Bibliotheca Classica Selecta - Énéide - Chant IX (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante
ÉNÉIDE, LIVRE IX
SIÈGE DU CAMP TROYEN - NISUS ET EURYALE
Nisus et Euryale (1) : (9, 168-307)
Plan de Nisus et Euryale (9, 168-223)
Du côté troyen, on s'active à assurer la défense du camp. Nisus, brûlant de s'illustrer par une action d'éclat, confie à son ami Euryale son projet de joindre Énée à Pallantée en traversant à la faveur de la nuit les rangs des assaillants enivrés ou endormis. (9, 168-196)
Nisus veut agir seul, car il désire de ne pas exposer Euryale au danger, mais ce dernier, sourd à tous les arguments de son ami, décide de participer à son action (9, 197-223).
Haec super e uallo prospectant Troes et armis alta tenent, nec non trepidi formidine portas |
Les Troyens observent tout cela du haut du retranchement ; en armes, ils en occupent le sommet, mais poussés par la peur, ils vérifient |
|
explorant pontisque et propugnacula iungunt, tela gerunt. Instat Mnestheus acerque Serestus, quos pater Aeneas, siquando aduersa uocarent, rectores iuuenum et rerum dedit esse magistros. Omnis per muros legio, sortita periclum, |
portes et passerelles, assurent la liaison avec les ouvrages avancés, apportent des traits. Mnesthée et l'impétueux Séreste se font pressants : le vénérable Énée les avait chargés, si une contrariété l'exigeait, de commander les hommes et de diriger les affaires. Toute l'armée, après répartition des risques par tirage au sort, |
9, 170 |
excubat exercetque uices, quod cuique tuendum est. Nisus erat portae custos, acerrimus armis, Hyrtacides, comitem Aeneae quem miserat Ida uenatrix iaculo celerem leuibusque sagittis ; it iuxta comes Euryalus, quo pulchrior alter |
veille sur les remparts et à tour de rôle chacun défend son poste. Nisus était de garde à une porte ; très ardent guerrier, fils d'Hyrtacus, compagnon d'Énée envoyé de l'Ida giboyeuse, il était habile à lancer le javelot et les flèches agiles. Près de lui, se tenait son compagnon Euryale, le plus beau |
9, 175 |
non fuit Aeneadum Troiana neque induit arma, ora puer prima signans intonsa iuuenta. His amor unus erat, pariterque in bella ruebant : tum quoque communi portam statione tenebant. Nisus ait : « Dine hunc ardorem mentibus addunt, |
de tous les partisans d'Énée qui avaient revêtu les armes de Troie ; avec son visage imberbe, c'était un garçon en sa première fleur. Un amour réciproque les unissait et d'un même élan ils se ruaient au combat ; à ce moment encore, ils étaient de garde devant la même porte. Nisus dit : « Sont-ce les dieux qui donnent à nos âmes cette ardeur, |
9, 180 |
Euryale, an sua cuique deus fit dira cupido ? Aut pugnam aut aliquid iamdudum inuadere magnum mens agitat mihi nec placida contenta quietest. Cernis, quae Rutulos habeat fiducia rerum. Lumina rara micant ; somno uinoque soluti |
Euryale, ou chacun se fait-il un dieu de son irrésistible désir ? Depuis longtemps, mon esprit est hanté par le désir d'entreprendre un combat ou une action d'éclat, insatisfait de cette inaction paisible. Tu vois la confiance dans la situation qui possède les Rutules : seuls quelques feux sont allumés ; ils sont couchés, engourdis |
9, 185 |
procubuere ; silent late loca : percipe porro, quid dubitem et quae nunc animo sententia surgat. Aenean acciri omnes, populusque patresque, exposcunt mittique uiros, qui certa reportent. Si tibi quae posco promittunt nam mihi facti |
par le sommeil et le vin ; partout, au loin, le silence règne. Sache ce qui me rend perplexe, et l'idée qui me vient à l'esprit. Tous, les pères et le peuple, demandent qu'on rappelle Énée, qu'on lui envoie des messagers porteurs de nouvelles sûres. S'ils me promettent ce que je demande pour toi, – car pour moi |
9, 190 |
fama sat est, tumulo uideor reperire sub illo posse uiam ad muros et moenia Pallantea. » Obstipuit magno laudum percussus amore Euryalus ; simul his ardentem adfatur amicum : « Mene igitur socium summis adiungere rebus, |
la gloire de l'exploit suffit –, je crois trouver au pied de cette hauteur une voie qui mène aux murs et à la forteresse de Pallantée ». Euryale, frappé par ce grand amour de gloire, resta interdit et dit aussitôt à son ami exalté : « Ainsi, Nisus, tu évites de m'associer à de hauts faits ? |
9, 195 |
Nise, fugis ? Solum te in tanta pericula mittam ? Non ita me genitor, bellis adsuetus Opheltes, Argolicum terrorem inter Troiaeque labores sublatum erudiit, nec tecum talia gessi, magnanimum Aenean et fata extrema secutus : |
Te laisserai-je aller affronter seul de si grands dangers ? Ce n'est pas ce que m'a appris mon père Opheltès, , rompu à la guerre, en m'élevant entre les menaces argiennes et les épreuves de Troie ; et en ta compagnie, depuis que j'ai suivi le vaillant Énée jusqu'au bout de son destin je n'ai pas agi ainsi ; |
9, 200 |
est hic, est animus lucis contemptor et istum qui uita bene credat emi, quo tendis, honorem.' » Nisus ad haec : « Equidem de te nil tale uerebar nec fas, non, ita me referat tibi magnus ouantem Iuppiter aut quicumque oculis haec aspicit aequis. |
en moi bat un coeur qui méprise la lumière et estime juste d'acheter au prix de sa vie l'honneur que tu ambitionnes ». Nisus rétorque : « Vraiment je ne craignais rien de tel de ta part. Ce serait impie ! Non ! Puisse le grand Jupiter ou quiconque portant un regard favorable à mon plan, me ramener triomphant vers toi. |
9, 205 |
Sed siquis, quae multa uides discrimine tali, siquis in aduersum rapiat casusue deusue, te superesse uelim ; tua uita dignior aetas. Sit qui me raptum pugna pretioue redemptum mandet humo solita aut siqua id Fortuna uetabit, |
Mais si quelque dieu ou si quelque hasard entraînait ma perte – tu vois les risques nombreux d' une pareille situation ! –, je voudrais que tu survives ; ton jeune âge est plus digne de vivre. Puisse quelqu'un, après m'avoir retiré du combat ou payé ma rançon me confier à la terre ; ou si la Fortune, comme souvent, s'y oppose, qu'il apporte, |
9, 210 |
absenti ferat inferias decoretque sepulchro. Neu matri miserae tanti sim causa doloris, quae te sola, puer, multis e matribus ausa persequitur magni nec moenia curat Acestae. » Ille autem : « Causas nequiquam nectis inanis, |
en mon absence, les offrandes funèbres et qu'il m'honore d'un tombeau. De plus, je ne voudrais pas causer à ta pauvre mère une telle douleur, elle qui, seule parmi tant d'autres mères, a osé te suivre, cher enfant, et n'a cure des remparts du grand Aceste ». Et Euryale : « Tu enchaînes en vain des arguments inconsistants ; |
9, 215 |
nec mea iam mutata loco sententia cedit : adceleremus, » ait. Vigiles simul excitat, illi succedunt seruantque uices : statione relicta ipse comes Niso graditur, regemque requirunt. |
ma décision n'a pas changé et elle ne cède pas. Pressons-nous », dit-il. En même temps, il réveille les gardes qui viennent prendre leur place ; quittant son poste, Euryale accompagne Nisus ; ils vont chercher leur roi. |
9, 220 |
Approbation du plan (9, 224-307)
Les deux amis proposent leur plan aux responsables troyens, anxieux d'établir un contact avec Énée. Leur projet est accepté avec gratitude et soulagement, le vieil Alétès voyant même dans la vaillance des jeunes gens un signe de la faveur des dieux. (9, 224-256)
Aux encouragements des membres du conseil, Iule-Ascagne ajoute présents et promesses pour les deux héros, en manifestant un intérêt tout particulier pour le jeune Euryale, son égal en âge, à qui il promet de s'occuper de sa mère, comme si elle était la sienne. (9, 257-307)
Cetera per terras omnis animalia somno |
Partout sur la terre, les vivants se déchargeaient de leurs soucis |
|
laxabant curas et corda oblita laborum : ductores Teucrum primi et delecta iuuentus consilium summis regni de rebus habebant, quid facerent quisue Aeneae iam nuntius esset. Stant longis adnixi hastis, et scuta tenentes, |
et dans le sommeil leurs coeurs oubliaient les épreuves. Cependant les premiers des chefs troyens, l'élite de l'armée, tenaient conseil sur les intérets suprêmes du royaume : Que faire ? Quel messager dépêcher maintenant à Énée ? Ils sont debout, appuyés sur leurs longues lances et tenant leurs boucliers, |
9, 225 |
castrorum et campi medio. Tum Nisus et una Euryalus confestim alacres admittier orant : rem magnam, pretiumque morae fore. Primus Iulus accepit trepidos ac Nisum dicere iussit. Tum sic Hyrtacides : « Audite O mentibus aequis |
au milieu du camp et de la plaine. Nisus alors, et avec lui Euryale, demandent avec empressement à être introduits sur le champ : c'est une chose importante, disent-ils, qui mérite qu'on s'y arrête. Iule d'abord les accueille, tremblants d'impatience, et invite Nisus à parler. Alors le fils d'Hyrtacus dit : « Écoutez-nous avec bienveillance, |
9, 230 |
Aeneadae, neue haec nostris spectentur ab annis, quae ferimus. Rutuli somno uinoque soluti conticuere ; locum insidiis conspeximus ipsi, qui patet in biuio portae, quae proxuma ponto ; interrupti ignes, aterque ad sidera fumus |
ô Énéades ; ne jugez pas sur notre âge le plan que nous proposons. Les Rutules, engourdis dans le sommeil et le vin, se sont tus. Nous avons remarqué un endroit idéal pour une attaque surprise, sur le double passage accessible par la porte la plus proche de la mer. Les feux du camp sont éteints, une fumée noire monte vers le ciel |
9, 235 |
erigitur : si fortuna permittitis uti quaesitum Aenean et moenia Pallantea, mox hic cum spoliis ingenti caede peracta adfore cernetis. Nec nos uia fallit euntis : uidimus obscuris primam sub uallibus urbem |
Si vous nous permettez de profiter de cette chance pour aller chercher Énée dans les murs de Pallantée, vous le verrez bientôt ici chargé de dépouilles, après un immense carnage. Et nous ne nous trompons pas sur la route à suivre : lors de chasses fréquentes, au fond d'une vallée obscure, |
9, 240 |
uenatu adsiduo et totum cognouimus amnem. » Hic annis grauis atque animi maturus Aletes : « Di patrii, quorum semper sub numine Troia est, non tamen omnino Teucros delere paratis, cum talis animos iuuenum et tam certa tulistis |
nous avons vu les abords de la ville et reconnu tout le cours du fleuve. » Alors Alétès, avec la pondération de son âge et la maturité de son esprit : « Dieux ancestraux, qui détenez toujours pleine autorité sur Troie, vous n'allez donc pas anéantir complètement des Troyens, puisque vous avez suscité chez des jeunes gens une telle vaillance |
9, 245 |
pectora. » Sic memorans umeros dextrasque tenebat amborum et uoltum lacrimis atque ora rigabat. « Quae uobis, quae digna, uiri, pro laudibus istis praemia posse rear solui ? Pulcherrima primum di moresque dabunt uestri ; tum cetera reddet |
et des coeurs si résolus ». Parlant ainsi, il les prenait tous deux par l'épaule, leur serrait la main, tandis que les larmes inondaient tout son visage. « Pour acquitter de tels mérites, ô héros, quelles récompenses dignes pourrais-je imaginer pour vous ? D'abord, les dieux et votre conduite vous donneront la plus belle récompense ; et très bientôt |
9, 250 |
actutum pius Aeneas atque integer aeui Ascanius, meriti tanti non immemor umquam. »
« Immo ego uos, cui sola salus genitore reducto, » excipit Ascanius, « per magnos, Nise, penatis Assaracique larem et canae penetralia Vestae |
le pieux Énée vous attribuera toutes les autres, et Ascagne, à l'aube de sa vie, n'oubliera jamais un acte si méritant. »
« Bien plus » reprit Ascagne, « moi dont le seul salut est le retour de mon père, ô Nisus, par nos grands dieux Pénates, et le Lare d'Assaracus et le sanctuaire de Vesta aux cheveux blancs, |
9, 255 |
obtestor ; quaecumque mihi fortuna fidesque est, in uestris pono gremiis : reuocate parentem, reddite conspectum ; nihil illo triste recepto. Bina dabo argento perfecta atque aspera signis pocula, deuicta genitor quae cepit Arisba, |
je l'atteste : tout ce que je puis avoir de chance et de confiance, je le place en vos coeurs. Rappelez mon père, rendez-le à mes regards ; lui revenu, plus rien ne nous attristera. Je vous donnerai deux coupes d'argent, ornées de reliefs, emportées par mon père lors de la prise d'Arisba ; |
9, 260 |
et tripodas geminos, auri duo magna talenta, cratera antiquum, quem dat Sidonia Dido. Si uero capere Italiam sceptrisque potiri contigerit uictori et praedae dicere sortem, uidisti quo Turnus equo, quibus ibat in armis |
puis deux trépieds, deux grands talents d'or, et un cratère ancien, présent de la Sidonienne Didon. Mais s'il m'échoit de conquérir l'Italie et, en vainqueur, de m'emparer du pouvoir et de tirer au sort le butin, |
9, 265 |
aureus : ipsum illum, clipeum cristasque rubentis excipiam sorti, iam nunc tua praemia, Nise. Praeterea bis sex genitor lectissima matrum corpora captiuosque dabit suaque omnibus arma, insuper his campi quod rex habet ipse Latinus. |
son cheval, son bouclier et ses aigrettes flamboyantes ; je les retirerai du lot. Dès à présent, Nisus, ils sont ta récompense. En outre, mon père te choisira douze esclaves parmi les plus belles, et te donnera autant de prisonniers avec toutes leurs armes, et en outre les terres que détient personnellement le roi Latinus. |
9, 270 |
Te uero, mea quem spatiis propioribus aetas insequitur, uenerande puer, iam pectore toto accipio et comitem casus complector in omnis. Nulla meis sine te quaeretur gloria rebus ; seu pacem seu bella geram, tibi maxima rerum |
Quant à toi, que je suis de très près par l'âge, dès aujourd'hui enfant digne de vénération, je t'accueille de tout mon coeur et t'embrasse comme compagnon de toutes les circonstances de ma vie. En aucune de mes actions, je ne rechercherai la gloire sans toi : en paix comme en guerre, dans mes paroles et dans mes actes, |
9, 275 |
uerborumque fides. » Contra quem talia fatur Euryalus : « Me nulla dies tam fortibus ausis dissimilem arguerit ; tantum, fortuna secunda aut aduersa cadat. Sed te super omnia dona unum oro, genetrix Priami de gente uetusta |
ma confiance en toi sera totale ». Euryale lui répond ceci : « Qu'aucun jour de ma vie, je ne sois accusé de changer de disposition devant des actes si audacieux ; simplement, que la fortune se révèle heureuse ou malheureuse. Mais, plutôt que tous tes présents, je te fais une seule prière : ma mère, de l'antique famille de Priam, |
9, 280 |
est mihi, quam miseram tenuit non Ilia tellus mecum excedentem, non moenia regis Acestae. Hanc ego nunc ignaram huius quodcumque pericli est inque salutatam linquo : nox et tua testis dextera, quod nequeam lacrumas perferre parentis. |
la malheureuse, que n'ont empêchée de partir avec moi ni la terre d'Ilion ni non plus les murs du roi Aceste. Aujourd'hui, elle ignore tous les dangers que je puis courir, et je la quitte, sans l'avoir saluée, la Nuit et ta droite en sont témoins, car je ne pourrais pas supporter les larmes de ma mère. |
9, 285 |
At tu, oro, solare inopem et succurre relictae. Hanc sine me spem ferre tui : audentior ibo in casus omnis. » Percussa mente dedere Dardanidae lacrimas ; ante omnis pulcher Iulus, atque animum patriae strinxit pietatis imago. |
Mais toi, je t'en prie, console et secours cette femme sans appui. et abandonnée. Laisse-moi emporter l'espoir de ton aide : j'aurai plus d'audace pour affronter tous les dangers ». Très émus, les Dardaniens fondent en larmes, et plus que tous le noble Iule, dont le coeur s'est serré devant l'image de cet attachement filial. |
9, 290 |
Tum sic effatur : « Sponde digna tuis ingentibus omnia coeptis. Namque erit ista mihi genetrix nomenque Creusae solum defuerit, nec partum gratia talem parua manet, casus factum quicumque sequentur, |
Iule dit alors : « Engage-toi à des exploits, tous dignes de ta grande entreprise. Oui, ta mère sera la mienne, seul le nom de Créuse lui aura manqué, et pour avoir mis au monde un tel fils, très grande est la reconnaissance qui l'attend, quelles que soient les suites de ton exploit. |
9, 295 |
per caput hoc iuro, per quod pater ante solebat : quae tibi polliceor reduci rebusque secundis, haec eadem matrique tuae generique manebunt. » Sic ait inlacrimans ; umero simul exuit ensem auratum, mira quem fecerat arte Lycaon |
Je le jure sur ma tête, sur ce que mon père faisait d'habitude : ce que je te promets à ton retour et en cas de succès, tout cela restera acquis à ta mère et à ta famille ». Ainsi dit-il tout en pleurant ; en même temps, il retire de son épaule son épée dorée que Lycaon de Gnosse avec un art admirable |
9, 300 |
Gnosius atque habilem uagina aptarat eburna. Dat Niso Mnestheus pellem horrentisque leonis exuuias ; galeam fidus permutat Aletes. |
avait forgée et ajustée, très maniable, dans un fourreau d'ivoire. Mnesthée donne à Nisus la dépouille hirsute d'une peau de lion ; le fidèle Alétès échange son casque contre le sien. |
9, 305 |
Notes (9, 168-307)
Mnesthée et l'impétueux Séreste (9, 171). Tous deux ont déjà été signalés en 4, 288 comme des hommes de confiance d'Énée. Ils sont cités à de nombreuses reprises dans l'Énéide.
Nisus (9, 176). La première apparition de Nisus se trouve en 5, 294 au début du récit de la course à pied lors des jeux funèbres en l'honneur d'Anchise (5, 286-361). Déjà alors il était présenté comme l'ami d'Euryale, dont il permettra la victoire par une manoeuvre discutable. Virgile avait insisté sur la beauté des deux jeunes gens et sur l'affection qui les liait. En ce qui concerne l'origine du nom, même si Nisos existe dans les traditions grecques, le Nisus dont il est question dans l'Énéide semble bien être une création virgilienne.
fils d'Hyrtacus (9, 177). Le mot latin Hyrtacides (fils d'Hyrtacus) apparaît en 5, 492 et 5, 503, pour qualifier le troyen Hippocoon. Cet Hippocoon serait-il un frère de Nisus ? On ne le sait pas.
Ida giboyeuse (9, 177). Le latin dit Ida uenetrix. On a traduit ici comme si l'expression désignait la montagne de l'Ida où se pratiquait la chasse. Mais le mot Ida pourrait aussi désigner une nymphe, qui serait alors la mère de Nisus.
Euryale (9, 179). Le jeune compagnon de Nisus, cité lui aussi dans la compétition de la course au livre 5. Le personnage semble aussi avoir été créé par Virgile.
Pallantée (9, 196). La ville fondée par Évandre à l'endroit du futur Palatin, là où Énée était allé chercher des alliés. Cette visite à Pallantée constitue une partie essentielle du livre 8.
Opheltès (9, 201. Nom d'un héros béotien, dont Virgile fait le père d'Euryale, sans qu'il y ait de rapport entre eux. Selon ce passage, Euryale serait né au début de la guerre de Troie ; il aurait donc à peu près 17 ans.
menaces argiennes (9, 202). C'est-à-dire les menaces des Grecs partis d'Argolide pour attaquer Troie.
Ce serait impie ! (9, 208). La ponctuation de ce vers est très discutée, et la traduction naturellement dépend d'elle. On n'entrera pas ici dans une discussion très complexe, qui avait commencé dès l'antiquité avec Servius.
des remparts du grand Aceste (9, 219). Allusion à des événements racontés au chant 5. Pendant que se déroulaient en Sicile les jeux funèbres en l'honneur d'Anchise, Iris, envoyée par Junon, avait incité les Troyennes à brûler les vaisseaux. Les dieux avaient finalement éteint l'incendie, mais l'affaire avait profondément ébranlé Énée, à qui l'ombre d'Anchise finit par rendre confiance. On décida alors de laisser en Sicile les femmes et les vieillards qui le souhaitaient. Le roi Aceste accepta de les accueillir et on fonda une ville nouvelle (5, 604-778). S'il faut en croire le vers 9, 217, très peu de femmes troyennes auraient suivi Énée dans la suite de son voyage. Sur Aceste, cfr aussi 1,195n.
Le roi (9, 223). En fait celui qui le remplace, c'est-à-dire Ascagne.
au milieu du camp et de la plaine (9, 230). C'est une traduction littérale du texte latin. Cela pourrait correspondre au praetorium d'un camp romain, c'est-à-dire l'espace ouvert où se dressait la tente du général.
Alétès (9, 246). Personnage épisodique, déjà nommé en 1, 120-121, et dont on reparlera très brièvement plus loin en 9, 307.
Pénates (9, 258). Les Pénates de Troie.
Lare d'Assaracus (9, 259). C'est-à-dire la maison d'Assaracus, le Lare étant la divinité protectrice de la maison. On sait qu'Assaracus était le trisaïeul d'Énée (cfr plus haut, 9, 88n). Lares et Pénates sont souvent associés dans la religion romaine (cfr 8, 543).
Vesta aux cheveux blancs (9, 259). Vesta est, à Rome, la divinité protectrice du foyer de la cité, gardé par les Vestales qui doivent veiller à ce qu'il ne s'éteigne jamais. Virgile l'imagine ici avec des cheveux blancs, soit parce que son culte est très ancien, soit parce qu'elle est comparable à une vieille femme qui garde le foyer. On est ici en plein anachronisme, car ni Vesta, ni les Pénates ni les Lares d'ailleurs, ne sont des divinités grecques ou troyennes.
Arisba (9, 264). Ville de Troade qui, selon l'Iliade, 2, 836, avait envoyé des secours à Troie. Virgile imagine donc ici qu'avant la guerre de Troie, Arisba aurait été prise et pillée par Énée, mais pareil événement n'est évoqué nulle part ailleurs.
trépieds (9, 265). On donnait souvent des trépieds en guise de récompenses. C'est par exemple le cas au livre des jeux (5, 110). La plupart de ces trépieds étaient en bronze.
talents (9, 265). Dans l'antiquité, le talent était une unité de poids, variable selon les régions et les époques. À l'époque historique, il oscillait entre quelque 25 (dans l'Athènes classique) et quelque 37 kilos. Mais cela n'implique pas qu'il en était de même chez Virgile, lequel s'inspire tout simplement d'Homère. Chez ce dernier (Iliade, 23, 269), « deux talents d'or » représentent le quatrième prix de la course des chars, entre un bassin tout neuf (le troisième prix) et une amphore neuve également (le cinquième prix). Cfr aussi 5, 112 et 5, 247.
Sidonienne Didon (9, 266). La ville de Tyr, dont provenait Didon, était une colonie de Sidon.
les terres que détient personnellement le roi Latinus (9, 274). Il ne s'agit pas du royaume de Latinus, mais de ses possessions personnelles. Un peu plus loin, en 9, 388, il sera encore question de biens de Latinus. En 11, 316-321, Latinus proposera de donner ces terres aux Troyens, « en échange de leur amitié ».
heureuse ou malheureuse (9, 283). Les manuscrits présentent diverses lectures. Ici est traduite la lecture aut aduersa cadat, plutôt que haud aduersa cadat.
les murs du roi Aceste (9, 285). Cfr 9, 219n.
Nuit (9, 288). « Euryale invoque ici la Nuit, qui va devoir favoriser son entreprise » (M. Rat).
le nom de Créuse (9, 297). « Ascagne veut dire que la mère d'Euryale sera pour lui une seconde mère, une seconde Créuse. » (M. Rat)
Lycaon de Gnosse (9, 304). Gnosse ou Cnossos, célèbre ville de Crète. Les armes de Cnossos étaient reputées. Quant à Lycaon, c'est un nom assez répandu dans la mythologie. Il désigne ici un artiste imaginaire. Ce n'est pas le seul artiste que Virgile invente : cfr aussi en 10, 499 Clonus, fils d'Eurytus, qui aurait fabriqué le baudrier de Pallas.
Mnesthée (9, 306). Guerrier troyen, souvent nommé dans l'Énéide. Dans le chant 9, il a déjà été cité en 9, 171 ; il le sera encore plus loin (9, 779, 781 et 812).
fidèle Alétès (9, 307). Pour Alétès, cfr 9, 246. L'épithète « fidèle » (fidus en latin) caractérise, chez Virgile, plusieurs compagnons d'Énée, Alétès, Oronte, mais surtout Achate.
Énéide - Chant IX (Plan) - Page précédente - Page suivante