Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS - Plan - Scène III - Scène V
MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS
Avec la parodos s'ouvre une évocation lyrique à trois voix (le choeur, la nourrice et Médée) du malheur qui frappe l'ex-épouse de Jason. Ainsi se prépare l'entrée en scène de celle-ci (SC.VI). Il ne faut chercher ni vraisemblance ni réalisme.Alarmées par les cris (131-137), les Corinthiennes expriment leur pitié envers Médée, désignée d'emblée comme une Barbare (Colchidienne), et l'amitié qui les unit, ce qui renvoie aux allusions du prologue à la bonne entente de Médée avec ses concitoyens d'adoption. Cf. 11; 181. Elles ignorent la nature du drame, alors que le mariage de Jason avec la fille de leur roi est un fait connu. La nourrice leur répond qui révèle la trahison de Jason et l'attitude mortifère de Médée (138-143).
Celle-ci (144-147), même si matériellement elle n'a pu entendre ni le choeur (Cf. 173 sv) ni la nourrice, "répond" en appellant sur elle la mort par le feu - ce qu'elle infligera plus tard à la fille de Créon (Cf. 1136-1230). Ainsi relayé par les trois parties, le ton pathétique de la scène monte irrésistiblement.
À l'entame de la strophe (148-159), le choeur prend Zeus, Gê et Hèlios, à témoins de l'injustice subie par Médée. Zeus, garant des serments, s'en prendra à l'époux infidèle, ce qui induit le choeur, lénifiant, à inviter Médée à relativiser sa peine et à renoncer à ses pulsions de mort. Médée (160-167), toujours sans percevoir les paroles du choeur (Cf. 173 sv), invoque à son tour Zeus et Thémis, comme elle le fera plus tard, une fois prête à faire elle-même justice à ses ennemis (Cf. 764 sv). À la vengeance cruelle qu'elle voudrait voir s'abattre sur Jason, s'associe le souvenir lancinant de l'abandon de sa patrie et du meurtre de son frère, ce qui montre la conception barbare que Médée a de la justice, différente de celle que protègent les dieux grecs qu'elle invoque. Le thème de Thémis et de Zeus est repris par la nourrice pour souligner l'importance du ressentiment de Médée envers la trahison de Jason et surtout l'intensité de sa colère.
L'antistrophe (173-183) ménage la transition vers l'apparition de Médée sur scène. Les Corinthiennes, redoutant la sauvagerie de sa nature, veulent à tout prix, au nom de l'amitié, rencontrer Médée pour l'aider à surmonter son épreuve et éviter qu'elle ne passe sa colère sur ceux qui sont dans la maison, ce qui induit à nouveau la menace qui pèse sur les enfants. La nourrice (184 sv) reprend dans le même sens en laissant entendre que la menace concerne les esclaves, ce qui rend sa propre mission plus difficile. L'envol de la scène alors se brise: hésitant à accomplir sa mission la nourrice (190-203) s'attarde en un long soliloque sur la consolation dérisoire que peut apporter la musique aux maux de la vie.
parodos. Chant d'entrée du choeur, qui restera présent sur scène jusqu'à la fin de la représentation. Les stasima ou parties chorales adoptent une métrique différente de celle des épisodes qui font évoluer l'action.
Colchidienne (133). Cf. Colchide.
strophe. Au cours de celle-ci et de l'antistrophe, qui lui est symétrique, le choeur exécute l'emmeleia, un mouvement dansant.
Zeus (148). Dieu suprême du panthéon grec, maître des dieux et des hommes, il organise l'univers sans partage et protège la justice parmi les hommes. cf. Dikè.
la Terre et toi, la Lumière. Gê et Hèlios.
Thémis (160). Fille d'Ouranos et de Gaia, soeur des Titans (Cf. Hésiode, Th. 135 ), deuxième épouse de Zeus, mère des Heures (Parmi lesquelles Dikè, la justice , avec laquelle elle est parfois confondue, et des Parques. Cf. Hésiode. Ibid. 901-906. Elle symbolise l'équité.
antistrophe. Cf. strophe.
père (166). Aeétes.
cité (166). Colchos. Cf. Colchide.
frère (167). Absyrtos.
lionne (187) Cette comparaison sera reprise plus tard par Jason lorsqu'il découvrira le massacre de ses enfants par Médée (1342; 1407).
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