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Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Livre II (Plan) - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante
OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE II
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2005]
Phaéton conduit le char du Soleil (2, 1-271)
Phébus permet à Phaéton de conduire son char (2, 1-152)
Après avoir découvert, ébloui, le palais du Soleil, décrit avec emphase (représentation de l'univers sculpté sur les portes), Phaéton s'approche de Phébus en personne, trônant dans l'éclat de sa majesté. (2, 1-30)
Phébus rassure Phaéton sur son origine, et s'engage, par un serment qu'il ne peut rompre, à lui accorder la faveur de son choix pour prouver sa paternité. Phaéton souhaite conduire durant un jour le char de son père. Désespéré, le père tente vainement de dissuader son fils, invoquant son jeune âge, sa condition de mortel, et le caractère surhumain de la tâche. (2, 31-102)
Phaéton ne veut rien entendre, et Phébus, lié par son serment, se résigne à le conduire devant le char éblouissant, prêt à partir au lever de l'Aurore. Au comble de l'inquiétude, il prodigue à son fils soins et conseils avant de le lancer dans cette aventure périlleuse. Phaéton, tout à son bonheur et sourd à la voix de la sagesse, est prêt à prendre le départ. (2, 103-152)
2, 1 |
Regia Solis erat sublimibus alta columnis, |
Le
palais du Soleil élançait bien haut ses
colonnes altières, |
Materiam superabat opus : nam Mulciber illic |
L'art l'emportait encore sur le matériau ; en effet, |
|
2, 10 |
Aegaeona suis inmania terga lacertis |
pressant dans ses bras des baleines aux dos
démesurés ; |
Terra uiros urbesque gerit siluasque ferasque |
Sur la terre figurent des hommes et des cités, des forêts
et des fauves, |
|
uenit
et intrauit dubitati tecta parentis, |
pénétra sous le toit du père dont il doutait être le fils, |
|
2, 25 |
A
dextra laeuaque Dies et Mensis et Annus |
À droite et à gauche se tenaient le Jour, le Mois,
l'Année, |
2, 30 |
et glacialis Hiems canos hirsuta capillos. |
et l'Hiver glacial et hirsute avec ses cheveux blancs. |
2, 35 |
Ille refert : « O lux inmensi publica mundi, |
Il répond : « Ô lumière commune à l'immense
univers, |
2, 40 |
Dixerat, at genitor circum caput omne micantes |
Il avait fini de parler ; son père
déposa les rayons
scintillants |
me tribuente feras ! Promissi testis adesto |
je te l'accorderai et tu l'emporteras. Que ma promesse ait
pour garant |
|
2, 50 |
concutiens
inlustre caput « temeraria » dixit |
sa tête éclatante, il dit : « J'ai parlé
inconsidérément, |
2, 55 |
munera conueniant nec tam puerilibus annis : |
qui ne convient ni à tes forces, ni à un enfant de ton
âge. |
2, 60 |
me ualet excepto ; uasti quoque rector Olympi, |
même le maître du vaste Olympe, dont la
droite terrible |
unde mare et terras ipsi mihi saepe uidere |
et, moi-même, souvent, voyant de là-haut la mer et la
terre, |
|
2, 70 |
Adde,
quod adsidua rapitur uertigine caelum |
Ajoute que le ciel est emporté en une
révolution constante, |
2, 75 |
obuius ire polis, ne te citus auferat axis ? |
la rotation des pôles et empêcher de t'emporter l'axe
rapide du ciel ? |
per tamen aduersi gradieris cornua tauri |
tu devras même traverser les cornes du
Taureau qui te
fera face, |
|
2, 85 |
quos in pectore habent, quos ore et naribus efflant, |
qu'ils exhalent par la bouche et les naseaux, ce n'est pas
à toi |
2, 90 |
Scilicet ut nostro genitum te sanguine credas, |
Sans doute, pour te croire issu de mon sang, |
2, 95 |
Denique quidquid habet diues, circumspice, mundus |
Enfin, regarde autour de toi combien
riche est le monde : |
2, 100 |
Quid mea colla tenes blandis, ignare, lacertis ? |
Pourquoi, ignorant, serres-tu autour de mon cou tes bras
caressants ? |
2, 105 |
Ergo, qua licuit, genitor cunctatus ad altos |
Alors le père, après avoir différé autant qu'il le peut, |
clara repercusso reddebant lumina Phoebo. Dumque ea magnanimus Phaethon miratur opusque |
renvoyaient à Phébus le reflet de son lumineux éclat. Tandis que le noble Phaéton admire et examine l'oeuvre, |
|
2, 115 |
Lucifer
et caeli statione nouissimus exit. |
qui est la dernière à quitter son poste dans le ciel. |
ambrosiae
suco saturos, praesepibus altis |
des écuries du ciel les chevaux aux naseaux cracheurs de
feu, |
|
pectore sollicito repetens suspiria dixit : |
poussant des soupirs annonciateurs de douleur, il lui
dit : |
|
Sectus in obliquum est lato curuamine limes, |
une route, tracée
en oblique et
décrivant une large courbe, |
|
nec preme nec summum molire per aethera currum ! |
ne laisse pas descendre le char, ne le pousse pas vers les hauteurs
de l'éther. |
|
2, 140 |
inter utrumque tene ! Fortunae cetera mando, |
Tiens-toi entre les deux ; je confie le reste à la Fortune, |
2, 145 |
Corripe lora manu, uel, si mutabile pectus |
Prends en main les rênes ou, si ton coeur peut changer, |
2, 150 |
Occupat ille leuem iuuenali corpore currum |
Phaéton s'installe sur le char où ne pèse pas son
corps juvénile, |
Le vol catastrophique de Phaéton (2, 153-271)
Ovide décrit la course du char, au cours de laquelle le jeune Phaéton a tôt fait de perdre le contrôle de la situation. Les événements sont d'abord centrés sur le comportement des chevaux, totalement débridés. (2, 153-170)
Le désordre se manifeste ensuite dans le ciel, où des constellations d'habitude figées par le gel se mettent à fondre. Phaéton, complètement perdu, assiste impuissant à la ruine et à la dévastation qui se répand partout sur la terre. (2, 171-271)
Interea uolucres Pyrois et Eous et Aethon, |
Entre-temps, les rapides chevaux du Soleil,
Pyrois,
Éous, Éthon,
|
|
flammiferis inplent pedibusque repagula pulsant. |
ils sont pleins de feu et frappent de leurs sabots leurs
barrières. |
|
2, 160 |
praetereunt ortos isdem de partibus Euros. |
dépassent l'Eurus, qui se lève aussi dans cette
région. |
2, 165 |
sic onere adsueto uacuus dat in aera saltus |
dépourvu d'une charge suffisante, bondit dans l'air, |
nec scit qua sit iter, nec, si sciat, imperet illis. |
ni où est sa route et, s'il le savait, il ne maîtriserait pas
les chevaux. |
|
2, 175 |
incaluit sumpsitque nouas feruoribus iras ; |
s'échauffa et conçut dans cette chaleur des colères
inconnues. |
2, 180 |
palluit et subito genua intremuere timore |
il pâlit, ses genoux se mirent à trembler d'une crainte
soudaine, |
2, 185 |
praecipiti pinus borea, cui uicta remisit |
tel un bateau qu'entraîne un violent
Borée, dont le
pilote vaincu |
2, 190 |
prospicit occasus, interdum respicit ortus, |
il regarde, tantôt le couchant devant lui , tantôt
le levant derrière lui. |
Est locus, in geminos ubi bracchia concauat arcus |
En un endroit, le
Scorpion creuse
ses pinces en arcs jumeaux : |
|
2, 200 |
mentis inops gelida formidine lora remisit. |
incapable de penser, glacé d'épouvante, lâcha les rênes. |
2, 205 |
incursant stellis rapiuntque per auia currum |
aux étoiles fixes, entraînant le char hors des chemins
tracés ; |
2, 210 |
Corripitur flammis, ut quaeque altissima, tellus |
Les points les plus élevés de la terre sont la proie des
flammes ; |
2, 215 |
cumque suis totas populis incendia gentis |
des incendies transforment en cendres des territoires
entiers |
ardet in inmensum geminatis ignibus Aetne |
L'Etna voit
redoubler ses feux ; un brasier
immense atteint |
|
Ossaque cum Pindo maiorque ambobus Olympus Tum uero Phaethon cunctis e partibus orbem |
et aussi l'Ossa, comme le Pinde, et l'Olympe plus haut
qu'eux Alors Phaéton voit que l'univers en toutes ses parties |
|
2, 230 |
ore trahit currusque suos candescere sentit ; |
et sent que son char est en train de chauffer à
blanc ; |
Sanguine tum credunt in corpora summa uocato |
C'est alors, croit-on, que les
peuples d'Éthiopie
sont devenus noirs, |
|
2, 240 |
Argos Amymonen, Ephyre Pirenidas undas ; |
Argos chercha Amymone, et Éphyre, les ondes de Pirène. |
2, 245 |
arsurusque iterum Xanthos flauusque Lycormas, |
le Xanthe, voué à brûler une seconde fois, le jaune
Lycormas |
aestuat Alpheos, ripae Spercheides ardent, |
L'Alphée est bouillonnant, les rives du Sperchios sont en
feu ; |
|
occuluitque caput, quod adhuc latet : ostia septem |
et a caché sa source, restée inconnue jusqu'à nos
jours ; |
|
2, 260 |
Dissilit omne solum, penetratque in Tartara rimis |
Le sol tout entier s'entrouvre, la lumière pénètre dans
le Tartare
|
Ima petunt pisces, nec se super aequora curui |
Les poissons cherchent les fonds et les dauphins ondoyants
n'osent plus |
|
2, 270 |
Ter Neptunus aquis cum toruo bracchia uultu |
Par trois fois Neptune menaçant avait eu l'audace de sortir de l'eau |
NOTES
Le palais du Soleil... (2, 1-18). Des descriptions (ekphraseis en grec), interrompant le récit, sont courantes dans l'épopée. Cfr, parmi beaucoup d'autres exemples, 1, 168-175 (le Palatin céleste), ou Virg., Én., 6, 20-33 (les portes du temple d'Apollon à Cumes).
pyrope (2, 2). Un alliage de cuivre et d'or, évoquant l'ardeur et l'éclat du soleil.
ivoire (2, 3). Il s'agit probablement de statues et d'acrotères, décorant le faîte des toits et les frontons.
Mulciber (2, 5). Un des noms donnés à Vulcain, le dieu-forgeron : il signifie « celui qui assouplit » (les métaux).
couleur bleu de mer (2, 8-11). Le bleu sombre est la couleur attribuée depuis Homère aux dieux marins (cfr 1, 275, pour Neptune ; et 1, 333, pour Triton). Quelques-uns de ces dieux liés à la mer sont énumérés ici. Triton, dieu marin, fils de Poséidon et Amphitrite, qui joue de la conque (cfr 1, 333, et Virgile, Én., 1, 144 et la note) ; Protée, ou le « vieillard de la mer », susceptible de prendre des formes multiples et terrifiantes (Homère, Odyssée, 4, 394-461; cfr Fastes, I, 367 ; Mét., 11, 224-257) ; Égéon, appelé aussi Briarée, géant à cent bras (cfr Virgile, Én., 10, 565-570), dont les liens avec la mer ne sont pas aussi nets (selon certaines versions, Poséidon lui aurait donné la main de sa fille Cymopolée) ; enfin Doris, fille d'Océan et de Téthys ; épouse (et soeur) de Nérée, elle est la mère des Néréides (cfr 2, 268-269 ; Fastes, 4, 678).
signes du zodiaque (1, 18). Les douze signes du Zodiaque sont bien à leur place dans la description du palais du Soleil. Ce sont les douze constellations que le Soleil semble parcourir dans le ciel en l'espace d'une année.
fils de Clymène (2, 19). Phaéton (cfr 1, 756).
Heures (2, 26). « Les Horae, chez les Grecs, étaient, à l'origine, les divinités des Saisons ; ce n'est qu'à partir de l'époque alexandrine qu'elles ont personnifié les Heures » (G. Lafaye). En 2, 118, Ovide semble en faire des palefreniers célestes.
faute (2, 37). Phaéton, né de l'union de Phébus et de Clymène, épouse de Mérops, roi des Éthiopiens. La faute en question ici serait pour Clymène d'avoir trompé Mérops avec un autre homme, et d'avoir attribué sa liaison à Phébus, ce qui était plus honorable pour elle. Pour l'idée, on songera à la manière dont Tite-Live (1, 4, 2) raconte la naissance miraculeuse de Romulus et de Rémus : « Victime d'une violence, la Vestale [= Rhéa Silvia] mit au monde deux jumeaux, et, soit bonne foi, soit désir d'ennoblir sa faute en la rejetant sur un dieu, elle attribua à Mars cette paternité suspecte ».
déposa les rayons (2, 40). Parce que ceux-ci aveuglaient son fils et l'empêchaient d'approcher (cfr 2, 21-22). On peut songer à Hector, qui, dans l'Iliade (6, 466-473), retire son casque dont le panache effrayait le petit Astyanax.
le marais (2, 44-45). Il s'agit du Styx, fleuve des enfers. On a déjà évoqué à plusieurs reprises ce serment par le Styx qui engageait les dieux de manière irréversible. Cfr par exemple 1, 189.
Téthys (2, 69). Fille d'Ouranos et de Gaia, elle s'unit à Océan et donne naissance à de nombreux fleuves et fontaines. Divinité primordiale. Ici, par métonymie, ce nom désigne « la mer ». Voir aussi 2, 156.
révolution constante (2, 70). « Suivant les astronomes anciens, les étoiles étaient fixées à la voûte céleste et entraînées par elle par un mouvement de rotation de l'Ouest à l'Est, à l'inverse du soleil et des planètes. » (G. Lafaye).
bêtes sauvages (2, 78). Ce sont les signes du zodiaque, mais le Soleil exagère un peu, car c'est dans l'espace d'une année et non d'un jour que son char les rencontre.
Taureau (2, 80). Second signe du zodiaque, souvent identifié au taureau qui emporta de Sidon Europe, la fille du roi (cfr 2, 833-875)
arc de l'Hémonien (2, 81). Allusion au Sagittaire (l'Archer), neuvième signe du zodiaque. Avant d'être « catastérisé », il était Chiron, le centaure qui vivait en Thessalie (= Hémonie), où il avait été chargé de l'éducation d'Achille. Cfr Homère, Iliade, 11, 831-2 ; Fastes, 5, 379-414 et les notes.
Lion (2, 81). Le Lion de Némée, illustre objet du premier des travaux d'Hercule, et qui reparut dans le ciel comme cinquième signe du zodiaque.
Scorpion (2, 82). Le Scorpion, huitième signe du zodiaque, est lié à certaines variantes de la complexe légende d'Orion. Il en sera encore question infra, 2, 195ss. Pour le Scorpion, voir Fastes, 3, 712 ; 4, 163 ; 5, 417. Pour Orion, Fastes, 4, 388, et 5, 493-544, particulièrement, 537-544.
Cancer (2, 83). Ou Crabe, quatrième signe du zodiaque, transformé en constellation par Junon. Lors du combat d'Hercule contre l'Hydre de Lerne (second travail), le crabe avait aidé l'hydre en mordant Hercule au talon. Voir Fastes, 1, 313.
chrysolithes (2, 109). Terme grec signifiant « pierres d'or », et qu'on identifie généralement à la topaze.
Lucifer (2, 114-115). C'est-à-dire « l'étoile du matin » (Homère, Odyssée, 13, 93-94). C'est en fait la planète Vénus, visible dans l'hémispère nord, soit juste avant l'aube, soit au crépuscule (dans ce cas, sous le nom de Vesper, « l'étoile du soir »).
ambroisie (2, 121). L'ambroisie est la nourriture des dieux ; elle est souvent associée au nectar, la boisson divine. Cfr 4, 214-216 : « Sous le ciel de l'Occident s'étendent les pâturages des chevaux du Soleil ; leur herbe est l'ambroisie, qui repose leurs membres fatigués par les services de la journée et les régénère pour la tâche à venir ».
sonores (2, 121). À cause des clochettes qu'ils portent.
rayons (2, 124). Phaéton va tenir la place du Soleil.
cinq zones (2, 129-133). Les cinq zones parallèles qui divisent la sphère céleste et le globe terrestre (cfr 1, 45-51).
en oblique (2, 130). C'est l'écliptique, qui ne « touche » que trois zones.
Ourse (2, 131). La Grande Ourse et la Petite Ourse, alias les Septem Triones. Cfr 2, 171 ; 2, 528.
Serpent... Autel (2, 138-139). Il s'agit de deux constellations qui ne font pas partie des signes du zodiaque, le Soleil ne les traversant pas normalement au cours de son périple annuel. Le Serpent (ou Draco) est une constellation de l'hémisphère nord qui s'enroule autour des deux Ourses. L'Autel par contre est une des constellations de l'hémisphère sud, qui étaient encore visibles pour les Anciens.
Hespérie (2, 143). L'Occident, là où commençait l'océan, où la Nuit plongeait dans les flots dès le lever du soleil en Orient. À noter que l'Hespérie, chez Virgile par exemple, désigne souvent l'Italie ; ici, il s'agit plutôt de l'Espagne.
Pyrois, Éous, Éthon... Phlégon (2, 153-154). Les noms qu'Ovide donne ici aux coursiers du Soleil sont tous grecs et liés à l'éclat ou à la marche du Soleil : Pyrois ou Pyroeis veut dire « l'Ardent », Éous, « l'Oriental », Éthon, « le Brûlant » et Phlégon, « le Brillant ».
Téthys (2, 156). Déesse de la mer (cfr 2, 69 et la note), elle est la mère de Clymène, et donc la grand-mère de Phaéton. En 2, 69, elle est présentée comme accueillant - avec une certaine inquiétude - le Soleil plongeant dans la mer au terme de sa course ; elle se trouve placée ici, un peu curieusement, non plus à l'Ouest du monde, mais à l'Est, permettant aux chevaux, en levant leurs barrières, d'entamer leur course dans le Ciel.
Eurus (2, 160). Vent du sud-est, provenant donc du Levant.
Septentrion... Serpent... Bouvier (2, 171-176). Ces constellations sont liées au pôle nord et au froid. Il a été question du Septentrion (= les deux Ourses) et du Serpent (Draco), dans les notes à 2, 131 et 2, 138. Le Bouvier est situé dans le prolongement de la queue de la Grande Ourse, d'où les appellations de « Gardien de l'Ourse » (Arctophylax) ou de Bouvier qui le caractérisent. C'est notre Petite Ourse. Sur cette constellation, voir par exemple Fastes, 2, 154 et 2, 189ss ; 3, 107 ; 3, 405 ; 5, 733. Voir aussi Mét., 2, 496-530.
la mer interdite (2, 172). Comme la terre fait son tour annuel autour du soleil, les habitants de l'hémisphère nord peuvent voir un tableau des étoiles qui, au fil de l'année, se modifie progressivement : certaines d'entre elles descendent de plus en plus bas au point de disparaître sous l'horizon, tandis que d'autres surgissent du côté opposé. Les étoiles qui sont le plus haut, notamment les constellations connues sous le nom de Septentriones (Chariot, Grande Ourse et Petite Ourse) sont toujours visibles et ne « plongent jamais sous la mer », comme le dit Homère, Iliade, 18, 487-489. La mer leur est en quelque sorte interdite.
Mérops (2, 184). Roi des Éthiopiens, époux de Clymène. Cfr 1, 756-763 et note.
Borée (2, 185). Vent du nord (= Aquilon) et aussi dieu du vent.
Scorpion (2, 195). Cfr supra 2, 82. Il est situé entre la Balance et le Sagittaire. On ne voit pas ce qu'Ovide entend par « Il étend ses membres sur l'espace de deux signes », à moins de songer à Aratus (Phénomènes, 546) qui, après la Vierge, place non pas la Balance et le Scorpion, mais les Pinces <du Scorpion> et le Scorpion lui-même.
La Lune (2, 208). Assimilée à Artémis-Diane, soeur de Phébus-Apollon.
montagnes (2, 217). Ovide va énumérer ici, sans aucune logique géographique (il termine toutefois par l'Italie), une série de montagnes, plus ou moins connues, évoquant nombre d'endroits différents de l'univers. De telles listes, qu'on appelle des « catalogues », sont chose courante en poésie depuis Homère. Le présent catalogue de montagnes, pour en revenir à lui, est peut-être partiellement inspiré d'Eschyle, Agamemnon, 281-311, qui énumère les signaux de feu qui, de sommets en sommets, ont annoncé à Clytemnestre la fin de la guerre de Troie. Nous ne commenterons pas en détail la liste d'Ovide. - Pour d'autres énumérations chez Ovide, voir par exemple Mét., 7, 224-234.
Athos... (2, 217-226). Le mont Athos est en Macédoine (Europe), le Taurus en Cilicie (Proche-Orient), le Tmolus en Lydie (Proche-Orient) et l'Oeta en Thessalie (Europe), l'Ida en Phrygie, l'Hélicon, séjour d'Apollon et des Muses, en Béotie, l'Hémus, en Thrace, où régna plus tard Oeagre, le père d'Orphée. Viennent ensuite l'Etna en Sicile, le Parnasse, séjour d'Apollon et des Muses en Phocide, l'Éryx en Sicile, le Cynthe à Délos, l'Othrys en Thessalie, le Rhodope en Thrace, le Mimas en Ionie, le Dindyme en Phrygie, le Mycale en Ionie, le Cithéron en Béotie, le Caucase en Scythie (?) , l'Ossa, le Pinde et l'Olympe, en Thessalie, et enfin, plus proches de la patrie d'Ovide, les Alpes et l'Apennin.
innombrables sources (2, 218). Homère (Iliade, 12, 18-22) n'énumère pas moins de huit fleuves « qui, des monts de l'Ida, coulent vers la mer ».
pas encore à Oeagre (2, 219). Oeagre, père d'Orphée, était un roi de Thrace, région sur laquelle s'élevait l'Hémus. L'époque de Phaéton précède de beaucoup celle de Oeagre.
redoubler ses feux (2, 220). Les feux venus du ciel s'ajoutent à ceux que crachent le volcan.
deux sommets (2, 221). Cfr 1, 317 et la note.
culte sacré (2, 223). Son sommet était consacré à Zeus, mais la montagne était aussi consacrée à Dionysos.
peuples d'Éthiopie (2, 235). Les Anciens appelaient Éthiopiens tous les peuples de race noire en général, et on croyait que la couleur de leur peau dépendait de leur longue exposition au soleil (par exemple Hérodote, 2, 22 : « Le teint des hommes que la chaleur rend noir »). Toutefois, Ovide semble innover ici, en attribuant à l'aventure de Phaéton la couleur des peuples de race noire. Sur l'Éthiopie, cfr aussi 4, 669 avec la note.
aride (2, 237). Les grands déserts de l'Afrique seraient donc dus au cataclysme provoqué par l'imprudence de Phaéton.
Dircé... Amymone... Pirène (2, 239-240). Catalogue de fontaines célèbres, qui permet à Ovide de faire étalage de son érudition : Dircé, en Béotie (Dircé, épouse de Lycus roi de Thèbes, fut changée en fontaine) ; Amymone, nom d'une des Danaïdes, était aussi le nom d'une fontaine près d'Argos ; Pirène était une fontaine de Corinthe (anciennement appelée Éphyra), consacrée aux Muses.
Tanaïs... Pénée... etc. (2, 242-259). Après les fontaines, Ovide reste dans le domaine aquatique, et nous assène une impressionnante énumération de fleuves, assez comparable au catalogue des montagnes des vers 217-226. Ici encore, nous n'entrerons pas dans un commentaire détaillé. Le Tanaïs est le Don actuel ; le Pénée, dieu du fleuve homonyme de Thessalie, père de Daphné (cfr 1, 452ss) ; le Caïque, fleuve de Mysie, dont la Teuthranie est une région (Mét., 12, 111 et 15, 277); l'Isménos en Béotie ; l'Érymanthe, fleuve de Perse et aussi rivière d'Élide ; le Xanthe, rivière de Troie appelée aussi Scamandre (Iliade, 21, 328-382 : au cours d'une bataille opposant le Xanthe/Scamandre à Achille, Héra avait demandé à Héphaïstos de secourir Achille son protégé en incendiant la rivière ; le Lycormas est une rivière d'Étolie ; le Méandre, une rivière de Phrygie bien connue pour son cours sinueux ; il existe plusieurs cours d'eau du nom de Mélas, et plusieurs régions appelées Mygdonie ; l'Eurotas est en Laconie, dont le Ténare est un promontoire bien connu ; l'Euphrate baigne Babylone, en Perse ; l'Oronte est en Syrie, le Thermodon (des Amazones) en Cappadoce, le Gange en Inde, le Phase (de Médée) en Colchide ; l'Hister est le Danube ; l'Alphée coule en Élide, le Sperchios en Thessalie ; le Tage, au Portugal, est connu pour charrier des paillettes d'or ; le Caÿstre est un fleuve de Méonie ou Lydie, et les oiseaux du Caÿstre sont les cygnes (Homère, Iliade, 2, 459-463 et Ovide, Mét., 5, 386). Le problème des sources du Nil a beaucoup intrigué les Anciens, et l'explication proposée ici ajoute un élément au dossier (pour les sept bouches asséchées, cfr Ovide, Mét., 1, 422). L'Ismarus est une montagne de Thrace où séjourna Orphée, c'est aussi le nom d'un fleuve de cette région ; l'Hèbre et le Strymon sont deux fleuves de Thrace. Ovide clôt son énumération en revenant en Occident (Hespérie), dont il cite le Rhin, le Rhône, le Pô, et finalement le Tibre, ce dernier étant ponctué d'une note patriotique.
Nérée... Doris... (2, 268-269). Nérée, un des dieux de la mer, qui avec sa soeur et épouse Doris, a donné naissance aux Néréides, dont Thétis, la mère d'Achille, et Clymène. Cfr 2, 8-11 et 2, 69.
déjà tièdes (2, 269). La chaleur a donc commencé à gagner les profondeurs de la mer.
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