Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS

Suétone (généralités)

Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)


  Suétone, Jules César, 5

 V. Il est fait tribun des soldats

(1) Revenu à Rome, la première magistrature qu'il obtint par les suffrages du peuple fut celle de tribun militaire. On le vit alors aider de tout son pouvoir ceux qui voulaient rétablir la puissance tribunitienne, dont Sylla avait beaucoup retranché.

(2) Il fit aussi servir la loi Plotia au rappel de L. Cinna, frère de sa femme, et de tous ceux qui, dans les troubles civils, s'étaient attachés à Lépide, et qui, après la mort de ce consul [77], s'étaient réfugiés auprès de Sertorius: il prononça même un discours à ce sujet.

(1) Tribunatu militum, qui primus Romam reuerso per suffragia populi honor optigit, actores restituendae tribuniciae potestatis, cuius uim Sulla deminuerat, enixissime iuuit.

(2) L. etiam Cinnae uxoris fratri, et qui cum eo ciuili discordia Lepidum secuti post necem consulis ad Sertorium confugerant, reditum in ciuitatem rogatione Plotia confecit habuitque et ipse super ea re contionem.


Commentaire

Première magistrature : sur les débuts de César dans la vie publique (jusqu'à l'édilité), voir L.R. Taylor, Caesar's Early Career, dans Classical Philology, 36, 1941, p.113-132.

Tribunat militaire : les comices élisent chaque année vingt-quatre tribuns militaires. En principe, ils sont destinés à servir comme officiers supérieurs dans les légions. En fait, à l'époque où nous sommes, ils ne sont plus appelés sous les armes mais, en tant que magistrats, sont susceptibles d'agir dans le domaine politique. Selon Chr. Meier (César, Paris, 1989, p.132), César aurait été élu au tribunat en 73, ou en 72, et il est possible qu'il « ait participé à ce titre à la guerre des esclaves », c'est-à-dire à la guerre contre Spartacus. T.R.S. Broughton (The Magistrates of the Roman Republic. II 91 B.C. - 31 B.C., p.125) situe le tribunat de César en 71.

Puissance tribunitienne : Sylla avait considérablement réduit les pouvoirs des tribuns et, surtout, interdit aux titulaires de cette charge l'accès aux autres magistratures. Dès les années 75, ces mesures restrictives sont combattues par certains hommes politiques ; elles disparaîtront pour de bon en 70, sous le consulat de Pompée.

Loi Plotia : du nom d'un tribun, Plautius, qui aurait soumis et fait voter cette proposition de loi en 70 (cf. T.R.S. Broughton, op.cit., p.128). Ce texte autorisait le retour à Rome des partisans de Lépide qui, après l'échec de ce dernier (cf. ch.3), s'étaient réfugiés auprès de Sertorius.

L. Cornelius Cinna : fils du Cinna dont il est question au ch.1. Il devient préteur en 44. Cinna n'a probablement pas pris part directement à la conspiration qui aboutit à l'assassinat du dicatateur mais était devenu son farouche opposant (cf. ch.85, 1)

Q. Sertorius : d'origine équestre, devient questeur en 91, puis préteur (en 85 ou 83). C'est un partisan de Marius et de Cinna qui, après sa préture, devient gouverneur d'Espagne. Il doit s'enfuir de sa province devant son remplaçant, envoyé par Sylla, mais y reprend pied en 80, rappelé par les Lusitaniens. Il fait de l'Espagne un foyer de résistance à Sylla puis au régime qui, à Rome, s'est mis en place après l'abdication du dictateur. Il reçoit l'appui des partisans de Lépide, s'allie à Mithridate, est vainqueur de Pompée en 77 mais son régime devient de plus en plus despotique et il finira par être assassiné en 73. Plutarque a composé une Vie de Sertorius.

 


[15 juin 2004]