Bibliotheca Classica Selecta - Autres traductions françaises dans la BCS

Traduction Nisard du Livre I de Tite-Live

MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


Avant-Propos - Ante Vrbem conditam - Romulus - Interrègne et Numa - Tullus Hostilius - Ancus Marcius - Tarquin l'Ancien - Servius Tullius - Tarquin l'Outrancier


TITE-LIVE

Histoire de Rome depuis sa fondation

Livre I

Traduction nouvelle de Danielle De Clercq, Bruxelles, 2001

 Ante conditam Vrbem condendamue (Praef. et I 1 - VI, 3)

[Prélude] [I] [II] [III] [IV] [V] [VI]


PRÉLUDE

LA PRÉHISTOIRE LAVINATE ET ALBAINE

Les Troyens débarquent en Italie I 1 - 5

Troyens et Latins à Lavinium I 6 - II

Dynastie d'Albe-la-Longue III - VI 3


PRÉLUDE

1. Aurai-je fait oeuvre utile en rédigeant l'histoire complète du peuple romain depuis les origines de notre ville ? Je n'en sais trop rien et, si je le savais, je n'oserais l'affirmer, 2. car, je le vois bien, ce sujet n'est que trop connu du public depuis longtemps : sans cesse, de nouveaux auteurs croient apporter l'une ou l'autre précision sur le fond ou bien susciter par la qualité de leur écriture plus d'intérêt que les récits maladroitement élaborés d'autrefois. 3. Mais, quoi que me réserve l'avenir, je serai heureux d'avoir, à ma façon, contribué à perpétuer la mémoire des hauts faits du premier peuple au monde et, même si, parmi tant d'auteurs, ma réputation ne devait pas briller, la célébrité et la grandeur de ceux qui occulteraient ma renommée me consoleraient.

4. Quel investissement implique aussi ce sujet démesuré qui nous fait remonter au-delà de sept cents ans ! Rome, insignifiante à ses débuts, s'est développée au point d'assumer difficilement la grandeur qui est aujourd'hui la sienne. Quant à mes lecteurs, il est clair qu'en majorité, ils s'attarderont moins volontiers aux pages traitant de l'aube de nos origines et de leurs lendemains. Ils s'empresseront plutôt de découvrir des événements récents où l'on voit se détruire d'elles-mêmes les forces vives d'un peuple, dont l'influence est, depuis longtemps, prépondérante. 5. Pour moi la seule récompense de mes efforts sera, du moins dans les séquences où je me consacre tout entier à explorer notre lointain passé, de pouvoir éloigner mon regard des malheurs qu'a vus notre époque pendant tant d'années. Je me sens alors délivré de toute préoccupation qui, sans me détourner de la vérité quand j'écris, pourrait néanmoins compromettre mon égalité d'âme.

6. Je n'ai l'intention ni de confirmer ni de réfuter des faits antérieurs à la fondation de notre ville ou à l'idée même de sa fondation. Leur tradition, d'ailleurs, est plus enjolivée par des récits poétiques qu'étayée par d'irréfutables documents historiques. 7. On accorde à un lointain passé le privilège de mêler aux affaires humaines le monde des dieux et de rendre ainsi  plus augustes les premiers temps des villes. Or si un peuple peut sacraliser ses origines et y voir un projet divin, le peuple romain jouit d'une telle gloire guerrière que, s'il fait de Mars, avant tout autre dieu, son propre ancêtre et celui de son fondateur, les générations humaines l'admettent avec autant de naturel qu'elles admettent notre pouvoir. 8. Mais quels que soient les remarques ou les jugements que suscitent ces faits du passé, cela ne représentera pas pour moi un enjeu majeur. 9. Mon souhait est que chaque lecteur,  ressente de l'intérêt à se concentrer profondément sur ces points-ci : comment vivait-on alors, en observant quelles moeurs, grâce à quels hommes et par quels moyens, dans la paix comme dans la guerre, notre empire s'est formé et développé ? Ensuite, que mon lecteur s'attache à découvrir comment les moeurs, avec le relâchement de la discipline, se sont peu à peu, en quelque sorte, altérées, pour ensuite se dégrader toujours plus, et comment s'est enclenchée leur débâcle, pour en arriver à ce que, de nos jours, nos travers, tout comme leurs remèdes, ne nous soient plus supportables.

10. La connaissance de faits historiques se révèle particulièrement salutaire et féconde car elle fait découvrir des comportements exemplaires au sein d'un exposé qui les met en lumière. Elle permet ainsi de s'inspirer de conduites à imiter dans la vie privée et publique, et d'en éviter qui sont aussi ignominieuses dans leur fondement que dans leurs conséquences. 11. Je me laisse peut-être aveugler par l'amour que je porte à mon projet, mais, s'il n'en est pas ainsi, jamais alors on ne vit État plus grand ni plus intègre ni plus riche en bons exemples. Dans aucune autre cité ne vint s'installer si tard la fascination de l'argent et du luxe. Nulle part ailleurs, on n'accorda si longtemps à la pauvreté et au sens de l'économie tant d'honneur : moins il y avait à posséder, moins on en éprouvait le désir. 12. Mais, depuis peu, la richesse a introduit la cupidité, et la surenchère des plaisirs a créé le besoin de se perdre et de tout perdre dans le luxe et la débauche.

Mais que mes plaintes, qui paraîtront incongrues au moment même où elles seront nécessaires, n'entachent pas le prélude d'une si grande entreprise ! 13. À l'instar des poètes - mais notre genre n'en a pas coutume ! - nous commencerions volontiers par des souhaits et des voeux favorables et par des prières à nos dieux et déesses pour assurer, dès son départ, à une telle entreprise des gages de réussite.

 

LA PREHISTOIRE LAVINATE ET ALBAINE

Ante conditam Vrbem condendamue

Les Troyens débarquent en Italie

I. 1. Je remonterai d'abord à ce qui est en général admis comme le point de départ de toute notre histoire. Après la prise de Troie, tous ses habitants furent victimes de sévices, sauf  Énée et Anténor. Cela pouvait s'expliquer par les règles qui régissent d'anciens liens d'hospitalité. Mais ces deux Troyens avaient surtout toujours défendu l'idée de restituer Hélène pour rétablir la paix. C'est pourquoi les Achéens s'abstinrent envers eux de toute maltraitance qu'autorisent les lois de la guerre.

2. Après quoi, Anténor vécut diverses aventures. De nombreux Énètes l'avaient suivi : chassés de Paphlagonie par une révolution, ils étaient à la recherche d'une nouvelle patrie, d'un chef aussi, car Pylémène, leur général, avait disparu à Troie. Ils abordèrent au fin fond de l'Adriatique. 3. Après avoir chassé les Euganéens, établis entre la mer et les Alpes, Énètes et Troyens occupèrent ce territoire. L'endroit où ils ont débarqué se dénomme Troie. C'est pourquoi on appelle troyen l'arrière-pays et Vénètes l'ensemble de ses occupants.

4. La même infortune avait chassé Énée de sa patrie, mais le destin voulait le faire préluder à des événements de plus grande envergure. Il aborda d'abord en Macédoine. Ensuite, toujours en quête d'une nouvelle patrie, il fut dévié vers la Sicile. De là, il gagna par la mer le territoire laurentin, qui porte aussi le nom de Troie. 5. Les Troyens y débarquèrent, sans plus avoir, après une errance quasi interminable, que des armes et des navires. Ils se livrèrent au pillage. Le roi Latinus et les Aborigènes, qui alors occupaient ces lieux, accoururent en armes de la ville et des campagnes pour refouler cette masse d'étrangers.

Troyens et Latins à Lavinium.

6. Deux traditions coexistent pour la suite des événements. Selon certains, Latinus, vaincu au combat, conclut la paix avec Énée, ce que confirma ensuite un mariage. 7. Selon d'autres, les deux armées étaient prêtes au combat, mais avant le signal de l'engagement, Latinus s'avança au premier rang et s'adressa au chef des étrangers : "Mais qui donc êtes-vous ? D'où venez-vous ? Quel malheur vous a chassés de votre patrie ? Que cherchiez-vous en débarquant à Laurente ?"

8. Il s'entendit répondre : "Nous venons tous de Troie, je suis leur chef, je m'appelle Énée, fils d'Anchise et de Vénus, le feu a dévasté notre patrie et nous avons été chassés de chez nous. Nous cherchons à nous établir quelque part pour y fonder une ville". Latinus fut pris d'admiration pour la noblesse de ce peuple et de cet homme, qui se sentaient prêts aussi bien à faire la guerre qu'à vivre en paix. Il tendit la main à Énée en gage de leur future amitié. 9. Les chefs conclurent une alliance et leurs hommes se saluèrent. Énée fut accueilli dans le foyer de Latinus, qui, devant les dieux Pénates, confirma son engagement officiel par un lien privé en offrant sa fille en mariage à Énée .

10. Quoi qu'il en fût, l'espoir des Troyens se réalisait d'en finir avec leur pérégrination, car ils avaient trouvé un endroit où se fixer définitivement. Ils fondèrent une place-forte qu'ils appelèrent Lavinium en hommage à l'épouse d'Énée. Peu après, naquit de ce remariage un garçon, qui reçut de ses parents le nom d'Ascagne.

II. 1. Les Aborigènes et les Troyens se virent par la suite déclarer la guerre.Turnus, roi des Rutules, à qui Lavinia avait déjà été promise avant l'arrivée d'Énée, n'admit pas qu'on lui préférât un prétendant venu de l'extérieur. Aussi entra-t-il en conflit à la fois avec Énée et Latinus. 2. Les deux armées sortirent, l'une et l'autre, frustrées de ce combat : les Rutules étaient vaincus ; mais, tout en étant vainqueurs, les Aborigènes et les Troyens avaient perdu Latinus, leur chef.

3. Alors, Turnus et les Rutules, dans leur désarroi, cherchèrent refuge auprès des Étrusques, dont la puissance s'affirmait, et auprès de leur roi Mézence, qui, de sa riche place-forte de Caere, exerçait alors son pouvoir. Déjà dès le début, la fondation d'une ville nouvelle ne le réjouissait guère et il jugeait que la puissance troyenne s'affirmait alors beaucoup trop pour garantir la sécurité des peuples voisins. Il prêta donc sans hésiter main-forte aux Rutules.

4. Énée comprit la crainte que suscitait une si grande guerre. Aussi, pour gagner à sa cause les Aborigènes il voulut que le même droit régît tous ses sujets sous le même nom et dénomma Latins les deux peuples. 5. Par la suite, les Aborigènes manifestèrent à ce roi tout autant d'attachement et de fidélité que les Troyens. Énée voyait avec confiance les dispositions des deux peuples, qui de jour en jour renforçaient davantage leur unité.

Grande était la puissance de l'Étrurie, dont la glorieuse renommée envahissait les terres et la mer aussi sur toute l'étendue de l'Italie, des Alpes au détroit de Sicile. Or, au lieu de repousser l'attaque de l'intérieur des remparts, Énée fit sortir ses troupes pour livrer bataille. 6. L'issue du combat fut favorable aux Latins tout en étant pour Énée son ultime exploit d'homme. Mais faut-il en parler comme d'un homme ou d'un dieu, lui qu'on a inhumé le long du Numicus et qu'on appelle Jupiter Indigète ?

Dynastie d'Albe-la-Longue

D'Ascagne à Numitor

III. 1. Ascagne, le fils d'Énée, était trop jeune encore pour lui succéder. Toutefois le pouvoir lui échut intact quand il entra dans l'âge d'homme. Entre-temps, la régence de Lavinia - quelle nature cette femme ! -  avait préservé pour l'enfant l'entité latine et le pouvoir royal de son grand-père et de son père. 2. Je n'entamerai pas de discussion - qui d'ailleurs pourrait affirmer comme certain un fait si ancien ? - pour déterminer s'il s'agit bien de l'Ascagne dont il est question plus haut ou plutôt de son aîné, qui naquit de Créuse avant la destruction d'Ilion et qui accompagna son père en fuite. On appelle aussi cet aîné Iule et les représentants de la lignée Iulia en tirent l'origine de leur nom.

3. Ascagne donc - peu importe où il est né et de quelle mère, puisque, de toute façon, c'est un fils d'Énée - du fait que Lavinium était surpeuplée, confia à sa mère ou marâtre cette ville, prospère et riche selon les critères de l'époque. Lui-même fonda une autre ville nouvelle au pied du mont Albain. Elle s'étend tout en longueur sur une éminence et cette configuration l'a fait appeler Albe-la-Longue. 4. Entre la fondation de Lavinium et le départ des colons pour Albe-la-Longue, il se passa environ trente ans.

La puissance des Latins après la défaite étrusque était devenue telle que ni la mort d'Énée ni, ensuite, la régence d'une femme ni les débuts de l'apprentissage de l'enfant royal n'incitèrent Mézence et les Étrusques ni tout autre peuple limitrophe à brandir les armes contre elle. 5. Selon le traité de paix, le cours de l'Albula (aujourd'hui le Tibre) délimitait la frontière entre Étrusques et Latins.

6. Ensuite régna le fils d'Ascagne, Siluius, qui justement avait vu le jour dans une forêt. 7. Lui-même engendra Énée Siluius et celui-ci, plus tard, Latinus Siluius. Ce dernier fit partir plusieurs groupes de colons qu'on appelle les Anciens Latins. 8. Le surnom de Siluius fut maintenu pour tous ceux qui régnèrent à Albe. De Latinus naquit Alba, d'Alba Atys, d'Atys Capys, de Capys Capétus, de Capétus Tibérinus, qui se noya en traversant l'Albula et donna à ce fleuve son nom que l'avenir rendrait célèbre. 9. Plus tard vint Agrippa, fils de Tibérinus ; après Agrippa, régna Romulus Siluius, qui reçut de son père le pouvoir. Lui-même fut foudroyé et le pouvoir royal échut directement à Aventinus. Celui -ci a donné son nom à la colline où il fut enterré et qui fait partie maintenant de Rome. 10. Proca régna ensuite. Il engendra Numitor et Amulius. C'est à Numitor, son fils aîné, qu'il légua la royauté que détenait depuis si longtemps la famille Siluia. Cependant la violence l'emporta sur la volonté paternelle ou les considérations d'âge .

Romulus et Rémus

Naissance et enfance

11. Après avoir chassé son frère, Amulius régna et accumula crime sur crime. Il assassina les fils de son frère. Quant à la fille de celui-ci, Rhéa Silvia, sous prétexte de l'honorer, il la fit Vestale : en la vouant à la virginité perpétuelle, il lui enlevait tout espoir d'enfanter. IV. 1. Mais, comme je le pense, le destin exigeait la naissance d'une ville si importante et les prémices du pouvoir le plus grand après la puissance des dieux.

2. Victime d'un viol, la Vestale accoucha de jumeaux. Soit parce qu'elle le croyait vraiment, soit parce qu'un dieu était un suborneur plus acceptable, elle désigna Mars comme père des bâtards. 3. Mais ni dieux ni  hommes ne purent la soustraire, pas plus que sa progéniture, à la cruauté du roi. Amulius fit mettre la prêtresse aux fers et sous bonne garde, et donna l'ordre de noyer ses enfants.

4. Par je ne sais quel hasard, où les dieux étaient pour quelque chose, le Tibre avait débordé et formait sur ses rives des nappes d'eau dormante. Nulle part on ne pouvait accéder au cours du fleuve proprement dit. Or ceux qui emportaient les bébés s'imaginaient pouvoir les noyer même dans de l'eau stagnante. 5. Ils crurent donc exécuter correctement la volonté royale en les abandonnant dans l'étendue d'eau la plus proche, près de l'actuel figuier Ruminal (lequel, dit-on, s'appelait Romularis). 6. Cet endroit n'était alors qu'une immensité désolée. Selon la légende, la corbeille, où étaient abandonnés les petits, se mit à dériver et, comme l'eau baissait, elle échoua sur la terre ferme.

Or, des montagnes avoisinantes, descendait une louve assoiffée. Elle perçut des vagissements et se laissa guider vers eux. Pleine de douceur, elle se pencha vers les bébés et leur présenta ses mamelles. Elle les léchait encore quand le chef des troupeaux royaux les découvrit. (On l'appelait, paraît-il, Faustulus). 7. Il regagna l'étable et confia les enfants à Larentia, son épouse. Selon certains, Larentia se prostituait, d'où le surnom de louve que lui donnaient les bergers. Ce serait le point de départ de la  prodigieuse légende. 8. Voilà donc dans quelles conditions ces deux enfants naquirent et furent pris en charge.

Meurtre d'Amulius

Devenus grands, ils ne restaient pas sur place pour travailler dans les étables ou garder des troupeaux, mais ils parcouraient les forêts en quête de gibier. 9. Ainsi leurs corps s'endurcirent et leurs personnalités s'affirmèrent. Maintenant ils ne se mesuraient plus seulement à des animaux sauvages, mais s'en prenaient à des brigands chargés de butin. Une partie de leurs prises allaient aux bergers, avec lesquels ils formaient la bande de jeunes, chaque jour plus nombreux, qu'ils associaient à leurs entreprises et à leurs amusements.

V.1.Selon la tradition, notre Lupercal existait déjà à cette époque sur le Palatin. 2. Évandre, qui bien encore auparavant occupait cet endroit, y avait introduit une cérémonie annuelle d'origine arcadienne : dans une ambiance permissive de fête, des jeunes gens tout nus faisaient la course en l'honneur de Pan Lycaeus, que les Romains appelèrent plus tard Inuus. 3. Un jour que se déroulait ce jeu, dont la date anniversaire était connue, des brigands, furieux d'avoir perdu leur butin, se placèrent en embuscade et s'attaquèrent aux participants. Romulus fut assez fort pour s'en tirer, mais Rémus fut capturé. Les bandits  livrèrent au roi Amulius leur prisonnier qu'ils accusèrent d'emblée : 4. "Nous reprochons surtout à ces deux-là de faire des raids dans les terres de Numitor et ce n'est pas tout ! Avec toute leur bande de jeunes, ils se font du butin comme s'ils étaient à la guerre !" Alors on chargea Numitor de châtier Rémus.

5. Or, déjà depuis le début, Faustulus pressentait que les enfants qu'il élevait étaient de sang royal. En effet, il savait que des bébés avaient été abandonnés sur l'ordre du roi et que le moment où lui-même avait recueilli les jumeaux coïncidait avec ce fait. Mais il avait préféré ne pas en parler trop tôt et attendait une occasion favorable ou la nécessité. 6. Celle-ci intervint la première. Dominé par la peur, Faustulus révéla son secret à Romulus. Or justement, Numitor aussi, qui détenait Rémus, savait maintenant qu'il avait un frère jumeau. L'âge et la mentalité même de Rémus, qui n'avait rien d'un esclave, l'interpellaient et le faisaient penser à ses petits-fils. À force de questions, il arriva quasiment à identifier Rémus.

7. Des deux côtés alors on trama en cachette la perte du roi. Romulus, qui ne se sentait pas à la hauteur d'un coup de force à découvert, ne groupa pas les jeunes pour agir, mais enjoignit aux bergers de venir chacun par des chemins différents à l'heure dite. Ils s'attaquèrent à Amulius. Rémus vint de chez Numitor prêter main-forte avec une autre troupe. Ils massacrèrent le roi.

Rétablissement de Numitor sur le trône d'Alba Longa

VI. 1. Dès le début de l'agitation, Numitor, répétait à qui voulait l'entendre : "Des ennemis sont entrés dans notre ville ! Ils ont attaqué le palais !" Il réussit à attirer la jeunesse albaine en armes vers la citadelle pour la défendre et l'occuper.

Lorsqu'après le meurtre, il vit les deux jeunes gens venir le féliciter, il réunit, sans plus attendre, le conseil. Il révéla alors les crimes que son frère avait commis à son endroit, l'existence de ses petits-fils, dans quelles conditions ils étaient nés, comment ils avaient été  éduqués, comment il les avait reconnus. Il en vint ensuite au meurtre du tyran et le revendiqua. 2. Les deux frères traversèrent l'assemblée avec leurs hommes en armes et rendirent l'hommage royal à leur grand-père. Alors, toute la foule, d'une seule voix, ratifia le nom et le pouvoir du roi. 3. Ainsi Numitor rentra en possession du pouvoir à Albe.


Avant-Propos - Ante Vrbem conditam - Romulus - Interrègne et Numa - Tullus Hostilius - Ancus Marcius - Tarquin l'Ancien - Servius Tullius - Tarquin l'Outrancier


Autres traductions françaises dans la BCS

Traduction Nisard du Livre I de Tite-Live


Bibliotheca Classica Selecta - UCL (FLTR)

Contact éventuel: de_clercq_danielle@hotmail.com