Bibliotheca Classica Selecta - Énéide - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante
Énéide - Livre VI
©Marie-Cécile Deproost
[6, 1-263] [6, 264-425] [6, 426-547] [6, 548-678] [6, 679-901]
Note liminaire : La présente traduction de Virgile fait partie de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) mais elle s'intègre aussi dans le vaste projet Du texte à l'hypertexte mis au point à la Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain à l'initiative de Jean Schumacher. Les possibilités de cette dernière réalisation sont multiples ; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.
Plan
Prélude : Rencontre avec la Sibylle [6, 1-263]
- À Cumes, devant le temple d'Apollon (6, 1-41)
- Premiers contacts avec la Sibylle (6, 42-155)
- Conditions d'accès remplies (6, 156-263)
Arrivée dans le monde souterrain [6, 264-425]
- Invocation - Vestibule lugubre (6, 264-294)
- Au bord de l'Achéron - Palinure (6, 295-383)
- Passage du Styx - Charon et Cerbère (6, 384-425)
Victimes de mort prématurée [6, 426-547]
- Premiers groupes - Rencontre avec Didon (6, 426-476)
- Les guerriers - Rencontre avec Déiphobe (6, 477-547)
Damnés et bienheureux [6, 548-678]
Révélations et prophéties d'Anchise [6, 679-901]
- Retrouvailles - Au bord du Léthé (6, 679-751)
- Revue des héros romains (6, 752-853)
- Vision de Marcellus et retour sur terre (6, 854-901)
Résumé À Cumes, devant le temple d'Apollon (6, 1-41)
Énée aborde à Cumes. Tandis que ses compagnons vaquent à l'installation sur le rivage, le héros se dirige immédiatement vers le temple d'Apollon, pour y rencontrer la Sibylle (6, 1-13).
En attendant la prêtresse qu'Achate est allé quérir, Énée et ses compagnons contemplent sur les portes du temple des scènes évoquant des légendes liées à la Crète et à Dédale, le fondateur du temple. La prêtresse les tire de leur contemplation, leur recommande d'accomplir des sacrifices, ce qu'ils font aussitôt, puis les appelle dans le temple (6, 14-41).
Premiers contacts avec la Sibylle (6, 42-155)
Les menant à son antre, la Sibylle en transe enjoint Énée d'honorer Apollon pour accéder aux Enfers. Énée implore Apollon de conserver aux Troyens ses faveurs en l'aidant à atteindre l'Italie. Sans négliger les dieux hostiles à Troie, il promet à Apollon un temple, une fête, et un sanctuaire pour sa prêtresse (6, 42-76).
La Sibylle, sous l'emprise du dieu, annonce à Énée qu'il parviendra au but, mais au prix de guerres sanglantes, et elle l'encourage à ne pas se laisser abattre (6, 77-101).
Énée prie la Sibylle de le conduire vers son père Anchise, revendiquant cette faveur au nom de son devoir filial et de son origine divine, au même titre qu'Orphée, Pollux, Thésée, Hercule (6, 102-123).
La prêtresse détaille les difficultés et le caractère exceptionnel de cette visite aux Enfers, et avertit Énée des conditions préalables : se procurer le rameau d'or et se purifier de la mort d'un de ses compagnons (6, 124-155).
Conditions d'accès remplies (6, 156-263)
Aussitôt Énée, Achate et d'autres compagnons, partent à la recherche du cadavre inconnu ; ils découvrent bientôt sur le rivage le corps abandonné de Misène, fils d'Éole, talentueux trompette d'Énée, mort victime de la jalousie de Triton. Sur le champ, tous s'activent à la préparation d'un tombeau (6, 156-189).
Entre-temps, deux colombes guident Énée vers le rameau d'or, qu'il cueille et porte directement à la Sibylle, tandis que s'accomplissent dans les lamentations les cérémonies et offrandes rituelles pour les funérailles de Misène, dont un tombeau et un nom de lieu perpétueront le souvenir (6, 190-235).
Conformément aux ordres de la Sibylle et avec son aide, Énée et ses compagnons procèdent devant l'entrée de l'Averne à divers sacrifices rituels aux divinités infernales. Au lever du jour, dans un grondement de la nature, la prophétesse écarte tout le monde et invite le seul Énée à la suivre dans l'antre qui s'ouvre devant eux (6, 236-263).
Arrivée dans le monde souterrain [6, 264-425] Invocation - Vestibule lugubre (6, 264-294)
Le poète demande aux dieux des Enfers la permission de raconter le voyage souterrain ; puis, Énée et la Sibylle s'avancent seuls dans l'obscurité (6, 264-272).
À l'entrée, ils aperçoivent, dans une atmosphère inquiétante, des personnifications évoquant les durs aspects de la condition humaine ; puis au centre d'une cour, ils voient l'arbre des Songes mensongers et divers monstres de la mythologie, ombres inconsistantes, qu'Énée chercherait à combattre si la Sibylle ne l'en dissuadait (6, 273-294).
Au bord de l'Achéron - Palinure (6, 295-383)
Régnant sur les fleuves des Enfers, le passeur Charon choisit parmi la foule pressée ceux qu'il admettra dans sa barque, écartant les autres de la rive (6, 295-316).
La prêtresse explique à Énée intrigué que les "refoulés" sont les morts restés sans sépulture, condamnés à errer pendant cent années avant d'être admis à la traversée. Énée, ému par un sort si injuste, distingue alors, dans la foule, d'anciens compagnons disparus en mer, et notamment son pilote Palinure (6, 317-339).
Après avoir raconté à Énée les circonstances de sa mort, due à la tempête et à l'hostilité des habitants du rivage d'Italie, Palinure supplie qu'on l'inhume, ou du moins qu'on l'admette avec Énée dans l'autre monde, même sans avoir reçu de sépulture. La prêtresse rejette cette requête impossible et console le malheureux en lui apprenant que le "cap Palinure" servira à honorer sa mémoire (6, 340-383).
Passage du Styx - Charon et Cerbère (6, 384-425)
Avant qu'ils ne parviennent au Styx, Charon, fort de son expérience antérieure avec Hercule, Thésée et Pirithoüs, refuse de laisser passer des vivants (6, 384-397).
La Sibylle rassure Charon sur les intentions d'Énée ; en voyant le rameau d'or, le passeur se calme et, plein de prévenance, leur fait traverser le Styx. La prêtresse endort alors Cerbère et les voyageurs franchissent ainsi le dernier obstacle à leur entrée au pays des morts (6, 398-425).
Victimes de mort prématurée [6, 426-547] Premiers groupes - Rencontre avec Didon (6, 426-476)
Énée et la Sibylle parviennent en un lieu où se tiennent différents groupes de victimes de mort prématurée : les nouveau-nés, les condamnés à mort injustement, les suicidés ; et dans les Champs des Pleurs, ils rencontrent diverses héroïnes, victimes d'amours malheureuses (6, 426-449).Parmi elles, Énée est très ému en reconnaissant Didon, devant qui il tente de justifier son départ de Carthage, mais elle s'enfuit pleine d'animosité et sans même lui jeter un regard (6, 450-476).
Les guerriers - Rencontre avec Déiphobe (6, 477-547)
Poursuivant sa route, Énée aboutit dans la zone où séjournent les guerriers, Grecs et Troyens confondus. Les Troyens cependant s' empressent auprès d'Énée, tandis que les Grecs de la guerre de Troie prennent peur à sa vue (6, 477-493).
Parmi les guerriers, Énée reconnaît Déiphobe affreusement mutilé ; en l'assurant de lui avoir élevé un cénotaphe sans avoir pu l'inhumer, il l'interroge sur les circonstances de sa mort. Déiphobe lui raconte la trahison, lors de la dernière nuit de Troie, de son épouse Hélène, qui introduisit dans sa chambre ses deux bourreaux, Ménélas et Ulysse (6, 494-530).
Déiphobe à son tour interroge Énée, mais la Sibylle les interrompt et presse Énée de continuer sa route. Déiphobe alors se retire, résigné, en faisant des voeux pour l'avenir d'Énée (6, 531-547).
Damnés et bienheureux [6, 548-678] Le Tartare, ses occupants et leurs châtiments (6, 548-627)
Énée aperçoit alors une sorte de bastion puissamment fortifié, gardé par Tisiphone, d'où montent des gémissements de suppliciés ; le héros intrigué interroge la prêtresse sur la nature des crimes commis et de leurs châtiments (6, 548-561).
La Sibylle qui, en tant que prêtresse d'Hécate, connaît bien le Tartare, le lui décrit, car le lieu est inaccessible à Énée. Les coupables, jugés par Rhadamanthe, y sont châtiés par Tisiphone, qui garde les portes ouvrant sur les profondeurs du Tartare, enfoncé sous la terre (6, 562-579).
La Sibylle énumère ensuite une série de grands coupables de la mythologie, en décrivant leurs crimes et leurs supplices : les Titans, les Aloïdes, Salmonée, Tityos, les Lapithes avec Ixion et Pirithoüs (6, 580-607).
Vient ensuite la description des damnés anonymes, illustrant les vices courants des humains, à Rome en particulier, et subissant les mêmes supplices que les damnés mythologiques (6, 608-627).
Les bienheureux (6, 628-678)
La prêtresse pousse Énée à poursuivre sa route, lui montrant l'endroit où il doit déposer le rameau d'or, à l'entrée de l'Élysée (6, 628-636).
Ils parviennent dans un lieu très agréable, où les bienheureux s'adonnent dans la paix, à des jeux, à des danses et à des chants, tels le poète Orphée et les fondateurs de la race troyenne. Ils rencontrent ensuite des anonymes, récompensés pour leurs mérites et leurs vertus : soldats, prêtres, poètes et artistes (6, 637-665).
À la Sibylle qui demande où se trouve Anchise, le poète Musée donne quelques détails sur la vie en ces lieux, puis leur indique la voie à suivre (6, 666-678).
Révélations et prophéties d'Anchise [6, 679-901] Retrouvailles - Au bord du Léthé (6, 679-751)
Énée aperçoit alors Anchise, occupé à recenser les âmes de ses descendants destinées à gagner un jour la terre des vivants ; père et fils se retrouvent avec beaucoup d'émotion, se parlent, sans toutefois pouvoir s'étreindre (6, 679-702).
Anchise renseigne brièvement Énée sur les âmes innombrables qui cherchent l'oubli en buvant l'eau du Léthé, dans l'attente d'une réincarnation, mais il se montre surtout désireux de faire connaître à son fils la future lignée de leurs descendants (6, 703-718).
Au préalable cependant, il satisfera la curiosité d'Énée à propos du sort des âmes après la mort. Il expliquera que les choses proviennent d'une masse matérielle originelle, animée par un esprit. En particulier, les humains sont constitués d'un élément spirituel, gravement alourdi par la matière, qui leur fait oublier le ciel. Après la mort, les âmes doivent expier leurs fautes, en subissant divers supplices, après quoi certaines seraient dans l'Élysée, tandis que les autres attendraient une réincarnation (6, 719-751).
Revue des héros romains (6, 752-853)
Anchise va maintenant désigner dans la foule en attente de renaissance toute une série de futures gloires romaines. Viennent d'abord les rois d'Albe (dont le premier, Silvius, et les derniers Procas et Numitor), les fondateurs de petites villes voisines de Rome, et enfin Romulus, qui fera de Rome le centre du monde (6, 752-787).
Anchise présente ensuite l'empereur Auguste au milieu des Iulii, insistant avec emphase sur son rôle pacificateur et sur l'étendue de son empire, ce qui ne peut que stimuler Énée (6, 788-807).
Seront évoqués ensuite les rois de Rome successeurs de Romulus (Numa, Tullus, Ancus, et les deux Tarquins, Servius Tullius étant oublié), ainsi que Brutus, "tombeur" des rois et instaurateur de la République (6, 808-823).
Anchise présente encore quelques figures marquantes de l'époque républicaine, notamment César et Pompée, les vainqueurs de la Grèce, les vainqueurs de Carthage, avant de terminer en insistant sur la mission spécifique de Rome, qui sera de faire régner la paix dans le monde soumis à ses lois (6, 824-854).
Vision de Marcellus et retour sur terre (6, 854-901)
La dernière "apparition" sera celle d'un jeune homme escortant l'éminent héros Marcellus. Énée, intrigué par son air triste, apprend bientôt de la bouche d'Anchise très ému qu'il s'agit du jeune Marcellus (neveu et gendre d'Auguste), paré de toutes les qualités et destiné à mourir dans la fleur de l'âge (854-885).
À la fin du parcours, Énée est prêt pour poursuivre sa mission glorieuse, non exempte pourtant des difficultés que lui dévoile Anchise. Pour quitter le monde souterrain, Énée emprunte la Porte d'ivoire, celles des songes trompeurs ; il rejoint aussitôt sa flotte, et part immédiatement pour le Latium (6, 886-901).