Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises dans la BCS
Ovide : Généralités - Métamorphoses - Art d'aimer
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MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS
OVIDE - FASTES VI
Juin
Traduction nouvelle annotée
par
Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (2004) Très Riches Heures du Duc de Berry (XVe siècle) - Février
© Musée Condé - Château de Chantilly (France)
Introduction : le nom du mois de juin (6,1-100)Du 1er au 8 juin (6,101-248)
- Célébration de Carna et autres rites liés au 1er juin (6,101-196)
- Les fêtes du 2 au 8 juin (6,197-248)
Les Vestalia (9 juin) (6,249-468)
- Premières précisions sur Vesta et son culte (6,249-304)
- Vesta, maîtresse des foyers, liée à la fête des ânes et des meuniers (6,305-394)
- Autres coutumes, croyances ou événements liés à Vesta (6,395-468)
Les Matralia, Mater Matuta et Fortuna (10-11 juin) (6,469-648)
- Les Matralia : origine, légendes et rites liés à Ino/Mater Matuta (6,469-568)
- Servius et la Fortune - Livie et la Concorde : 11 juin (suite) (6,569-648)
La fin du mois : du 12 au 30 juin (6,649-812)
- Les Petites Quinquatries (6,649-710)
- Du 15 au 20 juin (6,711-762)
- Du 22 au 30 juin (6,763-812)
Préoccupé par l'origine du nom du mois de Juin, Ovide propose diverses explications qu'il affirme détenir de déesses que, poète inspiré et chantre sacré, il a eu le privilège de contempler en face. (6,1-16)Junon, la première, affirme son patronage sur le mois, justifiant cet honneur d'abord par sa naissance : elle est la fille aînée de Saturne qui valut à la région de Rome le nom de "Saturnie" ; ensuite par son mariage : elle est à la fois l'épouse et la soeur de Jupiter, ce qui fait d'elle la Reine des déesses. Elle rappelle ensuite son titre de Junon Lucina, puis son ancienne rancoeur, désormais oubliée, à l'égard des Romains, et le rang important qu'elle occupe désormais à Rome et dans nombre de cités voisines. (6,17-64)
Une seconde déesse, Hébé (Iuventas à Rome), avec une certaine déférence à l'égard de sa mère Junon, fait valoir son titre à donner son nom au mois. Elle compare à la gloire de sa mère cet honneur, le seul qu'elle possède, rappelle la dette des Romains à l'égard de son époux Hercule, et évoque enfin la répartition romuléenne des citoyens en Iuniores et Maiores. (6,65-88).
Concordia propose alors une troisième explication, prétendant que "Juin" vient de iungere, ce qui commémore la fusion des Romains de Romulus et des Sabins de Tatius. Ovide renonce à choisir entre ces trois explications. (6,89-100)
Célébration de Carna et autres rites liés au 1er juin (6,101-196)
Le 1er juin est consacré à Carna, déesse du gond. Selon Ovide, Carna (ou mieux Craniè) est une nymphe (née du dieu Helernus), assez comparable à Diane-Phébé-Artémis. Fort courtisée, elle rusait pour décourager ses prétendants, mais ne put échapper à Janus qui lui enleva sa virginité, et en compensation la préposa aux gonds, lui confiant le pouvoir de protéger les portes, en la dotant d'une branche d'aubépine. (6,101-130)Un second récit raconte que des Striges, oiseaux voraces, avaient commencé à sucer le sang du nourrisson Procas. Craniè, appelée à l'aide par la nourrice, sauva l'enfant par des gestes rituels, le sacrifice d'un goret substitué à l'enfant, des formules et des interdictions ; elle le protégea des oiseaux maléfiques, en déposant la branche d'aubépine près de l'entrée de sa chambre, manifestant ainsi son pouvoir. (6,131-168)
Enfin, une coutume consistant à manger du lard avec un mélange de fèves et de farine d'épeautre atteste l'ancienneté et la simplicité de Carna, restée étrangère au goût de luxe contemporain. (6,169-182)
Le 1er juin, on célèbre aussi la dédicace de plusieurs temples : à Junon Moneta, à Mars, à Tempestas, et on assiste au lever de la Constellation de l'Aigle. (6,183-196)
Les fêtes du 2 au 8 juin (6,197-248)
Après le lever des Hyades, le 2 juin, vient la commémoration de la dédicace du temple de Bellone, le 3 juin, suivie le 4 de celle du temple d'Hercule Gardien, pour lequel intervint Sylla. Le 5 juin (Nones) est consacré à Semo-Sancus-Fidius, divinité liée aux Sabins, et disposant d'un sanctuaire sur le Quirinal. (6,197-218)Préoccupé de marier sa fille chérie, Ovide signale que la période de juin propice aux mariages commence seulement après les Ides, après la purification du sanctuaire de Vesta et quand sont levés les divers interdits frappant la Flaminica Dialis, qui informe personnellement notre poète. (6,219-234)
Les 7 et 8 juin voient respectivement la célébration de la fête des pêcheurs et de la dédicace du sanctuaire à Mens, lié au souvenir de la guerre contre Hannibal. (6,235-248)
Premières précisions sur Vesta et son culte (6,249-304)
Abordant les Vestalia, Ovide invoque la déesse Vesta, qui sans se laisser apercevoir, lui permet de connaître diverses informations relatives à sa personnalité et à son culte. (6,249-256)En premier lieu, le poète fait remonter à Numa la construction du temple de Vesta. Après avoir évoqué la simplicité de la première construction, il explique pourquoi de tout temps ce temple a eu une forme ronde : Vesta est assimilable à la Terre, qui contient en elle un feu perpétuel, est ronde et occupe le centre de l'univers, comme en témoigne une uvre d'art de Syracuse. (6,257-282)
Nous apprenons ensuite que les prêtresses de Vesta sont des vierges, pour la raison que Vesta elle-même, à la différence de ses soeurs Junon et Cérès, est toujours restée vierge, immatérielle comme la flamme, et se plaisant naturellement avec des vierges. (6,283-294)
Viennent ensuite d'autres détails concernant la déesse et son culte : l'absence d'effigie de la déesse et la présence du feu perpétuel à l'intérieur du temple rond ; diverses explications sont proposées, basées sur des étymologies rapprochant Vesta de la terre et du feu. (6,295-304)
Vesta, maîtresse des foyers, liée à la fête des ânes et des meuniers (6,305-394)
Certains rituels en l'honneur de Vesta, "maîtresse des foyers", se déroulent autour du foyer : on lui offre des mets sur une patelle. C'est aussi la fête des boulangers, des meuniers et des ânes : on pare ceux-ci de colliers de pains et de couronnes ; on couvre les meules de guirlandes de fleurs. (6,305-318)L'allusion à une fête des ânes est le prétexte d'une anecdote légère, montrant Priape trahi par un âne qui se mit à braire au moment où il cherchait à abuser de Vesta endormie. C'est en reconnaissance pour ce geste salvateur de l'âne que lors des Vestalia on pare ces animaux et on laisse les meuniers se reposer. (6,319-348)
Enfin, pour rattacher à Vesta le culte de Jupiter Pistor, Ovide imagine une assemblée des dieux, où Mars attire l'attention sur la situation critique des Romains assiégés sur le Capitole par les Gaulois. Jupiter, acquis à la cause romaine, va suggérer une ruse aux Romains. Bien qu'accablés par la famine, ils doivent, avec le concours de Vesta, faire croire, en jetant du pain sur les assaillants, qu'ils ont des vivres en surabondance. Les Gaulois désespèrent alors de réduire la place par la famine. Une fois l'ennemi parti, les Romains élèvent un autel à Jupiter Pistor. (6,349-394)
Autres coutumes, croyances ou événements liés à Vesta (6,395-468)
Un jour, lors des fêtes de Vesta, Ovide qui s'étonne de voir une matrone revenir pieds nus du temple de la déesse, apprend de la bouche d'une vieille femme que cette coutume rappelle l'époque où on pouvait difficilement circuler en chaussures dans la zone des Forums, qui n'avait pas encore été asséchée. (6,395-416)Ovide traite ensuite d'un aspect (apparemment plus connu) du culte de Vesta et qui concerne le Palladium dont l'histoire remonte à la fondation de Troie. Sorte de gage de souveraineté, cette statue miraculeuse de Pallas-Minerve resta à Troie jusqu'au jour où la déesse, écoeurée par le jugement de Pâris, se laissa enlever et emporter à Rome, où elle fut confiée à la garde de Vesta. Sauvée par l'intervention du grand pontife L. Cécilius Métellus lors d'un incendie du temple de Vesta, elle brille maintenant pour le bonheur de Rome, sous le règne de César-Auguste, sous la sauvegarde des Vestales, respectueuses de leur voeu de chasteté et fidèles à Vesta (= Tellus). (6,417-460)
Enfin, la date du 9 juin est aussi l'occasion de commémorer deux événements contrastés, le succès de Brutus sur les Gallaeci en Espagne et la défaite de Crassus sur l'Euphrate, désastre heureusement réparé par Auguste. (6,461-468)
Les Matralia : origine, légendes et rites liés à Ino/Mater Matuta (6,469-568)
Après le lever du Dauphin, le 10 juin, les Matrones célèbrent, le 11 juin, la fête des Matralia en l'honneur de Mater Matuta. Ovide invoque l'aide de Bacchus, pour comprendre les particularités rituelles liées au culte de cette divinité qu'il assimile à Ino et à laquelle le roi Servius Tullius dédia un temple au Forum Boarium. (6,469-484)Ino, à la mort de sa soeur Sémélé, avait recueilli et nourri le bébé Dionysos. Son époux Athamas, rendu fou par Héra, avait tué un de leurs deux enfants Léarque. Ino alors s'enfuit avec leur second fils Mélicerte et du haut d'un rocher se précipita dans les eaux de l'Isthme de Corinthe. La mère et l'enfant furent recueillis par les Néréides et parvinrent à l'embouchure du Tibre, abordant ainsi au royaume d'Évandre. Les Bacchantes latines, poussées par Héra, ayant cherché à lui arracher Mélicerte, Ino cria à l'aide, en invoquant les dieux du lieu. Hercule, l'hôte d'Évandre, vint la secourir et mit les Bacchantes en fuite. (6,485-526)
Ino fut accueillie en hôte par Carmenta, qui lui offrit de simples galettes, ce qui expliquerait qu'on offre des galettes à la déesse lors des Matralia ; ensuite la prophétesse annonça à Ino et Mélicerte la fin de leurs épreuves, leur nouveau statut de divinités marines, et leurs nouveaux noms : Ino et Mélicerte seront respectivement Matuta et Portunus à Rome, Leucothée et Palémon en Grèce. (6,527-550)
Enfin, Ovide explique l'interdiction faite aux esclaves de participer aux Matralia, puis signale que Matuta ne doit pas être invoquée par une mère pour ses propres enfants, avant de mentionner, à cette même date du 11 juin, la commémoration de deux défaites romaines au cours de la guerre sociale. (6,551-568)
Un temple à Fortuna, dédié le 11 juin au Forum Boarium par Servius Tullius, recèle une statue du roi dissimulée sous des toges. À son habitude, Ovide propose d'abord deux explications, qui ne semblent pas emporter son adhésion. Soit Fortuna, honteuse de la liaison qu'elle eut avec le roi, un simple mortel, veut dissimuler son effigie en la voilant ; soit, on aurait soustrait la statue aux regards, pour atténuer les manifestations de deuil du peuple affecté par la mort du roi. (6,569-584)Puis Ovide propose de cette coutume une troisième explication liée à la mort de Servius Tullius, dont le cadavre fut outragé par sa fille Tullia ; celle-ci avait même osé pénétrer dans le temple où la statue du roi se serait voilé la face, refusant de voir son abominable fille. Telle serait l'origine de l'interdiction de dévoiler cette statue. (6,585-624)
Ovide rappelle enfin que cette statue avait été sauvée lors d'un incendie du temple, parce que Servius Tullius, né miraculeusement de l'union d'une captive de la reine Tanaquil avec un membre viril apparu dans le foyer royal, n'était autre que le fils de Vulcain, le dieu du feu, qui manifesta sa paternité par l'apparition d'un prodige. (6,625-636)
Le même jour on commémore la dédicace d'un temple à Concorde, élevé par Livie, en témoignage de la concorde qui régnait entre elle et Auguste. Ce sanctuaire était voisin du Portique de Livie, sur l'ancien emplacement d'une vaste demeure léguée à Auguste. (6,637-648)
Si le 12 juin ne retient pas l'attention, le jour des Ides, le 13, qui rappelle la dédicace d'un temple à Jupiter l'Invincible, est surtout marqué par la célébration des Petites Quinquatries, en l'honneur de Minerve, qu' Ovide interroge sur la signification de la procession des joueurs de flûte qui marque sa fête. (6,649-656)Selon le récit de la déesse, un jour les joueurs de flûte, qui avaient toujours été très en honneur à Rome, se virent imposer des restrictions. Mécontents, ils choisirent de s'exiler à Tibur. Comme leur absence était mal ressentie, les Romains imaginèrent un stratagème pour les y ramener à leur insu, en les saoûlant et en les hissant dans un chariot, puis en les déguisant sous des masques et des vêtements de femmes. Ainsi s'expliquerait la procession des joueurs de flûte, qui déambulent masqués et déguisés, le 13 juin. (6,657-692)
Minerve instruit encore le poète sur le nom de ces Quinquatries, en les rapprochant des Quinquatries du mois de Mars, qui la célèbrent comme protectrice des artisans, et en rappelant la légende selon laquelle elle a inventé aussi l'art de la flûte, l'instrument utilisé lors de cette fête. (6,693-710)
Du 15 au 20 juin (6,711-762)
Concernant la période du 15 au 19 juin, Ovide énumère sans s'y attarder diverses choses : phénomènes astronomiques ou atmosphériques, coutumes ou rituels, commémoration de bataille. (6,711-728)Le 20 juin rappelle d'abord la fondation d'un temple à Summanus, au temps de la guerre contre Pyrrhus, et ensuite, le lever du Serpentaire, alias Esculape. Ovide à cette occasion rappelle la légende d'Hippolyte qui, calomnié par Phèdre et maudit par son père Thésée, périt dans des conditions atroces ; Esculape ressuscita ce dévôt d'Artémis-Diane, qui sous le nom de Virbius poursuivit sa vie en Italie, sous la protection de Diane. Toutefois cette résurrection d'Hippolyte valut à Esculape d'être foudroyé par Jupiter, avant d'être divinisé, métamorphosé en astre. (6,729-762)
Du 22 au 30 juin (6,763-812)
Les 21 et 22 juin, on commémore des anniversaires : défaite romaine de Trasimène, victoires romaines sur Syphax et sur Hasdrubal. (6,763-770)Le 24 juin, jour de fête populaire en l'honneur de Fors Fortuna, est l'anniversaire de la dédicace de deux temples élevés sur la rive droite du Tibre par le roi Servius Tullius, plébéien ou même esclave d'origine. (6,771-784)
Du 25 au 29 juin, on peut assister au lever d'Orion, au solstice d'été, à la commémoration de diverses dédicaces de temples : aux Lares, à Jupiter Stator sur le Palatin, et à Quirinus. (6,785-796)
Enfin, parvenu au 30 juin, anniversaire de la restauration du temple d'Hercule et des Muses, Ovide met dans la bouche de Clio un habile compliment à la famille impériale. (6,797-812)
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