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Suétone (généralités)
Vie de César (généralités) - (latin 85 K) - (traduction 200 K)
XLIII. Sa sévérité dans la distribution de la justice. Ses lois somptuaires
(1) Il
rendit
la justice avec beaucoup de zèle et de
sévérité. Il alla
jusqu'à retrancher de l'ordre
sénatorial ceux qui étaient
convaincus de concussion.
Il déclara nul le mariage d'un ancien
préteur qui avait épousé une
femme
séparée
depuis deux jours seulement d'avec son mari, et
cela sans qu'il y eût soupçon
d'adultère. (2) Il mit des
impôts sur les marchandises
étrangères.
Il défendit l'usage des litières,
des vêtements de pourpre et des
perles,
excepté à certaines personnes,
à certain âge et pour certains
jours. (3) Il veilla surtout
à l'observation des lois
somptuaires,
et il envoyait dans les marchés des gardes
qui saisissaient les denrées
défendues et les portaient chez lui.
Quelquefois, même des licteurs et des soldats
allaient, par son ordre, enlever jusque sur les
tables
des dîneurs ce qui avait pu
échapper
à la surveillance de ces gardes. (1)
Ius laboriosissime ac seuerissime dixit.
Repetundarum conuictos etiam ordine senatorio
mouit. Diremit nuptias praetorii uiri, qui
digressam a marito post biduum statim duxerat,
quamuis sine probri suspicione. (2)
Peregrinarum mercium portoria instituit. Lecticarum
usum, item conchyliatae uestis et margaritarum nisi
certis personis et aetatibus perque certos dies
ademit. (3)
Legem praecipue sumptuariam exercuit dispositis
circa macellum custodibus, qui obsonia contra
uetitum retinerent deportarentque ad se, submissis
nonnumquam lictoribus atque militibus, qui, si qua
custodes fefellissent, iam adposita e triclinio
auferrent.
CommentaireConcussion : allusion à la Lex Iulia de pecuniis repetundis de l'année 59, quand César était consul, qui renforçait les peines contre les magistrats se livrant à des malversations au détriment de leurs administrés.
Femme séparée : en principe, une femme divorcée pouvait se remarier immédiatement (cf. J. Gaudemet, Le droit privé romain, Paris, 1974, p. 29). Pourquoi César a-t-il donc voulu annuler le mariage de cet ancien préteur ? Estimait-il que deux jours de séparation étaient insuffisants ? Dans le vieux droit romain, pour interrompre le mariage par usucapio, la femme devait quitter son mari trois nuits de suite, un trinoctium (cf. Gaius, Institutes, I, 111).
Marchandises étrangères : les droits de douane (portorium) avaient été abolis en Italie en 60 ; César restaure ces taxes à l'importation, au profit des productions italiennes. Cf. S.J. De Laet, Portorium. Étude sur l'organisation douanière chez les Romains surtout à l'époque du Haut-Empire, Bruges, 1949, p.58-62.
Litières : destinées à l'origine aux déplacements des vieillards et des infirmes, utilisées ensuite par les citoyens aisés et par les femmes de la bonne société. D'après Eusèbe de Césarée, César aurait interdit l'usage des litières aux femmes célibataires, à celles qui n'avaient pas d'enfant ou qui n'avaient pas atteint quarante-cinq ans. Sur ces litières et les esclaves nécessaires à leur utilisation, voir l'anecdote rapportée par Catulle, 10, 14-23.
Lois somptuaires : on trouvera un relevé des lois somptuaires antérieures à César, qui visaient surtout le luxe de la table, dans Aulu-Gelle, Nuits attiques, II, 24 et Macrobe, Saturnales, III, 17.
[6 février 2006]