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Énéide - Livre V

©Marie-Cécile Deproost

Le séjour des Troyens en Sicile. Jeux funèbres

 [5, 1-103] [5, 104-285] [5, 286-361] [5, 362-484] [5, 485-603] [5, 604-745] [5, 746-871]


Note liminaire : La présente traduction de Virgile fait partie de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) mais elle s'intègre aussi dans le vaste projet Du texte à l'hypertexte mis au point à la Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain à l'initiative de Jean Schumacher. Les possibilités de cette dernière réalisation sont multiples ; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.


Plan  

  • Retrouvailles et hommage à Anchise [5, 1-103]
    • Troyens accueillis en Sicile (1-41)
    • Institution d'une fête en l'honneur d'Anchise (42-71)
    • Cérémonie funèbre et inauguration des jeux (72-113)
  • Régates [5, 104-285]
    • Préliminaires (114-150)
    • Premières phases de la course (151-224)
    • Fin de la course et remise des prix (225-285)
  •  Course à pied [5, 286-361]
    • Préparatifs (286-314)
    • Course et remise des prix (315-361) 
  • Combat de ceste [5, 362-484]
    • Adversaires hésitants (362-423)
    • Déroulement et issue du combat (424-484)
  • Tir à l'arc et carrousel troyen [5, 485-603]
    • Déroulement du concours (485-518).
    • Triomphe 'prodigieux' d'Aceste (519-544)
    • Carrousel troyen (545-603)
  • Incendie des vaisseaux [5, 604-745]
    • Junon provoque l'incendie des vaisseaux troyens (604-663)
    • Jupiter met fin au désastre (664-699)
    • Énée sauvé du découragement (700-745)
  •  Adieux à la Sicile [5, 746-871]
    • Avant le départ (746-778)
    • Interventions divines (779-826)
    • Palinure, victime expiatoire (827-871) 

Résumé 

 

Retrouvailles et hommage à Anchise [5, 1-103]

Troyens accueillis en Sicile (5, 1-41)

Énée vogue résolument vers l'Italie, malgré les mauvais pressentiments que suscite la vue de flammes sur les remparts de Carthage. En pleine mer, Palinure le pilote suggère de gagner la Sicile proche, vu la menace d'une tempête (5, 1-25).

Énée est convaincu d'emblée, d'autant que des souvenirs chers l'attachent à la Sicile. La flotte aborde joyeusement à Drépane, où le Troyen Aceste réserve à ses compatriotes un accueil chaleureux (5, 26-41).

Institution d'une fête en l'honneur d'Anchise (5, 42-71)

Dès l'aube du lendemain, qui coïncidait avec le premier anniversaire de la mort d'Anchise, Énée informe ses compagnons que chaque année il célébrera des cérémonies rituelles en l'honneur de son père (5, 42-54).

Interprétant leur arrivée près du tombeau d'Anchise comme un signe bienveillant des dieux, il ordonne aussitôt d'organiser en commun avec Aceste une cérémonie qui sera suivie, neuf jours plus tard de jeux : régates, course à pied, lutte et tir à l'arc (5, 55-71).

Cérémonie funèbre et inauguration des jeux (5, 72-113)

Énée, le front ceint de myrte, suivi d'une foule nombreuse, se rend au tombeau d'Anchise, fait des libations et s'adresse à l'ombre de son père (5, 72-83).

Un énorme serpent sort du tombeau, effrayant Énée, mais il est inoffensif, rampant parmi les offrandes qu'il goûte avant de disparaître. Ce prodige rassurant manifeste la présence d'Anchise, et n'interrompt pas la cérémonie du sacrifice (5, 84-103).

Neuf jours plus tard, nombreux sont les concurrents et les spectateurs réunis pour les jeux. Les prix sont exposés et le son de la trompette ouvre les jeux (5, 104-113).

 

Régates [5, 104-285]

Préliminaires (5, 114-150)

Quatre trirèmes (la "Pristis" dirigée par Mnesthée ; la "Chimère", par Gyas ; le "Centaure", par Sergeste ; la "Scylla", par Cloanthe) participent à la course. Le parcours est défini par Énée ; les emplacements sont tirés au sort ; les équipages sont en place (5, 114-135).

Au signal donné, tous partent en ramant avec ardeur, comme des biges lors d'une course de chars, suscitant les applaudissements des spectateurs (5, 136-150).

Premières phases de la course (5, 151-224)

Gyas (la "Chimère") prend la tête, suivi de près par Cloanthe (la "Scylla"), Mnesthée (la "Pristis") et Sergeste (le "Centaure") rivalisant pour la troisième place. Parvenu le premier à hauteur du rocher à contourner, Gyas ordonne à son pilote Ménétès de serrer la borne au plus près ; le pilote, par prudence, n'obéit pas, ce qui permet à Cloanthe de passer en tête, en se frayant un passage entre le rocher et la "Chimère". De dépit, Gyas jette à l'eau son pilote, qui parvient à se hisser sur le rocher, au grand amusement des marins (5, 151-182).

Sergeste et Mnesthée espèrent la seconde place ; Sergeste a d'abord l'avantage, mais Mnesthée harangue ses hommes, qui mettent toute leur ardeur à ramer (5, 183-200).

Sergeste s'est trop approché du rocher et va s'y échouer, brisant ses rames, ce qui permet à Mnesthée de remporter la seconde place, laissant derrière lui Sergeste bloqué sur son rocher, et Gyas qui navigue sans pilote (5, 201-226).

Fin de la course et remise des prix (5, 225-285)

Mnesthée, encouragé par les spectateurs, est très près de gagner la première place, mais Cloanthe adresse aux dieux de la mer des prières et des voeux, qui lui valent la victoire (5, 227-243).

Cloanthe, proclamé vainqueur, est gratifié d'une couronne de laurier ; les trois premiers équipages reçoivent chacun trois jeunes taureaux, du vin et un talent d'argent ; et des récompenses particulières sont attribuées aux trois capitaines : Cloanthe reçoit une chlamyde d'or, ornée d'une broderie évoquant le rapt de Ganymède ; Mnesthée la cuirasse de Démoléos, qu'Énée lui avait arrachée à Troie ; Gyas deux bassins de bronze et des vases d'argent (5, 244-267).

Sergeste, parvenu enfin à ramener son équipage et son navire au port, reçoit lui aussi une récompense : l'esclave Pholoé et ses deux enfants nouveau-nés (5, 268-285).

 

Course à pied [5, 286-361]

Préparatifs (5, 286-314)

Énée se dirige alors vers une prairie en forme de théâtre, où il s'installe, au centre d'une foule innombrable, pour assister à la suite des jeux. Invités à se mesurer à la course à pied, de nombreux concurrents, Troyens, Grecs, Siciliens, se présentent (5, 286-302).

Énée énumère les prix qui seront décernés : outre un prix commun, les trois premiers recevront chacun une couronne d'olivier, et dans l'ordre d'arrivée, un cheval, un carquois avec des flèches, et un casque d'Argos (5, 303-314). 

Course et remise des prix (5, 315-361) 

Au signal donné, Nisus prend la tête, suivi de Salius, puis d'Euryale, d'Hélymus, serré de près par Diorès. Près du but, Nisus glisse dans une flaque de sang et, en se redressant, fait tomber Salius, assurant ainsi la première place à son ami Euryale, la seconde à Diorès, la troisième à Hélymus (5, 315-339).

Les résultats sont aussitôt contestés par Salius ; mais Euryale a la sympathie du public. Énée attribue les prix selon les arrivées (1 : Euryale, 2 : Hélymus, 3 : Diorès). Il offre toutefois des prix de consolation à Salius et à Nisus (5, 340-361).

 

Combat de ceste [5, 362-484]

Adversaires hésitants (5, 362-423)

Énée appâte les concurrents pour un combat de ceste en offrant deux prix. Le colosse Darès, ne trouvant pas d'adversaire assez audacieux pour l'affronter, revendique la victoire et, avec l'approbation des spectateurs, veut emporter son prix (5, 362-386).

Mais le roi Aceste en appelle à l'honneur de son compagnon Entelle et le pousse à affronter Darès. Entelle justifie son abstention en évoquant son âge et ses forces perdues, mais il sème l'effroi dans l'assistance, en jetant dans l'arène les deux cestes qu'il détient du dieu Éryx. Darès, terrifié, refuse le combat (5, 387-408).

Entelle propose alors un compromis, avec l'accord d'Énée et d'Aceste. Non sans mépris, il accepte de renoncer aux cestes du dieu Éryx, si Darès renonce aussi à ses propres cestes (5, 409-423).

Déroulement et issue du combat (5, 424-484)

Darès, plus agile et plus jeune, Entelle plus massif, sont armés par Énée de cestes égaux et engagent une lutte sans merci, Entelle se contentant au début d'esquiver les coups (5, 424-442).

Finalement, Entelle tombe en tentant d'asséner un coup que Darès parvient à éviter. Aidé par Aceste, il se relève et, en proie à une véritable fureur, reprend la lutte et réussit à poursuivre Darès dans l'arène et à le ruer de coups (5, 443-460).

Énée interrompt la lutte, sépare les combattants et console Darès, en piteux état ; gratifié du prix de consolation, il est emporté par ses compagnons. Le vainqueur Entelle, ivre d'orgueil, immole aussitôt au dieu Éryx le taureau qu'il a reçu comme prix, et annonce qu'il renonce désormais à la lutte (5, 461-484).

 

Tir à l'arc et carrousel troyen [5, 485-603]

Déroulement du concours (5, 485-518

Énée propose aux amateurs un concours de tir à l'arc, dont la cible est une colombe attachée à un mât. Les concurrents se présentent : ce sont trois jeunes gens et le vieil Aceste ; l' ordre de passage est tiré au sort (5, 485-499).

Le premier, Hippocoon, rate la cible et plante sa flèche dans le mât. Le second, Mnesthée, tranche le fil retenant la colombe, qui s'échappe dans les airs ; le troisième, Eurytion, la transperce en plein ciel.  (5, 500-518).

Triomphe 'prodigieux' d'Aceste (5, 519-544)

Que reste-t-il au dernier concurrent, Aceste ? N'ayant plus de cible, Aceste lança cependant dans le ciel une flèche qui s'enflamma et disparut comme une comète. Énée interpréta cela comme un heureux présage et, proclamant Aceste vainqueur, distribua les différents prix (5, 519-544).

Carrousel troyen (5, 545-603)

Les jeux se terminent par une parade équestre menée par les jeunes Troyens, et notamment Iule. Les jeunes, richement parés et armés, défilent sur leurs montures, sous les regards attendris de leurs parents, au milieu de l'admiration générale. Ils sont répartis en trois groupes, dirigés respectivement par un certain Priam, par Atys et par Iule-Ascagne (5, 545-576).

Au signal donné, la parade commence ; elle consiste en manoeuvres compliquées et en une bataille simulée, comparées pour leur complexité à un labyrinthe, et pour la grâce aux évolutions des dauphins (5, 577-595).

Cette cérémonie qui clôture les jeux en l'honneur d'Anchise, préfigure une cérémonie que Iule introduira à Albe-la-Longue et qui se prolongera à Rome (5, 596-603). 

 

Incendie des vaisseaux [5, 604-745]

Junon provoque l'incendie des vaisseaux troyens (5, 604-663)

Durant les jeux, Junon, toujours hostile aux Troyens, dépêche Iris qui aperçoit en retrait sur le rivage des Troyennes pleurant la mort d'Anchise et surtout maudissant leurs errances sans fin. Prenant les traits de la Troyenne Béroé, Iris veut persuader ces femmes découragées de mettre le feu aux navires, ce qui obligerait les Troyens à s'installer définitivement en Sicile (5, 604-640).

Tandis qu'Iris-Béroé lance une torche enflammée, Pyrgo, devant ses compagnes indécises, prétend reconnaître en elle une déesse, laquelle révèle bientôt son identité en disparaissant dans un immense arc-en-ciel. Les femmes, exaltées par ce prodige, se mettent à incendier les vaisseaux (5, 641-663).

Jupiter met fin au désastre (5, 664-699)

Dès qu'un messager avertit les Troyens du désastre, Ascagne, bientôt suivi par Énée et les autres, est le premier à vouloir faire comprendre aux femmes leur erreur. Apeurées, elles cherchent à se cacher, regrettant leur geste (5, 664-679).

Cependant, Énée, voyant que l'incendie est impossible à maîtriser, supplie Jupiter d'empêcher l'anéantissement total des Troyens, ou sinon de le foudroyer sur place. Cette prière est entendue : immédiatement un orage violent éteint l'incendie, et toute la flotte, sauf quatre navires, est sauvée (5, 680-699).

Énée sauvé du découragement (5, 700-745)

Découragé, Énée hésite à s'établir en Sicile ou à poursuivre sa route vers l'Italie. Le vieux Nautès lui suggère d'obéir aux destins et de confier à Aceste ceux des Troyens qui ne désirent plus reprendre la mer, pour qu'ils fondent en Sicile une nouvelle cité (5, 700-718).

L'apparition nocturne de son père Anchise conforte Énée dans cette idée, l'assurant du soutien de Jupiter. Énée apprend qu'avant de s'établir définitivement en Italie, il devra mener des guerres au Latium et descendre aux enfers, où Anchise lui prédira sa destinée ; ensuite, sans qu'il puisse la retenir, il voit disparaître l'image de son père. Aussitôt il fait diverses offrandes (5, 719-745).

 

Adieux à la Sicile [5, 746-871]

Avant le départ (5, 746-778)

Énée fait connaître aussitôt son plan : ceux qui le souhaitent resteront en Sicile, les autres se prépareront à partir. La ville nouvelle destinée aux Troyens, dont Aceste devient le roi, est fondée ; un temple à Vénus est érigé sur le mont Éryx, et le tombeau d'Anchise devient le centre d'un culte (5, 746-761).

Ensuite, après neuf jours de fêtes rituelles, les vents étant favorables, le départ est décidé, qui donne lieu à des adieux émouvants. Énée réconforte ceux qui vont rester en Sicile en les recommandant à Aceste puis, après des sacrifices et des offrandes, la flotte lève l'ancre (5, 762-778).

Interventions divines (5, 779-826)

Vénus confie à Neptune son inquiétude, lui rappelant l'acharnement persistant de Junon à l'égard de Troie et de ce qui reste des Troyens. Habilement, elle le supplie d'accorder à ces derniers une traversée calme et une heureuse arrivée en Italie, en conformité du reste avec les arrêts des destins (5, 779-798).

Neptune promet d'exaucer cette prière, mais exige toutefois en échange du salut des Troyens, une vie humaine. Puis s'élançant avec toute sa suite sur son char, il fait régner le calme sur les flots (5, 799-826).

Palinure, victime expiatoire (5, 827-871)

Énée est enfin rasséréné et la flotte prend sa vitesse de croisière, guidée par Palinure qui pilote le navire de tête. La nuit venue, le dieu Sommeil, sous les traits de Phorbas, propose à Palinure de le remplacer, pour lui permettre de prendre un peu de repos. Sur le refus du consciencieux pilote, le dieu l'endort et le précipite dans les flots, avant de disparaître (5, 827-861).

La flotte poursuit tranquillement sa route, et quand Énée se rend compte de la disparition du pilote, il prend sa place à la barre, tout en déplorant le sort de son ami (5, 862-871).


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