LY MYREUR DES HISTORS

CHRONIQUE

de

JEAN DES PREIS DIT D'OUTREMEUSE

Tome I

Nouvelle présentation de l'édition Adolphe Borgnet (Bruxelles, 1864) avec traduction française et introductions

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (Bruxelles, 2017)

<jacques.poucet@skynet.be>


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Ly Myreur des Histors de Jean d'Outremeuse dans l'édition A. Borgnet (1864) (= Bo)

Pour avoir fréquenté pendant plusieurs années Ly Myreur des Histors de Jean d'Outremeuse, les auteurs du présent site, qui ont tous les deux une formation en lettres classiques, ont réalisé que cet ouvrage était peu connu et peu utilisé en dehors du cercle des chercheurs intéressés par l'histoire de Liège ou par certains aspects de la littérature médiévale, qu'il n'en existait aucune traduction en langue moderne et que la seule édition disponible, celle d'Adolphe Borgnet - Stanislas Bormans (7 vol., Bruxelles, 1864-1887), n'était pas de consultation aisée. Comme on pourra s'en rendre compte en examinant une page de la version numérique réalisée par Google, elle présente un texte massif, sans autre aide à la lecture que les gloses marginales de la tradition manuscrite.

Une nouvelle édition du Tome I : un texte traduit en français dans une présentation retravaillée

Les auteurs, tous deux retraités, ont conçu le projet de fournir du Myreur des Histors une édition aisément utilisable, du moins pour les sections qui concernent l'antiquité. Ils viennent de terminer le premier tome, qui couvre la moitié du premier livre du Myreur (586 pages dans l'édition A. Borgnet) et qui atteint l'époque de Septime-Sévère. Il ne s'agit pas d'une édition critique. Les auteurs ont simplement repris le texte établi par Adolphe Borgnet en 1864 à partir de deux manuscrits (A et B), mais ils en ont retravaillé la présentation avec pour objectif primordial d'en faciliter l'accès et ils l'ont doté d'une traduction en français moderne. Cette traduction et cette présentation nouvelle apportent, croient-ils, une importante « valeur ajoutée » à l'édition de 1864.

Une réorganisation complète de la matière

Le contenu des 586 pages de l'édition Borgnet (Bo) a été réparti dans 64 fichiers, où le lecteur trouvera un certain nombre de blocs, correspondant chacun à un ensemble plus ou moins cohérent. Dans les cas les plus heureux, la cohérence est assurée par le sujet même : un récit guerrier, ou une biographie plus ou moins légendaire, ou encore un épisode très connu de l'Évangile ou de la Tradition. Mais dans beaucoup d'autres cas, cette cohérence se manifeste simplement par une simple communauté de dates, le bloc retenu présentant des événements variés qui se sont produits dans différentes régions, à la même période de temps. On n'oubliera pas en effet que Ly Myreur s'apparente au genre de la « Chronique universelle » (Weltgeschichte) et que son auteur privilégie la présentation annalistique du matériel. Même les ensembles narratifs assez longs et focalisés sur une histoire ou un personnage sont régulièrement interrompus par des notices extérieures au récit principal mais rapportant des événements contemporains.

Chaque bloc contient du texte en deux colonnes, à gauche le texte de Borgnet (Bo) en moyen français, à droite une traduction en français moderne. Des sommaires, des titres, des sous-titres, voire des renvois internes sous forme de liens ont été introduits. Chaque bloc contient aussi une introduction qui peut être parfois assez longue et qui nécessite quelques mots d'explication.

Les introductions

Comme leur nom l'indique, ces introductions introduisent une portion de texte ; elles ne se présentent pas comme un véritable commentaire. Commenter une « Chronique universelle » comme Ly Myreur représenterait un travail très lourd et très long, nécessitant l'intervention de multiples spécialistes. Lorsqu'il est question du monde gréco-romain, les auteurs ont tenté d'intervenir, dans la mesure de leurs capacités, mais, pour beaucoup d'autres secteurs, ils n'ont aucun scrupule à reconnaître leurs limites.

Ces introductions, de longueur variable, visent simplement à éclairer le texte. De manières différentes d'ailleurs. Parfois en replaçant dans un contexte plus large des notices trop brèves ou trop allusives ; parfois en mettant en évidence les intérêts du chroniqueur ou sa manière de travailler ; parfois en signalant les sources ; parfois en montrant l'écart existant entre sa vision des faits et les réalités historiques. Pour dire vrai, elles s'assimileraient facilement à des réactions personnelles devant le texte de Jean, à des notes de lectures, à des résultats d'une enquête sur les sources, à des suggestions traçant des pistes pour d'éventuelles recherches ultérieures. Très éloignées donc d'un véritable commentaire, ces introductions, pour éclatées qu'elles soient, pourront peut-être rendre quelques services.

Quoi qu'il en soit, le lecteur peut les laisser complètement de côté, les lire avant ou après le texte, voire avant et après le texte, en fonction de ses intérêts personnels ou de ses envies.

Les sommaires et les textes

Par ailleurs, chaque bloc de texte est précédé d'un sommaire, qui résume l'essentiel de son contenu. Les fichiers sont d'ailleurs organisés pour que l'utilisateur puisse limiter sa lecture à ces sommaires, susceptibles à eux seuls de lui fournir une idée suffisamment précise du contenu.

Le système de navigation proposé permet même à un utilisateur de ne lire que les seuls textes, en se passant aussi bien des introductions que des sommaires.

Une Table des Matières détaillée

Quoi qu'il en soit, tous les sommaires ont été rassemblés dans une Table des Matières détaillée, se présentant sous la forme d'un fichier unique qui donne facilement accès aux blocs de texte correspondants. Ce système présente plusieurs avantages. La lecture intégrale de cette Table permet par exemple à un utilisateur potentiel de prendre un contact rapide avec le contenu de tout le Tome I, pour ne se brancher que sur les passages qui l'intéressent directement. Mais elle rend également possible une recherche sur un mot (Trèves, Hérode, Tibère, Babylone, Déluge, Écosse) avec une grande facilité de renvois vers les différents blocs qui le contiennent.

Pour entrer dans Ly Myreur

L'accès au Myreur à partir de la présente page peut se faire de trois manières : soit par la Table des Matières dont il vient d'être question, soit par une Liste des fichiers, c'est-à-dire le relevé des 64 fichiers, identifiés chacun par la page de début et la page de fin du fichier (le fichier « My058b-073a.htm » par exemple contient le texte allant de la seconde partie de la p. 58 à la première partie de la p. 73), soit encore par une Liste des pages, c'est-à-dire une liste de 586 numéros (de 1 à 586) renvoyant chacun au début de la page correspondante du premier tome du Myreur.

Les rapports avec l'édition Borgnet (Bo)

Les pages de l'édition Borgnet (Bo) sont indiquées par les chiffres en grasses entre crochets droits [p. 6], tant dans la colonne du texte que dans celle de la traduction. En outre, la colonne de la traduction signale généralement, à côté de la date exprimée dans Ly Myreur (par exemple « l'an 206 du déluge de Noé » ou « l'an 366 du couronnement de David »), son équivalent en années avant Jésus-Christ (« 2752 a.C.n. » ou « 709 a.C.n. ») dans le comput utilisé par Jean d'Outremeuse. Ce procédé est censé faciliter les comparaisons chronologiques internes. On se gardera évidemment de considérer que les années a.C.n. de Jean correspondent à celles de notre comput actuel, qui seront éventuellement signalées, elles, par la formule « avant [ou de] notre ère ». On trouvera quelques considérations sur la chronologie suivie par Jean au début d'un de nos articles des FEC (t. 22, 2011).

Les textes en italiques entre crochets qui, dans la présentation, précèdent certains paragraphes [Japhet vient habiteir en Europe avec II fis, p. 6] reproduisent les gloses marginales figurant dans l'édition Borgnet (Bo). Elles constituent dans une certaine mesure des résumés. Leur langue n'est pas toujours exactement la même que celle du texte proprement dit. Elles ont été conservées et traduites dans la colonne de droite.

Parfois Jean renvoie à un autre passage du Myreur par une formule du genre si com vos oreis chi-apres (« comme vous l'apprendrez plus loin »). Les auteurs  du site ont indiqué régulièrement la référence entre parenthèses. Quand il s'agit d'un renvoi à l'intérieur du premier tome, ils ont simplement mentionné la page (p. 243) ; quand il s'agit d'un renvoi à un autre tome, ils ont indiqué le tome et la page sous la forme suivante (Myreur, III, p. 321). Quand Jean renvoie à un autre auteur ou à une autre oeuvre, ils ont cherché à identifier la référence et l'ont introduite dans la colonne de la traduction.

En ce qui concerne le texte en moyen français, ils ont le plus soigneusement possible respecté celui d'A. Borgnet (Bo), sans chercher à uniformiser les graphies différentes d'un même mot. Sauf exceptions, ils n'ont pas non plus tenté d'intégrer les variantes de la tradition manuscrite, à leurs yeux mineures, signalées dans l'apparat critique de l'édition (l'éditeur, on l'a dit, ne disposait comme témoins que deux manuscrits A et B).

Jean d'Outremeuse écorche très souvent les noms propres. Les auteurs du site ont essayé de retrouver le personnage ou la réalité dont il était question et introduit dans leur traduction ce qu'ils pensent être la solution. Parfois sans certitude, d'où l'usage assez large de points d'interrogation.

L'édition Borgnet (Bo) contient un très grand nombre de notes historiques et géographiques. Les auteurs ont largement puisé dans ce réservoir sans nécessairement signaler chaque emprunt. Mais le Tome I étant aisément accessible sur la Toile, le lecteur pourra toujours s'y référer, pour une vérification ou un complément d'information.

La traduction

Jean écrit d'une manière plutôt lourde et répétitive, en ne faisant guère d'effort de style. Une traduction très proche de l'original eût été difficilement supportable. Les auteurs ont dû souvent l'alléger, avec le souci de la rendre la plus claire possible, mais ils ont toujours veillé à rester fidèle au contenu original. Certaines de leurs traductions, sur lesquelles ils hésitent, sont accompagnées d'un point d'interrogation.

Faut-il préciser que le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) du Centre « Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) » (Université de Lorraine) leur a été d'une aide inappréciable ? Il ne contient pas encore le vocabulaire du Myreur de Jean d'Outremeuse, ce qui montre que l'utilisation du chroniqueur liégeois reste encore plutôt confidentielle.

Un travail de non-spécialistes

Un mot important pour terminer. C'est un peu le hasard qui a introduit Jean et son Myreur des Histors dans la sphère d'intérêt de deux antiquistes retraités qui s'étaient occupés jusqu'alors, l'un de l'histoire des origines et des premiers siècles de Rome (Jacques Poucet), l'autre de l'enseignement du latin et du grec aux « grands débutants » et de traductions en français d'oeuvres latines (Anne-Marie Boxus). En d'autres termes, le Moyen Âge leur est beaucoup moins familier que l'Antiquité gréco-romaine.

C'est une manière de dire qu'ils sont très conscients des faiblesses et des imperfections de leur travail et qu'ils restent ouverts aux corrections et aux suggestions de lecteurs plus compétents ou mieux informés. Ils recevront leurs remarques avec le plus grand plaisir et les introduiront dans les fichiers. L'édition numérique, rendant les corrections très faciles, permet d'avoir un texte toujours à jour.

 

 

Bruxelles, le 29 octobre 2017

 


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