LXI. Son cheval
Il montait un
cheval
remarquable,
dont les pieds rappelaient la forme humaine, et
dont le sabot fendu offrait l'apparence de doigts.
Ce cheval était né dans sa maison, et
les
haruspices
avaient
annoncé qu'il présageait l'empire du
monde à
son maître: aussi l'éleva-t-il avec
grand soin. César fut le premier, le seul,
qui dompta la fierté rebelle de ce coursier.
Dans la suite, il lui érigea une statue
devant le temple de Vénus
Genetrix. Utebatur
autem equo insigni, pedibus prope humanis et in
modum digitorum ungulis fissis, quem natum apud se,
cum haruspices imperium orbis terrae significare
domino pronuntiassent, magna cura aluit nec
patientem sessoris alterius primus ascendit; cuius
etiam instar pro aede Veneris Genetricis postea
dedicauit.
CommentaireCheval remarquable : cf. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 155 « La tradition raconte que le cheval du dictateur César ne se laissa monter par personne d'autre, et qu'il avait les pieds de devant semblables à des pieds humains » (trad. A. Ernout). La description de Suétone est plus précise : « il avait le sabot fendu ». Butler et Cary (op.cit., p.125) commentent : « 'Polydactily' is well known in horses and a number of cases of horses with two digits have been recorded ».
Haruspices : devins d'origine étrusque.
Venus Genetrix : « mère » de la famille des Iulii ; cf. ci-dessus, ch.6. C'est à la bataille de Pharsale que César avait fait vu d'élever un temple à Vénus, qui a été construit au centre du Forum Iulium et consacré, inachevé, en 46.