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OVIDE, Métamorphoses, Livre XV
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2009]
Deux nouveaux dieux à Rome : César et Auguste – Épilogue (15, 745-879)
Métamorphose en astre de César, dieu père d'un autre dieu, Octave/Auguste (15, 745-802)
Après Esculape, Rome voit apparaître d'autres dieux nouveaux, locaux cette fois. Il va être question de Jules César et de son fils adoptif, Auguste. Le plus grand titre de gloire de Jules César est d'être le père d'Auguste. Celui-ci, vu sa grandeur, ne peut être qu'un dieu, descendant d'un dieu. C'est parce qu'il est le père d'Auguste que César connaît l'apothéose. Vénus, pressentant l'apothéose de Jules César, mais aussi son assassinat, et se souvenant des épreuves qu'elle-même et son fils Énée ont subies, supplie tous les dieux d'assurer la sauvegarde de César, le dernier rejeton de sa race. (15, 745-778)
Mais les dieux compatissants ne peuvent s'opposer aux décrets des Parques et, malgré les phénomènes extraordinaires, sinistres présages, avertissant de l'imminence d'un danger, ils ne peuvent empêcher la mise en oeuvre du meurtre de César. (15, 779-802)
15, 745 |
Hic tamen
accessit delubris aduena nostris ; |
Ce
dieu, un étranger pourtant, a fait son entrée dans nos temples. |
quam sua
progenies ; neque enim de Caesaris actis |
c'est
son propre fils.
En effet, de toutes les
actions de César, |
|
15, 755 |
Cinyphiumque Iubam Mithridateisque tumentem |
les
Numides rebelles, et
Juba au pays baigné par le Cinyps, |
15, 760 |
Ne foret
hic igitur mortali semine cretus, |
Aussi,
comme le second ne pouvait descendre d'une
semence mortelle, |
15, 765 |
« Adspice », dicebat « quanta mihi mole
parentur |
« Regarde
avec quelle force on dresse des embûches contre
moi, |
15, 770 |
nunc male
defensae confundant moenia Troiae ; |
après avoir, à ma grande
confusion,
mal défendu les murs de Troie, je verrais maintenant mon fils malmené dans de longues errances, ballotté sur les mers, pénétrer au royaume du silence et faire la guerre à Turnus, ou plutôt, à vrai dire, à Junon ! Pourquoi maintenant rappeler les malheurs passés de ma famille ? |
damna mei
generis ? Timor hic meminisse priorum |
Ma crainte actuelle ne me
permet pas d'évoquer des faits passés. |
|
15, 780 |
uerba
iacit superosque mouet ; qui rumpere quamquam |
qui émeuvent les
dieux. Impuissants à briser les décrets de fer |
15, 785 |
praemonuisse nefas ; solis quoque tristis imago |
annonçant le
sacrilège. Même le soleil, la face
lugubre, |
15, 790 |
sparsus
erat, sparsi Lunares sanguine currus ; |
le char de la Lune avait été
éclaboussé de sang. |
15, 795 |
fibra
monet caesumque caput reperitur in extis |
se lit dans les entrailles et l'on
découvre un foie au bout tranché ; on raconte aussi que des chiens ont hurlé durant la nuit, que sur le forum, autour des maisons et des temples des dieux, des ombres muettes de morts ont erré et que la ville a tremblé. Les avertissements divins n'ont pourtant pu triompher |
15, 800 |
praemonitus potuere deum strictique feruntur in templum gladii ; neque enim locus ullus in Vrbe ad facinus diramque placet, nisi curia, caedem. |
des embûches et des destins à
venir : des glaives dégainés sont amenés dans un temple sacré ; car aucun endroit de la Ville autre que la curie ne convient à ce crime, à ce massacre effroyable. |
La destinée de Jules César et celle d'Auguste - Prière pour Auguste (15, 803-870)
Vénus tente de protéger César en le dissimulant dans un nuage puis, à l'invitation de Jupiter, elle consulte les tables de bronze conservées dans la demeure des Parques, sur lesquelles sont gravés les incontournables décrets du destin, et singulièrement ceux qui attendent sa descendance romaine : la divinisation de Jules César, vengé et remplacé par Auguste ; ce dernier, avec l'aide des dieux, mènera avec succès de nombreuses guerres, de Modène à Actium, deviendra le maître du monde, instaurera la paix universelle, et désignera Tibère comme son successeur, avant de mourir très âgé, et d'être divinisé à son tour. Enfin, Jupiter recommande à Vénus de veiller à la transformation en astre de Jules César. (15, 803-842)
Vénus s'empresse de transporter l'âme de Jules César vers le ciel, sous la forme d'une comète. Vénus et Auguste affirment la supériorité de César, mais la Renommée porte les mérites d'Auguste au premier rang, au même titre que certains fils, connus par la mythologie, qui ont surpassé leur père. (15, 843-860)
Enfin une invocation du poète supplie tous les dieux liés à la famille de César et d'Auguste d'accorder au prince une très longue vie, avant son apothéose. (15, 861-870)
15, 803 |
Tum uero
Cytherea manu percussit utraque |
Alors
Cythérée de ses deux mains se frappe la
poitrine |
15, 805 |
qua prius
infesto Paris est ereptus Atridae |
qui autrefois
permit à Pâris d'être arraché à l'Atride
son ennemi |
15, 810 |
ex aere
et solido rerum tabularia ferro, |
sur
des tables de bronze et de fer massif, travail gigantesque |
15, 815 |
et
referam, ne sis etiamnum ignara futuri. |
je les rapporterai, pour que désormais tu
n'ignores rien de l'avenir. Ce héros pour qui tu te donnes tant de mal, Cythérée, a accompli son temps et les années qu'il devait à la terre. Que, devenu dieu, il accède au ciel et soit honoré dans des temples, toi et son fils, vous y veillerez. Héritier de son nom, |
15, 820 |
impositum
feret unus onus, caesique parentis |
lui seul assumera la charge imposée et, vengeur énergique |
15, 825 |
et magnum
Siculis nomen superabitur undis ; |
et
un grand nom dans les ondes siciliennes sera vaincu. |
15, 830 |
oceano
numerem ? Quodcunque habitabile tellus |
des
deux
océans ?
Tous les lieux habitables que porte la terre |
15, 835 |
temporis
aetatem uenturorumque nepotum |
se projetant dans l'avenir, au
temps de ses futurs descendants, |
Hanc
animam interea caeso de corpore raptam |
Entre-temps, fais
que l'âme arrachée à ce corps abattu |
|
15, 845 |
Caesaris
eripuit membris nec in aera solui |
arracha de son corps l'âme de
son cher César, l'empêcha de se dissoudre dans l'air, et l'amena parmi les astres du ciel. En la portant, elle sentit l'âme s'illuminer et s'embraser ; elle la laissa s'échapper de son sein. L'âme s'envole plus haut que la Lune et, traînant à travers l'espace sa chevelure enflammée, |
15, 850 |
stella
micat ; natique uidens benefacta fatetur |
elle devient un
astre scintillant. Voyant les hauts faits de son fils, |
15, 855 |
Sic
magnus cedit titulis Agamemnonis Atreus, |
Ainsi le grand Atrée
s'est effacé devant les titres d'Agamemnon, ainsi Thésée a-t-il évincé Égée, ainsi Achille a-t-il surpassé Pélée. Finalement, pour recourir à des exemples à leur mesure à eux, ainsi Saturne est inférieur à Jupiter ; Jupiter est celui qui gouverne les citadelles de l'éther et les trois royaumes de notre monde ; |
terra sub
Augusto est ;
pater est et rector uterque. |
Auguste est maître
sur terre ; chacun est père et maître. |
|
15, 865 |
et cum
Caesarea tu, Phoebe domestice, Vesta, |
et toi,
Phébus,
résidant avec Vesta dans la demeure de César, |
15, 870 |
accedat
caelo faueatque precantibus absens. |
pour accéder au ciel d'où il aidera de loin
ceux qui le prient. |
Épilogue (15, 871-879)
Fierté et confiance du poète en son oeuvre, pour lui assurer un renom impérissable !
15, 871 |
Iamque
opus exegi, quod nec Iouis ira nec ignis |
Et maintenant j'ai réalisé mon
oeuvre : ni la colère de Jupiter, ni le feu ni le fer, ni le temps dévoreur ne pourront la détruire. Que ce jour, qui n'a de droit que sur mon corps, mette un terme, quand il le voudra, au parcours de ma vie à la durée incertaine. |
15, 875 |
parte
tamen meliore mei super alta perennis astra ferar, nomenque erit indelebile nostrum ; quaque patet domitis Romana potentia terris, ore legar populi perque omnia saecula fama, siquid habent ueri uatum praesagia, uiuam. |
Immortel pourtant
par la partie la meilleure de moi-même, |
NOTES
Ce dieu (15, 745). Esculape, amené d'Épidaure, dont il vient d'être question 15, 622-744.
sous la toge comme à la guerre (15, 746-747). Variation d'Ovide sur une formule latine (belli domique) qui symbolise toutes les activités civiles et militaires.
comète (15, 749). César fut assassiné aux ides de Mars, le 15 mars 44 a.C., dans la cinquante-sixième année de son âge, et le récit de Suétone (Vie de César, 88, 1-2) explique bien ce qu'est cette comète :
(1) Il périt dans la cinquante-sixième année de son âge, et fut mis au nombre des dieux, non seulement par le décret qui ordonna son apothéose, mais aussi par la foule, persuadée de sa divinité. (2) Pendant les premiers jeux que donna pour lui, après son apothéose, son héritier Auguste [= les ludi Victoriae, en juillet 44], une comète, qui se levait vers la onzième heure, brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est pour cette raison qu'il est représenté avec une étoile au-dessus de la tête.
De cet astrum Caesaris, ce sidus Iulium, il sera plus longuement question encore dans la suite (15, 840-851).
son propre fils (15, 750). La mère d'Octave (le futur Auguste) était une nièce de Jules César. Auguste était donc par sa mère le petit-neveu du dictateur, qui l'adopta en 45 a.C., et le considéra dès ce moment comme son fils par le sang. Ovide fait ici à l'empereur régnant une cour évidente.
Bretons (15, 752). Va suivre une évocation rapide de quelques campagnes victorieuses de Jules César, en commençant par celle contre les Bretons en Grande-Bretagne, en 54 a.C.
Nil (15, 753). Évocation de la guerre d'Alexandrie, en 48-47 a.C., qui rendit César maître de l'Égypte et de Cléopâtre. Il est fait allusion au Nil, à son delta et à sa richesse en papyrus.
peuple de Quirinus (15, 754). Les Romains, tout simplement. Cfr Mét., 15, 572.
Numides et Juba (15, 755). C'est la victoire de Thapsos en Espagne, en 46 a.C., sur les armées de Pompée et leur allié Juba Ier, roi de Numidie dans le royaume africain duquel coule le fleuve Cinyps.
Pont (15, 756). La victoire foudroyante de César (ueni, uidi, uici), près de Zéla, en 47 a.C., sur Pharnace, roi du Pont, fils de Mithridate le Grand. Six Mithridates ont successivement régné sur le royaume du Pont.
triomphes (15, 757). D'après Suétone (Vie de César, 37), César triompha cinq fois : de la Gaule d'abord (« le premier et le plus beau de ses triomphes »), ensuite d'Alexandrie, puis du Pont, puis de l'Afrique, et en dernier lieu de l'Espagne.
mère d'Énée (15, 762). Vénus, qui a une vision claire de l'avenir, sait que César connaîtra la gloire de l'apothéose, mais qu'il va être assassiné. Elle se plaint auprès des autres dieux.
Pontife (15, 763). Jules César avait été nommé Pontifex Maximus en 63 a.C., et, à ce titre, il présidait donc le culte de Vesta et le collège des Vestales. Voir Fast., 3, 415-428 avec les notes, et 3, 699. Ce vers fait allusion à la conjuration de Cassius et Brutus qui aboutit au meurtre de César aux ides de mars, en 44 a.C. et qui sera rappelée aux vers 15, 776-778.
Iule... Dardanus (15, 767). Rapprochement entre Jules César et Troie (Dardanus) en passant par Iule-Ascagne. Ce dernier, ancêtre de la gens Iulia, à laquelle appartient César, est le fils d'Énée, lui-même fils de Vénus. La déesse protège les origines troyennes de Rome. Voir notes à Mét., 15, 431 et 15, 447.
fils de Tydée... Calydon... (15, 769-774). Diomède, fils de Tydée, originaire de Calydon, en Étolie, avait blessé Vénus/Aphrodite qui s'était portée au secours d'Énée au cours d'un combat (Homère, Il., 5, 330-351). Voir aussi note à Mét., 14, 478. Ces quelques vers sont un rappel concis de l'histoire d'Énée, bien connue évidemment des lecteurs d'Ovide grâce à l'Énéide de Virgile.
Ma crainte actuelle... feu de Vesta (15, 775-778). La famille de Vénus est celle de Jules César et d'Auguste. Et la déesse prévoit ici l'assassinat du grand pontife Jules César, le prêtre de Vesta qui va être massacré. Voir plus haut la n. à 15, 763 et à 15, 767.
soeurs vénérables (15, 781). Les trois Parques, qui sont les gardiennes du Destin, et auxquelles même les dieux sont soumis. Voir Mét., 5, 532 ; Virg., Én., 1, 22 ; 3, 379, etc.
signes (15, 782). Des présages de l'époque (certains précédant ou suivant le meurtre de César) sont rapportés par différents auteurs : Virg., Géorg., 1, 466-492 ; Horace, Odes, 1, 2, v. 3-4 et 21 ; Tibulle, 2, 5, v. 67-73 ; Dion Cassius, 37, 9, et 45, 17.
torches embrasées parmi les astres (15, 787). Des étoiles filantes par exemple.
Lucifer (15, 789). L'Étoile du matin, c'est-à-dire la planète Vénus, visible dans l'hémisphère nord, soit juste avant l'aube, soit au crépuscule (dans ce cas, elle s'appelle vesper. Voir par exemple Mét., 2, 114-115, etc.
hibou du Styx... (15, 791). Oiseau de mauvais présage, oiseau funèbre, lié au Styx, fleuve des enfers (Mét., 10, 453).
l'ivoire (15, 792). Des statues de dieux étaient réalisées partiellement en ivoire, qu'on entretenait avec de l'huile.
victime... (15, 794-795). « Les haruspices examinaient les exta [...], parmi lesquels le foie jouait le rôle le plus important. On en observait surtout les extrémités saillantes (fibrae), dont la principale était appelée la tête (caput) » (J. Chamonard). Si on la trouvait absente ou coupée, la chose était interprétée comme un présage particulièrement funeste.
temple... curie (15, 801-802). La curie, lieu de réunion du sénat, était un endroit consacré (au sens technique du terme, c'est-à-dire « inauguré » comme templum), retiré donc à l'espace profane comme l'était tout sanctuaire d'un dieu. Le meurtre de César n'eut pas lieu dans la Curia Hostilia du Forum romain, qui à cette date, était en réfection, « mais au Champ de Mars, dans une salle construite par Pompée, à l'Est de son portique, et qui servait provisoirement aux réunions du Sénat » (J. Chamonard).
Cythérée... (15, 803-804). Vénus, vénérée à Cythère, et Jules César (voir notes à 15, 431, à 15, 447 et à 15, 767 avec les renvois).
descendant d'Énée (15, 803-804). Jules César (cfr ci-dessous la n. à 15, 767, ).
Pâris... l'Atride... (15, 805). Allusion au combat singulier qui dans l'Iliade, 3, 310-382, opposa Pâris à Ménélas, un des deux Atrides, combat dont Pâris réchappa, caché par un nuage envoyé par Aphrodite.
Énée... Diomède (15, 806). Autre allusion à un épisode de l'Iliade (5, 311-317), au cours duquel Énée, blessé par Diomède, est secouru par sa mère Aphrodite/Vénus, qui le soustrait à la vue de son adversaire.
tables de bronze et de fer (15, 810). Allusion à l'usage romain de conserver leurs documents importants, dans des sanctuaires et surtout dans l'Aerarium Saturni du Forum. Les décisions des Parques sont considérées par Ovide un peu comme les « archives du monde ». Et il va de soi qu'elles étaient gravées sur un matériau solide. Cfr au vers 813, l'expression « acier indestructible ».
Ce héros (15, 816). Jules César.
son fils (15, 819). Octave/Auguste.
au combat (15, 821). Après l'énumération des victoires militaires de Jules César (ci-dessus, vers 750-759), voici celle des exploits qu'Ovide attribue à Octave-Auguste.
Modène (15, 822-823). En 43 a.C., Octave a remporté une victoire sur Antoine devant Modène.
Pharsale (15, 823). En 48 a.C., Jules César avait remporté une victoire sur Pompée, à Pharsale, au sud de la Thessalie.
Philippes (15, 824). En 42 a.C., à Philippes, dans l'est de la Macédoine, Octave avait battu Brutus et Cassius, les meurtriers de César.
Émathie (15, 824). Les deux villes de Phrasale et de Philippes sont très éloignées l'une de l'autre, mais on a l'impression qu'Ovide, après Virgile (Georg., I, 490), « sans tenir compte de la distance, considère les deux villes comme faisant partie d'un même territoire, l'Émathie, comprenant à la fois la Thessalie et la Macédoine » (J. Chamonard). Sur Émathius et l'Émathie, cfr Mét., 5, 313, et Mét., 12, 462.
un grand nom (15, 825). Allusion à Sextus Pompée, second fils de Pompée le Grand, portant lui aussi le titre de Grand ; après avoir longtemps combattu Octave, il fut finalement défait à Mylae, au Nord-Ouest de la Sicile, dans une bataille navale, en 36 a.C., par Agrippa, fidèle second d'Octave.
épouse égyptienne (15, 828). Cléopâtre, reine d'Égypte, que Marc-Antoine, général romain rival d'Octave, avait épousée en 36 a.C. À la mort d'Antoine, en 30 a.C., n'ayant pas réussi à apitoyer (séduire?) Octave, elle se suicida.
Canope (15, 828). Canope est une ville d'Égypte, proche d'Alexandrie, centre religieux important. « Ovide accuse donc Cléopâtre d'avoir voulu substituer les dieux égyptiens aux dieux romains » (J. Chamonard), le Capitole étant ici perçu comme le centre religieux de Rome.
deux océans (15, 830). De quels océans [ou quelles mers] s'agit-il ? La chose n'est pas claire.
la mer aussi (15, 831). La victoire remportée à Actium, en 31 a.C., sur Antoine et la flotte égyptienne, assura à Octave la maîtrise de toute la Méditerranée.
droits des citoyens (15, 833-835). Allusion à l'oeuvre législative d'Auguste, tendant notamment à moraliser la vie de la société romaine.
le fils, né de son épouse,... (15, 836). Il s'agit de Tibère, fils de l'épouse d'Auguste, Livie, et de Tibérius Claudius Néron, qu'Octave avait adopté en 4 a.C. et qui lui succédera au pouvoir en 14.
vieillard de Pylos (15, 838). Nestor, le vieux sage de l'Iliade, qui passe pour un exemple de longévité (Iliade, 1, 248-252). Voir n. à Mét., 12, 169 et Mét., 12, 187, où Nestor dit avoir déjà deux cents ans. Voir aussi Fast., 3, 533.
astres de sa famille (15, 839). Vénus a déjà son étoile, Lucifer (15, 789). Ovide va maintenant parler de l'astre de Jules César.
étoile éclatante (15, 841). On a déjà évoqué plus haut (15, 749, avec la note) cette comète qui, lors des premiers jeux célébrés par Octave en l'honneur de César divinisé, brilla dans le ciel durant sept jours. D'autres textes traitent de ce sidus Iulium, comme Plin., Nat. hist., 2, 93ss, ou Cass. Dio, 45, 7, 1.
Ainsi le grand Atrée... (15, 855-857). Le couple Jules César et Octave/Auguste va être maintenant comparé à d'autres couples pères-fils célèbres dans la mythologie : ainsi, Agamemnon, Thésée et Achille ont tous surpassé leurs pères respectifs, Atrée, Égée, et Pélée. – Sur Égée et Thésée, cfr notes à Mét., 7, 402-404. – Agamemnon est cité sans plus comme fils d'Atrée, en 13, 439. – Pélée et Achille, de leur côté, sont très souvent cités dans les Métamorphoses.
Saturne, etc (15, 858). Jupiter, à qui est comparé Auguste, est plus grand que son père, Saturne, le correspondant de Jules César.
les citadelles de l'éther et les trois royaumes (15, 859). Jupiter est le roi des dieux, qui vivent dans les « citadelles de l'éther ». Et il est aussi le maître du monde, désigné ici par le latin mundi regna triformis. L'expression a déjà été utilisée dans les Mét., 12, 39-40, où le poète précisait l'emplacement de la demeure de la Renommée, sur les limites des « trois mondes », en les détaillant « terre, mer et régions célestes ». La formule désignerait donc, non pas le monde des dieux, mais notre monde (sublunaire ou subsolaire), c'est-à-dire la terre, la mer et le ciel. Jupiter est le maître de l'univers : ciel, terre et enfers.
chacun est père et maître (15, 860). Dans la comparaison entre Jupiter et Auguste, Ovide semble vouloir ménager les susceptibilités en n'entrant pas trop dans les détails, leur domaine respectif n'est évidemment pas comparable.
qui avez accompagné Énée (15, 861). L'invocation aux dieux en faveur d'Octave/Auguste (qui n'est pas sans rappeler celle de Virgile, Géorgiques, 1, 498-501), commence par les dieux Pénates de Troie, qu'Énée a arrachés aux flammes lors de la chute de Troie, pour les emmener avec lui (voir Mét., 15, 441-443).
dieux Indigètes (15, 862). Au sens propre, le mot Indigetes semble avoir désigné dans la religion romaine une classe de petits dieux, presque oubliés, aux activités très particulières, mais il est parfois utilisé dans les textes littéraires pour caractériser les dieux du pays (indigenae). Dans un contexte comme celui-ci, Ovide pourrait avoir à l'esprit « les vieux dieux de Rome ». Il faut toutefois savoir que sur cette question rien n'est clair. On a en tout cas rencontré plus haut l'expression « Énée Indigète » (cfr Mét., 14, 607-608).
Quirinus (15, 862). Quirinus, c'est Romulus divinisé.
Gradiuus (15, 863). Gradivus est un autre nom de Mars, qui est, comme on le sait, le père de Romulus-Quirinus. L'accent est mis ici sur les victoires de Romulus. Il est dit par Ovide « invaincu », un adjectif qui ne lui est pas souvent attribué d'ailleurs.
dans la maison même de César (15, 864). Après la mort de Lépide en 12 a.C., la charge de Grand Pontife avait été reprise par Auguste, ce qui lui aurait imposé d'habiter sur le Forum non loin du temple de Vesta. Auguste décida alors de construire dans sa propre résidence, sur le Palatin, un sanctuaire de Vesta, laquelle devenait ainsi (comme Phébus-Apollon qui va être cité au vers suivant) une des divinités domestiques de l'empereur. Vesta habite donc dans la maison (= les pénates) d'Auguste. Cfr aussi Fast., 4, 949-954.
Phébus (15, 865). Apollon est une autre divinité domestique de l'empereur. Ayant lui aussi son temple dans le palais du Palatin, il habite avec la « Vesta protectrice de César » (cum Caesarea... Vesta). Cfr aussi Fast., 4, 949-954.
Mont Tarpéien (15, 866). Le temple de Jupiter Capitolin se trouvait à l'extrémité sud-ouest du Capitole, qui s'appelait le Mont Tarpéien, un nom que la colline devait à Tarpéia, celle qui avait trahi au profit des envahisseurs sabins sous Titus Tatius (cfr Mét., 14, 776).
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