Traduction nouvelle avec notes par Danielle De Clercq (Mars 2008)
provinces (V 3). En défendant les intérêts des provinciaux qui ont intenté des procès contre des gouverneurs corrompus.
art (V 4). Cette réflexion sur l'utilité de l'éloquence, qui se prolonge jusqu'à la fin du chapitre, est proche de l'opinion de L. Licinius Crassus rapportée par Cicéron. Cf. de Or. I, VIII 30-32 : « Neque uero mihi quicquam » inquit « praestabilius uidetur, quam posse dicendo tenere hominum coetus, mentis adlicere, uoluntates impellere quo uelit, unde autem uelit deducere : haec una res in omni libero populo maximeque in pacatis tranquillisque ciuitatibus praecipue semper floruit semperque dominata est. 31. Quid enim est aut tam admirabile, quam ex infinita multitudine hominum exsistere unum, qui id, quod omnibus natura sit datum, uel solus uel cum perpaucis facere possit ? Aut tam iucundum cognitu atque auditu, quam sapientibus sententiis grauibusque uerbis ornata oratio et polita ? Aut tam potens tamque magnificum, quam populi motus, iudicum religiones, senatus grauitatem unius oratione conuerti ? 32. Quid tam porro regium, tam liberale, tam munificum, quam opem ferre supplicibus, excitare adflictos, dare salutem, liberare periculis, retinere homines in ciuitate ? Quid autem tam necessarium, quam tenere semper arma, quibus uel tectus ipse esse possis uel prouocare integer uel te ulcisci lacessitus ? » Pour moi, dit-il, rien ne me semble plus prestigieux que de pouvoir, rien que par sa parole, tenir sous sa coupe des assemblées, séduire les esprits, entraîner où on veut les volontés ou les ramener d'où on veut. C'est ce seul art qui dans tout peuple libre et surtout dans les États qui jouissent de la paix et de tranquillité a toujours brillé et a toujours joué un rôle prépondérant. 31. Oui, quoi de plus prodigieux qu'un seul homme qui se détache d'une masse indistincte de gens, puisse mettre en oeuvre, ou bien seul, ou bien avec très peu d'autres, ce qui est donné par la nature à tous ? Quoi de plus agréable à découvrir et à écouter qu'un discours, d'une forme élaborée et rehaussé par la sagesse de la pensée et la gravité de l'expression ? Existe-t-il preuve plus grande de puissance et de grandeur qu'un orateur à lui tout seul infléchisse les mouvements du peuple, les scrupules des juges, l'autorité du sénat ? Bien plus, quoi de plus auguste, de plus digne d'un homme libre, de plus généreux que de porter secours aux suppliants, de relever ceux qui sont accablés, de sauver des gens, de les délivrer des périls, de leur éviter l'exil ? Quoi de plus indispensable que d'avoir toujours sous la main des armes que ce soit pour se protéger ou attaquer sans se mettre en danger ou se venger des attaques ?
arme (V 4 ; 5). Cf XXXII 2 où Messalla utilise cette métaphore reprise à de Or. I, VIII 30-32.
tribunal (V 5). À l'époque impériale, les procès civils étaient traités devant le tribunal des centumvirs et, en cas d'appel, devant le sénat. Les causes pénales étaient dévolues aux juges des quaestiones perpetuae, chambres d'enquêtes connaissant d'un chef d'accusation particulier et présidées par un préteur ou, à défaut, par un quaesitor, et plus souvent au sénat quand il s'agissait de procès intentés à l'aristocratie, et aussi en présence du prince.
noble (VI 2). Allusion à la valeur morale qui doit sous-tendre l'activité de l'orateur.
toge (VI 4). Elle distingue patriciens et chevaliers des gens du peuple qui, eux, portent la tunique, laquelle est un vêtement de travail.
public (VI 4). Ces propos sur la large audience qu'attirent les orateurs à l'époque d'Aper est en contradiction avec ceux de Secundus. Cf. XXXIX 3.
laticlave (VII 1). Bande de pourpre bordant la toge des sénateurs. Le sénat fut rendu accessible aux Gaulois par Claude en 48. Cf. Ann. XI 23 sv.
nouveau (VII 1). Homo nouus désigne le premier représentant d'une famille accédant à une magistrature curule.
prisée (VII 1). Selon GoBo, il s'agirait d'une tribu gauloise dont la fidélité à Rome n'était pas sûre (n. 3 p. VI).
centumvirs (VII 1). Constitué en 207 a.C., le tribunal des centumvirs, qui comptait au départ 105 membres, soit 3 par tribu, puis 180, traitait principalement des questions de succession et de causes civiles en général. Cette juridiction prit de l'importance sous l'Empire. Cf. XXXVIII 2.
procurateurs (VII 1). Les affranchis impériaux s'occupaient de l'intendance du palais tandis que les procurateurs impériaux, souvent eux-mêmes des affranchis, administraient les biens de l'empereur et des sénateurs à Rome et dans les provinces, et disposaient d'un pouvoir de juridiction civile et militaire.
Capoue (VIII 1). Ville de Campanie sur le Volturne, Capua (lat. & it.) fut fondée par les Étrusques. Verceil (lat. Vercellae - it. Vercelli) est une ville de la Gaule Transpadane proche de l'actuelle Novara.
comportement (VIII 3). Aper recourt à cet euphémisme pour rappeler le lourd passé de dénonciateurs des deux personnages. On peut s'étonner, au vu de ses rapports excellents avec Tacite, qu'Aper cite en exemple deux personnages que son disciple déteste particulièrement, et relever aussi une contradiction avec ses propos sur la personnalité de l'orateur. Cf. VI 2 : noble. Mais c'est une façon amère et ironique de montrer la force de l'éloquence sans moralité et de stigmatiser la décadence morale de l'époque, sujet qui occupera l'essentiel de l'exposé de Messalla. Cf. XXX sv.
vérité (VIII 3). La tolérance de Vespasien est bien connue. Cf Suétone Vesp. 13, 1. L'allusion paraît détournée pour faire comprendre qu'il apprend la vérité telle que la lui présentent les délateurs.
recueille (IX 4). Cette réflexion est à rapprocher de Juvénal Sat. VII 82 sv. : Curritur ad uocem iucundam et carmen amicae/Thebaidos, laetam cum fecit Statius urbem/ promisitque diem : tanta dulcedine captos/ adficit ille animos tantaque libidine uolgi/ auditur. Sed cum fregit subsellia uersu /esurit. On court pour entendre sa voix charmeuse réciter les vers de cette Thébaïde que nous aimons quand Stace, à la joie de Rome, a fixé le jour de récitation. Comme il enjôle les coeurs, comme la foule jouit de l'écouter ! Mais une fois que ses vers ont fait crouler les gradins, il meurt de faim.
générosité (IX 5). Cf. Suétone Vesp. 17-18.
génie (IX 5). Est désignée ici la divinité qui naît en même temps que chaque personne et l'accompagne sa vie durant.
bocages (IX 6 In nemora et lucos ; XII 1 Nemora uero et luci). Pline le Jeune, dans une lettre à Tacite, qui pourrait être postérieure à 109, reprend quasiment cette formulation en l'associant à l'activité poétique. Cf. Ep. IX 10, 2 : poemata quiescunt, quae tu inter nemora et lucos commodissime perfici putas. Mes poèmes sont au repos, que tu crois très aisé de porter à leur perfection au beau milieu des bocages et des bois.
compatriotes (X 2). Cf. Aper.
détournais (X 3). Cf. V 3.
Nicostrate (X 5). Athlète fameux du 1er siècle, réputé pour son invicibilité à la lutte et au pugilat. Cf. I.O. II 8, 14 : ille, quem adulescentes senem uidimus, Nicostratus. Nicostrate que j'ai vu dans ma jeunesse alors qu'il était un vieillard. On pourrait voir dans ce passage de Tacite une allusion à Quintilien.
heurtes (X 6). Cf II 1 ; III 2.
privés (X 8). Aper reconnaît pleinement que l'orateur, si influent et si habile à se défendre soit-il, doit éviter, sauf circonstances exceptionnelles, toute ingérence dans la vie politique.