FEC - Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve) - Numéro 26 - juillet-décembre 2013
Ch. 4 : Les statues magiques dans les listes de « merveilles virgiliennes »
Jacques Poucet
Professeur émérite de
l'Université de Louvain
Membre de l'Académie
royale de Belgique
<jacques.poucet@skynet.be>
Plan
A-a. Alexander Neckam, les statues magiques et le de naturis rerum (1190-1200)
A-b. Alexander Neckam, les statues magiques et le de laudibus divinae sapientiae
A-c. Alexander Neckam, les statues magiques et la notice 186 des Gesta Romanorum latins (XIIIe-XIVe)
B. Les statues magiques chez Vincent de Beauvais (vers 1244)
C. Les statues magiques chez Jean de Galles (XIIIe siècle)
D. Les statues magiques dans un manuscrit Magliabechi (fin XIIIe - début XIVe)
E. Les statues magiques dans le de vita et moribus philosophorum du pseudo-Burley (1326)
F. Les statues magiques et le Sauvement de Romme dans Renart le Contrefait (1ère moitié du XIVe)
G. Les statues magiques dans la Fleur des histoires de Jean Mansel (milieu du XVe)
H. Les statues magiques dans les listes des merveilles virgiliennes. Synthèse et conclusion
Appendice : D’autres listes de merveilles virgiliennes
Le présent chapitre étudiera le motif des statues magiques dans un tout
autre contexte que celui des traditions relativement bien structurées que sont
les Miracula Mundi, les Mirabilia urbis Romae ou les chroniques
allemandes. Nous y rencontrerons un mélange d’oeuvres très différentes, dont la
caractéristique est de présenter
une liste de merveilles qu’aurait réalisées le magicien Virgile à Naples
et à Rome. C’est cette notion même de liste qui, à deux exceptions près que nous
justifierons, constituera l’élément unificateur de ce chapitre.
Alexander Neckam, le plus ancien, ouvrira la série et nous occupera
d’ailleurs plus longuement que les autres. Il aborde le motif aux statues à deux
reprises, une fois dans une œuvre en prose (A-a), le de naturis rerum
(1190-1200), et une seconde fois dans une œuvre en vers (A-b), le de laudibus
divinae sapientiae, dont on ne connaît pas la date précise. Ces deux
versions sont très différentes, et la seconde n’est pas intégrée dans une liste.
Il était cependant préférable, croyons-nous, de les traiter toutes les deux
l’une après l’autre. Un autre texte sera joint au dossier sans être lui non plus
intégré dans une liste (A-c). C’est une notice des Gesta Romanorum latins, qui se
revendique expressément de Neckam. Le « dossier Neckam » comportera
donc trois parties.
Viendront ensuite une série d’auteurs et d’oeuvres que nous analyserons
plus rapidement en essayant de respecter autant que possible l’ordre
chronologique : Vincent de Beauvais et son Speculum historiale (vers
1244) ; Jean de Galles et son Compendiloquium (XIIIe) ; une
liste de merveilles découverte dans un manuscrit du fonds Magliabechi (fin
XIII-début XIVe) ; le de vita et moribus philosophorum du
pseudo-Burley (1326) ; une version en prose du Roman de Renart le
Contrefait (1ère moitié du XIVe), et, pour finir, Jean Mansel avec sa
Fleur des histoires (XVe siècle).
Le contexte et le contenu de ces listes varient sensiblement d’une œuvre
à l’autre, mais il est parfois possible de retrouver des rapports entre elles et
de retracer ainsi certaines lignes d’influence. On hésitera toutefois à parler
d’une « tradition des listes de merveilles virgiliennes ». Il
reste que presque toutes les oeuvres (anonymes ou non) présentées dans ce
chapitre ont au moins un point commun : une liste plus ou moins détaillée
de « merveilles virgiliennes », au nombre desquelles figure le motif
qui nous occupe.
Cela dit, il ne faudrait pas perdre de vue que la littérature médiévale
connaît des « listes de merveilles virgiliennes » qui n’accueillent
pas les statues magiques. Si nous n’envisageons pas de les examiner ici, nous en
évoquerons toutefois deux, en appendice, l’une qui apparaît dans le
Cleomadès d’Adenet le Roi (vers 1285) et l’autre qui figure dans la
version en vers du Roman de Renart le Contrefait (début du XIVe).
Un dernier mot encore, il n’y aura pas de place dans ce chapitre pour
Ly Myreur des Histors de Jean d’Outremeuse ainsi que pour la tradition
des Faictz merveilleux de Virgille. Ces deux oeuvres proposent bien des
collections très importantes de merveilles virgiliennes, parfois très
détaillées, mais elles n’y apparaissent pas sous la forme de listes comparables
à celles qu’on trouve chez les auteurs retenus ici. La matière y est organisée
un peu comme dans un roman de type biographique, où les merveilles de Virgile
sont « distillées » au fil de l’histoire du poète
magicien.
Du reste la présentation des statues magiques par Jean d’Outremeuse a déjà été discutée plus haut ; quant aux Faictz merveilleux de Virgille, ils seront étudiés dans le sixième chapitre.
Introduction - Partie thématique - Partie analytique (Plan) - Conclusions
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