Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises : sur la BCS - sur la Toile

Virgile : Énéide - Bucoliques

Géorgiques : Chant I (et Hypertexte louvaniste) - Chant II - Chant III - Chant IV

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


 

VIRGILE - GEORGIQUES

LIVRE I : LE LABOURAGE

 


Cette traduction française est celle de Maurice RAT, Virgile. Les Bucoliques et les Géorgiques, Paris, Classiques Garnier, 1932. Le texte a été saisi optiquement par Jean Schumacher, qui a également introduit les divisions de dix en dix vers. Les sous-titres ont généralement été repris à l'édition E. de Saint-Denis, Paris, 1963 (Collection des Universités de France). Nous avons pris la liberté de modifier quelques rares passages (signalés en rouge).

La présente traduction s'intègre dans le vaste projet louvaniste des Itinera Electronica, et en particulier dans la rubrique Hypertextes, où cette Géorgique de Virgile a sa place propre. Les possibilités de cette réalisation "Hypertextes" sont multiples; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.


 

Préambule [1,1-42]

 

Dédicace à Mécène; sujet de chacun des livres [1,1-5]

[1,1] Quel art fait les grasses moissons; sous quel astre, Mécène, il convient de retourner la terre et de marier aux ormeaux les vignes; quels soins il faut donner aux boeufs, quelle sollicitude apporter à l'élevage du troupeau; quelle expérience à celle des abeilles économes, voilà ce que maintenant je vais chanter.

 

Invocation aux dieux tutélaires de l'agriculture [1,5-23]

O vous, pleins de clarté, flambeaux du monde, qui guidez dans le ciel le cours de l'année; Liber, et toi, alme Cérès, si, grâce à votre don, la terre a remplacé le gland de Chaonie par l'épi lourd, et versé dans la coupe de l'Achéloüs le jus des grappes par vous découvertes; [1,10] et vous, divinités gardiennes des campagnards, Faunes, portez ici vos pas, Faunes, ainsi que vous, jeunes Dryades: ce sont vos dons que je chante. Et toi qui, le premier, frappant la terre de ton grand trident, en fis jaillir le cheval frémissant, ô Neptune; et toi, habitant des bocages, grâce à qui trois cents taureaux neigeux broutent les gras halliers de Céa; toi-même, délaissant le paternel bocage et les bois du lycée, Pan, gardeur de brebis, si ton Ménale t'est cher, assiste-moi, Tégéen, et me favorise; et toi, Minerve, créatrice de l'olivier; et toi, enfant, qui nous montras l'arceau recourbé; [1,20] et Silvain, portant un tendre cyprès déraciné; vous tous, dieux et déesses, qui veillez avec soin sur nos guérets, qui nourrissez les plantes nouvelles nées sans aucune semence, et qui du haut du ciel faites tomber sur les semailles une pluie abondante.

 

Invocation à Auguste qui prendra place dans le ciel [1,24-42]

Et toi enfin, qui dois un jour prendre place dans les conseils des dieux à un titre qu'on ignore, veux-tu, César, visiter les villes ou prendre soin des terres et voir le vaste univers t'accueillir comme l'auteur des moissons et le maître des saisons, en te ceignant les tempes du myrte maternel ? Ou bien deviendras-tu le dieu de la mer immense, [1,30] pour que les marins révèrent ta seule divinité, que Thulé aux confins du monde soit soumise à tes lois, et que Téthys, au prix de toutes ses ondes, achète l'honneur de t'avoir pour gendre ? Ou bien, astre nouveau, prendras-tu place, aux mois lents dans leur course, dans l'intervalle qui s'ouvre entre Érigone et les Chèles qui la poursuivent ? De lui-même, l'ardent Scorpion pour toi déjà replie ses bras et te cède dans le ciel plus d'espace qu'il n'en faut. Quel que soit ton destin [car le Tartare ne saurait t'espérer pour roi, et ton désir de régner n'irait pas jusque-là, bien que la Grèce admire les Champs-Élyséens et que Proserpine n'ait cure de répondre aux appels de sa mère),[1,40] donne-moi une course facile, et favorise mes hardies entreprises, et, sensible comme moi aux misères des campagnards qui ne savent pas leur route, avance et accoutume-toi, dès maintenant, à être invoqué par des voeux.

 


Travaux des Champs [1,43-203]

 

Au retour du printemps, il faut labourer la terre; les quatre labours annuels [1,43-49]

Au printemps nouveau, quand fond la glace sur les monts chenus et que la glèbe amollie s'effrite au doux Zéphyr, je veux dès lors voir le taureau commencer de gémir sous le poids de la charrue, et le soc resplendir dans le sillon qu'il creuse. La récolte ne comblera les voeux de l'avide laboureur que si elle a senti deux fois le soleil et deux fois les frimas : alors d'immenses moissons feront crouler ses greniers.

 

Chaque terre ayant ses qualités propres, on réglera d'après la nature du fonds le temps et le nombre des façons à lui donner [1,50-70]

[1,50] Mais avant de fendre avec le fer une campagne inconnue, qu'on ait soin d'étudier au préalable les vents, la nature variable du climat, les traditions de culture et les caractères des lieux, et ce que donne ou refuse chaque contrée. Ici les moissons viennent mieux; là, les raisins; ailleurs les fruits des arbres et les herbages verdoient d'eux-mêmes. Ne vois-tu pas comme le Tmolus nous envoie ses crocus odorants, l'Inde son ivoire, les mols Sabéens leurs encens, tandis que les Chalybes nus nous donnent le fer, le Pont son fétide baume de castor, l'Épire les palmes des cavales d'Élis ?

[1,60] Telles sont les lois et les conditions éternelles que la nature a, dès le début, imposées à des lieux déterminés, lorsqu'aux premiers temps du monde Deucalion jeta sur le globe vide les pierres d'où les hommes naquirent, dure engeance. Courage donc! si le sol est de terre glaise, que dès les premiers mois de l'année de forts taureaux le retournent et que l'été poudreux cuise les mottes exposées aux rayons du soleil; mais si le sol est peu fécond, il suffira d'y tracer, juste au retour de l'Arcture, un mince sillon : là, pour que les herbes ne fassent tort aux grasses récoltes; [1,70] ici, pour que le peu d'eau qui l'humecte abandonne un sable stérile.

 

Les méthodes de culture : la jachère; les assolements; la fumure; l'incinération des éteules sur place; le hersage et les labours qui se recoupent [1,71-99]

Tes blés une fois coupés, tu laisseras la campagne se reposer pendant un an et, oisive, se durcir à l'abandon; ou bien, l'année suivante, tu sèmeras, au changement de saison, l'épeautre doré là où tu auras précédemment récolté un abondant légume à la cosse tremblante, les menus grains de la vesce ou les tiges frêles et la forêt bruissante du triste lupin. Car une récolte de lin brûle la campagne, une récolte d'avoine la brûle, et les pavots la brûlent imprégnés du sommeil Léthéen. Mais pourtant, grâce à l'alternance, le travail fourni par la terre est facile; [1,80] seulement n'aie point honte de saturer d'un gras fumier le sol aride, ni de jeter une cendre immonde par les champs épuisés. C'est ainsi qu'en changeant de productions les guérets se reposent, et que la terre qui n'est point labourée ne laisse pas d'être généreuse.

Souvent aussi il a été bon d'incendier des champs stériles et de brûler le chaume léger à la flamme pétillante : soit que les terres en retirent des forces secrètes et des sucs nourriciers; soit que tout leur virus soit cuit par le feu et qu'elles suent une humidité inutile; soit que la chaleur dilate des passages en plus grand nombre et des pores invisibles, [1,90] par où le suc arrive aux plantes nouvelles; soit qu'elle durcisse le sol et en resserre les veines béantes, de façon à empêcher les effets des pluies fines, de l'ardeur d'un soleil dévorant ou des brûlures dues au froid pénétrant de Borée.

De plus, celui qui brise avec le hoyau les mottes inertes et qui fait passer sur elles les herses d'osier, fait du bien aux guérets, et ce n'est pas pour rien que du haut de l'Olympe la blonde Cérès le regarde. Il en va de même de celui qui, en tournant la charrue obliquement, rompt en sens inverse des mottes qu'il a soulevées en creusant le sillon, qui tourmente la terre sans répit et commande aux guérets.

 

Après les semailles, conditions et travaux favorables aux céréales [1,100-117]

[1,100] Priez pour avoir des solstices humides et des hivers sereins, ô laboureurs; de la poussière en hiver est signe d'épeautre très abondant, de récolte abondante; c'est ainsi que sans culture la Mysie montre tant de jactance et que le Gargare lui-même admire ses propres moissons.

Que dirai-je de celui, qui, dès les semailles faites, engage la lutte avec le guéret, brise les mottes qui hérissent le sol, puis fait passer sur ses semailles une eau courante et de dociles canaux ? Et, quand le champ brûlé voit les plantes mourir de chaleur, voici que du sommet sourcilleux d'une traverse déclive il fait jaillir l'onde; celle-ci, en tombant sur un lit de cailloux lisses, fait entendre un murmure rauque, [1,110] et rafraîchit de ses cascades les guérets altérés. Que dirai-je encore de celui qui, pour empêcher que le chaume ne succombe sous le poids des épis, fait paître le luxe de ses moissons quand elles ne sont encore qu'herbe tendre, dès qu'elles atteignent la hauteur des sillons; ou de celui qui déverse dans le sable avide l'eau stagnante amassée sur ses terres, surtout si pendant les mois douteux le fleuve grossi déborde et couvre tout au loin de son épais limon, en laissant des lagunes profondes d'où s'exhale une tiède vapeur ?

 

Mais à ce travail font obstacle les ennemis du laboureur; car Jupiter a imposé aux mortels la loi du progrès laborieux; d'où la nécessité de lutter contre la rouille, les plantes parasites, les oiseaux et l'ombre [1,118-159]

Et cependant, en dépit de tout ce mal que les hommes et les boeufs se sont donné pour retourner la terre, ils ont encore à craindre l'oie vorace, [1,120] les grues du Strymon, l'endive aux fibres amères et les méfaits de l'ombre. Le Père des dieux lui-même a voulu rendre la culture des champs difficile, et c'est lui qui le premier a fait un art de remuer la terre, en aiguisant par les soucis les coeurs des mortels et en ne souffrant pas que son empire s'engourdît dans une triste indolence.

Avant Jupiter, point de colon qui domptât les guérets; il n'était même pas permis de borner ou de partager les champs par une bordure : les récoltes étaient mises en commun, et la terre produisait tout d'elle-même, librement, sans contrainte. C'est lui qui donna leur pernicieux virus aux noirs serpents, [1,130] qui commanda aux loups de vivre de rapines, à la mer de se soulever; qui fit tomber le miel des feuilles, cacha le feu et arrêta les ruisseaux de vin qui couraient çà et là: son but était, en exerçant le besoin, de créer peu à peu les différents arts, de faire chercher dans les sillons l'herbe du blé et jaillir du sein du caillou le feu qu'il recèle. Alors, pour la première fois, les fleuves sentirent les troncs creusés des aunes; alors le nocher dénombra et nomma les étoiles : les Pléiades, les Hyades et la claire Arctos, fille de Lycaon. Alors on imagina de prendre aux lacs les bêtes sauvages, de tromper les oiseaux avec de la glu [1,140] et d'entourer d'une meute les profondeurs des bois. L'un fouette déjà de l'épervier le large fleuve, dont il gagne les eaux hautes; l'autre traîne sur la mer ses chaluts humides. Alors on connaît le durcissement du fer et la lame de la scie aiguë (car les premiers hommes fendaient le bois avec des coins); alors vinrent les différents arts. Tous les obstacles furent vaincus par un travail acharné et par le besoin pressant en de dures circonstances.

La première, Cérès apprit aux mortels à retourner la terre avec le fer, lorsque déjà manquaient les glands et les arbouses de la forêt sacrée et que Dodone refusait toute nourriture. [1,150] Bientôt les blés aussi connurent la maladie, telles que la nielle pernicieuse, rongeant les chaumes, et le stérile chardon hérissant les guérets; les moissons meurent sous une âpre forêt de bardanes et de tribules, et au milieu de brillantes cultures s'élèvent l'ivraie stérile et les folles avoines. Si avec le hoyau tu ne fais pas une guerre assidue aux mauvaises herbes, si tu n'épouvantes à grand bruit les oiseaux, si la serpe en main tu n'élagues l'ombrage qui recouvre ton champ, si tu n'appelles la pluie par tes voeux, hélas ! tu en seras réduit à contempler le gros tas d'autrui et à secouer, pour soulager ta peine, le chêne dans les forêts.

 

Les armes du paysan; fabrication de la charrue [1,160-175]

[1,160] Il nous faut dire maintenant quelles sont les armes propres aux rudes campagnards et sans lesquelles les moissons n'auraient pu être semées ni lever : c'est d'abord le soc et le bois pesant de l'areau recourbé; les chariots à la marche lente de la mère d'Éleusis; les rouleaux, les traîneaux, les herses au poids énorme, puis le vil attirail d'osier inventé par Célée, les claies d'arbousier et le van mystique d'Iacchus. Tels sont les instruments que tu auras soin de te procurer longtemps d'avance, si tu veux mériter la gloire d'une campagne divine.

On prend tout de suite dans les forêts un ormeau qu'on ploie de toutes ses forces pour en faire un age [1,170] et auquel on imprime la forme de l'areau courbe; on y adapte, du côté de la racine, un timon qui s'étend de huit pieds en avant, deux orillons et un sep à double revers. On coupe d'avance un tilleul léger pour le joug et un hêtre altier pour le manche, qui, placé en arrière, fait tourner le bas du train : on suspend ces bois au-dessus du foyer et la fumée en éprouve la solidité.

 

Autres préceptes; établissement de l'aire; présages procurés par la floraison de l'amandier; choix et traitement des semences pour éviter qu'elle ne dégénèrent [1,176-203]

Je puis te rappeler une foule de préceptes des anciens, si tu n'y répugnes pas et ne dédaignes pas de connaître de menus détails.

L'aire avant tout doit être aplanie avec un grand cylindre, retournée avec la main et durcie avec une craie tenace, [1,180] de peur que les herbes n'y poussent ou que, vaincue par la poussière, elle ne se fende, et qu'alors des fléaux de toute sorte ne se jouent de toi : souvent le rat menu a établi ses demeures et creusé sous terre ses greniers; ou encore les taupes aveugles y ont creusé leurs tanières; on y surprend en ses trous le crapaud et toutes les bêtes étranges que la terre produit; un énorme tas d'épeautre est dévasté par les charançons ou par la fourmi craignant la gêne pour sa vieillesse.

Observe aussi l'amandier, lorsqu'il se revêtira de fleurs dans les bois et courbera ses branches odorantes : si les fruits surabondent, le blé suivra de même, [1,190] et avec les grandes chaleurs il y aura à battre une grande récolte; mais si un vain luxe de feuilles donne une ombre excessive, l'aire ne broiera que des chaumes riches en paille.

J'ai vu bien des gens traiter leurs semences en l'arrosant au préalable de nitre et de marc noir, pour que le grain fût plus gros dans ses cosses trompeuses et plus prompt à s'amollir même à petit feu. J'ai vu des semences, choisies à loisir et examinées avec beaucoup de soin, dégénérer pourtant, si chaque année on n'en triait à la main les plus belles : [1,200] c'est une loi du destin que tout périclite et aille rétrogradant. Tout de même que celui qui, à force de rames, pousse sa barque contre le courant, si par hasard ses bras se relâchent, l'esquif saisi par le courant l'entraîne à la dérive.

 


La météorologie [1,204-463]

 

Il faut observer les astres qui indiquent le moment de semer les différentes graines [1,204-230]

En outre, nous devons observer la constellation de l'Arcture, le temps des Chevreaux et le Serpent lumineux avec le même soin que les voyageurs qui, regagnant leur patrie à travers des mers orageuses, affrontent le Pont et les passes ostréifères d'Abydos.

Quand la Balance aura rendu égales les heures du jour et celles du sommeil, et partagé le globe par moitié entre la lumière et les ombres, [1,210] exercez vos taureaux, laboureurs, semez l'orge dans les campagnes jusqu'à l'époque des pluies de l'intraitable solstice. C'est aussi le moment de mettre en terre la graine de lin et le pavot de Cérès, et de rester penchés sur vos charrues aussi longtemps que la terre sèche le permet et que les nuées demeurent en suspens.

C'est au printemps qu'a lieu la semaille des fèves; c'est alors aussi que t'accueillent, Médique, les sillons amollis, et qu'on place la culture annuelle du millet, quand l'éblouissant Taureau aux cornes dorées ouvre l'année et que, cédant le champ à l'astre adverse, le Chien se couche.

[1,220] Mais si tu travailles le sol pour récolter le froment ou le robuste épeautre, si tu ne vises que les épis seuls, attends la disparition des Atlantides Aurorales, attends que l'étoile de Gnosse à l'ardente Couronne se retire, pour jeter aux sillons les semences qu'ils réclament et confier hâtivement à une terre rebelle l'espérance de l'année. Beaucoup ont commencé avant le coucher de Maia, mais la récolte a trompé leur attente en ne leur donnant que des épis vides.

Si au contraire tu sèmes la vesce et la vile faséole, si tes soins ne dédaignent pas la lentille de Péluse, le coucher du Bouvier t'enverra des signes non obscurs : [1,230] commence tes semailles et continue-les jusqu'au milieu des frimas.

 

Description des zones célestes et des constellations qui indiquent le temps propice à chaque travail [1,231-258]

Voilà pourquoi le Soleil d'or, par les douze astres du monde, régit l'univers divisé en tranches déterminées. Cinq zones embrasent le Ciel : l'une toujours rougeoyante de l'éclat du soleil et toujours brûlée par son feu; autour d'elle, à droite et à gauche, s'étendent les deux zones extrêmes, couvertes de glace bleuâtre et où tombent des pluies noires; entre elles et la zone médiane, deux autres ont été concédées aux malheureux mortels par la faveur des dieux, et une route les coupe l'une et l'autre par où tourne l'ordre oblique des Signes. [1,240] Si la voûte céleste monte vers la Scythie et les contreforts des Riphées, elle s'abaisse et descend vers les autans de la Lybie. L'un de ces pôles est toujours au-dessus de nos têtes; l'autre est sous nos pieds, vis-à-vis du Styx noir et des profondeurs où vont les Mânes. Ici l'immense Serpentaire monte et glisse en replis sinueux, passe, à la façon d'un fleuve, autour et au travers des deux Ourses, des Ourses craignant de se tremper dans la plaine liquide. Là-bas, si l'on en croit ce qu'on raconte, règne une nuit d'éternel silence, et les ténèbres y sont épaissies par le voile de la nuit; ou bien l'Aurore, en nous quittant, y ramène le jour, [1,250] et quand le soleil levant nous fait sentir le souffle de ses chevaux haletants, là-bas Vesper rougissant allume des feux tardifs.

De là vient que nous pouvons, même par un ciel douteux, connaître d'avance les saisons, distinguer le temps de la moisson et le temps des semailles; quand il convient de fendre avec les rames le marbre perfide des flots, ou de lancer des flottes armées, ou de déraciner à propos le pin dans les forêts. Ce n'est pas en vain non plus que nous observons le coucher et le lever des astres et les diverses saisons qui se partagent également l'année.

 

Occupations pour les jours de pluie et les jours de fête [1,259-275]

Si d'aventure une pluie froide retient le cultivateur chez lui, [1,260] il peut faire à loisir bien des ouvrages qu'il lui faudrait plus tard hâter par un ciel serein : le laboureur martèle le dur tranchant du soc émoussé; il creuse des nacelles dans un arbre, ou marque son bétail, ou numérote ses tas de blé. D'autres aiguisent des pieux et des échalas fourchus et préparent, pour la vigne flexible, des liens d'Amérie. Il faut tantôt tresser une molle corbeille avec la baguette des ronces, tantôt griller les grains au feu, tantôt les broyer avec une pierre. Oui, même aux jours de fête, il est des travaux auxquels les lois divines et humaines permettent de se livrer; [1,270] jamais la religion n'a défendu de détourner le cours des ruisseaux, de border la moisson d'une haie, de tendre des pièges aux oiseaux, d'incendier les broussailles et de plonger dans une onde salutaire un troupeau de moutons bêlants. Souvent le conducteur d'un ânon qui s'attarde charge les flancs de l'animal d'huile ou de fruits grossiers, et rapporte, à son retour de la ville, une pierre incuse ou une masse de poix noire.

 

La lune a marqué dans le mois les jours favorables ou défavorables [1,276-286]

La Lune elle-même a mis dans son cours les jours favorables à tels ou tels travaux. Évite le cinquième : c'est lui qui a vu naître le pâle Orcus et les Euménides; c'est alors que dans un abominable enfantement la Terre créa Cée et Japet, et le farouche Typhée [1,280] et les frères qui avaient juré de forcer le ciel. Trois fois ils s'efforcèrent de mettre Ossa sur Pélion, et de rouler sur Ossa l'Olympe feuillu; trois fois le Père, de sa foudre, jeta bas les monts entassés. Le septième jour est après la dixième le plus favorable pour planter la vigne, dresser les taureaux qu'on a pris, et mettre de nouvelles lices à la chaîne; le neuvième est propice à la fuite, contraire aux larcins.

 

Travaux à exécuter de nuit, à l'aurore, à la veillée, en plein été, en hiver [1,287-310]

Beaucoup de travaux nous sont rendus plus faciles par la fraîcheur de la nuit ou lorsque l'Étoile du matin, au lever du soleil, humecte les terres de rosée. La nuit, les chaumes légers sont plus faciles à faucher, les prairies desséchées se fauchent mieux; [1,290] la nuit, l'humidité qui assouplit les plantes ne fait jamais défaut. Tel veille aussi le soir aux feux d'une lumière d'hiver, et, un fer pointu à la main, taille des torches en forme d'épis; cependant, charmant par ses chansons l'ennui d'un long labeur, sa compagne fait courir un peigne crissant sur les toiles, ou cuire la douce liqueur du moût aux flammes de Vulcain, et écume avec des feuilles l'onde du chaudron qui bout.

Mais c'est en pleine chaleur qu'on coupe la rubiconde Cérès et c'est en pleine chaleur que l'aire broie les moissons mûries. Mets-toi nu pour labourer, mets-toi nu pour semer : l'hiver, le cultivateur se repose. [1,300] Pendant les froids, les laboureurs jouissent d'ordinaire du fruit de leurs travaux, en donnant tour à tour de gais festins entre eux. L'hiver aux bons génies les régale et chasse leurs soucis : ainsi quand les carènes chargées ont enfin touché le port, les matelots joyeux mettent sur les poupes des couronnes. Mais pourtant c'est aussi le moment, alors, de cueillir les glands du chêne, et les baies du laurier, et l'olive, et la myrtille sanglante; c'est le moment de tendre des pièges aux grues, des rets aux cerfs, de poursuivre les lièvres aux longues oreilles; le moment d'abattre les daims en faisant tournoyer les lanières d'étoupe de la fronde chère aux Baléares, [1,310] tandis qu'une neige épaisse couvre la terre et que les fleuves charrient des glaçons.

 

Les méfaits causés par les orages violents imposent la vigilance et l'observation des astres [1,311-337]

Que dirai-je des tempêtes et des constellations de l'automne, et, quand déjà le jour est plus court et l'été plus doux, des soins que les gens doivent prendre, ou quand se déchaîne le printemps porteur de pluies, qu'une moisson d'épis déjà hérisse la plaine, et que les grains laiteux du blé se gonflent sur leur tige verte ? Souvent, quand le cultivateur introduisait le moissonneur dans les guérets dorés et coupait déjà les orges à la tige frêle, j'ai vu moi-même tous les vents se livrer des combats si terribles qu'ils déracinaient [1,320] et faisaient voler au loin dans les airs la lourde moisson, et l'ouragan emporter alors dans un noir tourbillon le chaume léger et les feuilles volantes. Souvent aussi une immense traînée d'eaux s'avance dans le ciel et un cortège de nuées venu de la haute mer recèle l'affreuse tempête aux sombres pluies; le haut éther fond, et noie dans un déluge énorme les riches semailles et les travaux des boeufs; les fossés se remplissent, le lit des fleuves s'enfle en mugissant, et la plaine liquide bouillonne en ses abîmes soulevés. Le Père lui-même, au sein de la nuit des nuées, lance ses foudres d'une dextre flamboyante; [1,330] sous la secousse la terre immense tremble, les bêtes se sont enfuies, et une consternation effroyable a abattu les coeurs des mortels. Lui, de son trait enflammé, renverse l'Athos ou le Rhodope ou les sommets Cérauniens; les autans redoublent, la pluie tombe drue; tantôt les bois, tantôt les rivages retentissent sous les coups de l'ouragan énorme.

Par crainte de ces maux, observe les mois du ciel et les astres, l'endroit où se retire la froide étoile de Saturne, et les cercles du ciel où erre le feu de Cyllène.

 

Avant tout, il faut honorer les dieux et en particulier Cérès [1,338-350]

Avant tout, honore les dieux, et offre à la grande Cérès un sacrifice annuel en accomplissant les rites sur de gras herbages, [1,340] quand le déclin de l'extrême hiver fait déjà place au printemps serein. Alors les agneaux sont gras, et les vins très moelleux; alors le sommeil est doux et les ombres sont épaisses sur les montagnes. Qu'avec toi toute la jeunesse champêtre adore Cérès, mêle en son honneur des rayons de miel à du lait et au doux Bacchus; que la victime propitiatoire fasse trois fois le tour des moissons nouvelles; que tout le choeur et tes compagnons l'accompagnent avec allégresse et appellent par leurs cris Cérès dans ta demeure; et que personne enfin ne porte la faucille sur les épis mûrs avant d'avoir en l'honneur de Cérès, les tempes ceintes d'une couronne de chêne, [1,350] célébré les danses sans art et chanté les cantiques.

 

En outre Jupiter a fixé les signes qui permettent de prévoir le temps [1,351-355]

Et pour que nous puissions connaître à des signes certains les chaleurs, et les pluies, et les vents précurseurs du froid, le Père lui-même a déterminé ce qu'annonceraient les phases de la lune, quel signe marquerait la chute des autans, quels indices souvent répétés engageraient les cultivateurs à tenir leurs troupeaux plus près des étables.

 

Pronostics de mauvais temps fournis par les éléments, le tonnerre, les oiseaux, la flamme de la lampe [1,356-392]

Tout d'abord, quand les vents se lèvent, les eaux de la mer commencent, agitées, à s'enfler, et un bruit sec à se faire entendre sur le sommet des monts; ou bien les rivages commencent à retentir au loin sous les vagues qui se heurtent et le murmure des bois ne cesse de grandir. [1,360] Déjà l'onde n'épargne qu'à regret les carènes courtes c'est alors que les plongeons s'envolent à tire-d'aile du milieu de la plaine liquide et frappent les rivages de leurs cris, c'est alors que les foulques marines se jouent sur la côte, et que le héron quitte ses marais familiers pour survoler la hauteur d'un nuage. Souvent aussi, quand le vent menace, tu verras des étoiles, précipitées du ciel, glisser et, derrière elles, dans l'ombre de la nuit, laisser de longues traînées de flammes blanchissantes; souvent tu verras voltiger la paille légère et les feuilles qui tombent, ou des plumes flotter en se jouant à la surface de l'eau.

[1,370] Mais quand la foudre éclate du côté du farouche Borée, et quand tonne la demeure d'Eurus et de Zéphyr, toutes les campagnes baignent à pleins fossés, et tout marin en mer cargue ses voiles humides. Jamais pluie n'a surpris les gens à l'improviste : en la voyant surgir dans le fond des vallées, les grues ont fui dans les airs; ou la génisse, les yeux levés vers le ciel, a humé les brises de ses larges naseaux; ou l'hirondelle, avec des cris aigus, a voltigé autour des lacs; et les grenouilles, dans leur vase, ont chanté leur antique complainte. Assez souvent aussi la fourmi, foulant un chemin étroit, [1,380] a tiré ses oeufs de ses demeures profondes; un énorme arc-en-ciel a bu l'eau; et, revenant de la pâture en une longue colonne, une dense armée de corbeaux a fait claquer ses ailes. On voit aussi les divers oiseaux de mer, et ceux qui, hôtes des étangs d'eau douce, fouillent çà et là les prés asiatiques du Caystre, répandre à l'envi sur leurs épaules les eaux de pluie abondantes, et tantôt présenter leur tête aux flots, tantôt s'élancer dans les ondes, brûlant d'une envie folle de s'y plonger toujours. Alors la corneille importune appelle la pluie à pleine voix et toute seule se promène sur le sable sec. [1,390] Les jeunes filles elles-mêmes, en tournant la nuit leurs fuseaux, ne sont pas sans connaître l'approche de l'orage, quand elles voient l'huile scintiller dans la lampe d'argile et la mèche charbonneuse se couvrir de noirs champignons.

 

Pronostics de beau temps fournis par les astres, les oiseaux [1,393-423]

A des signes non moins certains, tu pourras, pendant la pluie, prévoir et reconnaître le retour du soleil et des beaux jours. Car alors l'éclat des étoiles ne semble point pâli ni la Lune à son lever emprunter sa lumière aux rayons de son frère; on ne voit pas non plus de minces flocons de laine être emportés à travers le ciel; les alcyons chers à Thétis ne déploient pas leurs plumes sur le rivage aux rayons d'un tiède soleil, [1,400] et les porcs immondes ne songent plus à mettre en pièces avec leurs groins et à éparpiller des bottes de foin. Mais les brouillards descendent toujours plus bas et s'étendent sur la plaine; et, observant du haut d'une terrasse le coucher du soleil, le hibou, vainement, exécute son chant tardif. Très haut, dans l'air translucide, apparaît Nisus, et Scylla est punie pour le cheveu de pourpre; de quelque côté qu'elle s'enfuie, en fendant l'éther léger de ses ailes, voici qu'ennemi acharné, Nisus à grand fracas la poursuit dans les airs; partout où Nisus s'élance dans les airs, elle s'enfuit en fendant rapidement l'éther léger de ses ailes. [1,410] Alors les corbeaux, le gosier serré, répètent trois et quatre fois des notes claires, et souvent, au haut de leurs couches, en proie à je ne sais quels transports d'une douceur insolite, ils mènent grand fracas entre eux dans le feuillage; heureux sans doute, quand les pluies sont passées, de revoir leur petite progéniture et leurs doux nids. Non pas que je croie que la divinité leur ait départi une intelligence ni le destin une prévoyance supérieure à la nôtre; mais quand la température et la mobile humidité du ciel ont pris un nouveau cours, quand Jupiter mouillé par les autans tantôt condense ce qui était tout à l'heure léger, tantôt relâche ce qui était dense, [1,420] les dispositions des âmes se trouvent transformées, et les coeurs éprouvent alors des émotions tout autres que quand le vent poussait les nuées : de là le concert des oiseaux dans les champs, la joie des bêtes et les cris de triomphe que poussent les corbeaux.

 

Pronostics lunaires [1,424-437]

Si tu observes le soleil dévorant et les phases successives de la lune, jamais le temps du lendemain ne te trompera, ni jamais tu ne te laisseras prendre aux pièges d'une nuit sereine. Quand la lune rassemble d'abord ses feux renaissants, si sa corne obscurcie embrasse un air noir, c'est une immense pluie qui va se préparer pour les laboureurs et pour la mer; [1,430] mais si elle revêt son front d'une rougeur virginale, il y aura du vent : le vent fait toujours rougir l'or de Phébé. Si à son quatrième lever (car c'est là le plus sûr présage), elle est pure et parcourt le ciel sans que ses cornes soient émoussées, ce jour tout entier et ceux qui en naîtront jusqu'à la fin du mois se passeront sans vent ni pluies, et les marins sauvés acquitteront sur le rivage les voeux faits à Glaucus, à Panopée et à l'Inoen Mélicerte.

 

Pronostics solaires [1,438-462]

Le soleil aussi, et à son lever, et lorsqu'il se cachera dans les ondes, donnera des pronostics : le soleil s'accompagne d'infaillibles pronostics, [1,440] qu'il les offre le matin ou à l'heure où se lèvent les astres. Quand son disque naissant sera semé de taches et caché dans une nuée qui en dérobe la moitié, attends-toi à des pluies : car de la haute mer menace le Notus, funeste aux arbres, aux semailles et au bétail. Ou bien, lorsqu'au point du jour parmi d'épais brouillards, ses rayons divergents se brisent, ou que l'Aurore sortira toute pâle de la couche crocéenne de Tithon, hélas ! le pampre alors aura du mal à défendre les douces grappes contre la grêle épaisse qui saute en crépitante averse sur les toits !

[1,450] Mais plus encore, c'est quand, parvenu au terme de sa carrière, le soleil va quitter l'Olympe, qu'il est utile de faire attention : car nous voyons souvent diverses couleurs errer sur sa face : le bleu sombre annonce la pluie; la couleur feu, les Eurus; mais si des taches commencent à se mêler à ce feu rougeoyant, tu verras alors toute la nature agitée d'un coup par le vent et les nuées pluvieuses. Il n'est personne, par une telle nuit, qui se déciderait à gagner le large ni à détacher le câble de la terre. Mais si, lorsqu'il nous ramène ou nous retire le jour, son disque brille radieux, la frayeur que t'inspireront les nuages sera vaine, [1,460] et tu verras les forêts s'agiter sous un clair Aquilon. Enfin quel temps amènera le tardif Vesper, d'où le vent pousse les nuages sereins, à quoi songe l'humide Auster : voilà ce que le soleil t'indiquera.

 


 Finale [1,463-514]

 

C'est le soleil qui annonça la guerre civile et tous les maux qui ont suivi la mort de César [1,463-497]

Le soleil ! qui oserait le traiter d'imposteur ? Lui, qui nous avertit souvent que d'obscurs tumultes nous menacent et que couvent sourdement la trahison et les guerres ! Lui qui eut pitié de Rome à la mort de César, quand il couvrit sa tête brillante d'une sombre rouille, et qu'un siècle impie redouta une nuit éternelle. En ce temps-là d'ailleurs la terre aussi, et les plaines de la mer, [1,470] et les chiennes maléficieuses et les oiseaux sinistres fournissaient des présages. Que de fois nous avons vu l'Etna, brisant ses fournaises, inonder en bouillonnant les champs des Cyclopes, et rouler des globes de flammes et des rocs liquéfiés ! La Germanie entendit un bruit d'armes dans toute l'étendue du ciel; les Alpes tremblèrent de mouvements insolites. Une voix aussi fut entendue partout dans le silence des bois sacrés, une voix énorme; et des fantômes d'une étrange pâleur apparurent à l'entrée de la nuit; et des bêtes parlèrent, indicible prodige ! Les fleuves s'arrêtent et les terres s'entrouvrent, [1,480] et dans les temples l'ivoire affligé pleure et l'airain sue. Le roi des fleuves, l'Éridan, entraîne et fait tourner les forêts dans un fol tourbillon, et roule à travers toutes les plaines les grands troupeaux avec leurs étables ! Et dans le même temps des fibres menaçantes ne cessèrent d'apparaître dans les entrailles sinistres, ni le sang ne cessa de couler dans les puits, ni les hautes villes de retentir pendant la nuit des hurlements des loups. Jamais la foudre ne tomba plus souvent par un ciel serein, ni ne brûlèrent si souvent de farouches comètes. [1,490] Ainsi Philippes a-t-il vu pour la seconde fois les armées romaines l'affronter avec les mêmes armes, et les dieux d'en haut ne s'indignèrent pas de voir l'Émathie et les larges plaines de l'Hémus s'engraisser deux fois de notre sang. Sans doute aussi un temps viendra-t-il que, dans ces contrées, le laboureur, en remuant la terre avec l'airain courbé, trouvera des javelots rongés d'une rouille lépreuse ou, de ses herses pesantes, qu'il heurtera des casques vides, et s'étonnera de voir dans les sépulcres entr'ouverts des ossements énormes.

 

Prière aux dieux de la patrie, pour que le jeune prince puisse ramener la paix dans le monde et la prospérité dans les campagnes délaissées [1,498-514]

Dieux de nos pères, dieux Indigètes, et toi Romulus, et toi Vesta notre mère, qui veilles sur le Tibre toscan et sur le Palatin de Rome, [1,500] n'empêchez pas au moins ce jeune héros de relever les ruines de ce siècle. Assez, et depuis trop longtemps, notre sang a lavé les parjures de la Troie de Laomédon. Depuis longtemps, César, le palais céleste nous envie ta présence, et se plaint de te voir sensible aux triomphes décernés par les hommes. Ici-bas en effet le juste et l'injuste sont renversés, tant il y a de guerres par le monde, tant le crime revêt d'aspects divers. La charrue ne reçoit plus l'honneur dont elle est digne; les guérets sont en friche, privés des laboureurs entraînés dans les camps; et les faux recourbées servent à forger une épée rigide. D'un côté l'Euphrate, de l'autre la Germanie fomentent la guerre; [1,510] des villes voisines, rompant les traités qui les lient, prennent les armes; Mars impie sévit dans tout l'univers. Tels, quand ils se sont une fois élancés des barrières, les quadriges se donnent du champ; en vain le cocher tire sur les rênes; il est emporté par ses chevaux et le char n'obéit plus aux brides.

 


Traductions françaises : sur la BCS - sur la Toile

Virgile : Énéide - Bucoliques

Géorgiques : Chant I (et Hypertexte louvaniste) - Chant II - Chant III - Chant IV


[Dernière intervention : 13 novembre 2002]

 

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