Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)
époque (XVI 5). C'est le temps de la guerre de Troie. Si Ulysse est le plus rusé des guerriers grecs, Nestor, très âgé, en est le doyen. Influents, tous deux prennent souvent la parole au cours des réunions des chefs de guerre achéens. Cf. Homère Il. I 254 sv ; IV 350 sv ; etc.
Philippe (XVI 5). Roi de Macédoine de 359 à 336 a.C., Philippe II établit sa suprématie sur les cités grecques en 338 en remportant la bataille de Chéronée. Il périt assassiné. Cf. Wikipédia. Son fils Alexandre le Grand soumet définitivement les cités grecques, entreprend la conquête de la Perse, dont il devient maître en 331, puis de la Bactriane et de la Sogdiane (329-327) ; il franchit l'Indus et soumet le royaume du roi Porus. Ses troupes refusent de le suivre au-delà du Gange (326). En 324, il s'établit à Babylone et tente de fondre Macédoniens et Perses en une seule nation. Au cours des préparatifs d'une expédition en Arabie, Alexandre meurt à moins de trente-trois ans d'une crise de malaria. Cf Wikipédia.
année (XVI 7). En exposant la théorie de la Grande Année, que Cicéron reprend aussi dans le Somnium Scipionis (Rep. VI 17 sv), Aper suit le modèle de l'orateur ancien nanti d'une vaste culture générale tel que le décrit plus loin Messalla. Cf. XXX 4 sv. Or il affectait plutôt du dédain pour la culture. Cf. II 2. On retrouve pareille allusion à la Grande Année chez Virgile Buc. IV 11-14.
Ides (XVII 2). Le 7 décembre 43 a.C.
Quintus Pedius (XVII 2). Ce remplacement intervint le 19 août 42 a.C. Octave âgé de 20 ans est investi de l'imperium pro praetore que lui a conféré Cicéron. Tacite fait commencer le principat d'Auguste à cette date. Cf. Ann. I 9, 2.
cinquante-six (XVII 3). Cf Quintus Pedius. Auguste mourut en 14, Tibère régna de 14 à 37, Caligula de 37 à 41, Claude de 41 à 54, Néron de 54 à 68. Lui succédèrent en l'espace d'un an, de 68 à 69, Galba, Othon, Vitellius, qui moururent tous trois de mort violente, et Vespasien, qui s'éteignit en 79. L'allusion au sixième anniversaire du règne du premier empereur de la dynastie flavienne permet de situer la rencontre des quatre orateurs en 75.
vu (XVII 4). Aper a sans doute pris part à l'expédition de Claude contre la Bretagne en 43, ce qui paraît l'hypothèse la plus vraisemblable quant à l'âge du Breton contemporain des attaques de César. Cf. Agr. XIII 4. Il s'agit en fait de la Grande-Bretagne, appelée à l'époque Britannia.
attaque (XVII 4). César mena deux expéditions contre la Bretagne en 55 et 54 a.C. Cf. Agr. XIII1 ; XV 5.
distribution (XVII 6). Initialement il s'agissait d'une distribution (congiarium) de vivres pour les soldats et le peuple en plus des distributions normales de blé (frumentationes). Par la suite ces distributions se firent en argent. Cf. Ann. II 42. Il s'agit ici du dernier congiarium accordé en 71 ou 72 pour le triomphe de Titus sur les Juifs.
réunir (XVII 7). Quintilien cite d'un seul tenant et met sur le même pied des orateurs depuis l'époque de César jusqu'à Secundus. Cf. Cf I.O. XII 10, 10 -11 : In oratione uero si species intueri uelis, totidem paene reperias ingeniorum quot corporum formas. Sed fuere quaedam genera dicendi condicione temporum horridiora, alioqui magnam iam ingenii uim prae se ferentia. Hinc sint Laelii, Africani, Catones etiam Gracchique, quos tu licet Polygnotos uel Callonas appelles. 11. Mediam illam formam teneant L. Crassus,Q. Hortensius. tum deinde efflorescat non multum inter se distantium tempore oratorum ingens prouentus. Hic uim Caesaris, indolem Caeli, subtilitatem Calidi, diligentiam Pollionis, dignitatem Messallae, sanctitatem Calui, grauitatem Bruti, acumen Sulpici, acerbitatem Cassi reperiemus: in iis etiam quos ipsi uidimus copiam Senecae, uires Africani maturitatem Afri, iucunditatem Crispi, sonum Trachali, elegantiam Secundi. Quant à l'éloquence, si on voulait examiner les aspects qu'elle revêt, on découvrirait quasiment tout autant de formes d'esprits qu'il en existe de corps. Mais il y a eu certains genres d'expression orale qui vu le contexte de leur époque sont assez rébarbatifs, tout en, dirais-je, manifestant déjà des talents pleins de force. Plaçons-y, Laelius, Scipion l'Africain, de même que Caton et les Gracques, qu'on peut surnommer les Polygnotes ou les Callons. 11. Accordons à Lucius Crassus, à Quintus Hortensius un rang intermédiaire. Ensuite on peut voir s'épanouir une gigantesque efflorescence d'orateurs qui s'échelonnent au cours d'un temps restreint : la vigueur de César, le tempérament de Caelius, la finesse de Calidius, la minutie de Pollion, la distinction de Messalla, la pureté de Calvus, le sérieux de Brutus, le piquant de Sulpicius, l'amertume de Cassius. Parmi ceux que j'ai connus personnellement, je soulignerai l'abondance de Sénèque, la véhémence d'Africanus, l'équilibre d'Afer, le charme de Crispus, l'intonation de Trachalus, l'élégance de Secundus.
épanoui (XVIII 2). Caius Gracchus plenior et uberior. Tacite reprend littéralement Br. XXXII 125.
éreinté (XVIII 5). Au sens littéral pour traduire elumbis.
je viens de le dire (XIX 2). Cf. XVIII 2.
juges (XIX 5 ; XX 1). Il est intéressant de comparer l'optique de cette présentation des rapports entre juges et avocats avec celles de Messalla et de Secundus. Cf. XXXI 3 et XXXIX 1 sv.
clause restrictive (XX 1) (exceptio). Cf. Cic. de Or. I 168. Il s'agit d'une pratique extraordinaire pour rétablir, avec le consentement du préteur, l'équité au cours du procès. La formulation (formula) est un document écrit régulant la procédure ou une expression juridique conférant de la validité à un acte.
accompagnent (XX 4). Comme le faisait d'ailleurs Tacite. Cf. II. Il est intéressant de comparer ce passage avec le point de vue de Messalla pour qui cette pratique appartient au passé. Cf. XXXII 3 -7.
philosophie (XXI 5). Brutus est stoïcien.
discours (XXII 2). Aper fait allusion notamment au Pro Milone (52 a.C.), au Pro Marcello (46 a.C.) et aux quatorze Philippiques contre Antoine (44-43 a.C.).
premiers (XXII 3). Il s'agit notamment du Pro Sextio Roscio Armerino (80 a.C.) que Cicéron critique dans de Or. XXX 107-108.
annales (XXII 5). Il s'agit de la forme la plus ancienne (fin du 3e s et 2e s. a.C.) du genre historique à Rome, où les auteurs se limitaient pour la plupart à énumérer les faits année par année.
roue de la fortune (XXIII 1). Cette métaphore apparaît dans une description de débauche au cours de la violente invective In Pisonem que Cicéron prononça en 55 a.C. contre le beau-père de César, Lucius Calpurnius Pison, accusé de mauvais gouvernement de la province de Macédoine. 10. Quid ego illorum dierum epulas, quid laetitiam et gratulationem tuam, quid cum tuis sordidissimis gregibus intemperantissimas perpotationes praedicem? Quis te illis diebus sobrium, quis agentem aliquid quod esset libero dignum, quis denique in publico uidit? cum conlegae tui domus cantu et cymbalis personaret, cumque ipse nudus in conuiuio saltaret. In quo cum illum saltatorium uersaret orbem, ne tum quidem fortunae rotam pertimescebat. Pourquoi déballer devant tout le monde ces jours de festins, tes transports de joie, tes orgies les plus immodérées avec tes plus vils comparses ? Qui t'a vu sobre ces jours-là ? Qui t'a vu faire quelque chose de digne d'un homme libre ? Qui enfin t'a vu en public ? Mais la maison de ton collègue résonnait de chants et de cymbales. Lui-même dansait tout nu devant ses convives et, lorsqu'il dansait en tournant sur lui-même, il ne redoutait pas même alors les tours de roue de la Fortune.
ius uerrinum (XXIII 1). En référence au procès de Verrès, ce jeu de mot peut signifier soit « le droit selon Verrès » ou « du bouillon de verrat ». Cf. In Verrem I 46, 121 : Hinc illi homines erant qui etiam ridiculi inueniebantur ex dolore; quorum alii, id quod saepe audistis, negabant mirandum esse ius tam nequam esse Verrinum. Ainsi découvrait-on ces gens qui souffraient tant qu'il allaient jusqu'à en rire. Parmi eux, les uns disaient, et vous l'avez souvent entendu, qu'il n'était pas étonnant que du bouillon de verrat soit si mauvais.
esse uideatur (XXIII 1). Cette clausule qui se traduit par « (il) semblerait être » n'est pas si fréquente chez Cicéron mais aurait été souvent reprise par ses imitateurs. Cf. Stef n. 99 p. 207.
répugnance (XXIII 2). Le point de vue d'Aper sur les rhéteurs est complètement opposé à celui de Messalla (XXXV).