Bibliotheca Classica Selecta - Fastes d'Ovide (Introduction) - Livre I (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante
Carmenta et Évandre quittent l'Arcadie (1,461-497)
Ovide en arrive au 11 janvier, marqué par une cérémonie en l'honneur de Carmenta, et par la célébration de l'anniversaire de la dédicace du temple de Juturne au Champ de Mars. Il invoque Carmenta/Carmentis (dont il rapproche le nom de celui de carmen). (1,461-468)
Originaire d'Arcadie, Carmenta, douée du don de prophétie, est présentée comme la mère d'Évandre, à qui elle annonce que des troubles les contraindront à fuir leur pays. Sur le chemin de l'exil, Carmenta console son fils, assurant qu'il est innocent de toute faute et victime d'un dieu cruel. Citant des exemples d'autres victimes forcées à l'exil, elle lui prédit des lendemains prometteurs dans une nouvelle patrie. (1,469-497)
|
Le jour suivant, l'Aurore quittera son époux Tithon et verra se dérouler les rites des pontifes en l'honneur de la déesse d'Arcadie. Ce même jour aussi t'accueillera, soeur de Turnus, ici dans le temple où l'Aqueduc de l'Aqua Virgo arrive au Champ de Mars. |
|
Où trouverai-je l'explication de ces rituels et leur teneur ? Qui guidera ma voile au milieu des flots ? Renseigne-moi, toi qui tires ton nom du mot carmen, soutiens mon projet, pour m'éviter de m'égarer en te célébrant.
|
|
ta terre d'origine tient son nom du grand Arcas. Là vécut Évandre, qui, bien qu'illustre par ses deux parents, tirait surtout sa notoriété du sang de sa mère divine. Celle-ci recevait en son esprit l'inspiration céleste, et aussitôt émettait à haute voix les oracles véridiques du dieu. |
|
Elle avait prédit que des troubles les menaçaient, son fils et elle, et beaucoup d'autres faits encore, qui se vérifièrent avec le temps. En effet, exilé avec sa mère qui n'avait été que trop véridique, le jeune homme quitta l'Arcadie et son Lare parrhasien. Comme il pleurait, sa mère lui dit : "Sèche tes larmes, je t'en prie ; |
|
tu dois supporter en homme ce coup de la fortune. Ainsi le voulaient les destins ; ce n'est pas une faute de toi qui t'a exilé, mais un dieu : un dieu irrité t'a chassé de la ville. Tu ne subis pas un châtiment mérité, mais bien la colère d'un dieu : c'est quelque chose d'être sans reproche dans de grands malheurs ! |
|
Comme chacun a pour lui sa propre conscience, en son cur, il conçoit espoir et crainte selon sa conduite. Mais ne t'afflige pas comme si tu étais le premier à subir de tels maux : une tempête comparable a écrasé des hommes importants. Chassé jadis des rivages de Tyr, Cadmos a enduré la même épreuve, |
|
et comme exilé, il s'est installé en terre d'Aonie. Ils ont subi le même sort, Tydée ainsi que Jason de Pagase, et tous ceux qu'il serait long d'énumérer à leur suite. Pour l'homme courageux, toute terre est une patrie ; ainsi la mer pour les poissons, ainsi tout espace libre dans l'univers pour les oiseaux. |
|
En outre, une tempête violente ne sévit pas une année entière : Toi aussi, crois-moi, tu connaîtras d'autres printemps". |
Arrivée au Latium - Carmenta prophétise la grandeur de Rome (1,497-542)
Les deux fugitifs s'embarquent en direction de l'occident, et parvenus en Italie, ils remontent le cours du Tibre jusqu'au site de la future Rome. Carmenta, saisie d'une transe prophétique, proclame que ces lieux sont le but de leur voyage et demande aux divinités de l'endroit de les accueillir. (1,497-514)
Elle annonce alors la grandeur future de Rome et son empire universel, évoquant l'arrivée d'Énée et des Troyens, Lavinie et la guerre entre Latins et Troyens, la mort et la vengeance de Pallas, fils d'Évandre ; elle s'attarde surtout sur le thème de la nouvelle Troie, et sur le rôle de la dynastie d'Auguste, protectrice des cultes d'origine troyenne. (1,515-536)
Une fois terminée la prédiction, les Arcadiens débarquent, et rapidement Évandre se trouve à la tête d'un royaume prospère. (1,537-542)
|
L'esprit réconforté par les paroles maternelles, Évandre sur son navire fend les flots et gagne l'Hespérie. |
|
son esquif avait atteint le fleuve et remontait les eaux étrusques. La prophétesse aperçoit la rive jouxtant les gués du Tarentum et les cabanes éparses dans ces lieux solitaires ; telle qu'elle était, cheveux hérissés, elle se dressa à l'avant de la poupe, et, le regard farouche, elle retint la main du pilote ; |
|
de loin, tendant les bras vers la rive droite, débridée, par trois fois elle frappa du pied la texture de pin ; pour l'empêcher de sauter, vu sa hâte à fouler cette terre, la main d'Évandre eut bien du mal à la retenir. Elle dit alors : "Salut, dieux de ces lieux que nous avons désirés, |
|
et toi, Terre, destinée à peupler le ciel de nouveaux dieux ; vous, rivières et sources bénies de cette terre hospitalière, et vous, arbres des forêts et choeurs des Naïades, soyez pour mon fils et pour moi une vision de bon augure, et puissions nous d'un pied heureux fouler cette rive ! |
|
Suis-je dans l'erreur ou ces collines deviendront-elles d'immenses remparts, et le reste du monde attendra-t-il ses droits de cette terre ? À ces monts est promis un jour l'empire sur l'univers. Qui pourrait croire qu'un lieu possède un tel destin ? Bientôt les coques de pin de Dardanie toucheront ces bords. |
|
Ici aussi une femme sera la cause d'une nouvelle guerre. Pallas, mon cher petit-fils, pourquoi revêtir ces armes funestes ? Revêts-les : tu seras abattu, et illustre sera ton vengeur. Vaincue, ô Troie, tu vaincras pourtant, et détruite, tu resurgiras : tes ruines voient s'écrouler les demeures de tes ennemis. |
|
Flammes victorieuses, brûlez la Pergame de Neptune : Néanmoins, ces cendres ne dominent-elles pas l'univers entier ? Bientôt, le pieux Énée apportera les objets sacrés, Et son père, autre trésor sacré : accueille, Vesta, les dieux d'Ilion. Le temps viendra où le même être vous protégera, vous et le monde, |
|
et les rites s'accompliront, célébrés par le dieu lui-même, et la protection de la patrie appartiendra à la famille d'Auguste : il est juste que cette maison tienne les rênes de l'empire. Dès lors, le fils et petit-fils d'un dieu, même si lui le récuse, portera avec une sagesse céleste la charge paternelle. |
|
Et de même que je serai un jour consacrée pour toujours sur les autels, apparaîtra une nouvelle divinité, Iulia Augusta".
Dès que ses paroles atteignirent notre époque, sa langue de prophétesse s'immobilisa au milieu de son discours. L'exilé sortit de son bateau et se posa sur l'herbe du Latium. |
|
Heureux qui eut cette terre comme lieu d'exil ! Sans tarder, de nouveaux toits s'élevaient, et personne, sur les monts d'Ausonie, n'était plus puissant que l'Arcadien. |
Hercule, Cacus et Évandre (1,543-586)
Ovide rattache encore à l'époque de Carmenta l'épisode célèbre d'Hercule et de Cacus. Pendant qu'Hercule séjournait chez Évandre, des boeufs de son troupeau furent dérobés par Cacus, un monstre qui terrorisait la région. Ayant fini par retrouver ses bêtes que Cacus tenait enfermées dans sa caverne, Hercule parvint à tuer le voleur. (1,543-578)
Cet épisode explique le sacrifice d'un taureau à Jupiter, et la création de l'Ara Maxima. Le poète revient ensuite à Carmenta, qui avait annoncé l'apothéose d'Hercule et qui est honorée le 11 janvier. (1,579-586)
|
Voici que le héros porteur de massue, venant d'Érythée, amène ses vaches en ce lieu, après avoir longuement parcouru le monde ; |
|
tandis que la maison du Tégéen l'accueille en hôte, ses bêtes errent sans surveillance à travers l'immensité des champs. C'était le matin : tiré de son sommeil, le guide Tirynthien du troupeau remarqua qu'il lui manquait deux taureaux. Il cherche, sans voir aucune trace de ce vol mystérieux : |
|
le farouche Cacus les avait traînés à reculons dans son antre, Cacus, la terreur de l'Aventin et la honte de la forêt, un fléau bien lourd pour les voisins et leurs hôtes. L'homme paraissait effrayant : des forces proportionnées à son corps, un corps de géant (le père de ce monstre était Mulciber), |
|
et pour maison, une immense caverne, aux recoins prolongés, bien cachée, difficile à repérer, même pour les bêtes sauvages. Des têtes et des bras sont fichés et suspendus en haut des portes, et le sol est tout blanc, hérissé d'ossements humains. Le fils de Jupiter, qui n'avait conservé qu'une partie du troupeau, s'en allait, |
|
quand les bêtes dérobées se mirent à beugler de leurs voix rauques. "J'entends ce rappel", dit-il ; et, se dirigeant au son de leur voix, à travers bois, il arriva en vengeur à l'antre impie. Le monstre avait barré l'entrée avec un bloc détaché du rocher, dix attelages auraient eu du mal à mouvoir ce barrage. |
|
Hercule y appuie ses épaules -- elles qui avaient aussi supporté le ciel -- et d'un mouvement il ébranle cet énorme roc. Dès que le bloc se renversa, le fracas effraya l'éther même, et le sol s'affaissa, frappé par le poids de cette masse. Cacus, la droite levée, engage un premier combat, |
|
et, redoutable, mène l'affaire à coups de pierres et de pieux. Comme cela ne donne rien, il recourt, homme sans grand courage, aux arts de son père, et vomit des flammes de sa gueule sonore ; chaque fois qu'il souffle, on croirait entendre la respiration de Typhée et voir la foudre rapide s'élancer du feu de l'Etna. |
|
Alcide prend les devants, et brandissant sa massue à trois noeuds, il l'abat, trois fois, quatre fois, sur la face de son adversaire. Celui-ci tombe, crache les fumées qui se mêlent à son sang, et, en mourant, il heurte le sol de sa large poitrine.
Vainqueur, Hercule immole en ton honneur, ô Jupiter, |
|
un de ces taureaux et invite Évandre et les campagnards. Il construit pour lui-même un autel, appelé Ara Maxima, à l'endroit de la ville qui tient son nom du boeuf. Et la mère d'Évandre n'omet pas de dire que le temps est proche |
|
Mais l'heureuse prophétesse, qui vécut fort bénie des dieux, en tant que déesse, possède ce jour dans le mois de Janus. |
Octave devient Auguste - Les Carmentalia du 15 janvier (1,587-636)
Le jour des Ides (13 janvier), inséré entre les deux célébrations des Carmentalia (11 et 15 janvier), on sacrifie à Jupiter Capitolin, et on commémore l'instauration des provinces sénatoriales et l'octroi à Octave du titre d'Auguste. Ovide, s'adressant ensuite à Germanicus, cite de nombreuses figures de l'histoire romaine, pour mieux mettre en valeur la famille d'Auguste et souligner le caractère suprahumain du premier empereur ; l'exposé se termine par des souhaits adressés à Tibère, son successeur. (1,587-616)
Revenant ensuite sur les Carmentalia, Ovide rapproche le nom de la déesse du mot carpentum, et rappelle le privilège de circuler en char octroyé aux matrones romaines, et le moyen radical qu'elles ont mis en oeuvre quand les sénateurs voulurent le leur retirer. Ovide s'attarde ensuite sur les détails des rites de la fête et sur la signification des termes peu connus de Porrima et Postverta. (1,617-636)
|
Aux Ides, dans le temple du grand Jupiter, le prêtre pur offre aux flammes les entrailles d'un mouton castré. Et c'est le jour où fut rendue à notre peuple la direction des provinces, |
|
et où ton aïeul reçut le nom d'Auguste. Lis toutes les figures de cire exposées dans les atriums des nobles : nul être humain ne fut honoré de titres aussi prestigieux. L'Afrique donne son nom à son vainqueur ; un autre atteste |
|
Les Numides font l'orgueil de celui-ci ; tel autre tire sa notoriété de Messine ; et tel autre encore de la ville de Numance. La Germanie a valu à Drusus et sa mort et son titre. Malheur à moi, combien brève fut sa vaillante vie ! Si César demandait ses titres à ceux qu'il a vaincus, |
|
il en posséderait autant que les nations qui peuplent le vaste univers. Certains, célèbres pour un seul fait, tiennent leurs titres ou de la conquête d'un collier ou de l'aide d'un corbeau. Grand Pompée, ton nom reflète la mesure de tes exploits, mais ton vainqueur était plus grand qu'un nom. |
|
Aucun surnom ne s'est hissé plus haut que celui des Fabii : cette maison doit à ses propres mérites d'être appelée Maxima. Mais toutefois des honneurs humains célèbrent tous ces héros : par contre, celui-ci a un nom associé à Jupiter souverain. Nos pères appellent "augustes" les choses sacrées ; on appelle "augustes" |
|
les temples que consacre rituellement la main des prêtres. Et le mot augurium dérive de la racine de ce mot, de même que tout ce que Jupiter "augmente" grâce à sa puissance. Puisse-t-il accroître l'empire de notre chef, accroître ses années, et puisse une couronne de feuilles de chêne protéger votre porte ! |
|
Et puisse l'héritier d'un si grand nom jouir, sous les auspices des dieux, des mêmes présages que son père pour assumer la charge du monde !
Quand Titan, pour la troisième fois, verra les Ides passées derrière lui, on célébrera des rites sacrés liés à la déesse de Parrhasie. Car autrefois, les matrones d'Ausonie se déplaçaient en char : |
|
je pense que ce terme aussi dérive du nom de la mère d'Évandre ; par la suite, cet honneur est enlevé aux matrones qui, unanimes, décident de ne plus assurer de progéniture à leurs maris ingrats ; et pour ne pas enfanter, les téméraires, se blessant en secret, expulsaient le fardeau qui croissait dans leur ventre. |
|
Les sénateurs, dit-on, châtièrent les épouses qui avaient osé ces atrocités, mais rétablirent toutefois le privilège qui leur avait été enlevé. Et ils ordonnent de célébrer maintenant en honneur de la mère tégéenne deux cérémonies semblables, pour la naissance des garçons et des filles. Il est interdit d'introduire dans ce sanctuaire des objets de cuir, |
|
pour éviter que des choses sans vie souillent son pur foyer. Si tu t'intéresses aux vieux rites, tiens-toi près de l'officiant qui prie ; tu entendras des noms que tu ne connaissais pas auparavant : on implore Porrima et Postverta ; ce sont tes soeurs, ou des compagnes de ton exil, déesse du Ménale. |
|
On pense que la première chantait des choses d'un passé lointain, et l'autre tout ce qui se produirait ultérieurement. |
son époux Tithon (1,461). La déesse Éôs (= Aurore) était l'épouse de Tithon, qui, avant de devenir immortel, était un prince troyen, fils de Laomédon. Chaque matin elle se levait, quittant la couche de son époux. C'est un cliché, fréquent dans l'épopée (Homère, Virgile) pour marquer le début d'une nouvelle journée. La périphrase désigne ici le 11 janvier. Une tournure voisine se rencontre par exemple en 3, 403 et 6, 473.la déesse d'Arcadie (1,463). Il s'agit de Carmenta (ou Carmentis), dont Ovide va parler abondamment dans la suite du texte. Cette déesse latine avait deux fêtes dans le courant de janvier, la première le 11 (ici) et la seconde le 15. Elle possédait un flamine, le flamen Carmentalis, et, s'il faut en croire le présent passage, les pontifes intervenaient également dans son culte. Ovide la présente comme une déesse d'Arcadie, mais cela ne correspond pas aux réalités cultuelles. En fait l'affabulation mythique en a fait la mère d'Évandre avec lequel elle serait venue d'Arcadie (cfr aussi Virgile, Énéide, 8, 335-341).
soeur de Turnus (1,463). Juturne est une divinité des eaux qui à Rome avait le patronage d'une source alimentant une pièce d'eau (en latin un lacus) sur le forum, près du temple de Castor. Ovide (cfr 2, 585) racontera longuement ses amours avec Jupiter. Il semble que Virgile (Énéide, 12, 138) ait été le premier à en faire la soeur de Turnus. Il lui attribue en tout cas un rôle assez important dans le dénouement de l'Énéide, autre exemple d'affabulation littéraire sur une donnée religieuse. Juturne apparaît encore sous son nom propre en 1, 708.
temple (1,463). Juturne possédait au champ de Mars un temple voué, s'il faut en croire Servius (12, 139) par un certain Lutatius Catulus, à une date difficile à préciser.
Aqueduc de l'Aqua Virgo (1, 464). L'Aqua Virgo est le nom d'une source, découverte par une petite fille (d'où son nom) ; son eau arrive à Rome par un aqueduc qui fut inauguré en 19 a.C. et qui aboutit au Champ de Mars.
toi qui tires ton nom... (1,467). Le signalement primitif de Carmenta n'est pas clair. Certains en font "une personnification, au féminin, du carmen", à savoir de la formule rituelle, magique, poétique, prophétique (ce serait "celle qui fournit le carmen"). D'autres la voient comme une déesse lunaire, une vieille divinité accoucheuse et prophétesse, protectrice des femmes. Ovide, on l'a dit plus haut (n. à 1, 463), développe surtout son image - littéraire - de mère d'Évandre.
Arcas (1,469-470). Arcas, fils de Jupiter et de Callisto, était le héros éponyme des Arcadiens, une population du Péloponnèse, qui se prétendait autochtone et qui passait dans l'antiquité pour "prélunaire", "antérieure à la lune", une expression dont le sens n'était pas clair pour les auteurs anciens. Cfr aussi 2, 290 et 5, 89-90.
Évandre (1,471-472). Évandre, un nom grec qui signifie "bienveillant, favorable", était probablement à l'origine un héros ou une divinité mineure de l'Arcadie. Il ne joue pas un grand rôle dans les sources grecques, dont certaines font toutefois de lui un fils d'Hermès (Pausanias, 8, 43, 2) et d'une nymphe (Themis ou Nicostrate), tandis que d'autres lui donnent des parents humains. Ovide, qui insiste sur la noblesse de sa mère, semble exclure la paternité d'Hermès. Quoi qu'il en soit, c'est dans le milieu romain, et surtout grâce à Virgile (Énéide, livre 8), qu'il est devenu célèbre, comme chef des Arcadiens venus s'installer à Pallantée, sur le site de la future Rome. Ovide s'inspire ici de Virgile, tout en s'en écartant par le rôle important qu'il fait jouer à Carmenta, dont il souligne les dons prophétiques.
des troubles (1,475). Denys d'Halicarnasse (Antiquités romaines, 1, 31) explique qu'Évandre avait dû s'exiler à la suite d'une révolution qui avait vu la défaite de son parti.
Lare parrhasien (1,478). Parrhasia est une région (ou une ville) d'Arcadie, dont Pallanteum, le lieu d'origine d'Évandre, était proche. Depuis Virgile, l'adjectif "parrhasien" est utilisé comme synonyme poétique de "arcadien" (cfr aussi 1, 618 ; 2, 276).
être sans reproche... (1,484-486). On pourraît être tenté de voir dans ces développements une allusion à l'exil d'Ovide.
Tyr, Cadmos (1,489). Cadmos, prince phénicien de Tyr, avait été chargé par son père de retrouver sa soeur Europe, enlevée par Jupiter ; ayant échoué dans sa recherche, il fut contraint de s'exiler, et devint le fondateur de Thèbes, en Béotie (cfr Ovide, Métamorphoses, 3, 1-136).
Aonie (1,490). Autre nom pour la Béotie, d'après celui d'un de ses rois, Aon. Cfr aussi 3, 456 ; 4, 245.
Tydée (1,491). Tydée, fils du roi de Calydon en Étolie, dut, suite à un homicide, s'exiler à Argos, chez le roi Adraste, qui le purifia de son crime et le prit pour gendre.
Jason de Pagase (1,491). Jason, contraint à s'exiler de Iolcos en Thessalie après le meurtre de son oncle Pélias, s'était réfugié à Corinthe. Un épisode important de sa légende est l'expédition des Argonautes, qui prit son départ du port de Pagase, en Thessalie. Comme l'écrit H. Le Bonniec, "les exemples sont bien choisis : les trois exilés trouvent la paix et le bonheur sur une terre étrangère ; il en sera de même pour Évandre."
Hespérie (1,498). Mot grec désignant le "Couchant", souvent utilisé en poésie pour désigner l'Italie.
fleuve (1,500). Le Tibre, provenant d'Étrurie.
Tarentum (1,501). Le Tarentum (ou Terentum) est un endroit situé à l'extrémité occidentale du Champ de Mars, près du Tibre. On y célébra pour la première fois en 249 a.C. des jeux (les ludi Tarentini), à l'origine des jeux séculaires (ludi saeculares).
débridée (1,505). Inspirée par Apollon, Carmenta est saisie d'un délire divin, comme l'est la Sibylle chez Virgile (Énéide, 6, 45-51 ; 6, 77-80). On trouve dans le récit les symptômes habituels de l'égarement prophétique.
nouveaux dieux (1,510). Allusion à Énée, Romulus, Jules César, Auguste, qui furent divinisés après leur mort.
d'un pied heureux (1,514). Il s'agit du pied droit, qui était considéré comme favorable. "C'est du pied droit qu'on devait partir en voyage ou commencer à monter les degrés d'un temple. Partir du pied gauche portait malchance. On dit encore: 'se lever du pied gauche'". (H. Le Bonniec).
les coques de pin de Dardanie (1,519). Allusion à la flotte d'Énée, qui va aborder en Italie, en provenance de Troie, terre de Dardanus.
une femme (1,520). De même qu'Hélène fut la cause de la guerre de Troie, Lavinie, fille du roi Latinus qui, promise à Turnus, devint l'épouse d'Énée et provoqua une guerre meurtrière entre les Latins et les nouveaux arrivants troyens. Virgile raconte longuement cette guerre dans la seconde partie de son Énéide.
Pallas... (1,521-522). Dans l'Énéide de Virgile, Pallas, fils d'Évandre, et donc petit-fils de Carmenta, part en guerre aux côtés d'Énée, qui était venu chercher de l'aide auprès des Arcadiens installés sur le site de la future Rome. Le jeune homme mourra au combat sous les coups de Turnus, mais sera finalement vengé par Énée.
Vaincue, ô Troie... (1,523-524). Rome, la nouvelle Troie, fera la conquête des Grecs, vainqueurs de l'ancienne Troie. Cfr Virgile, Énéide, 1, 206.
Pergame de Neptune (1,525). Pergame, nom technique de la citadelle de Troie, désigne souvent la ville elle-même, dont les murs avaient été construits pour le roi Laomédon par Poseidon-Neptune et Apollon.
objets sacrés (1,527). Énée avait quitté Troie en emportant les Pénates, c'est-à-dire les dieux de la ville.
son père (1,528). Énée avait aussi emmené avec lui Anchise, son père infirme. À la différence de Virgile, qui fait mourir Anchise à Drépane en Sicile (Énéide, 3, 707-715), Ovide adopte une version de la légende qui fait venir Anchise en Italie.
Vesta (1,528). C'est dans le temple rond de Vesta, sur le forum, que l'on conservait, parmi d'autres reliques, les dieux d'Ilion, c'est-à-dire les Pénates de Troie (par exemple Tacite, Annales, 15, 41, 1)
le même être (1,529). Auguste, en tant que Pontifex Maximus depuis 12 a.C., était prêtre de Vesta.
le petit-fils et fils d'un dieu (1,533). Il est question ici de Tibère, fils par adoption du divin Auguste, et donc petit-fils de Jules César, un autre dieu. La formule "même si lui le récuse" fait allusion au fait que Tibère, devant les sénateurs, avait fait semblant de refuser l'empire, jouant plus que probablement la comédie (Tacite, Annales, 1, 11-13 ; Suétone, Tibère, 24).
consacrée (1,535). Carmenta envisage ici son propre culte : elle sera honorée aux Carmentalia ; elle aura un flamine pour la servir ; elle recevra aussi un sanctuaire au pied du Capitole (cfr 1, 629), qui donnera son nom à une porte de la muraille servienne (porta Carmentalis) par où sortiront les 305 Fabii (2, 201-204).
Iulia Augusta (1,536). L'impératrice Livie (épouse d'Auguste et mère de Tibère) porta, dès la mort d'Auguste, le titre de Iulia Augusta, mais ne fut divinisée que plus tard, par Claude (Suétone, Claude, 11, 4). Par flagornerie, Ovide anticipe donc.
Ausonie (1,542). Désignation poétique de l'Italie (cfr 1, 55 ; 1, 619).
le héros porteur de massue... (1, 543). Il s'agit d'Hercule (cfr 2, 325), qui, après avoir abattu le monstre Géryon dans l'île d'Érythée (1, 544), s'en retourna en Grèce en emmenant ses troupeaux. Sur le chemin du retour, il s'arrêta dans le royaume d'Évandre, sur le site de la future Rome. C'est l'histoire d'Hercule, d'Évandre et de Cacus, contée notamment par Tite-Live (I, 7, 3-15), Virgile (Énéide, 8, 185-267), Denys d'Halicarnasse (1, 39-41), Properce (Élégies, 4, 9). Une comparaison minutieuse entre tous ces textes serait très intéressante : il est impossible de la faire ici.
Tégéen (1,545). C'est-à-dire Évandre, désigné d'après Tégée, une ville d'Arcadie (cfr 1, 627). Voir aussi en 1, 478 l'emploi de "parrhasien" pour "arcadien".
Tirynthien (1,547). Comme Ovide (cfr p. ex. 2, 305), Virgile aussi (Énéide, 7, 662 ; 8, 228) désigne ainsi Hercule. Rappelons que le héros était le fils de Zeus et d'Alcmène, épouse d'Amphitryon, roi de Tirynthe en Argolide, et que par ailleurs, il fut condamné à servir le roi Eurysthée de Tirynthe, qui lui imposa les douze célèbres travaux.
deux taureaux (1,548). Les détails de l'épisode d'Hercule et de Cacus varient d'un auteur ancien à l'autre. Ainsi, en ce qui concerne le nombre de bêtes volées, Virgile parle de quatre taureaux et de quatre génisses, alors que Tite-Live, Denys et Properce ne donnent aucun chiffre.
Cacus (1,550). Il serait vain de vouloir traiter ici de la nature originelle de ce personnage, dans lequel certains modernes voient un ancien dieu du feu, mais qui pourrait n'être qu'une simple figure de légende. Chaque auteur a sa vision personnelle de Cacus : pour Virgile, c'est un monstre, "à demi homme", fils de Vulcain ; pour Tite-Live un pasteur ; pour Denys, un brigand ; chez Properce, il a trois têtes.
à reculons (1,550). "pour que les traces semblent partir de la caverne ; c'est la ruse d'Hermès dérobant les vaches d'Apollon (Hymne homérique à Hermès, 73ss). Vieux thème de conte populaire.", commente H. Le Bonniec, qui cite un texte de M. Delcourt, Héphaistos, 1957, p. 214s: "Aujourd'hui encore, dans le folklore français, quand on veut immuniser le bétail contre les maléfices, on le fait sortir de l'étable à reculons. Le faire entrer de la sorte dans une grotte, c'est le soustraire à l'influence de son maître."
Aventin (1,551). Virgile également (Énéide, 8, 231) localise l'antre de Cacus sur l'Aventin. Mais le personnage était peut-être aussi lié au Palatin : des escaliers conduisant à cette dernière colline portaient le nom de Scalae Caci ("escaliers de Cacus"). Mais peu importe ici.
Mulciber (1,554). Épithète de Vulcain-Héphaïstos. Employé aussi en 6, 626.
Des têtes et des bras... (1,557-558). Ovide s'inspire ici très étroitement de Virgile (Énéide, 8, 195-197).
fils de Jupiter (1,559). Hercule était le fils d'Alcmène et de Jupiter, le dieu ayant pris l'apparence d'Amphitryon, l'époux d'Alcmène.
supporté le ciel (1,565). Hercule aurait soutenu le ciel à la place d'Atlas, pour permettre à ce dernier d'aller cueillir les pommes d'or au jardin des Hespérides (cfr Pausanias, 5, 11, 5).
arts de son père (1,572). Vulcain, père de Cacus, est le dieu du feu, le dieu forgeron.
Typhée... (1,573-574). Typhée est un monstre, fils de Gaia et du Tartare, qui avait attaqué les dieux. Zeus finira par l'abattre et par l'écraser sous l'Etna. C'est lui qui vomit les flammes que crache le volcan. Cfr 4, 491-492 ; et Ovide, Métamorphoses, 5, 346-356. On le retrouve sous le nom de Typhon en 2, 461.
Alcide (1, 575). Hercule est souvent désigné ainsi, Alcée étant le père d'Amphitryon, père putatif d'Hercule. Cfr aussi 2, 318 ; 5, 387.
Jupiter (1,579). Non loin de l'Ara Maxima dont il va être question au vers suivant, se serait élevé un autel à Jupiter Inventor, qu'Hercule aurait offert pour remercier le dieu de l'avoir aidé à retrouver ses bêtes volées. Plusieurs auteurs anciens parlent de cet autel, mais tous les modernes ne sont pas sûrs de son existence.
Ara Maxima (1,581). Le "Grand Autel d'Hercule" était le centre cultuel le plus ancien et le plus vénérable à Rome en l'honneur d'Hercule. Il s'élevait près du Tibre, non loin du Grand Cirque. Chez Ovide, Hercule s'érige à lui-même cet autel comme à un véritable dieu, alors qu'il n'est encore qu'un demi-dieu. Il agit en quelque sorte par anticipation. Son apothéose véritable est racontée par Ovide dans les Métamorphoses (9, 239-272). Dans certaines autres versions (par exemple Macrobe, Saturnales, 3, 11, 7 ; Tacite, Annales, 15, 41), le culte est fondé par Évandre. On trouvera dans le commentaire à Virgile (Énéide, 8, 190-305) d'autres informations sur Hercule et son culte.
son nom du boeuf (1,582). Périphrase pour désigner le forum Boarium, c'est-à-dire le "Marché aux Boeufs". En fait le Grand Autel d'Hercule était un peu en dehors du forum Boarium lui-même, mais comme l'épisode de Cacus faisait état de bêtes volées, il était tentant de l'y rattacher.
la terre aura assez bénéficié de son cher Hercule (1,584). D'autres versions aussi rapportent que Carmenta, la prophétesse, prédit l'apothéose d'Hercule, présenté ici comme un bienfaiteur de l'humanité, qu'il a débarrassée de ses monstres (cfr Ovide, Métamorphoses, 9, 241).
temple du grand Jupiter (1,587). Il s'agit du temple de Jupiter sur le Capitole.
pur (1,587). C'est le flamine de Jupiter (flamen Dialis), entouré d'interdits religieux et donc en état de pureté rituelle.
entrailles (1,588). En fait la fressure qu'on offre au dieu (cfr n. à 1, 51).
mouton castré (1,588). Les Ides de chaque mois étaient consacrées au dieu à qui l'on offrait "une agnelle blanche de grande taille". Ovide lui-même l'a précisé plus haut (1, 56). Très curieusement - la divergence est difficile à expliquer - cette agnelle devient ici un "mouton castré".
direction des provinces (1,590). Le 13 janvier 27 a.C.n., Octave restaura théoriquement la République, rendant au sénat et au peuple tous ses pouvoirs. Le gouvernement des provinces notamment fut rendu au sénat, tout au moins celui des provinces pacifiées, qui devinrent les provinces "sénatoriales".
ton aïeul (1,591). Le titre d'Augustus fut alors conféré à Octave (Suétone, Auguste, 7, 4), aïeul par adoption de Germanicus, dédicataire des Fastes (cfr n. à 1, 3). En réalité, c'est le 16 - et non le 13 - janvier qu'Octave aurait reçu ce titre, riche de signification religieuse.
les figures de cire (1,592). La coutume des grandes familles disposant du ius imaginum était d'exhiber, dans l'atrium de leur demeure, des masques de cire représentant leurs ancêtres (imagines maiorum), où étaient mentionnés leurs noms et leurs titres. On les sortait par exemple lors des enterrements. Ovide va évoquer quelques familles romaines prestigieuses : aucune, dit-il, ne vaut celle du dédicataire.
Afrique (1,593). Allusion à Publius Cornelius Scipion, surnommé l'Africain (Africanus) après sa victoire sur les Carthaginois d'Hannibal à Zama, en 202 a.C.
Isaures (1,594). P. Seruilius Vatia porta le surnom d'Isauricus après sa victoire sur les Isaures en Cilicie, en 74 a.C.
Crétois (1,594). Q. Caecilius Metellus fut surnommé Creticus pour avoir soumis la Crète en 69-67 a.C.
Numides (1,595). Un autre Q. Caecilius Metellus triompha des Numides et de Jugurtha en 106 a.C., d'où son surnom de Numidicus.
Messine (1,596). En 263 a.C., Manius Valerius Maximus reçut le surnom de Messalla, tiré du nom de la ville de Messana (= Messine), après sa victoire sur les Carthaginois et leurs alliés siciliens.
Numance (1,596). La ville de Numance, en Espagne, fut conquise en 133 a.C. par P. Scipion Émilien, qui reçut le surnom de Numantinus.
Drusus (1,597). Frère de Tibère, père de Germanicus dédicataire des Fastes, Néron Claudius Drusus mourut en 9 a.C. à l'âge de 29 ans, après avoir vaincu les Germains, ce qui lui valut le nom de Germanicus, transmis à ses descendants (Suétone, Claude, 1).
César (1,599). Le nom désigne ici Auguste.
un collier (1,602). Titus Manlius fut appelé Torquatus, après un combat singulier avec un Gaulois gigantesque, qu'il avait tué et dépouillé de son collier (en latin torquis), en 361 a.C. Cfr Tite-Live, 7, 10, 5-14.
un corbeau (1,602). En 349 a.C., dans un autre combat singulier entre un Gaulois et Marcus Valerius, un corbeau vint en aide au Romain, lui valant ainsi son surnom de Coruinus. Cfr Tite-Live, 7, 26, 2.
Grand Pompée... (1,603-604). Pompée, salué du titre de "Grand" dès 81 a.C. pour ses victoires en Afrique, fut finalement battu à Pharsale, en 48 a.C. par Jules César, qui ne fut jamais qualifié de "Grand" : "sa grandeur est au-dessus de tout surnom" (H. Le Bonniec).
Fabii (1,605-606). La gens Fabia est une des plus illustres familles de Rome. En 304 a.C., le censeur Q. Fabius Rullianus reçut le titre de Maximus, à titre héréditaire (cfr Tite-Live, 9, 46, 15). Un autre Fabius très célèbre est Fabius Maximus Cunctator, qui se distingua au cours de la guerre contre Hannibal, en refusant de livrer des batailles rangées et en épuisant l'ennemi carthaginois par des opérations de harcèlement, d'où son surnom de Cunctator (= "le temporisateur" ; cfr 2, 241-242). En fait, Ovide exalte ici la famille de son protecteur et ami Paullus Fabius Maximus, un des plus importants destinataires des Pontiques. Il sera longuement question en 2,195-242, de la geste des 306 Fabii, massacrés lors de la bataille de Crémère en 477 a.C.
celui-ci (1,608). Auguste, qu'Ovide est bien près de comparer à Jupiter (cfr aussi Métamorphoses, 15, 858-859). Horace (Odes, 1, 12, 49-50) l'avait déjà présenté comme le représentant de Jupiter sur la terre.
"augustes"... (1, 609-612). On se bornera à dire ici que l'adjectif latin augustus a une valeur religieuse marquée et qu'il est apparenté au verbe latin augere ("augmenter, accroître") et au substantif latin augurium ("augure"). Pour plus de détail, on se reportera à l'article augeo du Dictionnaire étymologique de la langue latine de A. Ernout et A. Meillet.
couronne de feuilles de chêne (1,614). Il s'agit de la couronne civique qui fut offerte à Auguste le 13 janvier 27 "pour avoir sauvé les citoyens" (ob cives servatos). À l'origine, la couronne civique était une récompense accordée au soldat qui, dans un combat, avait sauvé la vie d'un de ses camarades et tué son adversaire.
héritier (1,615). Il s'agit de Tibère (appelé "notre chef" au vers 613), fils de l'impératrice Livie, fils adoptif et successeur d'Auguste.
Titan (1,617). Le Titan Hypérion est le Soleil (cfr 1, 385). Ovide, recourant à cette périphrase pour désigner la date du 15 janvier, passe maintenant à la présentation des seconds Carmentalia. Il revient à Carmenta, la mère d'Évandre, dont il va tenter d'expliquer le nom en faisant intervenir celui d'une voiture, les carpenta (cfr 1, 619). Mais le rapport Carmenta - carpenta n'est pas linguistiquement défendable : il relève d'une étymologie populaire.
déesse de Parrhasie (1,618). Carmenta, originaire d'Arcadie, où se trouvait la ville de Parrhasia (cfr 1, 478).
en char (1,619). Le carpentum était une voiture à deux roues, recouverte d'une capote. La tradition (par exemple Tite-Live, 5, 25, 8-10) raconte que le privilège de circuler dans ce type de voiture avait été accordé aux matrones romaines pour les récompenser de la générosité avec laquelle elles avaient remis leurs bijoux à Camille pour lui permettre de s'acquitter, en 395 a.C., après son triomphe d'un voeu qu'il avait fait à Apollon de Delphes.
cet honneur (1,621). Ce privilège avait été enlevé aux matrones en 215, pendant la deuxième guerre punique, par la loi Oppia, portée par un tribun de la plèbe qui voulait réglementer le luxe des femmes (cfr Tite-Live, 34, 1, 3). Il avait été rétabli en 195 a.C. (cfr Tite-Live, 34, 8, 1-2) et supprimé définitivement sous l'Empire. Le chantage des femmes évoqué ici par Ovide, et que répercute Plutarque (Questions romaines, 56), n'est pas confirmé historiquement : il pourrait avoir été inventé par Ovide.
mère tégéenne (1,627). Carmenta est ainsi appelée du nom de Tégée, ville d'Arcadie (cfr 1, 545).
dans ce sanctuaire (1,628). Le sanctuaire de Carmenta était situé au pied de la Roche Tarpéienne, près de la porta Carmentalis (cfr 1, 535) par où sortiront les 305 Fabii (2, 201-204).
objets de cuir (1,629-630). L'interdiction est naturelle dans le culte de déesses qui patronnent les naissances. Le cuir est fabriqué avec un animal mort : il ne faut rien introduire dans le sanctuaire qui soit en rapport avec la mort.
Porrima et Postverta (1,633). Deux épiclèses cultuelles différemment interprétées déjà dans l'antiquité et qui laissent les modernes perplexes. Ovide y voit des compagnes ou des soeurs de Carmenta, douées, comme cette dernière, de dons prophétiques, l'une lisant surtout dans le passé, l'autre dans le futur. D'autres auteurs anciens (par exemple Varron, chez Aulu-Gelle, 16, 16, 4) "les interprétaient par rapport aux positions extrêmes que peut présenter l'enfant à la naissance, tête première ou pieds en avant" (R. Schilling).
déesse du Ménale (1,634). Le Ménale étant une montagne d'Arcadie, c'est Carmenta qui est visée ici.
Fastes d'Ovide (Introduction) - Livre I (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante