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Métamorphoses d'Ovide : Avant-Propos - Notices - Hypertexte louvaniste - Iconographie ovidienne - Page précédente - Page suivante


 

OVIDE - MÉTAMORPHOSES

Livre X

Traduction nouvelle annotée

par

Anne-Marie Boxus et Jacques Poucet (2008)

Orphée et Eurydice par Jules-Élie Delaunay (Grand Foyer de l'Opéra de Paris - restauration)
Source


Plan

Orphée et Eurydice (10, 1-142)

Les chants d'Orphée (I) : Des passions « anormales » (10, 143-297)

Chants d'Orphée (II) : Myrrha, mère d'Adonis (10, 298-518)

Chants d'Orphée (III) : Adonis et Vénus - Atalante et Hippomène (10, 519-739)


Résumé

Orphée et Eurydice (10, 1-142)

Eurydice perdue, retrouvée et reperdue (10, 1-63)

Quittant la Crète, Hyménée se rend en Thrace à l'appel d'Orphée qui vient d'épouser Eurydice, mais des présages peu rassurants seront bientôt confirmés par la mort d'Eurydice, mordue par un serpent. (10, 1-10)

Après avoir beaucoup pleuré, Orphée ose descendre aux Enfers, pour obtenir de Pluton et Proserpine la permission de ramener Eurydice sur terre. En un plaidoyer direct et précis, s'accompagnant de sa lyre, il expose sa requête au nom de l'Amour, dieu bien connu des souverains infernaux, tout en précisant qu'il ne demande pour Eurydice qu'un répit et non la possibilité d'échapper définitivement à la mort, sort naturel de tous les humains. (10, 11-39)

Le chant déchirant d'Orphée attendrit tous les occupants des Enfers, et surtout leurs souverains, qui permirent à Eurydice de suivre son époux, mais à la condition que celui-ci ne se retournât pas avant leur arrivée sur terre. Juste avant de toucher au but, Orphée céda à la curiosité et perdit une seconde fois son épouse bien-aimée. (10, 40-63)

Douleur d'Orphée et magie de son chant sur la nature (10, 64-105)

Après cette seconde disparition, Orphée fit une nouvelle tentative mais fut repoussé par le nocher des enfers. Il resta sur la rive, comme pétrifié, durant sept jours, puis se retira sur les montagnes de Thrace, où il vécut durant trois années, se gardant de tout commerce amoureux avec les femmes, engageant même les peuples de Thrace à la pédérastie. (10, 64-85)

Un jour qu'il jouait de la lyre en plein soleil, une foule d'arbres, charmés par son chant,se rassemblèrent autour de lui, le protégeant de leur ombre. C'est l'occasion pour Ovide d'une énumération érudite, émaillée d'allusions diverses, tant à la mythologie qu'à des métamorphoses. (10, 86-105)

La métamorphose de Cyparissus (10, 106-142)

Le cyprès vint se joindre à la foule des arbres charmés par le chant douloureux d'Orphée. Le cyprès avait jadis été un enfant, Cyparissus, qui était le plus beau de l'île de Céos et dont s'était épris le dieu Phébus-Apollon. Cyparissus était particulièrement attaché à un cerf sacré, qui lui était devenu très familier et partageait ses jeux. (10, 106-125)

 Un jour, par mégarde, l'enfant blessa mortellement son animal préféré. Inconsolable, il voulut mourir, demandant la faveur de pleurer éternellement. Apollon, ne parvenant pas à le consoler, le métamorphosa en cyprès, arbre devenu un symbole funèbre. (10, 26-142)

 

Les chants d'Orphée (I) : Des passions « anormales » (10, 143-297)

Introduction - Ganymède et Jupiter (10, 143-161)

Orphée, devant un auditoire « enchanté » d'arbres, d'animaux et d'oiseaux, se met à chanter, s'accompagnant de sa lyre. Il précise d'emblée qu'il commencera par Jupiter, mais en traitant des thèmes moins solennels, plus légers, que précédemment. (10, 143-154)

En quelques vers, il rappelle le rapt, par Jupiter métamorphosé en aigle, de Ganymède, devenu au ciel l'échanson du roi des dieux. (10, 155-161)

Hyacinthe (10, 162-219)

Le sort du jeune Hyacynthe fut moins prestigieux que celui de Ganymède, bien que sa métamorphose en une fleur lui ait conféré aussi une sorte d'immortalité. Cet enfant avait inspiré une passion dévorante à Phébus/Apollon, qui ne le quittait plus. (10, 162-174)

Un jour, les deux amis décident de se mesurer au lancement du disque. Apollon démontra son talent et sa force en lançant un disque qui retomba sur le sol, rebondit et alla frapper mortellement Hyacinthe au visage. Malgré tous ses efforts et en dépit de son art de guérisseur, Apollon ne put le sauver. (10, 175-195)

 Inconsolable, Apollon se considère responsable de la mort de son bien-aimé et, pour perpétuer sa mémoire, il annonce sa métamorphose en une fleur, ajoutant que cette fleur sera liée aussi à un autre personnage, un héros très vaillant. Aussitôt du sang d'Hyacinthe répandu sur le sol jaillit une fleur pourpre, ressemblant à un lis et portant sur ses pétales les lettres AI AI en souvenir des gémissements du dieu, lettres jugées comme funèbres. La Laconie, fière de son héros, perpétue ces souvenirs par une fête annuelle, les Hyacinthies. (10, 196-219).

Les Cérastes et les Propétides (10, 220-242)

De Laconie, Orphée passe à Amathonte de Chypre, pour évoquer deux autres métamorphoses. La première est celle des Cérastes, monstres au front armé de cornes, qui jadis égorgeaient leurs hôtes de passage. Vénus, la déesse de Chypre, outrée de ce comportement, les punit en les métamorphosant en taureaux farouches. (10, 220-237)

Quant aux Propétides, qui avaient nié la divinité de Vénus, elles furent punies, en étant les premières à devoir se prostituer, avant d'être changées en pierre. (10, 238-242)

Pygmalion (10, 243-297)

Pygmalion, un habitant de Chypre, outré par la conduite dse Propétides, vivait célibataire. Doué d'un grand talent, il avait façonné en ivoire la statue d'une jeune fille très belle, si réussie qu'elle paraissait vivante. Le sculpteur en tomba amoureux et se mit à la traiter comme une personne de chair et d'os. (10, 243-269)

À l'occasion de la fête de Vénus, il avait pieusement imploré des dieux pour obtenir une épouse semblable à sa statue. Vénus, compréhensive, lui envoie un présage favorable, qui se confirme bientôt. Rentré chez lui, Pygmalion voit sa statue s'animer sous ses caresses et se transformer en une jeune fille, à qui il peut s'unir amoureusement. De cette union bénie par Vénus, naquit une petite fille, Paphos, qui laissa son nom à une ville de Chypre. (10, 270-297)

 

Chants d'Orphée (II) : Myrrha, mère d'Adonis (10, 298-518)

La passion incestueuse de Myrrha pour son père Cinyras (10, 298-367)

Cinyras, descendant de Pygmalion, va se trouver au centre d'une histoire d'amour annoncée d'emblée comme abominable et inspirée par les Furies : la passion incestueuse de Myrrha pour son père Cinyras. (10, 298-318)

Myrrha, dans un monologue intérieur, demande d'abord aux dieux de l'écarter d'un sacrilège, justifie sa passion en citant l'exemple du règne animal, dispensé de ce genre d'interdits propres aux humains, déplore de n'être pas née là où ces unions sont permises, et rejette enfin tous les arguments que suggère la raison, tels le salut dans la fuite, la menace du déshonneur et du remords, le sens moral de son père. (10, 319-355)

Par ailleurs, impatient de la voir mariée, Cinyras interroge sa fille sur le genre de mari qu'elle souhaite et, sans percevoir l'ambiguïté de sa réponse, l'en félicite, quand il l'entend répondre : « quelqu'un comme toi ». (10, 356-367)

Myrrha et sa nourrice (10, 368-430)

Myrrhra, en proie à ses hésitations, décide de se pendre. Sa fidèle nourrice, qui l'a entendue prononcer un ultime adieu, l'empêche de passer à l'acte, et cherche vainement à percer son secret. (10, 368-390)

Compatissante, elle tente de deviner le mobile (accès de folie, mauvais sort) du geste désespéré de Myrrha, et s'engage à l'aider en recourant à la magie. Pour la rassurer, elle lui rappelle l'aide qu'elle peut attendre de ses parents. À la réaction de la jeune fille, la nourrice devine que Myrrha souffre d'un amour secret et, à force d'habileté, apprend l'horrible vérité. Incapable de détourner la malheureuse du suicide au cas où elle devrait renoncer à l'amour de son père, la nourrice, préférant garder Myrrha vivante, promet solennellement de l'aider à réaliser son but. (10, 391-430)

L'occasion et l'accomplissement de l'union incestuteuse (10, 431-475)

Tandis que lors des fêtes de Cérès à Chypre, les matrones, parmi lesquelles se trouve la reine Cenchréis, sont tenues durant neuf nuits à une abstinence totale de relations conjugales, la nourrice saisit cette occasion pour faire savoir à Cinyras qu'une très belle jeune fille, dont elle tait le nom, est éprise de lui. Le roi se laisse tenter et demande à la nourrice de lui amener sa conquête ; celle-ci croit la partie gagnée, tandis que Myrrha est habitée par des sentiments contradictoires. (10, 431-445)

Par une sombre nuit, guidée par sa nourrice, Myrrhra s'avance vers la chambre de son père, et, malgré ses hésitations et sa honte, malgré surtout les mauvais présages qui auraient dû la retenir, elle rejoint la couche de son père, lequel ignore qui elle est, et ainsi se consomme l'union incestueuse. (10, 446-468)

Myrrha enceinte se complaît à des rencontres répétées, jusqu'au moment où Cinyras, poussé par la curiosité, apporte un flambeau et découvre les traits de sa fille. Ce crime qu'il a commis sans le vouloir lui fait horreur et, armé d'une épée, il se met aussitôt à poursuivre Myrrha pour la tuer. (10, 469-475)

Fuite et métamorphose de Myrrhra - Naissance d'Adonis (10, 476-518)

Myrrha échappe à la mort en fuyant en pleine nuit, à travers l'Arabie et la Panchaïe. Après neuf mois d'errances, lourde de l'enfant qu'elle porte, elle s'arrête épuisée en terre de Saba et, tout en reconnaissant qu'elle mérite la mort, elle demande aux dieux de subir une métamorphose pour éviter de souiller aussi bien les morts que les vivants. (10, 476-487)

Cette prière d'une coupable en aveu est entendue, et Myrrha est aussitôt métamorphosée en un arbre qui produit de la myrrhe, une résine très appréciée considérée comme étant les larmes de Myrrha. (10, 488-503)

Après cette métamorphose, l'arbre se mit à enfler en son centre, puis s'entrouvrit et, avec l'intervention de Lucine, donna le jour à un nourrisson d'une très grande beauté, comparable à Cupidon. Les Naïades en prirent soin, le parfumant avec de la myrrhe, les larmes de sa mère. (10, 504-518)

 

Chants d'Orphée (III) : Adonis et Vénus - Atalante et Hippomène (10, 519-739)

Vénus s'éprend d'Adonis (10, 519-559)

L'enfant de Myrrha (Adonis) grandit très vite en âge et en beauté, inspirant à Vénus une passion qui la requiert totalement en transformant ses habitudes, puisqu'elle accompagne son jeune amant partout et notamment à la chasse, à laquelle elle s'adonne toutefois avec une grande prudence. (10, 519-541)

Dans la crainte de perdre Adonis, la déesse le met en garde contre un excès de témérité à l'égard des bêtes sauvages et surtout des lions. Puis installée dans un endroit idyllique avec son amant intrigué par la haine qu'elle manifeste à l'égard des lions, elle promet de la lui expliquer par un récit. (10, 542-559)

Vénus raconte à Adonis la naissance des amours d'Atalante et d'Hippomène (10, 560-637)

L'héroïne de cette histoire est une jeune fille (Atalante), très belle et très rapide à la course. Suite à un oracle, elle vivait en célibataire dans les forêts et, pour dissuader ses nombreux prétendants, elle leur proposait une course : elle épouserait son vainqueur et ferait mourir les perdants. (10, 560-572)

 Hippomène désapprouve les nombreux concurrents qui acceptent de se plier à ces conditions cruelles, jusqu'au moment où lui-même s'éprend d'Atalante en la voyant participer à la compétition, qu'elle remporte sur tous les prétendants, qui sont mis à mort, comme convenu. Il défie alors personnellement la jeune vierge, faisant valoir la noblesse de sa naissance et sa valeur, la persuadant que, quelle qu'en soit l'issue, elle tirera gloire de cette course, étant donné qu'il s'estime plus digne que quiconque de se mesurer à elle. (10, 573-608)

Atalante tombe sous le charme d'Hippomène et ressent en elle pour la première fois les élans de l'amour, en prenant conscience de l'émotion qu'elle ressent lorsqu'elle pense au danger, au jeune âge, à la vaillance, à la noblesse, à l'amour intense et à la détermination du jeune homme, et à sa propre crainte de le voir courir à sa perte. (10, 609-637)

Suite du récit de Vénus : la course d'Atalante et d'Hippomène ; leur métamorphose en lions (10, 638-707)

Vénus poursuit son récit, disant avoir été émue par la prière d'Hippomène au moment où il allait se mesurer à Atalante. Pour l'aider, la déesse lui remet secrètement trois pommes d'or cueillies dans son verger sacré de Tamasos, en lui disant quel usage en faire. (10, 639-651)

Les deux concurrents s'envolent sur la piste, et les encouragements des spectateurs qui soutiennent Hippomène ne gênent nullement Atalante, qui parfois s'attarde pour contempler son concurrent. Épuisé par la course, Hippomène lance à deux reprises une pomme d'or ; Atalante s'attarde à les ramasser, mais a vite fait de repasser en tête. Finalement, il lance la troisième pomme sur le côté, non sans faire à nouveau appel à Vénus ; la déesse, malgré les hésitations d'Atalante, la contraint à ramasser la troisième pomme (alourdie à dessein par la déesse) et ainsi Vénus permet à Hippomène de gagner la course et d'épouser Atalante, à la grande satisfaction des deux jeunes gens. (10, 652-680)

Mais Vénus, outrée par l'indifférence d'Hippomène à son égard, décide de punir l'ingratitude des deux amoureux. Un jour où tous deux se reposent près d'un ancien sanctuaire consacré à Cybèle, Hippomène, à qui Vénus inspire un désir intempestif d'ébats amoureux, s'unit à son épouse, sans tenir compte de l'interdit attaché à l'endroit. Pour les châtier, Cybèle les métamorphose aussitôt en lions redoutables, qui sont attelés à son char et qu'elle seule est capable de maîtriser. (10, 681-704)

À la fin de ce long récit, Vénus renouvelle à son jeune amant Adonis ses recommandations de prudence concernant la chasse aux fauves. (10, 705-707).

La mort d'Adonis, la douleur de Vénus, la métamorphose en anémone (10, 708-739)

Une fois seul, Adonis ne tint pas compte des recommandations faites par Vénus avant son départ et, au cours d'une chasse, il fut blessé à mort par un sanglier. (10, 708-717)

Vénus, alertée par les gémissements du moribond, rebrousse chemin mais ne peut que s'abandonner à son deuil. Adressant des reproches aux destins, elle promet de perpétuer par une fête annuelle le souvenir d'Adonis et de sa douleur à elle, en même temps qu'elle annonce la métamorphose de son jeune amant en une anémone, annonce aussitôt concrétisée, car il lui suffit de répandre un nectar sur le sang d'Adonis, d'où en moins d'une heure naît une fleur rouge. (10, 718-739)


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