Galbae principatu rediit, Marcellum Eprium, delatorem Thraseae, accusare adgreditur. Ea ultio, incertum maior an iustior, senatum in studia diduxerat : nam si caderet Marcellus, agmen reorum sternebatur. Primo minax certamen et egregiis utriusque orationibus testatum. Mox dubia uoluntate Galbae, multis senatorum deprecantibus, omisit Priscus, uariis, ut sunt hominum ingenia, sermonibus moderationem laudantium aut constantiam requirentium. Contraint à l'exil par la perte de son beau-père, il revint sous Galba et entreprit d'accuser Marcellus Eprius, délateur de Thraséa. Cette vengeance, dont on ne sait si elle était plus grande que juste, avait divisé les sénateurs : si Marcellus tombait, une armée d'inculpés s'abattait avec lui. L'échange se fit d'abord menaçant, ce dont témoignent les discours exceptionnels de l'un et de l'autre. Ensuite, doutant de l'appui de Galba, Helvidius céda aux demandes de clémence de nombreux sénateurs et se désista. Les gens, comme toujours, le jugèrent diversement : les uns louaient sa modération, les autres regrettaient son manque de fermeté. Il se distingua sous Vitellius et sous Vespasien par une attitude indépendante qui finit par irriter le second, qui le condamna à la relégation, puis à mort, ce dont il se repentit trop tard. Cf. Suétone, Vesp. 15 3 : Hunc... quamuis relegatum primo, deinde et interfici iussum, magni aestimauit seruare quoquo modo, missis qui percussores reuocarent et seruasset, nisi iam perisse falso renuntiatum esset. Certum neque caede cuiusquam umquam laetatus, iustis suppliciis inlacrimauit etiam et ingemuit. Tout en ayant d'abord condamné celui-ci (Helvidius Priscus) à l'exil, il avait ensuite ordonné de l'exécuter. Il jugea alors important de le sauver à tout prix et fit prévenir les sicaires. Il aurait sauvé Hevidius, sans la fausse nouvelle qu'il était déjà mort. Au reste, il ne se réjouissait jamais de la mort de personne, et se prenait à pleurer et à gémir en prononçant les plus justes supplices. Cf. Dion Cassius 67, 13, 2.

Hermagore de Temnos (2e s. a.C.) (XIX 3). Auteur d'un traité de rhétorique en six volumes qui présente une classification très élaborée des types de cause et dont, selon Quintilien, Cicéron s'inspira pour ses propres traités d'art oratoire. Cf. I.O. III 11, 18 ... Cicero... in rhetoricis Hermagoran est secutus. Cicéron dans ses traités de rhétorique a suivi Hermagore. Cf. Apollodore.

Homère (XII 4). Poète épique et aède grec du 8e siècle a.C., probablement originaire d'Asie Mineure, à qui on attribua l'Iliade et l'Odyssée. Cf. Wikipédia. Quintilien lui compare Virgile en tant qu'auteur de l'Énéide. Cf. I.O. X 1, 86.

Horace (Quintus Horatius Flaccus, dit) (XX 5) (65-8 a.C.). Cf. Espace Horace. Quintilien l'apprécie particulièrement comme poète satirique par rapport à Lucilius. Cf. I.O. X 1 94 : Multum est tersior ac purus magis Horatius et, nisi labor eius amore, praecipuus. Horace est bien plus châtié et plus pur, et, à moins que je me laisse aller à l'amour que j'ai pour lui, il occupe le premier rang. Il l'apprécie aussi dans d'autres formes de poésie. Ibid. 96 : Iambus non sane a Romanis celebratus est ut proprium opus, quibusdam interpositus : cuius acerbitas in Catullo, Bibaculo, Horatio (quamquam illi epodos interuenit) reperiatur. At lyricorum idem Horatius fere solus legi dignus : nam et insurgit aliquando et plenus est iucunditatis et gratiae et uarius figuris et uerbis felicissime audax. L'ïambe n'a certes pas été utilisé par les Romains comme une forme de poésie à part entière. Son caractère mordant mêlé à d'autres vers apparaît chez certains poètes, tels Catulle, Bibaculus, Horace – toutefois chez ce dernier on trouve aussi l'épode. Parmi les poètes lyriques, Horace est presque le seul qui mérite d'être lu. Car il lui arrive de s'élever et n'est que charme et grâce. De même ses figures de style sont variées et ses expressions d'une hardiesse très réussie.

Hortensius (Quintus Hortalus) (114-50 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Il fut le plus illustre orateur de son temps jusqu'à ce que Cicéron l'emportât sur lui avec le Pro Quinctio en 81 a.C. et surtout lors du procès de Verrès. Ils restèrent néanmoins amis. Il fut préteur en 72 et consul en 69 a.C. Il défendit en 58 Cicéron alors en exil et plaida avec lui lors du procès de Milon en 52. Les discours d'Hortensius se distinguaient par des divisions méthodiques et des récapitulations, jusqu'alors inusitées. Abondante et brillante, son éloquence représentait le modèle du genre asiatique, mais déclina vers la fin de sa vie. Rien n'a survécu de son oeuvre. Il fut très admiré par Cicéron. Cf. Br. 228 sv : Q. Hortensi admodum adulescentis ingenium ut Phidiae signum simul aspectum et probatum est. 229. Is L. Crasso Q. Scaeuola consulibus primum in foro dixit et apud hos ipsos quidem consules, et cum eorum qui adfuerunt tum ipsorum consulum, qui omnibus intellegentia anteibant, iudicio discessit probatus. Undeuiginti annos natus erat eo tempore. Est autem L. Paullo C. Marcello consulibus mortuus. Ex quo uidemus eum in patronorum numero annos quattuor et quadraginta fuisse. Alors que Quintus Hortensius n'était qu'un tout jeune homme, son génie, à l'instar d'une statue de Phidias, à peine découvert fut aussitôt reconnu. C'est sous le consulat de Crassus et de Scévola qu'il plaida pour la première fois au forum devant les consuls en personne. Or non seulement tout l'auditoire, mais aussi les consuls eux-mêmes, qui par leurs connaissances en la matière dépassaient tout le monde, jugèrent quand il eut fini qu'il avait donné le meilleur de lui-même. Il n'avait alors que dix-neuf ans. Or il est mort sous le consulat de Lucius Paullus et de Caius Marcellus. Il compta donc parmi les avocats durant quarante-quatre ans. Ibid. 301-303 : Primum memoria tanta, quantam in nullo cognouisse me arbitror, ut quae secum commentatus esset, ea sine scripto uerbis eisdem redderet, quibus cogitauisset. Hoc adiumento ille tanto sic utebatur, ut sua et commentata et scripta et nullo referente omnia aduersariorum dicta meminisset. 302. Ardebat autem cupiditate sic ut in nullo umquam flagrantius studium uiderim. Nullum enim patiebatur esse diem quin aut in foro diceret aut meditaretur extra forum. Saepissume autem eodem die utrumque faciebat. adtuleratque minime uolgare genus dicendi. Duas quidem res quas nemo alius : partitiones, quibus de rebus dicturus esset, et conlectiones, memor et quae essent dicta contra quaeque ipse dixisset. 303. Erat in uerborum splendore elegans, compositione aptus, facultate copiosus eaque erat cum summo ingenio tum exercitationibus maxumis consecutus. Rem complectebatur memoriter, diuidebat acute, nec praetermittebat fere quicquam quod esset in causa aut ad confirmandum aut ad refellendum. Vox canora et suauis, motus et gestus etiam plus artis habebat quam erat oratori satis. Tout d'abord sa mémoire si vaste, que je ne crois avoir trouvée chez aucun autre, lui permettait de reproduire sans notes ce qu'il avait médité et dans les mêmes termes que sa préparation. Grâce à ce soutien, il pouvait se rappeler ce qu'il avait préparé et écrit, et même et sans s'en référer à personne, tous les propos de ses adversaires. ll brûlait d'une ardeur telle que je n'ai jamais vu chez personne pareille force de travail. Il ne supportait pas de passer un jour sans plaider au forum ou s'exercer hors du forum. Très souvent, il faisait l'un et l'autre au cours de la même journée. En outre, il avait introduit une forme d'exposé guère répandu en recourant seul à deux pratiques, à savoir des divisions pour présenter les sujets qu'il allait aborder, et des récapitulations, où il rappelait les arguments qu'on lui avait opposés et ceux qu'ils avait développés. Il se montrait élégant dans l'éclat des mots, habile dans leur arrangement, son talent oratoire le rendait abondant. Tout cela il le possédait grâce à son intelligence supérieure certes, mais aussi à des exercices sans fin. Il embrassait une affaire de mémoire, la divisait avec pertinence et ne laissait quasiment rien passer qui dans la cause puisse servir de confirmation ou de réfutation. En plus d'une voix harmonieuse et charmeuse, il mettait dans ses mouvements et ses gestes plus de recherche qu'il ne le faut pour un orateur. Cf. I.O. IV 5, 20; X 6, 4. Quintilien fait allusion aussi au talent oratoire de sa fille Hortensia. Cf. I.O. I 1,6 : Et Laelia C. filia reddidisse in loquendo paternam elegantiam dicitur, et Hortensiae Q. filiae oratio apud triumuiros habita legitur non tantum in sexus honorem. Laelia, la fille de Gaius reproduisait, dit-on, l'élégance paternelle dans son parler. Enfin, on ne le lit pas seulement pour rendre hommage à une dame le discours qu'Hortensia, la fille de Quintus, a tenu aux triumvirs.

Hortensius (XVI 7). Traité de Cicéron aujourd'hui perdu, où il ripostait aux attaques d'Hortensius contre la philosophie.

Hypéride (XII 5 ; XVI 5 ; XXV 3) (389-322 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Élève d'Isocrate, il se fit d'abord logographe. Adversaire des Macédoniens, il continua la résistance plus longtemps que Démosthène. Fait prisonnier par ceux-ci, après la défaite des Grecs à Crannon en 322, il fut condamné par le régent Antipater. De son oeuvre survivent surtout des plaidoyers de logographe à l'état lacunaire. On garde le jugement de Quintilien sur son oeuvre. Cf. I.O. X 1, 77 : dulcis in primis et acutus Hyperides, sed minoribus causis, ut non dixerim uilioribus, magis par. Hypéride est particulièrement agréable et pénétrant tout en étant mieux adapté à des causes de moindre importance, pour ne pas dire plus insignifiantes. Cf. Messalla.

Laelius (Gaius) (XXV 7). En fait Aper en XVIII 1 ne l'avait pas cité en faisant allusion à Servius Galba, qui lui est ici associé (comme dans une anecdote rapportée par Cicéron. Cf. Br. 85 -89). Or sans qu'il apparaisse en XVIII 1 dans le texte établi par H. Goelzer, le nom de Laelius est toutefois inséré dans la traduction d'H. Bornecque. Cf. GoBo p. 43. Ami de Scipion Émilien (cf. Wikipédia ; Mythologica), il fut consul en 140 a.C. Cicéron lui reproche archaïsme et rudesse dans l'expression tout en louant sa vivacité d'esprit et sa culture. Cf. Br. 83 : De ipsius Laeli et Scipionis ingenio quamquam ea est fama  ut plurimum tribuatur ambobus, dicendi tamen laus est in Laelio inlustrior... sed multo tamen uetustior et horridior ille quam Scipio et cum sint in dicendo uariae uoluntates delectari mihi magis antiquitate uidetur et lubenter uerbis etiam uti paulo magis priscis Laelius. Parlons du talent de Laelius lui-même et de Scipion : quoique l'opinion générale en attribue énormément à tous les deux, cependant la réputation d'orateur de Laelius est plus brillante, ... mais, quand même, il est bien plus archaïque et plus rébarbatif que Scipion. Or, étant donné la variété des goûts en matière d'art oratoire, Laelius me semble se complaire davantage dans le passé et même user volontiers d'un vocabulaire plutôt vieillot. Cf. I.O. XII 10, 10. Sa fille Laelia brilla aussi par son talent oratoire. Cf. I.O. X 1, 6 ; Lucilius.

Lentulus (XXXVII 3). La famille des Lentuli compta divers hommes politiques, que Cicéron a cités comme orateurs : consul en 72 a.C., Gnaeus Cornelius Lentulus Clodianus, exerça la censure en 70 et fut légat de Pompée lors de la guerre contre les pirates. Son frère Publius Cornelius Lentulus Sura, consul en 71, prit part à la conjuration de Catilina et fut exécuté sur l'ordre de Cicéron en 63. Cf. Br. 234-235 : Cn. autem Lentulus multo maiorem opinionem dicendi actione faciebat quam quanta in eo facultas erat. Qui cum esset nec peracutus, quamquam et ex facie et ex uoltu uidebatur, nec abundans uerbis, etsi fallebat in eo ipso, sic interuallis, exclamationibus, uoce suaui et canora, (crux) ... calebat in agendo, ut ea quae derant non desiderarentur. Ita tamquam Curio copia nonnulla uerborum, nullo alio bono, tenuit oratorum locum, (235) sic Lentulus ceterarum uirtutum dicendi mediocritatem actione occultauit, in qua excellens fuit. Nec multo secus P. Lentulus, cuius et excogitandi et loquendi tarditatem tegebat formae dignitas, corporis motus plenus et artis et uenustatis, uocis et suauitas et magnitudo. Sic in hoc nihil praeter actionem fuit, cetera etiam minora quam in superiore. Homme d'action, Cnaeus Lentulus donnait l'impression d'un talent sensiblement supérieur à celui qu'il avait réellement. Il n'était pas particulièrement fin, alors que son aspect et son visage suggéraient le contraire, et avait une élocution limitée, tout en donnant là encore le change. Mais en ménageant des pauses, en poussant des exclamations, en jouant de sa voix agréable et harmonieuse, il boutait un tel feu à l'action oratoire, qu'on ne déplorait pas ses lacunes. Ainsi, de même que Curion dut sa place d'orateur à une certaine abondance verbale et à aucune autre qualité, ainsi Lentulus voila l'insignifiance de toutes ses autres facultés d'élocution sous l'action oratoire où il se montrait hors pair. À peu près dans la même ligne, Publius Lentulus, qui cachait sa lenteur aussi bien d'esprit que de parole sous la noblesse de son bel aspect, la grâce qui imprégnait ses mouvements étudiés, l'agrément et l'amplitude de sa voix, ne valait rien en dehors de l'action oratoire et se révélait même pour tout le reste inférieur au précédent.  Deux autres frères de la même famille, Publius Cornelius Lentulus Spinther et Lucius Cornelius Lentulus Crus, exercèrent le consulat, le premier en 57, l'autre en 49 a.C. Cf. Br 268 : Duo praeterea Lentuli consulares, quorum Publius ille nostrarum iniuriarum ultor, auctor salutis, quicquid habuit, quantumcumque fuit, illud totum habuit e disciplina. Instrumenta naturae deerant, sed tantus animi splendor et tanta magnitudo, ut sibi omnia quae clarorum uirorum essent non dubitaret asciscere eaque omni dignitate obtineret. L. autem Lentulus satis erat fortis orator, si modo orator, sed cogitandi non ferebat laborem. Vox canora, uerba non horrida sane, ut plena esset animi et terroris oratio. Quaereres in iudiciis fortasse melius, in re publica quod erat esse iudicares satis. Il y a encore les deux Lentuli consulaires. Le premier, Publius, lui qui vengea les injustices que j'ai subies et à qui j'ai dû mon salut, tout ce qu'il obtint, de quelqu'importance que ce fût, tout cela il l'obtint par l'étude. Les dons naturels lui manquaient, mais il avait une personnalité si grande et si imposante, que tout ce qui relève des grands hommes, il n'hésitait pas à le revendiquer et à l'obtenir en faisant valoir tout son mérite. Quant à Lucius Lentulus, c'était un orateur assez courageux, si du moins c'était un orateur, mais il ne supportait pas l'effort de la réflexion. Sa voix était harmonieuse, son vocabulaire n'était certes pas rébarbatif, de telle sorte que son discours était plein d'emportement et faisait peur. Sans doute, on aurait pu pour le barreau trouver mieux, on l'aurait sur le plan politique jugé suffisant. Citons aussi Gnaeus Cornelius Lentulus Marcellinus, consul en 56. Cf. Br. 247 : Cn. autem Lentulus Marcellinus nec umquam indisertus et in consulatu pereloquens uisus est, non tardus sententiis, non inops uerbis, uoce canora, facetus satis. Quant à Cnaeus Lentulus Marcellinus, jamais il ne se montra incapable de s'exprimer, et manifesta pendant son consulat une éloquence toute particulière. La formulation de sa pensée n'était pas laborieuse, ni son vocabulaire pauvre. Il avait une voix harmonieuse et ne manquait pas d'humour.

Lucain (Marcus Annaeus Lucanus, dit) (XX 5) (39-65). Biographie cf. Wikipédia. Il est l'auteur d'un grand nombre de poèmes, d'une tragédie Médée, et d'une épopée, La Pharsale, qui seule a survécu. Devenu l'ennemi de Néron, qui le jalousait sur le plan artistique, il prit part à la conjuration de Pison et, condamné à mort, se suicida. Cf. I.O. X 1, 90 : Lucanus ardens et concitatus et sententiis clarissimus et, ut dicam quod sentio, magis oratoribus quam poetis imitandus. Lucain n'est que flamme et élan, son expression brille de tout son éclat et, pour exprimer le fond de ma pensée, il est plutôt à imiter par les orateurs que par les poètes.

Lucilius (XXIII 2) (Vers 180 - Naples 103 a.C.). Cet auteur satirique, né à Suessa Aurunca dans une famille équestre, était un proche de Laelius et de Scipion Emilien, sous les ordres duquel il servit en Espagne, notamment lors de prise de Numance en 133 a.C. Il composa 30 livres de satires en vers dont il reste des fragments nombreux, mais très courts. Son esprit est très mordant. Cf. Perse I 114 Secuit Lucilius Urbem. Lucilius a charcuté Rome. Son style est plutôt négligé qu'Horace qualifie de lutulentus. Cf. Sat. I 4, 11; I.O. X 1, 93 : Satura quidem tota nostra est in qua primus insignem laudem adeptus Lucilius quosdam ita deditos sibi adhuc habet amatores ut eum non eiusdem modo operis auctoribus sed omnibus poetis praeferre non dubitent. 94. Ego quantum ab illis, tantum ab Horatio dissentio, qui Lucilium "fluere lutulentum" et esse aliquid quod tollere possis putat. Nam et eruditio in eo mira et libertas atque inde acerbitas et abunde salis. La satire n'appartient qu'à nous. Lucilius, son premier représentant, s'y est taillé un grand renom. Aujourd'hui encore, il a des admirateurs si passionnés qu'ils n'hésitent pas à le préférer non seulement aux auteurs de la même veine, mais même à tous les poètes. Pour ma part, je me démarque tout autant d'eux que d'Horace, qui juge que Lucilius coule comme un torrent bourbeux et qu'on pourrait en retirer l'une ou l'autre chose. En effet je lui trouve une érudition étonnante et un franc-parler qui le rend mordant et très spirituel.

Lucrèce (Titus Lucretius Carus, dit) (XXIII 2) (vers 99-55 a.C.). Cf. BCS. Poète latin, auteur du poème didactique De Rerum Natura consacré à la doctrine épicurienne. On peut y voir un prédécesseur du Virgile des Géorgiques. Cf. I.O. X 1, 86-87 où Quintilien le compare à Virgile : Vtar enim uerbis isdem quae ex Afro Domitio iuuenis excepi, qui mihi interroganti quem Homero crederet maxime accedere « secundus » inquit « est Vergilius, propior tamen primo quam tertio. » Et hercule ut illi naturae caelesti atque inmortali cesserimus, ita curae et diligentiae uel ideo in hoc plus est, quod ei fuit magis laborandum, et quantum eminentibus uincimur, fortasse aequalitate pensamus. Ceteri omnes longe sequentur. 87. Nam Macer et Lucretius legendi quidem, sed non ut phrasin, id est corpus eloquentiae, faciant, elegantes in sua quisque materia, sed alter humilis, alter difficilis. Je ne reprendrai ici que les mêmes paroles que j'ai entendu dans ma jeunesse prononcer par Domitius Afer. Je lui demandais quel poète, à son avis, se rapprochait le plus d'Homère : Virgile est le second, me dit-il, mais il est plus proche du premier que du troisième. En effet, par Hercule, de même que nous reconnaissons le génie céleste et divin d'Homère, de même Virgile met plus de soin et d'attention, du fait même qu'il eut à travailler davantage, et dans la mesure où nous sommes perdants en élévation, peut-être le compensons-nous par l'homogénéité de la composition. Tous les autres poètes ne le suivent qu'à bonne distance. 87. Certes, Macer (cf. Wikipédia) et Lucrèce méritent d'être lus, sans inspirer pour autant l'élocution, c'est-à-dire le corps de l'éloquence. Chacun d'eux a traité ses sujets avec goût, mais le premier n'a rien d'élevé, et l'autre est d'un abord difficile.

Lucullus (Lucius Licinius) (XXXVII 3). Souvent invoqué comme le gourmet par excellence, il fut consul en 74 a.C. Il vainquit Mithridate en 71 à Cabira et Tigrane à Tigranorcerte en 69, mais se heurta à une révolte de ses troupes, ce qui permit à Mithridate de reprendre l'offensive. Cf. Pompée. Son frère, Marcus Licinius Lucullus, accéda au consulat en 73. Cf. Br. 222 : L. autem Lucullum etiam acutum, ... M. Lucullum, ... abducamus ex acie id est ab iudiciis et in praesidiis rei publicae, cui facile satis facere possint, conlocemus. Lucius Lucullus qui a aussi l'esprit pénétrant, ... Marcus Lucullus, ... retirons-les de la bataille, autement dit des tribunaux, et plaçons-les dans les forteresses de la république, où ils pourront facilement donner satisfaction.

Lycurgue (XXV 3) (vers 390 - 324 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Orateur athénien, allié de Démosthène dans la lutte contre Philippe de Macédoine. Condamné à mort par Alexandre, il fut gracié grâce à l'intervention de l'orateur Démade, partisan de la paix et des Macédoniens. Seul subsiste un discours de Lycurgue, Contre Léocrate, dont l'argumentation est vigoureuse, à côté de trop nombreuses digressions et surtout de citations trop longues.

Lysias (XII 5; XXV 3) (vers 440-380 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. S'il est cité par Tacite avec des orateurs d'une époque postérieure, c'est pour tenir compte du degré d'appréciation dans lequel il était tenu. Cf. GoBo p. 52 n. 1. Quintilien procède de même en le citant après Démosthène, Eschine et Hypéride. Cf. I.O. X 1, 79 : His aetate Lysias maior, subtilis atque elegans et quo nihil, si oratori satis sit docere, quaeras perfectius: nihil enim est inane, nihil arcessitum, puro tamen fonti quam magno flumini propior. Antérieur à ceux-ci, Lysias est sobre et châtié et, à supposer que le rôle de l'orateur se borne à instruire, on ne peut rien trouver de plus parfait. Chez lui, rien n'est inutile, rien ne manque de naturel. Cependant on le comparerait plutôt à une source limpide qu'à un grand cours d'eau.

Marc Antoine (Marcus Antonius Orator) (décédé en 87 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Cf. Br. 138; 143; I.O. III 1, 19.

Marcellus (Titus Clodius Eprius) (V 7 ; VIII 1 ; 3; XIII 4). Personnage que Tacite déteste particulièrement, il sévit comme délateur sous le règne de Néron, causant notamment la perte de Paetus Thrasea, et ensuite sous celui de Vespasien. Il fut en 70, sous le règne de Galba, pris à partie lors d'une séance au sénat par le gendre de Thrasea, Helvidius Priscus. Celui-ci cependant, contrairement à ce qu'affirme Aper (V 7), ne se serait pas fait défaire par Marcellus selon Hist. IV 6 sv, Tacite faisant allusion à egregiis utriusque orationibus. Accusé plus tard (79) de conspirer contre Vespasien, il se suicida (Dion Cassius LXV 16).

Marcus Crassus (XXXVII 2) (Marcus Licinius Crassus Diues, dit) (115-53). Homme politique romain, particulièrement riche et influent, qui forma à partir de 60 a.C., avec César et Pompée, le premier triumvirat. Biographie cf. Wikipédia. Cicéron en parle en tant qu'orateur. Cf. Br. LXV 233 :  Is igitur mediocriter a doctrina instructus, angustius etiam a natura, labore et industria et quod adhibebat ad obtinendas causas curam etiam et gratiam, in principibus patronis aliquot annos fuit. In huius oratione sermo Latinus erat, uerba non abiecta, res compositae diligenter, nullus flos tamen neque lumen ullum, animi magna, uocis parua contentio, omnia fere ut similiter atque uno modo dicerentur. Celui-ci (Crassus) était médiocrement pourvu par sa formation et encore plus chichement par la nature. C'est en se donnant du mal, en s'appliquant, en s'impliquant et en usant de son crédit pour gagner ses causes, qu'il compta pendant plusieurs années parmi les avocats en vue. Son usage du latin était correct, son vocabulaire sans platitude, ses arguments soigneusement présentés. Cependant il n'y mettait aucune fioriture, aucun ornement. Si sa personnalité était forte, sa voix l'était bien moins : il débitait quasiment tout de la même façon et sur le même ton.

Mécène (Gaius Cilnius Maecenas, dit) (XXVI 1). Proche d'Auguste, il promouvait les arts et les lettres et protégea tout particulièrement Horace et Virgile. Biographie cf. Wikipédia. Sénèque en dresse un portrait peu flatteur dans la ligne de la remarque de Messalla. Cf. Ep. 114, 4 sv. : Quomodo Maecenas uixerit notius est quam ut narrari nunc debeat quomodo ambulauerit, quam delicatus fuerit, quam cupierit uideri, quam uitia sua latere noluerit. Quid ergo ? Non oratio eius aeque soluta est quam ipse discinctus ? Non tam insignita illius uerba sunt quam cultus, quam comitatus, quam domus, quam uxor ? Magni uir ingenii fuerat si illud egisset uia rectiore, si non uitasset intellegi, si non etiam in oratione difflueret. Videbis itaque eloquentiam ebrii hominis inuolutam et errantem et licentiae plenam... 7. Maxima laus illi tribuitur mansuetudinis : pepercit gladio, sanguine abstinuit, nec ulla alia re quid posset quam licentia ostendit. Hanc ipsam laudem suam corrupit istis orationis portentosissimae deliciis; apparet enim mollem fuisse, non mitem. 8. Hoc istae ambages compositionis, hoc uerba transuersa, hoc sensus miri, magni quidem saepe sed eneruati dum exeunt, cuiuis manifestum facient. On sait trop bien quel mode de vie adopta Mécène pour ne pas devoir évoquer ici comment il marchait, à quel point il aimait jouir, à quel point il brûlait d'être le point de mire, à quel point il refusait que ses vices demeurassent cachés. Eh bien, son style n'est-il pas aussi relâché qu'il prenait lui-même ses aises, son vocabulaire aussi ostentatoire que ses parures, que ses courtisans, que sa demeure, que son épouse ? C'était un homme plein de dons, si seulement il les avait mieux orientés, s'il n'avait pas évité de se faire comprendre, s'il ne s'était pas dissipé jusque dans son style. C'est pourquoi on lui découvrira l'éloquence obscure et décousue d'un ivrogne, des tournures d'une hardiesse excessive... On rend un très grand hommage à sa mansuétude : il ne s'arma pas de l'épée, il ne fit pas couler de sang, et n'exhiba son pouvoir que par ses débordements. Mais ce mérite même, qui est bien à lui, il l'a desservi par les monstrueux raffinements de son style, qui révèle qu'il était mou et non pas doux. Voilà ce que prouveront clairement ces phrases tout en circonlocutions, ces mots détournés de leur sens, et ces vues étonnantes souvent élevées, certes, mais avilies par leur expression.

Médée (III 4). La magicienne Médée, fille du roi de Colchide et descendante du Soleil, a épousé l'Argonaute Jason (IX 2), dont elle a eu deux fils. Répudiée par Jason, qui a épousé Créuse, fille de Créon, roi de Corinthe, Médée se venge en provoquant la mort de Créuse, mais aussi en tuant de sa propre main ses deux fils. Euripide en a fait le sujet d'une de ses plus célèbres tragédies. Cf. Lucain ; Ovide.

Menenius Agrippa (XVII 1 ; XXI 7). En 494 a.C. lors de la sécession des plébeiens sur le Mont Sacré, Menenius Agrippa réussit à les faire revenir sur leur décision en leur racontant l'apologue des membres et de l'estomac. Cf. Tite-Live II 32, 8 : Placuit igitur oratorem ad plebem mitti Menenium Agrippam, facundum uirum et, quod inde oriundus erat, plebi carum. Is intromissus in castra prisco illo dicendi et horrido modo nihil aliud quam hoc narrasse fertur. On décida donc d'envoyer comme orateur auprès du peuple Menenius Agrippa, homme éloquent et, pour en être issu, aimé de la plèbe. Introduit dans le camp, Menenius n'aurait fait que raconter cet apologue dans la langue rébarbative de cette époque révolue.

Messalla (M. Valerius Corvinus) (XII 5 ; XVII 1). Orateur contemporain d'Asinius Pollion, avec lequel il est cité ailleurs simultanément, décédé vers 7 a.C. Cf.  I.O. X 1, 113 ; I. O. XII 10, 10. Il a traduit aussi en latin avec succès des orateurs grecs, dont Hypéride. Cf. I.O. X 5, 2 : Vertere Graeca in Latinum ueteres nostri oratores optimum iudicabant. Id se L. Crassus in illis Ciceronis de Oratore libris dicit factitasse : id Cicero sua ipse persona frequentissime praecipit, quin etiam libros Platonis atque Xenophontis edidit hoc genere tralatos : id Messalae placuit, multaeque sunt ab eo scriptae ad hunc modum orationes, adeo ut etiam cum illa Hyperidis pro Phryne difficillima Romanis subtilitate contenderet. Traduire du grec en latin, nos anciens orateurs jugeaient cela très profitable. Dans le traité de Cicéron « De l'Orateur », L. Crassus dit qu'il s'y est souvent livré. Cicéron recommande bien des fois cette pratique en son propre nom. Mieux, il publia une traduction d'ouvrages de Platon et de Xénophon. Ainsi pensait aussi Messalla, qui traduisit un grand nombre de plaidoyers, entre autres celui pour Phryné d'Hypéride, avec qui il réussit à rivaliser de cette finesse si difficile pour les Romains. Biographie.

Metellus (Quintus Caecilius Lentulus Celer) (XXXVII 3). Consul en 60 a.C., il était l'époux de Clodia, soeur du tribun Clodius (Cf. Wikipédia) et maîtresse de Catulle sous le pseudonyme de Lesbia. Son frère Quintus Caecilius Lentulus Nepos exerça le consulat en 57 a.C. Cf. Br. 247 : Duo... Metelli, Celer et Nepos non nihil in causis uersati nec sine ingenio nec indocti hoc erant populare dicendi genus adsecuti. Les deux frères Metellus, Celer et Nepos, ont plaidé bien des causes. Sans manquer ni de talent ni de culture, ils adoptèrent l'éloquence dite populaire.

Milon (Titus Annius Milo, dit) (XXXVII 6 ; XXXIX 5). Assassin de Clodius, Milon fut défendu sans succès en 52 a.C. par Cicéron, qui perdit ses moyens au cours de la plaidoirie, ce qui valut à Milon d'être condamné à l'exil. Le Pro Milone, considéré comme le chef-d'oeuvre oratoire de Cicéron est un remaniement profond de ce premier discours inabouti.

Mucien (Gaius Licinius Crassus Mucianus, dit) (XXXVII 2). Il représenta Vespasien à Rome, alors que celui-ci, acclamé empreur, se trouvait encore en Orient. Cf. Agr. VII 4 :Initia principatus ac statum urbis Mucianus regebat, iuuene admodum Domitiano et ex paterna fortuna tantum licentiam usurpante. Dans un premier temps, le pouvoir impérial était exercé à Rome par Mucien, qui avait en main la situation de la ville. Domitien, encore assez jeune, ne profitait de la bonne fortune de son père que pour se méconduire.

Muses (XIII 5) Sous la conduite d'Apollon (Musagète), les neuf Muses, nées de Zeus et de Mnémosyne, protègent et inspirent les arts : Calliope (poésie épique et éloquence), Clio (histoire), Érato (poésie lyrique et érotique), Euterpe (musique), Melpomène (tragédie), Polymnie (hymne et rhétorique), Terpsichore (danse), Thalie (comédie), Uranie (astronomie).

Néron (XI 2) (Lucius Domitius Ahenobarbus, dit) (37-68). Fils de Gnaeus Domitius Ahenobarbus et d'Agrippine la Jeune, elle-même fille de Germanicus, il fut adopté par l'empereur Claude en 50 sous le nom de Nero Claudius Caesar Drusus Germanicus et lui succéda en 54. Son règne, tout en commençant sous des auspices favorables, fut marqué par des excès, des scandales et des forfaits en tout genre, dont notamment le meurtre d'Agrippine la Jeune, sa mère, et celui d'Octavie sa première épouse. En 65, il réprima férocement les membres de la conjuration de Pison, parmi lesquels Paetus Thrasea. Destitué par le sénat en 68, il fut contraint au suicide. Biographie cf. Wikipédia.

Orphée (XII 3). D'origine thrace, ce poète légendaire pré-homérique symbolise l'enchantement de la poésie et sa victoire sur les forces brutes de la nature. On attribuait à Linus, également d'origine thrace, fils d'Apollon et d'Uranie, l'invention du rythme et de la mélodie. Apollon, dieu des arts (Cf. Muses), aurait été, quant à lui, l'hôte du roi Admète à Phères.

Ovide (Publius Ovidius Naso, dit) (XII 6) (43 a.C.-17 P.C.). Biographie cf. Wikipédia. Cf. I.O. X 1, 93 : Elegia... Graecos prouocamus, cuius mihi tersus atque elegans maxime uidetur auctor Tibullus. sunt qui Propertium malint. Ouidius utroque lasciuior, sicut durior Gallus.  L'élégie... nous fait défier les Grecs et parmi ses représentants Tibulle me paraît avoir le goût le plus pur et le style le plus châtié. Certains lui préfèrent Properce. Ovide est plus badin que ces deux poètes de même que Gallus est plus sec. Aujourd'hui perdue, sa tragédie Médée (XII 6) est aussi louée par Quintilien. Cf. I.O. X 1, 98 : Ouidi Medea uidetur mihi ostendere quantum ille uir praestare potuerit si ingenio suo imperare quam indulgere maluisset. La Médée d'Ovide montre quelle grande oeuvre cet auteur aurait pu réaliser s'il avait choisi de dominer son naturel plutôt que d'y céder.

Pacuvius (220-vers 132 a.C.) (XXI 7). Né à Brindes, il était neveu et élève du poète Ennius ([239-169 a.C.] Cf. Wikipédia ; Ennius). Ce dernier l'amena à Rome. Pacuvius y vécut la plus grande partie de sa vie, mais mourut à Tarente. Peintre et poète, il écrivit des tragédies, imitées des Grecs pour la plupart, mais on connaît aussi le titre d'une praetextata, Paulus, probablement inspirée par Paul-Émile ([Lucius Aemilius Paul(l)us, dit]. La survie de son oeuvre se résume à quatre cents (fragments de) vers. Cf. Accius.

Péripatéticiens (XXXI 5). Connus sous cette dénomination, les disciples et successeurs d'Aristote, (qui dans sa Rhétorique avait déterminé les lieux communs), composèrent des manuels présentant l'argumentation pour et contre en réponse à certaines questions. Cf. Wikipédia ; Agora ; Remacle.

Philippiques v. Antoine.

Philon de Larissa (XXX 3). Philosophe grec du 1er siècle a.C., scolarque de la Nouvelle Académie. Cf. Académiciens. Cf. Br. 306 : cum princeps Academiae Philo cum Atheniensium optumatibus Mithridatico bello domo profugisset Romamque uenisset, totum ei me tradidi admirabili quodam ad philosophiam studio concitatus. In quo hoc etiam commorabar adtentius etsi rerum ipsarum uarietas et magnitudo summa me delectatione retinebat, sed tamen sublata iam esse in perpetuum ratio iudiciorum uidebatur. Lors de la guerre de Mithridate, Philon, scolarque de l'Académie avait quitté son pays en compagnie d'aristocrates athéniens et se trouvait à Rome. Ainsi me suis-je livré à lui tout entier en proie à une attirance en quelque sorte étonnante pour la philosophie. Tandis que le plaisir de découvrir la variété des sujets et leur extrême importance m'accrochait, je m'y attardais d'autant plus attentivement que l'organisation régulière des tribunaux semblait être définitivement supprimée. (Cette citation fait allusion à la première guerre entre Lucius Sylla et le roi du Pont, Mithridate VI Eupator en 88 a.C.)

Platon (XXXI 6) (428/7-347 a.C.). Biographie et oeuvre cf. Wikipédia ; Agora ; Philonet ; Bernard Suzanne. Il marqua la carrière d'orateur de Démosthène. Cf. XXXII 5; Or IV 14.  Cicéron parle de l'influence qu'il exerça sur sa propre formation d'orateur Cf. Or. III 12.

Pline le Jeune (Gaius Plinius Secundus, dit) (61-113/114). Biographie Cf. Remacle. Avocat, homme politique et auteur latin, neveu de Pline l'Ancien (ou le Naturaliste auteur d'une Naturalis Historia décédé en 79 à Pompéi). Il compta Quintilien parmi ses maîtres. Cf. Ep. II 9, 14 : ex Quintiliano praeceptore meo. De Quintilien mon professeur ; VI 6, 3 : quos tunc ego frequentabam, Quintilianum, Niceten Sacerdotem. Les maîtres qu'à l'époque je suivais assiduement, Quintilien, Sacerdos Nicetes. Il était aussi un ami de Tacite, son aîné de quelques années, avec qui il collabora sur le plan judiciaire et dont il admirait le talent d'orateur. Cf. Guill Tome 3 p. 156 ; Ep. II 1, 6 ; II 11, 17 ; IV 13, 10. Il lui adressa plusieurs lettres : I, 6; 20 qui propose des réflexions sur l'art oratoire ; IV 13 ; VI 9 ; 16 (récit de la mort de Pline l'Ancien à Pompéi) ; VII 20 ; 33 ; VIII 7 ; IX 10 ; 14. Il fut aussi un proche collaborateur de Trajan, dont il composa et prononça en 100 le Panégyrique. Cf. Guill Tome 4 pp. 86 sv. Il eut un échange suivi de correspondance avec l'empereur avant et lors de sa légation en Bithynie à partir de 111. Cf. Ep. X.

Pollion. Cf. Asinius.

Pompée (Gnaeus Pompeius Magnus, dit) (XXXVII 2 ; XL 1) (106-48 a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Secundus fait allusion à la lex Pompeia de ambitu qui, à partir de 52 a.C. n'accorda plus que deux heures à l'accusation et trois à la défense. Cf. XXXVIII 2 ; Br. XCIV 324.

Pomponius Secundus (XIII 3). Contemporain de la jeunesse de Quintilien, il est l'auteur de tragédies. Cf. I.O. X 1, 98 : Eorum quos uiderim longe princeps Pomponius Secundus, quem senes parum tragicum putabant, eruditione ac nitore praestare confitebantur. Parmi tous ceux que j'ai vus, le meilleur est de loin Pomponius Secundus, que les gens âgés ne jugeaient pas assez tragique tout en reconnaissant la supériorité de son érudition et de son style éclatant. Il fut accusé pour son amitié pour le fils de Séjan et emprisonné dans sa propre demeure. Cf. Ann. V 8 : Pomponius multa morum elegantia et ingenio inlustri, dum aduersam fortunam aequus tolerat, Tiberio superstes fuit. Pomponius dont la conduite était irréprochable et le talent brillant, supporta avec égalité d'âme l'adversité de son sort et survécut à Tibère. Caligula le délivra en 37 à la mort de Tibère. Il fut nommé consul suffectus en 44, puis légat pro praetore en Germanie en 51.

Publius Quintius/Quinctius (Défense de) (XXXVII 6). Le Pro Quinctio est un discours que Cicéron prononça en 81 a.C. contre un protégé influent de Lucius Sylla, Naeuius, qui s'était emparé des biens de P. Quinctius, son ancien associé avec qui il exploitait une terre en Gaule.

Quintilien (Marcus Fabius Quintilianus, dit) (vers 30 - fin du 1er s.). Biographie cf. Agoraclass ; Wikipédia. Professeur d'art oratoire et auteur de l'Institution Oratoire (Institutiones oratoriae), il fut un ami de Secundus et l'un des professeurs de Pline le Jeune. Cf. Ep. II 9, 14 ; VI 6, 3. Cf. Martial, Epigr. II 90 1-4.

Quintus Mucius Scaevola (XXX 3). Consul en 117 a.C, augure et jurisconsulte bien connu, il contribua à la formation juridique de Cicéron. Cf. Br. 306 : Ego autem iuris ciuilis studio multum operae dabam Quinto Scaeuolae Publii filio, qui quamquam nemini se ad docendum dabat, tamen consulentibus respondendo studiosos audiendi docebat. Moi par intérêt pour le droit civil, je m'appliquais beaucoup auprès de Quintus Scaevola, le fils de Publius. Il ne prenait en charge la formation de quiconque, mais quand les plus zélés le consultaient, il les formait en répondant à leurs questions.

Régulus (Marcus Aquilius). Ce délateur tristement célèbre mais bon orateur, qui a sévi depuis le règne de Néron jusqu'à la fin de celui de Domitien (82-96), est le frère utérin de Vipstanus Messalla, l'un des acteurs du Dialogus de Oratoribus. Cf. Pline Ep. I 5, 1-3 (passim) : Vidistine quemquam M. Regulo timidiorem humiliorem post Domitiani mortem ? Sub quo non minora flagitia commiserat quam sub Nerone sed tectiora... (2) Rustici Aruleni periculum fouerat, exsultauerat morte ; adeo ut librum recitaret publicaretque, in quo Rusticum insectatur atque etiam 'Stoicorum simiam' appellat, adicit 'Vitelliana cicatrice stigmosum' - agnoscis eloquentiam Reguli -, (3) lacerarat Herennium Senecionem. As-tu vu quelqu'un de plus craintif avec le profil plus bas que Marcus Regulus depuis la mort de Domitien ? En effet sous le règne de ce dernier il n'avait pas commis d'ignominies moindres que sous Néron, mais plus dissimulées... 2. Il avait exposé au danger Rusticus Arulenus dont la mort le fit exulter. Il alla jusqu'à lire en public et faire éditer un livre dans lequel il s'en prend à Rusticus et l'y surnomme "le singe des Stoïciens" en ajoutant qu'il avait été "marqué au fer rouge par Vitellius", tu reconnais l'éloquence de Rusticus. Il avait déchiré Hérennius Sénécion... Ces deux forfaits eurent lieu sous Domitien. Arulenus faisait partie de l'opposition stoïcienne. La plaisanterie odieuse de Régulus, qui assimile sa victime à un esclave fugitif, fait allusion à une blessure qu'Arulenus reçut en combattant pour Vitellius. Cf Guill. Tome I, N. 2 p. 7. Vipstanus Messalla prit la défense de son aîné. Cf. Hist. IV 42 : 1. Magnam eo die pietatis eloquentiaeque famam Vipstanus Messala adeptus est, nondum senatoria aetate, ausus pro fratre Aquilio Regulo deprecari. 2. Regulum subuersa Crassorum et Orfiti domus in summum odium extulerat.  Sponte senum consularium accusationem subisse iuuenis admodum nec depellendi periculi sed in spem potentiae uidebatur... Igitur Messalla non causam neque reum tueri sed periculis fratris semet opponens flexerat quosdam. Sans avoir encore l'âge d'être sénateur, Vipstanus Messala acquit ce même jour une grande réputation d'attachement familial et d'éloquence, en osant implorer la grâce de son frère Aquilius Régulus. L'anéantissement de deux familles, celles des Crassus et d'Orphitus, avaient soulevé contre Régulus le comble de la haine. C'était de lui-même que, tout jeune, Régulus passait pour avoir mis en accusation d'anciens consuls, des vieillards, non pour se mettre à l'écart du danger, mais dans l'espoir de gagner du pouvoir ... Ce n'était donc ni la cause ni l'accusé que Messalla essayait de défendre, mais en se jetant au devant du danger qui menaçait son frère, il avait réussit à fléchir certains de ses auditeurs. Cf. GoBo p. 9.

Roscius (XX 3). Acteur ami de Cicéron qui le défendit (en 76 a.C. ?) pour un litige concernant le partage d'une indemnité due pour le meurtre d'un esclave (Pro Quinto Roscio Comoedo).

Sacerdos Nicetes (XV 3). Rhéteur originaire de Smyrne. Pline le Jeune fréquenta ses cours, en même temps que ceux de Quintilien Cf. Ep. VI 6, 3.

Saleius (IX 2). Cf. Bassus.

Scaurus (Marcus Aemilius) (XXXIX 5). Accusé de concussion après avoir été propréteur en Sardaigne, il fut défendu en 54 par Cicéron, dont le discours est partiellement conservé.

Sénèque l'Ancien ou le Rhéteur (Lucius Annaeus Seneca, dit) (55 a.C.- 37/41). Originaire de Cordoue, ce personnage fort érudit vécut à Rome. Il recueillit et publia les morceaux les plus curieux qu'il avait entendus dans les déclamations dans son ouvrage intitulé Sententiae, diuisiones, colores. Le ton général de ces morceaux à succès est faux et laisse présager de l'évolution du goût littéraire. Cf. Gallion

Sénèque le Jeune ou le Philosophe (4 a.C.-65). Second fils de Sénèque le Rhéteur. Biographie cf. Wikipédia. Quintilien, qui l'a connu, apprécie son talent oratoire. Cf. I.O. XII 10, 10. Cf. Stoïciens.

Servilius Nonianus (Marcus) (XXIII 2). Consul en 35 (Cf. Ann. VI 37), il se consacra assez tardivement à l'histoire. Il mourut en 59. Cf. Ann. XIV 19. Quintilien émet un jugement mitigé à son sujet. Cf. I.O. X 1, 102.

Servius Sulpicius Galba (XVIII 1 ; XXV 7). Né vers 200 a.C., il fut consul en 144. Son éloquence se distinguait par son âpreté et sa véhémence. Cic. Br. 82 : Sine controuersia Ser. Galba eloquentia praestitit; et nimirum is princeps ex Latinis illa oratorum propria et quasi legituma opera tractauit, ut egrederetur a proposito ornandi causa, ut delectaret animos aut permoueret, ut augeret rem, ut miserationibus, ut communibus locis uteretur. Sed nescio quomodo huius, quem constat eloquentia praestitisse, exiliores orationes sunt et redolentes magis antiquitatem quam aut Laeli aut Scipionis aut etiam ipsius Catoni; itaque exaruerunt, uix iam ut appareant. Servius Galba l'emporte sans discussion par son éloquence. Il est le premier parmi les Latins à s'être penché sur les tâches qui sont propres aux orateurs et, pour ainsi dire, légitimes : sortir du sujet pour l'embellir, plaire ou émouvoir, amplifier le propos, susciter la pitié, recourir aux lieux communs. Mais, – je ne sais comment cela se fait, – malgré son indiscutable supériorité oratoire, ses discours sont maigrichons et sentent plus la vieillerie que ceux de Laelius ou de Scipion, voire même de Caton. Ils sont desséchés au point qu'ils ont à peine l'air d'exister. Cf. aussi 85 sv ; Sisenna.

Sisenna (Lucius Cornelius) (XXIII 2). Contemporain de Cicéron, il se distingua davantage comme historien que comme orateur. Cf. Br. LXIV 228 : ... erat... Lucius Sisenna, doctus uir et studiis optimis deditus, bene Latine loquens, gnarus rei publicae, non sine facetiis, sed neque laboris multi nec satis uersatus in causis interiectusque inter duas aetates Hortensi et Sulpici nec maiorem consequi poterat et minori necesse erat cedere. Huius omnis facultas ex historia ipsius perspici potest, quae cum facile omnis uincat superiores, tum indicat tamen quantum absit a summo quamque genus hoc scriptionis nondum sit satis Latinis litteris inlustratum. Lucius Sisenna était quelqu'un d'instruit. Il s'était consacré aux meilleures études, parlait bien le latin, s'y entendait en politique et ne manquait pas d'humour. Mais il ne se donnait pas beaucoup de mal et ne pratiquait guère le barreau. Se trouvant entre deux générations, celles d'Hortensius et de Sulpicius, il n'arrivait pas à égaler le second et ne pouvait que s'incliner devant le premier. Tout son talent ne peut se découvrir que dans son histoire. Certes il y surpasse sans peine ses prédécesseurs, mais il en ressort combien son ouvrage est loin d'être un chef-d'oeuvre et que ce genre brillait encore trop peu dans la littérature latine. Cf. Servius Sulpicius Galba. Il était, selon Cicéron, amateur de tournures rares. Cf. Br. LXXIV 259-260.

Stace (Publius Papinius Statius, dit) (vers 40-vers 96). Biographie cf. Wikipédia. D'origine napolitaine et doté d'une grande facilité d'écriture, il fut un poète à la mode qui parut dans nombre de lectures publiques. Il flatta assez bassement Domitien. Son poème épique en 12 livres La Thébaïde relate la rivalité des fils d'Oedipe, Étéocle et Polynice après la mort de celui-ci.

Stoïciens (XXX 3 ; XXXI 7) Le stoïcisme a accordé une importance toute particulière à la logique et c'est à ce titre que Diodote intervient dans la formation de Cicéron. D'autre part, dès la fin de l'époque républicaine, la morale stoïcienne, vécue par les personnages cités ci-après, met particulièrement l'accent sur la liberté que l'on trouve en se soumettant au fatum, ce qui met au rang des choses indifférentes les conditions de vie et la vie elle-même. Cf. Arulenus; Brutus; Caton d'Utique; Helvidius Priscus; Sénèque le Jeune; Thraséa.

Thrasea (Publius Clodius Thrasea Paetus, dit). Biographie cf. Wikipédia. Ce sénateur romain d'obédience stoïcienne encourut pour son opposition passive la haine de Néron, qui le contraignit au suicide en 66. Cf. Agr. XLII 6 ; XLV 1 ; Ann. XVI 21sv ; Dion Cassius 62, 26 ; Plin. Ep. III 16.

Thyeste (III 3 ; 4). Fils de Pélops, il devient l'amant d'Aéropé, épouse de son frère Atrée. S'ensuit une rupture entre les deux frères. Prétextant une réconciliation Atrée invite Thyeste à un festin, au cours duquel il sert à manger à celui-ci ses propres enfants. Thyeste maudit son frère. Son fils Égisthe sera l'instrument de sa vengeance en devenant l'amant de Clytemnestre, épouse d'Agamemnon (IX 2) fils d'Atrée; qui sera mis à mort par le couple à son retour de Troie. Cf. Varius.

Tiron (XVII 2). Affranchi par Cicéron, dont il était le secrétaire. Il est l'auteur d'une Vie de Cicéron et d'un traité De Usu atque Ratione Linguae Latinae, tous deux perdus. Il aurait inventé un système sténographique appelé tardivement Notae tironianae.

Trajan (Marcus Ulpius Nerva Traianus, dit) (53-117). Biographie cf. Wikipédia. Il succéda à l'empereur Nerva en 98. Il n'est pas cité dans le Dialogus de Oratoribus, mais étant donné que l'oeuvre fut publiée entre 105 et 107, l'allusion aux qualités du meilleur des princes peut renvoyer aussi bien à lui qu'à Vespasien. Cf. XLI 4.

Tullius (XX 1). La Défense de Tullius (Pro Tullio) de Cicéron traite d'une question d'indemnité et a été prononcé lors d'un procès civil en 72 ou 71 a.C.

Varius (Lucius Varius Rufus, dit) (XII 5). Ce poète épique et tragique, ami de Virgile et d'Horace, prit en charge avec Plotius Tucca la publication de l'Énéide après le décès de son auteur. Sa tragédie Thyeste, représentée en 29 a.C., est aujourd'hui perdue. Quintilien y porte un jugement des plus favorables. Cf. I.O. X 1, 98 :  Vari Thyestes cuilibet Graecarum comparari potest. Le Thyeste de Varius soutient la comparaison avec n'importe quelle tragédie grecque.

Varron (M. Terentius Varro, dit) (116-27 a.C.) (XXIII 2). Tout en étant homme d'action et mêlé à la politique, Varron fut surtout un érudit, qui aborda des sujets très divers. Cf. I.O. X 1, 95 : Alterum illud etiam prius saturae genus, sed non sola carminum uarietate mixtum condidit Terentius Varro, uir Romanorum eruditissimus. Plurimos hic libros et doctissimos composuit, peritissimus linguae Latinae et omnis antiquitatis et rerum Graecarum nostrarumque, plus tamen scientiae conlaturus quam eloquentiae. Le plus grand savant romain, Térentius Varron, a créé cette autre satire plus ancienne, dont la forme complexe ne se limite pas à mélanger des types de vers. Cet auteur, qui possédait à fond le latin et toutes les antiquités grecques et romaines, a composé un très grand nombre d'ouvrages pleins d'érudition, mais dont la lecture apporte davantage à la science qu'à l'art oratoire. De ses nombreux ouvrages sont conservés De lingua latina, Rerum rusticarum libri III. Sa longévité en fit le contemporain de Lucilius et de Virgile. Cicéron le présente comme inuestigator antiquitatis. Cf. Br. LX, 250.

Vatinius (XI 2). Originaire de Bénévent, il devint bouffon de Néron et acquit à la cour une fortune prodigieuse. Cf. Ann. XV 34 : Vatinius inter foedissima eius aulae ostenta fuit, sutrinae tabernae alumnus, corpore detorto, facetiis scurrilibus. Primo in contumelias adsumptus, dehinc optimi cuiusque criminatione eo usque ualuit ut gratia, pecunia, ui nocendi etiam malos praemineret. Vatinius compta parmi les monstres les plus repoussants de cette cour. Apprenti dans une échoppe de cordonnerie, il fut d'abord réquisitionné pour faire rire de son corps difforme et de ses réparties bouffonnes. Par la suite, il prit tellement d'importance en calomniant tous les gens de bien que par son influence, son argent, son aptitude à nuire il dépassait même les pervers. Cf. GoBo n. 2 p. 36. On ne sait rien des faits auxquels Maternus fait allusion.

Vatinius (Publius) (XXI 2 ; XXXIV 5 ; XXXIX 5). Il fut questeur en 62 a.C., tribun de la plèbe en 59 et consul suffectus en 47. Calvus, alors âgé de 20 ans, l'attaqua en 58, puis en 56 et en 54. Cf. GoBo n. 6 p. 47. Cicéron s'en prit aussi à lui en 56 (In Vatinium).

Verrès (XX 1 ; XXXVII 6). L'accusation de concussion portée en 70 a.C. contre le proconsul de Sicile, Verrès, qui était soutenu par la noblesse et se faisait défendre par Hortensius, se divise en trois parties. La Diuinatio in Caecilium traitait du débat judiciaire préalable pour savoir qui porterait l'accusation. Or Verrès avait soudoyé un faux accusateur, Caecilius. Cicéron obtint d'être chargé de l'accusation. Ensuite, l'Actio prima in Verrem consista en un simple exorde pour introduire les témoins. Suite à leurs dépositions, Verrès s'exila. Hortensius renonça à le défendre. Reprenant les exactions commises au cours des mandats politiques de Verrès, l'Actio secunda in Verrem comprend cinq grands discours, qui ne furent pas prononcés, mais publiés comme pamphlets. L'ensemble des discours Contre Verrès (In Verrem) de Cicéron est repris sous le titre de Verrines.

Vespasien (Titus Flavius Vespasianus) (VIII 3 ; IX 5 ; XVII 3) (9-79). Biographie cf. Wikipédia. Envoyé par Néron pour combattre les Juifs, il fut acclamé empereur en juillet 69 par les légions d'Orient, suite aux violences survenues après la mort de Néron en 68, au cours desquelles Galba, Othon et Vitellius occupèrent tour à tour le pouvoir impérial. Avec Vespasien commence la brève dynastie des empereurs flaviens. Ses successeurs seront tour à tour ses deux fils, Titus de 80 à 82, puis Domitien, qui périra assassiné en 96. Le texte de Tacite laisse d'emblée une opinion mitigée de son exercice du pouvoir sur le plan de la liberté d'expression, du moins pour l'époque en question (75). Cf. II 1 ; VIII 3 ; XVII 3. La tolérance de Vespasien est toutefois soulignée par Suétone. Cf. Vesp. 13, 1 : Amicorum libertatem, causidicorum figuras ac philosophorum contumaciam lenissime tulit. Il supportait très pacifiquement le franc parler de ses amis, les allusions des avocats et l'esprit d'indépendance des philosophes. Sa générosité envers les artistes, dont il est question en IX 5, est évoquée aussi par le même historien. Cf. Vesp. 17-18 : Ingenia et artes uel maxime fouit. 18. Primus e fisco Latinis Graecisque rhetoribus annua centena constituit, praestantis poetas, nec non et artifices... insigni congiario magnaque mercede donauit. Il a tout particulièrement soutenu les talents et la pratique des arts. Il fut le premier à allouer aux rhéteurs grecs et latins en puisant dans la cassette impériale une pension annuelle de cent mille sesterces. Il gratifia de remarquables subventions et de grandes récompenses les meilleurs parmi les poètes, tout comme parmi les artistes. Selon Tacite, la modération de son train de vie fit de nombreux émules dans la société romaine de son époque. Cf. Ann. III 55, 4-9.

Virgile (Publius Virgilius/Vergilius Maro, dit) (70-19 a.C.) (XII 6 ; XIII 1 ; 2 ; 4 ; XX 5 ; XXIII 2) (70-19 a.C.). Biographie Cf. Remacle. Protégé d'Auguste et connu comme le plus grand poète latin, il est l'auteur des Bucoliques, des Géorgiques et d'une épopée, l'Énéide que sa mort prématurée laissa inachevée. Cf. I.O. X 1, 86 ; Homère ; Varius.

Xénophon (XXXI 6) (430/426 ? - 355 ? a.C.). Biographie cf. Wikipédia. Cet auteur, qui est surtout connu pour son oeuvre historique, l'Anabase, fut, comme Platon, disciple de Socrate. Cette expérience est rapportée dans trois oeuvres, les Mémorables, où sont relatés des entretiens de Socrate, l'Apologie de Socrate et le Banquet, ces deux derniers ouvrages reprenant le titre et le contenu de deux oeuvres de Platon. La postérité ne lui reconnaît pas de génie, mais « un talent agréable et un abord facile ». Cf. LL p. 296.


Haut de page - Accueil