TACITE : Agricola - Germanie - Débat sur les orateurs (Accueil - Page suivante)
Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)
Contenu
À l'en croire, Tacite aurait, au cours de l'année 75, assisté à un débat sur l'évolution de l'éloquence romaine entre ses maîtres, les avocats Marcus Aper et Iulius Secundus, et deux autres représentants du barreau, Curiatius Maternus et Vipstanus Messalla. Il en fit le sujet de cet opuscule qui fut publié – et fort probablement rédigé dans sa forme définitive – sous Trajan, sans doute entre 105 et 107, à l'époque où Tacite entreprenait les Histoires. Sans avoir, très loin s'en faut, ni l'ampleur ni l'envergure des dialogues cicéroniens consacrés à l'éloquence, dont il s'inspire largement, ou de l'Institution Oratoire de Quintilien, qui le précède d'une décennie, cet ouvrage de proportions assez modestes et, de plus, lacunaire se distingue par sa densité, la variété de son contenu, la diversité des points de vue, l'un ou l'autre manque de cohérence, son amertume aussi, soit bien visible soit enrobée d'ironie selon les intervenants.
Réel ou fictif, ce débat est présenté comme la réponse de Tacite à Fabius Iustus, un ami qui l'interroge sur les raisons du déclin de l'éloquence à leur époque, ce qui va porter les intervenants à aborder les questions de la formation de l'orateur et du rôle social de celui-ci. Ainsi apparaît le thème de l'évolution de la qualité même de l'éloquence liée au goût de l'époque (I 2). La problématique de la liberté d'expression contrariée se manifeste très tôt avec les attaques portées en haut lieu (II 1) contre la tragédie Caton de Maternus, qui a choisi d'abandonner le barreau pour se consacrer à la tragédie (II -V 2).
Sans entrer immédiatement dans le vif du sujet, Tacite fait d'abord s'opposer Aper et Maternus, chacun y allant de son monologue sur les mérites comparés de la carrière d'avocat et d'orateur (V 3-X), d'une part, et de celle de poète (XI-XIII). Les échanges qui suivent l'arrivée tardive de Vipstanus Messalla introduisent la première grande question sur l'art oratoire lui-même : assiste-t-on au déclin de l'éloquence ? (XIV-XXVII). En réponse, Aper défend l'éloquence de son temps en procédant notamment à la critique de quelques orateurs d'autrefois, dont Cicéron (XVI 4-XXIII).
Messalla rétorque en faisant l'éloge de ceux-ci, mais Maternus, qui maintenant dirige le débat, lui rappelle qu'il s'est engagé à exposer les causes mêmes du déclin de l'éloquence (XXIV-XXVII). Et Messalla de procéder alors à une longue comparaison entre l'éducation de l'orateur d'autrefois et de celui de son temps (XXVIII-XXXV). Le premier, né dans un milieu familial aussi respectueux des valeurs morales que soucieux de les inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge, avait reçu une formation en profondeur à toutes les disciplines du savoir et notamment à la philosophie morale, et avait été initié sur le terrain à la pratique de l'éloquence par un grand maître du barreau. Mais tout a bien changé depuis : démission des parents et des professeurs de leur rôle d'éducateurs, futilité des centres d'intérêt, incompétence et enseignement désastreux des rhéteurs sans commune mesure avec la pratique de l'art oratoire dans la réalité de la vie.
Deux lacunes encadrent ensuite un exposé, qu'en raison des incertitudes de la tradition manuscrite on attribue tantôt à Secundus tantôt à Maternus, sur d'autres raisons du déclin de l'éloquence (XXXVI-XLI 1). Tout d'abord, l'instabilité républicaine, à laquelle le principat a mis fin, favorisait la pratique d'une grande et libre éloquence, et faisait des orateurs les protagonistes de la vie publique, souvent au détriment de celle-ci. Ensuite, sous un éclairage bien différent du premier échange d'Aper et Maternus (V3-X), l'exposé retrace l'évolution de l'appareil judiciaire amorcée par Pompée, qui a fait perdre aux orateurs aura et popularité, et les a toujours plus tenus à l'écart du contact stimulant avec le public – lequel d'ailleurs se raréfie – notamment à cause des restrictions et de l'encadrement imposés au temps de parole de l'avocat (XXXIX-XL 1).
Maternus conclut, exemples historiques à l'appui, à la quasi-inutilité du rôle de l'orateur dans la société pacifiée de son époque, ce qui est à prendre comme un moindre mal (XL 2-XLI). Enfin, même si le sujet ne leur semble pas avoir été épuisé, l'heure tardive fait se séparer les intervenants sur un bref échange entre Maternus et Aper de boutades convenues, qui détendent l'atmosphère grave du débat (XLII).
Ainsi Fabius Iustus en soulevant la question du déclin de la qualité de l'éloquence a-t-il induit celles de la formation de l'orateur et du rôle de celui-ci dans la société, ce rôle étant lié aux rapports de la liberté d'expression avec les formes que peut prendre le principat. On retrouve donc cette préoccupation politique qui sous-tend les oeuvres majeures de Tacite, les Histoires et les Annales, et apparaît déjà dans la Biographie d'Agricola, D'autre part, à l'instar de La Germanie mais d'une manière plus directe, l'opuscule souligne combien l'évolution morale et de la société romaine est négative et gagne le reste de l'Empire. Ces trois questions se présentent de manière récurrente au cours du débat et diversement selon les intervenants.
Acteurs
Des deux orateurs d'origine gauloise que Tacite présente comme ses maîtres et qu'il connaît intimement, Marcus Aper, qui tient le rôle ambigu de contradicteur, n'est connu que par ce texte. On peut déduire d'une allusion à son passé qu'il serait né vers 20 ou peu après. L'autre, Iulius Secundus, était un ami intime de Quintilien, qui se montre assez élogieux à son égard. Il était aussi l'auteur d'une biographie de l'orateur Iulius Africanus. Il était décédé au moment de la publication vers 92/93 de I'Institution Oratoire.
Curiatius Maternus, dont la liberté de pensée s'exprime dans la composition de tragédies à sujets historiques romains, et dont Michel n'exclut pas l'hypothèse d'une mort violente sous Domitien, n'est aussi connu que par ce texte. C'est probablement aussi un Gaulois. Enfin Vipstanus Messalla, qui était tribun militaire lors des hostilités opposant Vitellius et Vespasien en 69, écrivit une relation de ses campagnes et fut utilisé par Tacite comme source du livre III des Histoires. Ce seul intervenant de souche romaine était un frère utérin du sinistre délateur Aquilius Régulus. En 70, âgé de moins de 25 ans, Messalla défendit celui-ci devant le sénat, dont sa jeunesse ne lui permettait pas encore de faire partie. Ainsi a-t-il, en dépit de ses accents de laudator temporis acti, moins de trente ans lors du débat, particularité qui n'est guère soulignée dans le texte. Mais peut-être Tacite prête-t-il à Messalla des propos qu'il tenait à un âge plus avancé.
Si Fabius Iustus s'interroge sur les causes du déclin de l'éloquence à l'époque de Trajan, Tacite juge toujours d'actualité la réponse qu'il va lui donner, même si environ trente années séparent le débat de la publication du Dialogus de Oratoribus. Cela impliquerait-il que les conditions, notamment politiques, ne sont guère différentes de celles du temps de Vespasien, qui ne sort pas précisément grandi du débat ? Est-ce plutôt la conséquence des années de plomb que furent celles du règne de Domitien comme l'exprime Tacite dans l'Agricola, cette sorte d'apathie généralisée qui rend si difficile l'exercice de la liberté retrouvée ?
D'autre part, les synonymes d'orator qu'énonce Fabius Iustus prouvent que l'éloquence est confinée à l'exercice du barreau, qu'on découvre vers la fin du débat confronté lui-même à certaines limites, notamment de publicité. Mais ce constat de déclin de l'éloquence contredit fortement l'opinion de Quintilien, dont l'oeuvre magistrale, Institutiones Oratoriae, qu'il consacre à l'art oratoire, est contemporaine du règne de Domitien. Assez curieusement un passage des Annales, tout en se rapportant certes à l'année 59, abonde dans un sens comparable.
Dans sa réponse à Fabius Iustus, Tacite refuse catégoriquement d'exprimer une opinion personnelle pour ne pas s'en prendre aux capacités ou aux goûts littéraires des érudits de l'époque. Pense-t-il à Aper, même si celui-ci est fort probablement décédé à l'époque de la publication de l'opuscule ? Mais ne serait-ce pas plutôt à Quintilien, son contemporain, qu'il a certainement approché par l'intermédiaire de Secundus, et dont on vient de découvrir l'appréciation toute différente ? Remarquons que Tacite insiste sur la diversité des opinions des acteurs du débat, en soulignant qu'elles sont toutes néanmoins plausibles. Sans parler de la contradiction ouvertement affichée par Aper, la convergence des exposés de Messalla et de Secundus, qui tous deux apprécient l'éloquence d'autrefois, est plus apparente que réelle. Ajoutons que, si la critique que fait Aper des orateurs du passé et la réplique de Messalla occupent pas mal de place, ces passages restent de proportions plus que modestes comparés au Brutus de Cicéron, – à qui Tacite par la forme même du dialogue rend hommage – ou encore au livre X de l'Institution Oratoire. Le sens global de l'oeuvre n'apparaît d'emblée que plus déconcertant.
Parmi les intervenants, Aper joue avec verve et aplomb son rôle de contradicteur. Il puise généreusement dans sa vaste culture, que Messalla présente comme indispensable à l'orateur, en invoquant notamment, avec un pédantisme au second degré, la théorie de la Grande Année pour relativiser la notion de passé. Haute en couleurs, sa critique d'orateurs plus ou moins anciens montre qu'il les connaît fort bien, même si son intervention fait l'impasse sur des représentants très célèbres de l'éloquence romaine, tels Marc Antoine, grand-père du triumuir homonyme, et Hortensius. S'inscrivant dans la ligne de Quintilien, qui toutefois ne le cite pas parmi les orateurs de son temps, il refuse catégoriquement l'idée de la décadence de l'éloquence, qu'il voit au contraire se dégager des défauts d'antan et progresser, tout en étant un facteur du rayonnement de Rome dans les provinces et un moyen d'ascension sociale. À ce propos, on retient aussi, qu'au sujet d'Eprius Marcellus et de Vibius Crispus, deux anciens délateurs connus pour leur éloquence et devenus les plus proches et très écoutés conseillers de Vespasien, il utilise la formule ambiguë neuter moribus egregius (VIII 3). L'orateur n'est pas nécessairement le uir bonus dicendi peritus selon l'idéal cicéronien. Cela montre aussi que le principat loué - au second degré - ultérieurement dans l'opuscule pour son maintien de la tranquillité publique n'est pas garant de la moralité politique. Mais Tacite aurait-il cautionné un maître favorable à des délateurs qu'ailleurs il a flétris ? Notons en passant, que Tacite apparaît souvent seul à juger de la valeur morale d'un orateur, à la différence de Quintilien, qui ne se prononce pas sur ce point, comme c'est notamment le cas pour Vibius Crispus. Que penser aussi du jugement d'Aper sur Vespasien, uenerabilis senex et patientissimus ueri, sinon qu'il est marqué par l'ironie ? Tacite mettrait-il ainsi implicitement en garde contre des tentations de dérives autoritaires Trajan, qu'il a célébré pour le retour à la liberté d'expression ? Enfin, de la réponse d'Aper à Maternus, se dégage aussi le fait qu'il ne faut en aucun cas s'aventurer sur le terrain politique et limiter les risques au domaine judiciaire. Bref, Aper apparaît comme un homme extraverti, sûr de lui et de ses opinions, passionné par sa tâche et convaincu de l'utilité de celle-ci, mais une dérision amère imprègne ses jugements implicites sur le contexte politique où s'exerce l'art oratoire. Cela dit, son exposé ne contient que des généralités sur l'éloquence de son temps, à laquelle il se prétend si attaché. Enfin, ce personnage si disert et aux opinions si marquées dans leur différence n'intervient plus qu'à l'extrême fin de l'échange et de manière insignifiante, mais peut-être est-ce lié aux contingences de la composition comme nous le verrons plus bas.
Curieusement, Tacite fait du jeune Vipstanus Messalla, au contexte familial pour le moins trouble, un défenseur strict de l'éducation d'autrefois. Son exposé, qui s'inspire souvent des dialogues cicéroniens, traduit ainsi les préoccupations morales de Tacite, qu'on retrouve dans ses autres oeuvres. On découvre aussi une inspiration comparable dans le chapitre 36 du Traité du Sublime du Pseudo-Longin qui remonterait plutôt au 1er qu'au 3e siècle de notre ère. Mais où se situe-t-il vraiment ce temps passé si édifiant que Messalla idéalise plus qu'il ne revivifie? Les Gracques, César et Auguste sont-ils de bons exemples de l'éducation à l'ancienne ? Sa propre formation oratoire, celles d'Aper, de Tacite ne reproduisent-elles pas celle qu'il prétend appartenir à un passé révolu ? Il est intéressant aussi de confronter ce constat désolé de la dégradation apparemment irréversible des moeurs avec un passage des Annales où Tacite salue à l'époque de Vespasien tout particulièrement un retour à des moeurs plus austères sous l'influence d'hommes nouveaux issus des provinces, et de l'empereur lui-même. Notre auteur souligne dans cet extrait le caractère cyclique de ce retour sans accorder aux anciens le monopole de la vie vertueuse. Tacite aurait-il développé cette réflexion dans les parties perdues des Histoires ? Quoi qu'il en soit, les considérations de Messalla n'ont-elles pas avec leur exaltation inconditionnelle du passé un côté facile et convenu ?
Tout en l'appréciant énormément, Quintilien présente Secundus, l'autre maître de Tacite, plutôt comme un personnage en demi-teinte. Au départ Tacite lui rend tout autant hommage qu'à Aper et on pourrait s'étonner de son rôle plus restreint dans le débat. Si Secundus intervient le premier en rencontrant Maternus, c'est pour conseiller la prudence en suggérant à son ami d'expurger quelque peu son Caton, une façon pour Tacite de suggérer que l'auto-censure est pratique courante. Par la suite les quelques interventions de Secundus se réduiront à marquer des transitions entre les étapes du débat, qui va, avec l'arrivée de Messalla, entrer dans le vif du sujet. C'est Maternus alors qui engagera Secundus et lui-même à compléter l'exposé de Messalla sur les causes du déclin de l'éloquence, et qui dirigera la suite du débat.
Faut-il, comme certains, attribuer à Maternus plutôt qu'à Secundus l'exposé des raisons politiques et judiciaires qui ont fait la gloire et le déclin de l'éloquence alors que la tradition manuscrite a perdu le début et la fin de cette intervention ? On retient de ce développement son point de vue historique et objectif que n'altère pas un ton assez passionné. Des procédés littéraires soulignent des insistances. Il y pointe la nostalgie de ce passé de gloire pour l'éloquence, si mouvementé et discutable fût-il, même s'il vaut mieux que les maux qui stimulaient l'art oratoire n'existent plus. Les moeurs politiques dénoncées par Secundus s'inscrivent en faux avec les strictes exigences morales de l'éducation ancienne dont Messalla s'est fait le chantre et, pour la cohérence de l'oeuvre, on ne peut s'empêcher de s'interroger comment les politiciens républicains dont Messalla a célébré la formation si exigeante et si stricte sur le plan moral ont pu créer pareil chaos en recourant si souvent à la manipulation de leurs auditeurs.
Enfin, Maternus est avec Aper, son ami et éternel contradicteur, un intervenant marquant et attachant dans ce débat qu'il dirige avec fermeté. Tout heureux de se consacrer à la poésie, qu'il loue avec lyrisme et hauteur de vue, il considère cette activité comme meilleure garante que l'éloquence de sa liberté d'action, de sa dignité et de sa gloire littéraire. Toutefois une curieuse rupture de ton apparaît dans la conclusion de l'échange, où ne se retrouve plus guère la grâce du poète : Maternus dans cet exposé lacunaire, lui aussi, présente le principat comme le meilleur des pouvoirs pour les Romains tout en faisant référence à des régimes pour le moins autoritaires. Or n'oublions pas qu'il a maille à partir avec le pouvoir en exaltant un héros républicain comme Caton d'Utique, et qu'il est fier de son succès en tant qu'orateur, contre Vatinius. Et n'a-t-il dit plus tôt à Messalla en l'invitant à entamer son exposé sur les raisons du déclin de l'éloquence : «...puisque tu parles de ceux d'autrefois, vas-y avec la liberté d'autrefois, où notre recul se marque bien plus que dans l'éloquence » ?
Ainsi, dans une attitude apparemment conciliante avec le principat, aboutit-il à la conclusion désabusée, déjà annoncée par Secundus et en contradiction totale avec Aper et Quintilien, que l'éloquence n'a plus de raison d'être, puisque, grâce au meilleur des gouvernements, elle n'aurait plus de maux à dénoncer. En cela, il rejoint Tacite qui, orateur lui-même, va surtout orienter après la publication entre 105 et 107 du Dialogus son activité vers l'histoire du passé, où s'exerceront son sens critique et sa liberté de pensée. Il n'en reste pas moins que le trait est assez gros. Ironique et amer, cet exposé à entendre au second degré aurait supporté plus de légèreté. À la manière d'Aper !
Ainsi la querelle des Anciens et des Modernes dans le débat, si brillante soit-elle, ne prend-elle pas un tour obsolète ? L'art oratoire ne serait-il plus qu'un sujet de discussion entre érudits dans des cénacles clos ? À quoi aussi peut encore servir l'éloquence du temps présent, si parfaite soit-elle aux yeux d'Aper ? Faut-il vraiment encore que les jeunes s'y investissent sérieusement, comme le souhaite Messalla ? Le débat demeure ouvert comme le suggère la dernière réplique du jeune orateur, qui juge utile d'approfondir une autre fois certains points.
Le lecteur remarquera que, tout en s'intitulant Dialogus, l'opuscule constitue en fait une suite de monologues, à part quelques chapitres transitoires d'échanges verbaux pour les articuler entre eux. Sans doute en est-il ainsi de la plupart des dialogues antiques, qu'ils soient de Platon ou de Cicéron, avec cette réserve que l'opuscule de Tacite ne relève pas d'une réelle unité de contenu. D'autre part, quelle raison d'être a-t-il par rapport aux dialogues cicéroniens, qu'il démarque jusque dans le style, et à l'oeuvre magistrale de Quintilien, sinon de rendre hommage au plus grand orateur latin dont Tacite aurait voulu être l'émule ? Mais les temps ont changé. Peut-on y voir une compilation d'écrits et d'essais de jeunesse, aussi bien d'imitations de Cicéron que d'exercices rhétoriques sur des sujets, tels que l'éducation, les moeurs, les goûts littéraires, dont le traitement est marqué par la nostalgie désabusée d'un passé idéalisé, une grande élévation de pensée, une érudition remarquable et... moins par le réalisme? Pareils thèmes sont récurrents dans la littérature latine. Plus convaincant est celui de l'absence de liberté, dont Tacite a douloureusement ressenti les effets sous le règne de Domitien et les conséquences, et il est sans doute la principale raison d'être de l'oeuvre.
Abréviations et bibliographie
Cicéron : Br. = Brutus ; CM = Cato maior (De Senectute) ; de Or. = De oratore ; Or = Orator ; Rep. = De re publica.
Pline le Jeune, Correspondance : Ep.
Quintilien, Institutiones Oratoriae : I.O.
GoBo = Tacite. Dialogue des Orateurs. Texte établi par H. Goelzer et traduit par H. Bornecque. Paris, Les Belles Lettres 1967.
Grimal = Pierre Grimal. Tacite. Fayard 1990.
Guill = Pline le Jeune. Lettres. Texte traduit et établi par A. M. Guillemin. Paris, Les Belles Lettres, 1969.
Stef = Cornelio Tacito. Agricola, Germania, Dialogo sull'oratoria. Introduzione, traduzione e note di Mario Stefanoni con un saggio di Mario Pani. Garzanti Libri s. p. a. 2000.
Michel = Alain Michel, Le « Dialogue des Orateurs » de Tacite et la philosophie de Cicéron. Paris. Librairie C. Klincksieck 1962. Un ouvrage indispensable de référence pour la compréhension approfondie du Dialogus de Oratoribus.
LL = Laurand-Lauras, Manuel des Études grecques et latines.
Divers
J'ai pris la liberté, pour plus de clarté dans les échanges verbaux, de supprimer les incises telles que inquit et de mentionner le nom des interlocuteurs devant leurs répliques et exposés respectifs. La traduction de la plupart des textes cités dans les notes est personnelle. Pour la biographie complète de la plupart des personnages historiques cités dans le texte ou les notes, ainsi que pour les écoles philosophiques, je renvoie à des sites tels que Wikipedia. Un fichier reprend par ordre alphabétique des noms d'auteurs, d'oeuvres et de personnages historiques ou légendaires apparaissant dans ces oeuvres. Un autre rassemble du vocabulaire propre à l'art oratoire.
Je remercie une fois de plus de tout coeur Jacques Poucet et Anne-Marie Boxus pour l'aide qu'il m'ont apportée au cours de l'élaboration de ce dossier.
Danielle De Clercq, Mars 2008