FEC 8 (2004)

Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 8 - juillet-décembre 2004

<folia_electronica@fltr.ucl.ac.be>

 

 

 

Lucien de Samosate 

ou le rhéteur magnifique

 

 

par

par     Philippe Renault     Poète et traducteur 
<philippe.renault2@wanadoo.fr>
 

 

Philippe Renault, dont Les Belles Lettres ont publié en 2000 une Anthologie de la poésie grecque antique, préfacée par Jacqueline de Romilly (440 p.), est aussi l'auteur de plusieurs autres volumes (poèmes personnels et traductions de textes antiques), disponibles en version électronique auprès des Éditions de l'Arbre d'Or. Les FEC ont proposé de lui en 2003 trois articles, intitulés respectivement : Fable et tradition ésopique ; L'esclave et le précepteur. Une comparaison entre Phèdre et Babrius, ainsi que Babrius, un fabuliste oublié.

    Philippe Renault s'intéresse également à Lucien. On trouvera ci-dessous un autre de ses inédits, qui se présente comme une introduction générale à la vie et à l'oeuvre de celui que l'auteur appelle « un satiriste flamboyant ». D'autre part, il a établi pour la BCS un catalogue détaillé des oeuvres de Lucien, et confié, également à la BCS, une traduction nouvelle de cinq dialogues de Lucien : Le Banquet ou les Lapithes ; La Traversée pour les Enfers ou le Tyran ; Les Amis du Mensonge ou l'Incrédule; Ménippe ou le Voyage aux Enfers, La Mort de Pérégrinos, et Le Maître de Rhétorique.

    En ce qui concerne l'Anthologie Palatine, Philippe Renault a donné à la BCS une traduction nouvelle du Livre V (= « Les épigrammes érotiques ») et du Livre XII (= « La Muse garçonnière »), oeuvres qu'il a pris soin de présenter  dans deux articles : Anthologie Palatine. Deux mille ans d'Anthologie Grecque mais un chantier toujours ouvert (FEC 8 - 2004) et La Muse garçonnière, bible de l'amour grec (FEC 10 - 2005).

[Note de l'éditeur - 20 novembre 2004 - 11 février 2005 - 26 novembre 2005 - 7 janvier 2006]

 

 
 

 Plan

 

 

La vie

Lucien naquit dans la ville de Samosate, au bord de l’Euphrate et au cœur de la province syrienne de Commagène. Aujourd'hui, la ville de Samsat – son nom moderne – est en pays kurde et sous administration turque ; mais depuis quelques années, elle a disparu sous les eaux d'un barrage hydraulique [1].

À juste titre, les historiens s'accordent à situer son existence entre 125 et 192, en pleine période du règne des Antonins et de l’apogée de l’Empire romain. Sur sa biographie, nous ne pouvons nous fier qu'à un bref article de la Souda et aux indications données par ses opuscules [2].

D'extraction modeste – c'est lui qui le confirme – Lucien était destiné à devenir sculpteur comme son oncle : envoyé chez ce dernier pour faire son apprentissage, il fut vite dégoûté, commit des maladresses – il cassa une plaque de marbre – et finalement s’enfuit... Ensuite ce Syrien, passionné de grec, entama des études dans les meilleures écoles d’Ionie jusqu’à ce qu’il maîtrisât parfaitement l’attique, la langue littéraire grecque par excellence, celle employée par les grands auteurs classiques, de Sophocle à Démosthène.

Les historiens ont émis beaucoup de réserves sur cette ascension à la fois sociale et culturelle que nous décrit Lucien avec un luxe de détails [3]. En effet, il n'existe pour ainsi dire aucun cas d'écrivains antiques émanant des couches populaires de la société, la connaissance de la rhétorique, en particulier, étant le fait des fils de notables. Notre Syrien serait–il l'exception confirmant la règle ? Notons que le nom de Lucien (Lykianos en grec) est un dérivé du prénom latin Lucius [4], preuve probable de l'origine servile de la famille de l'auteur. Ce qui ne signifie pas que Lucien eût vécu pour autant dans une famille misérable : en effet, les affranchis avaient amassé de grandes fortunes sous l'Empire. Remarquons toutefois que, dans son œuvre, Lucien est presque toujours d'une dureté incroyable envers les riches, dénonçant leurs travers et leurs ridicules ; en revanche, les exclus de la société ont souvent droit à sa mansuétude. Bien entendu, la distinction entre riches et pauvres est un poncif assez courant dans la littérature ancienne, mais Lucien insiste tellement sur la chose que l'on peut se dire que cette « question sociale » lui tenait fort à cœur. Bref, tout cela pourrait être l'indication que Lucien était encore marqué par une origine servile.

Autre sujet de polémique concernant Lucien : sa découverte prétendument tardive de l'hellénisme. Au gré de ses confidences, on remarque combien l'auteur insiste longuement sur son inculture dans le domaine de la pensée et de la langue grecques avant ses études en Ionie. On en doute aujourd'hui. Depuis l'époque d'Antiochos 1er, la Commagène, et plus particulièrement sa capitale Samosateétaient de brillants foyers d'hellénisme, et Lucien, même s'il parlait couramment l'araméen, a dû, très tôt, être mis en relation avec la culture grecque, peut–être dès les bancs de l'école. S'il cherche tant à créditer la version de son ignorance, c'est par pure coquetterie, afin de mieux montrer le chemin parcouru depuis l'adolescence et sa réussite intellectuelle. En réalité, Lucien devait parfaitement maîtriser le grec depuis la petite enfance.

Ses études terminées, il devint avocat à Antioche à l'âge de vingt-cinq ans, selon la Souda, donc aux alentours de 145. Mais l'art austère de la plaidoirie déplut assez vite à cet homme instable, fantaisiste, voire exubérant. Orateur né, styliste averti, aimant par-dessus tout briller en société, il se sentait beaucoup plus à l'aise dans la récitation de textes bien troussés devant un parterre de spectateurs attentifs. C'est ainsi qu'il entama, dès 150 environ, une longue série de conférences publiques qui lui permettront de voyager à travers le monde romain et de se faire reconnaître comme un rhétoricien de talent. Partout, sa renommée fut immense. Il faut dire que nous étions en plein âge d'or de la seconde Sophistique [5], où les rhétoriciens, rivalisant de virtuosité, étaient considérés comme de véritables « vedettes » par la foule. Très souvent, pareils à des acteurs, ils exerçaient leur art dans les théâtres que l'on réservait spécialement pour leur prestation et où ils étaient applaudis par un public friand de phrases harmonieusement agencées.

Pour ce qui concerne Lucien, c’est en Gaule, plus particulièrement dans la vallée du Rhône, qu’il fut apprécié et qu’il fit fortune [6] : c’est ce que nous indique un de ses récits. Une partie de ces travaux rhétoriques, où son style déclamatoire fait mouche, a survécu dans nos sources, tels le Phalaris, ou le croustillant Essai sur la Calomnie.

Au bout de dix ans de voyages harassants, lassé de donner des conférences, sentant l'impérieux besoin de se ressourcer, Lucien revint en Orient. Entre-temps, il avait dû saisir l'aspect vain et parfois pervers de la rhétorique, art du savoir-faire plus que de la sensibilité. Comme il le dit lui-même dans La Double Accusation, il quitta « l'art du mensonge pour se mettre au service de la vérité ». Pour lui, la vérité signifiait l'approfondissement des idées philosophiques. C'est donc sur le tard, aux environs de la quarantaine, que Lucien tourna la page en faveur de la philosophie.

À partir des années 160, sa réputation fut telle qu'il côtoya des personnages exerçant au sein de l'Etat les fonctions les plus élevées ; il parvint même à se lier avec Lucius Verus, le second empereur en titre – après Marc–Aurèle [7]. Comme tout courtisan qui se respecte (mais peut–être était-il sincère ?), il exalta dans ses Portraits la grandeur d'âme et la culture de la maîtresse du Lucius, la belle Pantheia. Il suivit le prince pendant les terribles guerres Parthiques, comme en témoigne l'opuscule Comment on écrit l'Histoire. Il fit aussi un séjour dans sa ville natale, Samosate, en 163 [8].

En 165, il décida de séjourner dans sa patrie spirituelle, Athènes. Dans la prestigieuse cité, il fréquenta de nombreux penseurs pour épancher sa soif de philosophie. Néanmoins, il garda un sens critique aiguisé, s’en prenant violemment aux stoïciens, qu’il fustigea sans pitié, leur reprochant leur orgueil démesuré et leur dogmatisme. Les seuls sages athéniens à trouver grâce à ses yeux furent Nigrinos et Démonax [9] auxquels il consacra deux émouvants dialogues. Il ne devint pas pour autant philosophe mais entreprit de dénoncer les philosophes pédants et les charlatans de tout acabit, non sans courage, car il se fit de nombreux ennemis.

En 171, Lucien connut l'apogée de sa course aux honneurs – sa biographie montre assez clairement sa volonté d'ascension sociale quoiqu'il s'en défende. Il obtint la charge prestigieuse de secrétaire, plus exactement d'archistrator du préfet d’Égypte, Statianus [10]. Mais la chute de ce dernier, qui avait soutenu la tentative de coup d'État d'un certain Cassius en 175, provoqua le retrait de Lucien de ses fonctions administratives. Désormais âgé, il se lança de nouveau dans une série de conférences itinérantes, peut-être dans un but purement lucratif. Puis il revint à Athènes, où il mourut aux alentours de l'année 192, à l'extrême fin du règne de Commode.

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L'œuvre

Des manuscrits assez nombreux – preuve de la bonne vitalité de la tradition littéraire de Lucien au Moyen Age byzantin – nous ont conservé quatre-vingt-six œuvres (dont une dizaine d'apocryphes) très diverses dans leur forme : exercices de rhétorique, dialogues sérieux ou ménippés, autobiographies, pamphlets, romans, cinquante-trois épigrammes recueillies dans l'Anthologie Palatine, etc. Seul un nombre limité de ses écrits est datable avec exactitude, malgré les travaux remarquables d'érudition de Maurice Croiset et de Jacques Schwartz [11].  Pour des informations plus précises et plus détaillées, on se rapportera au catalogue établi dans un fichier spécial.

Les travaux rhétoriques

On citera rapidement ces opuscules, pour la plupart œuvres de jeunesse de Lucien : ce sont de purs exercices grammaticaux ou des Prolalia, c'est-à-dire des « lectures d'introduction », courts récits sans prétention, jeux d'esprit soignés, sortes de « hors–d'œuvre » déclamés dans une conférence publique, avant la lecture d'un texte de plus grande envergure. Ces récits, un peu pédants, sont mineurs dans l'œuvre de Lucien. Citons parmi eux, Le Tyrannicide, Le Fils déshérité ou les deux Phalaris. De la même époque, datent L’Éloge de la mouche et l'Essai sur la Calomnie, qui sont déjà beaucoup plus séduisants et sarcastiques, annonciateurs du talent polémique qui fera la gloire de Lucien.

Les opuscules autobiographiques

Dans le domaine autobiographique, on citera Le Songe, qui évoque l'enfance et l'adolescence de Lucien, que sa famille destinait au métier de sculpteur mais qui préféra de loin se consacrer aux belles-lettres, après un rêve fameux qui fut déterminant pour sa vocation future. Le Nigrinos, première œuvre philosophique de Lucien, vante la sagesse du philosophe du même nom qu'il fréquenta à Athènes, modèle des antiques vertus grecques, et qu'il oppose à la richesse et la grossièreté des milieux romains. Cette charge farouchement antiromaine apparaît comme une réplique directe à l'Éloge de Rome, que composa à la même époque Aristide. Quant à l’Apologie, elle se veut une justification de la décision de Lucien, à première vue contradictoire, de se mettre au service de l'administration impériale, malgré son hostilité affichée envers Rome dont témoignait l'ouvrage précédemment cité. Il est vrai que les rapports de Lucien avec la puissance occupante sont loin d'être dénués d'ambiguïté, reflétant en cela l'attitude de beaucoup de ses compatriotes.

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Les dialogues 

Lucien est le maître incontesté du dialogue philosophique, mais un dialogue détourné de sa vocation originelle. En premier lieu, il y a ceux que l'on range dans la catégorie des « petits dialogues » : trente Dialogues des morts, vingt–six Dialogues des dieux, quinze Dialogues marins, quinze Dialogues des courtisanes. Les premiers ont été imités beaucoup plus tard par Voltaire et Fontenelle : ils proposent une satire féroce des vices et des faiblesses des hommes chez Hadès, où ils apparaissent dans leur affligeante vérité. En particulier, les chercheurs de testaments meurent avant ceux dont ils convoitaient l'héritage, tandis que les riches et les despotes sont ridiculisés. Alexandre lui-même, Hannibal et Crésus ne sortent pas grandis de ces écrits. En revanche, les humbles et les philosophes cyniques (Antisthène, Diogène, Cratès, Ménippe) se taillent la part belle.

Quant aux Dialogues des dieux, ils consistent en de petits textes scandaleux et sacrilèges où, sans ménagement, Lucien raille les dieux, révélant les infidélités de Zeus, la jalousie d'Héra, les coucheries d'Aphrodite, etc. Le ton de ces mimes est d'essence très alexandrine. Les Dialogues des courtisanes énumèrent avec cocasserie divers types humains : la prostituée cupide, la jeune courtisane encore niaise, le « Don Juan », le jeune homme impatient, mal surveillé par son précepteur, l’amant crotté, bref, une série de portraits pittoresques, inspirés de Ménandre et de la Comédie Nouvelle.

Les grands dialogues relèvent de maintes catégories. Certains, authentiquement philosophiques, sont dans le lignée platonicienne, comme l’Hermotimos, où deux personnages s'affrontent : un étudiant attardé – il a plus de quarante ans –, disciple des stoïciens, idéaliste et naïf, et un Lucien, moqueur à souhait, sceptique, cynique, qui s'emploie avec subtilité à le défaire de ses fausses illusions. De même, l’Anacharsis fait débattre le Scythe ingénu et Solon d'Athènes sur le thème de l'utilité du sport, aspect important de la culture antique. Parmi ces grands dialogues, on peut placer Le Parasite dont l'authenticité est parfois contestée, mais qui propose avec esprit un entretien à la manière de Platon entre Tychiadès-Lucien et le parasite Simon. Dans La Double accusation, l'auteur n'hésite pas à s'amuser de lui-même, faisant parler la Rhétorique et le Dialogue : Rhétorique tance Lucien avec vigueur pour avoir honteusement travesti le vénérable dialogue platonicien. Les Philopseudeis (Les Amis du mensonge), offrent des récits de guérisons miraculeuses, de statues animées, de fantômes : c’est dans ce texte que l’on trouve pour la première fois le thème de l'apprenti-sorcier, plus tard repris par Goethe. Enfin, le Toxaris consiste en une dizaine d'historiettes édifiantes sur l’amitié comparée chez les Grecs et chez les Scythes, l'avantage allant aux barbares, plus rudes, mais aussi plus sincères dans leur rapport à autrui.

D'autres dialogues, délibérément fantaisistes, sont influencés par l'œuvre de Ménippe de Gadara, inventeur du genre « ménippé » au IIIe siècle avant J.–C. [12] mais auxquels le Syrien a donné une tonalité personnelle, mélangeant avec habileté, comme il le dit lui–même, « la moquerie, le cynisme, Eupolis et Aristophane » [13]. Le sérieux sert le mot d'esprit et l'effet comique. Cependant, si l'aspect bouffon est inséparable de la philosophie et de la morale, Lucien y « met les formes », usant d'un atticisme appris chez les classiques athéniens de la grande époque.

Parmi ces « ménippées », Le Banquet ou les Lapithes, description d'une joute grotesque entre des philosophes peu reluisants, plus gloutons que versés dans l’étude, ce qui fait dire à Lucien que la culture et l'érudition ne sont rien si elles ne cherchent pas à améliorer les comportements. Ajoutons que Lucien a composé un autre récit de banquet, proche de celui de Platon, Le Lexiphane, composé dans un atticisme tellement outrancier qu'il en devient ridicule, prétexte pour dénoncer la sottise des puritains du langage. Mais les véritables dialogues « ménippés » ont pour héros Ménippe lui-même, personnage à travers lequel Lucien s'exprime en fustigeant la folie des hommes. Dans La Traversée pour les Enfers, la mort opère un renversement des situations personnelles : le méchant, en l'occurrence le tyran, est châtié sévèrement, tandis que le pauvre cordonnier et le philosophe sont conduits vers l'Île des Bienheureux. Signalons le Zeus confondu et le Zeus tragédien, œuvres à nouveau antireligieuses, qui font le procès de l’Olympien et de la notion – fausse selon Lucien – de Providence. Dans le Zeus tragédien, le dialogue comprend deux scènes distinctes : à l'Olympe, d’abord, entre les dieux, et à Athènes, ensuite, au portique Pécile, entre le stoïcien, qui vante la Providence, et le sage épicurien, son détracteur, qui l'emporte sur son interlocuteur.

Plusieurs autres œuvres satiriques sont de petites merveilles de style et d’humeur, comme Le Coq, dirigé contre l’idée de métempsycose et, plus généralement, contre les théories fumeuses d’un Pythagore réincarné sous la forme d’un coq. Mais l’ouvrage le plus grinçant est sans doute les célèbres Philosophes à vendre, où les plus grands philosophes (Diogène, Socrate, Pyrrhon et Pythagore) sont ridiculisés, avant d'être mis en vente à bas prix, vu leur peu de valeur. Cette charge fit scandale, et Lucien répondit aux protestations dans les Pêcheurs, où le Syrien Parrhésiadès-Lucien se justifie en expliquant qu’il ne s’en prend pas aux sages d’autrefois, mais à leurs disciples contemporains, responsables d'avoir déformé les théories de leurs aînés. Le dialogue se termine par une pêche miraculeuse qui permet de révéler la vraie nature de ces penseurs : au moyen d’un hameçon d'or lancé du haut de l'Acropole, tous les philosophes se laissent attraper, victimes de leur incunable cupidité !

Deux autres dialogues fort alertes traitent des thèmes ménippéens dans un cadre mythique ou allégorique : le Charon, qui associe Hermès et Charon dans l'observation de la comédie humaine, et le Timon, qui oppose le misanthrope, ennemi des richesses, à Ploutos (la Richesse) et à Hermès.

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Les romans 

Lucien a composé des romans et des contes fort amusants qui ne sont pas exempts de thèmes philosophiques. D'abord, Lucius ou l’Âne, écrit dans un esprit différent du célèbre Âne d’or d'Apulée qui est, lui, d'un mysticisme ardent, une tendance complètement occultée chez Lucien. Rappelons que les deux auteurs avaient puisé à la même source, à savoir un roman écrit par un certain Lucius de Patras. Lucius ou l’Âne raconte l'aventure picaresque et tragi–comique d'un homme métamorphosé en âne, prétexte pour décrire la méchanceté et la bêtise humaines. C'est aussi le seul texte où Lucien offre un tableau réaliste de la vie quotidienne dans les provinces orientales de l'Empire romain.

À l'inverse, Les Histoires vraies sont une plongée dans la fiction pure : elles retracent l'odyssée de Lucien lui–même qui s’en va à la découverte de l'autre continent, au–delà des océans. Au gré de ces pérégrinations « loufoques », il rencontre un bestiaire fabuleux, séjourne un moment dans l'île des Bienheureux, est avalé par une baleine, va sur la lune, imagine déjà la télévision ! Le Syrien prévient qu'il a composé son récit au gré de sa fantaisie, n'ayant dit vrai que sur un seul et unique point : l'aveu de l’affabulation ! Ce texte plein d'invention, chef-d'œuvre absolu de Lucien, premier ouvrage de science-fiction de l'histoire, a été une source d'inspiration, notamment pour le voyage de Pantagruel dans le Quatrième Livre de Rabelais ; Micromégas de Voltaire et les Voyages de Gulliver de Swift doivent aussi beaucoup à ce roman. Mais au-delà du divertissement, l'auteur syrien désirait montrer qu'il était capable, lui aussi, d'imaginer des histoires aussi absurdes que celles tirées de la mythologie, révélant, par voie de conséquence, l'inanité des croyances de son temps.

Mentionnons aussi Le Navire, ouvrage soigné et trop méconnu, où Lucien rapporte les contes de ses trois compagnons qui imaginent la réalisation de leur souhait le plus cher.

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Les pamphlets 

Le plus souvent, ils prennent la forme d'une lettre adressée à un ami, comme la Mort de Pérégrinos, où Lucien écrit à un certain Celsius [14]. Dans ce récit, il conte l'histoire du cynique Protée qui se fit brûler en public aux jeux Olympiques de 165, et que Lucien critique pour son orgueil démesuré et son hypocrisie. Ce texte a la particularité de nous informer sur les communautés chrétiennes que Pérégrinos fréquenta pendant quelques années. Dans Le Maître de rhétorique, Lucien, utilisant brillamment le « second degré », évoque un professeur qui invite un étudiant à négliger les études classiques, longues et stériles, pour choisir une voie menant rapidement à la célébrité. L'œuvre vise probablement le rhéteur Julius Pollux, personnage controversé du temps de Lucien. Un autre pamphlet concerne un faux prophète particulièrement dangereux, car habile dans l'art de séduire les masses crédules (Alexandre ou le faux prophète). Lucien critiqua aussi de manière acerbe les snobs et les faux collectionneurs de livres dans Contre un stupide bibliophile, où il fait la description « au vitriol » d'un collectionneur de livres, apparemment savant et raffiné, mais qui, en fait, se révèle d'une grande sottise et d'une effrayante grossièreté morale.

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Les traités 

Plusieurs ouvrages, qu'on appelle traités, ont un tour plus didactique mais toujours sarcastique. Le traité Sur le Deuil, proche de la « diatribe », se veut une attaque en règle contre la croyance aux Enfers et une dénonciation des rites funéraires, qui, pour Lucien, sont d'une innommable absurdité. Le plus important de ces traités, Comment on écrit l’histoire, parodie réussie de Thucydide, reste une référence pour l'étude du genre historique dans l'Antiquité : l'œuvre fourmille d'allusions, non seulement aux historiens sans talent des guerres parthiques qui sévissaient à l’époque de Lucien – et qui se prenaient tous pour des Thucydide en puissance –, mais aussi à des auteurs qui ternissaient leurs récits par de basses flatteries envers les princes et les hommes de guerre. De la déesse syrienne, description du temple d'Hiérapolis et des cérémonies qui s'y pratiquaient, ne fut d'abord pas attribuée à Lucien, en raison de son apparente naïveté que longtemps on a prise au premier degré. Mais les commentateurs actuels estiment qu'il s'agit là d'une parodie du style d'Hérodote, ce qui serait bien dans la veine de Lucien. Enfin, Le dialogue Sur la danse est une étude suivie sur la pantomime et son répertoire mythologique, et le seul texte transmis par l'Antiquité traitant de cet art.

Les poésies 

Un aspect plus inattendu de Lucien est sa veine poétique. Il composa une Tragédie de la goutte, où il se tourne en dérision puisqu'il devait lui-même souffrir de ce mal dans sa vieillesse. En outre, on a conservé une centaine de vers sur le mode burlesque, exclusivement des épigrammes fort bien écrites au demeurant, dont une partie est cependant apocryphe.

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Un satiriste flamboyant

Les écrits de Lucien sont souvent assez brefs – en moyenne ils n'excèdent pas plus de trente pages dans un livre de poche classique -, Lucien écrivant en fonction de ses envies, de ses coups de cœur et surtout de ses rages. Brillante, son œuvre se caractérise par une ironie mordante, voire jubilatoire, influencée par Aristophane, Ménandre, mais aussi la satire Ménippée, très en vogue dans l’Orient hellénisé de l’époque. Suprêmement artiste, notre Syrien sait à la fois faire usage d’un atticisme très pur – dont ne rougiraient ni un Démosthène ni un Platon – et d’un langage d’une verdeur allant jusqu’à la trivialité, et parfois l’obscénité. Son vocabulaire est exceptionnellement riche, plein de pittoresque et d'inattendu. Certes, n'innovant guère, il n'invente pas un genre bien à lui. Comme tous les sophistes de cette époque, il continue à considérer l'imitation (mimésis) des thèmes classiques comme un art à part entière. Pour cela, Lucien est doué d'une exceptionnelle faculté d'assimilation, mais il se refuse à faire pompeusement – et bêtement – étalage de sa culture, contrairement à beaucoup de ses contemporains ; il fait éclater le cadre de l'imitation pure et simple pour composer une œuvre personnelle, gorgée d'emprunts en tous genres, mais dans un dessein éminemment parodique et comique, sachant user des conventions pour en tirer de savoureux effets. Le style est d'une fraîcheur et d'un naturel vivifiants, même si, paradoxalement, Lucien n'use jamais du langage de la rue, car son inspiration est puisée dans les livres. S'il paraît « faubourien » par moment, ce n'est pas qu'il ait repris une expression populaire, mais parce qu'il s'est approprié une formule directement tirée d'Aristophane ou d'Eupolis... Il ne faut donc pas se méprendre, et savoir que toute la littérature hellénistique est fondée sur l'érudition et le souvenir vivace des auteurs sacralisés qu'on relit sans cesse et qu'on cite abondamment. Les écrivains forment un milieu clos et sont totalement coupés des masses - contrairement aux auteurs tragiques et comiques du Ve siècle par exemple -, et Lucien n'échappe pas à la règle. Tout cela n'empêche pas que le Syrien fut considéré, dès son époque, comme un écrivain à part dans les lettres grecques ; en effet, ce pasticheur hors pair, cet original, a dû faire grincer les dents des tenants de la culture officielle, au point que Philostrate l'exclut de ses biographies de sophistes, ce qui est révélateur.

En tout cas, jamais avec Lucien la langue grecque ne s'est révélée aussi souple, aussi flamboyante, atteignant même un point de non-retour, une sorte d'apogée dans la virtuosité et la liberté qu'elle ne retrouvera plus après lui. Avec Lucien, qui use et abuse avec maestria du répertoire des grands auteurs, la littérature grecque classique semble dresser un bilan d'elle-même jamais nostalgique, encore moins pathétique, mais génialement parodique, comme un grand éclat de rire final avant l'inexorable crépuscule. Ses Histoires vraies illustrent à elles seules cet aspect final de l'hellénisme incarné par Lucien : en fonction des aventures qui ponctuent son récit, l'auteur s'amuse avec un talent prodigieux à pasticher Homère, Thucydide, Aristophane, Ménandre, etc.

C'est un peu comme si Lucien avait eu pour mission de dénoncer, avec autant de drôlerie que de virulence, les préjugés de son temps, les illusions et, plus encore, ceux qui en tirent profit, prétendus philosophes et charlatans (le fameux faux prophète Alexandre d’Abonotichos, entre autres).

Voici sa déclaration de principe : « Je suis un homme qui poursuis de ma haine les fanfarons et les charlatans, et qui ne souffre ni les mensonges, ni les perfidies et qui n'éprouve que répugnance à l'égard des fripons qui sont dotés d'un ou de plusieurs de ces penchants. »[15] Certes, sa réflexion est parfois un peu courte et, quand il dénonce tel ou tel fait, le Syrien n'en explique pas pour autant les causes profondes.

Lui–même n’est pas à proprement parler un philosophe, ni même un moraliste, comme on a pu l'affirmer quelquefois. Du point de vue de la pensée, il penche nettement vers le matérialisme, vers les théories hostiles au fait religieux et, en premier lieu, vers les épicuriens : ces derniers s’opposent aux stoïciens, aux pythagoriciens et aux platoniciens qui, eux, affirment leur foi dans la Providence, celle-ci se confondant avec l’idée d’un dieu universel. Lucien accuse aussi un net penchant pour le scepticisme et le pyrrhonisme, l'école cynique l’attire également pour son refus de l’immortalité de l’âme. Mais, sans conteste, Épicure est son maître. Comme lui, il ne croit ni aux dieux, ni aux manifestions divines, affichant un refus radical de tout mysticisme. Bref, Lucien est extrêmement méfiant à l’égard du monde de la pensée, qui risque à tous moments de dériver, selon lui, vers l’erreur, la fable et l’imposture : il ne croit qu’en la seule réalité tangible. Les tentatives de la part des philosophes et des politiques (Marc-Aurèle cumulant les deux titres !) d'extraire du paganisme moribond un contenu mystique cohérent – tentatives fortes au IIe siècle, puis exacerbées au IIIe siècle – lui apparaissent sans fondement : en cela, il incarne un courant extrêmement minoritaire de la pensée grecque de cette période.

Néanmoins, l'assimilation fréquente et alléchante de Lucien avec Voltaire – qui, au demeurant, admirait le Syrien et composa même dans son style un Dialogue entre Marc-Aurèle et un recollet – n'en est pas moins erronée. Certes, il pourfend les vices et les superstitions de manière cinglante, mais il est sans illusion sur une quelconque capacité à améliorer les choses. Il est vrai qu’à son époque, où personne ne croit plus aux dieux traditionnels – sauf dans les campagnes – et qui voit émerger une autre religiosité tournée vers l’espérance dans un au-delà, favorisant sectes et superstitions de toutes sortes – le christianisme saura profiter de cette confusion des esprits pour s'imposer –, Lucien devait se sentir profondément solitaire et impuissant, le combat étant à son avis perdu d’avance.

On peut le considérer comme une sorte d'« inactuel », mais sans le côté torturé que ce terme véhicule. Car Lucien, homme jovial et malicieux, quoique probablement désabusé et accablé par la stupidité des pratiques de son temps, par ailleurs personnalité déjà très moderne – ce qui lui valut d’être taxé d’athéisme par les auteurs chrétiens –, avait l’âme d’un dilettante et d'un esthète ; en effet, son seul dessein était de distraire et de faire rire ses lecteurs, ces derniers appartenant pour la plupart à une élite cultivée acquise à ses idées et friande de ses écrits.

Destinées aux conférences publiques, ces œuvres sont d'une composition très soigneuse : dans les dialogues, l'action se distingue par une clarté saisissante, les temps morts sont exclus, le but étant de captiver l'auditeur. D'où la profusion de traits d'esprit, de plaisanteries diverses placées entre deux considérations morales de nature plus élevée.

Convenons que, derrière ces rires à la fois subtils et gras, derrière la fausse naïveté de ses récits qui les rendent parfois irrésistibles, Lucien révèle aussi un monde aux mœurs pitoyables, voire terrifiantes ; mais jamais ne perce sous sa plume ironique – au point que cela en devient gênant pour les lecteurs judéo-chrétiens que nous sommes tous plus ou moins – la moindre once de compassion de sa part : Lucien n'est pas moraliste. Il pense que les travers humains sont dans la nature des choses. Au fond, il ne propose aucun idéal, ne suscite aucune ambition, et le message qu'il délivre n'invite en aucun cas le lecteur à s'engager dans une action positive. On a même pu dire que l'œuvre lucianiste était une exaltation de l'immobilisme social et existentiel [16], ce qui n'est pas tout à fait faux : Lucien ne dit-il pas, dans le Zeus tragédien : « On a beau écrire ceci et dire cela, il n'empêche que les hommes seront le lendemain ce qu'ils étaient déjà le jour précédent [17]. » En revanche, on ne peut douter de sa faculté d'indignation, surtout quand il s'agit de dénoncer les superstitions ou peindre des personnages qui le révulsent, tels que le faux prophète Alexandre ou le snob libidineux se targuant de culture (Contre un stupide bibliophile). Enfin, tout en feignant de s'amuser, il sait aussi, par un trait plus sérieux, exprimer sa répugnance à l'égard des riches et des philosophes hypocrites : alors, son verbe ironique et malicieux fait place à une brusquerie stylistique surprenante, comme si Lucien sortait soudain de ses gonds pour exprimer une vibrante protestation. On se dit que ce joyeux luron, apparemment revenu de tout, devait, face à des situations qu'il jugeait révoltantes, piquer des colères assez aiguës, qui trouvent leur prolongement dans ses diatribes.

Sa postérité fut ambiguë : Lucien n'eut aucun disciple pour poursuivre son œuvre de dénonciation de l'irrationalisme ambiant. D'ailleurs, ce n'était pas dans son projet, lui l'amuseur désinvolte et sans illusion des faiblesses humaines. Le IIIe siècle sera celui de la quête d'une religiosité de plus en plus mystique, qui verra la multiplication des sectes les plus échevelées et l'énonciation des théories les plus fumeuses. Le rationalisme foncier qui le caractérise fit condamner ses écrits à la fois par les néoplatoniciens et les auteurs chrétiens. Le sévère apologiste Lactance déclara que « l'esprit de cet individu ne devait être perpétué ni chez Dieu, ni chez les hommes ». Il fut en proie aux invectives d'Aréthas, évêque de Césarée au Xe siècle – qui l'étudia néanmoins –, et la Souda lui inventa une mort affreuse, « déchiré par les chiens en guise de châtiment pour ses blasphèmes », lui prédisant qu'il serait « la proie des flammes de Satan pour toute la durée de l'éternité [18] ». Apprécié, en revanche, par les scholiastes byzantins, il fut brillamment commenté par le philologue Ignace Magister au XIVe siècle, ce qui a permis de conserver la plus grande partie de son œuvre.

Il faudra toutefois attendre la Renaissance pour que l'Occident redécouvre Lucien. En 1417, un manuscrit échoua en Italie, apporté par un érudit de Byzance fuyant l'avancée ottomane. Mais c'est en 1496 que ses œuvres seront imprimées et diffusées [19]. Il faut savoir que les humanistes Érasme – qui se souviendra de Lucien dans son Éloge de la Folie – et Thomas More – son Utopia fourmille d'allusions aux Histoires vraies – seront d'ardents lucianistes. Pourtant, même en ce XVIe siècle, féru de littérature antique, Lucien ne sera pas toujours « en odeur de sainteté », si l'on peut dire : la façon quelque peu cavalière avec laquelle il évoque les chrétiens dans sa Mort de Pérégrinos et ses tendances au scepticisme intégral, son athéisme feront mettre ses écrits à l'index sur ordre du concile de Trente. Mais cette mauvaise réputation ne l'empêchera pas d'être aimé du public du Siècle des Lumières pour les raisons que l'on devine (montée de la libre pensée). Voltaire le lira dans la plaisante traduction de Perrot d'Ablancourt [20], élaborée au siècle précédent (1654).

Au XIXe siècle, les grands esprits ne cesseront de le fréquenter. Michelet et Marx lui-même ne tariront pas d'éloges sur un personnage ayant eu, à leurs yeux, le mérite d'avoir touché juste dans sa dénonciation des superstitions. Mais, au XXe siècle, on commence à critiquer Lucien, non pour son impiété cette fois, mais pour la prétendue médiocrité de sa pensée et son simplisme outrancier. On fera de lui un vulgaire pasticheur et un érudit sec et méprisant. Heureusement, pour contrer cette volonté systématique de dévaluer le Syrien, l'historien Jacques Schwartz et quelques autres tendront à reconsidérer son originalité profonde, tout en ne niant pas certaines de ses faiblesses.

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Conclusion

    En tant qu'amuseur de génie et modèle d'anticonformisme, Lucien reste apprécié, puisque mille huit cents ans après sa mort nous lisons toujours avec délectation nombre de ses opuscules ; il est en effet un des rares auteurs de l'Antiquité qui demeure proche de nous, doté d'une personnalité et d'une jeunesse d'esprit telles que son œuvre nous touche aujourd'hui encore profondément. Sa dénonciation des aberrations de la pensée, bref de tout ce qui contredit le bon sens et la raison, est toujours valable : elle prend même de nos jours une connotation toute particulière avec la recrudescence des fanatismes sectaires de tout poil, de l'intolérance religieuse, et des pratiques qui sont le lot de la bêtise humaine.

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 Notes

 

[1] Le Barrage Atatürk qui a englouti notamment le fameux site archéologique de Zeugma par la même occasion… [Retour]

[2] Notamment l'opuscule bibliographique Le Songe où il évoque son apprentissage et le fameux rêve qui l'incita à poursuivre une carrière littéraire. [Retour]

[3] Luciano Canfora, dans un chapitre de sa très récente Histoire de la littérature grecque à l'époque hellénistique, Desjonquières, 2004, pense que cette prétendue enfance pauvre est un leurre et un poncif cynico-socratique. [Retour]

[4] C'est la thèse de P. Grimal dans l'introduction des Histoires vraies tirée de l'ouvrage collectif Romans grecs et latins, Paris, Gallimard, collection La Pléiade, 1958. [Retour]

[5] Sur la Seconde Sophistique lire le fructueux ouvrage de Louis Pernot, La rhétorique dans le monde gréco-romain, I-II, Paris 1993. [Retour]

[6] La Double Accusation, 27. [Retour]

[7] Lucius Verus associé au principat, selon le testament d'Antonin le Pieux, régna de 161 à 164, essentiellement dans les provinces orientales de l'Empire. [Retour]

[8] C'est à cette occasion que le récit autobiographique Le Songe fut lu devant ses compatriotes en 163. [Retour]

[9] Deux dialogues philosophiques intitulés tout simplement Nigrinos et Démonax. [Retour]

[10] C'est dans son Apologie pour les Salariés que Lucien donne cette indication. [Retour]

[11] Cf. bibliographie. [Retour]

[12] Ménippe de Gadara était un esclave affranchi et un philosophe cynique qui écrivit 13 livres parmi lesquels un Banquet, des Testaments, La Vente de Diogène. Il ne nous reste rien de son œuvre. [Retour]

[13] Les Pêcheurs, 16. [Retour]

[14] Ce Celsius (ou Celse) a été identifié sans doute à juste titre avec l'auteur du célèbre Contre les Chrétiens que nous a conservé une réfutation composée par Origène. [Retour]

[15] Les Pêcheurs, 20. [Retour]

[16] C'est l'avis de L. Canfora qui voit en Lucien un « sceptique conservateur ». [Retour]

[17] Zeus tragédien, fin. [Retour]

[18] Sur cette rage anti-Lucien, cf. B. Badwin, « The Scholiast Lucian's », Helikon, 20-21, 1981, qui relève les différentes épithètes dénonçant le libertin et l'athée. [Retour]

[19] Cf. C. Lauvergnat-Gagnière, Lucien de Samosate et le lucianisme en France au XVIe siècle, Genève, 1988. [Retour]

[20] Cf. R. Zuber, De Lucien écrivain au Lucien de Perrot d'Ablancourt, Paris, 1992. [Retour]

 

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Bibliographie 

Éditions

    Les plus récentes éditions du texte de Lucien sont celles de M. D. MacLeod (achevé), « Bibliotheca Oxionensis » (I, 1972 - IV, 1987) et de J. Bompaire (inachevé), collection « Budé » : Œuvres. I. Opuscules 1-10 et introduction générale, 1993 ; II. Opuscules 11-20, 1998 ; III. Opuscules 21-25, 2003.

 

Quelques traductions françaises

  • Philosophes à vendre et autres récits, Paris, Rivages, 1992.
  • Les Amours et Dialogues des Courtisanes et Toxaris, Paris, Arléa, 1993.
  • Éloge du Parasite, Paris, Arléa, 2001.
  • Alexandre ou le faux prophète, Paris, Les Belles Lettres, 2001.
  • Histoires vraies, Arles, Actes Sud, 1990.

 

Études

  • M. Croiset, Essai sur la vie et les œuvres de Lucien, Paris, 1882.
  • S. Chabert, L'atticisme de Lucien, Paris, 1896.
  • R. Helm, Lucian und Menipp, Leipzig, 1906.
  • K. Mras, Die Ueberlieferung Lucians, Vienne, 1911.
  • R.J. Deferrari, Lucian’s Atticism : The Morphology of the Verb, Princeton University Press 1916 ; repr. by Hakkert, 1969.
  • M. Caster, Lucien et la pensée religieuse de son temps. Paris, 1937.
  • F.W. Householder, Literary quotation and allusion in Lucian, New York, 1941.
  • J. Bompaire, Lucien écrivain : imitation et création, Paris, Éditions de Boccard, 1958.
  • H. Betz, Lukian von Samosata und das Neue Testament, Berlin, 1961.
  • J. Schwarz, Biographie de Lucien de Samosate, Bruxelles-Berchem, 1965.
  • B. Baldwin, Studies in Lucian, Toronto, 1973.
  • G. Anderson, Studies in Lucian's comic fiction, Leyde, 1976.
  • J.A. Hall, Lucian's Satire. New York: Arno Press, 1981.
  • C.P. Jones, Culture and Society in Lucian, Cambridge, MA: Harvard University Press, 1986.

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FEC 8 (2004)

Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 8 - juillet-décembre 2004

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