Jean d'Outremeuse, Myreur des histors, II, p. 104b-138aN (suite)

Édition : A. Borgnet (1869) ‒ Présentation nouvelle, traduction et notes de A.-M. Boxus et de J. Poucet (2021)

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L'ÉPOQUE DE CHILDÉRIC [ ET DE THÉODOSE II] : TONGRES, ROME, GOTHS, FRANCS, FLAMANDS, BRABANCONS, BURGONDES, VANDALES, HUNS, DANOIS, HONGROIS

[Myreur, II, p. 121b-138a]

Ans 412-438 de l'Incarnation

NOTES DE LECTURE

 


 

Ce fichier, qui couvre les années 412 à 438 de l'Incarnation et correspond aux p. II, 121-138 du Myreur, a été divisé en quatre  sections :

* A. Ans 412-419 (Myreur, II, p. 121-126) : Divers varia. Il est surtout question des modalités de l'accession au pouvoir de Childéric, le troisième roi. Le successeur de Clodion est d'abord banni du royaume pour sa conduite envers les femmes. Exilé en Austrasie chez le roi Basin, il s'assagit et épouse Basine, la femme du roi. Revenu chez les Francs, il reprend le pouvoir mais est placé sous le contrôle d’un prévôt nommé Clarnus. Ces pages traitent aussi des empereurs romains Arcadius, Honorius et Théodose II, des papes Innocent Ier, Zosime et Boniface Ier, des évêques de Tongres-Maastricht, de considérations sur la punition que représente la destruction de Tongres, ainsi que de la prise de Rome par les Goths [plan et texte]

* B. Ans 419-428 (Myreur, II, p. 128-132) : Nombreuses guerres impliquant à des titres divers, dans des contextes différents et avec des alliances variables : Francs, Flamands, Brabançons, Burgondes, Vandales, Goths, Huns, Romains. On retrouvera en particulier la suite et la fin du conflit opposant le roi de France (ici Childéric et son prévôt Clarnus) aux Flamands et aux Brabançons. Les événements de Bourgogne, aux mains de quatre frères rivaux, occupent aussi une place importante (Chilpéric II est tué par ses trois frères cadets ; puis Gondebaud supprime les deux autres. Il règne seul sur la Bourgogne. Pour mieux se protéger des Francs, il cède son pays à l'empereur de Rome dont il devient ainsi le vassal). Il est aussi question de la descente sur l'Italie d'une coalition d'envahisseurs (les Huns, les Vandales revenus d'Afrique, les Goths du roi Radagaise). Rome notamment est attaquée par les Huns et sauvée par un miracle. Attila meurt foudroyé au milieu de son armée et les Huns, qui s'enfuient en bateaux, meurent tous noyés. ‒ Ces pages traitent aussi des empereurs romains (Honorius et Théodose II) et des papes (Boniface Ier, Célestin).   [plan et texte]

* C. Ans 428-436 (Myreur, II, p. 132-137) : Il s'agit essentiellement du récit - tout à fait imaginaire - de guerres entre Danois et Hongrois qui se terminent par le mariage d’Ogier, neveu de Julien, roi de Danemark, avec Édéa, fille du roi de Hongrie. Généralement les noms cités (de pays, de villes, de rois) semblent impossibles à identifier avec précision. Les notes de Borgnet ad loc. évoquent bien l'Espagne, mais on a peine à le suivre. ‒ Il est aussi question des papes Célestin et Sixte III ainsi que de saint Patrice, archevêque d'Irlande et d'Écosse [plan et texte]

* D. Ans 436-438 (Myreur, II, p. 137-138) : Varia : Mort de Clarnus (et de Childéric) - Désignat et Résignat, évêques de Tongres/Maastricht - Pape Sixte [plan et texte]

 


Plan des

CHILDÉRIC - SON INCONDUITE, SON BANNISSEMENT, SON RETOUR AU POUVOIR SOUS LE CONTRÔLE DU PRÉVÔT CLARNUS - CONSIDÉRATIONS SUR LA DESTRUCTION DE TONGRES - LA DESTRUCTION DE ROME PAR LES GOTHS - LES FRANCS, LES FLAMANDS ET LES BRABANÇONS - LES FRANCS ET LES BURGONDES - RIVALITÉS ENTRE LES QUATRE ROIS BURGONDES - GONDEBAUD SORT VAINQUEUR ET PLACE SON ROYAUME SOUS LE POUVOIR DU ROI DES ROMAINS - DÉFAITE DÉFINITIVE DES HUNS -  LA MORT D'ATTILA - DANOIS ET HONGROIS - La rivalité entre les deux peuples est heureusement apaisée par le mariage de la fille du roi de Hongrie, Édéa, avec le neveu de Julien, roi de Danemark - Son nom est Ogier et il hérite du royaume de Hongrie

 

Sur ces rois Francs, voir aussi II, p. 143-144, le retour en arrière sous forme de résumé

 


 

Périodisation

 

Les empereurs chez Jean

Dans le fichier précédent (II, p. 104-121), en II, p. 106, à la date de 397 de l'Incarnation, Jean avait signalé la mort de Théodose I, auquel succédèrent, note-t-il, ses deux fils Arcadius et Honorius. Il ne donne pas d'autres précisions, semblant ignorer notamment qu'Honorius règne sur l'Occident et Arcadius sur l'Orient.

Au début du présent fichier (II, p. 121-138), en II, p. 121, à la date de 412 de l'Incarnation, Jean signale la mort de l’empereur Arcadius à Rome. Il précise que son frère Honorius, "précédemment empereur", régna douze ans et seize jours et que Théodose II, le fils d’Arcadius, régna avec lui.

Dans la  même p. 121 de l'Incarnation, quelques lignes plus haut, Jean avait signalé que 412 était l'année où Childéric, quatrième roi des Francs, avait succédé à son père, Mérovée, pour un règne long de 26 ans.

 

Les empereurs dans l'histoire

Mort de Théodose I, en 395 de notre ère. Il avait deux fils, Arcadius et Honorius.

Arcadius reçoit la pars Orientalis de l'Empire et règne de 395 à 408 de notre ère ; Théodose II lui succède de 408 à 450.

Honorius reçoit la pars Occidentalis et règne de 395 à 423 ; Valentinien III succède de 423 à 455.

Théodose II était effectivement le fils de l'empereur Arcadius.

 

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Les papes

 

Saint Sirice (pape de 384 à 399 de notre ère ; de 384 à 399 de l'Incarnation ) - saint Anastase (pape de 399 à 401 de notre ère ; de 399 à 405 de l'Incarnation) - saint Innocent Ier (pape de 401 à 417 de notre ère ; de 405 à 416 de l'Incarnation) - pape Zosime (de 417-418 de notre ère ; de 416 à 419 de l'Incarnation) - pape Boniface Ier (de 418 à 422 de notre ère ; de 419 de l'Incarnation à ?? de l'Incarnation)

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Les évêques de Tongres

 

II, p. 121: Mort d'Ursin (XIIe évêque) et désignation de Désignat (XIIIe évêque) comme évêque de Tongres, cfr G.L., 5775-5829, fort différent toutefois de la notice du Myreur]

 

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Les Goths du roi Géralant, fils d'Alaric (p. 123 en 415 de l'Incarnation)   Sac de Rome

 

II, p. 123: Goths du roi Géralant, fils d'Alaric

Géralant est un hapax, inconnu par ailleurs - Il y a bien dans le Myreur, en II, p. 104, un Gorlans qui a tué un Alaric en Espagne, mais c'était un roi de Compostelle - La prise de Rome par Alaric I eut lieu dans l'histoire en 410 de notre ère et elle ne ressemble en rien à ce qui est raconté ici - Il ne me semble pas que le pillage historique de Rome par Alaric en 410 de notre ère ait été présentée dans le Myreur. Peut-être ce récit, fantaisiste faut-il le dire, est-il destiné à le remplacer et à effacer l'effet désastreux du sac véritable - Le fils d'Alaric I est dans l'Histoire un certain Athaulf qui n'apparaît pas dans le Myreur - Cette omission est vraisemblablement voulue, de Jean lui-même ou de la source qu'il suivait alors.

 

Le Sac de Rome, dans l'histoire, met-il aussi en cause l'empereur Honorius (oui !) et le pape Innocent (je n'ai pas trouvé mention du rôle d'un pape) ?

 

Voir Compilhistoire - Innocent Ier (pagesperso-orange.fr)

410. Julien, 2e fils de Constantin le Petit, est empereur des Gaules (il sera assassiné en 411). L’empereur Honorius annonce aux Bretons qu’ils auront à se défendre eux-mêmes contre les envahisseurs : les troupes romaines quittent l’île de Bretagne. 24 au 26 août, pendant 3 jours, Alaric Ier, roi des Wisigoths, fou de rage contre Honorius qui lui refuse une place dans l’Empire (Alaric voulait que l’on puisse tenir les Romains et les Goths pour un seul peuple), pille Rome (inviolée depuis 8 siècles) d’où le pape Innocent vient de s’absenter (?), provoquant les pleurs de Jérôme de Stridon 2 et la douleur d'Augustin d'Hippone ; Alaric, en bon chrétien, a cependant fait placer tous les prêtres et les sénateurs sous sa protection personnelle, interdit le pillage des trésors de l’Eglise et fait respecter le droit d’asile dans la basilique Saint-Pierre ; Alaric étant entré dans Rome sans combattre, on peut raisonnablement avancer que la reddition de la ville a été négociée.

 

Extrait de : Pape Innocent Ier (401 - 417) (france-pittoresque.com) "En 409, Innocent Ier se rendit à Ravenne pour obtenir de l’empereur romain d’Occident Flavius Honorius (395-423) la confirmation de la capitulation conclue entre Alaric Ier, le roi des Wisigoths, et le sénat de la ville de Rome, assiégée par ce prince et saccagée par le même l’année suivante (24 août 410)."

Revenu à Rome après un voyage infructueux, le pape s’attacha à consoler, à encourager les Romains, à restaurer les églises en les ornant de nouveaux travaux et de précieux joyaux d’or et d’argent ; à publier des constitutions pour la discipline des ecclésiastiques, à détruire autant qu’il pourrait, dans leur principe, les hérésies de Pélage, moine anglais, et de son disciple Célestius, de patrie incertaine, et à condamner les erreurs renaissantes des donatistes. En quatre ordinations, Innocent créa cinquante-quatre évêques, trente prêtres et quinze diacres

Athaulf est le beau-frère d'Alaric.

 

Wikipédia (<Sac de Rome (410)> Le sac de Rome a lieu du 24 au 27 août 410. Les Wisigoths conduits par Alaric Ier prennent et pillent Rome, qui n’avait pas été prise depuis 390 av. J.-C. Cet événement marquant est, selon certaines acceptions, la fin de l’Antiquité et un passage au Haut Moyen Âge.

 

Universalis: "Premier peuple germanique à s'être établi dans l'Empire romain d'Orient en bénéficiant du statut de « fédérés », c'est-à-dire d'alliés militaires, les Wisigoths ne tardèrent pas à violer les traités et, le 9 août 378, ils battirent l'armée impériale à Andrinople, où l'empereur Valens lui-même périt. Ils ravagèrent alors les Balkans, avant que l'empereur d'Orient Arcadius ne parvienne enfin à les détourner vers l'Italie en 408. Après l'échec de deux sièges, en 408 et en 409, Alaric, roi des Wisigoths, entreprend le blocus de Rome et parvient à pénétrer dans la ville sans combattre, le 24 août 410. Il semble que la reddition de Rome fut négociée. En tout cas, elle fut assortie d'un sac en règle limité à trois jours (jusqu'au 27 août), ce qu'Alaric parvint à faire respecter par ses troupes, de même que le droit d'asile dans la basilique Saint-Pierre et ses dépendances. Nombre de Romains furent néanmoins tués ou réduits en esclavage jusqu'au paiement d'une rançon. L'écho du sac de la Ville éternelle parvint dans tout le monde romain et chrétien et fut considéré comme un signe annonciateur de la fin des temps. Pourtant Rome devait connaître bien d'autres sacs, par Genséric et les Vandales, en 455, et par les Impériaux de Charles Quint, en 1527."

 

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LISTE DES PAPES ET DES ANTIPAPES DE COMPILHISTOIRE: Compilhistoire - Histoire des papes et du monde<br> (depuis le début de l’ère chrétienne) (pagesperso-orange.fr)

HISTOIRE DES PAPES ET DU MONDE depuis le début de l'ère chrétienne

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II, p. 121: Théodose Ier (mort en 395), père d’Arcadius, 1er emp. d’Orient (mort en 408), époux d’Eudoxie et père de Théodose II - Honorius, fils de Théodose le Grand, emp. d’Occident 395-423)

 

 

II, p. 121: [Sur la mort d'Ursin et la désignation de Désignat comme évêque de Tongres, cfr G.L., 5775-5829, fort différent toutefois de la notice du Myreur]

II, p. 121: Considérations sur la destruction de Tongres et le caractère des Tongrois (413) [cfr G.L., 5711-5774]

II, p. 122: l'eau absente à Tongres [cfr G.L., 5711-5722] - (voir Loicq, Le Geer) [Le Geer : cfr I, 201, où elle est appelée rivier ; cfr I, 247, où elle est censée entourer le palais de Sédros à Tongres]

II, p. 122: destruction de Tongres  [cfr G.L., 5723-5774, davantage développé]

II, p. 123: les viols par Childéric : [très peu de choses en G.L., 5830-5844]

II, p. 123: Adam de Julanris, chevalier banneret, qui offrit au siège épiscopal de Tongres une terre qu’il possédait à deux lieues de là et qui s’étendait sur plus de cent soixante-dix neuf bonniers. [seule mention dans JOM de ce bienfaiteur de l'église de Tongres] [cfr G.L., 5803-5829]

 

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II, p. 123: Goths du roi Géralant, fils d'Alaric - s'emparent par surprise de Rome - sont repoussés par Honorius et Innocent I (avec "les armes de Dieu")

Géralant est un hapax, inconnu par ailleurs - Il y a bien dans le Myreur, en II, p. 104, un Gorlans qui a tué un Alaric en Espagne, mais c'était un roi de Compostelle - La prise de Rome par Alaric I eut lieu dans l'histoire en 410 et elle ne ressemble en rien à ce qui est raconté ici - Le fils d'Alaric I est dans l'Histoire un certain Athaulf qui n'apparaît pas dans le Myreur]

 

* repoussés par par l’empereur Honorius et le pape Innocent I

 


Trois sens possibles au mot regnum : royaume (connotation spatiale), règne (connotation temporelle), pouvoir royal (connotation fonctionnelle) : Lebecq, Deux faces, 2011, p. 22, n. 24.


 

 

Les événements d’Italie (Lombardie et surtout Rome), auxquels sont mêlés Attila et ses alliés Goths et Vandales, l’empereur de Rome, Clarnus, Childéric et Gondebaud (II, p. 131-132) (426-428 de l'Incarnation)

 

Après la réconciliation entre les Francs et les Burgondes facilement obtenue par l'empereur romain Théodose II, il fallut attendre sur place l'arrivée des Huns d'Attila, des Vandales revenus d'Afrique et des Goths du roi Radogast. Cela prit un certain temps, les coalisés saccagèrent un certain nombre de villes de Lombardie, dont Pavie, Pise, Milan, avant de descendre sur Rome qu'ils atteignirent en décembre 427 et assiégèrent avec violence.

Pour l'attaque et la défense de Rome, le lecteur se serait attendu à une bataille  titanesque, décrite sur le mode épique et détaillée comme savait si bien le faire Jean d'Outremeuse, puisqu'en principe elle aurait opposait les Huns, les Vandales et les Goths d'un côté, les forces impériales de Rome et celle de tous les rois, comtes et ducs que l'empereur avait appelés autour de lui. En réalité le chroniqueur ne s'attardera guère sur les opérations militaires et expédiera rapidement les choses.

Il ne sera question que des Huns et des Romains, pas un mot des Vandales et des Goths, pas un mot non plus des rois, comtes et ducs alliés des Romains. Un seul et unique combat, long bien sûr et coûteux en vies humaines, après lequel les Romains, effrayés, pour ne pas dire épouvantés, allèrent se réfugier dans leur ville et mirent plus de douze jours avant d'oser mettre le nez dehors.

On en sortira par un miracle. L'empereur alla trouver le pape, qui n'est pas nommé ici mais qui devait être alors le pape Célestin, monté sur le trône le 4 août 423 dans le système chronologique de Jean (II, p. 127). Le souverain pontife obtint que le 4 janvier de l’an 428, la foudre « tomba au milieu de l’armée des Huns et ne blessa personne d’autre que le roi Attila, qui fut réduit en cendres ». Ses troupes s'enfuirent par la mer ; mais une tempête s'abattit sur leurs bateaux et tous les Huns sans exception furent noyés. On appréciera la teneur du message divin qui parvint au pape annonçant le nauffrage et expliquant que Dieu n’avait pas voulu foudroyer tous les Huns  en même temps qu’Attila, « à cause de la puanteur qu’ils auraient répandue dans la ville Rome ».

 

[II, p. 132] [Le roi Attila fut tué par la foudre, et ses gens s’enfuirent] Alors le 4 janvier de l’an 428, Dieu accomplit un miracle, car la foudre tomba au milieu de l’armée des Huns et ne blessa personne d’autre que le roi Attila, qui fut réduit en cendres. Alors, ses troupes se mirent à fuir et prirent la mer ; mais un orage les surprit et les noya tous, sans que personne n’en réchappe. Alors le pape entendit une voix lui disant que toute la troupe des Huns avait complètement péri en mer et que Dieu n’avait pas voulu les foudroyer en même temps qu’Attila, à cause de la puanteur qu’ils auraient répandue.

A propos du foudroiement, parallèles :

* foudroiement massif de 17.000 Romains en II, p. 37b :

[II, p. 37] [La foudre tua dix-sept mille Romains, qui détruisaient l’église de saint Jean l’Évangéliste] Dioclétien était entré chez les Parthes parce que le peuple s’y était récemment fait baptiser. L'empereur se mit à y détruire les églises. Il rentra ensuite à Rome, du mieux qu’il put. En effet, au moment où les Romains détruisaient une église de saint Jean l’Évangéliste, la foudre tomba sur eux et en tua bien dix-sept mille. C’est pour cela que l’empereur rentra à Rome."

 * foudroiement personnalisé : Aurélien foudroyé à table en II, p. 33 :

[II, p. 33] [La foudre tua Aurélien l’empereur ; aussitôt son fils Tacite fut couronné comme trente-cinquième empereur] En cette année-là [276], le dernier jour de février, la foudre tomba sur la table de l’empereur Aurélien, dans son palais, et il en mourut. Il fut enseveli dans le temple de Jupiter.

Dèce César foudroyé en II, p. 26 :

[II, p. 26] En l’an 263, le 27 février, la foudre tomba à Rome sur Dèce César ; il fut tué, car il avait fait arrêter le pape Sixte, ainsi que Félicien et Agapite ; il les avait fait décapiter et avait fait griller saint Laurent. Le siège resta vacant huit jours.

Quid du foudroiement des fils d'Aaron ? pour une erreur dans les sacrifices ? Mort de Nadab et Abiou, les fils d'Aaron (Lévitique, X, 1-7) foudroyé pour une erreur de rituel dans un sacrifice à Yahweh (un "feu étranger").

 

 

 

Jean ne dit rien des Goths ; en ce qui concerne les Vandales, il note simplement qu'il eut un fils (non nommé à cet endroit; il ne peut s'agir de Genséric en Afrique) qui, plus tard, dévasta les églises de Tournai, de Cambrai et de Douai, et détruisit toutes les cités voisines. Quant aux armées convoquées par l'empereur, il signale sans plus que « tous les barons quittèrent Rome et que chacun rentra dans son pays ».

La question des Huns d'Attila a déjà été abordée plus haut à plusieurs reprises. Nous avons eu l'occasion de présenter la "véritable histoire" des Huns. Notre lecteur sait donc qu'il se trouve ici devant un récit fantaisiste. Il resterait à voir quelles ont pu être les sources suivies par Jean d'Outremeuse.


 

Revenir aux Huns sous Clodion (peu de choses) et sous Mérovée (beaucoup plus de développements apparemment) dans fichier 104b-121a et faire le lien avec ce qui précède sur les Huns - Récapitulatif sur les Huns

 

 


 

II p. 124: Childéric banni : i : [il se rend en Thuringe chez Basin Ier, qui avait épousé Basine, selon Rouche, p. 185] [L'histoire a retenu l'existence de deux Basin, rois de Thuringe, un Land du centre-est de l'Allemagne [Grégoire de Tours, II, 12, en parle mais c’est différent. Cfr note Bo, p. 123]

 

 

 

II, p. 124: [De roy de Loheraine] Item, l'an IIIIc et XVIII, morut ly roy Basin d'Austrie ; si fut apres luy roy son fis, qui oit nom Guymort [hapax Myreur ; pas trace dans Index Rouche, ni dans la généalogie des rois thurigiens, Rouche, p. 577].

 

[Bisin, cfr plus haut, où il est question de Lorraine, anciennement Austrie, en fait la Thuringe - son épouse était Basine qui épousera Childéric]

 

Clarnus / Aegidius / Egidius, déjà chez G.T., II, 12, p. 103 Latouche: On verra l'article Wikipédia: "According to some ancient sources the Frankish King Childeric I, who controlled much of northern Gaul, was exiled at some point after 457, and the Franks then elected Aegidius to rule them. The ancient sources go on to say that Aegidius ruled them for eight years, before Childeric was recalled and reinstated as king; this story is considered fictional by most modern historians. [12 : MacGeorge, Penny (2002). Late Roman Warlords. Oxford: Oxford University Press, p. 111-125]]. Another narrative given by primary sources is that Childeric formed an alliance with Aegidius, although this has slim historical evidence, and is directly opposed by archeological evidence, which supports the theory of the Kingdom of Soissons, the historiographic name given to territory ruled by Aegidius and his son Syagrius, containing the expansion of the Franks.[13-14 : MacGeorge, p. 134 et p. 126]


Opérations militaires du Childéric historique (Lebecq, Deux faces, 2011, p. 23-24)

 

"Quand Childéric revint d'exil, il multiplia avec les Franci les faits d'armes loin de ses bases, c'est-à-dire Arras et l'Artois, évoqués comme on l'a vu par Sidoine Apollinaire [Panégyrique de Majorien, dans Poèmes, éd. Loyen, 1960, p. 36 et 177), ou encore Cambrai et la haute Somme, sur lesquelles Grégoire [II, 9] dit que Clodion mit la main. Bien que le contexte politique dans lequel il exerça la longue pression sur Paris et sa région que relate la Vita prima de Geneviève ne soit pas très clair (renvoi en note à M. Heinzelmann et J.-Cl. Poulin, Les vies anciennes de sainte Geneviève de Paris, Paris, 1986, spécial. les p. V, 51-57 et 178), nous savons grâce à Grégoire (II, 18) et aux autres chroniqueurs (Chronica Gallica, Hydace, Marius d' Avenches) qu'il combattit à Orléans contre les Wisigoths (références aux. 15 et 16 plus haut) ; dans la haute vallée du Rhin et l'Italie du Nord contre les Alamans, qui partem Italiae pervaserant (n. 28 = G.T.) ; à Angers et jusque dans les îles de l'estuaire de la Loire contre Adovacrius et les Saxons (n. 29)"

"À Orléans, il semble -- on l'a entrevu plus haut -- que Ch. combattait aux côtés des Romains conduits par le magister militum Aegidius, présenté par les chroniqueurs comme vainqueur des Wisigoths d'Aquitaine en 463 (renvois). Contre Adovacrius, Grégoire laisse entendre qu'il était l'allié d'un comes Paulus, dont le titre et le nom chrétien font à n'en pas douter un Romain. Enfin, Grégoire nous dire que, pour combattre contre les Alamans, Ch. avait conclu un foedus avec Odovacrius. [La trad. Odoacre pour les deux noms jette le lecteur en pleine confusion]. En fait, si le chef des Saxons qui avaient remonté la basse Loire pouvait porter un nom comme Eadric ou Eadwacer (formes attestées), il est clair que l'Odovacrius qui sollicita l'aide de Ch. en Italie est bel et bien l'Odoacre connu pour avoir déposé le dernier empereur d'Occident en 476 et qui était alors le chef barbare de la grande armée romaine d'intervention en IItalie du Nord. En d'autres termes, que ce fût avec Aegidius, avec le comte Paul, et même avec Odoacre, c'est toujours aux côtés des forces romaines qu'à la différence de son grand-père présumé Clodion en 448, Ch. paraît avoir combattu dans les années 460-480."

"[...] Il y a quelque chance que, sans attendre le traité convenu vers la fin de son règne avec Odoacre contre les Alamans, [les gens de Ch.] fussent des foederati, donc qu'ils aient conclu avec Rome - tels les Wisigoths en 418 ou les Burgondes en 443 - un foedus ou traité d'alliance militaire contre l'octroi de revenus fonciers ou fiscaux, et peut-être même contre une délégation d'autorité territoriale dans le nord de la Gaule. C'est bien ce que laisse entendre la lettre de congratulation que Remi de Reims adressa à Clovis à l'occasion de son avènement, [évoquant l'administrationem Belgicae Secundae, qu'il assumait désormais]. Et d'ajouter qu'il n'y avait rien de bien nouveau à ce qu'il devînt ce que 'ses parents' (parentes tui) avaient toujours été avant lui (+ ref.). En d'autres termes, aux yeux de l' évêque gallo-romain, Ch. détenait déjà à la fin de sa vie l'autorité civile sur la province dans laquelle, lui, Remi, détenait l'autorité spirituelle. La royauté guerrière que le roi franc exerçait sur son peuple se serait donc déjà muée (par le truchement d'un traité de fédération ? par la force des armes ? du fait, plus probablement, du vide laissé par un pouvoir impérial de plus en plus déliquescent) en une royauté territoriale sur l'ensemble des populations, mêmes romaines, de la province de Reims".

"En d'autres termes [...], Ch., qui était indiscutablement païen et qui cultivait des liens étroits avec les Thuringiens d'outre-Rhin, aurait non seulement combattu aux côtés des Romains contre d'autres barbares -- qu'ils fussent Wisigoths, Saxons ou Alamans --, mais aurait aussi contrôlé avec le consentement de Rome une partie importante de la Gaule du Nord."

 


 

 

Childéric chez Grégoire : Grégoire de Tours (II, 12, p. 102-10) dit très peu de choses sur lui. Allusion à sa vie dissolue, à sa mise à l'écart du trône, à l'épisode de la pièce d'or coupée en deux  avec son ami, à leur convention, à son séjour chez le roi Bésin et son épouse Basine, au choix à l'unanimité d'Egidius pour le remplacer sur le trône. La huitième année, l'ami envoie la moitié de la pièce, Childéric revient de Thuringe, avec Basine (pas très clair), qu'il épouse. Ils eurent Clovis pour enfant. C'est fort différent de chez JOM. Grégoire ne reparle de lui que très brièvement (II, 18, p. 106-107) dans un chapitre composé de notices très brèves, parmi lesquelles on trouve des Saxons et Odoacre; "une grande épidémie dévasta alors la population ; Égidius mourut alors et laissa un fils nommé Syagrius". Peut-être les deux phrases appartiennent-elles à un récit sur des combats avec Odoacre, un roi dont G.T. ne parle qu'ici. Connu pour avoir déposé Romulus Augustule. Roi des Hérules ?

 

Odoacre et Childéric chez Grégoire en II, 18-19 (p. 106-107 L) : qu'en est-il des rapports historiques entre Childéric et Odoacre ? Impossible d'y voir clair à partir de ces deux chapitres et même avec l'aide de Rouche, Clovis, p. 138. "Majorien parvint rapidement à se faire reconnaître empereur en Gaule. Il y fut rejoint par Aegidius, aidé par les Francs de Childéric qui expulsa les Burgondes de Lyon et fit sa jonction avec lui en Arles. Ce succès brisa net les tentatives de sécession des sénateurs méridionaux." (??)

Pas un mot d'Odoacre ni de Romulus Augustule chez JOM (semble-t-il) - Ni non plus, semble-t-il, de Majorien et de Ricimir.

C'est l'époque (Rouche, p. 139ss) de "La fin de l'Empire d'Occident", après "une cascade d'empereurs, six en quinze ans, [qui] finit par aboutir à la disparition du pouvoir légitime. À qui allaient s'adresser les partisans de Rome, à Odoacre [roi des Skyres et des Turkilingues, dernier général romain résidant en Italie, qui venait de déposer en 476 Romulus Augustule] ou à l'empereur romain d'Orient ?" (Rouche, p. 140). "Ainsi disparut l'Empire d'Occident, tandis qu'Odocacre faisait un paquet des insignes impériaux, qu'il expédia à Constantinople et installait ses soldats autour de Ravenesen leur accordant un tiers de revenus des terres" (Rouche, p. 140) "Odoacre lui-même réclama à Zénon, l'empereur d'Orient, le titre de patrice, comme pour prendre la succession légitime d'Aetius et de Ricimer. Il l'obtint, mais ne le porta pas, se contentant d'être 'roi en Italie' " (Rouche, ibidem). "En 476, la dernière armée 'romaine' impéariel, dirigée par Odoacre, comptait à peine 15.000 hommes" (Rouche, p. 141).

"Les quinze années de chute de l'empire (461-476)" (Rouche, p. 137) - [461, c'est la date de la mort de Majorien, exécuté par le patrice Ricimer. Ils avaient été longtemps des compères]

 

"Odoacre marche ensuite sur Ravenne dont il s'empare le 4 septembre 476 après avoir tué Paul, le frère d'Oreste, capturé non loin de la capitale." Son nom ne semble pas apparaître dans l'index du Myreur. Cfr article intéressant de Wikipédia https://www.herodote.net/4_septembre_476-evenement-4760904.php + https://encyclopedia2.thefreedictionary.com/Odovacer

 

Sur Childéric: https://fr.wikipedia.org/wiki/Child%C3%A9ric_Ier#:~:text=Child%C3%A9ric%20Ier%20%2C%20n%C3%A9%20vers,partir%20de%20457%20ou%20458. notamment la section "alliance avec Odoacre". Il y est aussi question du comte Paul.

 

II, p. 125: [des histoires : « notamment celle de Grégoire de Tours, qui le dit positivement, et qui est une autorité historique un peu plus grave que notre chroniqueur », Bo, p. 125, note 3]

 

II, p. 126: prise de Gand : (source autre que Grégoire ?)

 

II, p. 127: Brève histoire du Brabant : Brève histoire du Brabant : en II, p. 52 : Brabant est le nom donné par Brabatinus au duché de Lotharingie ; II, p. 108 : il est ravagé par Clodion ; II, p. 116 ; il est conquis par Mérovée et gouverné par un bailli. Suite ici : II, p. 127 : il est ravagé par Agicola, comte de Flandre. Plus loin, il sera gouverné par Théodoric [ou Chidelbert ? (II, p. 167), puis usurpé par le second mari de Clotarde [à contrôler]  (II, p. 180)

 

II, p. 128: Eudoxie : importante note historique de Bo, p. 128, n. 1

 

 

II, p. 131: Les Huns et Rome : : [Attila (395-453 de notre ère), qui envahit l’Italie après avoir été vaincu en Gaule (451 de notre ère), est mort en 453 de notre ère en Pannonie, où il s’était retiré, convaincu par le pape Léon 1er moyennant tribut : dict. Robert)

II, p. 131: Radogast : [Radagaise ou Radogast : grande invasion des Goths de Radagaise/Radogast en 406 qui attaque l’Italie sous le règne de l’empereur d’Occident Honorius (Rouche, Clovis, p. 46)] [cfr aussi Wikipédia, ainsi que le site https://www.ljallamion.fr/spip.php?article743] [« arrêté par Stilichon, près de Fiesole. Son armée exterminée en grande partie, le reste enrôlé de force dans l’armée romaine » / Radogast [hapax dans Myreur : Randegam et Rhadagais /noms plus courants Radagaise et Radogast],

II, p. 131-132: [pas de distinction entre Huns et Vandales ?]

 

Patrick : II, p. 134 : Patrick est présenté ici comme envoyé en Écosse (?) l'an 432 de l'Incarnation par le pape Célestin, et comme premier archevêque (?) d’Écosse (?) et d’Irlande. Il est censé avoir converti toutes les terres d'Irlande. On le retrouve en II, p. 141, où aurait réuni à Éphèse en 442 de l'Incarnation un concile de 200 évêques qui condamna Nestorius. En I, p. 76, dans sa traduction des Indulgentiae ecclesiarum urbis Romae, Jean avait mentionné la présence de sa tête à Rome et il signalera en IV, 254 que certaines de ses reliques furent apportées à Liège.

Larousse : "apôtre de l'Irlande (né vers 390, mort vers 461). Sacré évêque d'Irlande (432), il s'établit à Armagh et parcourut toute l'île, créant des évêchés territoraux et introduisant dans l'église irlandaise les normes romaines. Sa fête le 17 mars est, en Irlande, une solennité nationale."

Des informations complémentaires sur Wikipédia: < https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_d%27Irlande> Peu de choses certaines sur son compte. Il ne doit avoir joué aucun rôle dans le concile d'Éphèse.

pp, p. 132 : DANOIS

[notes de Bo, p. 133 : (E)scladie, Gadda, Astronie, Cosdrada : « Le nom Escadia étant celui d’une ville située à l’est de Séville, et JOM prenant assez souvent un nom de ville pour un nom de pays, Escladie peut désigner la Bétique ; Gadda serait là pour Gades, Cadix. Iil y a peut-être ici un écho de l’établissement des Vandales dans le midi de l’Espagne ­– Astroine dans notre texte ici, et partout ailleurs Astronie. Le règne d’Astronie indiquerait-il les Asturies, où s’établit en effet une partie des Vandales ? – Cosdrada : il y avait une Cossetania regio dans le nord de la Tarragonaise] [quid du roi Madiob ? de Gribauz le Danois ? de Brahadas d’Astronie ?] [Mais que valent ces notes de Bo ?] [Sclavoine ?]

 

[Que vient d'ailleurs faire ici ce Julien, roi de Danemark, qui règne pendant 25 ans ? JOM ne veut-il pas simplement introduire Ogier le Danois ? Trouverait-on ici le début de la transposition par Jean d'Outremeuse de la geste d'Ogier le Danois ?]

 

II, p. 135ss: EDEA et OGIER   [rapport avec les événements de l’époque de Valentin et Clodas ; cfr I, p. 566, 568 ?]

 

II, p. 137: pas d'évêque à Maastricht : [Quand le siège épiscopal de Tongres fut-il déplacé à Maastricht ?]

Les terres léguées à l'église par les ressuscités : [note Bo, II, p. 137] + [cfr G.L., 5803-5829]

II, p. 137: les évêques de T/M : [Bo : Resignatus et Renatus dans les chroniqueurs liégeois. On retrouvera ce Résignat / Resignans, cfr II, p. 164]


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