Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS - Plan - vv. 49-95
MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS
Toute l'action se déroule à Corinthe devant la maison de Médée. D'abord seule en scène, la nourrice de Médée, une esclave âgée, attend le retour des deux fils de sa maîtresse. (20-45) [Enfants], [précepteur]NOURRICE
(1-19) Non! Le vaisseau Argo n'aurait pas dû traverser l'azur sombre des Symplégades pour gagner la Colchide! Non! Dans les vallons boisés du Pélion, des pins n'auraient pas dû tomber sous la hache! Non! Des hommes d'exception n'auraient pas dû prendre les rames, eux qui pour Pélias étaient partis à la quête de la Toison d'Or! (5-6)... Non! Car alors Médée, - Médée, c'est ma maîtresse - n'aurait embarqué vers la citadelle d'Iôlcos, avec son coeur terrassé par l'amour de Jason (8). Non! Elle n'aurait pas poussé les filles de Pélias à tuer leur père. Non! (11) Elle ne vivrait pas ici dans la terre de Corinthe avec son mari et leurs petits.
Elle s'était fait bien accueillir par les citoyens de ce pays où, fugitive, elle avait abordé (13). D'elle-même, elle vivait en parfait accord avec Jason. Qu'une femme ne soit pas en dispute avec son mari, c'est bien ce qu'il y a de plus rassurant...
Or voilà que maintenant, tout se retourne contre elle. Ce qu'elle a de plus cher la rend malade (17-19). Car lui, il a trahi ses petits - oui les siens- et ma maîtresse. Oui, Jason s'est marié pour partager une couche royale.
Il a épousé la fille de Créon, le maître de ce pays!...
(On perçoit des cris. La nourrice tourne la tête vers la maison, puis reprend. Au cours de son soliloque, les enfants et le précepteur arrivent, ce qu'elle ne remarque pas immédiatement)
(20-45) Pauvre Médée! Mais quel outrage! Elle hurle en invoquant leurs serments, leurs mains qui se sont étreintes - c'est le plus grand signe de confiance qu'on puisse s'échanger. Elle prend à témoins les dieux de ce qu'elle reçoit en retour de Jason (23).
Elle reste au lit. Elle ne mange plus. Elle abandonne son corps aux tourments. Elle use sa vie à pleurer sans arrêt (26), depuis qu'elle s'est rendu compte de l'outrage de son mari. Elle ne lève pas les yeux, elle les garde rivés au sol. Pas plus qu'un rocher ou une vague de la mer, elle n'entend les mises en garde de ses amis.
(30-35) Mais parfois, elle détourne son cou tout blanc, elle rentre en elle-même pour pleurer son père tant aimé et son pays et sa maison qu'elle a trahis pour suivre cet homme qui maintenant lui inflige son dédain (33). Elle qui souffre, elle sait bien, la malheureuse, ce que vaut de ne pas laisser derrière soi la terre de ses aïeux.
(36-45) Et ses enfants? Elle les prend en horreur et ne se laisse pas attendrir par leur vue. J'ai bien peur: méditerait-elle quelque chose d'imprévisible? Son âme est redoutable. Elle refusera d'être maltraitée. Moi, je la connais... J'en ai peur. Impitoyable qu'elle est! Et, bien sûr, celui qui a provoqué sa haine ne remportera pas le trophée de la victoire.
(Se rendant soudain compte de la présence des deux enfants et du précepteur)
(46-48) Mais voilà les enfants! Ils ont fini de s'entraîner à la course. Ils ne se soucient pas du tout des malheurs de leur mère. Un esprit jeune n'est pas porté à souffrir...
Plan - Scène I - vv. 49-55
Bibliotheca Classica Selecta - FUSL - UCL (FLTR)