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Suétone(généralités)

Vie de Claude (généralités)- (latin85 K) - (traduction200 K)


  Suétone, Claude, 1

 I. Naissance de Drusus, père de Claude. Ses victoires. Sa mort. Ses projets pour le rétablissement de la liberté. Auguste est accusé de l'avoir fait empoisonner

(1) Trois mois à peine s'étaient écoulés depuis le mariage de Livie avec Auguste, lorsqu'elle mit au monde Drusus, père du César Claude. Ce Drusus, d'abord surnommé Decimus, et ensuite Néron, passa pour être le fruit d'un adultère de son beau-père avec elle. C'est ce qui donna sans doute une vogue si rapide à ce vers: "Il naît aux gens heureux des enfants en trois mois".

(2) Pendant sa questure et sa préture, Drusus commanda dans la guerre de Rhétie et dans celle de Germanie. Il fut le premier des généraux romains qui navigua sur l'océan Septentrional. Par un travail immense et d'un genre nouveau, il fit creuser au-delà du Rhin les fossés qui portent encore son nom.

(3) Après avoir souvent battu l'ennemi et l'avoir poussé jusqu'au fond de ses solitudes, il ne cessa de le poursuivre que lorsqu'une femme étrangère d'une grandeur plus qu'humaine, sous l'image d'un fantôme, lui eut défendu en latin de s'avancer au-delà.

(4) L'ovation et les ornements du triomphe furent les récompenses de ses exploits. Il fut fait consul au sortir de sa préture. Il reprit son expédition et y mourut de maladie dans son camp d'été, appelé depuis le "camp maudit".

(5) Son corps fut porté jusqu'à Rome par les premiers citoyens des municipes et des colonies. Là il fut reçu par les décuries des scribes publics et enseveli au Champ de Mars.

(6) L'armée lui éleva un monument funéraire, autour duquel les soldats devaient, chaque année, s'exercer à la course, et les villes de la Gaule y faire des sacrifices publics.

(7) Le sénat, entres autres honneurs, lui vota un arc de triomphe en marbre avec des trophées sur la voie Appienne, et lui décerna le nom de Germanicus, à lui et à ses descendants.

(8) Drusus aimait, dit-on, également la gloire et l'État. Jaloux de joindre les dépouilles opimes à ses victoires, dans la mêlée il poursuivit les chefs des Germains, en s'exposant souvent aux plus grands dangers. Il ne dissimula jamais le dessein qu'il avait de rétablir un jour, s'il le pouvait, l'ancienne république.

(9) Voilà pourquoi, je pense, quelques-uns ont osé dire que, devenu suspect à Auguste, il fut rappelé par lui de son gouvernement, et que cet empereur, voyant qu'il hésitait à exécuter son ordre, il s'en défit par le poison.

(10) Je rapporte ce bruit uniquement pour ne pas l'omettre, et sans y attacher aucune idée de vérité ou de vraisemblance. Auguste aima tellement Drusus, qu'il le donnait toujours pour cohéritier à ses fils, comme il l'annonça un jour dans le sénat, et qu'après sa mort, dans l'éloge qu'il en fit devant le peuple, il pria les dieux de rendre les Césars semblables à Drusus, et de leur accorder une aussi belle fin.

(11) Il ne se contenta pas de composer son épitaphe en vers, et de la faire graver sur son tombeau ; il écrivit aussi en prose l'histoire de sa vie.

(12) Drusus avait eu de la plus jeune Antonia beaucoup d'enfants; mais trois seulement lui survécurent, Germanicus, Livilla et Claude.

(1) Patrem Claudi Caesaris Drusum, olim Decimum mox Neronem praenomine, Liuia, cum Augusto grauida nupsisset, intra mensem tertium peperit, fuitque suspicio ex uitrico per adulterii consuetudinem procreatum. Statim certe uulgatus est uersus:

Tois eutuchousi kai trimena paidia.

 

(2) Is Drusus in quaesturae praeturaeque honore dux Raetici, deinde Germanici belli Oceanum septemtrionalem primus Romanorum ducum nauigauit transque Rhenum fossas naui et immensi operis effecit, quae nunc adhuc Drusinae uocantur.

(3) Hostem etiam frequenter caesum ac penitus in intimas solitudines actum non prius destitit insequi, quam species barbarae mulieris humana amplior uictorem tendere ultra sermone Latino prohibuisset.

(4) Quas ob res ouandi ius et triumphalia ornamenta percepit; ac post praeturam confestim inito consulatu atque expeditione repetita supremum diem morbo obiit in aestiuis castris, quae ex eo Scelerata sunt appellata.

(5) Corpus eius per municipiorum coloniarumque primores suscipientibus obuiis scribarum decuriis ad urbem deuectum sepultumque est in campo Martio.

(6) Ceterum exercitus honorarium ei tumulum excitauit, circa quem deinceps stato die quotannis miles decurreret Galliarumque ciuitates publice supplicarent.

(7) Praeterea senatus inter alia complura marmoreum arcum cum tropaeis uia Appia decreuit et Germanici cognomen ipsi posterisque eius.

(8) Fuisse autem creditur non minus gloriosi quam ciuilis animi; nam ex hoste super uictorias opima quoque spolia captasse summoque saepius discrimine duces Germanorum tota acie insectatus; nec dissimulasse umquam pristinum se rei p. statum, quandoque posset, restituturum.

(9) Vnde existimo nonnullos tradere ausos, suspectum eum Augusto reuocatumque ex prouincia et quia cunctaretur, interceptum ueneno.

(10) Quod equidem magis ne praetermitterem rettuli, quam quia uerum aut ueri simile putem, cum Augustus tanto opere et uiuum dilexerit, ut coheredem semper filiis instituerit, sicut quondam in senatu professus est, et defunctum ita pro contione laudauerit, ut deos precatus sit, similes ei Caesares suos facerent sibique tam honestum quandoque exitum darent quam illi dedissent.

(11) Nec contentus elogium tumulo eius uersibus a se compositis insculpsisse, etiam uitae memoriam prosa oratione composuit.

(12) Ex Antonia minore complures quidem liberos tulit, uerum tres omnino reliquit: Germanicum, Liuillam, Claudium.


Commentaire

 


[14 mars2001]

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