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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XIII. Il est nommé souverain pontife. Ses profusions et ses dettes
Déçu de
l'espérance d'un commandement,
César brigua le souverain
pontificat,
et répandit l'argent avec une telle
profusion, qu'effrayé lui-même de
l'énormité de ses dettes, il dit
à sa mère, en l'embrassant avant de
se rendre aux comices,
qu'il
ne rentrerait pas chez lui, sinon comme
pontife. (2)
Il
l'emporta sur deux compétiteurs
bien redoutables, bien supérieurs à
lui par l'âge et par la dignité; et il
eut même sur eux cet avantage, de
réunir plus de suffrages dans leurs propres
tribus, qu'ils n'en eurent ensemble dans toutes les
autres. (1)
Deposita prouinciae spe pontificatum maximum petit
non sine profusissima largitione; in qua reputans
magnitudinem aeris alieni, cum mane ad comitia
descenderet, praedixisse matri osculanti fertur
domum se nisi pontificem non reuersurum. (2)
Atque ita potentissimos duos competitores multumque
et aetate et dignitate antecedentes superauit, ut
plura ipse in eorum tribubus suffragia quam uterque
in omnibus tulerit.
CommentaireCommandement : il s'agit du commandement en Égypte dont il a été question au ch.11.
Souverain pontificat : César appartenait au collège de pontifes depuis 73. Depuis une loi de Sylla de 82, le collège comportait quinze membres et avait à sa tête un président, le Pontifex Maximus. Celui-ci, à l'époque où nous sommes, était élu par le peuple (en fait, une assemblée de dix-sept tribus, sur trente-cinq) parmi trois candidats, déjà pontifes, présentés par leurs collègues. Charge prestigieuse, le souverain pontificat était ordinairement conféré à des personnages ayant déjà derrière eux une longue et brillante carrière. Il s'agissait ici de remplacer Q. Cæcilius Metellus Pius, mort en 63.
Compétiteurs : les rivaux de César, dans cette élection, étaient deux anciens consuls, P. Servilius Isauricus, consul en 79, et Q. Lutatius Catulus, consul en 78 et Princeps senatus (cf. Plutarque, César, 7, 1). Rappelons qu'en 63, César n'a pas encore accédé à la préture. Catulus a très mal accepté sa défaite si l'on en croit Salluste (Catilina, 49, 2): "Catulus, depuis sa candidature au pontificat, brûlait de haine contre César pour avoir été, à la fin d'une carrière comblée des plus grands honneurs, battu par ce tout jeune homme, auquel il avait dû céder la place" (trad. A. Ernout).
[31 août 2004]