Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, II, p. 350b-356a - ans 657-665

Édition : A. Borgnet (1869) ‒ Présentation nouvelle, traduction et notes de A.-M. Boxus et de J. Poucet (2021)

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Ans 657-665

ROIS MÉROVINGIENS ET PRÉVÔTS - PÉPIN II - PLECTRUDE - DROGON ET GRIMOALD - ALPAÏDE - SAINT HUBERT - SAINT LAMBERT - PAPAUTÉ (DIEUDONNÉ, DOMNUS, BONIFACE VI, AGATHON, LÉON II) - EMPEREUR CONSTANTIN - SAINTE ODE ET SAINTE LANDRADE - VISÉ et AMAY - CHARLES MARTEL

Myreur, II, p. 350b-356a

 

A. An 657 = Myreur, II, p. 350b-351a : Le monde franc et le diocèse de Tongres : Pépin II - Son épouse Plectrude - Ses deux fils légitimes, Drogon et Grimoald - Sa concubine Alpaïde - Vives réactions de saint Lambert - Pépin échappe à l'excommunication en lui faisant croire qu'il a chassé Alpaïde - Saint Hubert est très proche de saint Lambert qu'il seconde en tout, même en politique

 

B. Ans 658-661 = Myreur, II, p. 352-353a : Divers : Transfert des corps de saint Benoît et de sainte Scolastique - Successions en Hongrie et en Flandre - Papauté : mort de Dieudonné, règne et mort de Domnus, règne et mort de Boniface VI, consécration d'Agathon - Problèmes entre l'empereur byzantin Constantin, les Romains et le pape Agathon

 

C. Ans 662-665 = Myreur, II, p. 353b-355a : Divers : Saint Lambert convertit Visé - Sainte Ode (de Poitiers), tante de saint Hubert, donne ses biens à l'Église et fonde Amay - Mort du bon pape Agathon - Tremblement de terre en Asie - Consécration et règne du pape Léon II (ses activités militaires et religieuses, et surtout, suite à une tentation charnelle, le miracle de sa main coupée) - Sainte Landrade fonde l'abbaye de Bilsen dont elle devient l'abbesse

 

D. An 665 = Myreur, II, p. 355b-356a : Origine du nom de Charles Martel, fils de Pépin II et d'Alpaïde - ses armes

 


A. An 657 = Myreur, II, p. 350b-351a

 

1. Pépin II, installé avec sa concubine Alpaïde, chasse son épouse Plectrude et fournit des terres à  ses fils légitimes Drogon et Grimoald

2. Saint Lambert ordonne à Pépin, sous peine d'excommunication, de chasser Alpaïde et de rappeler Plectrude

3. Pour éviter la peine, Pépin se déclare séparé d'Alpaïde, tout en la conservant secrètement avec lui - Saint Lambert le croit

4. Saint Hubert devient le disciple très proche de saint Lambert et le seconde sur le plan religieux et en politique

5. Saint Lambert fait la paix entre deux rois

 

1. Pépin II, installé avec sa concubine Alpaïde, chasse son épouse Plectrude et fournit des terres à ses deux fils légitimes Drogon et Grimoald

[II, p. 350b] [Pipin encachat sa femme et mariat ses II enfans - Drogh fut dus de Suaire et Grimoars dus de Campangne] Adont commenchont Plectris et ses dois fis à cachier et procureir la mort Alpays ; mains elle fut racusée à Pipin, et Pipin l'encachat en sus de sa compangnie, et à ses dois enfans donnat-ilh dois ducheis ; et oit Drogh la ducheit de Suaire et Grimoart la ducheit de Campangne, et les fist cascon aleir en son terre. Puis mettit Pipin Alpais deleis luy, com chu fust sa femme.

[II, p. 350b] [Pépin chassa sa femme et maria ses deux enfants - Drogon fut duc de Souabe et Grimoald duc de Champagne] Alors Plectrude et ses deux fils se mirent à poursuivre Alpaïde et à chercher à la faire mourir. Mais leur manœuvre fut dénoncée à Pépin qui chassa Plectrude de sa compagnie et donna un duché à chacun de ses deux enfants : Drogon eut celui de Souabe et Grimoald [II] celui de Champagne. Pépin les envoya alors chacun sur leurs terres. Puis Pépin installa Alpaïde auprès de lui, comme si elle était sa femme.

2. Réactions très dures de saint Lambert qui lui ordonne, sous peine d'excommunication, de chasser Alpaïde et de rappeler Plectrude

[Comment Sains Lambers reprist Pipin de fait d’Alpays] Mains quant sains Lambers le soit, si en fut mult corochiés : « Hée Dieu ! dist-ilh, dont vient teile acontanche ? Je croye que ly dyable ait chi ovreit, qui at Pipin dechuit qui est si hals prinche et issus de la plus sainte lignie de monde, qui enssi est enchanteit de puterie si dishonieste en linaige Ebroien : sy at encachié sa femme esposée, ilh n'est mie digne d'eistre prinche. »

[Saint Lambert blâma Pépin à propos d'Alpaïde] Mais quand saint Lambert le sut, il en fut très fâché : « Hé Dieu, dit-il, pourquoi pareille liaison ? Je crois voir ici l'oeuvre du diable, qui a fait succomber Pépin. C'est un si haut prince, issu de la plus sainte lignée du monde, et le voilà ainsi envoûté dans la débauche honteuse du lignage d'Ébroïn : il a répudié sa femme légitime ; il n'est pas digne d'être Prince. »

Atant s'en vat tout en teile coroche sains Lambers à Jupilhe, si trovat Pipin en la sale, si at parleit mult fellement à ly et li dest : [II, p. 351] « Hons, deveste ches nobles vestimens royals, et en vas faire la penitanche par les bois de pechiet, et del adulteire, et del fornication que tu as faite, dont tes anchiestres ont esteit sens culpe ; et tu dors chi en pechiet mortel, si es en gran perilhe que ly dyable, qui chu tu conselhe, qu'ilh ne t'enstrangle ; car, se tu ne reprens ta femme, je suy chi vicaire de Dieu, si toy maldit et excommengne del auctoriteit que Dieu m'at donneit, car ton estat flaire à Dieu. Je toy prie, por l'amour de Dieu merchi, que tu lasse le dyable qui toy tient par le coul, et qui toy wet traire aux infers, et si reprens l'estat de grasce et bon cuer en toy, et remande la femme et fais tout chu dedens XL jours, ou dont est mon entente que mes processes soient fulmyneis, et valhent maintenant por adont. » Quant Pipin entendit chu, tout li cuer ly frumelhe, et fut mult confuit.

Alors, animé d'un tel courroux, saint Lambert s'en alla à Jupille trouver Pépin dans la salle (du palais). Il lui parla très durement en disant : [II, p. 351] « Homme, quitte ces nobles vêtements royaux et va-t-en dans les bois faire pénitence pour les péchés d'adultère et de fornication que tu as commis, péchés dont tes ancêtres ne se sont jamais rendus coupables. Tu dors ici, en état de péché mortel, et tu cours le grand danger d'être saisi par le diable, qui te pousse à faire tout cela. En effet, si tu ne reprends pas ton épouse, moi, qui suis ici le vicaire de Dieu, je te maudis et, par l'autorité que Dieu m'a donnée, je t'excommunie, car ton état déplaît à Dieu. Par pitié, pour l'amour de Dieu, je t'en prie : renonce à suivre le diable qui te tient par le cou et veut t'attirer en enfer ; retrouve en toi l'état de grâce et ton bon coeur ; rappelle ta femme. Et fais tout cela dans les quarante jours. Sinon, j'entends publier mes décisions et les rendre applicables immédiatement. » Quand Pépin entendit cela, son coeur s'agita beaucoup et il fut tout perdu.

3. Pour éviter la punition, Pépin se déclare séparé d'Alpaïde, tout en la conservant secrètement avec lui - Saint Lambert le croit

Et sains Lambers soy partit, qui n'avoit mie joie, et revint à Treit. Et Pipin, qui ne poioit veioir la departie de li et d'Alpaiis, l’at enfermée en une chambre à Jupilhe, et fist dire partout qu'elle est departie de Pipin. Et quant sains Lambers oit chu dire, si en fut mult liies, car ilh cuidat que chu fuste voire..

Alors saint Lambert s'en alla sans joie et retourna à Maastricht. Quant à Pépin, qui ne pouvait se voir séparé d'Alpaïde, il enferma celle-ci dans une chambre à Jupille, en faisant dire partout qu'elle était séparée de Pépin. Quand il apprit cela, saint Lambert fut très satisfait, croyant que c'était vrai.

4. Saint Hubert devient le disciple très proche de saint Lambert et le seconde sur le plan religieux et en politique

[Sains Hubers devint le disciple de sains Lambert] Quant sains Hubers d'Aquitaine fut infourmeit del estat que Pipin menoit, ilh vient à Treit, où ilh venoit sovens deleis sains Lambers. Et à cel fois ilh devient vraie disciple à sains Lambers, et alloit en tous lieu awec sains Lambers, et lonche et pres, où ilh alloit prechier le peuple, et à Colongne et à Mes, à Trive et à Maienche, en Franche et altre part, et à Bologne où ilh abattit le heresie Aurelin, et toudis fut awec ly sains Hubers.

[Saint Hubert devint le disciple de saint Lambert] Quand saint Hubert d'Aquitaine fut informé de la conduite de Pépin, il se rendit à Maastricht, où il venait souvent auprès de saint Lambert. Et dès lors, il devint le vrai disciple de saint Lambert. Il l'accompagnait partout, loin ou près, où il allait prêcher, à Cologne et à Metz, à Trêves et à Mayence, en Neustrie et ailleurs, ainsi qu'à Bologne où il mit fin à l'hérésie d'Aurélien. Toujours saint Hubert était avec lui.

5. Saint Lambert fait la paix entre deux rois

[Sains Lambers fist paix] Si revint par Paris, si trovat grande esmuet entre le roy franchois et le roy de Cathelongne ; et avoient journée de batalhe l'unc contre l'autre, où sains Lambers alat, et, par le volenteit de Dieu, ilh les accordat si bien que chu fut tout à l'honneur de l'onne partie et de l'autre. Et ly sires d'Ancongne ly donnat unc anyal, où ilh avoit unc rubi d'Orient qui valoit mervelhe. Et sains Lambers s'en alat à l'engliese Sains-Denys en Franche, et presentat là ledit aneal, et puis se revient à Treit.

[Saint Lambert fit la paix] Saint Lambert revint par Paris, où il trouva qu'une grande querelle opposait le roi franc et le roi de Catalogne. Ils s'affrontaient précisément le jour de l'arrivée de saint Lambert. Celui-ci, par la volonté de Dieu, les réconcilia, ce qui fit honneur aux deux parties. Le seigneur d'Antoing donna à saint Lambert un anneau, orné d'un rubis d'Orient qui avait une valeur prodigieuse. Saint Lambert se rendit à l'église Saint-Denis en Francie où il présenta l'anneau en question. Puis il s'en revint à Maastricht.


 

B. Ans 658-661 = Myreur, II, p. 352-353a

 

1. Transfert des corps de saint Benoît et de sainte Scolastique

2. Successions en Hongrie et en Flandre

3. Papauté : mort de Dieudonné II (672-676 n.è.), règne et mort de Domnus (676-678 n.è.)

4. L'empereur Constantin, chassé de Rome par les Romains, s'installe à Constantinople

5. Papauté : règne et mort de Boniface VI, consécration d'Agathon (678-681 n.è.)

6. Problèmes entre l'empereur byzantin Constantin, les Romains et le pape Agathon

 

1. Transfert des corps de saint Benoît et de sainte Scolastique

[Sains Benois fut translateis] Item, l'an VIc et LVIII, furent les corps sains Benois et sainte Scolaiste, sa soreur, translateis de monte de Cassin en l'abbie de Floriane qui est en la dyocese [II, p. 352] d'Orlin.

[Saint Benoît fut transféré] En l'an 658, les corps de saint Benoît et de sainte Scolastique, sa soeur, furent tansférés du Mont Cassin en l'abbaye de Fleury, qui se trouve dans le diocèse [II, p. 352] d'Orléans.

2. Successions en Hongrie et en Flandre

[Hongrois - Flandre] En cel an morut ly roy Julin de Hongrie : si fut roy apres li son fis Ector, qui regnat XXVIII ans. En cel an morut Sygibers, ly second conte de Flandre, si fut son anneis fis conte apres luy, qui oit nom Hildris, liqueis regnat XXV ans.

[Hongrois - Flandre] Cette année-là mourut le roi Julien de Hongrie ; son fils Hector lui succéda et régna pendant vingt-huit ans. Cette même année mourut Sigebert, le second comte de Flandre. Ce fut son fils aîné, Hildris, qui lui succéda et qui régna vingt-cinq ans.

3. Papauté : mort de Dieudonné II (672-676 n.è.), règne et mort de Domnus (676-678 n.è.)

[De pape] Item, l'an VIc et LVIII deseurdit le VII jour de mois de jenvier, morut li pape Dieudonneit, si fut ensevelis en l'engliese Sains-Pire à Romme. Chis pape fut I sains hons et si caritauble, que tous hommes de plus grans jusqu'à petis ilh lassoit venir en sa presenche et escutoit chu que cascon voloit dire.

[Le pape] En l'an 658, le sept janvier, mourut le pape Dieudonné, qui fut enseveli dans l'église Saint-Pierre à Rome. C'était un homme saint et si charitable qu'il laissait venir à lui tous les hommes, des plus grands aux plus humbles, et écoutait ce que chacun voulait lui dire.

[Donnus li LXXXIe pape] Apres sa mort, quant li siege oit vaqueit XII jours, si fut consecreis à pape Donnus, unc prestre qui fut de la nation de Romme, le fis Mauricien le senescal des senateurs. Et tient le siege I an, trois mois et III jours ; et Martin dist III ans VI mois et X jours. Et vacat li siege IIII mois et XV jours.

[Domnus, 81e pape] Après sa mort, après douze jours de vacance de siège, Domnus fut consacré pape à Rome ; d'origine romaine, il était le fils de Mauricien, le sénéchal des sénateurs. Il occupa le siège un an, trois mois et trois jours ; Martin dit trois ans, six mois et dix jours. Le siège resta vacant quatre mois et quinze jours.

4. L'empereur Constantin, chassé de Rome par les Romains, s'installe à Constantinople

[L’an VIc et LIX - L’emperere fut cachiés hors de Romme] Item, l'an VIc et LIX les Bulgres devastarent Romme fortement, auxqueis Constantin l'emperere s'acordat por argent qu'ilh leur donat. Dont les Romains furent mult corochiés, en disant que Romme soloit eistre le chief del monde et tout ly remanant rendoit tregut à lée, ors rent-el tregut auz altres, et encacharent l'emperere fours de Romme. Si alat en Constantinoble demoreir, car qui estoit adont emperere de Romme, ilh l'estoit oussi de Greche.

[L’an 659 - L’empereur fut chassé de Rome] En l'an 659, les Bulgares dévastèrent gravement Rome. L'empereur Constantin trouva un accord avec eux en leur donnant de l'argent. Les Romains en furent très irrités. Ils disaient que Rome, qui d'habitude était à la tête du monde et à qui tous les autres peuples versaient un tribut, était maintenant leur tributaire. Ils chassèrent l'empereur de Rome, qui alla demeurer à Constantinople, car alors l'empereur de Rome était aussi empereur de Grèce.

5. Papauté : règne et mort de Boniface VI, consécration d'Agathon (678-681 n.è.)

[Bonifache, li LXXXIIe pape] ltem, l'an VIc et LX, le XXIIe jours de mois d'avrilh, morut ly pape Donnus, si fut ensevelis en l'engliese Sains-Pire ; puis vacat ly siege I mois et III jours. Et puis fut consacreis à pape de Romme Bonifache, ly VIe de chi nom, qui fut de la nation de Romme. Et tient le siege III mois et VI jours. Et puis morut le promier jour de septembre, si fut ensevelis en l'engliese Sains-Pire, en lieu c'on dist en paradis qu'ilh avoit ordineit. Et apres sa mort vacat li siege XI jours, et Marlin dist I an VII mois et XV jours.

[Boniface, 82e pape] En l'an 660, le vingt-deux avril, mourut le pape Domnus, qui fut enseveli en l'église Saint-Pierre. Le siège resta vacant un mois et trois jours ; ensuite Boniface, le sixième de ce nom, originaire de Rome, fut consacré pape. Après avoir occupé le siège trois mois et six jours, il mourut le premier septembre et fut enseveli dans l'église Saint-Pierre, à l'endroit appelé paradis qu'il avait aménagé. Après sa mort, le siège resta vacant onze jours ; Martin dit un an, sept mois et quinze jours.

Boniface VI n'est plus pris en compte dans la liste officielle des papes.

[Ogothon, ly LXXXIIIe pape] Puis fut consacreis à pape ly cardinal evesque de Portuen, qui oit nom Ogothon qui fut de la nation de Sizilhe ou de Siculien, lyqueis tient le siege II ans II mois et III jours.

[Agathon, 83e pape] Ensuite fut consacré pape le cardinal évêque de Porto (? cfr II, p. 358), nommé Agathon, d'origine sicilienne ou sicule, qui occupa le siège deux ans, deux mois et trois jours.

6. Problèmes entre l'empereur byzantin Constantin, les Romains et le pape Agathon

 [II, p. 353] [L'an 661] Item, l'an VIc et LXI, vient li emperere Constantin de Constantinoble par nave en Ytaile, com chis qui voloit resideir là, por regarir d'on maladie de podagre c'on nom altrement articles. Mains quant ly dus de Bonivent, qui avoit nom Grimoaldin, le soit venant, si doubtat mult sa malvaisteit, et assemblat ses gens, si vint contre luy et le corut sus ; si fut ly emperere desconfis, si s'enfuit vers Romme por eistre sourcorus. Mains quant ly pape Ogothon le soit, si vint contre ly awec sa clergerie, VI milhes clers, fours de Romme, se le conduisit jusqu'en l'engliese Sains-Pire, où ilh oit mult de peuple assembleit.

[II, p. 353] [L'an 661] En l'an 661, l'empereur Constantin de Constantinople vint par bateau en Italie, comme s'il voulait y résider pour soigner une maladie de goutte, qu'on appelle aussi maladie des articulations. Mais quand le duc de Bénévent, nommé Grimoald, sut qu'il venait, il redouta beaucoup sa méchanceté. Il rassembla ses gens, se porta à sa rencontre et l'attaqua. L'empereur fut vaincu et s'enfuit vers Rome pour avoir de l'aide. Quand le pape Agathon le sut, il sortit de Rome à sa rencontre avec sa clergie, six mille clercs, et le conduisit jusqu'à l'église Saint-Pierre, où il avait rassemblé un grand nombre de gens.

[L’emperere revint à merchi aux Romans] Mains li emperere les priat merchis tout en common, et dest qu'ilh ne feroit jamais teile fait, et en nom d'amende ilh s'en yroit sour les Sarasins ostoiier, et ilh ly pardonnarent.

[L’empereur obtint le pardon des Romains] L'empereur implora leur pitié, dit qu'il ne ferait plus jamais cela et qu'en guise d'amende, il irait guerroyer contre les Sarrasins. Les Romains lui pardonnèrent.


 

C. Ans 662-665 = Myreur, II, p. 353b-355a

 

 

1. Conversions et fondations à Visé et Amay : rôle de saint Lambert et de sainte Ode de Poitiers, tante de saint Hubert

2. Papauté : mort d'Agathon (678-681 n.è.) et consécration de Léon II (682-683 n.è.)

3. Tremblement de terre en Asie

4. Le pape Léon II : ses activités militaires et religieuses, et surtout, suite à une tentation charnelle, le miracle de sa main coupée

5. Sainte Landrade fonde l'abbaye de Bilsen dont elle devient l'abbesse

 

1. Conversions et fondations à Visé et Amay : rôle de saint Lambert et de sainte Ode de Poitiers, tante de saint Hubert

[II, p. 353b] [Sains Lambers convertit ches de Viseit à Dieu] Item, l'an VIc et LXII, vint sains Lambers, l'evesque de Tongre, à une vilhe c'on nommoit Taxandrine, qui est maintenant nommée Viseit-sour-Mouse, où ilh habitoient tous barbarins dedens leur temples, où ilh fasoient sacrifiche aux ydolles en adorant, car ilh estoit adont une de leur sollempniteit.

[II, p. 353b] [Saint Lambert convertit à Dieu les gens de Visé] En l'an 662, saint Lambert, l'évêque de Tongres, vint dans une ville qu'on appelait Taxandrine (cfr I, p. 222 et p. 244), qui s'appelle maintenant Visé-sur-Meuse. Les habitants, tous des barbares, faisaient dans leurs temples des sacrifices aux idoles et les adoraient, car ils célébraient à ce moment-là une de leurs solennités.

[Al venuwe sains Lambers les ydolles chairent] Mains oussitost que sains Lambers entrat en leur temple, les ydolles chairent et soy commencharent à debrisier ly une à l'autre.

[À l'arrivée de saint Lambert, les idoles tombèrent] Mais dès que saint Lambert entra dans leur temple, les idoles tombèrent et commencèrent à se briser l'une l'autre.

[Quant les barbarins regardont sains Lambers, ilh soy convertirent à Dieu] Et quant les barbarins veirent chu, se prisent espeez et culteis et vorent ochire sains Lambers ; mains, oussitoist qu'ilh le regardarent, ilh commencharent tous à trembleir, car la fache sains Lambers estoit enluminée de sains espirs, et ly priarent merchi. Et quant ly sains hons veit le myracle, si les prechat teilement que ilh prisent baptemme.

[Quand les barbares regardèrent saint Lambert, ils se convertirent à Dieu] Quand les barbares virent cela, ils prirent des épées et des couteaux et voulurent tuer saint Lambert. Mais dès qu'ils le regardèrent, ils se mirent tous à trembler, car le visage de saint Lambert était illuminé par de saints esprits. Ils implorèrent alors sa pitié. Quand le saint homme vit ce miracle, il prêcha tellement qu'ils se firent baptiser.

[Del engliese de Viseit et del capelle] Et fut là fondée une engliese en l'honeur de la Virge Marie, et sour le tyer defours de ladit vilhe fut fondée I capelle en l'honeur de Sains-Espirs, en droit lieu là li temple des barbarins estoit. Et encor le nom ons Atemplier.

[L'église de Visé et la chapelle] À cet endroit fut fondée une église en l'honneur de la Vierge Marie et, sur la colline à l'extérieur de la ville, une chapelle en l'honneur du Saint-Esprit, à l'endroit exact où s'élevait le temple des barbares. Et le nom 'Atemplier' existe encore.

[Sains Hubers enortat sainte Oude, qui fondat Amain] A cel temps commenchat sains Hubier son antain, sainte Oude, à ennorteir, à chu qu'elle donnast por Dieu à sainte Engliese plantiveusement de sien. Et li racomptoit tousjours les myracles de sains Lambers, porquen [II, p. 354] sainte Oude, qui adjostat foid à chu que Hubers son cusins li disoit, vendit tout ses possessions, et aportat tout son tressoir en Allemangne awec lée, et querit une belle plaiche deleis Huy que ons nommoit le Vals d'Amain, et fondat là une vilhe et une engliese, où elle viscat mult saintement longtemps ; et apres son trespas elle fut Ià ensevelie.

[Saint Hubert persuada sainte Ode, qui fonda Amay] En ce temps-là, saint Hubert exhorta sa tante sainte Ode à donner abondamment de ses biens pour Dieu à la Sainte-Église. Il lui parlait toujours des miracles de saint Lambert, raison pour laquelle [II, p. 354] sainte Ode (cfr II, p. 306, p. 322, p. 432), qui avait foi en ce que son cousin lui disait, vendit toutes ses possessions et apporta avec elle tout le trésor qu'elle avait en Allemagne. Elle chercha un bel endroit tout près de Huy, appelé Val d'Amay, où elle fonda une ville et une église. Elle vécut là très saintement fort longtemps et, après son trépas, c'est là qu'elle fut ensevelie.

[Sainte Oude vint de Potier à Amain] Sainte Oude vint là de Potier habiteir, al instigation de sains Hubers qui li avoit tant presiet sains Lambers, qu'elle li voloit estre plus pres. Et, por l'amour de lée, sains Lambers consecrat l'engliese d'Amain.

[Sainte Ode vint de Poitiers à Amay] Sainte Ode vint de Poitiers pour s'installer à cet endroit, à l'instigation de saint Hubert qui lui avait tant fait l'éloge de saint Lambert qu'elle voulut vivre plus près de lui. Et par affection pour elle, saint Lambert consacra l'église d'Amay.

2. Papauté : mort d'Agathon (678-681 n.è.) et consécration de Léon II (682-683 n.è.)

Item, l'an VIc LXII deseurdit, le XIIIIe jour de novembre, morut li pape Ogothon, qui fut uns sains hons : chis pope quant ilh baisoit unc lepreux ilh garissoit de son maladie. A son temps, revint en obedienche l'engliese de Ravenne à l'engliese de Romme, qui longtemps devant avoit esteit rebelle. Et fut à son temps celebreit en Constantinoble le VIIe senne.

En l'an 662 mentionné plus haut, le dix-huit novembre, mourut le pape Agathon. Ce fut un saint homme : quand il baisait un lépreux, il le guérissait de sa maladie. À son époque, l'église de Ravenne, qui longtemps avait été rebelle, revint dans l'obédience de l'église de Rome. Et c'est aussi de son temps que le septième synode fut célébré à Constantinople.

[Lyon, li LXXXIIIIe pape de Romme] Apres la mort de chi pape vacat li siege XV jours. Et puis fut consacreis à pape Lyon, li secon de chi nom, et fut de la nation des Siculiens, fis d'on citain qui oit nom Poul, et tient le siege III ans I mois et III jours, et solonc Martin III ans X mois et XVIII jours. Et vacat li siege XI mois et XXII jours.

[Léon, 84e pape de Rome] Après la mort de ce pape, le siège resta vacant quinze jours. Puis fut consacré pape, Léon, le second de ce nom, qui était Sicilien, le fils d'un citoyen nommé Paul. Léon occupa le siège durant trois ans, un mois et trois jours et, selon Martin, pendant trois ans, dix mois et vingt-deux jours.

3. Tremblement de terre en Asie

[Muet de terre en Asye] ltem, l'an VIc et LXIII, en mois de junne, fist en Asie unc si grant muet de terre, qu'il en chaiit LVII casteals et XXIX citeis.

[Tremblement de terre en Asie] En l'an 663, au mois de juin, se produisit en Asie un si important tremblement de terre, que s'écroulèrent cinquante-sept castels et vingt-neuf cités.

4. Le pape Léon II : ses activités militaires et religieuses et surtout, suite à une tentation charnelle, le miracle de sa main coupée

[L’an VIc et LXIIII] Item, l'an VIc et LXIIII, entrarent les Romans en la terre de Lombardie por destruire ; mains les Dannois entrarent adont en Romenie, si covient les Romans retourneir por defendre leur paiis. Adont vient li pape Lyon sour les mures, en l'eur qu'ilh soy combattoient, et sengnat la balalhe, et tantoist furent les Sarasins desconfis.

[L’an 664] En l'an 664, les Romains pénétrèrent en terre de Lombardie pour la dévaster, mais alors l'entrée des Danois en territoire romain obligea les Romains à retourner défendre leur pays. Le pape Léon se présenta sur les murs à l'heure où se déroulait le combat et aussitôt les Sarrasins furent défaits.

En cel an, le jour de le sains Denys, s'avisat ly pape Lyon et fist pronunchier par tout la citeit de Romme, que tous cheaux, hommes et femmes, qui le sacrament voroient prendre le jour de tous les sains qui prochainement venrat, droit al engliese Sains-Pire, ilh li donroit de sa propre main, et les absolroit de paine et de coulpe, eaux promierement mis en l'estat de grasce de chu à rechivoir.

Cette année-là, le jour de la fête de saint Denys, le pape Léon décida et fit proclamer dans la cité de Rome que à tous ceux, hommes et femmes, qui voudraient recevoir le sacrement (de l'Eucharistie), à l'église Saint-Pierre, le jour de la prochaine Toussaint, il le leur donnerait de sa propre main. En outre, il tiendrait quitte de leur peine et de leur faute, ceux qui se seraient mis préalablement en état de grâce pour le recevoir.

[Li pape talhat sa main pour le temptation del char] Si avient aldit jour que une femme, qui oit nom Eugenne, qui estoit la plus belle femme de Romme, laqueile femme baisat le main de pape. Et ly pape le regardat, porquen ilh en oit grant templation, et le convoitat mult à congnostre charneilement ; mains ilh fut tant [II, p. 355] proidhons que de chu ilh soy deportat, et prist I cutel, si coupat sa main que la damme avoit baisiet, et le jettat par une fenestre en la Tybre, affin que jamais ne le veist.

[Le pape se coupa la main suite à une tentation charnelle] Au jour dit, une femme, nommée Eugénie, la plus belle femme de Rome, baisa la main du pape. Quand le pape la regarda, il fut tellement induit en tentation qu'il désira beaucoup la connaître charnellement. Mais il eut la grande [II, p. 355] sagesse de s'abstenir. Il prit un couteau, se coupa la main que la dame avait baisée et la jeta par une fenêtre dans le Tibre, pour ne plus jamais la voir.

Voir aussi, en II, p. 160, le cas du pape Hilaire.

Et il se fit que les senateurs s'aperchurent que li pape ne disoit plus messe, sicom ilh soloit faire aux sollempniteis, si en furent mult corochiés. Et quant ly emperere le soit, si mandat qu'ilh fust envoiés en exilhe, se ilh ne celebroit messe à jour del Pasque prochainement venant.

Les sénateurs s'aperçurent que le pape ne disait plus la messe, comme il le faisait d'habitude lors des solennités, et ils en furent très irrités. Quand l'empereur le sut, il donna l'ordre d'envoyer le pape en exil, s'il ne célébrait pas la messe à la prochaine fête de Pâques.

Quant ly pape [oiit] que li emperere Constantin le voloit envoier en exilhe, se ilh ne disoit messe, si fut en grant angosse, et soy mist en orisons une nuit, le mardi apres Judica qui est le domyniie devant le Pasque Florie, sour l'an VIc LXV, en priant à la glorieux Virge Marie, sicom advocaux des pecheurs, qu'elle le vosist sourcorir et aidier.

Quand le pape apprit que l'empereur Constantin voulait l'envoyer en exil, s'il ne disait pas la messe, il fut très angoissé. Il se mit en prières une nuit, le mardi après Judica, qui est le dimanche avant Pâques Fleuries, en l'an 665, en priant la glorieuse Vierge Marie, l'avocate des pécheurs, de bien vouloir le secourir et l'aider.

[Nostre Dame rendit à pape sa main] Et, la benoite damme, qui bien seit conforteir ses amis, vint à ly en son dormant, à la tirche nuit apres, et li raportat sa main et li remist enssi que elle devoit eistre. Lendemain, quant ly pape veit chu, si fut mult liies et en rendit grasce à Dieu, si commenchat le myracle à prechier commonement devant tout le peuple.

[Notre-Dame rendit sa main au pape] Et la bienheureuse Dame, qui sait réconforter ses amis, vint à lui pendant son sommeil, la troisième nuit suivante. Elle lui rapporta sa main et la remit où elle devait être. Le lendemain, quand il vit cela, il fut très heureux. Il en rendit grâces à Dieu et commença dans ses sermons à parler de ce miracle devant tout le peuple.

 Martin, li penitanchier de pape Johan le XXIIe de chi nom, qui, apres la mort ledit pape Johan, compilat unc cronique des papes et des emperreires - si morut l'an MCCC et XXXV del Incarnation - chist dist en ses croniques que chis myracle avient à pape Lyon le promier de cel nom, enssi com nos l'avons declareit desus ; mains altre part nos l'avons troveis al temps de Lyon le secon. Si vos avons mis et l'une et l'autre, car chu fut une beal myracle.

Martin, le pénitencier du pape Jean, le 22e de ce nom, qui après la mort du dit pape, compila une chronique des papes et des empereurs (il mourut en l'an 1335 de l'Incarnation) dit dans ses chroniques que ce miracle arriva au pape Léon, le premier de ce nom, comme nous l'avons déclaré ci-dessus ; mais ailleurs nous avons trouvé que c'était au temps de Léon le second. Nous avons retenu les deux histoires, car ce fut un beau miracle.

5. Sainte Landrade fonde l'abbaye de Bilsen dont elle devient l'abbesse

[Landrade fondat Blise] En cel an fondat en la vilhe de Blise, desous Treit, une abbie de nonnains une glorieux virge qui oit nom sainte Landradine, qui damme temporeil estoit de Blise, laquelle engliese consecrat sains Lambers en l'honneur de la Virge Marie. Et Landradine en fut la promier nonnain et abbeste ; si vinrent awec lée demoreir mult de nobles dammoiselles en menant mult sainte vie.

[Landrade fonda Bilsen] Cette année-là [665], une glorieuse vierge, nommée sainte Landrade, fonda dans la ville de Bilsen, au sud de Maastricht, une abbaye de nonnes. Elle était la souveraine temporelle de Bilsen. Saint Lambert consacra cette église en l'honneur de la Vierge Marie. Landrade en fut la première nonne et abbesse. Un grand nombre de demoiselles nobles vinrent habiter avec elle, en y menant une sainte vie.


 

D. An 665 = Myreur, II, p. 355b-356a

 

Origine du nom de Charles Martel, fils de Pépin II et d'Alpaïde - Ses armes

 

[II, p. 355b] [Del serpent que Carle-Martel ochist] En cel an meismes avient à Andenne-sour-Mouse, dont sainte Beghe estoit abbeste, unc beal myracle, car ilh avoit là regneit anchienement et encors y rengnoit unc serpens grans et hisdeux, qui avoit fait mult de damaiges et d'angosse en paiis de là entour, car ilh venoit en la vilhe asseis sovens, si estrangloit hommes, femmes et enfans, et tous li paiis le doubtoit. Si avient que Carle, li fis naturel à duc Pipin, prevoste de Franche, que sainte Beghe nourissoit et avoit jà nourit pres de IX ans, estoit yssus de l'abbie et jowoit en la vilhe awec les altres enfans. Atant vient ly serpens à bruissant com unc tempeste, por le famene qui le destrendoit, et commenchat à venir vers les enfans por estrangleir ; mains les enfans s'enfuirent.

[II, p. 355b] [Le serpent que Charles Martel tua] Cette même année [665], un beau miracle se produisit à Andenne-sur-Meuse, dont l'abbesse était sainte Begge. Il y avait là en effet, depuis longtemps et à cette époque encore, un immense serpent affreux, qui avait causé beaucoup de dommages et de souffrances dans tous les environs Il venait très souvent dans la ville, étranglait des hommes, des femmes et des enfants, et tout le pays le redoutait. Il se fit que Charles, le fils naturel du prévôt de Francie Pépin, que sainte Begge élevait [II, p. 356] depuis près de neuf ans déjà, était sorti de l'abbaye et jouait dans la ville avec les autres enfants. C'est alors qu'arriva le serpent, bruyant comme une tempête, poussé par la famine qui l'étreignait. Il  s'approcha des enfants pour les étrangler, mais ceux-ci s'enfuirent.

Près de neuf ans déjà : selon II, p. 350, il était né en 657 de l'Incarnation (ou un peu après).  Dans l'Histoire, il serait né vers 688.

[Porquoy ilh fut appelé Charle Martel] Et quant Charle le veit, si fut enbahis, car onques ne l'avoit plus veyut ; si est lanchiés, et corut al maison d'on mariscal qui estoit là pres, si prist unc gran martel de fier en sa main, et son chapiron en l'autre main, et puis s'en vat contre le serpens qui venoit contre luy à guele baée. Et Charle li buttat son capiron en la guele, et li serpent commenchat le chapiron à mordre entre ses dens par felonnie, si li entrat entres ses dens et l'entortelhat mult fort, siqu'ilh ne le poioit mettre fours de sa bouche, et Carle hauchat le martel et le ferit entres II yeux, si l'abattit, et le frappat tant qu'ilh l'ochist à thier cop. Et enssi fut li paiis quittes et delivreis de cest male bieste par l'enfant, et si en alat la novelle partout, dont Pipin fut mult liies, quant ons li dest.

[Pourquoi il fut appelé Charles Martel] Quand Charles vit le serpent, il fut tout surpris, car on ne l'avait plus vu depuis longtemps. Il s'élança en courant vers la maison d'un maréchal-ferrant voisin, prit dans une main un grand marteau de fer et dans l'autre son bonnet, puis se dirigea vers le serpent qui venait vers lui, la gueule ouverte. Charles lui jeta sur la gueule son bonnet, que le serpent se mit à mordre furieusement, mais le bonnet entra entre ses dents et s'y enroula si fort qu'il ne put le rejeter de sa bouche. Alors Charles leva le marteau, l'asséna entre les yeux du serpent, l'abattit et frappa tellement fort qu'il le tua au troisième coup. C'est ainsi que le pays fut libéré et délivré de cette bête par l'enfant. La nouvelle s'en répandit partout et Pépin fut très heureux quand on la lui rapporta.

[Les armes Charle-Martel, le fis Pipin] Et deveis savoir que, por chi myracle et celle victoir, portat Charle uns escut d'or à II marteals de sable qui avoient manche de synable (sic, pour sinople ?), et estoient en crois com unc sateur les tiestes des marteals deseur et les manches desous, et portoit en batalhe unc grant martel d'achier, et si fut dedont en avant nommeis Charle Martel, qui fut mult vaillans, sicom vos oreis chi-apres. Mains quant ilh fut roy de Franche, ilh ostat son escut, si portat les armes de Franche.

[Les armes de Charles Martel, le fils de Pépin] Et vous devez savoir que suite à ce miracle et à cette victoire, Charles porta un écu d'or avec deux marteaux noirs, aux manches verts, croisés en sautoir têtes au-dessus et manches en-dessous. Dans les combats il portait un grand marteau d'acier. Il fut dorénavant appelé Charles Martel et fut très valeureux, comme vous l'entendrez ci-après. Mais quand il devint roi de Francie, il enleva son propre écu, et porta les armes de Francie (cfr G.L., vers 9858-9786).


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