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Énéide - Livre IV
©Marie-Cécile Deproost
[4, 1-172] [4, 173-295] [4, 296-449] [4, 450-553] [4, 554-705]
Note liminaire : La présente traduction de Virgile fait partie de la Bibliotheca Classica Selecta (BCS) mais elle s'intègre aussi dans le vaste projet Du texte à l'hypertexte mis au point à la Faculté de Philosophie et Lettres de Louvain à l'initiative de Jean Schumacher. Les possibilités de cette dernière réalisation sont multiples ; non seulement elle permet une lecture de l'oeuvre avec le texte latin et la traduction française en regard, mais elle donne également accès à un riche ensemble d'outils lexicographiques et statistiques très performants.
Plan
Passion irrésistible [4, 1-172]
- Didon s'abandonne à la passion (4, 1-89)
- Les déesses s'en mêlent (4, 90-128)
- Union des amants dans la grotte (4, 129-172)
Rupture inévitable [4, 173-295]
- La Renommée divulgue la liaison des amants (4, 173-218)
- Mercure rappelle à Énée sa mission (4, 219-295)
Tentative de Didon pour retenir Énée [4, 296-449]
- Premières réactions de Didon (4, 296-330)
- Justifications d'Énée (4, 331-361)
- Invectives de Didon (4, 362-392)
- Attitudes respectives des deux amants (4, 393-449)
Mort secrètement programmée [4, 450-552]
- Didon planifie son suicide (4, 450-521)
- Didon se sent coupable et acculée à la mort (4, 522-552)
- Départ précipité d'Énée (4, 553-583)
- Didon maudit Énée et sa race (4, 584-629)
- Le suicide, l'agonie et la délivrance (4, 630-705)
Résumé
Passion irrésistible [4, 1-172]
Didon s'abandonne à la passion (4, 1-89)
Didon confie à sa soeur Anne son amour pour Énée, tout en affirmant son désir de rester fidèle au souvenir de Sichée, son premier époux (4, 1-30).
Anne l'encourage à céder à cet amour pour un hôte envoyé par les dieux, et ce dans l'intérêt de Carthage et pour sa propre gloire ; elle finit par triompher des dernières réticences de Didon (4, 31-55).
Didon par des rites et des sacrifices cherche à rendre les dieux favorables à son projet, sans réussir à apaiser la passion douloureuse qui l'obsède secrètement. Négligeant toutes ses activités, elle cherche à convaincre Énée de s'installer définitivement à Carthage (4, 56-89).
Les déesses s'en mêlent (4, 90-128)
Junon propose à Vénus d'unir Didon et Énée, dans l'intérêt des deux peuples (4, 90-104).
Sans être dupe de la ruse de Junon, dont le seul but est d'écarter les Troyens d'Italie, mais confiante dans les promesses de Jupiter, Vénus ne s'oppose donc pas au stratagème de Junon qui est de provoquer la rencontre des amants dans une grotte (4, 105-128).
Union des amants dans la grotte (4, 129-172)
Dès l'aube s'organise une chasse grandiose ; les plus nobles des Carthaginois escortent leur reine somptueusement parée, tandis que les Phrygiens et Iule accompagnent Énée, comparé à Apollon (4, 129-150).
Pendant le joyeux déroulement de la chasse, très excitante pour le jeune Ascagne-Iule, un orage survient, qui force tous les participants à chercher refuge dans toutes les directions (4, 151-164).
Didon et Énée s'abritent dans la même grotte ; et en présence de Tellus, de Junon... s'accomplit un simulacre de mariage, auquel Didon adhère sans aucune réserve, inconsciente du malheur qui l'attend (4, 165-172).
Rupture inévitable [4, 173-295] La Renommée divulgue la liaison (4, 173-218)
La Renommée, toujours à l'affût, répandant partout le vrai et le faux, divulgue à travers la Libye la liaison de Didon et Énée (4, 173-195).
Finalement la nouvelle parvient à Iarbas, le prétendant éconduit de Didon ; fou de rage, le roi, fidèle adorateur de Jupiter, reproche au dieu cette situation imméritée (4, 196-218).
Mercure rappelle à Énée sa mission (4, 219-295)
Jupiter, sensible à la prière de Iarbas, dépêche Mercure à Carthage pour rappeler à Énée que son destin est de fonder un empire en Italie (4, 219-237).
Aussitôt Mercure s'équipe et s'envole vers la Libye, en passant par le mont Atlas. Découvrant Énée occupé à l'embellissement de Carthage, Mercure lui transmet, sans ménager ses reproches, le message de Jupiter, puis disparaît dans les airs (4, 238-278).
Frappé de stupeur et décidé à obéir, Énée se demande comment faire comprendre à Didon sa décision. Il ordonne à ses compagnons ravis de préparer secrètement le départ (4, 279-295).
Tentative de Didon pour retenir Énée [4, 296-449] Premières réactions de Didon (4, 296-330)
Didon, avertie par son intuition d'amante et par la Rumeur, se déchaîne. Elle accuse Énée de perfidie, cherchant ensuite à l'apitoyer au nom de leur amour, puis à le retenir au nom du bon sens (4, 296-313).
Ensuite, elle évoque successivement sa situation de femme trahie et abandonnée, leur engagement, ses titres à la reconnaissance d'Énée, les menaces de ses ennemis, la perte de sa réputation, son regret de n'avoir pas un enfant d'Énée (4, 314-330).
Justifications d'Énée (4, 331-361)
Énée, cherchant à maîtriser une réelle émotion, exprime d'abord à Didon sa reconnaissance éternelle, puis se justifie en spécifiant qu'il n'a jamais eu l'intention de dissimuler sa fuite ni de prétendre au statut d'époux (4, 331-344).
Enfin, il rappelle qu'il rejoint l'Italie pour suivre les ordres du destin, qui lui sont manifestés par des oracles, une vision d'Anchise, la conscience de sa responsabilité envers Ascagne, et enfin par Mercure lui-même, envoyé par Jupiter (4, 345-360).
Invectives de Didon (4, 362-392)
Didon, pleine de rage, reproche à Énée sa cruauté, son insensibilité ; se sentant abandonnée, elle évoque ses bienfaits à l'égard d'Énée et se révolte contre les ordres divins (4, 362-381).
Ayant perdu tout espoir, elle se résigne finalement, maudissant Énée et laissant pressentir son propre suicide, avant de disparaître dans sa chambre (4, 382-392).
Attitudes respectives des amants (4, 393-449)
Énée, malgré son désir de consoler Didon, s'en va encourager ses compagnons sur le rivage s'activant au départ. La vue de ces préparatifs accable Didon qui tente une ultime démarche : elle charge sa soeur Anne, qui jouit de la confiance d'Énée, d'aller lui rappeler l'attitude amicale de Didon à l'égard des Troyens et de le supplier seulement de postposer son départ, pour lui laisser le temps de mourir de chagrin (4, 393-436).
Anne, très affectée, intervient vainement auprès d'Énée, qui reste inébranlable, comme un chêne au milieu de la tempête (4, 437-449).
Mort secrètement programmée [4, 450-553] Didon planifie son suicide (4, 450-521)
Didon songe à mourir, suite à des présages sinistres et à l'appel de Sychée qu'elle croit voir en songe ; en outre, d'anciennes prédictions, le sentiment de sa solitude et de sa culpabilité la rendent comparable à Penthée ou Oreste (4, 450-473).
En dissimulant son plan à Anne, Didon, sur les conseils d'une sorcière très puissante, feint de vouloir guérir sa passion par la magie. Et quand elle lui ordonne de dresser un bûcher pour y brûler les souvenirs laissés par Énée, Anne obéit sans pressentir la destination réelle du bûcher (4, 474-503).
Aidée par la prêtresse, Didon accomplit une série de rites magiques et invoque les dieux dans une atmosphère annonciatrice de mort (4, 504-521).
Didon se sent acculée à la mort (4, 522-553)
Didon, le seul être à ne pas jouir du repos de la nuit, reprise par son délire amoureux, en proie à la colère, passe en revue, dans une sorte de monologue intérieur, les possibilités, de toute manière inacceptables, auxquelles elle est réduite : soit recourir à ses prétendants africains, naguère repoussés, soit partir seule avec les Troyens et leur obéir, soit les poursuivre avec son armée (4, 522-546).
Sa seule issue est la mort, qu'elle estime avoir méritée et qu'elle se donnera par le fer, non sans reprocher à Anna de l'avoir poussée à trahir sa fidélité à Sychée (4, 547-552).
Suicide de Didon [4, 554-705] Départ précipité d'Énée (4, 554-583)
Pendant ce temps, le fantôme de Mercure apparaît en songe à Énée, lui enjoignant de s'en aller au plus vite pour éviter une possible réaction hostile de Didon (4, 554-570).Énée s'empresse de faire part aux siens de l'ordre du dieu et les Troyens, sans plus tarder, quittent Carthage par la mer (4, 571-583).
Didon maudit Énée et sa race (4, 584-629)
Lorsqu'elle se rend compte du départ des Troyens, la reine laisse exploser dans un monologue débridé son dépit et son impuissance à agir par la force ; elle se reproche ensuite son manque de clairvoyance et son regret de ne pas avoir anéanti Énée et les siens, laissant pressentir sa mort comme un moyen désespéré de vengeance (4, 584-606).Puis, elle invoque toute une série de divinités liées à la vengeance (et à la magie ?) : le Soleil, Junon, Hécate, les Furies, et les dieux d'Élissa ; elle prononce alors contre Énée des malédictions (qui se réaliseront en partie), avant de maudire tous les Romains, les descendants d'Énée, ce qui évoque les guerres puniques et Hannibal (4, 607-629).
Le suicide, l'agonie et la délivrance (4, 630-705)
Après avoir chargé la nourrice Barcé d'aller chercher Anne, soi-disant pour accomplir rituellement la cérémonie magique, Didon escalade le bûcher et, s'attendrissant un moment à la vue des objets qui y étaient posés, sans dissimuler plus longtemps ses intentions, elle retrace les réussites et les malheurs de sa vie, puis maudit à nouveau Énée, et prétend se venger de lui par sa mort (4, 630-662).
Alors, sous les yeux de l'assistance, elle s'écroule sur l'épée d'Énée. La nouvelle, répercutée par la Renommée, gagne toute la ville qui réagit comme devant un désastre national. Anne accourt désespérée et tente de sauver ou de soulager Didon, lui reprochant sa dissimulation et protestant de son affection et de sa fidélité. Mais Didon est expirante, et malgré ses efforts ne peut plus que gémir (4, 663-692).
Cette mort non naturelle se faisant attendre, Junon, apitoyée, délègue Iris, chargée de couper le cheveu qui retenait Didon à la vie, rite incombant normalement à Proserpine. Une fois le cheveu tranché, la vie de Didon se dissipe dans les airs (4, 693-705).