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Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Livre XIII (Plan) - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante


OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE XIII

[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2008]

 

Le “ Jugement des armes ” (II) : plaidoyer d'Ulysse - Mort d'Ajax (13, 123-398)

 

Ulysse commence son plaidoyer (13, 123-180)

Après le discours d'Ajax, Ulysse, orateur attendu et habile, s'adresse à l'assemblée, déplorant d'abord la mort d'Achille, dont il prétend être l'héritier le plus indiqué, et se justifiant de recourir ici pour se défendre aux talents qu'il a toujours mis au service des Achéens. (13, 123-139)

En réponse à Ajax à propos de la noblesse de sa naissance et de ses liens de parenté avec Achille, Ulysse, après avoir affirmé la supériorité des mérites personnels sur ceux de la naissance, se prétend égal, sinon supérieur à Ajax, par sa double ascendance divine. Par ailleurs Achille a des héritiers plus directs qu'Ajax, Pélée et Pyrrhus/Néoptolème. (13, 140-158)

Donc la valeur personnelle étant le critère décisif pour l'octroi des armes, Ulysse rappelle que grâce à son ingéniosité il a démasqué Achille qui se soustrayait à la guerre sous un déguisement féminin, alors que sa présence était indispensable à la chute de Troie. Ulysse peut dès lors s'attribuer le mérite de nombre d'exploits accomplis par Achille, dont le plus important fut la mort d'Hector. (13, 159-180)

13, 123

Finierat Telamone satus, uulgique secutum

ultima murmur erat, donec Laertius heros
 

Le fils de Télamon avait fini, et un murmure de la foule

avait suivi ses derniers mots, quand se leva le héros, fils de Laërte.
 

13, 125

adstitit atque oculos paulum tellure moratos

sustulit ad proceres exspectatoque resoluit

ora sono ; neque abest facundis gratia dictis.

« Si mea cum uestris ualuissent uota, Pelasgi,

non foret ambiguus tanti certaminis heres,
 

Il baissa les yeux un bref moment, puis les leva vers les chefs,

ouvrit la bouche et, comme on s'y attendait, il fit entendre sa voix,

avec son éloquence non dépourvue de charme :

« Pélasges, si mes voeux ainsi que les vôtres s'étaient réalisés,

l'héritier de l'objet de notre grande contestation ne ferait pas problème :
 

13, 130

tuque tuis armis, nos te poteremur, Achille.

Quem quoniam non aequa mihi uobisque negarunt

fata, » manuque simul ueluti lacrimantia tersit

lumina, « quis magno melius succedat Achilli,

quam per quem magnus Danais successit Achilles ?
 

toi, Achille, tu jouirais de tes armes, et nous de ta présence.

Mais un sort injuste nous a privés, vous et moi, de ce héros »,

et, s'essuyant les yeux de la main comme s'il pleurait, il dit :

« Qui pourrait être meilleur successeur du grand Achille,

sinon celui qui amena le grand Achille à se joindre aux Danaens ?
 

13, 135

Huic modo ne prosit, quod, ut est, hebes esse uidetur,

neue mihi noceat, quod uobis semper, Achiui,

profuit ingenium ; meaque haec facundia, siqua est,

quae nunc pro domino, pro uobis saepe locuta est,

inuidia careat, bona nec sua quisque recuset.

 

Puisse Ajax ne pas tirer avantage de paraître aussi obtus qu'il l'est,

et puisse mon intelligence, qui toujours vous a été profitable, Achéens,

ne pas me desservir ! Et si j'ai un peu d'éloquence, que ce talent

qui, après vous avoir souvent défendus, défend maintenant ma cause,

ne suscite pas l'envie, et que nul n'ait à renoncer à ses propres dons.

 

13, 140

Nam genus et proauos et quae non fecimus ipsi,

uix ea nostra uoco ; sed enim, quia rettulit Aiax

esse Iouis pronepos, nostri quoque sanguinis auctor

Iuppiter est, totidemque gradus distamus ab illo.

Nam mihi Laertes pater est, Arcesius illi,
 

Car la naissance, les ancêtres et ce que nous n'avons pas fait nous-mêmes,

j'ai peine à considérer que cela nous appartient. Mais cependant,

puisque Ajax s'est dit petit-fils de Jupiter, l'auteur de mon sang aussi

est Jupiter, et le même degré de parenté nous distance de lui, Ajax et moi.

En effet, mon père est Laërte, lui-même fils d'Arcésius,
 

13, 145

Iuppiter huic, neque in his quisquam damnatus et exul.

Est quoque per matrem Cyllenius addita nobis

altera nobilitas ; deus est in utroque parente.

Sed neque materno quo sum generosior ortu,

nec mihi quod pater est fraterni sanguinis insons,
 

 dont l'ancêtre est Jupiter, et aucun d'eux ne fut condamné ni exilé.

Il y a aussi du côté de ma mère le dieu du Cyllène, qui à nos titres

ajouta une seconde noblesse ; mes deux parents ont un ancêtre divin.

Mais ce n'est ni parce que je suis de naissance plus noble par ma mère,

ni parce que mon père est innocent du sang de son frère
 

13, 150

proposita arma peto ; meritis expendite causam,

dummodo, quod fratres Telamon Peleusque fuerunt,

Aiacis meritum non sit, nec sanguinis ordo,

sed uirtutis honor spoliis quaeratur in istis !

Aut si proximitas primusque requiritur heres,
 

que je revendique ces armes. Jugez la cause selon nos mérites.

Qu'on ne considère pas comme un mérite pour Ajax

d'avoir pour frères Télamon et Pélée, ni l'ordre de succession,

mais l'éclat du mérite, lors de l'attribution de ces dépouilles !

Ou bien, si l'on recherche le lien de parenté le plus proche,
 

13, 155

est genitor Peleus, est Pyrrhus filius illi ;

Quis locus Aiaci ? Phthiam haec Scyrumue ferantur !

Nec minus est isto Teucer patruelis Achilli ;

num petit ille tamen ? Num, si petat, auferat illa ?


Ergo, operum quoniam nudum certamen habetur,
 

et le premier héritier, il y a son père Pélée, et Pyrrhus, son fils :

quel rang a Ajax ? Qu'on expédie les armes à Phthie ou à Scyros !

Teucer n'est pas moins qu'Ajax le cousin d'Achille ; pour autant,

réclame-t-il ces armes ? Les obtiendrait-il, s'il les réclamait ?


Donc, puisque le débat porte simplement sur des actes,
 

13, 160

plura quidem feci, quam quae conprendere dictis

in promptu mihi sit ; rerum tamen ordine ducar.


Praescia uenturi genetrix Nereia leti

dissimulat cultu natum, et deceperat omnes,

in quibus Aiacem, sumptae fallacia uestis.
 

j'ai en fait accompli plus d'exploits que ne pourrait facilement

les résumer mon discours ; cependant, je suivrai le fil des faits.


La Néréide, avertie de la mort prochaine de son enfant,

travestit son fils pour le cacher ; tous s'y étaient trompés,

y compris Ajax, abusés par le déguisement que portait Achille.
 

13, 165

Arma ego femineis animum motura uirilem

mercibus inserui ; neque adhuc proiecerat heros

uirgineos habitus, cum parmam hastamque tenenti :

“Nate dea,” dixi, “tibi se peritura reseruant

Pergama ; quid dubitas ingentem euertere Troiam ? ”
 

Moi, afin de toucher sa fibre virile, j'ai introduit des armes,

parmi des articles pour dames ; et il ne s'était pas encore défait

de ses habits de fille, que déjà il avait en main un bouclier et une lance :

 “ Fils de déesse, ” lui dis-je, “ Pergame, destinée à périr de ta main,

t'attend ; pourquoi tarder à renverser l'immense Troie ? ”
 

13, 170

Iniecique manum fortemque ad fortia misi.

Ergo opera illius mea sunt ; ego Telephon hasta

pugnantem domui, uictum orantemque refeci.

Quod Thebae cecidere, meum est ; me credite Lesbon,

me Tenedon Chrysenque et Cillan, Apollinis urbes,
 

Je mis la main sur lui, et envoyai ce valeureux à ses actes valeureux.

Ses exploits sont donc les miens ; j'ai au combat dompté Télèphe

avec ma lance, puis je le rendis à la vie quand, vaincu, il me supplia.

La chute de Thébé, c'est mon oeuvre ; créditez-moi aussi

de la conquête de Lesbos, et de Ténédos, de Chrysé et de Cilla,
 

13, 175

et Scyrum cepisse ; mea concussa putate

procubuisse solo Lyrnesia moenia dextra.

Vtque alios taceam, qui saeuum perdere posset

Hectora, nempe dedi ; per me iacet inclitus Hector !

Illis haec armis, quibus est inuentus Achilles,
 

ces villes sacrées d'Apollon, et de celle de Scyros ; c'est ma main,

pensez-y, qui a ébranlé et fait s'écrouler les murailles de Lyrnesse.

Et sans citer d'autres exemples, celui qui allait perdre le farouche Hector

c'est moi qui vous l'ai amené ; l'illustre Hector gît sur le sol grâce à moi !

Je réclame ces armes au nom de celles qui m'ont fait découvrir Achille ; 
 

13, 180

arma peto ; uiuo dederam, post fata reposco.
 

je lui avais offert des armes de son vivant, je les revendique après sa mort.
 

Ulysse évoque son rôle avant la guerre proprement dite (13, 181-267)

Ulysse a joué aussi un rôle important à Aulis, quand il a persuadé Agamemnon de sacrifier Iphigénie, par souci du bien commun, en dépit de sa tendresse paternelle ; son ingéniosité lui a permis d'amener à Aulis Clytemnestre et Iphigénie. Enfin, il s'est chargé aussi d'une mission périlleuse (et vaine !) à Troie avec Ménélas, pour exiger réparation après l'enlèvement d'Hélène. (13, 181-204)

Durant la longue période de calme qui sépara, durant le siège de Troie, les premiers combats et la dernière année de la guerre, Ajax reste absolument inactif, alors qu'Ulysse se rend utile de mille façons. Quand, vers la dixième année de la guerre, Agamemnon, influencé par un rêve, conseille aux Danaens de retourner au pays, Ajax, comme beaucoup d'autres, est prêt à fuir. Lors de l'assemblée convoquée par Agamemnon, Ajax n'a pas osé prendre la parole, à la différence de Thersite, remis à sa place par Ulysse, qui par ses discours dissuade les défaitistes de fuir. Donc Ulysse s'estime en droit de s'attribuer aussi les exploits accomplis dès ce moment par Ajax. (13, 205-237)

À ces diverses interventions « diplomatiques », s'ajoutent les hauts faits qu'Ulysse accomplit en compagnie de Diomède : mission d'espionnage à Troie et meurtre de Dolon, meurtre de Rhésus et capture de son char et de ses chevaux, et toute la série des ennemis abattus lors de son expédition contre Sarpédon de Lycie. Enfin, pour prouver sa bravoure, il exhibe ses cicatrices à Ajax, qui lui n'en porte aucune. (13, 238-267)

13, 181

Vt dolor unius Danaos peruenit ad omnes,

Aulidaque Euboicam conplerunt mille carinae,

exspectata diu, nulla aut contraria classi

flamina erant ; duraeque iubent Agamemnona sortes
 

Dès que l'ensemble des Danaens apprit l'outrage d'un seul des leurs,

quand mille navires eurent empli le port d'Aulis près de l'Eubée,

on attendit longtemps des vents, qui étaient ou inexistants

ou contraires à la flotte. Un oracle impitoyable ordonne à Agamemnon
 

13, 185

immeritam saeuae natam mactare Dianae.

Denegat hoc genitor diuisque irascitur ipsis,

atque in rege tamen pater est ; ego mite parentis

ingenium uerbis ad publica commoda uerti.

Nunc equidem fateor, fassoque ignoscat Atrides,
 

d'immoler à la cruelle Diane sa fille, qui ne méritait pas ce sort.

Le père s'y refuse et s'emporte contre les dieux eux-mêmes,

car dans un roi, il y a aussi un père : c'est moi qui, par mes paroles,

ai converti le coeur tendre de ce père à se soucier du bien public.

Aujourd'hui, je le déclare, et que l'Atride me pardonne,
 

13, 190

difficilem tenui sub iniquo iudice causam.

Hunc tamen utilitas populi fraterque datique

summa mouet sceptri, laudem ut cum sanguine penset.

Mittor et ad matrem, quae non hortanda, sed astu

decipienda fuit ; quo si Telamonius isset,
 

j'ai soutenu une cause difficile, devant un juge partial.

Mais le bien commun, celui de son frère et les pouvoirs du sceptre

qui lui a été donné le poussent à peser entre sa gloire et son sang.

Je suis aussi envoyé près de la mère, que je ne dus pas convaincre

mais tromper avec diplomatie ; si Ajax, le fils de Télamon y était allé,
 

13, 195

orba suis essent etiamnum lintea uentis.


Mittor et Iliacas audax orator ad arces,

uisaque et intrata est altae mihi curia Troiae ;

plenaque adhuc erat illa uiris ; interritus egi,

quam mihi mandarat communem Graecia, causam
 

les voiles des bateaux en seraient encore à attendre les vents.


L'orateur hardi que je suis est envoyé dans la forteresse d'Ilion,

j'ai vu la curie de Troie l'altière et j'y suis entré.

Elle était alors pleine de guerriers. Sans éprouver de crainte,

j'ai plaidé la cause commune, que m'avait confiée la Grèce.
 

13, 200

accusoque Parim praedamque Helenamque reposco

et moueo Priamum Priamoque Antenora iunctum.

At Paris et fratres et qui rapuere sub illo

uix tenuere manus, scis hoc, Menelae, nefandas ;

primaque lux nostri tecum fuit illa pericli.

 

J'accuse Pâris, je réclame le butin qu'il a enlevé avec Hélène,

et j'arrive à émouvoir Priam et Anténor, qui s'est joint à Priam.

Mais Pâris et ses frères, et ceux qui avaient participé au rapt avec lui,

eurent peine à contenir leurs mains scélérates. Tu le sais, Ménélas :

ce fut là le premier jour de danger que je vécus avec toi.

 

13, 205

Longa referre mora est quae consilioque manuque

utiliter feci spatiosi tempore belli.

Post acies primas urbis se moenibus hostes

continuere diu, nec aperti copia Martis

ulla fuit ; decimo demum pugnauimus anno.
 

Il serait long de rappeler les services que vous ont rendus

mes conseils et mon bras, tout le temps de cette longue guerre.

Après les premiers combats, les ennemis se confinèrent longtemps

derrière leurs murs, et jamais une rencontre en rase campagne

ne put avoir lieu. La dixième année, nous reprîmes enfin les combats.
 

13, 210

Quid facis interea, qui nil, nisi proelia, nosti ?

Quis tuus usus erat ? Nam si mea facta requiris,

hostibus insidior, fossas munimine cingo,

consolor socios, ut longi taedia belli

mente ferant placida ; doceo, quo simus alendi
 

Dans l'intervalle, que fais-tu, toi qui ne sais que te battre ?

À quoi étais-tu occupé ? Mais, si tu demandes ce que moi je faisais,

je tendais des embuscades à l'ennemi, j'entourais les fossés d'un rempart,

j'encourageais mes compagnons à supporter d'un esprit serein

les ennuis d'une longue guerre, je leur enseignais de quelle façon
 

13, 215

armandique modo ; mittor, quo postulat usus.

Ecce Iouis monitu, deceptus imagine somni,

rex iubet incepti curam dimittere belli.

Ille potest auctore suam defendere uocem ;

non sinat hoc Aiax delendaque Pergama poscat,
 

ils devaient s'alimenter, s'armer ; on m'envoie là où c'est nécessaire.

Mais voici que sur ordre de Jupiter, le roi, abusé par la vision d'un rêve,

nous ordonne de renoncer à la guerre entreprise et à ses soucis.

Il peut défendre sa propre décision, au nom de Jupiter son garant.

Ajax devrait s'y opposer, réclamer la destruction de Pergame, se battre,
 

13, 220

quodque potest, pugnet. Cur non remoratur ituros ?

Cur non arma capit, dat quod uaga turba sequatur ?

Non erat hoc nimium numquam nisi magna loquenti.

Quid quod et ipse fugit ? Vidi, puduitque uidere,

cum tu terga dares inhonestaque uela parares.
 

ce dont il est capable. Pourquoi ne retint-il pas les hommes sur le départ ?

Pourquoi ne s'arme-t-il pas, pour pousser la foule hésitante à le suivre ?

Ce n'était pas trop attendre d'un guerrier n'ayant qu'exploits à la bouche.

Et que dire aussi de sa propre fuite ? Je t'ai vu et j'ai eu honte de te voir,

quand tu tournais le dos et préparais honteusement tes voiles.
 

13, 225

Nec mora : “ quid facitis ? Quae uos dementia ” dixi

“ concitat, o socii, captam dimittere Troiam ?

Quidue domum fertis decimo, nisi dedecus, anno ? ”

Talibus atque aliis, in quae dolor ipse disertum

fecerat, auersos profuga de classe reduxi.
 

Mais sans attendre, je dis : “ Que faites-vous ? Mes amis,

quelle folie vous pousse à renoncer à Troie, qui est prise ?

Que ramenez-vous chez vous, après dix ans, sinon le déshonneur ? ”

Par ces paroles et d'autres, car l'indignation m'avait rendu éloquent,

j'ai ramené de la flotte les fuyards qui avaient tourné le dos.
 

13, 230

Conuocat Atrides socios terrore pauentes ;

nec Telamoniades etiam nunc hiscere quicquam

audet ; at ausus erat reges incessere dictis

Thersites, etiam per me haud impune proteruus.

Erigor et trepidos ciues exhortor in hostem
 

L'Atride convoque ses alliés épouvantés et tremblants ;

et même alors le fils de Télamon n'ose pas ouvrir la bouche.

Pourtant quelqu'un avait osé adresser aux rois des propos injurieux,

ce Thersite, dont l'effronterie, grâce à moi encore, ne resta pas impunie.

Je me lève et j'exhorte mes concitoyens effrayés à affronter l'ennemi,
 

13, 235

amissamque mea uirtutem uoce reposco.

Tempore ab hoc, quodcumque potest fecisse uideri

fortiter iste, meum est, qui dantem terga retraxi.


Denique de Danais quis te laudatue petitue ?

At sua Tydides mecum communicat acta,
 

et à pleine voix, j'en appelle au courage qu'ils ont perdu.

Dès lors, tous les exploits qui peuvent sembler à l'actif de mon rival

me reviennent à moi, qui l'ai ramené quand il tournait le dos.


Enfin, lequel des Danaens fait ton éloge ou recherche ta présence ?

Par contre le fils de Tydée me fait participer à ses actions ;
 

13, 240

me probat, et socio semper confidit Vlixe.

Est aliquid de tot Graiorum milibus unum

a Diomede legi. Nec me sors ire iubebat ;

sic tamen, et spreto noctisque hostisque periclo,

ausum eadem, quae nos, Phrygia de gente Dolona
 

il m'approuve, et il est toujours confiant avec Ulysse pour compagnon.

Ce n'est pas rien d'être, parmi tant de milliers de Grecs, le seul

à être choisi par Diomède. Et alors que le sort ne me l'ordonnait pas,

je pars pourtant et, au mépris des périls de la nuit et de l'ennemi,

je tue Dolon, un Phrygien, qui avait osé faire ce que nous faisions.
 

13, 245

interimo, non ante tamen quam cuncta coegi

prodere et edidici, quid perfida Troia pararet.

Omnia cognoram , nec quod specularer habebam,

et iam promissa poteram cum laude reuerti ;

haud contentus eo petii tentoria Rhesi
 

Mais auparavant je le forçai à dévoiler tout ce qu'il savait

et j'ai appris par lui ce que préparait la perfide Troie.

J'étais informé de tout, je n'avais plus rien à espionner

et déjà je pouvais rentrer auréolé de la gloire promise.

Ne m'en contentant pas, je gagne les tentes de Rhésus,
 

13, 250

inque suis ipsum castris comitesque peremi ;

atque ita captiuo, uictor uotisque potitus,

ingredior curru laetos imitante triumphos.

Cuius equos pretium pro nocte poposcerat hostis,

arma negate mihi, fueritque benignior Aiax.

 

et, dans son propre camp, je l'égorgeai lui et ses compagnons.

Et ainsi, vainqueur, et ayant réalisé mes souhaits, je m'avance

sur le char conquis, comme s'il s'agissait d'un joyeux triomphe.

Pour prix de sa nuit, un ennemi avait exigé les chevaux d'Achille :

si vous me refusez ses armes, Ajax aurait été plus généreux que vous.

 

13, 255

Quid Lycii referam Sarpedonis agmina ferro

deuastata meo ? Cum multo sanguine fudi

Coeranon Iphitiden et Alastoraque Chromiumque

Alcandrumque Haliumque Noemonaque Prytanimque,

exitioque dedi cum Chersidamante Thoona
 

Pourquoi évoquerais-je l'armée de Sarpédon de Lycie,

pays que mon épée a dévasté ? Dans un bain de sang,

j'ai abattu Coeranos, fils d'Iphitos, Alastor et Chromius,

Alcander et Halius et Noémon ainsi que Prytanis ;

et j'ai livré à la mort Thoon avec Chersidamas,
 

13, 260

et Charopem fatisque inmitibus Ennomon actum,

quique minus celebres nostra sub moenibus urbis

procubuere manu. Sunt et mihi uulnera, ciues,

ipso pulchra loco ; nec uanis credite uerbis.

Aspicite en ! » uestemque manu diduxit et « haec sunt
 

puis Charops et Ennomon entraîné par un destin cruel,

sans citer ceux qui, moins connus, sont tombés sous mes coups,

au pied des remparts de la ville. Moi aussi, citoyens,

j'ai des blessures, à des endroits honorables ; et croyez-moi,

ce ne sont pas des mots creux, regardez, voici ma poitrine ! »,
 

13, 265

pectora semper » ait «uestris exercita rebus !

At nihil impendit per tot Telamonius annos

sanguinis in socios et habet sine uulnere corpus !
 

et de la main il écarta son vêtement, « qui toujours a oeuvré pour vous !

Le fils de Télamon, lui, durant tant d'années, n'a pas versé de sang

pour ses compagnons, et son corps est exempt de blessures !
 

Ulysse réfute les arguments d'Ajax (13, 268-338)

Ajax ne doit pas exagérer son rôle lors de l'incendie des vaisseaux, car en fait c'est Patrocle qui a repoussé les Troyens ; de même c'est le sort qui le désigna parmi neuf volontaires pour relever le défi d'un combat singulier avec Hector ; il n'était donc pas le seul brave, et du reste il ne s'illustra pas particulièrement dans ce combat qui resta indécis. (13, 268-279)

Quand Ajax met en doute sa capacité physique à porter le poids des armes d'Achille, Ulysse rappelle qu'il a lui-même ramené le cadavre d'Achille et son armement. Par ailleurs, Ajax est trop rustre pour comprendre le sens des ciselures gravées sur ces armes forgées par Héphaïstos/Vulcain à la demande de Thétis, et donc il ne mérite pas de les posséder. (13, 280-295)

Accusé de s'être dérobé et d'être arrivé en retard à la guerre, Ulysse prétend que Achille et lui ont tous deux simulé et sont arrivés plus tard à Troie, par affection pour Thétis et pour Pénélope. En accusant Ulysse de lâcheté, Ajax outrage aussi Achille, auquel d'ailleurs Ulysse s'honore d'être comparé. (13, 296-305)

Quant à Palamède, Ulysse ne fut pas seul à le condamner, car son crime était évident. Et l'abandon de Philoctète à Lemnos, encouragé par Ulysse mais décidé par tous, a maintenu vivant le malheureux, dont la participation, selon un oracle, se révèle désormais nécessaire à la chute de Troie. Après avoir suggéré avec ironie de charger l'incapable Ajax d'aller persuader Philoctète de revenir à Troie, Ulysse proteste de son dévouement à la cause des Achéens et s'engage à user de son habileté éprouvée pour se procurer au risque de sa vie les armes d'Héraclès détenues par Philoctète. (13, 296-338)

13, 268

Quid tamen hoc refert, si se pro classe Pelasga

arma tulisse refert contra Troasque Iouemque ?
 

Mais quelle importance accorder à sa prétention d'avoir pris les armes

pour défendre la flotte des Pélasges contre les Troyens et Jupiter ?
 

13, 270

Confiteorque, tulit, neque enim benefacta maligne

detractare meum est ; sed ne communia solus

occupet atque aliquem uobis quoque reddat honorem ;

reppulit Actorides sub imagine tutus Achillis

Troas ab arsuris cum defensore carinis.
 

Il les a prises, je l'admets, et je n'ai pas la malveillante habitude

de déprécier les bonnes actions. Mais qu'il ne s'attribue pas à lui seul

l'oeuvre de tous et qu'il vous rende aussi une part de cet honneur :

c'est bien le descendant d'Actor, protégé par l'armure d'Achille,

qui éloigna les Troyens des vaisseaux près de brûler avec leur défenseur.
 

13, 275

Ausum etiam Hectoreis solum concurrere telis

se putat, oblitus regisque ducumque meique,

nonus in officio et praelatus munere sortis.

Sed tamen euentus uestrae, fortissime, pugnae

quis fuit ? Hector abit uiolatus uulnere nullo !

 

Ajax pense aussi être le seul à avoir osé affronter les traits d'Hector,

oublieux qu'il est du roi, et de nos chefs et de moi-même :

parmi neuf candidats, le sort le désigna pour cette mission.

Mais enfin quelle fut l'issue de votre combat, courageux guerrier ?

Hector s'est retiré, sans être atteint par la moindre blessure !

 

13, 280

Me miserum ! Quanto cogor meminisse dolore

temporis illius, quo, Graium murus, Achilles

procubuit, nec me lacrimae luctusque timorque

tardarunt quin corpus humo sublime referrem.

His umeris, his inquam, umeris ego corpus Achillis
 

Que je suis malheureux ! Quelle douleur d'être forcé à évoquer

ce temps-là où Achille, le rempart des Grecs, a trouvé la mort !

Ni les larmes, ni les lamentations ni la crainte ne m'ont empêché

de relever sans tarder et de ramener son corps qui gisait sur le sol.

Sur ces épaules, sur mes épaules, dis-je, j'ai porté le corps d'Achille
 

13, 285

et simul arma tuli, quae nunc quoque ferre laboro.

Sunt mihi, quae ualeant in talia pondera, uires,

est animus certe uestros sensurus honores.

Scilicet idcirco pro nato caerula mater

ambitiosa suo fuit, ut caelestia dona,
 

en même temps que ses armes, que maintenant aussi je tente d'emporter.

J'ai les forces nécessaires pour porter un tel poids, et j'ai un coeur

qui certainement appréciera l'honneur que vous me ferez.

Vraiment sa mère azurée a-t-elle fait pour son fils cette démarche,

dans ce but précis qu'un soldat grossier et sans coeur les revête,
 

13, 290

artis opus tantae, rudis et sine pectore miles

indueret ? Neque enim clipei caelamina nouit,

oceanum et terras cumque alto sidera caelo

Pleiadasque Hyadasque immunemque aequoris Arcton

diuersasque urbes nitidumque Orionis ensem ;
 

ces armes, présents célestes, ouvrages d'un art si parfait ?

Car il n'est à même de reconnaître, dans les ciselures du bouclier,

ni l'Océan, ni les Terres ni les Astres en haut du ciel, ni les Pléiades

et les Hyades, ni l'Ourse qui jamais ne sombre dans la mer,

ni les cités qui s'opposent ni l'étincelante épée d'Orion :
 

13, 295

postulat, ut capiat, quae non intellegit, arma !


Quid quod me duri fugientem munera belli

arguit incepto serum accessisse labori,

nec se magnanimo maledicere sentit Achilli ?

Si simulasse uocas crimen, simulauimus ambo ;
 

il réclame, il veut s'emparer d'armes, dont il ne comprend pas le sens !


Et quand il me reproche de fuir les obligations d'une guerre cruelle,

et d'être arrivé bien tard, après le début des opérations,

ne sent-il pas qu'il outrage aussi le magnanime Achille ?

Si tu qualifies de crime une simulation, tous deux nous avons simulé ;
 

13, 300

si mora pro culpa est, ego sum maturior illo.

Me pia detinuit coniunx, pia mater Achillem ;

primaque sunt illis data tempora, cetera uobis.

Haud timeo, si iam nequeam defendere, crimen

cum tanto commune uiro ; deprensus Vlixis
 

si c'est une faute d'avoir tardé, je suis arrivé plus tôt que lui.

Une épouse aimante m'a retenu, et une mère aimante a retenu Achille :

nous leur avons consacré le début de la guerre, et à vous tout le reste.

Je ne crains pas d'encourir, même si je ne pouvais m'en défendre,

la même accusation qu'un tel héros ; c'est l'intelligence d'Ulysse
 

13, 305

ingenio tamen ille, at non Aiacis Vlixes.


Neue in me stolidae conuicia fundere linguae

admiremur eum, uobis quoque digna pudore

obicit ; an falso Palameden crimine turpe

accusasse mihi, uobis damnasse decorum est ?
 

qui l'a démasqué pourtant, et non l'intelligenced'Ajax qui a démasqué Ulysse.


Et ne soyons pas étonnés que sa langue stupide déverse sur moi

des invectives ; contre vous aussi il tient des propos offensants.

Ce serait pour moi une honte d'avoir faussement accusé Palamède,

et pour vous ce serait un honneur de l'avoir condamné ?
 

13, 310

Sed neque Naupliades facinus defendere tantum

tamque patens ualuit, nec uos audistis in illo

crimina ; uidistis pretioque obiecta patebant.


Nec, Poeantiaden quod habet Vulcania Lemnos,

esse reus merui ; factum defendite uestrum,
 

Mais, d'abord, le fils de Nauplius n'a pu se laver d'un forfait si grand

et si évident ; et son crime, vous ne le connaissez pas par ouï-dire,

vous l'avez vu, prouvé à l'évidence par le prix qu'il en reçut.


Et, du séjour du fils de Poéas à Lemnos, l'île de Vulcain,

je n'ai pas mérité d'être accusé. Défendez votre action,

 

13, 315

consensistis enim ; nec me suasisse negabo,

ut se subtraheret bellique uiaeque labori,

temptaretque feros requie lenire dolores.

Paruit et uiuit ; non haec sententia tantum

fida, sed et felix, cum sit satis esse fidelem.
 

car tous vous étiez d'accord. Je ne nierai pas l'avoir persuadé

de se soustraire à l'épreuve de la guerre et du voyage,

et de chercher à atténuer ses souffrances atroces dans le repos.

Il a écouté et il est en vie ; mon conseil a été non seulement sincère,

mais aussi bénéfique, quand sa sincérité déjà était bien suffisante.

 

13, 320

Quem quoniam uates delenda ad Pergama poscunt,

ne mandate mihi ; melius Telamonius ibit

eloquioque uirum morbis iraque furentem

molliet, aut aliqua producet callidus arte.

Ante retro Simois fluet et sine frondibus Ide
 

Puisque les devins exigent sa présence pour détruire Pergame,

ne m'envoyez pas le chercher. Le fils de Télamon ira, c'est mieux :

avec éloquence il amadouera le héros exacerbé de maux et de colère,

ou, avec astuce, il l'entraînera avec lui par un artifice quelconque.

Le Simoïs refluera, l'Ida se dressera dépourvu de ses frondaisons

 

13, 325

stabit et auxilium promittet Achaia Troiae,

quam, cessante meo pro uestris pectore rebus,

Aiacis stolidi Danais sollertia prosit.

Sis licet infestus sociis regique mihique,

dure Philoctete ; licet exsecrere meumque
 

et l'Achaïe promettra de porter secours à la cité de Troie,

avant que mon coeur cesse de battre pour vos intérêts,

et avant que l'ingéniosité du stupide Ajax ne serve les Achéens.

Que tu sois plein d'animosité contre nos alliés, le roi et moi-même,

implacable Philoctète, je le comprends ; libre à toi de me maudire,

 

13, 330

deuoueas sine fine caput cupiasque dolenti

me tibi forte dari nostrumque haurire cruorem,

utque tui mihi, sic fiat tibi copia nostri ;

te tamen aggrediar mecumque reducere nitar ;

tamque tuis potiar, faueat Fortuna, sagittis,
 

de vouer à jamais ma tête à l'exécration, de souhaiter voir le hasard

me livrer à toi qui souffres tant, et de vouloir répandre mon sang,

et puisses-tu disposer de moi, comme moi je l'ai fait de toi.

De toute façon, je t'aborderai et m'efforcerai de te ramener avec moi.

Je m'emparerai de tes flèches, si la Fortune m'est favorable,

 

13, 335

quam sum Dardanio, quem cepi, uate potitus,

quam responsa deum Troianaque fata retexi,

quam rapui Phrygiae signum penetrale Mineruae

hostibus e mediis. Et se mihi conferat Aiax ?
 

comme j'ai capturé et maîtrisé le devin dardanien,

comme j'ai dévoilé les réponses des dieux et les destins de Troie,

comme j'ai dérobé la statue du sanctuaire de la Minerve phrygienne

en traversant les rangs ennemis. Et Ajax se comparerait à moi ?

 

Fin du discours d'Ulysse (13, 339-398)

En épilogue à son discours, Ulysse insiste sur l'audace qu'il a dû montrer pour procurer aux siens le Palladium, statue indispensable. Et en admettant qu'une part du mérite revient à Diomède, son seul compagnon, Ulysse argumente qu'Ajax était assisté d'un grand nombre d'hommes lors de l'incendie des vaisseaux. (13, 339-353)

La sagesse et la raison prévalant sur la force et le combat, beaucoup de héros, qui eux ont toujours tenu compte des avis d' Ulysse, seraient plus dignes qu'Ajax des armes d'Achille. Ajax n'est qu'un combattant, qui a besoin d'être guidé par le toujours clairvoyant Ulysse. (13, 354-369)

 Enfin, Ulysse sollicite l'honneur d'hériter des armes d'Achille, car il l'a amplement mérité en rendant possible la prise de Troie, imminente désormais. (13, 370-381)

13, 339

Nempe capi Troiam prohibebant fata sine illo.
 

Les destins en effet interdisaient la prise de Troie sans cet objet sacré.
 

13, 340

Fortis ubi est Aiax ? Vbi sunt ingentia magni

uerba uiri ? Cur hic metuis ? Cur audet Vlixes

ire per excubias et se committere nocti

perque feros enses non tantum moenia Troum,

uerum etiam summas arces intrare suaque
 

Où est le vaillant Ajax ? Où sont les discours grandiloquents

du grand homme ?Pourquoi as-tu peur ce jour-là ? Et Ulysse,

pourquoi ose-t-il, lui, traverser les postes de garde, se confier à la nuit

et franchir les murs de Troie, en dépit des lances redoutables,

pénétrer en haut de sa citadelle, arracher la déesse de son temple

 

13, 345

eripere aede deam raptamque afferre per hostes ?

Quae nisi fecissem, frustra Telamone creatus

gestasset laeua taurorum tergora septem.

Illa nocte mihi Troiae uictoria parta est ;

Pergama tunc uici, cum uinci posse coegi.
 

et ramener la statue enlevée à travers les rangs ennemis ?

Si je ne l'avais pasfait,  le fils de Télamon aurait porté en vain

à son bras gauche son bouclier fait de sept peaux de boeufs.

Cette nuit-là, grâce à moi, notre victoire sur Troie est née ;

j'ai vaincu Pergame à ce moment-là, en rendant possible sa défaite.

 

13, 350

Desine Tydiden uultuque et murmure nobis

ostentare meum ; pars est sua laudis in illo !

Nec tu, cum socia clipeum pro classe tenebas,

solus eras ; tibi turba comes, mihi contigit unus.


Qui nisi pugnacem sciret sapiente minorem
 

Cesse de désigner ouvertement par tes regards et tes murmures

le fils de Tydée, mon ami ; il a sa part de mérite en cette affaire !

Tu n'étais pas seul non plus avec ton bouclier devant la flotte alliée,

des compagnons en foule étaient avec toi, moi, j'en avais un seul.


Celui qui ignorerait qu'un homme combatif vaut moins qu'un sage,

 

13, 355

esse nec indomitae deberi praemia dextrae,

ipse quoque haec peteret ; peteret moderatior Aiax

Eurypylusque ferox claroque Andraemone natus

nec minus Idomeneus patriaque creatus eadem

Meriones, peteret maioris frater Atridae ;
 

et qu'un bras non guidé par la raison ne mérite pas de récompense,

pourrait réclamer lui-même ces armes. L'autre Ajax, plus modeste,

pourrait les exiger, et le farouche Eurypyle et le fils de l'illustre Andraimon,

et tout autant qu'eux, Idoménée, et Mérion, venu de la même patrie.

Le frère de l'aîné des Atrides pourrait les réclamer, lui aussi.

 

13, 360

quippe manu fortes nec sunt tibi Marte secundi,

consiliis cessere meis. Tibi dextera bello

utilis, ingenium est, quod eget moderamine nostro ;

tu uires sine mente geris, mihi cura futuri ;

tu pugnare potes, pugnandi tempora mecum
 

Certes, ce sont des braves et ils ne te sont pas inférieurs au combat :

eux se sont inclinés devant mes conseils. Tu possèdes un bras

utile pour faire la guerre, et ton intelligence a besoin de ma guidance ;

toi, tu as la force sans la réflexion et moi, j'ai le souci de l'avenir ;

toi, tu peux te battre ; mais le moment du combat, c'est avec moi
 

13, 365

eligit Atrides ; tu tantum corpore prodes,

nos animo ; quantoque ratem qui temperat anteit

remigis officium, quanto dux milite maior,

tantum ego te supero ; nec non in corpore nostro

pectora sunt potiora manu ; uigor omnis in illis.

 

que l'Atride le choisit  ; toi, tu ne rends service qu'avec ton corps,

moi, avec mon esprit ; et sur un bateau, autant le rôle du capitaine

prévaut sur celui du rameur, autant le général surpasse le soldat,

autant, moi, je l'emporte sur toi ; et dans mon corps aussi,

le coeur l'emporte sur le bras ; en lui repose toute ma vigueur.

 

13, 370

At uos, o proceres, uigili date praemia uestro

proque tot annorum cura, quibus anxius egi,

hunc titulum meritis pensandum reddite nostris.

Iam labor in fine est ; obstantia fata remoui

altaque posse capi faciendo Pergama cepi.
 

Mais vous, nobles chefs, accordez ces armes à votre gardien vigilant,

et en échange des soins anxieux que durant tant d'années j'ai déployés,

rendez-moi cette marque d'honneur, en compensation de mes services.

À présent, la tâche est près du terme ; j'ai écarté les destins contraires,

j'ai conquis l'altière Pergame, en rendant possible sa conquête.

 

13, 375

Per spes nunc socias casuraque moenia Troum

perque deos oro, quos hosti nuper ademi,

per siquid superest, quod sit sapienter agendum,

siquid adhuc audax ex praecipitique petendum est,

si Troiae fatis aliquid restare putatis,
 

Par nos espoirs maintenant liés, par ces murs de Troie près de tomber,

par ces dieux que je viens de dérober à l'ennemi, je vous en prie,

s'il reste à faire une chose qu'il serait sage de faire,

une chose à rechercher qui requière audace et promptitude,

si vous pensez que le destin réserve à Troie quelque temps encore,

 

13, 380

este mei memores ; aut si mihi non datis arma,

huic date ! » Et ostendit signum fatale Mineruae.
 

souvenez-vous de moi ; ou, si vous ne me donnez pas ces armes,

accordez-les lui ! », et il montra la statue de Minerve, instrument du destin.
 

Fureur et suicide d'Ajax, dont le sang est métamorphosé en fleur (13, 382-398)

Ulysse emporte le débat, et Ajax, saisi d'une colère irrépressible, se suicide, avec sa propre épée. Du sang de sa blessure répandu sur le gazon naît une fleur pourpre, portant des lettres rappelant le nom d'Ajax, autant que la plainte d'Hyacinthe.

13, 382

Mota manus procerum est, et quid facundia posset,

re patuit ; fortisque uiri tulit arma disertus.

Hectora qui solus, qui ferrum ignesque Iouemque
 

Le groupe des chefs fut ému, et le pouvoir de l'éloquence se manifesta

concrètement : l'orateur emporta les armes du vaillant guerrier.

Ajax qui tant de fois avait résisté tout seul à Hector, au fer,
 

13, 385

sustinuit totiens, unam non sustinet iram ;

inuictumque uirum uicit dolor ; arripit ensem

et: «Meus hic certe est! An et hunc sibi poscit Vlixes ?

Hoc » ait « utendum est in me mihi ; quique cruore

saepe Phrygum maduit, domini nunc caede madebit,
 

aux flammes et à Jupiter, ne résista pas à sa propre colère.

La douleur triompha du héros invincible ; il saisit sa lance et dit :

« Oui, cette arme est bien à moi ! Ulysse l'exige-t-il aussi pour lui ?

Elle doit me servir contre moi ; si souvent imprégnée de sang phrygien

elle trempera maintenant dans le sang de son maître qu'elle va abattre,
 

13, 390

ne quisquam Aiacem possit superare nisi Aiax. »

Dixit et in pectus tum demum uulnera passum

qua patuit ferrum, letalem condidit ensem.

Nec ualuere manus infixum educere telum ;

expulit ipse cruor ; rubefactaque sanguine tellus
 

afin que personne, sinon Ajax, ne puisse triompher d'Ajax. »

Il parla et enfonça alors son épée meurtrière, en pleine poitrine,

atteint enfin par une blessure, là où la lame se fraya un passage.

Et ses mains ne parvinrent pas à extraire le trait qui s'était enfoncé :

c'est le sang qui l'expulsa. La terre rougie par le sang
 

13, 395

purpureum uiridi genuit de caespite florem,

qui prius Oebalio fuerat de uulnere natus.

Littera communis mediis pueroque uiroque

inscripta est foliis, haec nominis, illa querellae.
 

fit éclore du gazon verdoyant une fleur de couleur pourpre,

qui autrefois était née de la blessure du fils d'Oebalus.

Au milieu de ses pétales, s'inscrivirent deux lettres

l'une évoque le nom du héros, l'autre la plainte de l'enfant.

 

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NOTES

fils de Télamon ... fils de Laërte (13, 123-124). Ajax, fils de Télamon, ayant fini de parler, c'est Ulysse, fils de Laërte, qui prend la parole devant l'assemblée pour lui répondre.

Pélasges... Danaens (13, 128-134). Noms désignant les Grecs chez Homère. Voir note à 12, 7-10 ; et à 13, 13. Ces vers 13, 128-134, réfèrent au passage (12, 580-628) traitant de la mort d'Achille.

celui qui amena (13, 134). Ulysse, qui fait allusion au rôle qu'il a joué pour démasquer Achille, caché à Skyros, sous des vêtements de fille, épisode dont n'a pas parlé Ajax, mais qu'Ulysse évoquera plus explicitement en 13, 162-170.

Laërte... Arcisius (13, 144). Laërte, le père d'Ulysse, était fils de Arcisios et petit-fils de Céphale. On ne voit pas très bien comment Ulysse remonte à Jupiter (vers 145).

condamné ... exilé (13, 145). À la différence de Télamon, le père d'Ajax, et de Pélée, son frère, qui avaient été punis pour le meurtre de leur demi-frère Phocus (11, 267).

dieu du Cyllène (13, 146). Autolycus, père d'Anticlée, était le fils d'Hermès/Mercure, né sur le mont Cyllène, en Arcadie (Mét., 1, 713).

Pyrrhus (13, 155). Néoptolème, le fils qu'Achille avait eu de Déiamide, la fille du roi de Skyros, Lycomède, où il se cachait par la volonté de sa mère Thétis (voir note d'introduction sur Ulysse). Le surnom de Néoptolème était Pyrrhus, « le roux », car Achille déguisé à Skyros s'appelait « Pyrrha », à cause de la couleur de ses cheveux. - On le retrouvera plus loin, en 13, 455, comme sacrificateur dans l'épisode de l'immolation de Polyxène aux Mânes d'Achille.

Phthie... Skyros (13, 156). Phthie, en Thessalie, est la patrie de Pélée et d'Achille. - Scyros était une île de la mer Égée, où naquit Pyrrhus, après le départ d'Achille pour Troie.

Teucer (13, 157). Fils de Télamon et d'Hésioné, la fille de Laomédon. Il est donc le demi-frère d'Ajax, mais apparenté aussi à la famille de Priam. Voir Mét., 11, 194-217, et les notes.

La Néréide... (13, 162-171). Ce passage a trait au séjour d'Achille à Scyros, dont Ajax n'a pas parlé. La Néréide est Thétis, la mère d'Achille. Voir 11, 217-265.

Ses exploits... (13, 171-180). Évocation des exploits d'Achille, revendiqués par Ulysse comme les siens propres et qui ont été énumérés en 12, 108-114.

Télèphe (13, 171-172). Voir n. à 12, 112. Fils d'Héraclès/Hercule et de l'Arcadienne Augé, Télèphe aurait été recueilli par le roi de Mysie Teuthras. Certains récits rapportent que les Grecs, en route vers Troie, s'égarèrent et voulurent s'emparer de la Mysie. Télèphe se battit contre eux et fut blessé, atteint d'une blessure persistante, par la lance d'Achille. Un oracle apprit à Télèphe que sa blessure ne pourrait être guérie que par celui qui la lui aurait infligée. Comme Télèphe avait besoin d'Achille pour être guéri et comme, par ailleurs, les Grecs avaient besoin de Télèphe pour trouver le chemin de Troie, un oracle ayant annoncé que lui seul pourrait permettre aux Grecs de conquérir Troie, on trouva un terrain d'entente. Achille en passant sa lance sur la plaie persistante de Télèphe le guérit, et Télèphe, qui avait épousé une fille de Priam, se borna à guider les Grecs vers Troie avant de regagner la Mysie, sans prendre part à la guerre (cfr par exemple Hygin, Fab., 99-101 et Apollodore, Epitomé, 3, 17-20).

Thébé... Lyrnesse (13, 173-176). Par rapport à la liste des villes ou îles d'Asie Mineure citées par Achille (en 12, 108-114), Ulysse ajoute les noms de Lesbos, Chrysé et Cilla, où était vénéré Apollon.

Hector (13, 177). La mort d'Hector est évidemment l'exploit majeur d'Achille (Iliade, 22, 306-404).

je réclame ces armes... (13, 179). Allusion au stratagème d'Ulysse, qui avait mêlé des armes à des colifichets, pour amener Achille à Troie (cfr la note d'introduction au chant 13).

Dès que l'ensemble des Danaens... (13, 181-204). Passage où sont évoqués les événements à Aulis, rapportés en 12, 6-10 et en 12, 24-29.

un seul (13, 181). Ménélas, un des Atrides, frère d'Agamemnon, dont l'épouse Hélène avait été enlevée par Pâris.

l'Atride... (13, 189-192). C'est Agamemnon, général en chef de tous les Grecs conjurés, un juge d'autant plus difficile à convaincre qu'il était partagé entre son honneur et son amour paternel. C'est une preuve de l'efficacité de l'ingéniosité d'Ulysse.

mère (13, 193). Clytemnestre, mère d'Iphigénie, qu'Ulysse ne chercha pas à convaincre de laisser sacrifier sa fille, mais qu'il trompa en l'amenant à Aulis, sous prétexte de la marier à Achille. Iphigénie n'étant pas connue d'Homère, Ovide s'inspire de sources postérieures (notamment d'Euripide).

L'orateur hardi... (13, 196-204). Cette mission d'Ulysse et de Ménélas à Troie, pour réclamer Hélène, est connue dans l'Iliade (3, 205-224 et 11, 138-141). La demande en restitution d'Hélène était le sujet d'une tragédie, perdue, de Sophocle.

curie (13, 197). Ovide applique à Troie un terme qui désignait à Rome la salle de réunion du Sénat.

Anténor (13, 201). Dans l'Iliade, 3, 205-224, lors de leur mission à Troie, Ulysse et Ménélas avaient été les hôtes d'Anténor, le compagnon habituel de Priam. Il passait pour le « Nestor » des Troyens, et était partisan de la restitution d'Hélène. Voir note à Ovide, Fastes, 4, 75.

Voici que sur ordre de Jupiter... (13, 216-229). Ce passage d'Ovide adapte, en le réduisant considérablement, le début du chant 2 de l'Iliade (2, 1-210), quand Agamemnon, pour tester les Grecs, leur propose, au nom d'un rêve envoyé par Zeus, d'abandonner le siège de Troie. Et c'est effectivement l'intervention d'Ulysse qui empêche la levée du siège et le départ de la flotte.

qui est prise (13, 226). En fait, Troie est presque prise. Ulysse fait une anticipation, pour être plus persuasif.

Thersite (13, 233). Selon l'Iliade, Thersite est le plus laid (boiteux, bossu, chauve) des Grecs devant Troie. Il se distingue par sa lâcheté et son insolence, notamment à l'égard d'Agamemnon, qui propose aux Grecs de lever le siège, mais Ulysse le remet à sa place en le frappant de son sceptre (Iliade, 2, 211-277).

Enfin... (13, 238-267) Ulysse évoque dans ce passage les exploits qu'il a accomplis devant Troie, en compagnie de Diomède, en résumant en quelques vers le contenu du chant 10 de l'Iliade, intitulé la « Dolonie » ; Ajax avait minimisé le rôle d'Ulysse dans la mission (13, 98-100 et les notes).

fils de Tydée (13, 239). Diomède. Voir n. à 13, 61-69.

Dolon (13, 244). Voir n. à 13, 98-99.

Rhésus (13, 249). Voir n. à 13, 98-99.

plus généreux (13, 254). Au vers 13, 102, Ajax avait proposé de faire deux parts des armes, l'une pour Diomède, l'autre pour Ulysse.

Pourquoi évoquerais-je... (13, 255-267). Ovide évoque dans ce passage d'abord un combat au cours duquel s'illustra Ulysse dans la Lycie de Sarpédon (combat rapporté par Homère dans Iliade, 5, 627-698), puis certains autres exploits postérieurs d'Ulysse.

Sarpédon de Lycie... (13, 255-258). Chef d'un contingent de Lycie, un des principaux alliés d'Hector. Autour de la dépouille de Tlépolème, un Grec tué par Sarpédon, un combat avait eu lieu en Lycie, au cours duquel Ulysse avait tué, non pas Sarpédon, mais un bon nombre des siens. Nous nous bornons à reprendre comme le fait Ovide l'énumération d'Homère (Iliade, 5, 669-678) : Coeranos, fils d'Iphitos, Alastor, Chromius, Alcander, Halius, Noémon, Prytanis.

et j'ai livré à la mort... (13, 259-267). Ici Ulysse fait allusion à un autre épisode guerrier qu'il a mené, seul, contre les Troyens au pied des remparts de Troie, quand il fut blessé par Socos, avant de le tuer. Voir Iliade, 11, 401-455, en particulier les vers 420-427 qui contiennent plusieurs des noms énumérés par Ovide : Thoon, Chersidamas, Charops, Ennomon.

citoyens (13, 262). Terme relatif aux institutions romaines.

exempt de blessures (13, 267). Certaines versions posthomériques de la légende d'Ajax le présentaient comme invulnérable, par la volonté d'Héraclès, qui avait presque complètement enveloppé Ajax de la peau du lion de Némée. Mais dans son argumentation, Ulysse ne tient pas compte de ce détail, car il reproche à Ajax son manque de cicatrices, ce qui n'est pas une marque de vaillance. Voir aussi vers 392.

Mais quelle importance... (13, 268-274). Réponse au plaidoyer d'Ajax, concernant son rôle lors de l'incendie de la flotte grecque (voir n. à 13, 7-12 et à 13, 91-94).

descendant d'Actor (13, 273). Patrocle, fils de Ménétios, petit-fils d'Actor et Égine, et donc apparenté à Pélée, qui était aussi descendant aussi d'Égine. Patrocle, Locrien d'origine, vécut son enfance à la cour de Pélée, en Thessalie et fut élevé avec Achille, dont il est l'ami proverbial et inséparable ; devant Troie, après la brouille d'Achille et d'Agamemnon, il renonça lui aussi à se battre, comme Achille. Mais, quand la situation devint très critique pour les Grecs, il obtint l'accord d'Achille et revêtu des armes de son ami, alla se battre ; il accomplit nombre d'exploits, réussissant à enrayer l'assaut des Troyens. Mais il fut tué par Hector et sa mort décida Achille à reprendre le combat. Le début du chant 16 de l'Iliade, est consacré à la geste de Patrocle. Les vers 114 à 129 de ce chant 16 parlent du feu mis aux nefs.

Ajax pense aussi... (13, 275-279). Voir n. à 13, 82-90.

Que je suis malheureux... (13, 280-295). Après avoir évoqué avec tristesse la mort d'Achille, Ulysse réfute l'argument d'Ajax concernant son incapacité à porter les armes d'Achille (voir 13, 103-119 et les notes). Sur la mort d'Achille, qui n'apparaît pas dans l'Iliade, voir Mét., 12, 584-628. Il n'y est pas question du rôle prêté ici à Ulysse, et dont Ajax ne fait pas mention non plus.

cette démarche (13, 288-289). Allusion à Thétis, sollicitant d'Héphaïstos des armes pour Achille (voir n. à 13, 110).

ciselures du bouclier... deux cités... Orion (13, 292-295). Ovide reproduit, en l'abrégeant le début de la description qu'Homère fait du bouclier forgé par Héphaïstos pour Achille à la demande de Thétis (Il., 18, 483-608). « Héphaïstos y avait ciselé le Ciel, la Terre, les Astres, parmi lesquels la contellation d'Orion, et deux villes opposées l'une à l'autre, présentant l'une l'image de la paix, l'autre celle de la guerre » (J. Chamonard) ; sur Orion, voir n. à 8, 207.

Et quand il me reproche... (13, 296-305). Ces vers répondent au reproche de lâcheté énoncé par Ajax, en 13, 34-42 (voir n. au vers 34) et reviennent sur le développement concernant Achille débusqué par Ulysse (voir 13, 161-170).

Et ne soyons pas étonnés... (13, 306-312). À propos des rapports entre Palamède, fils de Nauplius et Ulysse, voir n. à 13, 38-39 et à 13, 55-60.

Du séjour du fils de Poéas... (13, 313-334). Ce passage concerne Philoctète, fils de Poéas, et répond au reproche d'Ajax (voir n. à 13, 45-56).

Simoïs... Ida (13, 324). Ovide imagine ici des choses impossibles (adunata). Le Simoïs est une rivière de la campagne de Troie, et l'Ida, une montagne de Troade, plusieurs fois citée dans les Métamorphoses.

devin dardanien... (13, 335-338). Il s'agit d'Hélénus, le devin, fils de Priam, dont Ajax a parlé en 13, 98-99 (voir la note, concernant Hélénus et le Palladium).

objet sacré (13, 339). Voir note précédente, et ce qui concerne Hélénus et le Palladium.

sept peaux (13, 346). Le célèbre bouclier d'Ajax (13, 2).

devant la flotte (13, 356). Voir n. à 13, 7-12 et 13, 82-94.

l'autre Ajax... (13, 356-359). Ulysse rappelle ici les noms de quelques figures de héros de l'Iliade combattant dans le camp des Grecs. Ajax, fils d'Oilée, roi des Locriens (cité en 12, 622), Eurypyle, chef thessalien, fils d'Évémon, Thoas, fils d'Andraemon, Idoménée, venu de Crète, et son frère ou cousin Mérion, et enfin Ménélas, le cadet des Atrides.

par ces dieux...  (13, 375). En fait, il avait enlevé seulement la statue de Minerve, mais c'était elle qui assurait la protection divine de Troie.

atteint enfin...  (13, 392). Cette invulnérabilité presque totale d'Ajax a été évoquée en 13, 267.

la terre rougie... fils d'Oebalus... (13, 394-398). Cette légende de la métamorphose du sang d'Ajax en fleur pourpre est à rapprocher de celle d'Hyacinthe, le fils d'Oebalus. Voir Mét., 10, 162-219 et les notes. Les lettres AI AI apparaissant dans le coeur de cette fleur rappelaient le nom d'Ajax, ou les cris de douleur de Hyacinthe. - On remarquera qu'Ovide attribue le suicide d'Ajax à sa colère, et non pas à sa folie, comme l'ont raconté les Tragiques, notamment Sophocle (dans Ajax).


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