Hodoi Electronikai - Helios - Bibliotheca Classica Selecta - Plan du précis grammatical


SYNTAXE : GÉNITIF (1220-1310)


Plan

génitif complément d'un nom [1221]
     Génitif déterminatif, possessif, etc.
     Génitif objectif et subjectif
Génitif « 
partitif » complément d'un nom [1230]

Génitif complément de εἰμι et de γίγνομαι [1240]
G
énitif complément d'un verbe [1245]
     Listes de verbes régissant le génitif
     Tournures à remarquer [1250]

Génitif complément de l'adjectif et de l'adverbe [1255]
G
énitif complément du comparatif [1256]
Génitif complément du superlatif [1257]

Génitif complément régi par une préposition [1260]
      Listes des prépositions régissant le génitif

Génitif complément signifiant l'origine, l'éloignement [1270]
Génitif complément signifiant la mesure du temps [1275]
G
énitif complément signifiant la cause [1280]
Génitif complément signifiant le but : τοῦ + infinitif [1285]
Génitif complément signifiant une estimation ou un prix [1290]

Génitif « exclamatif » [1307]

Génitif « absolu » [1310]

 


    Le génitif grec correspond au génitif et à l'ablatif proprement dit (éloignement) du latin. Dans nombre de ses emplois on trouve donc des notions comme l'appartenance, la partition, l'origine.
 

1221. génitif complément d'un nom

    Le génitif marque le syntagme nominal complément d'un nom (ou de son substitut), et répondant à la question « de qui ? de quoi ? quel ? ».  On peut distinguer par exemple :

1222  Le génitif « déterminatif », « possessif », etc.

    Le contexte permet de préciser le rapport particulier existant entre le nom complété et le complément au génitif. On parle alors parfois de génitif « déterminatif », « possessif »,  « descriptif », « de provenance », « de contenu », etc.

Τὰ τῶν φίλων (Plat., Rép., 449 c).
L
es biens des amis.

μήτηρ πάντων τῶν κακῶν ἀποθανοῦσα αἰτία μοι γεγένηται (Lys., 1, 7).
Ma mère en mourant est devenue la cause de tous mes malheurs.

Tραγῳδία Αἰσχύλου.
Une tragédie d'Eschyle.

Χαλεποὶ πόλεμοι γὰρ ἀδελφῶν (Eur., fr. 975).
Elles sont rudes, les guerres entre frères.

Μισθὸς τεσσάρων μηνῶν (Xén., An., 1, 2, 12).
Une solde de quatre mois.

Κρήνη δὲ ἡδέος ὕδατος (Xén., An., 6, 4, 4).
Une source d'eau douce.

Ἅμαξαι σίτου (Xén., Cyr., 2, 4, 18).
D
es chariots de blé.
 

1223 Le génitif « objectif » et « subjectif »

    Le complément au génitif d'un nom verbal (= correspondant à un verbe d'action) représente le sujet ou l'objet de l'action ou du sentiment exprimés par le nom verbal. Dans les cas ambigus, la traduction doit, si possible, préciser cette nuance.

Σωτηρίας ἐλπίς (Xén., An., 2, 1, 19).
L'espoir du salut [gén. objectif : on espère le salut].

Τῶν δὲ βαρβάρων φόβος (Xén., An., 1, 2, 17) [gén. subjectif ou objectif].
La crainte des barbares [crainte provoquée ou subie par les barbares].
 

1224. Tournure à remarquer
    Dans certaines expressions le génitif complète un nom sous-entendu :
           
εἰς διδασκάλου [οἰκίαν] chez le maître d'école
            ἐν Ἅιδου [οἰκίᾳ] chez Hadès
            Θουκυδίδης, ὁ τοῦ Ὀλόρου [υἱός] Thucydide, le fils d'Oloros.
 

1230. Génitif « partitif » complément d'un nom

    Le complément au génitif désigne le tout dont le nom (ou son substitut) complété désigne une partie.

Τὰ δύο μέρη τῆς στρατιᾶς (Dém., Neaer., 101).
Les deux tiers de l'armée.

Οὐδὲν ἄρα τῶν καλῶν κακὸν, οὐδὲ τῶν αἰσχρῶν ἀγαθόν (Plat., Alc., 116 a).
Rien des choses belles n'est mauvais, rien des choses laides n'est bon.

Μόνος θεῶν γὰρ Θάνατος οὐ δωρῶν ἐρᾷ (Aristoph., Gren., 1392).
Seul parmi les dieux, Thanatos n'aime pas les présents.
 

 1231. Tournures à remarquer
    Un génitif « 
partitif » peut compléter un adverbe ou un pronom neutre.
           
Που τῆς γῆς. Ποῦ τῆς γῆς ;  Πανταχοῦ τῆς γῆς.
            Quelque part sur terre
. En quel endroit de la terre ? Partout sur la terre.

            Ὀψὲ τῆς ἡμέρας. Πότε τῆς ἡμέρας ;
            Τard dans la soirée
. Quelle partie du jour ?

            Ποῖ γῆς ὁ τλήμων ; (Aristoph., Gren., 85).
            En quel endroit de la terre est-il allé, le malheureux ?

            Εἰς τοῦθ' ὕβρεως. À ce degré d'outrance.
 

1240. Génitif complément de εἰμι et de γίγνομαι

    Les verbes εἰμι et γίγνομαι construits avec un nom animé au génitif peuvent signifier l'appartenance : « appartenir à, dépendre de ; être le propre de, relever de », ou l'origine : « être né de, être issu de ».

Βοιωτῶν ἡ πόλις ἔσται (Lys., 12, 58).
 La ville appartiendra aux Béotiens.

Τῶν μάχῃ νικώντων καὶ τὸ ἄρχειν ἐστίν (Xén., An., 2, 1, 4).
Le pouvoir appartient aussi à ceux qui ont vaincu au combat.

Δὶς ἐξαμαρτεῖν ταὐτν οὐκ [ἐστιν] ἀνδρὸς σοφοῦ (Mén., Mon., 183).
Se tromper deux fois sur le même point n'est pas le propre de l'homme sage.

Πατρὸς μὲν δὴ λέγεται ὁ Κῦρος γενέσθαι Καμβύσεω (Xén., Cyr., 2, 1).
On dit que Cyrus eut pour père Cambyse.
[= est issu de Cambyse, son père]
 

1245. Génitif complément de verbe

    Le génitif marque le nom qui fonctionne comme premier complément de nombreux verbes. Une liste claire, pertinente et complète de ces verbes semble difficile à établir, d'autant que plusieurs constructions sont souvent possibles. Les dictionnaires les signalent. Relevons notamment :

1246  Verbes signifiant  « se souvenir, oublier, soigner, ménager, négliger, se soucier de, désirer... »
        - μιμνῄσκομαί τινος je me souviens de quelqu'un / de quelque chose
        -
ἐπιλανθάνομαί τινος j'oublie quelqu'un / quelque chose
       
-
ἐπιμελοῦμαι(έομαί) τινος  je me soucie de quelqu'un / de quelque chose
        -
φείδομαί τινος j'épargne, je ménage quelqu'un / quelque chose
        -
μέλει (μοί τινος), μεταμέλει (μοί τινος) je regrette quelque chose [tour impersonnel]
       
- ἀμελῶ(έω) τινός, ὀλιγωρῶ(έω) τινός je néglige quelqu'un / quelque chose
        - προνοῶ(έω) τινός, κήδομαί τινος  je prends soin de quelqu'un / de quelque chose
        - ἐπιθυμῶ(έω) τινός je désire quelque chose
       
- ἐρῶ(άω) τινός
je désire, je suis épris de quelqu'un / de quelque chose
           
etc.

Τῶν ἀπόντων φίλων μέμνησο πρὸς τοὺς παρόντας, ἵνα δοκῇς μήδε τούτων ἀπόντων ὀλιγωρεῖν (Isocr., Dém., 26).
Souviens-toi des amis absents auprès des (amis) présents, afin de ne pas non plus paraître négliger ceux-ci, lorsqu'ils sont absents.

Τοῦ ζῆν γὰρ οὐδεὶς ὡς ὀ γεράσκων ἐρᾷ (Soph., fr. 63).
Personne autant qu'un vieillard n'aime la vie.

Μετέμελεν δ'αὐτοῖς ἁπάντων τῶν εἰρημένων (Isocr., Phil., 23).
Ils regrettaient toutes leurs paroles.

Δέδοικα μὴ ἐπιλαθώμεθα τῆς οἴκαδε ὁδοῦ (Xén., An., 3, 2, 25).
Je crains que nous n'oubliions le chemin de la patrie.

1247 Verbes signifiant « commander, être supérieur ou inférieur à... »
        -
ἄρχω, ἡγοῦμαι(έομαί) τινoς je commande à quelqu'un
        -
κρατῶ(έω) τινός je suis maître de quelqu'un
  
     - βασιλεύω τινός je règne sur quelqu'un
        - στρατηγῶ(έω) τινός je commande à quelqu'un
        - περιγίγνομαί τινoς je l'emporte sur quelqu'un
        - ἡττῶμαι(άομαί) τινoς je suis inférieur à quelqu'un
        - ὑστερῶ(έω) τινός je reste en arrière de quelqu'un

           
etc.

Οὕτως ἐγιγνώσκομεν... πάντων τῶν ἄλλων ῥᾷον εἴη ζῴωνἀνθρώπων ἄρχειν (Xén., Cyr., 1, 1, 3).
Nous nous rendions compte... que gouverner tous les autres vivants est plus facile que gouverner les hommes.

 1248 Verbes signifiant « commencer, cesser, essayer, toucher, atteindre, obtenir, participer... » 
        - ἄρχομαί τινoς je commence quelque chose
       
-
παύομαί τινος je cesse quelque chose
        - πειρῶμαι(άομα) τινoς j'essaie, j'éprouve quelque chose
        - ἅπτομαι, θιγγάνω, ψαύω τινός je touche quelque chose
        - τυγχάνω τινός j'obtiens quelque chose
        - ἁμαρτάνω τινός je manque (un but)
       
- ἀπολαύω τινός je jouis de quelque chose
        - μετέχω τινός, κοινωνῶ(έω) τινός
je participe à quelque chose

Καλῶς μοι δοκεῖς λέγειν, κελεύων πειρᾶσθαι σὺν τοῖς θεοῖς ἄρχεσθαι παντὸς ἔργου (Xén., Écon., 6, 1).
Tu me sembles parler juste, en ordonnant d'essayer de commencer toute action avec l'aide des dieux.

Νίκης τε τετυχήκαμεν καὶ σωτηρίας (Xén., Cyr., 4, 1, 2).
Nous avons obtenu la victoire et le salut.

1249 Verbes signifiant « être rempli de, être pourvu de, remplir de, être éloigné de, s'abstenir de, avoir besoin de, manquer de... » 
         -
ἐμπίμπλαμαί τινος je suis rempli de quelque chose
         - γέμω τινός, εὐπορῶ(έω) τινός je suis plein de, je suis bien pourvu de quelque chose
         - δέομα τινoς j'ai besoin de, je manque de quelque chose

Πόλις δ'ὁμοῦ μὲν θυμιαμάτων γέμει (Soph., O. R., 4).
La ville cependant est pleine de parfums d'encens.
 

1250. Tournures à remarquer

 1251.  Certains verbes se construisent souvent avec le génitif de la personne et l'accusatif de la chose. Il s'agit notamment de verbes signifiant « entendre, apprendre, s'apercevoir, ... », tels :
     
-
ἀκούω j'entends, j'apprends
        - ἀκρῶμαι(άομαι) j'écoute
        - αἰσθάνομαι je m'aperçois
        - πυνθάνομαι
j'apprends, je suis informé

Νέος ὤν, ἀκούειν τῶν γεραιτέρων θέλε (Mén., Mon., 524).
Étant jeune, accepte d'écouter les plus âgés.

Ὑμεῖς δέ μου ἀκούσεσθε πᾶσαν τὴν ἀλήθειαν (Plat., Ap., 17 b).
Vous entendrez de moi toute la vérité.

1252 - Des verbes dits « de l'action judiciaire » ont au génitif le complément indiquant le « délit » ou/et la « peine » et à l'accusatif le complément indiquant la personne concernée. Ce sont des verbes signifiant « accuser, convaincre, condamner, se venger, absoudre, pardonner », tels par exemple :
     -
αἰτιῶμαί(άομαί) τινά τινος, διώκω τινά τινος j'accuse quelqu'un de quelque chose
     - γράφομαί τινά τινος j'assigne quelqu'un en justice pour quelque chose
   
 
- φεύγω τινός je suis accusé de quelque chose
     - αἱρῶ(έω) τινά τινος, ἁλίσκομαί τινος je convaincs quelqu'un de quelque chose, je suis convaincu de quelque chose
    
-
τιμωροῦμαί(έομαί) τινά τινος je punis quelqu'un pour quelque chose
     - ἀπολύω τινά τινος, ἀποφεύγω τινός
j'absous quelqu'un de quelque chose, je suis absous de quelque chose.

Ἀσεβείας φεύγων (Plat., Ap., 35d).
Accusé d'impiété.

Ἀσεβείας γράφεσθαί τινα (Plat., Euthyphr., 5c).
Accuser quelqu'un d'impiété.

1253 - Par contre, certains verbes composés de κατά se construisent souvent avec le génitif de la personne et l'accusatif du « délit » ou/et la « peine »). Il s'agit notamment de :
   - καταφρονῶ(έω) τινός je méprise quelqu'un
    - καταγελῶ(άω) τινός je me moque de quelqu'un
    - κατηγορῶ(έω) τινός j'accuse quelqu'un
    - καταδικάζω τινός, καταγιγνώσκω τινός, καταψηφίζομα τινος je condamne
quelqu'un.

Κατέγνωσαν πάντων θάνατον (Thuc., 3, 81).
Ils les condamnèrent tous à mort.

1254 - Des verbes transitifs en grec peuvent régir un complément direct à l'accusatif et un second complément au génitif, parfois analysé comme « partitif », indiquant par exemple la partie par laquelle on tient un objet.

λαβον τῆς ζώνης τὸν Ὀρόνταν (Xén., An., 1, 6, 10).
Ils saisirent Orontas par la ceinture.
 

1255. Génitif complément de l'adjectif et de l'adverbe

    Le génitif marque le nom complément de certains adjectifs et des adverbes de manière dérivés de ces adjectifs (apparentés parfois aux verbes régissant leur complément au génitif [1246-1249]). Le dictionnaire signale ces constructions. Tels, par exemple, les adjectifs  signifiant « abondant, capable, participant, se souvenant, propre à, maître de... » :
        -
πλήρης, μεστός, ἔμπλεως plein de
        - ἔμπειρος  expérimenté, ἄπειρος sans expérience
        - μέτοχος qui participe
        - ἐπιστήμων qui connaît
        - ἱερός consacré à
        - ἐπιμελής qui prend soin de
        - ἄξιος digne de
        - ἐγκρατής maître de
        - κενός, ἔρημος vide de
        - πένης, ἐνδεής qui a besoin de
     
      etc.

Πολλῶν τε μεστόν ἐστι τὸ ζῆν φροντίδων (Mén., fr. 386, 1-2).
La vie est pleine de nombreux soucis.

γραμμάτων ἄπειρος οὐ βλέπει βλέπων (Mén., Mon., 586).
Celui qui ne connaît pas les lettres, tout en voyant, ne voit pas.

Πράττων ἀξίως ἀνδρὸς ἀγαθοῦ...  (Plat., Ap., 32 e).
Agissant d'une manière digne d'un homme de bien...
 

1256. Génitif complément du comparatif de l'adjectif ou de l'adverbe

    Le génitif marque le nom complément d'un adjectif ou d'un adverbe au comparatif (second terme de la comparaison). Cette construction est concurrencée par ἤ + le second terme de la comparaison au même cas que le premier terme.

Φιλίας γὰρ οὐδέν ἐστι τιμιώτερον (Mén., Comp., I, 247).
Car rien n'est plus estimable que l'amitié.

Σιγή ποτ' ἐστὶν αἱρετωτέρα λόγου (Mén., Mon., 709).
Le silence est parfois préférable à la parole.

Φιλεῖ δ' ἐαυτοῦ πλεῖον οὐδεὶς οὐδένα (Mén., Mon. 814).
Personne n'aime personne plus que lui-même.

Εἰ ἐσωφρονεῖς, τοῦτο πλουσιωτέρῳ μὲν ἄν ἢ ἐμοὶ ἐδίδους (d'après Xén., Cyr., 8, 3, 32).
Si tu étais sensé, tu donnerais cela à un plus riche que moi. [ἐμοὶ : second terme de comparaison au datif, comme πλουσιωτέρῳ].
 

1257. Génitif complément du superlatif de l'adjectif ou de l'adverbe

    Le génitif marque le complément de l'adjectif ou de l'adverbe au superlatif. Ce complément peut être rapproché du génitif « partitif » [1230].

Πάντων κτημάτων κράτιστόν ἐστι φίλος σαφὴς καὶ ἀγαθός (d'après Xén., Mém., 2, 4, 1).
De tous les biens, le plus précieux est un ami sûr et vertueux.
 

1260. Génitif complément régi par une préposition

    Le syntagme constitué par une préposition régissant le génitif peut remplir diverses  fonctions dans la phrase : complément de nom, de verbe, de proposition, etc. Les notions d'origine, d'éloignement, de point de départ, d'agent ou de cause, qui font partie des valeurs fondamentales du génitif, sont en quelque sorte précisées, dans de nombreux cas, par les prépositions. Relevons par exemple  ἀπό, ἐκ, παρὰ + génitif, qui signifient la provenance ou l'éloignement, et ὑπό + génitif, marquant le complément d'agent animé d'un verbe passif ou de sens passif.

    Rappel : les prépositions proprement dites interviennent comme préverbes dans les verbes composés, par exemple ἀπολύω, συλλέγω, etc. ; les prépositions improprement dites s'emploient souvent comme adverbes, et parfois aussi comme conjonctions.

Ἐκ δὲ τούτου,  ἀπὸ Λακεδαιμονίων, Ἱέραξ ναύαρχος ἀφικνεῖται (Xén., Hell., 5, 1, 3).
 À la suite de cela, Hiérax arrive de chez les Lacédémoniens comme navarque.

ἐμὴ γυνὴ ὑπὸ τούτου τοῦ ἀνθρώπου ὀφθεῖσα... (Lysias, 1, 8)[agent animé]
Ma femme, ayant été vue par cet homme...

Περὶ φύσεως : « De la nature » [titre de nombreux ouvrages].
 

1261 Prépositions proprement dites construites uniquement avec le génitif
        ἀντί à la place de, en échange de
       
ἀπό à partir de, en venant de, du haut de, depuis, de [point de départ, origine]
        ἐξ (ἐκ devant consonne) hors de, depuis, à la suite de, selon
       
πρό 
devant, avant, de préférence à

 1262  Principales prépositions improprement dites  régissant uniquement le génitif
        ἄνευ sans
        χωρίς 
séparément de ; loin de ; sans ; à l’exception de, outre ; différemment de ; adv. : séparément, à part ; différemment
        πλήν excepté
        ἕνεκα à cause de, en vue de [souvent postposé au gén. : τίνος ἕνεκα ; à cause de quoi ?]
        λάθρᾳ à l'insu de ; adv. :
secrètement, en cachette ; par surprise, traîtreusement ; insensiblement, peu à peu
        ἄχρι, μέχρι jusqu'à ce que
        ἐγγύς près de ; adv. :
près, auprès
        πόρρω, πρόσω profondément dans ; loin de ; adv.: en avant ; (très) loin ; (très) tard
        εἴσω à l’intérieur de ; à portée de ; adv. : à l’intérieur ; entre-temps ;
        ἐκτός, ἔξω hors de ; en dehors de ; en avant ; à l’exception de ; adv. au dehors 
       
ἐντός  à l’intérieur de ; en deçà de ; sans dépasser ; adv. : en dedans ; en arrière, en retrait ; en deçà
        ἔμπροσθεν : en avant de ; de préférence à ; adv. :  devant, en avant, en face ; auparavant
       
ὄπισθε(ν) derrière ; adv. :
 derrière ; en arrière ; ensuite
        μεταξύ au milieu de ; adv.: dans l’intervalle, au milieu
        πέραν au delà de, de l'autre côté de, plus loin que ; vis-à-vis de ; adv: de l’autre côté ; vis-à-vis 

        ἄχρι(ς), μέχρι(ς): jusqu’à ; - adv. : profondément ; aussi conj. : aussi loin que ; jusqu’à ce que, tant que, aussi longtemps que
       
πλήν
excepté ; aussi conj. : excepté que ;  sauf, si ce n’est.

1263  Prépositions construites avec le génitif et l'accusatif (sens généralement différent selon le cas régi)
        διά + gén. à travers, au moyen de
        κατά + gén. en descendant de, du haut de ; contre
        μετά + gén. avec  
        ὕπερ + gén. 
au-dessus de, pour, dans l'intérêt de

1264 - Prépositions construites avec le génitif, l'accusatif et le datif (sens généralement différent selon le cas régi)
        ἐπί + gén. sur [sans mouvement], près de, au temps de, au pouvoir de
       
παρά + gén. d'auprès de, de la part de
       
περί + gén. au dessus de, au sujet de
        πρό + gén. du côté de, au nom de, de la part de
        ὑπό + gén. sous, à cause de, par suite de, par [agent animé].

Pour un tableau d'ensemble plus complet des prépositions, voir [765], [770], [771]
 

1270. Génitif complément signifiant l'origine, l'éloignement, la provenance

    Le génitif, généralement précédé en prose classique de  ἀπό, ἐκ, παρὰ, marque les compléments répondant aux questions « d'où ? », « de quoi ? » et exprime l'origine, l'éloignement, la provenance. En poésie, la préposition est parfois omise, spécialement après un verbe composé d'un préverbe.

Ἐκ σωματίου εἰμι καὶ ψυχῆς (Marc-Aurèle, 6, 32).
Je suis composé d'un corps et d'une âme.

Τὰ ἐκ τῶν ἀγρῶν ἐσκομίζεσθαι (Thuc., 2, 13, 12).
Faire rentrer les produits des campagnes.

Γῆς δ'ἄπεισιν ἀσφαλής (Sophocle, O. R., 229).
Il (= celui qui se dénoncera) s'éloignera de cette terre, en toute sécurité.
 

1275. Génitif complément signifiant la mesure du temps

    Le génitif, parfois précédé de ἀπό ou de ἐκ, marque les compléments signifiant la mesure du temps et répondant aux questions « à quelle période du temps ? », « depuis quand ? », « dans (ou en) combien de temps? », « avant combien de temps ? ».

Ἔρχεται ἐπ' αὐτοὺς τῆς νυκτός (Xén., An., 5, 7, 14).
 Il marche de nuit contre eux .

Οὐδείς μέ πω ἠρώτηκε καινὸν οὐδὲν πολλῶν ἐτῶν (Plat., Gorgias, 448a).
Personne ne m'a jamais posé de question nouvelle depuis de nombreuses années.

Ἔδωκεν ἀντὶ δαρεικοῦ τρία ἡμιδαρεικὰ τοῦ μηνὸς τῷ στρατιώτῃ (Xén., An., 1, 3, 21).
Il distribua par mois à [chaque] soldat trois demi-dariques au lieu d'un darique.

Ν.Β. Le complément de temps se rencontre aussi  à l'accusatif [1190] et au datif [1365 et 1375].
 

1276. Ces compléments au génitif sont parfois devenus des expressions figées, par exemple :
     
(τῆς) νυκτός de nuit ; ταύτης τῆς νυκτός cette nuit-là
       
(τῆς) ἡμέρας de jour ; τῆς ἡμέρας ὅλης toute la journée
        (τοῦ) χειμῶνος en hiver ; (τοῦ) θέρους en été
       
πολλοῦ (πλείστου) χρόνου depuis (très) longtemps
       
τοῦ λοιποῦ (χρόνου) dans le futur
       
ὀλίγων ἐτῶν en peu d'années
        πέντε ἡμέρων dans ou avant cinq jours
        τοῦ ἐνιαυτοῦ chaque année ; τοῦ μῆνος chaque mois
       
ἐκ παιδός, ἐκ παίδων dès l'enfance
        ἐκ νέου, ἐκ νέων
dès la jeunesse
         
etc.
 

1280. Génitif complément signifiant la cause

    Le génitif marque un complément (de proposition ou de verbe) signifiant la cause et répondant à la question « à cause de quoi ? », surtout avec certains verbes comme :
    - εὐδαιμονίζω féliciter
    -
θαυμάζω admirer
    - φθονῶ(
έω) envier
    - ζηλῶ(όω)
rivaliser
       
etc.

Ζηλῶ σε τοῦ νου, τῆς δὲ δειλίας στυγῶ (Soph., Élect., 1027).
Je t'envie pour ton esprit, je te hais pour ta lâcheté.

Εὐδαιμονίζω σε τοῦ τρόπου (Platon, Crit., 43b)
Je te proclame heureux, pour ton caractère.

Ὡς σὲ νῦν μὲν ἥδε γῆ / σωτῆρα κλῄζει τῆς πάρος προθυμίας (Soph., O. R., 47-48).
Puisque notre terre maintenant te célèbre en sauveur, en raison de ton dévouement de jadis.

Ν.Β. Le complément de cause se rencontre aussi au datif [1370] et dans des syntagmes prépositionnels [1260].
 

1285. Génitif complément signifiant le but : τοῦ + infinitif

    Le groupe τοῦ + infinitif (ou proposition infinitive) peut être complément de phrase et signifier le but, particulièrement chez Thucydide.

Τὰς αἰτίας προύγραψα πρῶτον καὶ τὰς διαφοράς, τοῦ μή τινα ζητῆσαί ποτε ἐξ ὅτου τοσοῦτος πόλεμος τοῖς Ἕλλησι κατέστη (Thuc., 1, 23, 5).
J'ai relaté d'abord les causes et les différends (du conflit), afin que personne n'ait à rechercher un jour ce qui provoqua entre Grecs une guerre si importante.

Τοῦ δὲ μηδ' ἐντεῦθεν τὸν λαγωὸν διαφεύγειν, σκοποὺς καθίστης (d'après Xén., Cyr., 1, 6, 40).
Pour que le lièvre ne s'échappe pas de là, tu places des hommes aux aguets.

Dans cette fonction τοῦ + infinitif est l'équivalent de  ἵνα + subjonctif [1520].
 

1290. Génitif complément signifiant une estimation ou un prix

    Le génitif marque le complément  signifiant une estimation ou un prix. Des adjectifs au neutre, figés en adverbes, tels ὀλίγου, πολλοῦ, πλείστου « bon marché, cher, très cher », se rencontrent avec des verbes signifiant « acheter, estimer à tel prix » dans des expressions fréquentes :
     -
ὀλίγου δεῖ  il s'en faut de peu
  
  - πολλοῦ δεῖ il s'en faut de beaucoup
  
  - περὶ πολλοῦ  ποιεῖσθαι faire grand cas  de
  
  - περὶ πλείονος / πλείστου ποιεῖσθαι faire plus grand cas / très grand cas de
    
- περὶ ἐλάττονος  ποιεῖσθαι 
faire moins grand cas de

Τῶν πόνων πωλοῦσιν ἡμῖν πάντα τ' ἀγαθ' οἱ θεοί (Xén., Mém., 2, 1, 20).
Les dieux nous vendent tous leurs bienfaits au prix de lourds efforts.

Πόσου διδάσκει ; - Πέντε μνῶν (Plat., Ap., 20 b).
Pour combien enseigne-t-il ? - Pour cinq mines.

Πολλοῦ γε δεῖ (Plat., Ap., 32 e). Tant s'en faut.

Οὐ τὸ ζῆν περὶ πλείστου ποιητέον, ἀλλὰ τὸ εὖ ζῆν (Plat., Criton, 48 b).
Il faut faire le plus grand cas, non pas de vivre, mais de vivre dans le bien.

[Τὸν νόμον] περὶ ἐλάττονος τῶν ἡδόνων ἐποιήσω (Lysias, 1, 26).
Tu as fait moins grand cas de la loi que de tes plaisirs.
 

1307. Génitif « exclamatif » 

    Précédé de οἴμοι, φεῦ, ὦ, le génitif se rencontre dans des exclamations.

Φεῦ τοῦ ἀνδρός (Xén., Cyr., 3, 1, 39). Ah ! Le malheureux !
 

1310. Génitif « absolu »

    La tournure appelée « génitif  absolu » est une proposition subordonnée, comportant un sujet (un nom ou son substitut) et un prédicat (généralement un participe), au génitif. Il exprime une circonstance entourant le fait envisagé dans la proposition principale. C'est l'équivalent de « l'ablatif absolu » du latin. Pour plus de détails sur cette construction fréquente, voir [1775].

Χρόνου διαγενομένου, προέρχεταί μοί τις πρεσβῦτις ἄνθρωπος... (Lysias, 1, 15).
Le temps ayant passé, une femme âgée s'approche de moi...


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