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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
L. Ses adultères à Rome
(1) Une opinion bien
établie, c'est qu'il était
très porté aux plaisirs de l'amour,
et n'y épargnait pas la dépense. Il
séduisit un
très grand
nombre de femmes du premier rang, telles que
Postumia, femme de Servius
Sulpicius;
Lollia,
femme d'Aulus
Gabinius; et
Tertulla,
femme de Marcus
Crassus. On
cite aussi Mucia,
femme de Cn.
Pompée. (2) Ce qu'il y a de
certain, c'est que les Curions
père et fils,
et beaucoup d'autres, reprochèrent à
Pompée "d'avoir, dans l'intérêt
de son ambition, épousé la fille de
celui pour qui il avait répudié une
femme qui lui avait donné trois
enfants; de
celui que, dans l'amertume de ses regrets, il avait
coutume d'appeler un autre
Égisthe." (3) Mais il n'aima
aucune femme autant que Servilia,
mère de Marcus Brutus. Il lui donna, pendant
son premier
consulat, une
perle qui lui avait coûté six millions
de sesterces; et, à l'époque des
guerres civiles, outre les riches présents
dont il la combla, il lui fit
adjuger
à vil prix
d'immenses
domaines, vendus alors aux enchères. Or,
comme on s'étonnait de ce bon marché,
Cicéron répondit fort
plaisamment: "Il est d'autant meilleur qu'on a fait
déduction
du tiers."
On soupçonnait en effet
Servilia de favoriser elle-même un commerce
d'amour entre sa fille Tertia et
César. (1)
Pronum et sumptuosum in libidines fuisse constans
opinio est, plurimasque et illustres feminas
corrupisse, in quibus Postumiam Serui Sulpici,
Lolliam Auli Gabini, Tertullam Marci Crassi, etiam
Cn. Pompei Muciam. (2)
Nam certe Pompeio et a Curionibus patre et filio et
a multis exprobratum est, quod cuius causa post
tres liberos exegisset uxorem et quem gemens
Aegisthum appellare consuesset, eius postea filiam
potentiae cupiditate in matrimonium
recepisset. (3)
Sed ante alias dilexit Marci Bruti matrem
Seruiliam, cui et proximo suo consulatu sexagiens
sestertium margaritam mercatus est et bello ciuili
super alias donationes amplissima praedia ex
auctionibus hastae minimo addixit; cum quidem
plerisque uilitatem mirantibus facetissime Cicero:
"quo melius," inquit, "emptum sciatis, tertia
deducta"; existimabatur enim Seruilia etiam filiam
suam Tertiam Caesari conciliare.
CommentaireLollia : pourrait être la fille de M. Lollius Palicanus, tribun de la plèbe en 71.
Gabinius : tribun de la plèbe en 67, il est l'auteur de la loi conférant des pouvoirs illimités à Pompée pour la lutte contre les pirates. Il devient consul en 58 puis passera dans le camp de César en 49. Il meurt au début de l'année 47.
Tertulla : dans une lettre de 54 adressée à Crassus (ad Fam., V, 8, 2), Cicéron la définit comme une femme supérieure à toutes les autres (praestantissima omnium feminarum).
Mucia : troisième épouse de Pompée, celle avec laquelle il a vécu le plus longtemps, de 79 à 62. Cf. Sh. P. Haley, The Five Wives of Pompey the Great, dans Greece and Rome, 32, 1985, p.49-59.
Curions, père et fils : pour le père, cf. ch.9; pour le fils, ch. 29.
Trois enfants : Mucia est la seule épouse de Pompée à lui avoir donné des enfants qui ont survécu, Gnaeus et Sextus Pompée et Pompeia.
Autre Égisthe : César, amant de Mucia, se comporte comme Égisthe qui réussit à séduire Clytemnestre en l'absence d'Agamemnon, parti pour Troie.
Servilia : née vers 100 a.C., fille de Q. Servilius Caepio. Elle épouse, vers 85, M. Iunius Brutus et donne naissance au futur meurtrier de César. Elle conclut un second mariage avec D. Iunius Silanus, consul en 62 et qui meurt peu de temps après.
Déduction du tiers : jeu de mot peu compréhensible à propos de Tertia, la fille de Servilia. Ce bon mot de Cicéron se retrouve également chez Macrobe, Saturnales, II, 2, 5.