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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XXIX. Ses mesures contre ces attaques
(1)
Ébranlé par ces attaques, et
persuadé, comme il le disait souvent, qu'il
serait plus difficile, quand l'État l'aurait
pour chef, de le faire descendre du premier rang au
second, que du second jusqu'au dernier, il
résista de tout son pouvoir à
Marcellus, et lui opposa,
tantôt
le veto
des
tribuns,
tantôt l'intervention
de
Servius
Sulpicius,
l'autre consul. (3)
L'année
suivante
encore, comme
Gaius
Marcellus,
qui avait succédé, dans le consulat,
à son cousin germain Marcus,
suivait la même politique que lui,
César s'assura, au prix d'immenses
largesses, le concours de son collègue
Paul-Émile
et de Gaius
Curion, le
plus violent des tribuns. (3) Mais rencontrant
partout une résistance obstinée, et
voyant que les consuls
désignés
étaient aussi contre lui, il écrivit
au sénat, pour le conjurer de ne pas lui
enlever
une faveur
accordée par le
peuple,
ou du moins
d'ordonner que les autres généraux
quittassent aussi leurs armées. Il se
flattait, à ce que l'on croit, de rassembler
ses vétérans, dès qu'il le
voudrait, plus aisément que Pompée ne
réunirait de nouveaux soldats. (4) Il offrit
néanmoins à ses adversaires de
renvoyer huit
légions,
de quitter la Gaule Transalpine, et de garder la
Cisalpine avec deux légions, ou même
l'Illyrie avec une seule, jusqu'à ce qu'il
fût créé
consul. (1)
Commotus his Caesar ac iudicans, quod saepe ex eo
auditum ferunt, difficilius se principem ciuitatis
a primo ordine in secundum quam ex secundo in
nouissimum detrudi, summa ope restitit, partim per
intercessores tribunos, partim per Seruium
Sulpicium alterum consulem. (2)
Insequenti quoque anno Gaio Marcello, qui fratri
patrueli suo Marco in consulatu successerat, eadem
temptante collegam eius Aemilium Paulum Gaiumque
Curionem uiolentissimum tribunorum ingenti mercede
defensores parauit. (3)
Sed cum obstinatius omnia agi uideret et designatos
etiam consules e parte diuersa, senatum litteris
deprecatus est, ne sibi beneficium populi
adimeretur, aut ut ceteri quoque imperatores ab
exercitibus discederent; confisus, ut putant,
facilius se, simul atque libuisset, ueteranos
conuocaturum quam Pompeium nouos
milites. (4)
Cum aduersariis autem pepigit, ut dimissis octo
legionibus Transalpinaque Gallia duae sibi legiones
et Cisalpina prouincia uel etiam una legio cum
Illyrico concederetur, quoad consul
fieret.
CommentaireVeto des tribuns : cf. ch.11. Dans une lettre à Cicéron (ad Fam., VIII, 8, 6-7), M. Caelius Rufus transcrit le texte de deux sénatus-consultes de 51 défavorables à César et qui ont suscité l'opposition des tribuns C. Caelius, L. Vinicius, C. Vibius Pansa.et P. Cornelius
Servius Sulpicius Rufus : éminent juriste et ami de Cicéron.
L'année suivante : an 50 a.C.n.
Lucius Aemilius Paulus : frère du futur triumvir Lépide. Édile curule en 55, il se couvre de dettes à l'occasion de la restauration de la Basilica Aemilia. Préteur en 53, il accède au consulat en 50. César aurait obtenu son appui en lui versant l'énorme somme de 1500 talents (Plutarque, Pompée, 58, 1-2).
C. Scribonius Curio : fils du consul de l'année 76 (cf. ci-dessus, ch. 9, 2. Tribun en 50, Curion, jusque là hostile à César, se serait rallié à celui-ci après avoir reçu, lui aussi, une très grosse somme d'argent (Plutarque, Pompée, 58, 1-2)..
Consuls désignés : C. Claudius Marcellus, frère du consul de 51 et chaud partisan de Pompée ; L. Cornelius Lentulus, préteur en 58, personnage ambitieux et criblé de dettes selon César (Guerre civile, I, 4, 2).
Faveur accordée par le peuple : allusion à la « loi des dix tribuns » (cf. ch.26)
Huit légions : cf.ch.24.
Créé consul : le but de César est d'éviter qu'il y ait un intervalle entre la fin de son imperium et sa désignation comme consul parce que, pendant cette période, ses ennemis pourraient le traduire en justice. Cf. ch.30