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Pythagore (suite) (15, 237-478)
Changement universel : tout change dans la nature (15, 237-355)
Les quatre « éléments », terre, eau, air et feu, générateurs de tout l'univers, sont répartis dans l'espace en fonction de leur poids, qui ne reste pas stable, la terre devenant eau, l'eau devenant air, et l'air regagnant les feux de l'éther, avant que le cycle des transformations ne s'accomplisse à nouveau dans l'ordre inverse. Ainsi, dans l'univers, les différents composants des choses se modifient en revêtant sans cesse des formes nouvelles, tandis que leur somme reste constante. (15, 237-258)
Ainsi en va-t-il des âges du monde, avec le passage de l'or au fer ; des paysages, avec les terres devenues mers, et les montagnes devenues plaines, l'apparition ou la disparition de fleuves, de villes, d'îles, de sources, de collines. (15, 259-306)
Pour prouver l'instabilité de toutes les choses, Pythagore évoque de nombreux exemples, observés dans divers points du monde concernant les vertus étonnantes des eaux des cours d'eau et des lacs, qui subissent des métamorphoses diverses. (15, 307-334)
Des changements s'observent aussi à propos de la stabilité de certaines îles, à propos des volcans comme l'Etna, dont Pythagore attribue les éruptions soit à des mouvements de la terre cherchant à respirer, ou à de l'air confiné qui s'enflamme pour finir par s'éteindre quand il ne sera plus alimenté. Bref, rien ne reste stable. (15, 335-355)
Haec quoque non perstant quae
nos elementa uocamus; quasque uices peragant, animos adhibete, docebo. Quattuor aeternus genitalia corpora mundus |
Ne restent pas
stables non plus ce que nous appelons les
éléments ; |
|
15, 240 |
continet ; ex illis
duo sunt onerosa suoque |
deux de ceux-ci, la
terre et l'eau, sont lourds, et leur poids |
15, 245 |
ex ipsis, et in
ipsa cadunt ; resolutaque tellus |
que tout procède et
en eux que tout retourne. La terre se
dissout, |
15, 250 |
Ignis enim densum
spissatus in aera transit, |
Le feu,
s'étant condensé, se transforme en air épais, qui à son tour |
15, 255 |
sed uariat
faciemque nouat ; nascique uocatur |
mais tout change et
prend un aspect nouveau. « Naître », |
15, 260 |
crediderim ; sic ad
ferrum uenistis ab auro, |
c'est ainsi, ô siècles,
que vous êtes passés de l'âge d'or à l'âge
du fer, |
15, 265 |
et uetus inuenta
est in montibus ancora summis ; |
et on a trouvé une ancre
ancienne au sommet des montagnes. |
Hic fontes natura
nouos emisit, at illic |
Ici la nature a
fait jaillir de nouvelles sources, là elle les a fermées ; |
|
15, 275 |
sic modo
combibitur, tecto modo gurgite lapsus |
Après avoir
été absorbé dans le sol, puis avoir coulé sous terre, |
15, 280 |
nunc fluit,
interdum suppressis fontibus aret. |
coule
maintenant, mais parfois il est à sec, ses sources
s'étant taries. |
15, 285 |
Quid ? Non et
Scythicis Hypanis de montibus ortus, |
Eh quoi ?
L'Hypanis, venu
des monts de Scythie, ne voit-il pas que ses eaux douces de jadis sont polluées par des sels amers ? Antissa et Pharos avaient été entièrement entourées d'eau, ainsi que Tyr la Phénicienne : maintenant ce ne sont plus des îles. Les anciens habitants de Leucade accédaient chez eux par voie terrestre ; |
15, 290 |
nunc freta circumeunt ;
Zancle quoque iuncta fuisse |
à présent le lieu est entouré par
la mer ; Zanclé aussi, dit la tradition, |
15, 295 |
inclinata solent
cum moenibus oppida mersis. |
les marins montrent ces cités en
ruines avec leurs murs submergés. Il existe près de Trézène, la ville de Pitthée, un monticule abrupt, sans aucun arbre : autrefois cette place était tout à fait plane, c'est une colline à présent. En effet – c'est terrifiant à raconter –, des vents d'une âpre violence, enfermés dans de sombres cavernes, |
15, 300 |
exspirare aliqua
cupiens luctataque frustra |
cherchaient un passage pour
souffler ; ils avaient lutté en vain pour jouir de l'air libre. Comme ils ne trouvaient ni fente ni aucune issue pour leurs souffles dans leur prison, ils tendirent la terre et la firent enfler, à la manière d'une bouche soufflant dans une vessie ou une outre de peau d'un bouc cornu. |
15, 305 |
terga capro ; tumor
ille loci permansit et alti |
L'enflure a
persisté, donnant à l'endroit l'aspect d'une colline |
15, 310 |
unda die gelida est
ortuque obituque calescit. |
est glacée en plein
jour, mais chaude au lever et au coucher du soleil. |
15, 315 |
Crathis et hinc Subaris,
nostris conterminus oris, |
Le Crathis
et le Sybaris, qui de ce côté confine
nos rivages, |
15, 320 |
Aethiopesque lacus,
quos si quis faucibus hausit, |
et
des lacs
d'Éthiopie qui rendent fous ou écrasent
sous le poids |
siue, quod
indigenae memorant, Amythaone natus, |
soit que, au dire des indigènes,
le fils d'Amithaon,
ait arraché à la folie en usant de charmes et d'herbes, les Proétides en délire, et ait envoyé dans ses ondes les miasmes de leur folie ; les eaux de la source auraient ainsi conservé le dégoût du vin. Tout différent par ses effets, s'écoule le fleuve Lynceste : |
|
15, 330 |
quem quicumque
parum moderato gutture traxit, |
quiconque s'y est
désaltéré trop goulûment |
15, 335 |
Sic alias aliasque lacus et
flumina uires concipiunt. Tempusque fuit, quo nauit in undis, nunc sedet Ortygie. Timuit concursibus Argo undarum sparsas Symplegadas elisarum, quae nunc inmotae perstant uentisque resistunt. |
Ainsi les cours
d'eau et les lacs comportent des effets
différents. |
15, 340 |
Nec, quae
sulphureis ardet fornacibus, Aetne |
L'Etna, qui brûle dans ses
fournaises de soufre, ne sera pas toujours en feu ; du reste, il ne l'a pas toujours été. Ou bien la terre est un être animé, qui vit et respire en de nombreux endroits par des ouvertures crachant du feu ; et, chaque fois qu'elle est en mouvement, elle peut changer les canaux |
15, 345 |
has finire potest,
illas aperire cauernas ; |
par où elle
respire, fermer ici des cavernes et en
ouvrir ailleurs. |
15, 350 |
siue bitumineae
rapiunt incendia uires, |
Ou bien ce sont les
forces du bitume qui s'embrasent |
15, 355 | non feret illa famem desertaque deseret ignis. |
qui ne supportera pas la faim ; et
le feu désertera ces déserts. |
Exemples de métamorphoses diverses dans le monde animal (15, 356-417)
L'évocation à l'aptitude à la transformation en oiseaux de certains Hyperboréens et de certaines femmes de Scythie, fantaisiste selon le narrateur, est aussitôt suivie de considérations sur des métamorphoses constatées dans le monde animal. Ainsi, des chairs en putréfaction de taureaux et de chevaux naissent abeilles et frelons, et d'un crabe mutilé enfoui sous le rivage naît un scorpion. De plus, les chenilles deviennent papillons, et des animaux nés informes ou incomplets, tels l'ourson, les grenouilles, les abeilles se transforment encore après leur naissance. Que dire du paon, de l'aigle, des colombes, et de tous les oiseaux, qui naissent d'un oeuf, et du serpent qui proviendrait de la moelle humaine ? (16, 356-390)
Outre ces êtres qui naissent d'un autre être, il y a des animaux aux caractéristiques fabuleuses : le phénix, le seul à naître de lui-même, l'hyène qui change de sexe, le caméléon qui change de couleurs, le lynx dont l'urine se pétrifie au contact de l'air, tout comme le corail. (15, 391-417)
|
Esse uiros fama est
in Hyperborea Pallene, |
Une tradition prétend qu'à
Pallène, chez les Hyperboréens |
15, 360 |
exercere artes
Scythides memorantur easdem. |
de suc magique, les femmes de
Scythie obtiennent les mêmes effets. Toutefois, s'il faut ajouter quelque crédit à des faits bien établis, ne voit-on pas des corps, dissous et putréfiés avec le temps par la chaleur, se transformer en animaux de petite taille ? Immolez des taureaux de choix et recouvrez-les de terre dans une fosse : |
15, 365 |
(cognita res usu) :
de putri uiscere passim |
l'expérience a montré que des chairs en putréfaction naissent çà et là des abeilles butineuses, qui ,à la manière de ceux dont elles sont nées, vivent dans les champs, travaillent avec ardeur, pleines d'espoir. Enfoui dans la terre, un cheval belliqueux donne naissance au frelon. Si sur une plage vous arrachez à un crabe ses pinces recourbées, |
15, 370 |
cetera supponas
terrae, de parte sepulta |
et si vous enterrez
le reste de son corps, de la partie enfouie |
Semina limus habet
uirides generantia ranas |
Le limon contient
des germes qui génèrent les
grenouilles
vertes ; |
|
15, 380 |
sed male uiua caro
est ; lambendo mater in artus |
mais de la chair à
peine vivante ; en le léchant, sa mère lui
façonne |
15, 385 |
Iunonis uolucrem,
quae cauda sidera portat, |
L'oiseau de
Junon, qui arbore sur sa queue des étoiles, |
15, 390 |
mutari credant humanas angue
medullas. Haec tamen ex aliis generis primordia ducunt ; una est, quae reparet seque ipsa reseminet, ales ; Assyrii phoenica uocant ; non fruge neque herbis, sed turis lacrimis et suco uiuit amomi. |
a pourri dans la
tombe refermée, est transformée en serpent. |
15, 395 |
Haec ubi quinque
suae conpleuit saecula uitae, |
Lorsque cet oiseau
a accompli cinq siècles de sa vie, |
15, 400 |
se super inponit
finitque in odoribus aeuum. |
il s'y installe et
achève sa vie parmi les parfums. |
15, 405 |
fertque pius
cunasque suas patriumque sepulcrum |
et emporte pieusement
son berceau, sépulcre de son père. |
15, 410 |
passa marem est,
nunc esse marem miremur hyaenam ; |
tantôt femelle
et
couverte par un mâle, et tantôt mâle. |
15, 415 |
uertitur in lapides
et congelat aere tacto. |
se transforme en
pierre et se coagule au contact de l'air. |
Changements dans les villes et les États – Passage à Rome – Fin du discours de Pythagore (15, 418-478)
Ensuite s'interrompt cette longue énumération inspirée du règne animal. Ovide aborde les changements qui surviennent dans les nations et les villes. C'est notamment le cas des villes déchues de leur ancienne puissance, comme Troie, Sparte, Mycènes, Athènes, Thèbes. (15, 418-430)
Il existe aussi des puissances montantes, telle Rome, la nouvelle Troie, comme l'avait prophétisé Hélénus à Énée, lequel, lors de la chute de Troie, avait emporté les pénates de sa patrie pour les sauver dans une nouvelle Troie, c'est-à-dire à Rome, la ville destinée à devenir la capitale de l'univers, sous la conduite d'Auguste, un futur dieu. (15, 431-452)
En conclusion, Pythagore rappelle ses thèmes fondamentaux : le changement universel et la métempsychose, qui entraîne le végétarisme. Évitons de faire couler le sang d'un animal qui fut peut-être un de nos proches. Usons des animaux pour les services et les produits qu'ils nous offrent et bornons-nous à éliminer les animaux nuisibles, sans consommer leur chair. (15, 453-478)
|
Desinet ante dies
et in alto Phoebus anhelos |
Le jour finira et
Phébus aura plongé ses coursiers haletants |
15, 420 |
in
species translata nouas. Sic tempora uerti cernimus atque illas adsumere robora gentes, concidere has. Sic magna fuit censuque uirisque perque decem potuit tantum dare sanguinis annos, nunc humilis ueteres tantummodo Troia ruinas |
tout ce qui a pris
une forme nouvelle. Ainsi voyons-nous |
15, 425 |
et pro diuitiis
tumulos ostendit auorum. |
que d'anciennes
ruines et les tombeaux de ses aïeux. |
15, 430 |
Quid Pandioniae
restant, nisi nomen, Athenae ? |
Que reste-t-il de
l'Athènes de Pandion, si ce n'est son
nom ? |
15, 435 |
inmensi caput orbis
erit. Sic dicere uates |
elle sera la
capitale du monde. C'est ce qu'annoncent, |
mentis habes, non
tota cadet te sospite Troia ! |
tu auras
la vie sauve et Troie ne tombera pas tout
entière ! |
|
quanta nec est nec
erit nec uisa prioribus annis. |
si grande qu'il
n'en existe pas, ni n'en existera, ni n'en a
jamais existé. |
|
Haec Helenum
cecinisse penatigero Aeneae |
Telle fut la
prophétie d'Hélénus à Énée, lorsqu'il emporta
ses Pénates. |
|
15, 455 |
inmutat formas
tellusque et quicquid in illa est. |
avec tout ce qu'il
recouvre, comme la terre et tout ce qu'elle
contient. |
aut fratrum aut
aliquo iunctorum foedere nobis |
ou de nos frères ou
de gens liés à nous par quelqu'alliance, |
|
15, 465 |
rumpit et inmotas
praebet mugitibus aures ! |
en ne prêtant à ses
mugissements que des oreilles insensibles ! |
15, 470 |
Bos aret aut mortem
senioribus inputet annis, |
Que le boeuf
travaille la terre ou ne doive sa mort qu'à la
vieillesse, |
15, 475 |
nec formidatis
ceruos illudite
pennis, |
n'abusez pas les
cerfs avec des plumes qui les effraient, |
NOTES
éléments (15, 237). Référence à la théorie des « 4 éléments », déjà abordée en Mét., 1, 5-31, notamment note à 1, 24. Les Anciens considéraient que toute chose était constituée de quatre éléments primitifs, la terre, l'eau, l'air et le feu. Ici (vers 235-258), Ovide, dans le discours qu'il prête à Pythagore, les évoque à l'appui de la thèse du changement universel : omnia mutant.
de l'âge d'or à l'âge du fer (15, 260). Allusion à la théorie des « quatre âges du monde », appelée aussi « mythe des races ». Voir Mét., 1, 89-150, avec les notes. Ici encore, l'allusion a pour but d'illustrer la thèse du changement universel.
Lycus (15, 273). Fleuve de Phrygie. Selon Hérodote, 7, 30, ce fleuve à un certain endroit disparaît dans un gouffre, puis reparaît, avant de se jeter dans le Méandre.
Erasinus (15, 276). Fleuve d'Argolide, provenant du lac de Stymphale, en Arcadie, et se jetant dans le golfe de Corinthe (Hérodote, 6, 76), sans doute après un parcours souterrain. J. Chamonard renvoie aussi à Pline, N.H., 2, 225.
Caïque (15, 277). Fleuve de Mysie, déjà mentionné en 2, 243 et en 12, 111. On ne semble pas connaître d'où Ovide tient le détail cité ici.
Amémanus... Sicanie (15, 279). Fleuve de Sicile (ou Sicanie), aujourd'hui le Giudicello, venant de l'Etna et arrosant Catane. Le phénomène décrit ici, et confirmé par Strabon (5, 3, 13) ne doit pas être rare en Sicile.
Anigros (15, 282). Fleuve d'Élide, réputé pour ses eaux nauséabondes, selon Pausanias, 5, 5, 8-10, qui explique ce fait par la légende d'un ou de plusieurs Centaures (Bimembres, au vers 283), qui y auraient lavé leurs blessures provoquées par l'arc d'Hercule, trempé dans le sang de l'Hydre de Lerne.
Hypanis (15, 285). Fleuve (actuellement le Boug) provenant des monts de Scythie, et se jetant dans la Mer Noire. Voir Hérodote, 4, 52, qui explique que les eaux de son cours inférieur sont amères, à cause des eaux d'un lac qu'il traverse.
Antissa... Pharos... Tyr (15, 287-288). Trois anciennes îles, qui furent rattachées au continent. Antissa est une ville située sur la côte occidentale de Lesbos ; Pharos est une petite île proche d'Alexandrie, qui fut reliée au continent par un môle à l'époque alexandrine et sur laquelle Ptolémée Philadelphe érigea en 285 a.C. une tour de marbre blanc de quelque 135 mètres, le premier « phare » ; Tyr, la célèbre ville de Phénicie, fut construite sur deux îles réunies par une jetée, et qu'Alexandre relia à la côte en 332 a.C. pour s'en emparer. Vaut-il la peine de remarquer que Pythagore pouvait difficilement connaître des événements datant la période alexandrine ?
Leucade (15, 289). Île ionienne, très proche, par sa pointe nord, de la côte d'Acarnanie, à laquelle elle est reliée par une bande de terre, qui n'empêchait cependant pas le passage des petits bateaux (J. Chamonard). Cfr Strabon, 1, 3, 18.
Zanclé (15, 290). Ancien nom de Messine, qui a donné son nom au détroit de Messine, séparant la Sicile de l'Italie, Zanclé de Rhegium. Voir Mét., 14, 5-7. Pour l'origine du détroit, voir Én., 3, 414-419.
Hélicé et Buris (15, 293). Hélicé est une ville sur la côte d'Achaïe, proche d'Aigion, sur le golfe de Corinthe, et détruite par un tremblement de terre, en 372 a.C. Buris, un nom inconnu par ailleurs, pourrait désigner la ville de Boura, voisine d'Hélicé et rattachée à elle dans la légende ; elle aussi fut détruite par un tremblement de terre. Cfr Strabon, 1, 3, 18.
Trézène, la ville de Pitthée (15, 296). Pitthée, fils de Pélops, était le père d'Aithra, et donc le grand-père de Thésée. Il était roi de Trézène en Argolide, non loin du golfe Saronique. On ignore de quel mont précis veut parler Ovide. On sait par Strabon (1, 3, 18.) et Pausanias (2, 34, 1) que la presqu'île de Methoné/Methana dans la région était d'origine volcanique.
Ammon cornu (15, 309). Il est question d'une source en Libye consacrée à Zeus-Ammon, représenté avec des cornes de bélier (Mét., 5, 17). Le phénomène en question est mentionné par plusieurs auteurs, notamment Hérodote (4, 181, 3) et Lucrèce (6, 848-878). En fait, cette source a été retrouvée, et sa température constante serait de 29 degrés. « Mais comme celle de l'atmosphère monte le jour jusqu'à 50° centigrades et descend parfois la nuit au-dessous de zéro, le contraste entre la température de l'eau et celle de l'air donne, la nuit, l'illusion de la grande chaleur, à midi, celle de la fraîcheur » (A. Berthelot, cité par J. Chamonard). Les grandes variations de température diurne et nocturne seraient ainsi à l'origine de cette légende.
Athamanes (15, 311). Une peuplade du sud de l'Épire. Pline, N.H., 2, 228, parle d'une source de Jupiter à Dodone (en Épire), capable d'éteindre des torches allumées et d'allumer des torches éteintes. Voir aussi Lucrèce, 6, 879-889.
Cicones (15, 313-314). Peuple habitant les montagnes du sud de la Thrace. Voir par exemple Mét., 6, 710 ; 10, 2 ; 11, 3). Sur la vertu « pétrifiante » de ces eaux, voir Sénèque, Nat. Quaest., 3, 20, 3, qui commente ce passage, et Pline, N.H., 2, 226.
Crathis et Sybaris (15, 315). Le Crathis, cours d'eau du Bruttium, et le Sybaris qu'il rejoint près de la ville de même nom, sont également cités pour leurs propriétés particulières chez Strabon, 6, 1, 13, p. 263, et chez Pline, N.H., 31, 13-14.
Salmacis (15, 319). Voir le récit de la légende de Salmacis et Hermaphrodite en Mét., 4, 285-388. Les eaux de l'étang Salmacis, en Asie Mineure, avaient le pouvoir de transformer en androgyne tous ceux qui s'en approchaient (plus spécialement, Mét., 4, 380-388).
lacs d'Éthiopie (15, 320). On ne sait pas de quels lacs il est question. Les vers 320-321 sont commentés par Sénèque, Nat. quaest., 3, 20, 5.
Clitor (15, 322). Nom d'une ville (actuelle Klituras) et d'un cours d'eau d'Arcadie, de la source duquel fait mention Vitruve, De arch., 8, 3, 21, en citant une épigramme en grec qui y était placée.
fils d'Amythaon... Proétides (15, 325-326). Le devin Mélampous, fils d'Amythaon, avait guéri de la folie les filles de Proétos d'Argos (cfr Mét., 5, 236-241), un fils d'Abas. Celles-ci avaient été frappées de démence, soit pour avoir refusé d'accomplir les rites de Dionysos, soit pour avoir offensé Héra (voir Apollodore, Bibl., 2, 2, 2 ; et aussi Pausanias, 8, 18, 8).
Lynceste (15, 329). Fleuve du sud de la Macédoine.
Phénéos (15, 332). Lac d'Arcadie, cité par Homère, Iliade, 2, 605. Pline, N.H., 31, 26 et Strabon, 8, 8, 4, parlent du phénomène signalé par Ovide, et l'attribuent aux eaux du Styx dont on situait l'entrée non loin de là.
Ortygie (15, 336-337). Ancien nom de l'île de Délos, qui était une île flottante jusqu'au jour où elle offrit l'hospitalité à Léto/Latone sur le point d'accoucher de ses enfants, Apollon et Artémis. Voir Mét., 1, 694 ; 5, 499 ; 6, 146-203, et notamment la note à 6, 159-160.
Argo... Symplégades (15, 337-339). Le navire Argo, transportant Jason et les Argonautes, dut affronter les Symplégades ou roches Cynaées, des écueils à l'entrée du Pont-Euxin qui avaient la réputation de se rapprocher et de broyer les navires voulant passer par le Bosphore. Voir Mét., note à 7, 62-63.
Pallène... Hyperboréens... lac Triton... (15, 356-358). Le terme « hyperboréen » est vague et réfère sans plus à des populations du Nord. Pallène est une ville de Macédoine, en Chalcidique, assez éloignée du lac Triton qui est en Thrace. On a déjà pu remarquer qu'Ovide n'était pas toujours précis en matière de géographie.
je n'y crois pas (15, 359). On remarquera l'incrédulité du narrateur concernant ces métamorphoses. Curieux dans le discours attribué à quelqu'un (Pythagore) qui veut convaincre.
Scythie (15, 360). La Scythie était un vaste territoire situé au nord du monde connu. Ici encore la localisation n'est pas précise.
abeilles (15, 366). Ces vers décrivant une croyance populaire répandue chez les Anciens rappellent le passage de Virgile, Géorg., 4, 548-558, traitant des abeilles d'Aristée, mais ils sont racontés par divers auteurs anciens (Nicandre, Ther., 133 ; Varron, R.R., 3, 4 ; Columelle, de re rustic., 9, 14, 6 ; Élien, Hist. an., 2, 57 ; Pline, N.H., 11, 20). Cfr aussi Fast., 1, 363-380, avec les notes, notamment celle du vers 380.
crabe (15, 369). Une croyance qu'on trouve aussi chez Nicandre, Ther., 788, 791, et chez Pline, N.H., 9, 99.
papillons funèbres (15, 374). Comme on le sait, les chenilles se transforment en papillons, bel exemple évidemment de métamorphose. Pour comprendre l'adjectif, il faut savoir que le papillon est un « emblème bien connu de l'âme » (Fr. Cumont, cité par Fr. Bömer), d'où son rapport avec la mort.
grenouilles (15, 375). Les Métamorphoses contiennent deux autres allusions intéressantes sur ce sujet, l'une dans les Mét., 1, 424-433 (ce qui sort du limon sous l'effet du soleil ou ce qu'est susceptible de produire la rencontre de l'eau et du feu), l'autre dans les Mét., 6, 363-381 (Latone transforme en grenouilles des paysans lyciens qui lui manquent de respect).
l'oiseau de Junon (15, 385). C'est le paon, oiseau consacré à Junon. La queue du paon est ornée des yeux d'Argus, le monstre aux cent yeux que Junon avait préposé à la garde de Io. Voir Mét., 1, 588-723, et plus particulièrement la note au vers 624 et aux vers 722-723. Dans le présent passage, la queue du paon est simplement constellée d'étoiles : il n'est pas question des yeux d'Argus.
porte-foudre de Jupiter (15, 386). L'aigle est l'oiseau sacré de Jupiter (Mét., 4, 362 et 4, 714).
les colombes de Cythérée (15, 386). Les colombes sont les oiseaux de Vénus, la déesse vénérée à Cythère (Mét., 4, 190, avec renvois à l'Énéide ; Mét., 10, 529-531, et Fast., 1, 452 ; 3, 611 et 4, 286).
moelle... (15, 389-390). Sur ce motif, voir, entre autres sources, Pline, N.H., 10, 188, et Serv., Verg. Aen., 5, 95.
phénix... (15, 391-407). Oiseau fabuleux, originaire d'Éthiopie et lié au culte du Soleil chez les Égyptiens. Mentionné la première fois par Hérodote, 2, 73, il est cité par de nombreux poètes et mythographes, et les détails abondent concernant l'oiseau qui symbolise l'immortalité. Il est réputé vivre en Éthiopie durant de longues périodes (variant entre 500 ans, 1460 ans ou 12954 ans) ; il ressemble à un aigle d'une taille considérable, et est doté d'un plumage aux couleurs éclatantes et variées. Il est unique, et au moment où il sent sa mort proche, il fabrique une sorte de nid avec des plantes aromatiques, de l'encens et de l'amome. Selon une version, il met le feu à ce nid, et un nouveau phenix surgit des cendres ; selon une autre version, il s'installe dans le nid, qu'il imprègne de sa semence. Le nouveau phénix naît, recueille le cadavre de son père et l'enferme dans un tronc de myrrhe, qu'il va déposer sur l'autel du Soleil, à Héliopolis, en Égypte, pour être brûlé par les prêtres. Après quoi, le nouveau phénix repart en Éthiopie pour un nouveau cycle (d'après P. Grimal et J.-Cl. Belfiore). Voir aussi Pline, N.H., 10, 4 et 7 ; Tacite, Annales, 6, 28, qui traite, avec un regard assez critique, de l'apparition de divers phénix, au cours des siècles.
Assyriens (15, 393). Comme patrie du phénix, il n'est généralement pas question d'Assyrie mais d'Égypte et d'Éthiopie. Mais Ovide dit simplement ici que le nom est assyrien.
larmes d'encens (15, 394). La résine de l'encens est comparée à des larmes.
amome (15, 394). L'amome est une plante aromatique non identifiée. Voir Mét., 10, 307-310.
Hypérion (15, 406). Hypérion est un Titan, père d'Helios (le Soleil), mais le mot désigne souvent aussi Helios lui-même (le Soleil), comme c'est le cas ici, où l'expression « la ville d'Hypérion » est une périphrase pour Héliopolis (« ville du Soleil ») en Basse-Égypte. Pour d'autres mentions d'Hypérion, cfr Mét., 8, 565 (qui renvoie à 4, 192, et 4, 241 ; Fast., 1, 385).
hyène (15, 409-410). Voir Pline, N.H., 8, 105, qui parle d'une croyance, réfutée par Aristote, selon laquelle l'hyène changerait de sexe chaque année.
animal qui se nourrit d'air et de vent (15, 411-412). Il s'agit du caméléon (Pline, N.H., 8, 122).
lynx... (15, 413-415). Les lynx sont souvent cités, avec les tigres, comme des animaux attachés au personnage de Dionysos/Bacchus/Liber. Voir Mét., 3, 668-669. Sur l'urine de cet animal qui transformait en pierre (rubellite, variété de tourmaline) ce qu'elle touchait, voir Pline, N.H., 8, 137 et 37, 34.
corail (15, 416). Voir Mét., 4, 744-752, qui raconte la métamorphose d'une plante marine en corail.
Cécrops et Amphion (15, 427). Ces deux noms désignent, le premier, Athènes, dont Cécrops fut un des premiers rois (Mét., 2, 554-555), le second Thèbes, qui eut pour roi Amphion, l'époux de Niobé (Mét., 6, 148-312, et notamment note à 6, 152). On remarquera une fois de plus qu'à l'époque de Pythagore, ces considérations sur la déchéance de villes comme Athènes et Sparte sont anachroniques.
Pandion (15, 430). Roi légendaire d'Athènes, père de Procné et Philomèle (Mét., 6, 426).
Dardanienne (15, 431). Rome est qualifiée de « Dardanienne », fondée qu'elle fut par les descendants des Troyens, dont un ancêtre était Dardanos (Mét., 13, 412).
Priamide Hélénus (15, 438). Un des fils de Priam. Voir Mét., 13, 98-99, et 13, 722-723, avec renvoi à Én., 3, 356-395. Le discours de Pythagore semble s'inspirer de l'Énéide, où plusieurs passages annoncent la future grandeur de Rome, la nouvelle Troie.
la flamme et le fer (15, 441). Allusion à Énée quittant Troie en flammes (Mét., 14, 109 ; Fast., 4, 800 ; Én., 2, 631-632).
Iule (15, 447). Autre nom d'Ascagne, fils d'Énée, de qui descendent non seulement Romulus, le fondateur de Rome, mais aussi Jules César, et donc Auguste, son fils adoptif, dont on annonce déjà l'apothéose.
cité parente (15, 452). C'est toujours Pythagore qui parle. Et s'il présente Rome comme « une cité parente », c'est qu'il fut, dans une existence antérieure, le Troyen Euphorbe, compatriote d'Énée (cfr plus haut, 15, 160ss).
Pélasges... Phrygiens (15, 452). Ce sont les vaincus (les Phrygiens sont les Troyens) qui finalement bénéficieront de la victoire des Grecs (= Pélasges), puisque cela aura permis la naissance de Rome, une nouvelle Troie.
Toutefois... (15, 453-478). Ces vers constituent la conclusion du discours prêté par Ovide à Pythagore, reprenant les grands thèmes qui viennent d'être abordés : le changement universel, la métempsychose et le végétarisme.
Thyeste (15, 462). Fils de Pélops et Hippodamie, et frère d'Atrée. Les deux frères se vouent une haine profonde, et leur légende qui a beaucoup inspiré les poètes tragiques est riche d'épisodes affreux. Entre autres horreurs, Atrée, pour se venger de Thyeste devenu l'amant de sa femme, fit égorger les enfants de son frère et les lui servit en guise de repas.
Borée (15, 471). Vent du nord, froid. Voir Mét. 1, 65 et note à 1, 60.
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