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OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE XIV
[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2009]
Récits d'Achéménide et de Macarée (14, 154-440)
Achéménide, sauvé par Énée, raconte sa propre aventure chez le Cyclope (14, 154-222)
Quand Énée accoste à Gaète, il a à son bord un ancien compagnon d'Ulysse, Achéménide, qu'il a recueilli en Sicile. Sur la côte campanienne, les Troyens rencontrent un autre compagnon d'Ulysse, Macarée, très étonné de voir un Grec sur un bateau troyen. Alors Achéménide fait un éloge ému de son sauveur Énée, avant de raconter sa douloureuse aventure sicilienne. (14, 154-176)
Ulysse et ses compagnons, pressés de fuir le Cyclope, avaient repris la mer en oubliant Achéménide, qui s'était retrouvé seul sur les pentes de l'Etna, vivant dans la terreur d'être à son tour victime de Polyphème, devenu fou furieux suite à la mutilation de son oeil par Ulysse. Complètement désespéré, Achéménide avait aperçu au loin le navire d'Énée et des Troyens, et avait réussi à attirer leur attention. Les Troyens le prirent en pitié et le recueillirent sur leur navire. À la fin de ce récit très haut en couleurs, Macarée est prié à son tour de raconter son histoire. (14, 177-222)
14, 154 |
Talia
conuexum per iter memorante Sibylla, |
Tandis
que la Sibylle évoque ces souvenirs sur la
route pentue, |
14, 155 |
sedibus
Euboicam Stygiis emergit in urbem |
le Troyen
Énée émerge des demeures stygiennes dans la
ville eubéenne. |
14, 160 |
Desertum
quondam mediis qui rupibus Aetnae noscit Achaemeniden inprouisoque repertum uiuere miratus : « Qui te casusue deusue seruat, Achaemenide ? Cur » inquit « barbara Graium prora uehit ? Petitur uestra quae terra carina ? » |
Il reconnaît
Achéménide, qui jadis avait
été abandonné |
Talia
quaerenti iam non hirsutus amictu, |
À ces
questions, Achéménide, qui n'était
plus en haillons |
|
14, 170 |
si minus
Aenean ueneror genitore ; nec umquam |
et si je
vénère mon père plus qu'Énée ; jamais je ne
pourrai |
14, 175 |
uenit ;
et, ut iam nunc lumen uitale relinquam, aut tumulo aut certe non illa condar in aluo. Quid mihi tunc animi, nisi si timor abstulit omnem sensum animumque, fuit, cum uos petere alta relictus aequora conspexi ? Volui inclamare, sed hosti |
et
maintenant, lorsque je
quitterai la lumière de la vie, sans doute |
14, 180 |
prodere
me timui ; uestrae quoque clamor Vlixis |
ma présence à l'ennemi ; le cri
d'Ulysse lui aussi a failli perdre votre bateau. J'ai vu le monstre quand il lança au milieu des flots un énorme rocher arraché à la montagne. Je l'ai vu aussi, de son bras de géant, jeter d'énormes pierres comme s'il avait la force d'une machine de guerre, |
14, 185 |
et, ne
deprimeret fluctus uentus ue carinam, |
et j'ai
eu très peur que le vent et les remous ne fassent
sombrer |
14, 190 |
rupibus
incursat foedataque bracchia tabo |
il se heurte
aux rochers. Tendant en direction de la mer ses bras |
14, 195 |
membra
mea laniem, cuius mihi sanguis inundet |
tout vifs, j'abreuverais mon gosier de son sang, |
14, 200 |
crudelesque manus et inanem luminis orbem |
ses mains
cruelles et l'orbite vide de son oeil, ses
membres |
14, 205 |
temporis
illius, quo uidi bina meorum |
où je le vis frapper à trois
ou à quatre
reprises |
14, 210 |
Me tremor
inuasit ; stabam sine sanguine maestus |
Un
tremblement m'envahit. Je restais debout,
consterné, livide, |
14, 215 |
ad
strepitum mortemque timens cupidusque moriri, |
j'étais
pris de tremblement, redoutant la mort et
désirant mourir, |
14, 220 |
et moui ;
Graiumque ratis Troiana recepit. |
et j'ai ému l'équipage : un navire troyen a recueilli
un Grec. |
Récits de Macarée relatifs à Ulysse : chez Éole et les Lestrygons – Circé et une double métamorphose (14, 223-307)
Macarée évoque brièvement la visite d'Ulysse au royaume d'Éole et la mésaventure de sa flotte, causée par la cupidité des équipages ; puis il rappelle la destruction de leur flotte par les Lestrygons, à l'exception du navire d'Ulysse, sur lequel il se trouvait lui aussi. Les rescapés arrivent chez Circé, un endroit qu'ils aperçoivent depuis Gaète et que Macarée qualifie d'infréquentable. (14, 223-247)
Les Grecs, rechignant à se rendre chez Circé suite à leurs récentes mésaventures, on recourt au tirage au sort, qui désigne pour cette mission une bonne vingtaine d'hommes, dont Macarée. Au seuil de la demeure, des fauves plus caressants que redoutables accueillent les arrivants, et des servantes les conduisent auprès de Circé. La magicienne, somptueusement vêtue, trône dans une pièce luxueuse, entourée de Nymphes et de Néréides qui sous sa surveillance sont occupées à trier des plantes. (14, 248-270)
La déesse reçoit les Grecs avec bienveillance et leur offre une boisson de sa fabrication. Sans méfiance, ils l'avalent avidement, tandis qu'elle effleure leurs têtes de sa baguette magique. Aussitôt, ils sont métamorphosés en pourceaux et enfermés dans une étable. Seul l'un d'eux, Euryloque, qui s'est abstenu de boire, échappe à ce triste sort et peut ainsi aller prévenir Ulysse, qui décide de venger ses compagnons. (14, 271-290)
Muni d'une herbe magique et des recommandations de Mercure, le héros d'Ithaque entre chez Circé, bien résolu à se défendre : il refuse la potion qu'elle lui offre, l'effraie en la repoussant avec son épée, et finit par la séduire et obtenir qu'elle rende à ses compagnons leur forme humaine. Cette seconde métamorphose vaut à Ulysse la reconnaissance éperdue de ses hommes. (14, 291-307)
Aeolon
ille refert Tusco regnare profundo, |
Macarée
lui apprend que sur la mer de Toscane
règne Éole, |
|
14, 225 |
quos
bouis inclusos tergo, memorabile munus, |
Ces
vents, enfermés dans une peau de boeuf, avaient
été emportés, |
14, 230 |
esse ratos aurum, dempsisse ligamina uentis ; |
contenait de l'or, avaient dégagé les vents de leurs liens. |
14, 235 |
Missus ad
hunc ego sum, numero comitante duorum ; |
Je fus envoyé vers lui, escorté de deux
compagnons. |
14, 240 |
coniciunt
merguntque uiros merguntque carinas. Vna tamen, quae nos ipsumque uehebat Vlixem, effugit. Amissa sociorum parte dolentes multaque conquesti terris allabimur illis, quas procul hinc cernis ; procul hinc, mihi crede, uidenda est |
submergent nos hommes et nos bateaux qu'ils engloutissent. |
14, 245 |
insula
uisa mihi ; tuque, o iustissime Troum, |
crois-moi, cette île que j'ai visitée. Toi aussi, ô le plus juste des Troyens, |
14, 250 |
ire
negabamus ; sed tecta ignota subire |
nous
refusions de débarquer, mais le sort nous désigna |
14, 255 |
mille
lupi mixtaeque lupis ursaeque leaeque |
mille
loups apparurent, mêlés à des ourses et à des
lionnes. Nous avions peur, mais ces bêtes n'étaient pas redoutables, et aucune ne devait nous causer la moindre blessure. Bien plus, agitant doucement leurs queues dans l'air, elles accompagnaient nos pas et nous flattaient. |
14, 260 |
excipiunt
famulae perque atria marmore tecta |
Enfin des
servantes nous accueillent et nous mènent à
leur maîtresse |
14, 265 |
nulla
trahunt digitis nec fila sequentia ducunt, gramina disponunt sparsosque sine ordine flores secernunt calathis uariasque coloribus herbas. Ipsa, quod hae faciunt, opus exigit ; ipsa, quis usus quoque sit in folio, quae sit concordia mixtis, |
à étirer
les flocons de laine et à les transformer
ensuite en fils, |
14, 270 |
nouit et
aduertens pensas examinat herbas. Haec ubi nos uidit, dicta acceptaque salute, diffudit uultus et reddidit omina uoce ; nec mora, misceri tosti iubet hordea grani mellaque uimque meri cum lacte coagula passo, |
et avec
grande attention elle pèse et examine ces
herbes. |
14, 275 |
quique
sub hac lateant furtim dulcedine, sucos |
furtivement des sucs
que la douceur
du breuvage dissimule. |
14, 280 |
nec iam
posse loqui, pro uerbis edere raucum |
je ne
pouvais plus parler ; un rauque grognement
tenait lieu |
14, 285 |
cumque
eadem passis (tantum medicamina possunt !) |
et avec mes compagnons d'infortune –
ces drogues ont un tel pouvoir ! – je suis enfermé dans une porcherie. Nous avons vu que seul Euryloque avait évité cette apparence porcine ; seul il avait refusé la coupe. S'il n'y avait pas échappé, maintenant encore je ferais partie du troupeau porteur de soies, Ulysse n'aurait pas été informé |
14, 290 |
certior
ad Circen ultor uenisset Vlixes. |
de ce grand malheur et il
ne serait pas venu chez Circé en vengeur. |
14, 295 |
pocula,
conantem uirga mulcere capillos |
tandis
qu'elle tente de lui caresser la tête de sa
baguette,
il la repousse. |
14, 300 |
percutimurque caput conuersae uerbere uirgae, |
nous
frappe la tête d'un coup de sa baguette qu'elle
a retournée, |
14, 305 |
bracchia
sunt ; flentem flentes amplectimur ipsi haeremusque ducis collo ; nec uerba locuti ulla priora sumus quam nos testantia gratos. |
En pleurs, nous embrassons notre chef qui pleure
lui aussi, nous nous pendons à son cou, et nos premières paroles
furent pour lui
témoigner notre
reconnaissance. |
Récits de Macarée relatifs au Latium : métamorphoses de Picus, de ses compagnons et de Canens (14, 308-440)
Durant leur séjour d'un an chez Circé, Macarée a eu l'occasion d'apprendre bien des choses étonnantes. Une servante de Circé propose de lui raconter l'histoire du jeune homme, dont la statue, le représentant avec un pivert et des couronnes, a éveillé sa curiosité. (14, 308-319)
Ce marbre représente Picus, fils de Saturne et roi d'Ausonie. Très beau, aimé de toutes les nymphes du Latium, le jeune roi épousa Canens, née de Vénilia et de Janus ; très jolie et très bonne musicienne, Canens enchantait la nature par ses chants, et tous deux vivaient un amour parfait et exclusif. Un jour que Picus s'était éloigné de leur demeure pour chasser, Circé le rencontra dans la forêt où elle cueillait des herbes, et elle éprouva pour lui une passion immédiate. Comme il était lancé sur son cheval, elle recourut à la magie pour ménager une rencontre en tête-à-tête : Picus descend de sa monture pour poursuivre un sanglier, qui n'est qu'une figure chimérique suscitée par la magicienne, et se trouve seul face à elle. Comme il refuse de répondre à ses avances en faisant état de son amour pour Canens, Circé le métamorphose en pivert, un oiseau qui manifeste son indignation en frappant les arbres à coups de bec. (14, 320-396)
Les compagnons de chasse de Picus, prêts à attaquer Circé, sont à leur tour métamorphosés en bêtes sauvages diverses. À la tombée de la nuit, des serviteurs partent à la recherche de Picus tandis que Canens, manifestant sa douleur, s'élance elle-même au dehors, frappée de démence. Elle parcourt la région durant six jours et six nuits, et finit par s'arrêter, épuisée, au bord du Tibre. Ses plaintes constituent un mélodieux chant de deuil, et finalement elle se dissout dans l'air, laissant son souvenir lié à ce lieu, auquel les Camènes ont donné son nom. (14, 397-434)
Macarée expliqua encore qu'après une année, Ulysse et ses compagnons reprirent la mer. Circé ayant averti Ulysse des nombreux dangers qu'ils auraient encore à affronter, Macarée avait prit peur et s'était fixé seul sur cette côte, où Énée l'avait trouvé. (14, 435-440)
|
Annua nos
illic tenuit mora multaque praesens |
Nous
sommes restés un an à cet endroit, et
durant un temps si long, |
14, 310 |
hoc
quoque cum multis, quod clam mihi rettulit una |
et dans le nombre, ceci que m'a secrètement
rapporté |
14, 315 |
aede
sacra positum multisque insigne coronis. |
dans un
temple sacré et se signalant par de nombreuses
couronnes. |
Picus in
Ausoniis, proles Saturnia, terris rex fuit, utilium bello studiosus equorum. Forma uiro, quam cernis, erat ; licet ipse decorem adspicias fictaque probes ab imagine ueram. Par animus formae ; nec adhuc spectasse per annos |
Picus,
fils de Saturne, était roi en terre d'Ausonie, |
|
14, 325 |
quinquennem poterat Graia quater Elide pugnam. |
assister
quatre fois aux jeux quinquennaux en
Élide
grecque. |
14, 330 |
Narue
tulit praeceps et opacae Farfarus umbrae, |
ou du
Nar impétueux et du
Farfarus aux
sombres ombrages, |
Haec ubi
nubilibus primum maturuit annis, |
Dès que cette fille fut nubile, on la donna en mariage |
|
14, 340 |
ore suo
uolucresque uagas retinere solebat. |
retardait
la longue course des fleuves et fixait les
oiseaux vagabonds. |
14, 345 |
poeniceam
fuluo chlamydem contractus ab auro. |
sanglé dans un manteau pourpre agrafé par une
épingle d'or, |
14, 350 |
obstipuit ; cecidere manu, quas legerat,
herbae, |
elle
resta stupéfiée ; les herbes qu'elle tenait en
main tombèrent, |
14, 355 |
“ Non ”
ait “ effugies, uento rapiare licebit, |
“ Tu ne
m'échapperas pas ” dit-elle, “ même si le
vent t'emportait, |
14, 360 |
iussit et
in densum trabibus nemus ire uideri, |
et de
faire semblant de gagner un bois planté de
nombreux arbres, |
14, 365 |
Concipit
illa preces et uerba
precantia
dicit |
Circé
récite des prières, formule des
supplications, |
14, 370 |
et
nebulas exhalat humus caecisque uagantur |
des
vapeurs montent de la terre, les compagnons
du roi |
14, 375 |
ignibus
et socerum, qui peruidet omnia, Solem |
qui me
brûle, et pour beau-père accepte celui qui voit
tout, |
14, 380 |
Nec
Venere externa socialia foedera laedam, |
Je ne
trahirai pas par des amours extérieures le lien
qui nous unit, |
14, 385 |
rebus ” ait
; “sed amans et laesa et femina Circe. ” |
surtout lorsque cette femme outragée, cette
amante, s'appelle Circé. ” Alors elle se tourna deux fois vers le couchant, deux fois vers le levant, elle toucha trois fois le jeune homme de son bâton, chanta trois formules. Lui s'enfuit, mais il court plus vite que d'habitude, et s'en étonne. Il voit son corps se couvrir de plumes et il arrive soudain |
14, 390 |
seque
nouam subito Latiis accedere siluis |
dans les
forêts du Latium, indigné, sous l'aspect d'un oiseau
nouveau, |
14, 395 |
pluma fit
et fuluo ceruix praecingitur auro, |
s'est
fait plumage, sa nuque est entourée d'or fauve, |
14, 400 |
passaque
erat nebulas uentis ac sole recludi) |
et permis aux vents et au soleil de dissiper les
brumes. Ils l'accablent de griefs qui ne sont que trop fondés, réclament leur roi, se montrent violents, prêts à l'accabler de leurs traits impitoyables. Elle répand des substances nocives et des sucs empoisonnés, convoque la Nuit et les dieux de la Nuit, Érèbe et Chaos, |
14, 405 |
conuocat
et longis Hecaten ululatibus orat. |
et
supplie Hécate avec des hurlements
interminables. |
14, 410 |
et
latrare canes et humus serpentibus atris |
des
chiens aboyer, la terre se hérisser de noirs
serpents, |
14, 415 |
in
iuuenes ueniunt ; nulli sua mansit imago. |
se substituant aux jeunes gens ; aucun ne conserva sa forme propre. Phébus à son coucher avait recouvert le rivage de Tartesse, et Canens avait vainement attendu le retour de son époux, le guettant des yeux et pensant à lui. Les domestiques et les habitants, torches à la main, partent à sa rencontre partout à travers les bois. |
14, 420 |
Nec satis
est nymphae flere et lacerare capillos |
La
nymphe ne se borne pas à pleurer, à s'arracher
les cheveux |
14, 425 |
per iuga,
per ualles, qua fors ducebat, euntem. |
à travers
taillis et vallées, là où la menait le hasard. |
14, 430 |
carmina
iam moriens canit exequialia cygnus. |
que
parfois le cygne fait entendre quand il est
près de mourir. |
14, 435 |
Talia
multa mihi longum narrata per annum uisaque sunt. Resides et desuetudine tardi rursus inire fretum, rursus dare uela iubemur ; ancipitesque uias et iter Titania uastum dixerat et saeui restare pericula ponti. |
Au cours
de cette longue année, j'ai entendu raconter et
j'ai vu
un périple long et les dangers d'une mer cruelle. |
14, 440 |
Pertimui,
fateor, nactusque hoc litus adhaesi. » |
J'ai pris
peur, je l'avoue, et ayant trouvé ce rivage, je m'y suis fixé. » |
NOTES
ville eubéenne... nourrice (14, 154-157). Ces vers servent de transition entre l'épisode de la visite d'Énée aux enfers sous la conduite de la Sibylle (14, 101-153) et la suite (14, 154-440), où Ovide prête la parole à deux anciens compagnons d'Ulysse, Achéménide et Macarée, qui tour à tour rappellent des légendes, inspirées d'Homère, mais aussi de Virgile et d'autres sources. Énée quitte Cumes (ville eubéenne fondée par les Chalcidiens d'Eubée), la Sibylle et la Campanie, pour se retrouver à Gaète, un port du sud du Latium, qui porte le nom de la nourrice d'Énée, Caiète (Virg., Én., 6, 900-901 et 7, 1-7 ; cfr aussi Ovid., Mét.,15, 716). En 14, 441-444, Ovide donnera le texte de l'épitaphe de cette fameuse nourrice, honorée par Énée.
Macarée de Nérite (14, 159). Ce personnage n'est mentionné que par Ovide, qui l'aurait tiré de son imagination, comme Virgile semble avoir imaginé Achéménide. Nérite est une île voisine d'Ithaque.
Achéménide (14, 160). Un compagnon d'Ulysse, probablement inventé par Virgile. La comparaison de la version ovidienne avec Én., 3, 588-681 est intéressante.
Polyphème (14, 167). C'est le nom du Cyclope dont il a été abondamment question dans le livre 13, 740-884, à propos de sa passion pour Galatée. On verra aussi l'Énéide, 3, 588-681 (notamment la note à 3, 641).
mer de Toscane... (14, 223-232). La mer de Toscane est ce que nous appelons la mer Tyrrhénienne. – Ici commencent les récits de Macarée, rapportés d'abord en style indirect, et mêlant des épisodes inspirés tantot de l'Odyssée, tantôt de l'Énéide.
Éole (14, 223). La première histoire concerne le passage d'Ulysse chez Éole, fils d'Hippotès ou de Poséidon, et roi des vents, dont le royaume est situé dans les îles éoliennes, au nord de la Sicile. Sur Éole, cfr Mét., 1, 262-263 ; 4, 663, avec divers renvois. Sa figure a été immortalisée par Homère, Od., 10, 1-79 et surtout Virgile (Én., 1, 50-80). Le récit de Macarée s'inspire directement de celui d'Homère.
Dulichium (14, 226). Petite île, voisine d'Ithaque et faisant partie du royaume d'Ulysse.
Lamus le Lestrygon... Antiphatès... (14, 233-247). Ce passage correspond à Homère, Od., 10, 87-135. Un certain Lamus a fondé la ville de Télépylos, dont le roi est Antiphatès. Il règne sur le peuple des Lestrygons, des géants malfaisants, situés, d'après V. Bérard, au nord de la Sardaigne. Il sera encore question du séjour d'Antiphatès en Mét., 15, 717, mais pour Ovide, l'endroit se trouvait sur la côte occidentale de l'Italie, entre Caiète et Terracine ; peut-être s'agirait-il de Formies (G. Lafaye).
cette île (14, 245). L'île d'Éa (Aea), où régnait Circé. Cfr n. à 14, 10.
Antiphatès... Cyclope (14, 249). Le mot Antiphatès évoque le séjour d'Ulysse chez les Lestrygons (14, 233-247) et le mot Cyclope son séjour en Sicile chez Polyphème (14, 154-222).
le rivage de Circé... (14, 248-307). Pour le passage d'Ulysse chez Circé, Ovide s'inspire d'Homère, Od., 10, 187-466. Chez Virgile (Én., 7, 5-24), Énée et ses compagnons ne font que longer le rivage de Circé, qu'une intervention de Neptune leur a fait éviter.
Politès, Euryloque, Elpénor... (14, 252). Trois compagnons d'Ulysse, cités chez Homère dans l'épisode consacré à Ulysse chez Circé (Od., 10, 187-574).
dieu du Cyllène (14, 291). Hermès/Mercure, né sur le mont Cyllène en Arcadie (Mét., 11, 304 et 13, 146).
moly (14, 293). Plante à fleur blanche et racine noire, dont l'identification a posé problème tant aux Anciens qu'aux Modernes. Ovide suit Homère (Od., 10, 302-305).
Nous sommes restés... (14, 308). Durant le séjour d'Ulysse et de ses compagnons chez Circé, Ovide va introduire des légendes du Latium. Il recourt ici encore à la technique du récit dans le récit, pour mettre dans la bouche de Macarée une légende qu'il dit tenir d'une servante de Circé et qui concerne Picus, Circé, et Canens : c'est le contenu de 14, 308-434.
Picus... Ausonie (14, 320). Picus, présenté ici comme un roi d'Ausonie (ou Italie), est, dans la légende, le fils de Saturne, le père de Faunus et le grand-père de Latinus (Én., 7, 45ss). Il est le prétexte à une histoire d'amour et à une métamorphose. Pour d'autres aspects de cette figure, on verra les notes à Ovide, Fast., 3, 37 et 3, 291 (avec plusieurs liens vers l'Énéide).
Élide grecque (14, 325). Tournure alambiquée, pour signifier que Picus n'avait pas encore vingt ans. Les Jeux Olympiques avaient lieu tous les cinq ans à Olympie, en Élide.
Dryades (14, 326). Nymphes des forêts. Picus était une divinité champêtre.
Albula... Numicius... Anio... Almo... Nar... Farfarus (14, 328-330). Énumération érudite de différents cours d'eau du Latium. L'Albula est le nom primitif du Tibre (Én., 8, 332). Pour le Numicus/Numicius, on verra Én., 7, 150. L'Anio (actuellement Aniene), l'Almo, le Nar, le Farfarus sont des affluents du Tibre.
bois sacré de Diane de Scythie (14, 331). Bois sacré du Lac de Némi, situé dans les monts Albains et dont il sera encore question. Un temple se trouvait là, consacré à Diane d'Aricie (une ville voisine). Diane fut assimilée à Artémis Taurique, d'où l'adjectif « scythique » que lui applique ici Ovide. Cfr Fast., 3, 275, et Mét., 15, 488-490.
Vénilia... Janus (14, 334). Vénilia est une divinité secondaire, dont Ovide fait une des maîtresses épisodiques de Janus et la mère de Canens. Virgile (Én., 10, 76) la présente comme la mère de Turnus. Sur Janus, cfr Virg., Én., 12, 198 (avec d'autres liens) et Ovide, Fast., 1, 63-294 (avec notes).
Laurente (14, 336). Le pays des Laurentes est le Latium, royaume de Latinus. Cfr Én., n. à 7, 59-70.
Canens (14, 338). Tant chez P. Grimal que chez J.-Cl. Belfiore, la seule référence à Canens, la Personnification du chant, est le présent passage des Métamorphoses.
fille du Soleil (14, 346). Circé (voir note à 14, 10).
il ne reste rien (14, 396). Sur la métamorphose de Picus en pivert, cfr Virg., Én., 7, 187-191 avec note.
Nuit... Érèbe et Chaos (14, 404). Ces termes désignent des divinités infernales, souvent invoquées par les magiciennes (Mét, 5, 543 ; 7, 179-198). Érèbe est le nom d'un dieu primitif (Hésiode, Théogonie, 123, et 514-516), fils de Chaos, qui fut précipité par Zeus dans les Enfers, pour avoir aidé les Titans. Chez le même Hésiode (Théogonie, 107, 123-125, 211-214, 744-745, Nux « la Nuit » est la personnification et la déesse de la nuit, fille de Chaos et soeur de l'Érèbe, qui engendre de multiples abstractions.
Hécate (14, 405). Déesse grecque des carrefours, souvent assimilée à Artémis/Diane, et souvent considérée comme présidant à la magie. Cfr Mét., 7, 74, avec d'autres liens.
Tartesse (14, 416). Ville d'Espagne, à l'embouchure du Bétis (actuel Guadalquivir). Tour recherché pour signifier que le Soleil, Phébus, se couchait à l'occident.
Thybris (14, 426). Le Tibre, fleuve et dieu, généralement orthographié Thybris dans l'Énéide (cfr Én., 2, 781-2 avec d'autres liens).
Camènes (14, 434). À Rome, les Camènes sont les nymphes des sources, vénérées dans un sanctuaire et un bois sacré voisin de la Porta Capena. Ces Nymphes furent assimilées aux Muses et mises en rapport avec Égérie. Cfr Mét., 15, 482.
Titania (14, 438). Circé, la fille de Titan (alias le Soleil). Cfr note à 14, 10.
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