kBibliotheca Classica Selecta - Énéide - Chant II (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante
ÉNÉIDE, LIVRE II
CHUTE DE TROIE - MISSION D'ÉNÉE
Au palais de Priam (2, 438-558)
Énée assiste à la destruction du palais par Pyrrhus (2, 438-505)
Découvrant le palais du roi rempli d'ennemis, Énée s'exalte à la pensée de porter secours aux siens, qui résistent avec âpreté (2, 438-452).
Sa connaissance des lieux lui permet d'accéder, par une porte réservée jadis aux proches de Priam, au toit du palais, surplombé par une haute tour. Les Troyens détruisent la tour qui s'écrase sur les assaillants ; ceux-ci sont aussitôt remplacés par d'autres, accablés à leur tour par une pluie de projectiles (2, 453-468).
Jeune et brillant, Pyrrhus apparaît alors, suivi de quelques compagnons ; il saccage l'entrée et, par la large brèche ainsi creusée, on découvre l'intérieur du palais, en proie à la désolation, empli des gémissements et des cris des femmes (2, 469-490).
En digne fils d'Achille, Pyrrhus entre de force dans la demeure royale, et massacre ceux qu'il rencontre. Au fil de son récit, Énée revoit les vainqueurs (Pyrrhus et les Atrides) et les vaincus (Priam, Hécube et ses brus), et le palais occupé, incendié et mis à sac (2, 491-505).
Hic uero ingentem pugnam, ceu cetera nusquam bella forent, nulli tota morerentur in urbe. |
Sous nos yeux se déroule une bataille terrible, comme si d'autres combats ne se déroulaient nulle part ailleurs, comme si nul ne mourait dans la ville. |
|
Sic Martem indomitum, Danaosque ad tecta ruentis cernimus, obsessumque acta testudine limen. Haerent parietibus scalae, postisque sub ipsos nituntur gradibus, clipeosque ad tela sinistris protecti obiciunt, prensant fastigia dextris. |
Sous nos yeux Mars se déchaîne, les Danaens se ruent sur le palais, et en prennent d'assaut l'entrée en se formant en tortue. Ils collent des échelles aux murs et, au pied même des portes, s'efforcent de gravir les échelons ; leurs mains gauches opposent les boucliers qui les protègent contre les traits, leurs droites s'accrochant aux toits. |
2, 440 |
Dardanidae contra turris ac tota domorum culmina conuellunt ; his se, quando ultima cernunt, extrema iam in morte parant defendere telis ; auratasque trabes, ueterum decora alta parentum, deuoluunt ; alii strictis mucronibus imas |
Face à l'assaut, les Dardanides démolissent les tours et les parties hautes de la demeure : c'est avec ces armes que, voyant la fin venue, ils se préparent désormais à se défendre jusqu'à la mort ; ils font dévaler sur l'ennemi les poutres dorées, fiers décors de nos ancêtres. D'autres, poignards brandis, se postent |
2, 445 |
obsedere fores ; has seruant agmine denso. Instaurati animi, regis succurrere tectis, auxilioque leuare uiros, uimque addere uictis.
Limen erat caecaeque fores et peruius usus tectorum inter se Priami, postesque relicti |
au pas de l'entrée et la protègent en rangs serrés. Les courages renaissent pour porter secours au palais royal, aider et soulager les guerriers, rendre des forces aux vaincus.
Il existait une entrée, une porte dérobée, et un passage reliant les pièces du palais de Priam, une porte oubliée à l'arrière ; |
2, 450 |
a tergo, infelix qua se, dum regna manebant, saepius Andromache ferre incomitata solebat ad soceros, et auo puerum Astyanacta trahebat. Euado ad summi fastigia culminis, unde tela manu miseri iactabant inrita Teucri. |
par là bien souvent, au temps où le royaume était debout, la malheureuse Andromaque venait souvent chez ses beaux-parents, sans sa suite, amenant le petit Astyanax à son grand-père. Par ce passage, j'atteins le sommet du toit, d'où de la main les infortunés Troyens lançaient des traits bien en vain. |
2, 455 |
Turrim in praecipiti stantem summisque sub astra eductam tectis, unde omnis Troia uideri et Danaum solitae naues et Achaia castra, adgressi ferro circum, qua summa labantis iuncturas tabulata dabant, conuellimus altis |
Une tour en surplomb s'y dressait, s'élevant jusqu'au ciel, une tour, d'où l'on découvrait tout le panorama de Troie et les navires des Danaens et le camp des Achéens. Nous avons attaqué son pourtour à la hache, là où cédaient les attaches de ses parties hautes, l'avons descellée de sa base, |
2, 460 |
sedibus, impulimusque ; ea lapsa repente ruinam cum sonitu trahit et Danaum super agmina late incidit : ast alii subeunt, nec saxa, nec ullum telorum interea cessat genus.
Vestibulum ante ipsum primoque in limine Pyrrhus |
et l'avons poussée ; celle-ci soudain glissa et s'écroula avec fracas, écrasant largement les rangs des Danaens. Mais d'autres guerriers prennent leur place ; et entre-temps, pierres et projectiles divers ne cessent de pleuvoir.
À l'entrée même du palais, sur la première marche, Pyrrhus exulte, |
2, 465 |
exsultat, telis et luce coruscus aena ; qualis ubi in lucem coluber mala gramina pastus frigida sub terra tumidum quem bruma tegebat, nunc, positis nouus exuuiis nitidusque iuuenta, lubrica conuoluit sublato pectore terga |
avec ses armes d'airain qui étincellent dans la lumière : ainsi apparaît à la lumière un serpent : repu d'herbes maléfiques, durant les frimas de l'hiver, il abritait sous terre son corps enflé ; maintenant, dépouillé de sa vieille peau, neuf et éclatant de jeunesse, le torse dressé, il déroule son échine gluante, défiant le soleil |
2, 470 |
arduus ad solem, et linguis micat ore trisulcis. Vna ingens Periphas et equorum agitator Achillis, armiger Automedon, una omnis Scyria pubes succedunt tecto, et flammas ad culmina iactant. Ipse inter primos correpta dura bipenni |
et agitant dans sa gueule sa langue triplement fourchue. Avec Pyrrhus, le géant Périphas, et le conducteur du char d'Achille, l'écuyer Automédon, ainsi que toute l'armée venue de Scyros, s'approchent de la demeure et lancent des torches sur les toits. Parmi les premiers, Pyrrhus saisit une double hache et saccage |
2, 475 |
limina perrumpit, postisque a cardine uellit aeratos ; iamque excisa trabe firma cauauit robora, et ingentem lato dedit ore fenestram. Adparet domus intus, et atria longa patescunt ; adparent Priami et ueterum penetralia regum, |
le solide perron, arrache de leurs gonds les montants de bronze. Déjà, il a fait sauter une poutre, creusé le chêne résistant et ouvert une immense brèche, largement béante. On voit alors l'intérieur de la demeure, découvrant ses longues cours ; on voit les appartements de Priam et des anciens rois ; |
2, 480 |
armatosque uident stantis in limine primo. At domus interior gemitu miseroque tumultu miscetur, penitusque cauae plangoribus aedes femineis ululant ; ferit aurea sidera clamor. Tum pauidae tectis matres ingentibus errant ; |
on voit aussi les hommes armés debout devant l'entrée, sur le seuil. Mais à l'intérieur de la maison, ce ne sont n'est que gémissements mêlés à un tumulte désastreux, et les coins les plus retirés du palais résonnent des pleurs des femmes, dont le cri atteint les astres d'or. Les mères épouvantées errent à travers l'immense palais, |
2, 485 |
amplexaeque tenent postis atque oscula figunt.
Instat ui patria Pyrrhus ; nec claustra, neque ipsi custodes sufferre ualent ; labat ariete crebro ianua, et emoti procumbunt cardine postes. Fit uia ui ; rumpunt aditus, primosque trucidant |
étreignent les portes, les serrent, y collent leurs lèvres.
Pyrrhus menace, fougueux comme son père ; ni les barrières ni les gardes ne peuvent le contenir ; sous les coups répétés d'un bélier, la porte cède et les battants, sortis de leurs gonds, tombent. La violence ouvre la voie : les Danaens brisent les accès et une fois entrés, |
2, 490 |
immissi Danai, et late loca milite complent. Non sic, aggeribus ruptis cum spumeus amnis exiit, oppositasque euicit gurgite moles, fertur in arua furens cumulo, camposque per omnis cum stabulis armenta trahit. Vidi ipse furentem |
tuent les premiers qu'ils rencontrent, et emplissent les lieux de soldats. Un fleuve bouillonnant, qui a rompu ses digues, met moins de fureur à sortir de son lit et son tourbillon triomphe des obstacles, lorsque ses flots débordent sur les champs, entraînant bêtes et étables dans campagne. De mes yeux j'ai vu Néoptolème, |
2, 495 |
caede Neoptolemum geminosque in limine Atridas ; uidi Hecubam centumque nurus, Priamumque per aras sanguine foedantem, quos ipse sacrauerat, ignis. Quinquaginta illi thalami, spes tanta nepotum, barbarico postes auro spoliisque superbi, |
ivre de carnage, et les deux Atrides, debout sur le seuil, j'ai vu Hécube et ses cent brus et, au milieu des autels, j'ai vu Priam souiller de son sang les foyers qu'il avait consacrés. Ces cinquante chambres nuptiales, espoir d'une si nombreuse lignée, leurs portes superbes, parées de l'or et des dépouilles des barbares, |
2, 500 |
procubuere ; tenent Danai, qua deficit ignis. |
se sont écroulées ; les Danaens occupent ce que le feu a épargné. |
2, 505 |
La mort de Priam (2, 506-558)
Devant le désastre, malgré son grand âge, Priam prend les armes et veut se porter contre les ennemis, prêt à mourir. Mais Hécube le contraint à s'installer comme suppliant avec elle et ses filles dans le lieu sacré (2, 506-525).
Lorsque Priam voit sous ses yeux son fils Politès périr de la main de Pyrrhus, il reproche à ce dernier de montrer moins de générosité que son père Achille à l'égard des suppliants et tente de lui décocher un trait. Alors Pyrrhus impitoyable enlève la vie à Priam d'un coup de lance (2, 526-558).
Forsitan et Priami fuerint quae fata requiras. Vrbis uti captae casum conuolsaque uidit limina tectorum et medium in penetralibus hostem, arma diu senior desueta trementibus aeuo |
Peut-être vous demandez-vous quel fut le sort de Priam ! Dès qu'il voit la ville prise et tombée, ses portes détruites et l'ennemi présent au coeur même de sa demeure, sur ses épaules tremblantes de vieillard il revêt, mais en vain, |
|
circumdat nequiquam umeris, et inutile ferrum cingitur, ac densos fertur moriturus in hostis. Aedibus in mediis nudoque sub aetheris axe ingens ara fuit iuxtaque ueterrima laurus, incumbens arae atque umbra complexa Penatis. |
des armes longtemps délaissées, il ceint une épée inutile et, prêt à mourir, il se porte vers le rang serré des ennemis. Au coeur du palais, à ciel ouvert, sous la voûte de l'éther, se dressait un immense autel ; tout près, un laurier très ancien, s'inclinait vers l'autel, enveloppant les Pénates de son ombre. |
2, 510 |
Hic Hecuba et natae nequiquam altaria circum, praecipites atra ceu tempestate columbae, condensae et diuom amplexae simulacra sedebant. Ipsum autem sumptis Priamum iuuenalibus armis ut uidit, ʻQuae mens tam dira, miserrime coniunx, |
Là, autour des tables sacrées se tenaient en vain Hécube et ses filles, telles des colombes jetées au sol par une noire tempête ; elles étaient assises, serrées, embrassant les statues des dieux. Voyant Priam en personne, revêtu des armes de sa jeunesse, Hécube dit : ʻ Mon pauvre époux, quelle idée funeste |
2, 515 |
impulit his cingi telis ? Aut quo ruis ? ʼ inquit ; ʻ Non tali auxilio nec defensoribus istis tempus eget, non, si ipse meus nunc adforet Hector. Huc tandem concede ; haec ara tuebitur omnis, aut moriere simul. ʼ Sic ore effata recepit |
t'a poussé à prendre ces armes ? Où cours-tu ainsi ? Ce ne sont pas des secours ni des défenseurs de ce genre qu'exige cet instant ; non, même si mon cher Hector était présent. Viens donc ici ; ou bien cet autel nous protégera tous, ou tu mourras avec nous ʼ. Sur ces paroles, elle accueillit |
2, 520 |
ad sese et sacra longaeuum in sede locauit.
Ecce autem elapsus Pyrrhi de caede Polites, unus natorum Priami, per tela, per hostis porticibus longis fugit, et uacua atria lustrat saucius : illum ardens infesto uolnere Pyrrhus |
le vieillard auprès d'elle et l'installa sur un siège sacré.
Cependant voici Politès, un des fils de Priam, échappé au massacre de Pyrrhus ; à travers les traits et les rangs ennemis il fuit, blessé, par les longs portiques et les cours désertes ; le fougueux Pyrrhus, de son arme menaçante, le poursuit |
2, 525 |
insequitur, iam iamque manu tenet et premit hasta. Vt tandem ante oculos euasit et ora parentum, concidit, ac multo uitam cum sanguine fudit. Hic Priamus, quamquam in media iam morte tenetur, non tamen abstinuit, nec uoci iraeque pepercit : |
et bientôt il va le saisir, déjà il le presse de sa lance. Quand enfin Politès arrive en présence de ses parents, il tombe sous leurs yeux et rend l'âme dans une mare de sang. Alors Priam, bien qu'il soit déjà à demi mort, ne peut se contenir ni s'empêcher de crier sa colère : |
2, 530 |
ʻ At tibi pro scelere,' exclamat, 'pro talibus ausis, di, si qua est caelo pietas, quae talia curet, persoluant grates dignas et praemia reddant debita, qui nati coram me cernere letum fecisti et patrios foedasti funere uoltus. |
ʻ Pour ce crime, pour ces forfaits si audacieux, si il y a au ciel quelque justice qui se soucie de ces choses, que les dieux t'infligent un digne châtiment, récompense méritée, toi qui as perpétré sous mes yeux le meurtre de mon enfant, et qui par ce massacre as souillé les regards d'un père. |
2, 535 |
At non ille, satum quo te mentiris, Achilles talis in hoste fuit Priamo ; sed iura fidemque supplicis erubuit, corpusque exsangue sepulchro reddidit Hectoreum, meque in mea regna remisit. ʼ Sic fatus senior, telumque imbelle sine ictu |
Non, l'illustre Achille, dont tu as tort de te prétendre issu, ne traita pas ainsi son ennemi Priam ; il eût rougi de violer les droits et la confiance d'un suppliant et il me rendit le corps exsangue d'Hector pour l'inhumer, puis me renvoya dans mon royaume ʼ. Sur ces paroles, le vieillard, sans force, lança un trait impuissant, |
2, 540 |
coniecit, rauco quod protinus aere repulsum e summo clipei nequiquam umbone pependit. Cui Pyrrhus : ʻ Referes ergo haec et nuntius ibis Pelidae genitori ; illi mea tristia facta degeneremque Neoptolemum narrare memento. |
qui aussitôt, rendant un son rauque, rebondit sur le bronze, puis resta accroché, inutile, à la bosse du bouclier de Pyrrhus, qui lui répondit : ʻ Eh bien, tu seras mon messager et iras rapporter cela à mon père le Péléide. Souviens-toi de lui raconter mes tristes exploits et l'absence de noblesse de Néoptolème. |
2, 545 |
Nunc morere. ʼ Hoc dicens altaria ad ipsa trementem traxit et in multo lapsantem sanguine nati, implicuitque comam laeua, dextraque coruscum extulit, ac lateri capulo tenus abdidit ensem. Haec finis Priami fatorum ; hic exitus illum |
Et maintenant, meurs ! ʼ Disant cela, il entraîne vers les autels Priam tout tremblant et glissant dans la mare du sang de son fils ; Pyrrhus de la main gauche lui saisit les cheveux, et de la droite dégaine son épée étincelante, qu'il lui enfonce dans le flanc jusqu'à la garde. Ainsi s'acheva la destinée de Priam. Cette fin que lui réservait le destin |
2, 550 |
sorte tulit, Troiam incensam et prolapsa uidentem Pergama, tot quondam populis terrisque superbum regnatorem Asiae. Iacet ingens litore truncus, auolsumque umeris caput, et sine nomine corpus. |
l'emporta tandis qu'il voyait Troie en flammes, et Pergame écroulée, lui qui naguère en Asie régnait fièrement sur tant de peuples, sur tant de terres ! Tronc immense, il gît sur le rivage, la tête arrachée de ses épaules, cadavre sans nom. |
2, 555 |
Notes (2, 438-558)
Mars (2, 440). Le nom du dieu romain de la guerre pour désigner le combat.
formation en tortue (2, 441). On appelait tortue (en latin testudo) le toit que les soldats faisaient au-dessus de leur tête avec leurs boucliers pour se défendre des traits de l'ennemi, surtout quand ils s'avançaient au pied des murs d'une place fortifiée, pour les escalader. On élevait les boucliers au-dessus des têtes et des épaules de manière à ce qu'ils se touchent et se recouvrent mutuellement ; leur réunion formait une masse, compacte comme l'écaille d'une tortue ou la pente d'un toit, sur laquelle les projectiles glissaient sans atteindre les soldats qui marchaient dessous. Ce qui complétait l'image du toit, c'est que les soldats du rang extérieur étaient à genoux tandis que ceux des rangs intérieurs se tenaient de plus en droits (d'après A. Rich). Cfr aussi 9, 505.
Il existait une entrée... (2, 453). J. Perret (Virgile. Énéide, I, 1981, p. 55, n.1) a tenté d'éclaircir la topographie. Selon lui, « il y a deux corps de logis : le palais proprement dit (dont la porte principale est assiégée) et, par derrière, les appartements des femmes. Entre les deux, un passage, sans doute ouvert au moins à l'une de ses extrémités, mais réservé apparemment aux gens de la maison. » On verra la suite de sa présentation pour plus de détails.
Andromaque (2, 456). Andromaque était la fille du roi de Thèbes de Mysie, un royaume non loin de la Troade, qui avait épousé Hector, le fils aîné de Priam et d'Hécube. Elle était déjà à Troie et mariée lorsqu'Achille ravagea la ville natale d'Andromaque, tuant d'ailleurs son père et ses sept frères. Mère d'Astyanax (appelé aussi Scamandrius, elle fut immortalisée dans le chant 6 de l'Iliade d'Homère, notamment lors de l'épisode fameux des adieux d'Hector et Andromaque. Après la chute de Troie, Andromaque fut emmenée comme captive par Pyrrhus (Néoptolème), qui l'épousa, avant de la céder à Hélénus, avec qui elle régna sur l'Épire, où la retrouvera Énée (cfr 3, 294-504).
Astyanax (2, 457). C'est le fils d'Hector et d'Andromaque. Après la chute de Troie, les chefs grecs, et principalement Ulysse réclamèrent Astyanax et le mirent à mort en le précipitant du haut d'une tour. Une autre version, que ne suit pas Virgile, mais bien Racine, dit qu'Astyanax fut sauvé et accompagna sa mère en Épire.
Pyrrhus (2, 469-470). Appelé aussi Néoptolème, fils d'Achille (cfr 2, 263).
ainsi apparaît à la lumière un serpent (2, 471-475). Comparaison partiellement reprise des Géorgiques, 3, 426, 437 et 439.
Périphas (2, 476). Cité uniquement ici, ce guerrier porte le nom d'un personnage d'Homère tué sous les murs de Troie (Iliade, 5, 842).
Automédon (2, 477). Automédon, également cité une seule fois par Virgile, est, dans l'Iliade (passim), le fils de Diorès, le conducteur fameux des chevaux d'Achille.
Scyros (2, 477). Scyros est une des îles Sporades, au nord-est de l'Eubée, où avait vécu Pyrrhus avec sa mère Déidamie, à la cour de son grand-père Lycomède. Ulysse était venu l'y chercher, à la suite de l'oracle le prétendant indispensable à la prise de Troie. Assez naturellement, la jeunesse de Scyros avait donc accompagné Pyrrhus à Troie.
comme son père (2, 491). Pyrrhus est bien présenté comme le nouvel Achille.
Un fleuve bouillonnant... (2, 496-499). Comparaison peut-être inspirée d'Homère : « Il [= Diomède] va, furieux, par la plaine, semblable au fleuve débordé, grossi des pluies d'orage, dont les eaux ont tôt fait de renverser toute levée de terre. Les levées formant digues ne l'arrêtent pas, etc. » (Iliade, 5, 87-91).
Hécube et ses cent brus (2, 501). Fille (selon les versions) de Dymas, roi de Phrygie, ou de Cissée, roi de Thrace, Hécube est la seconde épouse de Priam, à qui elle donna de nombreux enfants, dont Hector, Pâris, Cassandre et Hélénus. Leur nombre toutefois varie selon les sources : tantôt quatorze, tantôt quinze, tantôt dix-neuf, tantôt cinquante (Euripide). Chez Homère, elle est la mère de 19 des 50 fils de Priam (Iliade, 24, 496), lequel avait également 12 filles (Iliade, 6, 242-250 ; c'est de ce dernier passage que provient vraisemblablement la mention virgilienne des « cent brus »). Chez Homère, Hécube ne joue qu'un rôle assez effacé, mais dans la suite - et surtout avec les poètes tragiques -, « la figure d'Hécube grandit, au point de devenir le symbole de la majesté et du malheur » (P. Grimal, Dictionnaire, 1969, p. 178). On a déjà évoqué le rêve étrange qu'on lui attribuait avant la naissance de Pâris (cfr 2, 32, à propos de Thymétès).
Priam (2, 501). C'est le plus jeune des fils de Laomédon ; sous son règne se déroula la guerre de Troie, quand il était déjà très âgé. Il épousa en premières noces Arisbé, fille de Mérops, et en seconde noces Hécube, avec laquelle il eut le plus grand nombre de ses enfants. Le premier d'entre eux fut Hector, et le second Pâris. Ses concubines aussi lui donnèrent beaucoup d'enfants.
cinquante chambres nuptiales (2, 503). Cfr Homère, Iliade, 6, 243-250.
Pénates (2, 514). Cfr 1, 6 ; 1, 68 ; 1, 292 et 2, 293.
Politès (2, 526). Un des fils de Priam et d'Hécube, qui apparaît plusieurs fois dans l'Iliade (2, 791 ; 15, 339). Après sa mort, il ne restera plus en vie qu'un seul fils de Priam : Hélénus, qui joue un rôle très important dans le chant 3 de l'Énéide. Ce Politès est cité en 5, 564 dans le récit du carrousel troyen.
l'illustre Achille... (2, 540-543). Allusion à l'épisode fameux du dernier chant de l'Iliade (24, 486-676), lorsque le vieux Priam se rend auprès d'Achille pour demander que lui soit rendu le cadavre de son fils Hector. Achille, pris de pitié, cédera aux prières du vieillard.
Péléide (2, 548). Achille est le fils de Pélée.
Ainsi s'acheva la destinée de Priam (2, 554). Le meurtre de Priam, qui n'est pas relaté par Homère, est évoqué par Euripide (Hécube, 22-24 ; Troyennes, 16-17), et des vases peints montrent Pyrrhus frappant le vieillard assis sur l'autel.
Tronc immense... (2, 557-558). Il semblerait que cette évocation un peu inattendue (changement de lieu) fût inspirée à Virgile par la mort de Pompée, lui aussi « superbe dominateur de l'Asie », qui fut « égorgé, mutilé (comme le vieux roi dans l'Énéide), abandonné sur le sable de la mer » (J. Perret, Virgile. Énéide, I, 1981, p. 164).
Énéide - Chant II (Plan) - Page précédente - Page suivante