Bibliotheca Classica Selecta - Traductions françaises - Fastes d'Ovide (Introduction) - Livre I (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page suivante

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


OVIDE, FASTES I - JANVIER


INTRODUCTION (1,1-62)


 Dédicace et objet de l'œuvre (1,1-26)

L'objet d'Ovide dans les Fastes est le calendrier, c'est-à-dire la description et l'explication des fêtes et des rituels anciens de la religion romaine ; l'évocation du mouvement des astres et des constellations ; la mention des fêtes nouvelles liées à la famille d'Auguste. Ovide dédie son oeuvre à Germanicus, dont il implore bienveillance et protection. (1,1-26)

1, 1

Je chanterai les fêtes qui jalonnent l'année latine, leurs origines,

   et les constellations qui se lèvent et se couchent sous la terre.

César Germanicus, reçois mon oeuvre d'un air serein

   et dirige la course de mon timide navire.

1, 5

Sans dédain pour mon humble hommage, accorde la faveur

   de ton pouvoir divin à cet ouvrage que je te dédie ici.

Tu reconnaîtras les rites sacrés tirés des annales anciennes,

   la raison qui valut aux différents jours leur mention.

Tu y trouveras aussi les fêtes de votre famille : souvent,

1, 10

   tu pourras y lire le nom de ton père, et celui de ton aïeul.

Et leurs honneurs, signalés en couleur dans les Fastes ;

   toi-même et ton frère Drusus, vous les mériterez aussi.

Que d'autres chantent les exploits de César ; moi je chanterai les autels,

   et tous les jours que l'illustre César a ajoutés aux fêtes sacrées.

1, 15

Soutiens mes efforts pour chanter les louanges des tiens,

   et chasse de mon coeur les craintes qui l'épouvantent.

Donne-moi ton indulgence ; ainsi tu donneras force à mon chant :

   mon génie s'affermit et s'affaisse selon les variations de ton visage.

Les pages qui vont être soumises au jugement d'un prince cultivé

1, 20

   tremblent comme un message que devrait lire le dieu de Claros.

Nous avons perçu l'éloquence sortant de sa docte bouche

   lorsqu'il usa des armes du citoyen en faveur d'accusés alarmés.

Nous savons aussi, lorsque ton élan se porte vers nos arts,

   les fleuves immenses qui coulent de ton inspiration.

1, 25

Si les hommes, si les dieux le permettent, ô poète, guide un poète ;

   que, sous tes auspices, l'année tout entière se déroule dans le bonheur.

 


Généralités sur le calendrier (1,27-62)

Les années de Romulus et Numa (1,27-44)

Romulus institua une année de 10 mois : ignorant l'astronomie, il se basait sur la durée de gestation d'un enfant, et sur celle du deuil d'une veuve. (1,27-36)

Il dédia le premier mois, mars, à Mars, son père ; le second, avril, à Vénus, mère d'Énée, l'ancêtre de Romulus ; mai était le mois des aînés ; juin, celui des jeunes gens ; les autres mois tiraient leur nom de leur numéro d'ordre dans l'année (1,37-42). Numa fit précéder ces 10 mois de janvier, le mois de Janus, et de février, le mois des défunts. (1,43-44)

 

Lorsque le fondateur de la Ville organisait le calendrier,

  il décida que son année compterait deux fois cinq mois.

Certes, Romulus, tu connaissais les armes mieux que les étoiles,

1, 30

   et ton souci majeur était de vaincre tes voisins.

Pourtant, César, la raison qui l'a poussé existe bel et bien

   et lui fournit de quoi justifier son erreur.

Il décida que le temps mis par un nourrisson pour sortir

   du ventre maternel était le temps suffisant à une année.

1, 35

Pendant ce nombre de mois, une épouse, dans sa maison de veuve,

   arbore les signes de deuil après les funérailles de son époux.

Cela en effet n'échappa pas à la vigilance de Quirinus, vêtu de la trabée,

   lorsqu'il réglementait l'année pour des populations frustres.

 Le premier mois appartenait à Mars, le second à Vénus :

1, 40

   celle-ci était la première de sa lignée et l'autre était son propre père.

Le troisième mois tire son nom des aînés, le quatrième des jeunes,

   les mois qui suivaient furent notés d'après leur numéro d'ordre.

Numa, pour sa part, ne négligea ni Janus ni les ombres des aïeux

    et en tête des anciens mois, il en plaça deux nouveaux.

Les jours et leur statut (1,45-62)

Les jours n'ont pas tous un même statut juridique ; ils sont marqués par des obligations et des interdits divers (jours fastes et néfastes, jours d'assemblées et de marchés, jours des Calendes, Ides et Nones, jours de mauvais présage), dont il importe de tenir compte, et qui s'appliquent à l'ensemble des mois de l'année. (1,45-62)

1, 45

Cependant, tu ne dois pas ignorer les droits des différents jours :

  chaque apparition de Lucifer ne comporte pas les mêmes obligations.

'Néfaste' sera le jour où l'on ne prononce pas les trois paroles ;

   'faste', celui où l'on peut agir en justice.

Et ne va pas penser que ces règles persistent durant toute une journée :

1, 50

   tel jour deviendra 'faste', qui le matin était 'néfaste' ;

car une fois la fressure offerte au dieu, toute parole peut être prononcée,

   et le préteur en charge a la liberté d'énoncer sa sentence.

Il y a aussi le jour où il est permis d'assembler le peuple dans des enclos ;

   et il y a celui qui revient régulièrement tous les neuf jours.

1, 55

En Ausonie, le culte de Junon revendique les Calendes ;

   aux Ides, on immole à Jupiter une agnelle blanche de grande taille ;

les Nones sont privées de la tutelle d'un dieu. De tous ces jours,

   (veille à ne pas te tromper), le lendemain sera noir.

Cet auspice funeste découle des circonstances : car, au cours de jours tels,

1, 60

   Rome a essuyé de graves dommages, Mars s'étant montré hostile.

J'ai relevé une fois pour toutes, pour éviter de couper mon exposé,

    ces traits, qui concernent les Fastes dans leur ensemble.

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 NOTES (1, 1-62)

constellations (1,2). Le ciel présente quelque 2000 étoiles visibles à l'oeil nu : elles ont été arbitrairement regroupées en ce qu'on appelle des constellations (groupes d'étoiles). On en compte aujourd'hui 88. Leurs noms sont majoritairement empruntés, dans l'hémisphère nord, à la mythologie gréco-romaine, dans l'hémisphère sud à des lieux, objets ou animaux familiers aux navigateurs qui les découvraient. Douze d'entre elles, situées dans le plan de l'écliptique, sont traversées par le Soleil au cours de sa révolution annuelle. Ce sont les signes du zodiaque. Dans sa présentation des jours du calendrier, Ovide va régulièrement évoquer des données astronomiques : soit l'entrée du Soleil dans tel signe zodical ; soit la date où telle constellation ou telle étoile apparaît au-dessus de l'horizon (c'est son lever) ou disparaît sous l'horizon (c'est son coucher). En fait, les spécialistes ont montré que les connaissances du poète dans ces matières étaient relativement faibles. Il ne faut donc pas se fier aux renseignements qu'il donne. Les lecteurs intéressés par les constellations trouveront des renseignements plus précis et des illustrations sur le site Observational Astronomy de David Haworth et sur celui des Chevaliers du Zodiaque, auxquels nous renverrons à l'occasion.

César Germanicus (1,3). Ce Germanicus (15 a.C.-19 p.C.) était le fils de Drusus l'aîné (frère de Tibère) et d'Antonia minor. En 4 p.C.n., son oncle Tibère l'avait adopté, et comme Tibère avait été lui-même adopté par Auguste, Germanicus se trouvait donc bien placé dans la ligne de succession au trône impérial. Il avait épousé Vipsania Agrippina (= Agrippine l'Aînée), fille de Vipsanius Agrippa (ami et adjoint d'Auguste) et de Julie (fille d'Auguste). Comme son père naturel, Drusus, il avait mené des guerres victorieuses contre les Germains (14-16 p.C.). C'était un chef admiré et populaire, qu'on comparait communément à Alexandre le Grand. Sa mort dans des circonstances douteuses fut péniblement ressentie par les Romains. Parmi ses neuf enfants figurent le futur empereur Caligula et Julia Agrippina (= Agrippine la Jeune), mère de Néron. Il semble avoir eu du goût pour la littérature : il aurait écrit des comédies en grec, toutes perdues, mais on a conservé de lui quelques épigrammes ainsi que des fragments des Aratea, une traduction en latin des Phénomènes d'Aratus, poète grec du IIIe siècle p.C. Il sera question plus loin de son oeuvre ; cfr 1, 19 ; 1, 22-24.

reçois mon oeuvre (1,3). Germanicus Iulius Caesar est donc le dédicataire des Fastes. À l'origine, l'oeuvre aurait été dédiée à Auguste, mais à la mort de cet empereur, Ovide aurait réécrit le prologue initial qu'il aurait rejeté au début de 2, 3-18 ; peut-être aurait-il également retouché plusieurs passages du livre I (notamment 1, 63-70 ; 1, 283-288 ; 1, 645-650), afin d'y introduire des allusions flatteuses à Germanicus et à Tibère. Ovide pensait en effet que Germanicus pourrait l'aider à rentrer en grâce.

pouvoir divin (1,6). Ovide "n'hésite pas à diviniser Germanicus, qui lui tient lieu de Muse inspiratrice (1,17-26)" (H. Le Bonniec).

annales anciennes (1,7). L'expression désigne probablement, d'une manière générique, les sources anciennes utilisées par Ovide. Il ne s'agit pas nécessairement des Annales des pontifes.

les fêtes de votre famille (1,9). Les calendriers romains signalaient, non seulement les solennités traditionnelles, dont certaines pouvaient être très anciennes, mais aussi les fêtes propres à la maison impériale.

ton père (1,10). Tibère était le père adoptif de Germanicus. Ainsi, certains calendriers, à la date du 10 octobre, commémoraient la désignation de Tibère comme grand pontife.

ton aïeul (1,10). Auguste était le grand-père adoptif de Germanicus. Ainsi, par exemple, l'octroi en 2 a.C. du titre de "père de la patrie" à Auguste, alors âgé de 60 ans, était inscrite dans les calendriers aux Nones de février.

en couleur (1,11). "Les fastes, manuscrits ou gravés sur pierre, étaient ornés de lettres rouges, ainsi le calendrier préjulien d'Actium" (H. Le Bonniec).

Drusus (1,12). Drusus le jeune, fils de Tibère. Germanicus était, on l'a dit plus haut, le fils de Drusus l'aîné, frère de Tibère. Germanicus, adopté par Tibère, est devenu le frère de Drusus le jeune.

César (1,13). Il s'agit ici non pas de Germanicus, mais d'Auguste, à qui les Fastes avaient été primitivement dédiés. Tout comme Horace, Properce et Tibulle, Ovide n'entend pas célébrer les exploits militaires d'Auguste. Il se contentera de chanter ses réalisations religieuses, qu'il s'agisse de tous les temples (les "autels") que l'empereur a restaurés ou consacrés, ou de tous les jours de fête qu'il a ajoutés au calendrier.

prince cultivé (1,19). On a évoqué plus haut l'activité littéraire de Germanicus ; il avait aussi la réputation d'être un brillant orateur (Suétone, Caligula, 3, 1 et 4 ; Tacite, Annales, 2, 83, 5). Cfr aussi 1, 22-24.

dieu de Claros (1,20). Apollon avait un temple et un oracle à Claros, en Asie Mineure. La périphrase désigne ici le dieu de la poésie. Le poète est censé trembler comme s'il soumettait son oeuvre au dieu de la poésie lui-même.

armes du citoyen (1,22). Allusion au talent d'orateur de Germanicus.

fondateur de la Ville (1,27). Romulus. Si l'on en croit la tradition (par exemple Macrobe, Saturnales, 1, 12, 38), l'année de Romulus comportait dix mois et 304 jours : 31 jours pour mars, mai, juillet, octobre ; 30 jours pour avril, juin, août, septembre, novembre, décembre. Pareil total est curieux car il ne correspond ni aux phases de la lune ni à la révolution du soleil. Peut-être s'agit-il d'une forme de calendrier (attestée chez certains autres peuples primitifs) où l'on ne compte que les mois où on travaille aux champs, le repos de l'hiver (2 mois) n'entrant pas en considération. Peut-être aussi s'agit-il d'un calendrier couvrant toute l'année, de printemps à printemps, mais comportant dix divisions ("mois") de durée irrégulière (jusqu'à 39 jours). On ne sait rien avec certitude. Il est même possible que cette année romuléenne soit une pure invention de la tradition.

César (1,31). Le terme peut s'appliquer aussi bien à Germanicus qu'à Auguste.

ventre maternel (1,33). Nombre de textes grecs et latins (p. ex. Virgile, Bucoliques, 4, 61) attribuent dix mois à la grossesse. Il s'agit sans doute de dix périodes menstruelles, dix mois lunaires en quelque sorte, correspondant grossièrement à neuf mois solaires. Cfr aussi 2, 447, 5, 534.

après les funérailles (1,35-36). D'après la législation de Numa (Plutarque, Numa, 12, 3), le veuvage des femmes durait dix mois. Cette durée est évidemment en rapport avec les dix mois attribués à la grossesse.

Quirinus, vêtu de la trabée (1,37). La trabée est le manteau blanc à bandes de pourpre qu'étaient censés porter les rois. Quirinus désigne Romulus. Le premier roi de Rome, en effet, une fois mort, sera assimilé à l'ancienne divinité qu'était Quirinus (cfr par exemple 2, 499-509 ; Plutarque, Romulus, 28 et 29). Sur la trabée, voir aussi 6, 375 et 6, 796.

premier (1,39-44). Jusqu'au milieu du IIe siècle a.C., l'ancien calendrier romain commençait en mars ; il était consacré au dieu de la guerre, qui était le père de Romulus (cfr 3, 73-78 ; et 3, 135-150).

second (1,39). Avril était consacré à Vénus (cfr 4, 13-14). Le latin Aprilis semble remonter à l'étrusque apru, emprunté au grec Aphrô diminutif de Aphrodite, la Vénus latine. Vénus, mère d'Énée, est aussi la mère de tous les Romains, qui sont les Énéades. Elle est donc à l'origine de la lignée de Romulus.

troisième (1,41). L'étymologie de Maius (= mai) était discutée dans l'antiquité. Ainsi en 5, 1-110, Ovide met en scène les Muses, lesquelles, pour expliquer le nom du mois, invoquent qui maiestas, qui maiores (= les aînés), qui Maia (= mère de Mercure). Les modernes croient généralement que le mois tire son nom de Maia, une divinité italique, identifiée par les Romains à la mère d'Hermès-Mercure.

quatrième (1,41). Dans le prologue de 6, 1-100, Ovide imagine un débat entre trois déesses, Junon, Hébé et Concorde sur l'étymologie du mois de juin : le nom du mois viendrait soit de Iuno (Junon), soit de iuuenes (= les jeunes), soit de iuncti populi (littéralement "les peuples réunis", en l'espèce l'union des Romains et des Sabins). Dans le prologue du 6, Ovide ne veut pas trancher ; ici il se prononce pour iuuenes. Les modernes lient le nom du mois à celui de Junon.

numéro d'ordre (1,42). Les mois suivants, Quintilis, Sextilis, September, October, Nouember, December, tiraient effectivement leur nom de leur numéro d'ordre dans l'ancienne année : le cinquième, le sixième, le septième, le huitième, le neuvième et le dixième. En 44 a.C., Quintilis (le cinquième) deviendra Iulius (juillet) en l'honneur de Jules César (cfr 3, 149) ; et en 8 a.C., Sextilis (le sixième) deviendra Augustus (août) en l'honneur de l'empereur Auguste.

Numa (1,43-44). Le second roi de Rome est censé avoir transformé l'année romuléenne primitive de dix mois, par l'adjonction de deux mois (janvier et février) qu'Ovide place ici en tête de l'année, en contradiction avec 2, 47-54, où février est présenté comme le dernier mois. Ianuarius est le mois de Janus, considéré ici comme le dieu des commencements, celui qui "ouvre" l'année. Februarius apparaît ici comme le mois des défunts. En 2, 19, Ovide met le nom du mois en rapport avec le mot februa, qui veut dire en latin "instruments de purification" : ce serait le mois des purifications.

Lucifer (1,46). La planète de Vénus ou l'étoile du matin, souvent synonyme de dies (le jour). Cfr 2, 149 ; 5, 548 ; 6, 474.

Néfaste... faste... (1,47-50). Ce sont deux des adjectifs définissant à Rome la "couleur religieuse" des jours. Les jours néfastes (marqués N dans les calendriers) sont réservés aux dieux et (en principe) il n'est pas permis de s'y livrer aux activités profanes. À l'inverse, les jours fastes (marqués F dans les calendriers) sont réservés aux hommes et à leurs activités. Pour les savants modernes, ces adjectifs sont construits sur le mot latin fas, qui désigne le droit divin, le droit religieux (le terme ius désigne, lui, le droit humain). Les anciens, pour leur part, les mettaient en rapport avec le verbe fari, qui veut dire "parler", et avec les "trois paroles" résumant l'activité judiciaire du préteur, à savoir do (= j'attribue un juge), dico (= je déclare le droit) et addico (= je confirme la volonté des parties). Peu importe ici les détails, assez complexes, de la procédure judiciaire à laquelle il est fait ici allusion ; le fait est qu'elle n'était autorisée que les jours fastes.

durant toute une journée (1,49). Certains jours comportaient une partie faste et une partie néfaste. Ainsi trois d'entre eux étaient d'abord néfastes, puis, une fois accomplie la cérémonie religieuse, ils devenaient fastes ; la situation de huit autres jours étaient encore plus compliquée : ils étaient "coupés en trois", à savoir néfastes le matin et le soir pendant les cérémonies religieuses, fastes dans l'intervalle. Ovide ne semble s'occuper ici que du premier groupe.

fressure (1,51). Par le terme de "fressure" (exta en latin), Ovide veut désigner le sacrifice religieux dans son ensemble en évoquant une de ses caractéristiques. Il faut savoir en effet que le rituel romain du sacrifice distingue les exta, ou "fressure" (coeur, foie, poumons, vésicule biliaire, bref les organes réputés siège de la vie), des uiscera, ou "chairs" (au sens technique du terme, ce qui se trouve entre la peau et les os). Les exta ainsi que le sang forment la part consacrée, réservée aux dieux ; l'officiant et les assistants ont droit à la consommation des chairs ; c'est la part profane. L'expression d'Ovide "une fois la fressure offerte au dieu" équivaut donc à "une fois le sacrifice terminé". Cfr aussi (entre autres) 2, 373 ; 2, 712 ; 4, 638 ; 6, 346.

assembler le peuple (1,53). Ce sont les jours dits comitiales (marqués C dans les calendriers), où il est permis de réunir les comices, c'est-à-dire les assemblées du peuple. Ovide évoque les enclos (saepta en latin) du Champ de Mars, dans lesquels les citoyens étaient enfermés par unités de vote (les centuries, par exemple, dans le cas des comices centuriates) et d'où ils sortaient un par un pour exprimer leur vote.

les neuf jours (1,54). Dans les calendriers, l'année est divisée "en cycles de huit jours, par la succession ininterrompue des huit premières lettres de l'alphabet (de A à H)". L'une d'entre elles, fixée chaque année par les pontifes, responsables du calendrier, désigne le jour du marché (nundinae en latin), qui se tenait donc "chaque neuvième jour".

Ausonie (1,55). Ancien nom d'une partie de l'Italie, le terme en poésie désigne souvent l'Italie, voire simplement Rome. Cfr aussi 4, 290 ; 5, 587.

une agnelle blanche (1,56). Elle est appelée en latin ovis idulis (= la brebis des Ides"). Jupiter avait le patronage de cette date pivot, et ce jour-là une brebis lui était offerte par son flamine (Macrobe, Saturnales, 1, 15, 17). En 1, 588, cette brebis devient un "animal castré", ce qui pose problème.

Calendes... (1,55-57). Les Calendes, les Nones et les Ides formaient les jours pivots du mois. Aux époques lointaines où le calendrier était uniquement lunaire, les Calendes coïncidaient avec l'apparition de la nouvelle lune ; les Nones (peut-être) avec le premier quartier et les Ides avec la pleine lune. Mais cela ne dura pas. Sous la République et sous l'Empire, les Calendes tombaient toujours le premier ; les Nones, le cinquième jour (ou le septième dans les mois de 31 jours) ; les Ides, le treizième jour (ou le quinzième dans les mois de 31 jours). On calculait la date à reculons par rapport au jour pivot qui suivait, en veillant à inclure dans le calcul le point de départ et le point d'arrivée. Exemple : les Ides tombant en mars le 15, le 12 mars sera défini comme "le quatrième jour avant les Ides de mars" (on compte le 12, le 13, le 14 et le 15). "Un bon nombre de fêtes de Jupiter tombaient le jour des Ides ; même remarque pour Junon en ce qui concerne les Calendes" (H. Le Bonniec).

le lendemain sera noir (1,58). Le lendemain des Calendes, des Nones et des Ides étaient des jours "noirs", c'est-à-dire de mauvais augure. "On s'y gardait de toute entreprise nouvelle, tant publique que privée" (H. Le Bonniec). Ovide explique ici cette interdiction en évoquant - d'une manière générale et sans donner de détails - des désastres militaires qui auraient eu lieu ces jours-là.


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