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MOTEUR DE RECHERCHE DANS LA BCS


Historiographie gréco-romaine

 

HISTOIRE AUGUSTE

 

Textes rassemblés et présentés par Jean-Marie HANNICK

Professeur émérite de l'Université de Louvain


L'œuvre et son (ses) auteur(s)

L'œuvre connue aujourd'hui sous le nom d' «Historia Augusta» est une compilation d'une trentaine de vies d'empereurs, y compris d'aspirants à l'empire et d'usurpateurs, allant d'Hadrien à l'avènement de Dioclétien. Elle couvre donc la période 117-285 p.C., avec une lacune pour les années 244-260 (manquent essentiellement les biographies de Philippe l'Arabe et de Dèce). Le titre original de cette collection est inconnu. C'est Casaubon qui la dénomme «Historia Augusta» dans son édition de 1603.

L'auteur de l'H.A. déclare s'inspirer de Suétone et rechercher la véracité plutôt que l'élégance du style (T 22, 24) ; il aurait, comme Cicéron le dit de César, simplement voulu fournir des matériaux aux historiens à venir. Il imite en tout cas son modèle en classant ses données non pas per tempora sed per species et en n'omettant pas de faire le portrait physique de ses personnages (T 1). Mais, contrairement à Suétone, notre auteur prétend qu'un bon biographe doit négliger les détails insignifiants et ne s'attacher qu'aux faits dignes de mémoire (T 12). Ailleurs (Gordiens, XXI, 4), il décrète que « le devoir des historiens est de rapporter dans leur œuvre ce qu'il faut éviter et ce qu'il faut imiter ». Un de ces faits memoratu digna, c'est assurément l'accession au pouvoir suprême de personnages indignes de la fonction, cruels, dépravés. La liste en est longue mais l'auteur fait sienne la remarque de Marc-Aurèle selon qui ces tyrans ont été punis de leurs crimes par une fin ignominieuse, tandis que les bons empereurs, au terme d'un long règne, se sont éteints d'une mort naturelle (T 5, 14). L'apparition de ces mauvais empereurs n'est d'ailleurs pas totalement inexplicable : leur pouvoir est excessif, leurs richesses trop abondantes et leur entourage les pervertit (T 20). Tout cela paraît de bon augure mais il faut vite déchanter. Dès qu'on aborde la question de l'auteur, on se heurte à d'énormes difficultés. Les trente biographies se présentent en effet comme l'œuvre de six écrivains différents :

- Aelius Spartianus aurait rédigé les vies d'Hadrien, d'Aelius, de Didius Julianus, de Septime Sévère, de Pescennius Niger, de Caracalla et de Géta ;

- Julius Capitolinus s'est chargé des vies d'Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Vérus, Pertinax, Clodius Albinus, Macrin, des Maximins, des Gordiens, de Maxime et Balbin ;

- Vulcacius Gallicanus n'inscrit à son actif que la vie d'Avidius Cassius ;

- Aelius Lampride se dit l'auteur des vies de Commode, Diaduménien, Élagabal et Sévère Alexandre ;

- A Trebellius Pollion sont attribuées les biographies des Valériens, des Galliens, des Trente Tyrans et de Claude le Gothique ;

- Flavius Vopiscus aurait pour sa part composé les vies d'Aurélien, de Tacite, de Probus, du Quadrige des Tyrans, de Carus et ses fils.

Ces six personnages qui se prétendent les auteurs de nos biographies sont totalement inconnus par ailleurs et pas toujours cohérents dans leurs prétentions : Julius Capitolinus, par exemple, auteur de la Vie de Clodius Albinus, évoque (I, 4) un oracle dont il aurait parlé dans la Vie de Pescennius Niger, laquelle est signée par Aelius Spartianus ; de même, Aelius Lampride (Commode, I, 1) laisse entendre qu'il aurait déjà présenté les parents de Commode dans la Vie de Marc Aurèle, attribuée à Julius Capitolinus. Mais, s'ils sont inconnus, ces auteurs fournissent au moins des renseignements susceptibles de les dater. De nombreuses biographies, en effet, sont dédiées au prince régnant ou s'adressent à lui dans le cours du texte : sept auraient été rédigées sous Dioclétien (T 2, 4, 6, 8, 13) ; sept autres, sous Constantin (T 11). L'Histoire Auguste aurait donc été composée à la fin du IIIe - début du IVe siècle.

Tout cela a été admis, fût-ce avec des réticences, jusqu'à la fin du XIXe siècle, jusqu'à l'intervention de H. Dessau. C'est en 1889 que ce disciple de Mommsen publie un article qui ébranle tout ce qui était plus ou moins admis jusque là : pour lui, les six soi-disant auteurs n'ont jamais existé ; derrière ces noms fictifs se cache une seule personne qui n'a pas écrit ces biographies sous Dioclétien et Constantin mais à la fin du IVe siècle, à l'époque de Théodose Ier (Über Zeit und Persönlichkeit der S.H.A., dans Hermes, 24, 1889, p.337-392). Cette thèse, qui a évidemment suscité des réactions en sens divers, est aujourd'hui très généralement admise. L'Histoire Auguste est une mystification qui mérite pourtant d'être analysée : il s'impose d'abord d'en évaluer la valeur historique, de tenter ensuite de découvrir les buts poursuivis par le «faussaire».

 

Valeur historique

L'auteur voudrait faire croire qu'il s'est soigneusement informé (T 13). Il cite des sources nombreuses, variées et en apparence de bon aloi. Flavius Vopiscus affirme avoir obtenu des renseignements sur Dioclétien de son grand-père, confident de l'empereur (Carus, Carin et Numérien, XIII, 3 ; XIV, 1 ; XV, 1) mais ce recours à une source orale est exceptionnel, ce sont les sources écrites qui sont continuellement invoquées. L'auteur cite, et souvent transcrit, des archives de toutes sortes, de la correspondance (T 17, 18, 21), des sénatus-consultes, des discours, des édits impériaux, les Acta Urbis et les Acta Senatus (Alexandre Sévère, VI, 2 ; LVI, 2). Il a lu et utilisé aussi bon nombre de ses prédécesseurs historiens : il cite Marius Maximus (T 22 ), dont l'œuvre est perdue, Hérodien, Dexippe et s'est servi également d'Aurelius Victor et d'Eutrope, même s'il ne pouvait pas l'avouer puisque ceux-ci sont postérieurs à l'époque à laquelle il prétend avoir composé ses biographies. L'auteur manifeste même un certain sens critique à l'égard de ses sources (T 7, 9, 10). On serait donc tenté de lui accorder quelque crédit si ce n'est que, de nouveau, les apparences sont trompeuses. Notre auteur le reconnaît à demi-mot, il ne reculera pas devant le mensonge (T 16). De fait, la plupart des documents qu'il cite sont de son invention et, parmi les auteurs qu'il prétend avoir lus, un certain nombre n'ont jamais existé, comme Aelius Maurus (T 6), Junius Cordus (T 12), Fabius Marcellinus ou Gargilius Martialis (T 22). Dans de telles conditions, quelle confiance peut-on lui faire ? La réponse va de soi. Les récits de l'Histoire Auguste doivent être abordés avec une extrême circonspection. On s'accorde toutefois pour dire que les Vies des premiers empereurs, d'Hadrien à Caracalla, sont de bien meilleure qualité que les suivantes.

 

Buts du «faussaire»

On s'est demandé, comme il est naturel, si l'auteur poursuivait un but particulier en rédigeant ses biographies. Avait-il des intentions cachées ? Certains passages montrent qu'il préférait le Sénat aux soldats (T 15, 21), sans qu'on puisse vraiment voir dans l'Histoire Auguste un texte de propagande politique. On y a vu aussi des traces d'une certaine antipathie pour la religion chrétienne (T 18, 19) mais il s'agit tout au plus d'une tendance à défendre le mos maiorum. En fait, les objectifs poursuivis par l'auteur demeurent très mystérieux.

 

Réception

Dans les siècles qui suivent immédiatement sa rédaction, l'Histoire Auguste ne laisse que des traces assez évanescentes. On ne peut guère signaler que ceci. Sous le règne de Théodoric (474-526), Q. Aurelius Memmius Symmachus utilise sûrement nos biographies, malheureusement dans une Historia Romana aujourd'hui perdue, ce qui ne permet pas des investigations très poussées. A l'époque carolingienne, l'œuvre est plus répandue. On copie l'Histoire Auguste à l'abbaye de Fulda, à celle de Murbach, en Alsace. Sedulius Scottus lit ces biographies avec attention. Il en extrait 88 passages qui constituent la section 78 de son Collectaneum Miscellaneum (éd. D. Simpson, Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis, 67) ; il exploite encore ce texte, mais plus modérément, dans son De rectoribus christianis (On Christian Rulers, Transl. with Introd. by E.G. Doyle, Binghamton, New York, 1983). Au XIIe siècle, on trouve des données provenant de l'H.A. dans le Pantheon de Godefroy de Viterbe, puis c'est Pétrarque que l'on rencontre. Celui-ci possède deux manuscrits des Vitae Caesarum et les annote abondamment. Il corrige le texte latin, à l'occasion, et fait des commentaires : on trouve ainsi des remarques sur le rôle de la Fortune, sur les qualités à exiger d'un prince, sur les difficultés de la transmission du pouvoir… Un exemple. Pétrarque s'étonne de ce que Flavius Vopiscus dit de Tite-Live, Salluste, Tacite et Trogue-Pompée qui auraient parfois menti (T 16) ; il inscrit en marge : « Notat ystoricos, immerito puto, precipue primos duos », puis, un peu plus loin, « Sed hic vult se miscere cum magnis » (cf. P. de Nolhac, Pétrarque et l'humanisme, Nouv.éd., Paris, 1907, t.II, p.53-54).

L'Histoire Auguste est imprimée pour la première fois à Milan en 1475, puis à Venise en 1516. Paraissent ensuite les éditions d'Érasme (Bâle, 1518), de Casaubon (Paris, 1603) et des traductions. A partir du XVIIe siècle, l'œuvre est largement disponible et les historiens vont en faire un usage assez curieux. Ils sont en général assez sceptiques quant à la valeur historique de cette source. On glane, par exemple, dans l'Histoire des empereurs et des autres princes…, t.III, de Lenain de Tillemont (Seconde édition, Bruxelles, 1732) des remarques de ce genre : « Lampride & les autres qui ont fait l'histoire Auguste au commencement du IV. siecle, ne méritent point du tout le nom d'historiens » (p.98, col.2). Ou encore : « C'est une chose bien incommode d'avoir à examiner l'histoire sur des auteurs aussi peu exacts que Spartien & les autres qui font ce qu'on appelle l'histoire Auguste » (p.240, col.2). E. Gibbon est tout aussi sévère (Histoire du déclin et de la chute de l'empire romain, trad. F. Guizot, t.I, Paris, 1983). Il est difficile, dit-il, de se former une idée exacte du caractère de Clodius Albinus : c'est que Spartien, « dans son indigeste compilation », mélange tous les vices et les vertus de l'humanité et en charge un seul individu (p.81, n.3). A propos du meurtre d'Ulpien par les prétoriens et de la faiblesse manifestée par Alexandre Sévère à cette occasion, Gibbon regrette le quasi-silence de Lampride : « D'après une pareille omission, nous pouvons juger de la fidélité de cet auteur, et de la confiance qu'il mérite » (p.116, n.2). D'ailleurs, ce Lampride n'est qu'un « misérable biographe » (p.128, n.1). Catégorique aussi, le jugement de Mommsen. L'Histoire Auguste est « un des plus misérables bousillages (elendsten Sudeleien) que nous ayons de l'Antiquité » ; elle est à ranger dans la « basse littérature » (cf. J. Béranger, Mommsen et l'Histoire Auguste, dans B.H.A.C. 1977/1978, Bonn, 1980, p.17-34). On clôturera ce florilège avec F. Lot : « Les Panégyriques des empereurs et le verbiage des Scriptores Historiae Augustae relèvent à peine de l'histoire. Les panégyriques… sont des œuvres ampoulées et vides de substance. Il faut en dire autant, malheureusement des six écrivains, réels ou imaginaires…, qui ont eu la prétention de nous retracer les biographies des empereurs romains depuis Hadrien jusqu'à Carus, le prédécesseur de Dioclétien. Ces auteurs, ou les faussaires qui au IVe-Ve siècle ont écrit sous ces noms supposés, n'ont ni style ni idées » (La fin du monde antique et le début du moyen âge, Paris, 1968 [1927], p.164). Et, quelques lignes plus loin : « Il est exaspérant d'utiliser un ouvrage de ce genre où il est presque impossible de faire le départ du vrai ou du faux et, ce qui est pire encore, des anachronismes » (p.165).

Pourtant, ces historiens ne renoncent pas à utiliser l'Histoire Auguste. Gibbon, qui reproche à Lenain de Tillemont de copier servilement cette source à propos d'Alexandre Sévère (p.118, n.3), ne fait pas toujours preuve lui-même d'une grande indépendance (cf. Histoire du déclin…, p.132, n.1 ; 136, n.1 ; 223, n.7 ; 231, n.2 ; 237, n.1). Il va jusqu'à faire mine d'admettre que Maximin pouvait engloutir en un jour vingt-cinq pintes de vin et trente ou quarante livres de viande, écraser des pierres dans ses mains… (p.139, n.1). Quant à Mommsen, J. Béranger a relevé plus de sept cents références à nos biographes dans ses deux grands ouvrages sur le Droit public et le Droit pénal romain. Faut-il taxer ces auteurs d'inconséquence ? Ou voir ici une des contraintes qui pèsent sur l'historien de l'antiquité ? On lira à ce sujet les pages très éclairantes de J. Stengers, Unité ou diversité de la critique historique, dans Ch. Perelman (éd.), Raisonnement et démarches de l'historien, Bruxelles, s.d. [1963], p.9-28.

 

 

 Bibliographie

Éditions

- Histoire Auguste, éd. trad. J.-P. Callu, A. Gaden, O. Desbordes, R. Turcan e.a., Paris, 1992 - (C.U.F.)

- Histoire Auguste. Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles, édition bilingue, trad. A. Chastagnol, Paris, 1994 (Bouquins).

- The Scriptores Historiae Augustae, with an Engl. Transl. by D. Magie, 3 vol., Londres - Cambridge (Mass.), 1967-1968 (Loeb Classical Library).

- Scrittori della Storia Augusta, éd. P. Soverini, 2 vol., Turin, 1983 (Classici Latini) : texte latin et traduction italienne.

Commentaires

- Benario H.W., A Commentary on the Vita Hadriani in the Historia Augusta, The American Philological Association. American Classical Studies 7, 1980.

- Walentowski S., Kommentar zur Vita Antoninus Pius der Historia Augusta, Bonn, 1998 (Antiquitas Reihe 4. Beiträge zur Historia-Augusta-Forschung).

Études

- Straub J. - Alföldi A. - Rose K . (éds), Bonner Historia-Augusta-Colloquium (BHAC), 13 vol., Bonn, 1964-1991 (Antiquitas Reihe 4. Beiträge zur Historia-Augusta-Forschung).

- Bonamente G. - Duval N. - Paschoud F. e.a., Historiae Augustae Colloquia. Nova Series, Macerata, 1991 - .

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- Birley A.R., The Historia Augusta and Pagan Historiography, dans Marasco G. (éd.), Greek and Roman Historiography in Late Antiquity. Fourth to Sixth Century, Leyde-Boston, 2003, p.127-149 [Bibliographie: p. 146-149].

- Callu J.-P. - Desbordes O. - Bertrand C., L'Histoire Auguste et l'historiographie médiévale, dans Revue d'histoire des textes, 14-15, 1984-1985, p.97-130.

- Momigliano A., An Unsolved Problem of Historical Forgery: the Scriptores Historiae Augustae, dans Secondo contributo alla storia degli studi classici, Rome, 1984 [=1954], p.105-143.

- Stern H., Date et destinataire de l' "Histoire Auguste", Paris, 1953.

- Syme R., Emperors and Biography. Studies in the Historia Augusta, Oxford, 1971.

 

Bibliographie

- Merten E.W., Stellenbibliographie zur Historia Augusta, 4 vol., Bonn, 1985-1987 (Antiquitas Reihe 4. Beiträge zur Historia-Augusta-Forschung).

 

 

Textes choisis (trad. A. Chastagnol)

T 1 - Hadrien, XXVI, 1-3  Il était de haute taille, bien fait de sa personne, avec une chevelure artistiquement peignée et une barbe fournie pour cacher des marques qu'il avait de naissance sur le visage ; sa constitution était robuste. Il pratiquait assidûment l'équitation et la marche et s'exerçait sans cesse aux armes et au javelot. Il lui arriva souvent, au cours d'une chasse, de tuer un lion de sa propre main ; c'est d'ailleurs en chassant qu'il se fractura une clavicule et une côte. Il partageait toujours le produit de sa chasse avec ses amis.

 

T 2 - Aelius, I  A Dioclétien Auguste, son dévoué Spartianus, Salut ! J'ai l'intention, Dioclétien Auguste, le plus grand de tant de princes, de porter à la connaissance de Ta Divinité non seulement la vie de ceux qui ont occupé la place de princes au poste que tu détiens, ainsi que je l'ai fait jusqu'au divin Hadrien, mais aussi de ceux qui eurent le titre de Césars sans devenir ni princes ni Augustes ou qui, d'une façon ou d'une autre, passèrent dans l'opinion publique pour avoir atteint le principat ou eurent l'espoir d'y parvenir. Parmi eux, il convient de mentionner tout spécialement Aelius Vérus, qui fut le premier à ne recevoir que le titre de César quand son adoption par Hadrien l'eut fait entrer dans la famille des princes. Et, puisqu'il y a assez peu de choses à en dire, et que le prologue ne doit pas être plus long que la pièce, je vais parler de lui sans plus attendre.

 

T 3 - Aelius, VII, 4-5  Voilà ce qui a paru digne d'être consigné par écrit au sujet de Vérus César. Je n'ai pas voulu passer sous silence ce personnage, puisque je me suis proposé de consacrer un livre séparé à tous ceux qui, après le dictateur César - c'est-à-dire le divin Jules - ont été appelés Césars, Augustes ou princes, à ceux qui ont été adoptés et à ceux qui, fils ou pères d'empereur, ont été divinisés après leur mort en recevant alors le nom de César. Je l'ai fait pour satisfaire ma conscience, même si, aux yeux de beaucoup, de telles recherches ne répondent à aucune nécessité.

 

T 4 - Marc Aurèle, XIX, 12  Car aujourd'hui encore on le met au rang des dieux ; vous l'avez toujours fait et continuez à le faire, très vénérable empereur Dioclétien, vous qui, parmi vos divinités, l'honorez non pas comme les autres mais d'une façon toute spéciale, et qui dites souvent que vous voudriez ressembler à Marc pour les mœurs et la clémence et que, même pour la philosophie, Platon en personne, s'il revenait sur terre, ne pourrait l'égaler. Mais terminons-en avec cet ensemble de brèves remarques.

 

T 5 - Avidius Cassius, VIII, 2-6  D'autre part un jour que quelqu'un le critiquait pour sa trop grande indulgence vis-à-vis de son ennemi [Avidius Cassius], de ses fils, de ses proches et de tous ceux dont il avait appris la complicité lors du coup d'État et ajoutait : « Que serait-il arrivé si Cassius avait été vainqueur ? », Antonin [Marc Aurèle], dit-on, répondit : « Notre respect des dieux et notre mode de vie ne permettaient pas qu'il pût nous vaincre.» Puis il énuméra tous les empereurs qui avaient été assassinés, en montrant qu'il y avait eu des raisons pour justifier leur sort et que jamais un bon empereur n'avait été vaincu ou tué par un usurpateur. Néron, disait-il, l'avait mérité ; pour Caligula, c'était nécessaire ; quant à Othon et Vitellius, ils n'avaient pas désiré être empereurs. Il exprimait le même point de vue à propos de Pertinax et de Galba lorsqu'il affirmait que chez un empereur le défaut le plus rédhibitoire est l'avarice. En revanche, ni Auguste, ni Trajan, ni Hadrien, ni son père n'avaient pu être renversés par leurs adversaires qui, en dépit de leur grand nombre, avaient été éliminés contre la volonté ou à l'insu du souverain.

 

T 6 - Septime Sévère, XX  Je me souviens avoir lu chez Aelius Maurus, un affranchi de Phlégon, lui-même affranchi d'Hadrien, que Septime Sévère, au moment de mourir, s'était hautement réjoui de laisser deux Antonins diriger l'Empire avec des pouvoirs égaux, à l'exemple d'Antonin le Pieux, qui avait légué le gouvernement à ses fils adoptifs Vérus et Marc, tous deux Antonins ; il pensait même avoir mieux réussi que le Pieux, dont les fils n'étaient qu'adoptifs, tandis que lui transmettait la direction de l'Empire romain à des fils nés de son sang. Il avait eu en effet Bassianus [Caracalla] d'un premier mariage et Géta de Julia. Mais ses espoirs furent bien déçus, car ils furent enlevés à l'État, l'un par un fratricide, l'autre par ses propres mœurs, et ce nom sacré d'Antonin ne leur porta pas chance pendant longtemps. Et, à y bien réfléchir, Dioclétien Auguste, il m'apparaît qu'il n'y a pratiquement aucun des grands hommes qui ait laissé un fils parfait et utile à l'État. En gros, ou bien ils moururent sans enfants, ou bien ceux qu'ils eurent étaient généralement si mauvais qu'il eût été préférable pour l'humanité qu'ils fussent restés sans postérité.

 

T 7 - Pescennius Niger, I, 1-2  Il est rare et difficile de trouver de bons ouvrages relatant la vie de ceux qui sont devenus des tyrans grâce à la victoire d'autrui, et pour cette raison les documents et les annales ne fournissent pas tous les documents qui les concernent. En premier lieu, en effet, les actes importants qui sont à leur honneur, les écrivains les déforment ; il y en a par ailleurs d'autres qui les suppriment ; enfin on ne fait pas de recherches très poussées sur leur origine et leur vie, et on se contente de mentionner leur audace, la guerre où ils furent vaincus et le châtiment qu'ils subirent.

 

T 8 - Pescennius Niger, IX, 1-2  Tels sont, ô Dioclétien, toi le plus grand des Augustes, les renseignements que différents ouvrages nous ont fournis sur Pescennius. Il n'est vraiment pas facile, comme nous l'avons dit au début de ce livre, de rédiger la biographie de ceux qui n'ont pas tenu les rênes de l'État, ou qui n'ont pas été désignés comme empereurs par le Sénat ou qui, trop tôt assassinés, n'ont pu atteindre la notoriété. C'est la raison pour laquelle Vindex est mal connu et Pison ignoré, ainsi que tous ceux qui ne furent que des fils adoptifs d'empereurs ou qui ne furent nommés empereurs que par les soldats, comme Antonius [Saturninus] sous Domitien, ou qui, prématurément assassinés, perdirent la vie au moment même de leur accession au pouvoir.

 

T 9 - Clodius Albinus, X, 1-3  Sur son caractère, les opinions divergent. Sévère, pour sa part, le présente comme un homme ignoble, fourbe, pervers, méprisable, cupide et dépravé. Mais il écrit cela pendant ou après la guerre, à un moment où on ne pouvait lui faire confiance car il considérait alors Albinus comme un ennemi, tandis que les multiples lettres qu'il lui avait envoyées auparavant le présentaient comme un ami intime. Au reste beaucoup de gens pensèrent de lui le plus grand bien : Sévère lui-même voulut qu'il fût promu à l'honneur de devenir son César et, lorsqu'il songea à se trouver un successeur, c'est d'abord vers lui qu'il tourna les yeux.

 

T 10 - Caracalla, VIII, 1-9  Je sais que beaucoup d'écrivains ont parlé du meurtre de Papinien sans se prononcer sur les causes de sa mort, tant les interprétations divergent. Pour ma part, je préfère étaler l'éventail des opinions plutôt que de passer sous silence l'assassinat d'un si grand homme. Il est généralement admis que Papinien fut l'ami intime de l'empereur Sévère, et même, selon certains, son parent par sa seconde femme. C'est spécialement à lui que Sévère avait recommandé ses deux fils  ; aussi veilla-t-il à la bonne entente entre les deux frères Antonins et tenta-t-il d'empêcher le meurtre de Géta quand Bassianus eut commencé à se plaindre de ses menées. C'est la raison pour laquelle il fut tué par les soldats en même temps que les partisans de Géta, non seulement avec le consentement mais même sur l'ordre exprès d'Antonin. Selon de nombreuses sources, Bassianus, après l'assassinat de son frère, avait confié à Papinien le soin de le disculper de son crime au Sénat et devant le peuple, mais il avait répondu qu'il était moins facile d'excuser un fratricide que de le commettre. D'après une autre version, il aurait refusé de composer le discours dans lequel Bassianus devait se livrer à des attaques contre son frère pour rendre plus plausibles les motifs de son assassinat ; il aurait en effet répondu, en justification de son refus, qu'excuser un fratricide était une chose, mais accuser un innocent déjà mort en était une autre. Toutefois cette version est à éliminer complètement car il n'appartenait pas au préfet de composer un message [au Sénat] et il est d'autre part certain que c'est en tant que partisan de Géta que Papinien fut tué. On raconte aussi que lorsqu'il fut capturé par les soldats qui l'entraînaient au palais pour l'exécuter, il pressentit l'avenir en disant que celui qui lui succéderait dans sa charge serait le pire des imbéciles s'il ne vengeait pas cette atteinte à la dignité préfectorale. C'est en effet ce qui arriva puisque, comme nous l'avons dit plus haut, Antonin fut tué par Macrin.

 

T 11 - Géta, I, 1-2  Je sais, Constantin Auguste, que beaucoup de gens - ainsi que Ta Clémence - peuvent se demander pourquoi j'écris également la biographie de Géta Antonin. Avant de parler de sa vie et de son assassinat, j'expliquerai pour quelle raison Sévère, son père, lui donna aussi le nom d'Antonin. Car il n'y a pas grand-chose à dire sur la vie de cet homme qui fut arraché au monde avant d'avoir pu partager avec son frère le pouvoir impérial.

 

T 12 - Macrin, I, 1-5  La vie des empereurs, tyrans ou Césars qui n'ont pas régné longtemps demeure obscure, car rien dans leur vie privée ne mérite d'être raconté - on n'en saurait du reste rien s'ils n'avaient aspiré à l'empire - et on ne peut pas en dire beaucoup plus sur leur règne qui fut éphémère. Nous exposerons cependant les renseignements que nous avons tirés de divers historiens, du moins ceux qui valent d'être mentionnés. Il n'y a en effet personne qui au cours de sa vie n'ait fait chaque jour quelque chose. Mais le rôle de celui qui entreprend d'écrire la biographie d'autrui est de ne garder que les faits dignes de mémoire. C'est ainsi que Junius Cordus s'est appliqué à publier les vies des empereurs qu'il voyait mal connus ; mais le résultat en fut médiocre, car il n'a trouvé que peu d'informations, et qui ne méritent guère de passer à la postérité. Il soutenait qu'il devait exposer les détails les plus infimes, comme si, même pour un Trajan, un Antonin le Pieux ou un Marc, il nous importait de savoir combien de fois ils se sont montrés en public, à quel moment ils ont modifié leur régime alimentaire, quand ils ont changé de vêtements ou à qui, et en quelle occasion, ils ont accordé des promotions ! En s'attachant à toutes ces futilités et en les consignant dans ses livres, il les a remplis d'histoires romancées, alors que les détails infimes doivent être absolument prohibés, mis à part quelques-uns qui permettent de comprendre des traits de caractère qu'il est bon de connaître, - mais seulement en partie, pour en tirer une conclusion sur l'ensemble.

 

T 13 - Macrin, XV, 3-4 Tels sont les faits que nous avons appris sur Macrin ; beaucoup d'auteurs en donnent des versions différentes, comme il est normal dans toute recherche historique. Ces renseignements que nous avons puisés à de multiples sources, nous les avons offerts à Ta Sérénité, Dioclétien Auguste, car nous avons vu que tu étais désireux de connaître les empereurs d'autrefois.

 

T 14 - Élagabal, I, 1-3  Jamais je n'aurais composé la Vie d'Élagabal Antonin - appelé aussi Varius - afin d'éviter que l'on sache qu'il fut un empereur romain, si avant lui ce même empire n'avait connu des Caligulas, des Nérons et des Vitellius. Mais de même que la terre produit aussi bien poisons que blé et autres plantes utiles, aussi bien serpents qu'animaux domestiques, de même le lecteur avisé saura trouver un contrepoids à la vie de ces monstrueux tyrans en lisant celles d'Auguste, de Trajan, de Vespasien, d'Hadrien, d'Antonin le Pieux, de Titus et de Marc. Il appréciera en même temps le discernement des Romains puisque ces derniers empereurs eurent un long règne et moururent de mort naturelle, tandis que les autres furent assassinés, traînés à travers les rues et traités de tyrans, au point que personne ne veut plus prononcer leur nom.

 

T 15 - Maxime et Balbin, XII, 7-9  Après avoir pris en charge l'armée de Maximin, Maxime se dirigea vers Rome avec un faste et une suite imposants, tandis que les soldats [de Maximin] se lamentaient d'avoir perdu l'empereur qu'ils s'étaient choisi et d'obéir maintenant à des empereurs qu'avait élus le Sénat. Le mécontentement qui apparaissait sur le visage de chacun d'eux ne pouvait être dissimulé ; il allait même jusqu'à s'exprimer par la parole, bien que Maxime ait souvent répété aux soldats qu'ils devaient oublier le passé, leur ait accordé des soldes conséquentes et ait laissé partir les troupes auxiliaires dans les lieux de leur choix. Mais une fois que la haine s'est incrustée dans le cœur des soldats, on ne peut plus la maîtriser. Ainsi, quand ils eurent entendu les acclamations du Sénat qui faisaient allusion aux soldats, ils devinrent encore plus hostiles à Maxime et Balbin et ils se demandaient chaque jour qui ils pourraient proclamer empereur.

 

T 16 - Aurélien, II Et comme, toujours dans la même voiture [du préfet de la Ville Junius Tibérianus], notre conversation était tombée sur Trébellius Pollion qui composa une biographie des empereurs, qu'ils fussent célèbres ou obscurs, depuis les deux Philippes jusqu'au divin Claude et à son frère Quintilius, Tibérianus soutint qu'une bonne partie de l'œuvre de Pollion était bourrée de négligences et trop succincte. A quoi je rétorquai que, dans le domaine de l'Histoire, aucun écrivain n'est exempt de mensonges, et je lui citai même des passages dans lesquels Tite-Live, Salluste, Cornélius Tacite ainsi que Trogue [Pompée] peuvent être confondus par des preuves irréfutables. Il se rangea alors à mon opinion et, me tendant la main, ajouta en manière de plaisanterie : « Écris comme bon te semble. Tu pourras dire ce que tu veux en toute tranquillité puisque tu auras comme compagnons de mensonges ceux que nous admirons comme les maîtres du style historique. »

 

T 17 - Aurélien, VIII 1  J'ai découvert récemment dans la bibliothèque Ulpienne parmi les livres de lin une lettre qu'écrivit le divin Valérien à propos de l'empereur Aurélien. Je l'ai comme il convenait transcrite mot pour mot…

IX, 1 Du même Valérien existe une autre lettre qui fait l'éloge d'Aurélien et que j'ai découverte dans les archives de la préfecture urbaine… Voici une copie de cette lettre.

 

T 18 - Aurélien, XX, 4-7  Lettre d'Aurélien à propos des Livres sibyllins. Je l'ai également transcrite textuellement pour confirmer l'exactitude de mon expos  : « Je m'étonne, pères vénérables, que vous ayez si longtemps hésité à ouvrir les Livres sibyllins, comme si vous délibériez dans une assemblée de chrétiens et non dans le temple de tous les dieux. Allez donc, venez en aide, par l'intermédiaire de la pureté des pontifes et des cérémonies solennelles, à un Prince qu'accablent les soucis de l'État. Il faut consulter les Livres et accomplir ce qui doit l'être : quels que soient les besoins en argent, en prisonniers de telle ou telle nation, en animaux appartenant à l'empereur, je ne les refuse pas ; je les offre au contraire de grand cœur, car il n'y a aucun déshonneur à remporter la victoire grâce à l'aide des dieux. C'est de cette manière que chez nos ancêtres furent menées à bien ou entreprises maintes guerres...»

 

T 19 - Aurélien, XXIV, 2- 8  Il convient de ne pas omettre un épisode qui illustre la renommée d'un homme vénérable. On dit en effet qu'Aurélien avait vraiment projeté de mettre à sac la ville de Tyane ; mais Apollonius de Tyane, un sage d'une réputation et d'un prestige immense, un philosophe des temps anciens, un ami fidèle des dieux, digne d'être honoré lui-même comme une divinité, lui serait apparu à l'improviste, tel qu'on peut le voir représenté, au moment où il se retirait dans sa tente, et lui aurait dit en latin, pour être compris du Pannonien : « Aurélien, si tu veux vaincre, cela ne te mène à rien de méditer le massacre de mes concitoyens. Aurélien, si tu veux régner, épargne le sang des innocents. Aurélien, montre-toi clément si tu veux vivre. » Aurélien connaissait les traits du vénérable philosophe et avait même vu son portrait dans de nombreux temples. Aussi, frappé de stupeur, lui promit-il un portrait, des statues et un temple, puis il revint à de meilleurs sentiments. Cette anecdote que j'ai apprise de gens sérieux et que j'ai relue dans des ouvrages de la bibliothèque Ulpienne, j'y ai particulièrement prêté foi en raison du prestige d'Apollonius. Qui en effet fut jamais, parmi les hommes, plus saint, plus vénérable, plus transcendant, plus divin que lui ? Il ressuscita des morts, accomplit des actions et prononça des paroles qui dépassent les possibilités humaines. Celui qui veut les connaître n'a qu'à lire les livres grecs consacrés à sa biographie.

 

T 20 - Aurélien, XLIII, 1-4  On peut se demander à ce propos ce qui fait les mauvais empereurs : en premier lieu, mon cher ami, leur pouvoir illimité, puis l'abondance de leurs biens et enfin les amis sans scrupules, les satellites détestables, les eunuques cupides, les courtisans stupides ou vils et - il ne faut pas le nier - l'ignorance des affaires publiques. Mais j'ai appris de la bouche de mon père que l'empereur Dioclétien, une fois redevenu simple particulier, avait dit que rien n'est plus difficile que de bien gouverner. Des gens se réunissent à quatre ou cinq, se concertent sur les moyens de tromper l'empereur, lui dictent les décisions qu'il devra prendre. L'empereur, enfermé dans son palais, ignore les réalités. Il est bien obligé de ne savoir que ce que ces gens lui disent : il nomme des gouverneurs qui ne le méritent pas, éloigne des charges de l'État ceux qu'il devrait y maintenir. Que dire de plus ? Comme l'affirmait encore Dioclétien, quelque bon, parfait, avisé que soit un empereur, il est un objet de commerce.

 

T 21 - Tacite, XII    Il convient de ne pas dissimuler, mais au contraire de faire largement connaître la joie qu'éprouva le Sénat en voyant la responsabilité du choix de l'empereur revenir à cet ordre illustre. Il alla jusqu'à décréter des cérémonies d'actions de grâces et promettre une hécatombe. Puis chaque sénateur écrivit à ses proches et même, en dehors d'eux, à des étrangers ; on envoya également des messages dans les provinces : tous les alliés, toutes les nations devaient savoir que l'État avait retrouvé sa situation ancienne, que c'était le Sénat qui élisait les empereurs, ou plutôt que le Sénat était devenu l'empereur de fait ; c'est donc au Sénat qu'il fallait demander les lois, au Sénat que les rois barbares devaient présenter leurs suppliques, au Sénat qu'il revenait de décider de la paix ou de la guerre. Au reste, pour renseigner complètement le lecteur, j'ai transcrit à la fin du livre un certain nombre de lettres de ce type qu'il lira, je pense, avec intérêt et sans ennui.

 

T 22 - Probus, II, 6-8  Je voudrais seulement préciser que j'ai fourni la matière première que tel autre, s'il le désirait, pourrait plus dignement illustrer dans un style plus élevé. Du reste, je n'ai pas eu l'intention, pour exposer la vie des princes et leur époque, d'imiter un Salluste, un Tite-Live, un Tacite, un Trogue et tous les écrivains les plus éloquents, mais Marius Maximus, Suétone Tranquillus, Fabius Marcellinus, Gargilius Martialis, Julius Capitolinus, Aelius Lampridus et tous ceux qui, dans leur narration de ces faits et d'autres du même genre, ont moins recherché l'élégance que la véracité. Car je fais partie, je ne m'en cache pas, des gens assoiffés de connaissances et vous me poussez dans cette voie, vous qui, tout en sachant tant de choses, désirez en savoir beaucoup plus encore.

 

T 23 - Carus, Carin et Numérien, XVIII, 3-4  Telle fut la fin des trois princes Carus, Numérien et Carin. Les dieux nous donnèrent pour leur succéder les empereurs Dioclétien et Maximien ; et ils adjoignirent à ces hommes d'élite Galère et Constance qui étaient nés, le premier pour effacer la honte provoquée par la captivité de Valérien, le second pour ramener les Gaules sous les lois romaines. Ces quatre princes qui règnent sur le monde sont en tout point vaillants, sages, bienveillants, empreints de générosité, animés de vues identiques pour gouverner l'État, pleins d'un respect constant pour le Sénat romain, modérés, amis du peuple, toujours d'une intégrité à toute épreuve, pieux, des princes tels que nous les avons toujours souhaités.

 

T 24 - Carus, Carin et Numérien, XXI, 2-3 Accepte, mon cher ami, ce présent que je t'offre ; comme je l'ai dit à plusieurs reprises, je l'ai publié non pour ses qualités stylistiques mais pour sa valeur documentaire. J'ai eu surtout à cœur d'éviter qu'un écrivain de valeur désireux de présenter une histoire des princes ne manque des matériaux nécessaires, puisque mes modestes livres seront au service de son art. Prends-les donc, je te prie, comme ils sont et sois persuadé que nous avons eu l'intention d'écrire mieux que nous n'avons réussi à la faire.

 


Les commentaires éventuels peuvent être envoyés à Jean-Marie Hannick

[14 octobre 2008]


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