Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, II

Édition : A. Borgnet (1869) ‒ Présentation nouvelle, traduction et notes de A.-M. Boxus et de J. Poucet (2021)

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DOSSIERS de lecture - D06a

 

saint servais dans la geste de Liege

 


 

Jean d'Outremeuse n'a pas seulement traité de saint Servais dans son Myreur. Sa Geste de Liège aussi consacre au saint et à ses réalisations un assez long exposé qui occupe les vers 4488 à 5073 passim, dans le Tome II, p. 549-556, de l'édition Borgnet.

Dans notre édition-traduction du texte du Myreur, nous n’avons signalé que d’une manière occasionnelle les éventuelles correspondances entre le Myreur et la Geste, en utilisant les abréviations G.L., suivies des numéros des vers. Mais nous n'avons ni envisagé ni entrepris une comparaison systématique entre le contenu des deux oeuvres. Cette question bien sûr pourrait faire l'objet d'un tout autre travail, fort intéressant d'ailleurs.

On trouvera toutefois ci-dessous un résumé des différents passages de la Geste traitant de saint Servais.

 

* v. 4488-4503 : En guise d'introduction.

 

* v. 4504-4534 : La parenté entre Jésus-Christ et sains Servais de Treit (Al vray corps Jhesucrist fut-il prochain parens, v. 4506).

 

* v. 4535-4576 : Un ange amène Servais de Jérusalem à Tongres le jour de l'élection, le présente aux participants comme leur évêque et s'en va.

 

* v. 4577-4587 : Servais fut le dixième évêque ; il régna 56 ans à Tongres avant la destruction de la ville par les Huns, puis 3 ans à Maastricht en reclus.

 

* v. 4588-4598 : Quelques problèmes linguistiques surgissent entre Servais et la population : Servais ne parle que l'hébreu, et les gens ne le comprennent pas. Mais cette difficulté est assez vite résolue. Une nuit pendant que l'évêque dort, Dieu lui apprend la langue du pays, ce qui réjouit la population.

 

* v. 4599-4607 : Évocation de la vie modèle de l'évêque et de ses miracles.

 

* v. 4608-4610 : Construction à Tongres d'une église, il mist dammes blanche, / Qui de sains Berthemeir avoient l'ordinanche.

 

* v. 4611-4630 : Chi s'enlevat la peule contre sains Servais (Titre de la laisse). Opposition marquée du peuple à saint Servais. L'évêque quitte Tongres pour s'installer à Maastricht pendant 7 ans, où il disposait du pouvoir spirituel, la temporaliteit étant a boin duc de Lotringe. Le peuple se repent et Servais revient à Tongres.

 

* v. 4631-4648 : Porus, comte de Louvain, était venu trouver saint Servais à Tongres. Servais l’avait guéri d'une maladie qui li mangoit le neis. Pour remercier Servais, le comte veut punir les Tongriens de leur conduite, mais Servais refuse la proposition de vengeance : Che sont mes gens, dist-il, bien astons acordeis.

 

* v. 4649-4668 : Pour récompenser Servais, Porus lui donne le pouvoir temporel sur Maastricht, qu'il possède par héritage (il est question de Ranfrois dus de Lotringe et du Rois Trectelus de Tongre). « À Maastricht, vous serez à l'abri, lui dit-il, se jamais de vos gens vos asteis debuteis. » Servais put bénéficier de sa proposition après la destruction de Tongres par les Huns.

 

* v. 4669-4680 : Long développement sur la fondation à Tongres par saint Servais de l'Église Saint-Côme-et-Damien en l'an 390, la première église qui leur fut consacrée dans le monde.

 

(Le récit est alors interrompu pour faire place à d'autres sujets, notamment aux Alains et aux Huns. On retrouve saint Servais au vers 4779)

 

* v. 4779-4812 : Le 10 juillet 385 de l’Incarnation, Servais est en prière dans l'Église Saint-Pierre à Maastricht quand Dieu lui fait savoir par l'intermédiaire d'un ange que Tongres et beaucoup de villes de Germanie l'ont offensé et que pour cela elles seront prochainement détruites par les Huns. Servais rentre à Tongres où il informe les Tongriens qui le supplient d'aller à Rome implorer saint Pierre et saint Paul d'intercéder auprès de Dieu en faveur de leur ville et des autres villes menacées. Saint Servais se met en route, seul, à pied, pauvrement vêtu.

 

* v. 4813-4832 : Il s'arrête en chemin à plusieurs reprises. À Cologne d'abord, où il réunit 14 évêques sous un arbre pour remplacer l'évêque hérétique Euphratas par saint Séverin ; puis à Metz, où, en l'église Saint-Étienne, se produit le miracle de la pierre brisée qui se répare miraculeusement.

 

* v. 4833-4852 : À peine sorti de Metz, Servais est guidé par une étoile jusqu'à Rome et, quand il entre dans cette ville, toutes les cloches sonnent. Les Romains voient le saint trotter, atot son vielh manteal et son grand capiron, / Qui tenoit en sa main de bois I grand bordon.

 

* v. 4853-4872 : Servais entre à l’Église Saint-Pierre, sur la tombe du saint, à qui il demande d'intercéder auprès de Dieu pour que soient protégées particulièrement Tongres et Metz. Il pleure et se frappe la poitrine, attirant sur lui l'attention des Romains. Durant trois jours, il visite les églises romaines pendant la journée, retournant le soir à Saint-Pierre.

 

* v. 4873-4901 : (La sainte vision sains Servais : titre de la laisse). Servais a la vision d'un groupe où se trouvent Jésus-Christ, la Vierge, les saints Pierre et Paul ainsi que saint Étienne. Saint Pierre lui transmet la décision divine, disant en substance: « Saint homme, ne me tourmente pas davantage. Dieu a décidé la destruction de Tongres, de Metz, de Cologne, de Trèves et de beaucoup d'autres villes. Il n'y a pas de recours, c'est un jugement sans appel. Maastricht sera épargnée ; portes-y ce que tu veux conserver. »

 

* v. 4902-4911 : (Del cleif d'argent : titre de la laisse). Saint Pierre bénit Servais trois fois avec une grande clé d'argent qu'il lui donne ensuite. « Elle fera de toi, dit-il, le portier du Ciel. En outre, Dieu t'accorde aussi que ton pays ne sera pas détruit avant ta mort. »

 

* v. 4912-4927 : Servais se met en route le lendemain, affligé et triste. Mais Dieu l'assistera en chemin.

 

* v. 4928-4987 : Servais est capturé par Alaric et ses Goths; il est dépouillé de tout, y compris de ses vêtements, et abandonné tout nu, lié sur un rocher, en plein soleil, dans une chaleur étouffante. « N'est homme s'il astoit là une heure ou demie, / Se Deu ne li aidoit qu'il ne perdist la vile » (v. 4963-4). On voulait le faire mourir. Mais un aigle vient le rafraîchir pendant la journée: il le couvre avec l'une de ses ailes et de l'autre le ventile. La nuit se produisent d'autres miracles : une lumière entoure le saint comme s'il faisait jour et on entend les chants et les mélodies des anges. Puis au matin l'aigle reprend son travail. Les barbares et leur roi sont émerveillés. Jean précise qu'il y eut encore d'autres miracles qu'on peut trouver dans les textes de l'Église. Servais est libéré et retourne chez lui.

 

* v. 4988-5014 : Servais va d'abord à Metz et annonce que la ville sera détruite, sauf l'oratoire de Saint-Étienne. Puis il gagne Tongres, rassemble les membres de son clergé (certains noms sont donnés, le doyen, le prévôt, des chantres) en la capelle Alart (v. 5005). Il leur dit la vérité : Tongres sera détruite, punie pour les péchés que certains habitants ont commis.

 

* v. 5014-5043 : S. Servais sermonne à peule (lemme). Servais s'adresse ensuite à son peuple. « Barons, dit-il, le Seigneur m'a donné l'ordre de partir habiter Maastricht, sans jamais revenir à Tongres. J'emmènerai avec moi reliques et joweals (v. 5019). Ceux qui le veulent peuvent m'accompagner, ils survivront. Ceux qui resteront à Tongres, mourront. Dieu m'a donné la clé du paradis, j'y laisserai entrer ceux que je voudrai. Je prierai Dieu pour qu'il ait pitié de vous. » Jean précise que Servais dit encore d'autres choses, mais que les rapporter allongerait beaucoup sa chanchon (v. 5033). Puis on charge les objets à transporter : Desus chars et cherois ont mis, tot sens sejour, / Reliques et joweals à forches et à vigour (v. 5034-5035). Puis on part vers Maastricht comme à prochession (v. 5037). Et quand on est à quelque distance de Tongres, l'évêque se retourne vers la cité en pleurant et la bénit à trois reprises. Puis il repart, accompagné de ses gens, dont mult sont en grant paour (v. 5042).

 

* v. 5044-5061 : C'est alors l'arrivée à Maastricht, dont les portes s'ouvrent. Tout le cortège entra dans la ville. Il y eut beaucoup de discours dont moy seiray taisant, précise Jean (v. 5048). L'évêque bénit ses gens qui se vont retourneir (v. 5050), et les portes de la ville se referment. Servais s'installa dans l'Églige Saint-Pierre construite par saint Materne. Il se fit le trésorier de la crypte où il plaça les sains reliquiairs (v. 5055). Il vécut encore trois ans et mourut en 387. Il fut enterré dans la crypte de l'Église Saint-Pierre, où il resta longtemps, jusqu'à l'époque de saint Monulphe.

 

* v. 5062-5073 : La clé resta dans le trésor. Suit l'histoire du vol de la clé, qui fut retrouvée cassée. La Geste ne parle pas de la réparation miraculeuse. La passage se termine comme suit : Ancor est-il à Treit, jà n'en soiès dobtant. / Mult at fait de miracles, si comme astons lisans, / Mais d'eas chi racompteir me seray abstenans / en l’honour de Jhesu (v. 5070-5073).

 


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