Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS
Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XXXIV. Commencement de la guerre civile 
(1) Voici, dans
                  l'ordre des faits, le résumé
                  de ce qu'il fit ensuite. (2) Il occupa d'abord
                  le Picénum,
                  l'Ombrie et l'Étrurie. Lucius
                  Domitius,
                  que, dans ces troubles on lui avait donné
                  comme successeur, s'étant enfermé
                  dans Corfinium
                  avec une garnison, César le contraignit de
                  se rendre à discrétion, le renvoya,
                  et, longeant la mer
                  Supérieure,
                  marcha sur Brindes, où les consuls et
                  Pompée s'étaient enfuis,
                  dans le dessein de passer au plus tôt la
                  mer. (3) Après
                  avoir tout tenté inutilement
                  pour empêcher l'exécution de ce
                  projet, César se dirigea sur Rome, convoqua
                  le sénat
                  pour délibérer sur la
                  république, et marcha
                  contre les
                  meilleures troupes de Pompée, qui
                  étaient en Espagne
                  sous les ordres de trois lieutenants,
                  M.
                  Petreius,
                  L.
                  Afranius et
                  M.
                  Varron. Il
                  avait dit à ses amis en partant: "Je vais
                  combattre une armée sans
                  général, pour venir ensuite combattre
                  un général sans
                  armée." (4) Quoique
                  retardé par le siège de
                  Marseille,
                  qui sur
                  sa route lui avait fermé ses portes, et par
                  une extrême pénurie
                  de vivres, il lui
                  fallut peu de temps pour tout soumettre. (1)
                  Ordo et summa rerum, quas deinceps gessit, sic se
                  habent. (2)
                  Picenum Vmbriam Etruriam occupauit et Lucio
                  Domitio, qui per tumultum successor ei nominatus
                  Corfinium praesidio tenebat, in dicionem redacto
                  atque dimisso secundum Superum mare Brundisium
                  tetendit, quo consules Pompeiusque confugerant quam
                  primum transfretaturi. (3)
                  Hos frustra per omnis moras exitu prohibere conatus
                  Romam iter conuertit appellatisque de re publica
                  patribus ualidissimas Pompei copias, quae sub
                  tribus legatis M. Petreio et L. Afranio et M.
                  Varrone in Hispania erant, inuasit, professus ante
                  inter suos, ire se ad exercitum sine duce et inde
                  reuersurum ad ducem sine exercitu. (4)
                  Et quanquam obsidione Massiliae, quae sibi in
                  itinere portas clauserat, summaque frumentariae rei
                  penuria retardante breui tamen omnia
                  subegit.
   
 
       
   
         
       
      
          
      
            
         
      
                
         
                   
               
                   
            
         
       
   
       
         
       
      
         
       
   
CommentaireRésumé : le récit de la guerre civile par Suétone est extrêmement concis ; deux chapitres lui suffisent pour rapporter les événements des années 49 à 45.
Picénum : région de la côte adriatique, au sud d'Ancona.
L. Domitius : cf. ch. 23.
Corfinium : ville du centre de l'Italie, au nord-est du lac Fucin. Pendant la Guerre « Sociale » (91-89 a.C.n.), Corfinium avait été choisie comme capitale des alliés (socii) révoltés contre Rome, et rebaptisée Italica.
Mer Supérieure : l'Adriatique.
Enfuis : le franchissement du Rubicon a provoqué presque immédiatement la panique à Rome ; dès la mi-janvier 49, Pompée, les consuls et la plupart des magistrats quittent la capitale pour le sud de la péninsule.
Inutilement : quand César arrive à Brindes, les consuls avec le gros de l'armée sont déjà arrivés à Dyrrachium, sur l'autre rive de l'Adriatique ; Pompée est encore là, avec vingt cohortes, et César va essayer, en vain, de l'empêcher de prendre le large. Cf. Guerre civile, I, 25-27.
Sénat : César ne peut évidemment convoquer et réunir que les sénateurs qui n'ont pas suivi Pompée ; parmi ceux-ci, il y a Cicéron que César tente personnellement, mais en vain, de rallier à sa cause (cf. ad Att., IX, 16, 17, 18). César propose aux sénateurs d'envoyer une délégation à Pompée pour rétablir la concorde ; ne parvenant pas à les convaincre, il prend quelques mesures urgentes (il obtient en particulier l'autorisation de vider le trésor de l'État) et part pour l'Espagne.
Espagne : les accords de Lucques d'avril 56 prévoyaient qu'après leur consulat (55), Pompée et Crassus obtiendraient, pour plusieurs années, d'importants gouvernements provinciaux. À Pompée échoit l'Espagne, avec plusieurs légions, mais celui-ci ne rejoindra jamais sa province.
M. Petreius : gouverne une partie de l'Espagne au nom de Pompée. Battu par César à Ilerda (Lérida - printemps 49), il rejoindra Pompée en Grèce et participera à la bataille de Pharsale.
L. Afranius : consul en 60, legatus pro praetore d'Espagne citérieure. Battu, lui aussi, à Ilerda, il participera encore aux batailles de Pharsale et de Thapsus (46).
M. Terentius Varro : célèbre et prolifique érudit dont deux uvres nous sont parvenues, le De lingua latina (en partie) et les Rerum rusticarum libri III. Légat de Pompée en Espagne ultérieure, Varron ne participe pas à la bataille d'Ilerda et se rend au vainqueur un peu plus tard. Après la guerre, César lui confiera la direction des bibliothèques publiques de Rome (cf. ch. 44, 4).
Marseille : tenue par L. Domitius.
Pénurie : cf. Guerre civile, I, 52.