Bibliotheca Classica Selecta - Énéide - Chant III (Plan) - Hypertexte louvaniste - Page précédente - Page suivante
ÉNÉIDE, LIVRE III
LIVRE DES VOYAGES ET DES PROPHÉTIES
Les Troyens en Sicile (3, 548-718)
Arrivée en Sicile, au pied de l'Etna (3, 548-587)
Après cela, laissant à leur droite le golfe de Tarente et diverses cités de la côte du Bruttium, les Troyens aperçoivent de loin l'Etna et, alertés par Anchise, ils identifient aussi l'écueil de Charybde, qu'ils évitent de justesse, non sans avoir souffert dans l'aventure. Enfin ils abordent sur la côte orientale de Sicile, au pays des Cyclopes (3, 548-569).
Les Troyens s'installent dans un port d'apparence tranquille ; dans l'obscurité de la nuit, des grondements qu'ils n'ont pas identifiés et qui ne sont autres que les grondements de l'Etna, les effraient (3, 570-587).
Haud mora, continuo perfectis ordine uotis, cornua uelatarum obuertimus antemarum, |
Sans attendre, une fois nos voeux dûment accomplis, nous faisons tourner les cornes des vergues fixant nos voiles |
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Graiugenumque domos suspectaque linquimus arua. Hinc sinus Herculei si uera est fama Tarenti cernitur ; attollit se diua Lacinia contra, Caulonisque arces et nauifragum Scylaceum. Tum procul e fluctu Trinacria cernitur Aetna, |
et quittons ces demeures grecques et leurs champs peu rassurants. Alors, nous apercevons le golfe de Tarente, la ville d'Hercule, si la tradition dit vrai ; en face, le sanctuaire de Junon Lacinienne, Caulon avec ses tours et Scylacée, briseuse de navires. Puis, dans le lointain, émergeant des flots, apparaît l'Etna trinacrien. |
3, 550 |
et gemitum ingentem pelagi pulsataque saxa audimus longe fractasque ad litora uoces, exsultantque uada, atque aestu miscentur harenae. Et pater Anchises : ʻ Nimirum haec illa Charybdis : hos Helenus scopulos, haec saxa horrenda canebat. |
Au loin nous entendons le grondement sourd de la mer qui s'abat sur les rochers et ses voix qui se brisent sur le rivage ; les fonds marins se soulèvent et le sable se mêle à l'eau bouillonnante. Alors mon père Anchise : ʻ Voici sûrement cette fameuse Charybde, ces écueils, ces rochers terrifiants que prophétisait Hélénus. |
3, 555 |
Eripite, O socii, pariterque insurgite remis ! ʼ Haud minus ac iussi faciunt, primusque rudentem contorsit laeuas proram Palinurus ad undas. laeuam cuncta cohors remis uentisque petiuit. Tollimur in caelum curuato gurgite, et idem |
Arrachez-nous d'ici, mes amis, et à l'unisson pesez sur vos rames ! L'ordre aussitôt donné, on l'exécute et, le premier, Palinure dirige vers la gauche sa proue qui grince ; notre troupe, s'aidant des rames et du vent, a viré à gauche. Une lame creuse nous soulève vers le ciel et, la vague retombant, |
3, 560 |
subducta ad Manis imos desedimus unda. Ter scopuli clamorem inter caua saxa dedere : ter spumam elisam et rorantia uidimus astra. Interea fessos uentus cum sole reliquit, ignarique uiae Cyclopum adlabimur oris.
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nous voilà installés impuissants dans les profondeurs, chez les Mânes. Trois fois du creux des cavernes des rochers a retenti un cri, trois fois nous avons vu l'écume projetée et le ruissellement du ciel. Cependant, le soleil et le vent ont nous ont laissés épuisés, et, sans connaître notre route, nous abordons au rivage des Cyclopes. |
3, 565 |
Portus ab accessu uentorum immotus et ingens ipse ; sed horrificis iuxta tonat Aetna ruinis ; interdumque atram prorumpit ad aethera nubem, turbine fumantem piceo et candente fauilla, attollitque globos flammarum et sidera lambit ; |
C'est un port, lui-même à l'abri des vents, calme et immense ; mais tout près de là rugit l'Etna aux éboulis effrayants. Parfois il éclate en lançant vers le ciel une sombre nuée, fumée de poix tourbillonnante et de cendres incandescentes, soulevant des boules de feu qui vont lécher les astres. |
3, 570 |
interdum scopulos auolsaque uiscera montis erigit eructans, liquefactaque saxa sub auras cum gemitu glomerat, fundoque exaestuat imo. Fama est Enceladi semustum fulmine corpus urgueri mole hac, ingentemque insuper Aetnam |
Parfois aussi il crache et projette des rocs, entrailles arrachées à la montagne, et en grondant il amasse dans les airs des laves en fusion, tourbillons jaillis des profondeurs. La légende dit que le corps à demi consumé d'Encélade, est écrasé sous cette masse, et que l'Etna gigantesque, |
3, 575 |
impositam ruptis flammam exspirare caminis ; et fessum quotiens mutet latus, intremere omnem murmure Trinacriam, et caelum subtexere fumo. Noctem illam tecti siluis immania monstra perferimus, nec quae sonitum det causa uidemus. |
posé sur lui, crache des flammes par ses cheminées éclatées ; et quand le géant fatigué se retourne, la Trinacrie entière tremble dans un grand fracas et le ciel se voile de fumée. Cette nuit-là, cachés dans une forêt, nous supportons ces prodiges inouis, sans voir ce qui cause ce vacarme. |
3, 580 |
Nam neque erant astrorum ignes, nec lucidus aethra siderea polus, obscuro sed nubila caelo, et lunam in nimbo nox intempesta tenebat. |
Car les feux des astres ne brillaient pas ; point de point lumineux dans la voûte étoilée, mais des nuages qui obcurcissaient le ciel, et une nuit profonde qui emprisonnait la lune dans le brouillard. |
3, 585 |
Achéménide et le Cyclope (3, 588-654)
Le lendemain matin, un inconnu aux abois surgit sur le rivage. Grec ayant participé au siège de Troie, il vient supplier les Troyens. Intrigués, ceux-ci le pressent de questions et Anchise le rassure très vite en lui tendant la main (3, 588-611).
Achéménide se présente alors comme un compagnon d'Ulysse, oublié par les siens dans la caverne du Cyclope, dont il décrit la sauvagerie et la cruauté envers ses compagnons, puis le châtiment que lui infligea l'ingénieux Ulysse, en l'aveuglant (3, 612-638).
Achéménide conseille aux Troyens de fuir au plus tôt cet endroit, où vivent de nombreux Cyclopes aussi redoutables que Polyphème ; depuis trois mois, Achéménide se cache pour leur échapper ; il voit dans les Troyens la seule échappatoire à une vie insupportable (3, 639-654).
Postera iamque dies primo surgebat Eoo, umentemque Aurora polo dimouerat umbram, |
Déjà c'était le lendemain, au lever de l'Étoile du matin, l'Aurore avait éloigné du ciel les ténèbres humides, |
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cum subito e siluis, macie confecta suprema, ignoti noua forma uiri miserandaque cultu procedit, supplexque manus ad litora tendit. Respicimus : dira inluuies inmissaque barba, consertum tegumen spinis ; at cetera Graius, |
quand soudain sort de la forêt un inconnu à l'aspect surprenant ; épuisé, d'une maigreur extrême, sa tenue fait pitié et comme un suppliant il tend les mains vers le rivage. Nous le regardons : saleté terrible, barbe longue et hirsute, vêtements tenus par des épines ; mais pour le reste, il était un grec, |
3, 590 |
et quondam patriis ad Troiam missus in armis. Isque ubi Dardanios habitus et Troia uidit arma procul, paulum aspectu conterritus haesit, continuitque gradum ; mox sese ad litora praeceps cum fletu precibusque tulit : ʻ Per sidera testor, |
qui jadis avait été envoyé à Troie avec les armées de sa patrie. Dès que de loin il aperçut des tenues dardaniennes et des armes troyennes, il hésita quelque peu effrayé, et il retint son pas. Mais bientôt, il se précipita vers le rivage et, pleurant et suppliant, dit : ʻ Je prends à témoin les astres, |
3, 595 |
per superos atque hoc caeli spirabile lumen, tollite me, Teucri ; quascumque abducite terras ; hoc sat erit. Scio me Danais e classibus unum, et bello Iliacos fateor petiisse Penatis ; pro quo, si sceleris tanta est iniuria nostri, |
les dieux d'en haut et cet air lumineux que nous respirons, recueillez-moi, ô Troyens. Emmenez-moi n'importe où sur cette terre : cela me conviendra. Je sais, j'ai appartenu à la flotte des Danaens ; j'ai combattu les Pénates de Troie, je le reconnais. C'est pourquoi, si l'injustice de notre crime est si grande, |
3, 600 |
spargite me in fluctus, uastoque inmergite ponto. Si pereo, hominum manibus periisse iuuabit. ʼ Dixerat, et genua amplexus genibusque uolutans haerebat. Qui sit, fari, quo sanguine cretus, hortamur ; quae deinde agitet fortuna, fateri. |
jetez-moi dans les flots, plongez-moi dans l'immensité de l'océan. Si je meurs, j'apprécierai d'être mort de mains humaines ʼ. Sur ces paroles, il nous serrait les genoux, se roulait à nos pieds, sans nous lâcher. Nous le pressons de parler : qui est-il ? De quel sang ? Qu'il explique enfin son destin si agité. |
3, 605 |
Ipse pater dextram Anchises, haud multa moratus, dat iuueni, atque animum praesenti pignore firmat.
Ille haec, deposita tandem formidine, fatur : ʻ Sum patria ex Ithaca, comes infelicis Vlixi, nomine Achaemenides, Troiam genitore Adamasto |
Mon père Anchise, sans attendre longtemps, tend la main au jeune homme, réconforté par ce gage qui s'offre à lui.
Enfin revenu de sa peur, l'homme raconte ce qui suit : ʻ Je suis un citoyen d'Ithaque, un compagnon de l'infortuné Ulysse ; je suis Achéménide, parti à Troie avec mon père Adamaste, |
3, 610 |
paupere – mansissetque utinam fortuna ! – profectus. Hic me, dum trepidi crudelia limina linquunt, inmemores socii uasto Cyclopis in antro deseruere. Domus sanie dapibusque cruentis, intus opaca, ingens ; ipse arduus, altaque pulsat |
un homme pauvre – ah ! si cette condition avait pu perduré ! – Au moment de quitter ces bords cruels, mes compagnons, terrorisés, m'ont oublié et abandonné ici, dans l'antre vaste du Cyclope. Demeure infecte, pleine de chairs saignantes, sombre à l'intérieur, immense. Lui c'est un géant, dont la tête |
3, 615 |
sidera – Di, talem terris auertite pestem ! – nec uisu facilis nec dictu adfabilis ulli. Visceribus miserorum et sanguine uescitur atro. Vidi egomet, duo de numero cum corpora nostro prensa manu magna, medio resupinus in antro, |
touche les étoiles. Dieux, écartez de notre terre un tel fléau ! personne ne peut le voir facilement ni l'aborder pour lui parler ; il se nourrit du sang noir et des entrailles de ses victimes. De mes yeux je l'ai vu, étendu au milieu de son antre, saisir dans sa main énorme les corps de deux des nôtres, |
3, 620 |
frangeret ad saxum, sanieque aspersa natarent limina ; uidi atro cum membra fluentia tabo manderet, et tepidi tremerent sub dentibus artus. Haud impune quidem ; nec talia passus Vlixes, oblitusue sui est Ithacus discrimine tanto. |
qu'il brisa contre les rochers ; son seuil baignait de sang infect. Je l'ai vu broyer leurs membres ruisselants d'un sang noir tandis que, tièdes encore, leurs chairs palpitaient sous ses mâchoires. Certes il ne resta pas impuni ; Ulysse ne supporta pas ces atrocités, en un moment si grave, l'homme d'Ithaque n'oublia pas qui il était. |
3, 625 |
Nam simul expletus dapibus uinoque sepultus ceruicem inflexam posuit, iacuitque per antrum immensus, saniem eructans et frusta cruento per somnum commixta mero, nos magna precati numina sortitique uices, una undique circum |
En effet, dès que le monstre repu fut enfoncé dans l'ivresse, sa tête s'affaissa et il s'affala de tout son long dans son antre ; dans son sommeil il régurgitait bave et morceaux de chairs mêlés de sang et de vin. Nous invoquons les grands dieux et tirons au sort nos rôles respectifs, ensemble, de tous côtés, |
3, 630 |
fundimur, et telo lumen terebramus acuto ingens, quod torua solum sub fronte latebat, Argolici clipei aut Phoebeae lampadis instar, et tandem laeti sociorum ulciscimur umbras.
Sed fugite, O miseri, fugite, atque ab litore funem |
nous l'entourons et, à l'aide d' un pieu pointu, nous transperçons son oeil démesuré, son oeil unique caché sous son front torve, tel un bouclier argien ou le disque flamboyant de Phébus. Enfin soulagés, nous vengeons les ombres de nos compagnons.
Mais, fuyez, malheureux, fuyez loin du rivage, |
3, 635 |
rumpite. Nam qualis quantusque cauo Polyphemus in antro lanigeras claudit pecudes atque ubera pressat, centum alii curua haec habitant ad litora uolgo infandi Cyclopes, et altis montibus errant. |
Car, des êtres aussi cruels et aussi grands que Polyphème qui, dans leur antre, gardent des brebis pour presser leurs mamelles, vivent un peu partout, dans des cavernes, le long du rivage ou en haut des monts, cent autres Cyclopes abominables. |
3, 640 |
Tertia iam lunae se cornua lumine complent, cum uitam in siluis inter deserta ferarum lustra domosque traho, uastosque ab rupe Cyclopas prospicio, sonitumque pedum uocemque tremesco. Victum infelicem, bacas lapidosaque corna, |
Trois fois déjà les cornes de la lune se sont emplies de lumière, et je traîne toujours ma vie dans les bois, en des lieux déserts, repaires des bêtes sauvages. D'un rocher, j'observe les Cyclopes, et le bruit de leurs pas, le son de leurs voix me font trembler. Les arbres m'offrent une piètre nourriture, des baies et des cornouilles |
3, 645 |
dant rami et uolsis pascunt radicibus herbae. Omnia conlustrans, hanc primum ad litora classem conspexi uenientem. Huic me, quaecumque fuisset, addixi : satis est gentem effugisse nefandam. Vos animam hanc potius quocumque absumite leto. ʼ |
dures comme pierre, et je me repais de racines de plantes. Parcourant des yeux les alentours, j'aperçus pour la première fois une flotte s'approchant du rivage. Quelle qu'elle ait pu être, je me suis livré à elle : il me suffit d'avoir échappé à cette tribu maudite. Je préfère que vous m'ôtiez la vie, de n'importe quelle mort ʼ. |
3, 650 |
Arrivée à Drépane - Mort d'Anchise -Fin du récit (3, 655-718)
L'apparition de Polyphème qui vient baigner sur le rivage son oeil purulent pousse les Troyens effrayés à s'enfuir sans bruit, en emmenant Achéménide. Le Cyclope, alerté mais impuissant à les poursuivre, pousse un cri terrible qui attire toute la troupe des Cyclopes sur le rivage (3, 655-681).
Les Troyens fuient où le vent les pousse ; mais, se souvenant des conseils d'Hélénus, ils évitent de gagner l'Italie par le détroit de Messine et, grâce au vent du nord, ils se dirigent vers le sud de la Sicile. Après avoir longé la côte est et contourné le cap Pachynum, ils longent la côte méridionale de l'île jusqu'à Lilybée (3, 682-706).
Ils accostent alors à Drépane, où Énée a la douleur de voir mourir Anchise. De là, ils repartiront pour toucher terre à Carthage. C'est ainsi qu'Énée termine le récit de ses voyages devant son auditoire carthaginois (3, 707-718).
Vix ea fatus erat, summo cum monte uidemus ipsum inter pecudes uasta se mole mouentem pastorem Polyphemum et litora nota petentem, monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum. Trunca manu pinus regit et uestigia firmat ; |
Achéménide finissait à peine de parler, lorsque en haut de la montagne nous apercevons Polyphème en personne, berger parmi ses troupeaux ; il déplace sa masse énorme vers le rivage qui lui est familier : c'est un monstre effrayant, difforme, gigantesque, aveugle. Un pin ébranché guide sa main et assure ses pas ; |
3, 655 |
lanigerae comitantur oues ; ea sola uoluptas solamenque mali. Postquam altos tetigit fluctus et ad aequora uenit, luminis effossi fluidum lauit inde cruorem, dentibus infrendens gemitu, graditurque per aequor |
ses brebis laineuses l'escortent ; c'est son seul agrément, une consolation dans son malheur. Quand, arrivé à la mer il eut pénétré dans ses eaux profondes, il lava le sang qui s'écoulait de son il crevé, en grinçant des dents et en gémissant, il s'avança |
3, 660 |
iam medium, necdum fluctus latera ardua tinxit. Nos procul inde fugam trepidi celerare, recepto supplice sic merito, tacitique incidere funem ; uertimus et proni certantibus aequora remis. Sensit, et ad sonitum uocis uestigia torsit ; |
au milieu des vagues, sans que l'eau n'atteigne ses flancs. Nous nous hâtons de fuir loin, tremblants de peur ; nous recueillons notre suppliant méritant, et sans un mot, nous coupons les amarres ; penchés sur nos rames et rivalisant d'ardeur, nous balayons les flots. Le monstre le sent et tourne ses pas vers nos voix qui sonnent. |
3, 665 |
uerum ubi nulla datur dextra adfectare potestas, nec potis Ionios fluctus aequare sequendo, clamorem immensum tollit, quo pontus et omnes contremuere undae, penitusque exterrita tellus Italiae, curuisque immugiit Aetna cauernis. |
Mais quand il ne peut absolument plus mettre la main sur nous, ni dans sa poursuite se mesurer aux flots ioniens, il pousse une immense clameur, qui fait trembler toute la mer et les ondes, qui épouvante la terre lointaine de l'Italie, et fait gronder l'Etna au creux de ses cavernes. |
3, 670 |
At genus e siluis Cyclopum et montibus altis excitum ruit ad portus et litora complent. Cernimus adstantis nequiquam lumine toruo Aetnaeos fratres, caelo capita alta ferentis, concilium horrendum : quales cum uertice celso |
Alors, sortant des forêts et des montagnes, la troupe des Cyclopes se rue précipitamment vers le port et occupe tout le rivage. Nous voyons alors debouts, impuissants, ces frères, habitants de l'Etna, avec leur oeil farouche, levant vers le ciel leurs hautes têtes : horrible assemblée : ainsi, avec leurs cimes élevées |
3, 675 |
aeriae quercus, aut coniferae cyparissi constiterunt, silua alta Iouis, lucusue Dianae.
Praecipites metus acer agit quocumque rudentis excutere, et uentis intendere uela secundis. Contra iussa monent Heleni Scyllam atque Charybdin |
se dressent les chênes aériens ou les cyprès chargés de cônes, forêt majestueuse de Jupiter ou bois sacré de Diane.
Une peur aiguë nous pousse à nous précipiter au hasard, à agiter nos cordages, à tendre nos voiles aux souffles des vents. Or, selon les conseils d'Hélénus, passer entre Scylla et Charybde, |
3, 680 |
inter, utramque uiam leti discrimine paruo, ni teneant cursus ; certum est dare lintea retro. Ecce autem Boreas angusta ab sede Pelori missus adest. Viuo praeteruehor ostia saxo Pantagiae Megarosque sinus Thapsumque iacentem. |
comporte de part et d'autre un risque mortel à peu près équivalent, si le parcours n'est pas respecté ; la sécurité est de rebrousser chemin. Or voici que Borée, envoyé du détroit de Pélore, vient à notre aide. Je suis emporté au-delà de la bouche du Pantagias aux rudes falaises, vers le golfe de Mégare, et vers Thapsos, qui s'étend à côté. |
3, 685 |
Talia monstrabat relegens errata retrorsus litora Achaemenides ; comes infelicis Vlixi. Sicanio praetenta sinu iacet insula contra Plemyrium undosum ; nomen dixere priores Ortygiam. Alpheum fama est huc Elidis amnem |
Les revoyant, Achéménide nous montrait les mêmes rivages parcourus en sens inverse, lorsqu'il accompagnait l'infortuné Ulysse. Devant le golfe sicanien, face au Plémyre battu des flots, s'étend une île, que les Anciens ont appelée Ortygie. On raconte que le fleuve Alphée d'Élide est parvenu jusqu'ici, |
3, 690 |
occultas egisse uias subter mare ; qui nunc ore, Arethusa, tuo Siculis confunditur undis. Iussi numina magna loci ueneramur ; et inde exsupero praepingue solum stagnantis Helori. Hinc altas cautes proiectaque saxa Pachyni |
creusant sous la mer une route secrète ; et maintenant, par ta bouche, Aréthuse, il mêle ses eaux aux ondes siciliennes. Dociles aux ordres, nous vénérons les puissantes divinités du lieu, puis je dépasse la grasse terre des marais de l'Hélore. De là, nous rasons les écueils élevés et les rochers saillants du Pachynum, |
3, 695 |
radimus, et fatis numquam concessa moueri adparet Camerina procul campique Geloi, immanisque Gela fluuii cognomine dicta. Arduus inde Acragas ostentat maxuma longe moenia, magnanimum quondam generator equorum ; |
et, condamnée pour toujours à l'immobilité par les destins apparaît au loin Camarina ainsi que les plaines du Géla, et la ville de Géla, qui reçut son nom de ce fleuve sauvage. Ensuite, Agrigente haut perchée montre de loin avec fierté ses hauts remparts, elle qui jadis produisit de vaillants coursiers ; |
3, 700 |
teque datis linquo uentis, palmosa Selinus, et uada dura lego saxis Lilybeia caecis.
Hinc Drepani me portus et inlaetabilis ora accipit. Hic, pelagi tot tempestatibus actis, heu genitorem, omnis curae casusque leuamen, |
Et toi, Sélinonte et tes palmiers, je te laisse, car les vents me poussent, et je choisis les écueils invisibles des rudes bas-fonds de Lilybée.
De là, le port de Drépane au rivage sans joie m'accueille. Là, après avoir subi tant d'intempéries en mer, hélas je perds celui qui fut le soutien de tous mes soucis et malheurs, |
3, 705 |
amitto Anchisen : hic me, pater optume, fessum deseris, heu, tantis nequiquam erepte periclis ! Nec uates Helenus, cum multa horrenda moneret, hos mihi praedixit luctus, non dira Celaeno. Hic labor extremus, longarum haec meta uiarum. |
mon père Anchise. Là, père si bon, tu abandonnes ton fils épuisé, toi qui fus arraché, en vain hélas, à de si grands périls ! Hélénus le devin, qui m'annonça nombre de choses horribles, ne m'avait pas prédit ce deuil, ni non plus la cruelle Céléno. |
3, 710 |
Hinc me digressum uestris deus adpulit oris. » Sic pater Aeneas intentis omnibus unus fata renarrabat diuom, cursusque docebat. Conticuit tandem, factoque hic fine quieuit. |
Un dieu m'a poussé vers vos rivages, quand je quittai ces lieux, » Ainsi le vénérable Énée, seul objet de l'attention de tous, refaisait le récit des plans divins et racontait ses aventures. Finalement il se tut et, son récit terminé, il se livra au repos. |
3, 715 |
Notes (3, 548-718)
Tarente... Hercule (3, 551-552). Plusieurs versions existaient concernant l'origine de Tarente. Virgile retient celle qui attribue la fondation de la ville à Hercule. De toute façon, Hercule est lié par certains aspects de sa légende à la région du golfe de Tarente. Ainsi la ville d'Héraclée porte le nom du héros ; Crotone lui est également étroitement associée (Ovide, Mét., 15, 12-59) ; c'est d'ailleurs par cette région du sud de l'Italie qu'Hercule est retourné en Grèce avec le troupeau de Géryon.
Junon Lacinienne (3, 552). Partis de Castrum Minervae, les Troyens laissent sur leur droite le golfe de Tarente, qu'ils traversent plein sud en direction du promontoire de Lacinium, un peu au sud de Crotone. S'y dressait un temple fameux en l'honneur de Junon, dont les restes expliquent la dénomination actuelle de Capo Colonne. Dans la version de Denys d'Halicarnasse, c'est là qu'Énée aurait honoré la déesse ; Virgile n'y a pas prévu d'escale, plaçant le sacrifice à Junon à Castrum Minervae.
Scylacée (3, 552). Scylacium, sur la côte du Bruttium (aujourd'hui Squillace). Probablement colonie de Crotone fondée au 6e siècle avant Jésus-Christ, elle continue à exister durant l'empire romain (c'était la patrie de Cassiodore). L'actuel Golfo di Squillace porte toujours son nom. Apparemment il serait dangereux pour les navigateurs.
Caulon (3, 552). Appelée aussi Caulonea, ou Caulonia, sur la côte du Bruttium. Probablement colonie de Crotone, elle fut fondée au 7e siècle avant Jésus-Christ, eut son heure de gloire au siècle suivant, connut une histoire assez compliquée et elle était abandonnée au 1er siècle avant Jésus-Christ. C'est aujourd'hui Castel Vetere. Logiquement, les Troyens ont dû longer Scylacée avant d'arriver à Caulon.
Etna trinacrien (3, 554). Le mont Etna, à l'est de la Sicile (la Trinacrie), s'apercevait de loin. Une description, épique, du volcan en action est donnée en 3, 571-582.
que prophétisait Hélénus (3, 559). Cfr 3, 420-432, pour la prophétie d'Hélénus qui avait évoqué la menace de Charybde et Scylla, dans le voisinage du détroit de Messine. Il en sera encore question plus loin en 3, 684.
Palinure (3, 562). Le pilote d'Énée (cfr 3, 201 ; 3, 269 ; 3, 513 ; 5, 827-871 et 6, 337-383).
Mânes (3, 565). Désignent les Enfers, où séjournent les Mânes ou âmes des morts, c'est-à-dire les profondeurs de la terre. Exagération épique manifeste, comme dans toute la description, qu'on comparera avec celle de la tempête au livre 1.
Cyclopes (3, 569). Il y a plusieurs sortes de Cyclopes. Les Cyclopes siciliens dont il va être question ici n'ont pas grand chose de commun avec les Cyclopes ouraniens, ces forgerons divins qui fabriqueront l'armure d'Énée 8, 416-453. Les Cyclopes siciliens sont « une population d'êtres sauvages et gigantesques, doués d'un oeil unique, et d'une force prodigieuse, qui vivent sur la côte italienne [...]. Adonnés à l'élevage des moutons, leur seule richesse consiste dans leurs troupeaux. Ils sont volontiers anthropophages, et ne connaissent pas l'usage du vin, ni même la culture de la vigne. Ils habitent dans des cavernes, et n'ont pas appris à former des cités. » (P. Grimal, Dictionnaire, 1969, p. 108). Ils ont été brillamment illustrés par Homère dans un épisode célèbre des aventures d'Ulysse (Odyssée, 9, 105-435). Le héros et ses compagnons se trouvent enfermés dans la caverne de l'un d'entre eux, Polyphème, qui dévore l'un après l'autre ses prisonniers. Ulysse enivre le monstre et profite de son sommeil pour l'aveugler ; il réussit alors à s'échapper avec ses compagnons, cachés sous des béliers. Dans l'épisode qui va suivre, Virgile livre en quelque sorte « une suite » à l'Odyssée : Ulysse aurait oublié l'un de ses compagnons, recueilli par les Troyens. Dans l'Énéide, en dehors de ce chant 3, les Cyclopes apparaîtront encore en 6, 630 (les forgerons) et en 11, 263 (les Cyclopes siciliens). Pour l'anecdote, on notera que des roches volcaniques proches de l'Etna sont aujourd'hui appelées Scogli dei Ciclopei.
C'est un port (3, 570-571). Comparer avec Homère, Odyssée, 9, 136-140.
rugit l'Etna (3, 571). Il y a dans la littérature latine d'autres descriptions célèbres des éruptions de l'Etna. On songera en particulier à celle de Lucrèce (6, 639-702) et au poème didactique (643 hexamètres) intitulé L'Etna, d'auteur inconnu (on a songé à Virgile jeune, mais aussi à Ovide) et de date incertaine (entre 55 avant et 79 après Jésus-Christ). Il faut dire qu'au premier siècle avant Jésus-Christ, plusieurs éruptions successives (en 50, en 44, en 38, en 32, tout cela après 72 ans de sommeil) avaient attiré l'attention sur le volcan.
Encélade (3, 578). Un des géants qui s'étaient rebellés contre Jupiter. Foudroyé par ce dernier, il avait été, selon certaines versions de sa légende, enseveli sous l'Etna, un sort réservé aussi à Typhée, un autre géant. Cfr 4, 179 ; 8, 298 et 9, 715-716.
Ithaque... Ulysse (3, 613). Cfr 3, 272-273 avec les notes.
Achéménide... Adamaste (3, 614). Le personnage d'Achéménide semble bien être une création de Virgile, de même que celui de son père Adamaste. Quelques traits rattachent cet épisode à celui de Sinon au livre 2. Le but essentiel de Virgile est sans doute d'introduire dans son récit l'épisode homérique d'Ulysse chez les Cyclopes, épisode auquel il emprunte de nombreux détails. Mais derrière cette réminiscence littéraire se profilent d'autres intentions, à savoir célébrer le thème de la réconciliation entre Grecs et Troyens, les ennemis d'hier, qui symbolise en quelque sorte, en Italie cette fois, celle des frères ennemis lors des guerres civiles.
Ici (3, 616). Achéménide parle de la Sicile, sur la terre des Cyclopes, plus exactement dans l'antre même de Polyphème, dont le nom apparaît en 3, 641 et en 3, 657.
un bouclier argien (3, 637). C'est le grand bouclier rond, communément utilisé par les Grecs, et aussi d'ailleurs par les Romains. Il passait pour avoir été inventé à Argos (Pausanias, 2, 25).
le disque flamboyant de Phébus (3, 637). Le disque solaire. Les deux comparaisons insistent sur la rondeur de l'oeil du Cyclope.
Polyphème (3, 641). C'est la première fois dans le récit qu'apparaît le nom du Cyclope, qui vient de l'Odyssée d'Homère. Virgile ne fait pas allusion ici à certains aspects posthomériques de sa légende, selon lesquels il tombe amoureux de la nymphe Galatée (cfr Théocrite, Idylles, 11 ; Ovide, Mét., 13, 759-897).
cent autres Cyclopes (3, 644). Le numéral « cent » ne doit pas être pris au sens strict. Chez Virgile, cela veut dire « beaucoup ».
les cornes de la lune (3, 645). Trois mois donc se sont passés depuis le départ d'Ulysse.
cornouilles (3, 649). La cornouille est le fruit du cornouiller ; son noyau est dur comme une pierre. La même expression lapidosa corna se rencontre dans les Géorgiques, 2, 34.
ioniens (3, 671). La mer Ionienne baigne notamment la côte orientale de la Sicile.
frères habitants de l'Etna (3, 675-678). Fils de Neptune et d'Amphitrite, les Cyclopes étaient tous frères.
ainsi, avec leurs cimes élevées, etc. (3, 679-681). C'est la seule comparaison du chant 3. Le chêne était un arbre lié à Jupiter (cfr la forêt de chênes à Dodone, en 3, 466 avec la note) tandis que le cyprès, arbre funèbre (cfr 3, 64 et la note), l'était à Diane, assimilée à Hécate, et donc perçue comme une divinité infernale.
les conseils d'Hélénus (3, 684-686). Cfr 3, 410-432.
Pélore (3, 687). Borée, le vent du nord, souffle du Pélore, c'est-à-dire du détroit de Messine (cfr 3, 411). Sans doute faut-il comprendre que les vents qui poussaient la flotte vers le nord (vers le détroit de Messine, avec le danger de Charybde et Scylla) ont tourné et poussent maintenant les Troyens vers le sud, leur permettant de contourner la Sicile.
Pantagias (3, 688). Le Pantagias (aujourd'hui Fiume di Porcari) est un fleuve de Sicile, ayant son embouchure sur la côte orientale.
golfe de Mégare (3, 689). Le Golfe de Mégare (aujourd'hui Golfo di Augusto), un peu au nord de Syracuse, baignait la ville de Mégare d'Hybla, dont il ne reste que quelques ruines.
Thapsus (3, 689). C'est une petite presqu'île qui fermait au sud le golfe de Mégare. On ne confondra pas avec Thapsus en Afrique du nord, où Jules César remporta en 46 avant Jésus-Christ une victoire décisive sur les partisans de Pompée.
en sens inverse (3, 690-691). Lorsqu'Achéménide, accompagnant Ulysse, était arrivé en Sicile, venant de chez les Lotophages d'Afrique du nord (Homère, Odyssée, 9, 81-106), il avait longé la côte est de la Sicile du sud au nord.
golfe sicanien (3, 692). Il s'agit de la baie de Syracuse. Virgile utilise l'adjectif sicanien comme synonyme de sicilien. Cfr 1, 549 avec la note.
Plémyre (3, 692) (aujourd'hui Punta di Gigante) est le promontoire fermant la baie au sud.
Ortygie (3, 692) est l'île sur laquelle fut fondée à l'origine la ville de Syracuse, qui rapidement déborda sur les zones voisines. Le terme Ortygie, qui fait référence à la présence de cailles, est assez courant comme terme géographique. On sait (3, 124) que c'était aussi l'ancien nom de Délos.
Alphée d'Élide... Aréthuse (3, 694-696). L'Alphée (aujourd'hui Roufia) était un fleuve important de l'Élide (Péloponnèse) ; il traversait Olympie et allait se jeter dans la mer Ionienne. Quant à Aréthuse, c'était une source qui jaillissait à Syracuse dans l'île d'Ortygie, « si proche de la mer qu'il avait fallu l'entourer d'une sorte de digue (Cicéron, Verrines, 4, 118). Déjà du temps de Pindare (Néméennes, 1, 1), on y voyait une résurgence de l'Alphée ; les Syracusains aimaient ainsi à se rattacher à leurs métropoles péloponnésiennes. » (J. Perret, Virgile. Énéide, I, 1981, p. 102, n. 2). On raconte qu'Alphée était un chasseur de l'Élide et Aréthuse une nymphe attachée au service de Diane. Plusieurs récits différents les mettent en rapport. Selon l'un d'eux, le chasseur Alphée aurait poursuivi la nymphe Aréthuse jusqu'à l'île d'Ortygie, où Diane la transforma en fontaine. Alphée fut métamorphosé en fleuve ; ses eaux purent traverser la mer sans s'y mélanger, et aller ainsi se mêler à la source d'Aréthuse. « Virgile, note J. Perret, se plaisait à cette légende qui établissait un lien entre l'Arcadie, terre des bergers, et la Sicile de Théocrite (cfr Bucoliques, 10, 1-5). »
Dociles aux ordres (3, 697). Se conformant aux prescriptions d'Hélénus, les Troyens, sans faire halte apparemment, ont vénéré Diane, qui était honorée en cet endroit, et les autres divinités du lieu, qui ne sont pas autrement nommées.
Hélore (3, 698). L'Hélore est un fleuve de la Sicile, dont l'embouchure se situe au nord du promontoire de Pachynum. Torrentueux au début de son cours, il devient lent et limoneux à son embouchure.
Pachynum (3, 699). Cfr 3, 429 et la note.
Camarina (3, 700-701). Colonie de Syracuse, sur la côte sud de la Sicile, à une soixantaine de km à l'ouest du cap Pachynum (en ruines, aujourd'hui Torre di Camarina). Selon Servius, un oracle aurait déconseillé aux habitants de Camarina d'assécher le marais homonyme voisin, qui dégageait une odeur pestilentielle. N'ayant pas tenu compte de l'oracle, les Camariniens virent leur ville saccagée par des ennemis, qui les assaillirent par le marais asséché. L'oracle était passé en proverbe : « Ne bougez pas Camarina ; il vaut mieux qu'elle ne bouge pas ».
Géla (3, 701-702). Cité grecque fondée en 688 avant Jésus-Christ par les Crétois et les Rhodiens. Au 6e siècle, sous les tyrans Cléandre et Hippocrate, elle fut la cité la plus puissante de l'île. Son histoire, assez compliquée, n'importe guère ici. Elle est aujourd'hui en ruines (Terra Nuova). Elle fut installée sur le fleuve Gélas, aux eaux torrentueuses, d'où le qualificatif « sauvage » qui lui est appliqué.
Agrigente (3, 703-704). Anciennement Acragas, bâtie sur plusieurs collines, Agrigente était l'une des plus riches et des plus célèbres cités grecques de Sicile. Elle fut fondée vers 580 par une colonie venue de la cité voisine de Géla. Elle est aujourd'hui encore renommée notamment pour un ensemble de temples grecs doriques des 6e et 5e siècles. Virgile insiste sur ses murailles.
jadis (3, 704). Les chevaux d'Agrigente étaient réputés dans l'antiquité. L'anachronisme est particulièrement net ; mais il en existe beaucoup d'autres dans ce passage, où Énée évoque nombre de cités bien postérieures à son époque.
Sélinonte (3, 705). Sélinonte (Selinus dans l'antiquité) était une grande ville de la côte sud de Sicile, à l'ouest d'Agrigente. Elle est connue aujourd'hui pour ses temples grecs en ruines. L'adjectif latin palmosa est généralement interprété comme se référant à des palmiers, mais il se fait que la plante qui figure sur les monnaies de la ville (le selinon = ache, persil) était utilisée pour des couronnes remises aux vainqueurs des jeux isthmiques et néméens. Dans ces conditions, l'adjectif palmosa pourrait peut-être renvoyer aux palmes de la victoire (R.D. Williams).
Lilybée (3, 706). Aujourd'hui Marsala, à l'extrémité ouest de la côte sud de la Sicile.
Drépane (3, 707). Aujourd'hui Trapani, au nord ouest de la Sicile, non loin du mont Éryx ; son rivage est qualifié de « sans joie » (inlaetabilis) à cause de la tristesse que cause à Énée la mort d'Anchise, évoquée dans les vers qui suivent.
Hélénus (3, 712). Effectivement les prédictions, tant d'Hélénus (3, 373-462) que de Céléno (3, 245-257) avaient passé cette mort sous silence.
vers vos rivages (3, 715). On est reporté ainsi au début du livre 1, où nous voyons les Troyens quittant la Sicile pour gagner le Latium, mais poussés vers Carthage par la volonté de Junon.
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