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Traduction Nisard du Livre I de Tite-Live

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TITE-LIVE

Histoire de Rome depuis sa fondation

Livre I

Traduction nouvelle de Danielle De Clercq, Bruxelles, 2001

Plan

AVANT-PROPOS

PRÉLUDE

LIVRE I

1. Ante conditam Vrbem condendamue I - VI 3

Les Troyens débarquent en Italie I 1 - 5

Troyens et Latins à Lavinium I 6 - II

Dynastie d'Albe-la-Longue III - VI 3

2. Ab Vrbe condita VI 3 - LX

Romulus VI 3 -XVI

Interregnum XVII

Numa Pompilius XVIII- XXI

Tullius Hostilius XXII- XXXI

Ancus Marcus XXXII - XXXV 1

L. Tarquinius Priscus XXXV 2 - XLI 5

Seruius Tullius XLI 6 - XLVIII

L. Tarquinius Superbus XLIX - LX


 AVANT-PROPOS

C'est sur une suggestion de Jacques Poucet que j'ai entamé la traduction du premier livre de l'Histoire Romaine de Tite-Live. À dire vrai, je n'avais plus de l'auteur que des souvenirs de la quatrième année d'humanité, au cours de laquelle, d'abord élève, puis jeune professeur, j'avais abordé l'historien padouan comme narrateur des Guerres Puniques. Je gardais aussi en mémoire la remarquable préface de l'oeuvre, qui donne d'emblée à celle-ci sa dimension épique et morale. On ne peut rester insensible à ce "Prélude", comme je me suis permis de le nommer, à la haute destinée de Rome, qui s'annonce dès les premières lignes du Livre I. C'est aussi pour l'historien et le patriote de l'époque augustéenne, qu'est Tite-Live, le constat amer d'une grandeur inégalée mais devenue fragile par son incapacité à s'assumer moralement et le pressentiment d'une proche décadence.

Dans cette même préface, Tite-Live ne se fait guère d'illusion sur l'intérêt des lecteurs pour ce premier livre aux données légendaires, lointaines et lacunaires où il retrace les origines de Rome et les deux cent quarante-quatre années de la période royale. Le caractère fragmentaire de ces données s'impose à la lecture du Livre I, où les morceaux de bravoure alternent avec des mentions de batailles et des renseignements sur les origines d'institutions politiques, religieuses et juridiques toujours en vigueur au temps de Tite-Live. À l'occasion, on devine sous le récit la présence à Rome de maîtres étrangers sabins ou étrusques.

Le traitement psychologique dévolu aux nombreux personnages est très différencié. Certains, surtout dans les épisodes les plus lointains, ne sont guère dotés de vie propre et n'apparaissent à point nommé que pour permettre le déroulement du récit, tels Ascagne, Rhéa Silvia ou Rémus. Ou encore Égérius, Arruns, frère de Lucius Tarquin, ou le père de Lucrétia. D'autres, tout aussi épisodiques, sont plus marquants : on perçoit la noblesse d'Énée, la forte personnalité de Lavinia ou d'Hersilia ; le père d'Horace est habile négociateur dans sa douleur. Par ailleurs, à l'exception de Tullus Hostilius et du second Tarquin, les rois sont davantage décrits sous l'angle de leurs réalisations que comme personnes.

D'autres acteurs se détachent, complexes, parfois ambigus, dans des séquences plus longues : Horace est courageux, certes, mais on redoute de découvrir en lui une machine à tuer. Mettius, le dictateur albain, va jusqu'à la trahison pour préserver sa popularité. Tanaquil est habile et ambitieuse, mais surtout toute dévouée à la réussite et à l'ambition de ceux qu'elle aime, que ce soit Lucumon ou Servius. L'ambition effrénée et la perversité meurtrière de Tullia, auxquelles s'attarde l'auteur, annoncent la monstruosité d'Agrippine et de Poppée chez Tacite. Dépourvu de scrupules, retors et cruel, Sextus Tarquin cumule les vices de ses parents. Quant à Tarquin Collatin, il se montre très épris de Lucrétia, son épouse exemplaire, non sans en tirer une certaine vanité. Enfin dans l'idiot que contrefait Brutus veille un efficace meneur d'hommes.

Par ailleurs, les réactions collectives sont remarquablement décrites, surtout quand elles font évoluer le récit, que ce soit le chagrin des Romains à la mort de Romulus, l'indécision des sénateurs au cours du premier interrègne, la tension inquiète qui habite les armées albaine et romaine lors de l'affrontement des Horaces et des Curiaces, les mouvements de foule qui accompagnent la fin chaotique des trois derniers règnes, et bien d'autres encore.

Ainsi, à côté de passages documentaires, plus mornes, le récit s'enflamme, plein de tension dramatique. De brèves tragédies se nouent où s'animent des personnages auxquels on ne peut rester indifférent et qu'on se prend à regretter de ne plus voir apparaître par la suite. À l'occasion aussi, on sent chez l'auteur, tout acquis qu'il soit à la cause romaine, des sentiments mélangés devant l'arrogance des vainqueurs ou le sort des vaincus, quand Horace exécute froidement (ou plutôt à chaud) sa soeur pour "manque de patriotisme", quand les Albains sont déportés à Rome et leur ville détruite...

Souvent, une traduction est une infidèle, plus ou moins belle. Elle est toujours un produit de son époque dans sa tentative de retrouver et de se réapproprier une oeuvre antique, dont des traductions antérieures, ni pires ni meilleures nécessairement, peuvent contrarier l'approche. Ainsi, sans vouloir donner à l'oeuvre de Tite-Live, une modernité qu'elle n'a pas, j'ai opté pour certains principes de traduction, que j'avais déjà observés pour l'Agricola de Tacite.

La présente traduction ne reflète que rarement la structure de la phrase latine et, pour les titres intercalaires et les alinéas, ne tient pas toujours compte des traditionnelles divisions en chapitres et paragraphes. De même, le souci de rendre le récit vivant m'a amenée à ne pas traduire comme tels certains passages en style indirect. Pour que le texte soit aussi plus abordable pour des lecteurs peu familiarisés avec les realia antiques et le latin, j'ai choisi de renoncer à la traduction traditionnelle de certains termes, comme par exemple rendre inaugurare par inaugurer. De même Tarquin, surnommé Superbus en raison de son comportement, est ici Tarquin l'Outrancier et non le Superbe, le sens de cet adjectif ayant évolué en français d'aujourd'hui.

Je ne voudrais pas conclure sans remercier de tout coeur Jacques Poucet et Anne-Marie Boxus pour leurs conseils et l'aide qu'ils m'ont donnée pour mettre cette traduction sur la toile.

 

Danielle De Clercq

 

Bruxelles, le 12 novembre 2001


Avant-Propos - Ante Vrbem conditam - Romulus - Interrègne et Numa - Tullus Hostilius - Ancus Marcius - Tarquin l'Ancien - Servius Tullius - Tarquin l'Outrancier


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