TACITE : Agricola - Germanie - Débat sur les orateurs (Accueil - Introduction - Page précédente - Page suivante
Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)
3. L'ÉLOQUENCE EST-ELLE EN DÉCLIN ? (XIV-XXVII) (2e partie)
Aper défend les modernes (XVI 4-XXIII)
Mais où donc finissent les anciens par rapport aux modernes ? (XVI 4-XVII 7)
4. Aper : Eh bien non ! Sans se faire entendre ni défendre, voilà notre époque condamnée par cette conspiration que vous menez ! Je ne l'admettrai pas ! Mais d'abord une question. Qui appelez-vous anciens ? Quelle génération d'orateurs incluez-vous dans cette définition ?
5. Pour ma part, en effet, lorsque j'entends parler d'anciens, je conçois qu'il s'agit de certains personnages d'autrefois nés il y a bien longtemps. Qui se présente devant mes yeux ? Ulysse, Nestor, dont l'époque précède notre génération de mille trois cents ans. De votre côté, vous proposez Démosthène et Hypéride, dont on sait bien qu'ils ont connu la gloire au temps de Philippe et d'Alexandre, tout en survivant cependant à l'un comme à l'autre.
6. Il en ressort que guère plus de trois cents ans nous séparent de l'époque de Démosthène. Cet intervalle mis en rapport avec la fragilité de nos corps peut sans doute paraître long, mais, si on tient compte de ce que sont en réalité les siècles et qu'on prend conscience de leur durée infinie, il devient tout à fait insignifiant et nous rend très proches de Démosthène.
7. En effet, si, comme l'écrit Cicéron dans son Hortensius, une grande et véritable année ne s'est écoulée que quand la configuration du ciel et des astres, telle qu'elle est précisément en ce moment, se présente à nouveau, et que cette année comprend douze mille neuf cent cinquante entités que nous appelons années, votre cher Démosthène, que vous imaginez comme ancien et antique, est né au cours de la même année que celle où nous vivons, pour ne pas dire au cours du même mois.
XVII. 1. Mais je passe aux orateurs latins. Parmi ceux-ci, ce n'est pas à mon avis Menenius Agrippa – il peut faire figure d'ancien – qu'en général vous préférez aux érudits de notre époque, mais Cicéron et César et Caelius et Calvus et Brutus et Asinius et Messalla. Eux, je ne vois pourquoi vous les rattachez à des temps révolus plutôt qu'au nôtre.
2. En effet pour ne parler que de Cicéron, c'est bien sous le consulat d'Hirtius et Pansa, comme l'écrit son affranchi Tiron, le septième jour des Ides de Décembre qu'il fut mis à mort, la même année où le divin Auguste a mis comme consuls à la place de Pansa et d'Hirtius, lui-même et Quintus Pedius.
3. Comptons cinquante-six ans au cours desquels par la suite le divin Auguste a dirigé la république, ajoutons-y les vingt-trois années de Tibère, plus environ quatre ans pour le règne de Gaius, plus deux fois quatorze ans respectivement pour Claude et Néron, plus cette fameuse unique et longue année de Galba et Othon et Vitellius, plus le sixième anniversaire de l'avénement de cet heureux principat, où Vespasien veut le bien de la république : au total, cent vingt ans entre la disparition de Cicéron et aujourd'hui. C'est la durée d'une vie humaine,... d'une seule ! 4. Oui, moi qui vous parle, j'ai vu chez les Bretons un vieillard qui déclarait avoir pris part à la bataille où, lors de l'attaque de César contre la Bretagne, ils tentèrent de le repousser du rivage et de le refouler au large.
5. Donc, ce guerrier qui s'est battu contre Gaius César, si soit la captivité, soit sa volonté, soit quelque événement l'avait attiré à Rome, il aurait pu aussi bien entendre César lui-même et Cicéron et... assister aussi à nos procès ! 6. Lors de la dernière distribution d'argent, vous-mêmes vous avez vu de nombreux vieillards qui racontaient avoir à deux reprises reçu de l'argent distribué par le divin Auguste.
7. De là, on peut déduire que Corvinus et Asinius ont aussi pu être entendus par ceux-ci. En effet, Corvinus a vécu jusqu'à la moitié du règne d'Auguste et Asinius presque jusqu'à la fin. Par conséquent, ne divisez pas un siècle et ne traitez pas sans cesse d'antiques et d'anciens des orateurs, que les oreilles de mêmes hommes ont pu connaître et en quelque sorte associer et réunir.
Diversifications des formes de l'éloquence en fonction des époques (XVIII-XX)
XVIII. 1. Ces préliminaires tendent précisément à démontrer que, si grâce à la réputation et à la gloire de ces orateurs leur époque gagne de l'estime, il s'agit d'une situation intermédiaire toutefois plus proche de nous que de Servius Galba ou de Gaius Carbo, et d'autres qu'à juste titre nous aurons traités d'anciens. C'est qu'ils sont rébarbatifs, sans apprêts, bruts, affreux et, plût au ciel qu'en aucune façon ni votre cher Calvus ni Caelius ni encore Cicéron ne les eussent imités !
2. Je veux plaider avec plus d'assurance et de hardiesse en prenant ceci comme point de départ : les formes de l'expression orale, elles aussi, et ses genres se modifient avec les époques. Ainsi, comparé à Caton l'Ancien, Gaius Gracchus se montre plus épanoui et son expression est plus riche. De même Crassus est plus châtié et plus élégant que Gracchus. Quant à Cicéron, il est plus nuancé que ces deux derniers et plus spirituel, plus élevé aussi. Corvinus, lui, est d'une force plus tranquille que Cicéron et plus doux, son vocabulaire est plus recherché.
3. Qui est le meilleur orateur ?
Je ne cherche pas à le savoir. Je me contente d'avoir entre-temps prouvé ceci : l'éloquence n'a pas qu'un seul visage. Mais, même auprès des orateurs que vous qualifiez d'anciens, plusieurs aspects se laissent appréhender, et ce qui est différent n'est pas d'office plus mauvais. Or une conséquence fâcheuse de la malveillance humaine fait que le passé suscite toujours des éloges, ce qui est actuel, le dédain.
4. En effet, doutons-nous que des contemporains de Caton aient admiré Appius Caecus plus que lui ? On sait bien que Cicéron lui-même n'a pas manqué de détracteurs, qui le trouvaient emphatique et boursouflé et pas assez précis, mais aussi démesurément exubérant et verbeux et trop peu attique. 5. Vous avez lu en tout cas les lettres que Calvus et Brutus ont envoyées à Cicéron : il est facile d'y saisir que, du moins aux yeux de Cicéron, Calvus semblait sans sève et tout sec, et que Brutus était pour sa part languissant et sans cohésion. En revanche Cicéron s'est fait traiter par Calvus de relâché et d'apathique, par Brutus d'autre part – et je cite ses propres termes – d' « émietté et éreinté ».
6. Quel est mon avis ? Tous me semblent avoir dit vrai. Mais je viendrai à parler de chacun en particulier. Pour l'instant, je ne fais que traiter de l'ensemble de la question.
XIX. 1. En effet, dans la mesure où les admirateurs des anciens ont l'habitude de mettre comme terme à l'époque ancienne les orateurs qui jusqu'à Cassius (lacune)... qu'ils mettent en cause : il est le premier, affirment-ils, à s'être détourné de cette voie ancienne et toute droite de l'éloquence. Moi, je soutiens que ce n'est pas à cause de la faiblesse de son talent, ni de sa méconnaissance de la littérature qu'il s'est orienté vers un autre genre d'éloquence, mais en opérant un choix raisonné. 2. En effet, il a vu, comme je viens de le dire, que selon le contexte de l'époque et l'évolution des auditeurs, la forme et l'aspect de l'art oratoire devaient être modifiés.
C'est sans réchigner que le public des premiers temps, lui-même ignorant et inculte, supportait des discours encore plus laborieux qu'interminables, et allait jusqu'à louer l'orateur qui faisait passer toute une journée à sa prestation. 3. D'autre part, mettre le public en condition par de longs exordes, reprendre de loin l'enchaînement de la narration, exposer nombre de divisions, classer mille arguments et observer toute autre règle codifiée dans les traités très arides d'Hermagore et d'Apollodore, voilà ce qui était à l'honneur. Mieux encore, si on semblait avoir un vernis de philosophie et qu'on en insérait quelque lieu commun dans son discours, on était porté aux nues par les éloges. 4. Rien d'étonnant à cela ! C'était du neuf, de l'inconnu, et, jusque parmi les orateurs eux-mêmes, très peu de gens avaient assimilé des préceptes de rhéteurs et des maximes de philosophes.
5. Mais aujourd'hui, par Hercule, toutes ces connaissances sont largement répandues et il n'y a quasiment plus d'auditeur, qui ne soit, non pas formé à leur étude, mais à tout le moins imprégné de leurs notions de base. Il faut donc suivre des voies nouvelles et bien choisies pour que l'orateur évite à tout prix de lasser jusqu'au dégoût les oreilles du public. Cela surtout devant des juges qui instruisent une affaire en fonction de leur influence et de leur pouvoir, et non pas du droit et des lois. Ils n'acceptent pas qu'on leur impose un temps d'écoute, ils le déterminent. Ils n'admettent pas d'attendre que l'orateur veuille bien en venir à la cause elle-même, ils vont jusqu'à le rappeler à l'ordre. Fait-il une digression? Ils l'en détournent et lui font savoir qu'ils sont pressés. XX. 1. Qui aujourd'hui va supporter qu'un orateur expose dans son préambule ses ennuis de santé ? C'est le cas pour presque tous les exordes de Corvinus. Qui aura la patience d'écouter cinq discours Contre Verrès ? Qui, au sujet de la clause restrictive et de sa formulation endurera jusqu'au bout les volumes sans fin que nous lisons sous les intitulés Défense de Marcus Tullius ou Défense d'Aulus Caecina ? 2. À notre époque, le juge précède l'orateur et, à moins que la présentation rapide des arguments ou la couleur de l'expression, ou le brillant et la recherche des descriptions ne l'y invitent et le gagnent, il se désintéresse de l'orateur.
3. Les gens ordinaires qui assistent à un procès et les auditeurs qui y affluent sans raison précise sont maintenant habitués à exiger d'un discours agrément et beauté. Écouter au tribunal une antiquaille austère et mal ficelée leur est tout aussi insupportable que de voir reproduire au théâtre la gestuelle d'un Roscius ou d'un Ambivius Turpio. 4. Il y a plus encore. Les jeunes gens encore en train de se façonner par l'étude et qui, pour s'améliorer, accompagnent partout des orateurs, veulent non seulement entendre mais aussi ramener chez eux quelque chose de brillant et de digne d'être retenu. Aussi échangent-ils entre eux et insèrent-ils souvent dans des lettres à leurs colonies ou provinces l'expression pertinente et concise d'une pensée qui les a éblouis ou celle d'un lieu commun qui a brillé par sa forme raffinée et poétique. 5. On exige en effet aussi de l'orateur de l'élégance poétique, non pas souillée par les vieilleries d'Accius ou de Pacuvius, mais issue du sanctuaire d'Horace, de Virgile et de Lucain.
6. Donc en se conformant à nos oreilles et au jugement de ces orateurs, oui les nôtres, notre époque n'en sort que plus belle et plus parée. Nos discours ne sont précisément pas moins efficaces, qui touchent les oreilles des juges en les charmant. 7. Eh quoi ! Irait-on croire que les temples construits de nos jours sont moins solides, parce qu'ils ne sont pas édifiés avec du ciment grossier et des tuiles sans formes, mais que le marbre les fait briller et l'or rayonner ?
Critique individualisée d'orateurs anciens (XXI)
XXI. 1. En vérité, vous avouerai-je tout simplement que, parmi les anciens, certains me font rire, certains autres me font presque tomber de sommeil ? Je ne parle pas de quelqu'un du genre de Canutius ou d'Attius ...(Lacune), au sujet de Furnius et Toranius (crux)... et les autres qui dans le même dispensaire prisent ces os et cette maigreur. Pour ma part, même Calvus, qui a laissé, je crois, vingt et un discours, ne me donne pas satisfaction, sauf avec l'une ou l'autre petite prise de parole.
2. Je vois bien que personne d'autre ne contredit pas mon jugement : combien en effet lisent les discours de Calvus contre Asitius ou contre Drusus ? Par contre, par Hercule, dans les mains de tous ceux qui s'appliquent à l'étude, on ne trouve que les discours intitulés Accusations contre Vatinius, surtout le deuxième. En effet, embelli par le choix du vocabulaire et des idées, il s'adapte aux oreilles des juges, de telle sorte qu'on sait que même Calvus en personne a compris ce qui était mieux, et que ce n'était pas la volonté, mais le talent et la force qui lui manquait pour s'exprimer avec plus de hauteur et de raffinement.
3. Mais encore, les discours de Caelius qui plaisent – qu'on en lise la version intégrale ou des extraits –, n'est-ce pas ceux où nous reconnaissons le brillant et l'élévation de notre époque ? 4. Or la trivialité de son vocabulaire, le manque de liens dans sa composition, ses phrases confuses fleurent la vieillerie. Et je ne pense pas qu'on soit attaché aux vieilles choses au point de louer Caelius pour son côté vieillot.
5. Accordons bien sûr à César qu'en raison de l'étendue de ses préoccupations et de son implication dans la vie active, il ait moins produit dans l'éloquence que son génie surhumain ne l'exigeait ! Tout autant, par Hercule, laissons Brutus à sa philosophie ! En effet, même ses admirateurs admettent qu'il est dans ses discours inférieur à sa réputation. 6. Peut-être lira-t-on par hasard Pour Décius le Samnite de César ou Pour le roi Deiotarius de Brutus et tous leurs autres discours tout aussi ennuyeux que languissants, peut-être admirera-t-on les poèmes de ces deux personnages. Car ils ont composé des poèmes qu'ils ont fait placer dans des bibliothèques. Ils n'ont pas fait mieux que Cicéron, mais ils ont eu plus de chance, parce que moins de gens savent qu'ils en ont composé !
7. Asinius aussi, tout en étant né à une époque plus proche, me semble avoir fait son instruction auprès des Ménénius et autres Appius. À coup sûr, c'est Pacuvius et Accius qu'il a reproduits non seulement dans ses propres tragédies, mais aussi dans ses discours. Quelle dureté, quelle sécheresse !
8. Or, tel le corps humain, seul un discours est beau où les veines ne sont pas saillantes et où on ne dénombre pas les os, mais où un sang bien équilibré et sain remplit les membres et sort des muscles, et où la belle teinte de la peau couvre les nerfs eux-mêmes tout en les mettant en valeur.
9. Je ne veux pas m'en prendre à Corvinus, parce qu'il n'a pas dépendu de lui d'exprimer le joie et l'éclat de notre époque, et nous voyons combien la force de sa personnalité et de son talent est venue suppléer à son goût.
Critique de Cicéron (XXII-XXIII 1)
XXII. 1. J'en arrive à Cicéron, qui a livré contre ses contemporains le même combat que moi contre vous. Eux, en effet, admiraient les anciens, mais lui leur préférait l'éloquence de son époque. Sa supériorité sur les orateurs de la même époque se marque plus que tout par son goût. 2. Il fut en effet le premier à perfectionner le style oratoire, le premier à choisir avec discernement les mots et à les agencer avec art, à s'essayer à des développements plus brillants et à créer certaines formulations, surtout dans les discours qu'il composa à un certain âge déjà et presque à la fin de sa vie, c'est-à-dire, après avoir atteint un niveau encore plus haut et appris par l'usage et les expériences quelle était la meilleure façon de parler.
3. En effet ses premiers discours ne sont pas exempts de défauts de l'ancien temps. Il est lent dans ses exordes, il est long dans ses narrations, il prend tout son temps en abordant des digressions, il tarde à s'émouvoir, il ne s'échauffe que rarement. Peu de périodes se terminent convenablement ni avec, pour ainsi dire, d'éclat. Rien à retrancher, rien à reporter. Comme dans une construction brute, le mur est certes solide et construit pour durer, mais son manque de finition n'éblouit pas le regard.
4. Moi, pour ma part, je veux qu'un orateur, tel un chef de famille fortuné et distingué, ne se couvre pas seulement d'un toit qui l'abrite de la pluie et du vent, mais dont l'aspect ravisse les yeux. Qu'il ne s'offre pas un mobilier qui ne réponde qu'aux besoins indispensables, mais qu'on trouve aussi dans son aménagement de l'or et des pierres précieuses qu'il se plaise assez souvent à prendre en main et à contempler. 5. Qu'on repousse donc au loin certaines tournures comme révolues et rancies ! Plus un seul mot qui soit comme attaqué par la rouille ! Plus une seule construction de phrase au rythme languissant et sans vie comme des annales. Qu'on fuie sans cesse la bouffonnerie choquante et sans esprit, qu'on diversifie l'agencement des phrases et qu'on ne formule pas toutes les clausules d'une seule façon toujours la même. XXIII. 1. Je ne veux pas tourner en ridicule ni la « roue de la fortune » ni le « ius uerrinum » ni cette expression qui revient comme trait toutes les trois phrases dans tous ses discours, « esse uideatur ». En effet je ne les ai rappelées qu'à contre-coeur. J'en ai omis bien d'autres, les seules qu'admirent et reproduisent ceux qui se font habituellement qualifier d'orateurs anciens.
Conclusion : condamnation de certains imitateurs des anciens (XXIII 2-4)
2. Je ne citerai personne, je me contente de faire allusion à un genre d'hommes, mais pour vous, de toute façon, ils sont devant vos yeux. Ils choisissent Lucilius plutôt qu'Horace, et Lucrèce plutôt que Virgile. Pour eux, l'éloquence d'Aufidius Bassus ou de Servilius Nonianus est, par comparaison avec celle de Sisenna et de Varron, méprisable. Les discours publiés par nos rhéteurs leur inspirent répugnance et aversion, ceux de Calvus de l'admiration. 3. Quand ils radotent devant le juge à la manière d'autrefois, ils n'ont ni disciples qui les suivent ni de public qui les écoute, bref seul le plaignant les supporte à peine. Qu'ils sont sinistres et grossiers ! La santé même de leur style dont ils se vantent, ne procède pas d'une bonne constitution, mais du jeûne. 4. Bien plus, même pour le corps, les médecins ne voient pas d'un bon oeil un état général qui touche à l'hypocondrie. C'est trop peu que ne pas être malade. C'est de l'énergie, de la joie, de l'entrain que je veux. Il risque bien de tomber malade, celui dont on n'a que la santé à louer.
...et incompatiblité de ceux-ci avec les interlocuteurs d'Aper qui fait leur éloge (XXIII 5-6)
5. Mais vous, qui êtes des hommes rompus à l'art de la parole, donnez à notre époque, comme vous le pouvez, comme vous le faites, l'éclat de la plus belle éloquence ! 6. Oui, toi, Messalla, je te vois imiter tout ce qu'il y a de plus brillant chez les anciens. Oui, vous, Maternus et Secundus, vous intégrez si bien à la gravité le brillant de l'expression et l'élégance du vocabulaire, vous montrez un tel goût dans le choix de vos sujets, vous exposez les faits avec tant de clarté, chaque fois que l'exige une cause, vous la défendez avec tant de fécondité, chaque fois qu'elle le permet, avec tant de concision, la construction de vos phrases est si belle, vos traits si nets, vous traduisez si bien les états d'âme, vous maîtrisez si bien votre franc-parler que, même si méchanceté et envie entachent nos jugements, c'est la vérité que proclamera à votre sujet la postérité !
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