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Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Livre VII (Plan) - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante


OVIDE, MÉTAMORPHOSES, LIVRE VII

[Trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet, Bruxelles, 2006]

 

Autour de Médée (II) : Rajeunissements magiques à Iolcos (7, 159-349)

 

Médée, à la demande de Jason, invoque les puissances protectrices des magiciens pour rajeunir Éson (7, 159-219)

À Iolcos où l'on célèbre le retour des Argonautes, Jason, regrettant de voir son père empêché par l'âge de participer à l'allégresse générale, demande à son épouse Médée de rajeunir Éson, offrant en échange des années de sa propre vie. Médée accepte de tenter l'opération, stimulée peut-être par la piété filiale de Jason, si différente de la sienne. (7, 159-178)

Trois nuits plus tard, à la pleine lune, Médée part seule, respectant les prescriptions d'usage en matière de magie, et invoque les puissances de la Nuit, favorables aux magiciens. Elle énumère d'abord les divers pouvoirs qu'elle leur doit et qui ont permis notamment à Jason de surmonter les épreuves imposées ; puis, confiante en son art, elle leur demande le pouvoir de rajeunir Éson, quand un char tiré par des dragons se présente devant elle. (7, 179-219)

7, 159 Haemoniae matres pro gnatis dona receptis
 
Les mères d'Hémonie, et les pères chargés d'ans, heureux du retour
 
7, 160 grandaeuique ferunt patres congestaque flamma

tura liquefaciunt, inductaque cornibus aurum

uictima uota facit ; sed abest gratantibus Aeson,

iam propior leto fessusque senilibus annis ;

cum sic Aesonides : « O cui debere salutem
 
de leurs fils, apportent des présents et brûlent l'encens

posé sur  les flammes. Ils s'acquittent de leurs voeux avec une victime

aux cornes couvertes d'or. Mais Éson, déjà proche du trépas

et épuisé par les ans, n'est pas parmi ceux qui rendent grâces.

Alors Jason, son fils, parla ainsi : « Ô mon épouse, c'est à toi,
7, 165 confiteor, coniunx, quamquam mihi cuncta dedisti,

excessitque fidem meritorum summa tuorum ;

si tamen hoc possunt (quid enim non carmina possunt ?)

deme meis annis et demptos adde parenti ! »

Nec tenuit lacrimas : mota est pietate rogantis
 

je le reconnais, que je dois mon salut, tu m'as déjà tout donné

et la somme de tes bienfaits dépasse tout ce que l'on peut croire.

Pourtant, si tes charmes le peuvent – car quel n'est pas leur pouvoir ?–

retire des années de ma vie, et ajoute-les à celles de mon père ! »

Il ne contenait pas ses larmes. La piété de ce fils qui la prie la touche,

7, 170 dissimilemque animum subiit Aeeta relictus.

Non
tamen adfectus talis confessa : « Quod » inquit

« excidit ore tuo, coniunx, scelus ? Ergo ego cuiquam

posse tuae uideor spatium transcribere uitae ?

Nec sinat hoc Hecate, nec tu petis aequa ; sed isto,
 

et Aeétès, qu'elle a abandonné, hante son esprit autrement disposé.

Pourtant, sans manifester son émotion, elle dit : « Mon époux,

quelle parole criminelle sort de ta bouche ? Crois-tu vraiment que moi,

je pourrais transmettre à qui que ce soit une portion de ta vie ? »

Qu'Hécate m'en préserve ! Du reste, ta demande est injuste. Cependant,
 

7, 175 quod petis, experiar maius dare munus, Iason.

Arte mea soceri longum temptabimus aeuum,

non annis renouare
tuis, modo diua triformis

adiuuet et praesens ingentibus adnuat ausis. »


Tres aberant noctes, ut cornua tota coirent
 
Jason, je tenterai de te donner un présent qui dépasse ta demande.

Par mon art, j'essaierai de rajeunir la longue vie de mon beau-père,

mais non aux dépens de tes années à toi, pourvu que m'aide la triple déesse

et que, par sa présence, elle approuve mon immense audace. »


Il fallait encore trois nuits pour que les cornes de la lune se rejoignent
 
7, 180 efficerentque orbem ; postquam plenissima fulsit

ac solida terras spectauit imagine luna,

egreditur tectis uestes induta recinctas,

nuda pedem, nudos umeris infusa capillos,

fertque uagos mediae per muta silentia noctis
 
complètement et forment son disque. Quand, devenue tout à fait pleine,

elle se mit à briller et quand, sous sa forme entière, elle regarda la terre,

Médée sort de sa demeure, vêtue d'une robe sans ceinture,

pieds nus, cheveux dénoués épars sur les épaules.

Elle s'avance d'un pas indécis, sans être accompagnée,
 
7, 185 incomitata gradus ; homines uolucresque ferasque

soluerat alta quies ; [nullo cum murmure serpit,

sopitae similis ;] nullo cum murmure saepes (186a)

inmotaeque silent frondes, silet umidus aer ;

sidera sola micant ; ad quae sua bracchia tendens,

ter se conuertit, ter sumptis flumine crinem
 
dans le pesant silence de minuit. Un profond sommeil

avait relâché hommes, oiseaux et bêtes sauvages. [Sans un bruit,

elle se faufile telle une somnambule.] Nul murmure ne monte des haies,

silencieux sont les feuillages immobiles, silencieux l'air humide ;

seules les étoiles scintillent. Tendant les bras vers elles,

trois fois, elle tourne sur elle-même, trois fois, elle se mouille
 
7, 190 inrorauit aquis ternisque ululatibus ora

soluit et in dura submisso poplite terra :

« Nox » ait « arcanis fidissima, quaeque diurnis

aurea cum luna succeditis ignibus astra,

tuque, triceps Hecate, quae coeptis conscia nostris
 
les cheveux avec de l'eau puisée dans un fleuve, et trois fois

sa bouche émet un hurlement. Puis, genou fléchi sur la terre dure,

elle dit : « Nuit, très fidèle amie des secrets, et vous,

astres d'or, qui avec la lune succédez aux feux du jour,

et toi, Hécate aux trois têtes, confidente de mes desseins,
7, 195 adiutrixque uenis cantusque artisque magorum,

quaeque magos, Tellus, pollentibus instruis herbis,

auraeque et uenti montesque amnesque lacusque,

dique omnes nemorum, dique omnes noctis adeste ;

quorum ope, cum uolui, ripis mirantibus, amnes
 
qui viens en aide aux incantations et à l'art des magiciens,

et toi, Terre, qui fournis aux magiciens tes herbes puissantes,

et vous, brises et vents et monts et fleuves et lacs, et vous,

tous les dieux des bois, et tous les dieux de la nuit, assistez-moi.

Avec votre aide, quand je l'ai voulu, les fleuves ont étonné leurs rives
 
7, 200 in fontes rediere suos, concussaque sisto,

stantia concutio cantu freta, nubila pello

nubilaque induco, uentos abigoque uocoque,

uipereas rumpo uerbis et carmine fauces,

uiuaque saxa sua conuulsaque robora terra
 
et sont remontés à leur source. Par mes incantations,

j'apaise les mers agitées, et j'agite les flots apaisés,

je chasse et j'amasse les nuages, j'éloigne et j'appelle les vents ;

par mes formules et mes chants, je brise la gorge des serpents,

je rends vivants les rochers et les chênes, je les arrache à leur terre,
 
7, 205 et siluas moueo iubeoque tremescere montis

et mugire solum manesque exire sepulcris !

Te quoque, Luna, traho, quamuis Temesaea labores

aera tuos minuant ; currus quoque carmine nostro

pallet aui, pallet nostris Aurora uenenis !
 

et je déplace les forêts ; sur mon ordre, les montagnes tremblent,

le sol gronde et les Mânes sortent des tombeaux !

Je t'attire toi aussi, ô Lune, malgré les bronzes de Témèse

qui cherchent à diminuer tes souffrances ; en outre mon chant ternit

l'éclat du char de mon aïeul et mes poisons font pâlir l'Aurore !
 

7, 210 Vos mihi taurorum flammas hebetastis et unco

inpatiens oneris collum pressistis aratro ;

uos serpentigenis in se fera bella dedistis

custodemque rudem somni sopistis et aurum,

uindice decepto, Graias misistis in urbes.
 
C'est vous qui avez affaibli pour moi les flammes des taureaux

et soumis leurs cous indociles au joug de la charrue recourbée ;

vous qui avez livré les fils du serpent à de sauvages luttes fratricides,

c'est vous qui avez endormi son gardien résistant au sommeil et envoyé

dans les villes de Grèce le trophée d'or, en trompant son défenseur.
 
7, 215 Nunc opus est sucis, per quos renouata senectus

in florem redeat primosque recolligat annos ;

et dabitis ; neque enim micuerunt sidera frustra,

nec frustra uolucrum tractus ceruice draconum

currus adest.  » Aderat demissus ab aethere currus.
 
Maintenant, j'ai besoin de sucs qui rajeuniraient un vieillard

et lui feraient retrouver la fleur de ses premières années.

Et vous me les donnerez ; car les astres n'ont pas brillé pour rien

et ce n'est pas en vain qu'un char tiré par le cou de dragons ailés

est ici. » Un char en effet était là, descendu de l'éther.
 

La magicienne Médée prépare le rajeunisssement d'Éson (7, 220-274)

Avec son char miraculeusement tombé du ciel, Médée parcourt la Thessalie durant huit jours, pour y cueillir sur les montagnes et le long des rivières les plantes nécessaires au rajeunissement d'Éson. (7, 220-237)

Munie des fruits de sa cueillette, elle rentre à Iolcos et, seule à l'extérieur de la demeure, elle dresse deux autels en l'honneur d'Hécate et de Iuventa, à qui elle immole un animal de toison noire, dont elle verse le sang dans deux trous creusés par ses soins ; puis, après des libations et des incantations magiques, elle invoque diverses divinités, dont Pluton et Proserpine, leur demandant de ne pas retirer la vie d'Éson. (7, 238-250)

Le vieil Éson est ensuite sorti de la demeure, et Médée l'étend sur une couche d'herbes, puis l'endort profondément. Elle fait s'écarter tous les témoins, tandis que, respectant des rites précis comme pour une cérémonie bacchique, elle procède aux ultimes préparatifs du rajeunissement : triple purification autour du corps, confection du philtre à l'aide d'ingrédients aussi divers qu' inattendus dans un chaudron bouillonnant. (7, 251-274)

7, 220 Quo simul adscendit frenataque colla draconum

permulsit manibusque leues agitauit habenas,

sublimis rapitur subiectaque Thessala Tempe

despicit et certis regionibus adplicat angues ;

et quas Ossa tulit, quas altum Pelion herbas,
 
Dès que Médée fut montée sur le char, qu'elle eut caressé le cou

des dragons bridés et secoué les rênes légères qu'elle tenait en mains,

elle est enlevée dans les airs. Elle regarde d'en haut la thessalienne Tempé,

étendue sous ses yeux, et dirige ses serpents vers des lieux précis.

Elle examine les herbes poussant sur l'Ossa et sur le haut Pélion,
 
7, 225 quas Othrys Pindusque et Pindo maior Olympus,

perspicit et placitas partim radice reuellit,

partim succidit curuamine falcis aenae.

Multa quoque Eridani placuerunt gramina ripis,

multa quoque Amphrysi, neque eras inmunis, Enipeu ;
 
sur l'Othrys et le Pinde et l'Olympe, plus majestueux que le Pinde ;

elle arrache avec leur racine les herbes qui lui conviennent,

en coupe d'autres avec une faucille de bronze à la lame recourbée.

Elle en choisit beaucoup aussi sur les rives de l'Éridan, beaucoup aussi

près de l'Amphrysus ; et toi, Énipée, tu ne fus pas à l'abri de sa cueillette.
7, 230 nec non Peneos nec non Spercheides undae

contribuere aliquid iuncosaque litora Boebes.

Carpsit et Euboica uiuax Anthedone gramen,

nondum mutato uulgatum corpore Glauci.

Et iam nona dies curru pennisque draconum
 
Le Pénée et les ondes du Sperchios apportèrent aussi leur part,

ainsi que les rives couvertes de joncs du lac Boebé.

Elle cueillit aussi à Anthédon, en Eubée, une herbe vivifiante,

qui n'était pas connue encore par la métamorphose de Glaucus.

Et déjà le neuvième jour et la neuvième nuit l'avaient aperçue à son retour
 
7, 235 nonaque nox omnes lustrantem uiderat agros,

cum rediit ; neque erant tacti nisi odore dracones,

et tamen annosae pellem posuere senectae.


Constitit adueniens citra limenque foresque

et tantum caelo tegitur refugitque uiriles
 

parcourant partout les campagnes sur son char aux dragons ailés ;

et les dragons, qui n'avaient été touchés que par l'odeur des herbes,

perdirent pourtant leur peau vieille de nombreuses années.


À son retour, elle s'arrête en deçà du seuil de la porte d'entrée,

n'ayant comme toit que le ciel ; elle évite tout contact
 

7, 240 contactus ; statuitque aras de caespite binas,

dexteriore Hecates, ast laeua parte Iuuentae.

Has ubi uerbenis siluaque incinxit agresti,

haud procul egesta scrobibus tellure duabus

sacra facit cultrosque in guttura uelleris atri
 
avec les hommes ; puis elle dresse deux autels de gazon,

du côté droit, celui d'Hécate, à gauche, celui de Iuuenta.

Lorsqu'elle les a entourés de rameaux et de feuilles sauvages,

elle creuse, non loin de là, deux trous dans la terre,

et fait un sacrifice : elle égorge d'un coup de couteau une victime
 
7, 245 conicit et patulas perfundit sanguine fossas.

Tum super inuergens liquidi carchesia uini

alteraque inuergens tepidi carchesia lactis,

uerba simul fudit terrenaque numina lenit

umbrarumque rogat rapta cum coniuge regem,
 
à toison noire, dont elle verse le sang dans les larges tranchées.

Alors par-dessus ce sang elle vide des coupes d'un vin clair,

puis d'autres coupes de lait tiède. En même temps

elle prononce des formules pour apaiser les divinités de la terre,

et demande au  roi des ombres et à l'épouse qu'il a enlevée
 
7, 250 ne properent artus anima fraudare senili.


Quos ubi placauit precibusque et murmure longo,

Aesonis effetum proferri corpus ad auras

iussit et in plenos resolutum carmine somnos

exanimi similem stratis porrexit in herbis.
 
de ne pas priver trop vite du souffle vital les membres du vieillard.


Lorsqu'elle les eut apaisés par des prières longuement murmurées,

elle ordonna de transporter à l'air libre le corps épuisé d'Éson,

et après qu'une incantation l'eut plongé dans un profond sommeil,

elle le fit étendre sur une couche d'herbes, comme un être sans vie.
 
7, 255 Hinc procul Aesoniden, procul hinc iubet ire ministros

et monet arcanis oculos remouere profanos.

Diffugiunt iussi ; passis Medea capillis

bacchantum ritu flagrantis circuit aras

multifidasque faces in fossa sanguinis atra
 
Elle ordonne au fils d'Éson et à ses serviteurs de s'écarter de l'endroit,

et les avertit de détourner de ses secrets leurs yeux profanes.

Dociles à son ordre, ils se dispersent. Médée, cheveux épars,

à la manière des Bacchantes, fait le tour des autels brûlants

et, dans les trous noirs de sang, trempe des torches faites de brindilles
 
7, 260 tinguit et infectas geminis accendit in aris

terque senem flamma, ter aqua, ter sulphure lustrat.

Interea ualidum posito medicamen aeno

feruet et exsultat spumisque tumentibus albet.

Illic Haemonia radices ualle resectas
 
qu'elle allume, tout imbibées, sur les deux autels. Elle purifie le vieillard

chaque fois à trois reprises, avec du feu, de l'eau, du soufre.

Entre-temps, dans un chaudron de bronze placé sur la flamme

bout un philtre puissant, qui bouillonne, gonflé de blanche écume.

Là, avec les racines cueillies dans la vallée d'Hémonie,
 
7, 265 seminaque floresque et sucos incoquit atros.

Adicit extremo lapides Oriente petitos

et quas Oceani refluum mare lauit harenas ;

addit et exceptas luna pernocte pruinas

et strigis infames ipsis cum carnibus alas
 
Médée fait cuire graines, fleurs et sucs noirâtres.

Elle y jette des pierres ramenées de l'Orient lointain

et du sable de l'Océan, lavé par la mer quand elle reflue ;

elle y ajoute encore de la rosée recueillie par une nuit de pleine lune,

les ailes maudites d'une strige, garnies de leurs chairs,
 
7, 270 inque uirum soliti uultus mutare ferinos

ambigui prosecta lupi ; nec defuit illis

squamea Cinyphii tenuis membrana chelydri

uiuacisque iecur cerui ; quibus insuper addit

oua caputque nouem cornicis saecula passae.
 
et les entrailles d'un être habitué à transformer en homme

son aspect sauvage, le loup-garou. Elle n'a pas oublié

la peau écailleuse d'un petit chélydre du Cinyps

et le foie d'un cerf très âgé, ingrédients qu'elle complète

avec des oeufs et la tête d'une corneille qui a vécu neuf siècles.
 

La magicienne Médée opère la métamorphose du vieil Éson (et celle des nourrices de Liber) (7, 275-296)

Médée fait bouillir dans un chaudron tous les ingrédients rassemblés, en les mélangeant à l'aide d'une branche morte d'olivier. Dès qu'elle voit cette branche séchée se couvrir de feuilles et de fruits, tandis que des fleurs et de la verdure surgissent des éclaboussures tombées du chaudron sur le sol, elle procède aussitôt à une sorte de transfusion : elle vide Éson de tout son sang, qu'elle remplace par ces sucs de jouvence. Le miracle s'opère, et Éson se trouve rajeuni de quarante ans. (7, 275-293)

Ovide fait ensuite une brève allusion au rajeunissement des nourrices de Liber, effectué par Médée à la demande du dieu. (7, 294-296)

7, 275 His et mille aliis postquam sine nomine rebus

propositum instruxit mortali barbara maius,

arenti ramo iampridem mitis oliuae

omnia confudit summisque inmiscuit ima.

Ecce uetus calido uersatus stipes aeno
 
Lorsque, avec ces ingrédients et mille autres impossibles à nommer,

la barbare eut mis au point un projet dépassant les pouvoirs d'un mortel,

à l'aide d'une branche de tendre olivier séchée depuis longtemps,

elle mélangea le tout, mêlant les parties du fond à celles du dessus.

Et voilà que la branche morte, ayant tourné dans le chaudron brûlant,
 
7, 280 fit uiridis primo nec longo tempore frondes

induit et subito grauidis oneratur oliuis.

At quacumque cauo spumas eiecit aeno

ignis et in terram guttae cecidere calentes,

uernat humus floresque et mollia pabula surgunt.
 
commence à verdir puis, après un court moment, à se couvrir de feuilles,

avant de se trouver tout à coup chargée de lourdes olives.

Partout où le feu a fait sortir de l'écume hors du chaudron,

partout où des gouttes bouillantes sont tombées sur le sol,

la terre reverdit, des fleurs et un tendre gazon se mettent à pousser.
 
7, 285 Quae simul ac uidit, stricto Medea recludit

ense senis iugulum ueteremque exire cruorem

passa, replet sucis ; quos postquam conbibit Aeson

aut ore acceptos aut uulnere, barba comaeque

canitie posita nigrum rapuere colorem ;
 
À cette vue, Médée tire immédiatement une épée de son fourreau,

ouvre la gorge du vieillard et, après avoir laissé s'écouler le vieux sang,

elle lui emplit les veines de ses sucs. Lorsqu'Éson les eut absorbés

par la bouche ou par sa blessure, sa barbe et ses cheveux

cessèrent d'être blancs et prirent une teinte noire ;
 
7, 290 pulsa fugit macies, abeunt pallorque situsque,

adiectoque cauae supplentur corpore rugae

membraque luxuriant ; Aeson miratur et olim

ante quater denos hunc se reminiscitur annos.


Viderat ex alto tanti miracula monstri
 
chassée, sa maigreur disparaît, pâleur et traces de l'âge s'effacent,

une chair nouvelle vient combler le creux de ses rides,

et ses membres retrouvent leur vigueur. Éson est émerveillé,

il se retrouve tel qu'il était autrefois, quatre décennies auparavant.


Du haut du ciel, Liber avait vu ce prodige merveilleux,
 
7, 295 Liber et admonitus iuuenes nutricibus annos

posse suis reddi, capit hoc a Colchide munus.
 
et, ainsi averti que ses nourrices pouvaient recouvrer

leurs jeunes années, il obtient cette faveur de la Colchidienne.

Médée promet de rajeunir Pélias, mais machine sa mort, pour venger Jason (7, 297-349)

Médée, qui veut venger Jason lésé par Pélias, met au point une machination machiavélique. Elle simule un différend avec Jason et se présente en suppliante au palais de Pélias ; en feignant des sentiments amicaux et en se vantant notamment d'avoir rajeuni son beau-père Éson, elle éveille chez les filles du vieux Pélias le désir de rajeunir leur père, comme l'avait été naguère Éson. Toujours rusant, pour mettre les filles en totale confiance, Médée promet de transformer sous leurs yeux un vieux bélier en un jeune agneau, métamorphose qu'elle réalise en faisant cuire les membres dépecés de l'animal dans un bouillon magique. Bientôt sort du chaudron un jeune agneau, ce qui accentue la détermination et l'insistance des Péliades. (1, 297-323)

Quatre nuits plus tard, Médée, ayant feint de préparer sa mixture magique, plonge dans le sommeil Pélias et ses gardes, puis elle pousse les filles de Pélias à traiter leur père comme elle-même a traité le vieux bélier. Horrifiées mais animées des meilleures intentions, les filles blessent gravement leur père incrédule, que Médée finit par achever. (7, 325-349)

7, 297 Neue doli cessent, odium cum coniuge falsum

Phasias adsimulat Peliaeque ad limina supplex

confugit ; atque illam, quoniam grauis ipse senecta est,
 
Et pour ne pas cesser ses ruses, la fille du Phase simule faussement

de la haine pour son époux. Elle court à la demeure de Pélias,

comme une suppliante ; vu la vieillesse qui accable le roi,
 
7, 300 excipiunt natae ; quas tempore callida paruo

Colchis amicitiae mendacis imagine cepit ;

dumque refert inter meritorum maxima demptos

Aesonis esse situs atque hac in parte moratur,

spes est uirginibus Pelia subiecta creatis,
 
ce sont ses filles qui l'accueillent ; très vite, habilement,

la Colchidienne, en feignant une amitié trompeuse, les séduit

et leur rapporte comme étant le plus grand de ses mérites

le fait d'avoir tiré Éson de la décrépitude. S'attardant sur ce point,

elle éveille chez les filles de Pélias l'espoir qu'elle pourra aussi,
 
7, 305

arte suum parili reuirescere posse parentem ;

idque petunt pretiumque iubent sine fine pacisci.

Illa breui spatio silet et dubitare uidetur

suspenditque animos ficta grauitate rogantes.

Mox ubi pollicita est : « Quo sit fiducia maior
 

grâce à son art, rendre à leur père la vigueur de la jeunesse.

Elles le lui demandent, lui disant de fixer son prix, si élevé soit-il.

Pendant un bref moment Médée se tait, semble hésiter

et, simulant la gravité, laisse ses solliciteuses dans l'incertitude.

Puis elle s'engage et dit : « Pour vous donner davantage confiance
7, 310

muneris huius » ait, « qui uestri maximus aeuo est

dux gregis inter oues, agnus medicamine fiet. »


Protinus innumeris effetus laniger annis

attrahitur flexo circum caua tempora cornu ;

cuius ut Haemonio marcentia guttura cultro
 

en ma promesse, mon filtre va transformer en agneau

le plus vieux bélier de votre troupeau, celui qui mène les brebis. »


Aussitôt on amène, épuisé par le nombre des ans, un animal laineux

aux cornes recourbées autour de ses tempes creuses.

Dès que, se servant d'un couteau d'Hémonie,  la magicienne eut fouillé
 
7, 315 fodit et exiguo maculauit sanguine ferrum,

membra simul pecudis ualidosque uenefica sucos

mergit in aere cauo : minuunt ea corporis artus

cornuaque exurunt nec non cum cornibus annos,

et tener auditur medio balatus aeno.
 
la gorge flétrie, tachant d'un mince filet de sang la lame de fer,

elle plonge dans un chaudron de bronze les chairs de l'animal

qu'elle mêle à des sucs puissants. Sous l'effet des drogues,

les membres rapetissent ; les cornes, et les ans avec elles, se consument ;

puis on entend un faible bêlement, montant du milieu du chaudron.
 
7, 320 Nec mora, balatum mirantibus exsilit agnus

lasciuitque fuga lactantiaque ubera quaerit.

Obstipuere satae Pelia ; promissaque postquam

exhibuere fidem, tum uero inpensius instant.


Ter iuga Phoebus equis in Hibero flumine mersis
 
Et aussitôt, devant les gens étonnés par ce bêlement, bondit un agneau,

qui s'échappe en s'ébattant, cherchant des mamelles à téter.

Les filles de Pélias restèrent stupéfaites ; et comme la promesse

paraît réalisable, elles se font alors encore plus insistantes.


Trois fois Phébus avait retiré le joug de ses chevaux plongés
 
7, 325 dempserat et quarta radiantia nocte micabant

sidera, cum rapido fallax Aeetias igni

imponit purum laticem et sine uiribus herbas.

Iamque neci similis resoluto corpore regem

et cum rege suo custodes somnus habebat,
 

dans le fleuve d'Hibérie, et les astres radieux scintillaient

depuis quatre nuits, quand la fille d'Aeétès, experte en tromperie,

posa sur un feu dévorant de l'eau pure et des herbes anodines.

Et déjà un sommeil semblable à la mort pesait sur le roi,

dont le corps s'était engourdi, et aussi sur ses gardes ;
 

7, 330

quem dederant cantus magicaeque potentia linguae ;

intrarant iussae cum Colchide limina natae

ambierantque torum : « Quid nunc dubitatis inertes ?

stringite » ait « gladios ueteremque haurite crurorem,

ut repleam uacuas iuuenali sanguine uenas !
 

il était dû aux incantations et à la puissance des formules magiques.

Les filles du roi , sur ordre de la Colchidienne, étaient entrées avec elle

et entouraient le lit : « Quoi ? Maintenant, vous hésitez, sans agir ?

Tirez vos épées et faites couler le vieux sang , » dit-elle,

« ainsi, je pourrai remplir d'un sang jeune les veines vides ! 

7, 335 In manibus uestris uita est aetasque parentis.

Si pietas ulla est nec spes agitatis inanis,

officium praestate patri telisque senectam

exigite, et saniem coniecto emittite ferro ! »

His, ut quaeque pia est, hortatibus inpia prima est
 
La vie de votre père ainsi que son âge sont entre vos mains.

Si vous éprouvez de la piété filiale, sans vous contenter de vains espoirs,

rendez ce service à votre père, chassez sa vieillesse avec des armes

et, en enfonçant le fer, faites disparaître son sang corrompu ! »

Sur ces conseils, la plus pieuse d'entre elles est la première impie
7, 340 et, ne sit scelerata, facit scelus ; haud tamen ictus

ulla suos spectare potest, oculosque reflectunt,

caecaque dant saeuis auersae uulnera dextris.

Ille, cruore fluens, cubito tamen adleuat artus,

semilacerque toro temptat consurgere, et inter
 
et pour éviter d'être criminelle commet un crime.

Cependant, aucune ne peut regarder les coups qu'elles portent,

elles détournent les yeux et, d'une main cruelle, frappent à l'aveuglette.

Lui, ruisselant de sang, appuyé sur le coude,

soulève pourtant ses membres, et tout pantelant, essaie de se lever.
 
7, 345 tot medius gladios pallentia bracchia tendens :

« Quid facitis, gnatae ? Quid uos in fata parentis

armat ? » ait. Cecidere illis animique manusque ;

plura locuturo cum uerbis guttura Colchis

abstulit et calidis laniatum mersit in undis.
 
Au milieu de tant de glaives, il tend ses bras livides et dit :

« Que faites-vous, mes filles ? Quelle raison avez-vous de vous armer

contre la vie de votre père ? » Leur courage et leurs mains défaillirent.

Comme Pélias voulait parler encore, la Colchidienne lui coupa la gorge

en même temps que la parole, le dépeça et le plongea dans l'eau bouillante.
 

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NOTES

Hémonie (7, 159). Autre nom de la Thessalie.

Éson (7, 164). Père de Jason, roi de Iolcos, détrôné par son demi-frère Pélias. La légende concernant son rajeunissement nous est connue principalement par ce texte des Métamorphoses et par de rares fragments. Ovide s'inspire parfois de légendes peu connues, qu'il enrichit en fonction de son sujet. Il utilise en l'occurrence la capacité prêtée à Médée d'opérer des métamorphoses.

Hécate (7, 174). La déesse protectrice de la magicienne.Voir note à 7, 74.

cornes de la lune... (7, 179-181). On retrouve ici encore un tour recherché pour exprimer l'évolution du temps, en l'occurrence une des phases de la lune. De tout temps, l'activité des magiciennes et des sorcières est liée à la pleine lune !

sans ceinture... (7, 182ss). Médée respecte les prescriptions attribuées traditionnellement à beaucoup d'opérations de caractère religieux ou mystérieux, au cours desquelles les officiants ne devaient porter aucun lien, pour indiquer leur soumission totale aux divinités invoquées (d'après G. Lafaye) Voir 1, 382. Pour une étude approfondie de ce passage, qui constitue une description intéressante de la préparation d'une séance de magie, on peut consulter A.M. Tupet, La magie dans la poésie latine, Paris, 1976, p. 401ss.

sans un bruit, elle se faufile telle une somnambule (7, 186a). Texte peu sûr et suspect.

les fleuves... (7, 199-206). Ici commence une énumération de phénomènes (fleuves remontant à leurs sources, tempêtes soulevées ou apaisées, destruction de serpents, déplacements des rochers et des forêts, Mânes sortant des tombeaux). Tous ces phénomènes, totalement contraires à l'expérience usuelle, sont régulièrement attribués aux pouvoirs des magiciens, notamment chez les poètes latins. Ovide semble bien documenté sur le sujet.

Lune (7, 207). C'est une des prétentions attribuées aux sorcières d'attirer la lune sur terre. Plusieurs textes mentionnent ce sortilège, sans qu'on sache vraiment à quoi il pouvait correspondre, sauf peut-être à une éclipse. L'ouvrage de A.M. Tupet consacre tout un chapitre (p. 92-103) à la descente de la lune.

Témèse (7, 207). Si l'on en croit J. Chamonard, les Anciens croyaient que les éclipses étaient dues à des actions magiques, et que l'on pouvait conjurer le phénomène en faisant du bruit avec des objets de bronze. Témèse était une ville du Bruttium, qui semble connue pour ses mines de cuivre. Cfr aussi Fastes, 5, 441 note, et Mét., 15, 707.

mon aïeul (7, 209). Le Soleil ou Hélios, père d'Aeétès.

taureaux... (7, 210-214). Rappel des trois épreuves dont put triompher Jason grâce à l'art de Médée. Voir 7, 29-31 et 100-155.

Tempé (7, 222). Vallée du Pénée, en Thessalie, chantée par les poètes comme un lieu particulièrement agréable, ce qui explique son survol par Médée, laquelle paraît peu intéressée. Voir 1, 569 et note ; 7, 371.

Ossa... Pélion... Othrys... Pinde... Olympe (7, 224-225). Ces montagnes bordent toutes la plaine de Thessalie : à l'est, l'Ossa et le Pélion (voir 1, 151-155 et notes) ; au sud, l'Othrys ; à l'ouest, le Pinde ; au nord, l'Olympe (J. Chamonard). Pour une énumération de ces monts, voir 2, 217-226 et note au v. 217.

Éridan, Amphrysus, Énipée, Pénée, Sperchios (7, 228-230). Après l'énumération des montagnes, Ovide cite divers fleuves, ce qui rappelle la liste des fleuves de Thessalie cités en 1, 579-570 (voir la note, notamment à propos de l'Éridan). Pour le Pénée, père de Daphné, voir 1, 452ss.

Boebé (7, 231). Une ville et un lac portant ce nom, en Thessalie, au pied du Pélion, sont cités chez Homère, Iliade, 2, 711.

Anthédon (7, 232). Ville qui se situe, non pas en Eubée, mais sur la côte nord de la Béotie, en face de l'île d'Eubée donc. C'est pourquoi G. Lafaye traduit « près de l'Eubée » et J. Chamonard « sur le détroit d'Eubée ».

Glaucus (7, 233). Allusion à la résurrection miraculeuse de Glaucos, qui sera racontée par Ovide, Mét., 13, 904-965. Voir aussi, Fastes, 6, 750-752 et la note.

vieille peau (7, 237). Tout comme l'allusion à Glaucus (233), l'évocation de la nouvelle peau des serpents présage la réussite de l'entreprise de Médée ; elle démontre en même temps la grande compétence de la magicienne, en ce qui concerne les lieux où l'on trouve des herbes magiques et leurs effets.

Iuuenta (7, 241). Appelée aussi Iuuentas ou Iuuentus, elle est à Rome, la déesse de la jeunesse, assimilée à l'Hébé des Grecs.

fait un sacrifice... (7, 244ss). Ce passage qui montre Médée sacrifiant aux divinités infernales serait à rapprocher de Homère, Odyssée, 11, 23-37. (G. Lafaye et J. Chamonard). On pourra comparer aussi avec Virgile, Én., 6, 236-254, où Énée exécute divers rites pour accéder aux enfers. Ovide ici ne précise pas le sexe de la victime immolée.

le roi des ombres... (7, 249-250). Pluton, le roi des enfers, qui avait enlevé Proserpine (Perséphone), la fille de Cérès (Démèter). Voir Mét., 5, 362-408 avec les notes et Fastes, 4, 417-455. Sur Proserpine tranchant la destinée des humains, voir Virgile, Én., 4, 696-699 et les notes.

Elle ordonne... chaque fois à trois reprises (7, 255-261). Ces vers détaillent un certain nombre de rites propres aux cérémonies des mystères et de la magie : mise à l'écart des profanes, tenue particulière, circumambulatio, etc... La triple répétition est courante aussi dans des cérémonies religieuses.

philtre... (7, 263-274). Le philtre concocté par Médée contient divers éléments (végétaux, minéraux, animaux) liés dans l'imaginaire à la longévité. Sans doute Ovide a-t-il donné libre cours à son imagination, mais en gardant toujours comme fil conducteur la notion de rajeunissement ou de longévité. Pour une analyse très détaillée de ce passage, cfr A.M. Tupet, La Magie dans la la poésie latine, p. 56ss.

racines cueillies en Hémonie (7, 264-265). Voir 7, 220-237.

strige (7, 269). Oiseau nocturne et rapace, sans doute plus légendaire que réel, lié à la sorcellerie, et jouissant d'une réputation sinistre, un peu comme le hibou.

loup-garou (7, 270-271). De nombreuses civilisations croyaient en l'existence d'êtres malfaisants qui avaient le pouvoir de se métamorphoser en loup la nuit, et qui reprenaient forme humaine le jour. Les Grecs parlaient à ce propos de « lycanthropes » et du phénomène de « lycanthropie », deux mots composés de « lukos » (loup) et de « anthropos » (homme). On peut supposer que l'allusion annonce la métamorphose du rajeunissement.

chélydre du Cinyps (7, 272). Le chelydrus est une sorte de serpent venimeux d'Afrique ; quant au Cinyps, c'est un cours d'eau d'Afrique du Nord (Libye), dans les environs de Leptis Magna. Voir 5, 123-124.

Liber... (7, 294-296). Allusion à une légende obscure. On sait que Liber (Bacchus/Dionysos), dont la naissance exceptionnelle a été racontée par Ovide en Mét., 3, 310-315, a été d'abord confié à sa tante Ino, puis aux nymphes de Nysa. Eschyle avait écrit une tragédie, perdue, intitulée Les Nourrices de Dionysos. Est-ce par souci d'exhaustivité qu'Ovide fait allusion à une métamorphose de plus ? En tout cas l'allusion à Liber n'apparaît pas bien intégrée dans le contexte immédiat.

ses ruses (7, 298). Médée qu'Ovide a présentée jusqu'ici sous un jour plutôt positif (son dévouement à Jason, son attitude envers Éson, ses remords à l'égard de son propre père...), va maintenant être décrite comme diabolique, rusée et malfaisante.

fille du Phase (7, 298). Médée vient de la Colchide, où coule le Phase. Voir note 7, 5.

Pélias (7, 299). Fils de Poséidon et de Tyro, Pélias et son frère Nélée ont été exposés à leur naissance, puis recueillis et élevés par un passant. Devenus adultes, ils se rendent à Iolcos, dont le roi Créthée est devenu l'époux de Tyro. Ce couple eut des enfants, dont Éson. À la mort de Créthée, Pélias empêche son demi-frère Éson de régner à Iolcos, le chasse et supprime ses enfants, à l'exception de Jason, et il s'empare du trône de Iolcos. Il a un fils, et quatre ou cinq filles. Pélias avait appris par un oracle qu'il périrait de la main d'un homme chaussé d'une seule sandale. Un jour, Jason devenu adulte, se présenta à la cour de Pélias pour faire valoir ses droits au trône. Il était chaussé d'une seule sandale, car il avait perdu l'autre en aidant une vieille, en réalité la déesse Héra, à traverser une rivière. Pélias, qui se souvenait de l'oracle, fit semblant d'accepter la revendication de Jason, mais en lui imposant comme épreuve préalable une mission qu'il croyait impossible : la conquête de la toison d'or. Contrairement à toute attente, Jason revint de Colchide avec la fameuse Toison d'or. La suite du texte raconte la version ovidienne de la mort de Pélias et de la vengeance de Jason et de Médée, quelque peu différente d'autres versions, telles par exemple Hygin, Fab., 24 ; Apollodore, Bib., 1, 9 ; Diodore, 4, 50 et 51.

ses filles (7, 300). Pélias avait quatre ou cinq filles, selon les versions, dont l'aînée était Alceste, la future épouse d'Admète.

couteau d'Hémonie (7, 314). On se trouve en Thessalie, appelée souvent Hémonie en poésie.

Trois fois Phébus... (7, 324). Périphrase pour indiquer que trois jours ont passé. Allusion au char du Soleil qui chaque jour fait le tour de la Terre, tiré par des chevaux, qui parviennent le soir à l 'Océan, où ils se baignent. Voir Mét., 2, 1-152.

fleuve d'Hibérie (7, 325). En poésie, le terme Hibérie désigne souvent l'Occident, où les Anciens situaient l'Océan, dans lequel se terminait la course diurne du Soleil. L'Océan était imaginé comme un fleuve entourant le monde. (G. Lafaye).

eau pure... herbes anodines (7, 327). Médée, n'envisageant pas de rajeunir Pélias, recourt à des produits sans aucun effet particulier.


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