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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
LXXVIII. Son mépris pour le sénat
(1) Mais voici ce qui
attira sur lui la haine la plus violente et la plus
implacable. (2) Les
sénateurs étant venus en corps lui
présenter
une foule de décrets
les plus flatteurs, il les reçut assis
devant le temple
de Vénus
Genetrix. (2) Quelques
écrivains pensent que
Cornelius
Balbus
le retint
quand
il voulut se
lever; d'autres, qu'il n'en fit même pas le
mouvement, et que Gaius
Trebatius
l'ayant averti de se lever, il jeta sur lui un
regard sévère. (4) Ce dédain
parut d'autant plus intolérable, que
lui-même, dans un de ses triomphes, avait
manifesté une vive indignation de ce qu'au
moment où son char passait devant les
sièges des tribuns, seul dans
tout le collège
Pontius
Aquila
fût resté assis. Il s'était
même écrié: "Tribun Aquila,
redemande-moi donc la république;" et
pendant plusieurs jours, il n'avait rien promis
à personne qu'en y mettant cette condition:
"Si toutefois Pontius Aquila le permet." (1)
Verum praecipuam et exitiabilem sibi inuidiam hinc
maxime mouit. (2)
Adeuntis se cum plurimis honorificentissimisque
decretis uniuersos patres conscriptos sedens pro
aede Veneris Genetricis excepit. (3)
Quidam putant retentum a Cornelio Balbo, cum
conaretur assurgere; alii, ne conatum quidem
omnino, sed etiam admonentem Gaium Trebatium ut
assurgeret minus familiari uultu
respexisse. (4)
Idque factum eius tanto intolerabilius est uisum,
quod ipse triumphanti et subsellia tribunicia
praeteruehenti sibi unum e collegio Pontium Aquilam
non assurrexisse adeo indignatus sit, ut
proclamauerit: "Repete ergo a me Aquila rem
publicam tribunus!" et nec destiterit per continuos
dies quicquam cuiquam nisi sub exceptione
polliceri: "si tamen per Pontium Aquilam
licuerit."
CommentaireTemple de Vénus : cf. ch.61. Plutarque (César, 60, 4) raconte le même incident mais le situe ailleurs, devant la tribune aux harangues, les Rostres (au Forum, non loin, en fait, du temple de Vénus).
L. Cornelius Balbus : originaire de Gades (Cadix), Balbus a reçu la citoyenneté romaine en 72 et sa fortune lui a permis d'être élevé au rang de chevalier romain. En 61, César, propréteur en Espagne, le nomme praefectus fabrum (commandant des troupes du génie), poste qu'il occupe encore au début de la guerre des Gaules. En 56, il est accusé d'usurpation du droit de cité mais, défendu par Cicéron (le discours pro Balbo nous est parvenu), il gagne son procès. D'abord prudent lors de la guerre civile, Balbus se rallie ensuite à César et devient un de ses proches conseillers. En 40, il accèdera au consulat.
C. Trebatius Testa : juriste (c. 84 a.C. - 4 p.C.) qui, sur recommandation de Cicéron, devient un des conseillers de César et sera encore fort apprécié d'Auguste.
Pontius Aquila : tribun de la plèbe en 45 (le triomphe dont on parle ici se situe donc après la victoire de César à Munda) ; Pontius Aquila fait partie du groupe des conjurés responsables de l'assassinat de César et mourra en 43, dans les combats contre Antoine devant Modène.