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MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


 

TACITE

Origine et territoire des Germains, dit La Germanie

(XXV-XXVII)

 

 

Traduction nouvelle avec notes de Danielle De Clercq, Bruxelles, 2003

 


 [I] [II] [III] [IV] [V] [VI] [VII] [VIII] [IX] [X] [XI] [XII] [XIII] [XIV] [XV] [XVI] [XVII] [XVIII]

[XIX] [XX] [XXI] [XXII] [XXIII] [XXIV] [XXV] [XXVI] [XXVII] [XXVIII] [XXIX] [XXX]

[XXXI] [XXXII] [XXXIII] [XXXIV] [XXXV] [XXXVI] [XXXVII]

[XXXVIII] [XXXIX] [XL] [XLI] [XLII] [XLIII] [XLIV] [XLV] [XLVI]

   

 

Plan

 

Introduction

Traduction et notes

Première partie:

Comment peut-on être Germain? (I-IV)

Vivre en Germanie (V-VIII) (IX-XV) (XVI-XIX) (XX-XXIV) (XXV-XXVII)

Deuxième partie:

Particularismes de peuples germaniques (XXVIII-XXXIII) (XXXIV-XXXVII) (XXXVIII-XLII) (XLIII-XLVI)

Cartes

Benario (1999)

Goelzer (1917)

Grane (2003)

Perret (1949)

Rives (1999)

 


Esclaves et affranchis

(XXV 1). Quant à leurs esclaves d'autre provenance, les Germains ne les utilisent pas comme nous. Tandis que nous confions aux nôtres des tâches précises pour la gestion d'un domaine, là-bas chaque esclave vit chez lui. Il a son foyer bien à lui. Son maître lui enjoint, comme à un métayer, de lui fournir un quota de blé ou de bétail ou de tissu. C'est à cela que l'esclave limite sa soumission. Toutes les autres tâches domestiques sont à charge de la femme et des enfants du maître.

Fouetter un esclave, l'enchaîner, lui infliger des travaux forcés est chose rare. En tuer est monnaie courante, non par respect de la discipline ou par sévérité, mais dans un élan de colère, comme on agirait envers un ennemi personnel, avec cette différence que ce meurtre n'est pas punissable.

(XXV 2). La situation des affranchis est à peine supérieure à celle des esclaves. Leur influence est rare en privé, nulle dans la vie publique, sauf chez des peuples soumis à un roi. Là, en effet, ils se placent bien au-dessus des hommes libres et bien au-dessus des nobles. Chez tous les autres peuples, l'infériorité des affranchis témoigne de l'importance de la condition d'homme libre.

Gestion des moyens d'existence

(XXVI 1). Faire fructifier l'argent et s'enrichir en pratiquant l'usure sont des comportements inconnus. Cette attitude se maintient encore mieux que si ces pratiques étaient interdites.

(XXVI 2). Quant aux sols cultivables, ils sont tour à tour réquisitionnés pour l'ensemble des cultivateurs en fonction de leur nombre. Ensuite on les attribue compte tenu du rang social de chacun. L'étendue des plaines rend le partage aisé. (XXVI 3). On change de terres en labour au cours des années et celles à cultiver demeurent en surnombre. Car nos Germains ne rentabilisent pas la fécondité et l'étendue de leurs parcelles en s'évertuant à planter des arbres fruitiers, à délimiter des prairies et à irriguer des potagers. Tout ce qu'ils exigent de la terre, c'est une récolte. (XXVI 4). Aussi ne divisent-ils pas l'année en autant de saisons que nous. S'ils ont notion de l'hiver, du printemps, de l'été et des vocables pour les désigner, ils ignorent le nom de l'automne tout autant que ses bienfaits.

Morts et vivants

(XXVII 1). Leurs funérailles n'ont rien d'ostentatoire. Ils veillent seulement à brûler avec certains bois les corps des grands hommes. Ils n'entassent sur le bûcher ni vêtements ni aromates. Le défunt est brûlé avec ses seules armes et, dans certains cas, avec son cheval. Des mottes de gazon forment la tombe. Ériger un monument représente pour eux un hommage difficile et laborieux qu'ils méprisent et jugent pénible pour les défunts. Ils se laissent aller dans l'immédiat aux plaintes et aux pleurs. Souffrance et tristesse ne s'effacent que tardivement. Il sied aux femmes de manifester le deuil, aux hommes de se souvenir.

 

Transition

(XXVII 2). Voilà donc tout ce que nous savons de l'origine et du mode de vie des Germains en général. Le moment est venu d'exposer dans quelle mesure chaque peuple se distingue par ses institutions et ses rites, sans oublier ceux qui ont émigré de la Germanie vers les Gaules.


 

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