Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises dans la BCS

Ovide : Généralités - Métamorphoses - Art d'aimer

Fastes : Avant-Propos - Notices - Livre I - Livre II - Livre III - Livre IV - Livre V - Livre VI - Traduction M. Nisard - Hypertexte louvaniste - Corpora


 

OVIDE - FASTES I

Janvier

  

Traduction nouvelle annotée

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (2004)

 

 

     Très Riches Heures du Duc de Berry (XVe siècle) - Janvier
     © Musée Condé - Château de Chantilly (France)

 

 

Plan

Introduction (1,1-62)

  • Dédicace et objet de l'œuvre (1,1-26)
  • Généralités sur le calendrier (1,27-62)
    • Les années de Romulus et Numa (1,27-44)
    • Les jours et leur statut (1,45-62)

Croyances et rites liés au 1er janvier (1,63-294)

  • Invocation à Janus et cérémonial du 1er janvier (1,63-88)
  • Apparition de Janus - Son origine (1,89-114)
  • Fonctions de Janus, le dieu aux deux visages (1,115-144)
  • Janus ouvre l'année, par un jour faste, présage d'activité (1,145-170)
  • Valeur de présage des commencements - Les étrennes (1,171-226)
  • Les monnaies de bronze - L'âge d'or (1,227-254)
  • Sanctuaire de Janus au Forum - temple d'Esculape et de Jupiter sur l'île Tibérine (1,255-294)

Du 2 au 12 janvier (1,295-460)

  • Éloge de l'astronomie et premières mentions de mouvements astraux (1,295-316)
  • Agonalia du 9 janvier (1,317-334)
  • Sacrifices (1,335-460)
    • 1 : Histoire des sacrifices en général (1,335-361)
    • 2 : Exemples de victimes sacrificielles (1,362-390)
    • 3 : Le sacrifice d'un ânon à Priape (1,391-440)
    • 4 : Les sacrifices d'oiseaux - Précisions astronomiques (1,441-460)

Autour des Carmentalia (11-15 janvier) (1,461-636)

  • Carmenta et Évandre quittent l'Arcadie (1,461-497)
  • Arrivée au Latium - Carmenta prophétise la grandeur de Rome (1,497-542)
  • Hercule, Cacus et Évandre (1,543-586).
  • Octave devient Auguste - Les Carmentalia du 15 janvier (1,587-636)

Du 16 au 31 janvier (1,637-724)

  • Dédicace du temple de la Concorde et indications astronomiques (1,637-656)
  • Les Sementiuae (1,657-696)
  • Hommage à la Paix et à la famille impériale - Temple à Castor et Pollux - Ara Pacis (1,697-722)
 


Résumé

Introduction (1,1-62)

Dédicace et objet de l'oeuvre (1,1-26)

L'objet d'Ovide dans les Fastes est le calendrier, c'est-à-dire la description et l'explication des fêtes et des rituels anciens de la religion romaine  ; l'évocation du mouvement des astres et des constellations  ; la mention des fêtes nouvelles liées à la famille d'Auguste. Ovide dédie son oeuvre à Germanicus, dont il implore bienveillance et protection. (1,1-26)

Généralités sur le calendrier (1,27-62)

Les années de Romulus et Numa

Romulus institua une année de 10 mois : ignorant l'astronomie, il se basait sur la durée de gestation d'un enfant et sur celle du deuil d'une veuve. (1,27-36)

Il dédia le premier mois, mars, à Mars, son père  ; le second, avril, à Vénus, mère d'Énée, l'ancêtre de Romulus  ; mai était le mois des aînés  ; juin, celui des jeunes gens  ; les autres mois tiraient leur nom de leur numéro d'ordre dans l'année (1,37-42). Numa fit précéder ces 10 mois de janvier, le mois de Janus, et de février, le mois des défunts. (1,43-44)

Les jours et leur statut

Les jours n'ont pas tous un même statut juridique  ; ils sont marqués par des obligations et des interdits divers (jours fastes et néfastes, jours d'assemblées et de marchés, jours des Calendes, Ides et Nones, jours de mauvais présage), dont il importe de tenir compte, et qui s'appliquent à l'ensemble des mois de l'année. (1,45-62)

 

Croyances et rites liés au 1er janvier (1,63-294)

Invocation à Janus et cérémonial du 1er janvier (1,63-88)

Le poète invoque Janus, patron du mois, en faveur des princes pacificateurs et singulièrement de Germanicus, ainsi qu'en faveur du Sénat et du Peuple romain. (1,63-69)

Le premier janvier est marqué par l'ouverture des temples, par l'échange de voeux et de paroles de paix, par des sacrifices et des offrandes dans une atmosphère paisible et joyeuse, par une procession en vêtements blancs emmenant les nouveaux magistrats vers le Capitole. C'est un jour heureux à la gloire de la toute puissance romaine. (1,70-88)

Apparition de Janus - Son origine (1,89-114)

Le poète, s'interrogeant sur la personnalité de Janus, voit le dieu lui apparaître avec ses différents attributs (double visage, bâton et clef). La divinité propose à Ovide de lui fournir les explications qu'il sollicite. (1,89-102)

Janus, anciennement assimilé au Chaos, prit sa forme de divinité bicéphale après la mise en place des éléments primitifs (feu, air, terre, eau). (1,103-114)

Fonctions de Janus, le dieu aux deux visages (1,115-144)

Janus préside à la fermeture et à l'ouverture de tout ce qui existe dans l'univers, jouant ainsi un rôle dans la paix et la guerre, et assurant avec les Heures la surveillance des portes du ciel. Cette fonction explique son nom 'Janus', à rapprocher de ianua (porte) et de ianitor (portier)  ; ainsi que ses épiclèses Patulcius (= celui qui ouvre) et Clusius (= celui qui ferme). (1,115-132)

Ses deux faces lui permettent, en tant que portier de la cour céleste, de surveiller l'ensemble de l'univers sans devoir bouger la tête. (1,133-144)

Janus ouvre l'année, par un jour faste, présage d'activité (1,145-170)

Le poète, mis en confiance par la bienveillance de Janus, s'étonne de ne pas voir l'année commencer au printemps, saison du renouveau qu'il évoque avec lyrisme. Il apprend de la bouche du dieu que l'année nouvelle commence après le solstice d'hiver. (1,145-164)

Si ce jour-là, les activités judiciaires et autres ne sont pas suspendues, c'est que le premier janvier est un jour faste, garantissant que l'année entière sera vouée à l'action. (1,165-170)

Valeur de présage des commencements - Les étrennes (1,171-226)

Tous les commencements comportant une valeur de présage, toute invocation aux autres dieux est précédée par une offrande à Janus, le portier : il rend tous les dieux accessibles aux voeux échangés. (1,171-182)

Par ailleurs, l'échange ce jour-là de douceurs (datte, figue, miel) augure une année douce. Ces douceurs ont été depuis toujours concurrencées par des pièces de monnaie, car la soif du profit n'a fait que croître pour culminer à l'époque d'Ovide. Après une évocation un peu convenue des temps anciens, où l'on vivait heureux dans la simplicité et la pauvreté, avant l'afflux des richesses et le règne de la cupidité, le dieu explique que, à cause de cette évolution, une pièce d'or est souvent préférée à une obole, mais que les deux coutumes sont défendables et qu'il faut vivre avec son temps. (1,183-226)

Les monnaies de bronze - L'âge d'or (1, 227-254)

Le double visage représenté sur d'anciennes monnaies de bronze évoque Janus, et la nef figurant sur l'autre face s'explique par la légende de Saturne : une fois expulsé de l'Olympe, celui-ci arriva en barque dans la région du Tibre, où régnait Janus. Expliquant au passage les noms de 'Saturnia' et de 'Latium' donnés à cette région, ainsi que celui de 'Janicule', Ovide brosse le tableau de la région à l'époque de l'âge d'or, sous le règne de Janus et de Saturne. En ces temps heureux, les dieux, et singulièrement la Justice, vivaient encore sur la terre, et Janus veillait seulement aux portes et à la paix, sans s'occuper de la guerre. (1,227-254)

Sanctuaire de Janus au Forum - Temple d'Esculape et de Jupiter sur l'île Tibérine (1,255-294)

La présence d'un sanctuaire de Janus entre les deux Forums commémore le miracle de la source sulfureuse que le dieu fit jaillir pour arrêter les Sabins de Tatius, introduits dans la citadelle par Tarpeia. (1,255-276)

Janus termine ses explications en révélant que la porte est fermée pour empêcher la paix de s'éloigner, tandis qu'elle s'ouvre en temps de guerre. Enfin, il combine habilement l'annonce d'une longue période de paix et un éloge du rôle pacificateur d'Auguste et de Germanicus. (1,277-288)

Le premier janvier commémore aussi la dédicace des temples d'Esculape et de Jupiter sur l'île Tibérine. (1,289-294)

 


Du 2 au 12 janvier (1,295-460)

 

Éloge de l'astronomie et premières mentions de mouvements astraux (1,295-316)

Ovide tient à signaler les mouvements des constellations du zodiaque, qu'il introduit par un bel éloge des esprits supérieurs qui se sont consacrés à l'étude des astres et ne se sont pas laissé détourner par la recherche des plaisirs, du pouvoir, de l'ambition, de la gloire, de l'argent, rejoignant ainsi le séjour des dieux. (1,295-308)

Se basant sur leurs enseignements, Ovide signale le lever de la constellation du Cancer, le 3 janvier, et celui de la Lyre, le 5 janvier. (1,309-316)

Agonalia du 9 janvier (1,317-334)

Les Agonalia de janvier comportent le sacrifice d'un bélier propitiatoire à Janus. Ovide propose six étymologies pour expliquer ce terme (1. agone et agere  ; 2. actu  ; 3. agnalia  ; 4. le grec agoniao  ; 5. le grec agones  ; 6. le grec agonia), en marquant sa préférence pour la dernière, mais sans toutefois trancher. (1,317-334)

Sacrifices (1,335-460)

1 : Histoire des sacrifices en général (1,335-361)

Après avoir noté que les termes uictima et hostia sont liés à une certaine atmosphère de violence, le poète évoque avec nostalgie l'époque antérieure à l'afflux à Rome des produits de luxe importés d'orient, quand les sacrifices consistaient en simples produits de la terre et n'étaient pas sanglants. (1,335-348)

Le poète trace ensuite l'historique des sacrifices d'animaux, montrant que les premiers animaux sacrifiés ne firent que recevoir un châtiment mérité, telle la truie immolée à Cérès pour avoir saccagé les moissons, et tel le bouc immolé à Bacchus pour avoir détruit les vignes. (1,349-361)

2 : Exemples de victimes sacrificielles (1,362-390)

Par ailleurs, le poète s'interroge sur le sacrifice de victimes innocentes, comme le boeuf ou la brebis. Le sacrifice d'un boeuf est expliqué par la légende d'Aristée, qui, pour récupérer les abeilles qu'il avait perdues, dut, sur les conseils de Protée, immoler un taureau de la peau décomposée duquel surgit un nouvel essaim. Quant à la brebis, elle aussi aurait mérité son châtiment en broutant des herbes offertes aux dieux rustiques. (1,362-384)

Variant sa présentation, Ovide énumère le sacrifice du cheval au Soleil, de la biche à Diane et du chien à Hécate, sans mentionner une culpabilité quelconque de ces victimes. (1,385-390)

3 : Le sacrifice d'un ânon à Priape (1,391-440)

Une anecdote un peu leste, racontée avec complaisance, explique l'origine du sacrifice d'un ânon au dieu Priape. Lors d'une fête célébrée en Grèce en l'honneur de Bacchus, en présence des divinités liées à son culte (Pan, Satyres, Silène, Priape, Nymphes...), Priape s'éprend de la nymphe Lotis, qu'il poursuit vainement de ses assiduités. (1,391-420)

Le soir venu, tous les participants à la fête se sont endormis, épuisés par les jeux  ; Priape s'apprête à abuser de Lotis pendant son sommeil, quand l'âne de Silène se met à braire. Lotis réveillée s'enfuit en ameutant tout le monde, à la grande honte de Priape qui, surpris dans une attitude très gênante, devient la risée de toute l'assistance. Depuis lors on sacrifie un ânon au dieu Priape. (1,421-440)

4 : Les sacrifices d'oiseaux - Précisions astronomiques (1,441-460)

L'excursus sur les sacrifices sanglants se termine par le cas des oiseaux, qui furent longtemps épargnés, mais dont les dieux exigèrent finalement le sacrifice, pour les punir de contribuer à la divination. Exemples de la colombe, immolée à Vénus, de l'oie à Io et du coq à la Nuit. (1,441-456)

Ovide signale ensuite le lever du Dauphin le 9 janvier, et le milieu de l'hiver le 10 janvier. (1,457-460)

 


Autour des Carmentalia (11-15 janvier) (1,461-636)

 Carmenta et Évandre quittent l'Arcadie (1,461-497)

Ovide en arrive au 11 janvier, marqué par une cérémonie en l'honneur de Carmenta, et par la célébration de l'anniversaire de la dédicace du temple de Juturne au Champ de Mars. Il invoque Carmenta/Carmentis (dont il rapproche le nom de celui de carmen). (1,461-468)

Originaire d'Arcadie, Carmenta, douée du don de prophétie, est présentée comme la mère d'Évandre, à qui elle annonce que des troubles les contraindront à fuir leur pays. Sur le chemin de l'exil, Carmenta console son fils, assurant qu'il est innocent de toute faute et victime d'un dieu cruel. Citant des exemples d'autres victimes forcées à l'exil, elle lui prédit des lendemains prometteurs dans une nouvelle patrie. (1,469-497)

Arrivée au Latium - Carmenta prophétise la grandeur de Rome (1,497-542)

Les deux fugitifs s'embarquent en direction de l'occident, et parvenus en Italie, ils remontent le cours du Tibre jusqu'au site de la future Rome. Carmenta, saisie d'une transe prophétique, proclame que ces lieux sont le but de leur voyage et demande aux divinités de l'endroit de les accueillir. (1,497-514)

Elle annonce alors la grandeur future de Rome et son empire universel, évoquant l'arrivée d'Énée et des Troyens, Lavinie et la guerre entre Latins et Troyens, la mort et la vengeance de Pallas, fils d'Évandre ; elle s'attarde surtout sur le thème de la nouvelle Troie, et sur le rôle de la dynastie d'Auguste, protectrice des cultes d'origine troyenne. (1,515-536)

Une fois terminée la prédiction, les Arcadiens débarquent, et rapidement Évandre se trouve à la tête d'un royaume prospère. (1,537-542)

Hercule, Cacus et Évandre (1,543-586)

Ovide rattache encore à l'époque de Carmenta l'épisode célèbre d'Hercule et de Cacus. Pendant qu'Hercule séjournait chez Évandre, des boeufs de son troupeau furent dérobés par Cacus, un monstre qui terrorisait la région. Ayant fini par retrouver ses bêtes que Cacus tenait enfermées dans sa caverne, Hercule parvint à tuer le voleur. (1,543-578)

Cet épisode explique le sacrifice d'un taureau à Jupiter, et la création de l'Ara Maxima. Le poète revient ensuite à Carmenta, qui avait annoncé l'apothéose d'Hercule et qui est honorée le 11 janvier. (1,579-586)

Octave devient Auguste - Les Carmentalia du 15 janvier (1,587-636)

Le jour des Ides (13 janvier), inséré entre les deux célébrations des Carmentalia (11 et 15 janvier), on sacrifie à Jupiter Capitolin, et on commémore l'instauration des provinces sénatoriales et l'octroi à Octave du titre d'Auguste. Ovide, s'adressant ensuite à Germanicus, cite de nombreuses figures de l'histoire romaine, pour mieux mettre en valeur la famille d'Auguste et souligner le caractère suprahumain du premier empereur ; l'exposé se termine par des souhaits adressés à Tibère, son successeur. (1,587-616)

Revenant ensuite sur les Carmentalia, Ovide rapproche le nom de la déesse du mot carpentum, et rappelle le privilège de circuler en char octroyé aux matrones romaines, et le moyen radical qu'elles ont mis en oeuvre quand les sénateurs voulurent le leur retirer. Ovide s'attarde ensuite sur les détails des rites de la fête et sur la signification des termes peu connus de Porrima et Postverta. (1,617-636)

 


Du 16 au 31 janvier (1,637-724)

Dédicace du temple de la Concorde et indications astronomiques (1,637-656)

La commémoration de la dédicace du Temple de la Concorde (16 janvier) est l'occasion d'allusions à l'origine et à l'histoire de ce temple construit par Camille et qui rappelle la concorde retrouvée entre plèbe et patriciat ; c'est surtout un hommage appuyé à Tibère, qui venait de restaurer ce temple. (1,637-650)

Coucher de la Lyre (17 janvier) et du Lion (23 janvier). (1,651-656)

Les Sementiuae (1,657-696)

Fête mobile, les Sementiuae sont fixées à une date précisée par les pontifes, après les semailles. Durant une période où le travail agricole est en veilleuse, on célèbre dans les villages une fête purificatoire et des sacrifices en l'honneur des déesses Cérès et Tellus, à qui on fait offrande d'épeautre et des entrailles d'une truie pleine, pour qu'elles accordent des récoltes prospères. (1,657-674)

Ovide s'adresse directement aux deux déesses, mettant l'accent sur leur rôle civilisateur par le biais l'agriculture ; il les implore pour obtenir des conditions favorables aux récoltes. (1,675-696)

Hommage à la Paix et à la famille impériale - Temple à Castor et Pollux - Ara Pacis (1,697-722)

Enfin, en une transition habile, Ovide montre que la paix a repris ses droits sur la guerre, grâce à Cérès et à la famille d'Auguste. (1,697-704)

Le 27 janvier est l'anniversaire de la dédicace par Tibère du temple à Castor et Pollux, sur le Forum. (1,705-708)

Le 30 janvier est marqué par la dédicace de l'Ara Pacis et fournit à Ovide l'occasion d'invoquer la Paix, et de chanter le rôle pacificateur d'Auguste et la toute puissance romaine.  (1,709-722)

Conclusion. (1,723-724)

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